Frère Roger de Taizé - PAROISSE SAINTES MARTHE et MARIE

Transcription

Frère Roger de Taizé - PAROISSE SAINTES MARTHE et MARIE
FRÈRE ROGER DE TAIZÉ
1915-2005
I ŔSA VIE
Roger Schutz est né le 12 mai 1915 au village de Provence, en Suisse Romande. Dernier de
neuf enfants d'un père Pasteur, autoritaire, et d'une mère bienveillante qui lui transmet le sens de la
musique et le goût de la vie ! Grandes épreuves intérieures à l'adolescence et en plus une tuberculose
qui le pousse à penser à la mort ! Son père l'oriente vers le métier de pasteur alors qu'il voudrait
devenir écrivain. Il baigne dans un milieu familial avide de réconciliation envers les autres confessions
et autres religions (accueil de juifs pendant la guerre...) II est aussi très attiré par l'idéal de la vie
monastique et par la vie communautaire, signe d'une communion entre les hommes qu'il voudrait
servir.
C'est pourquoi sa thèse de théologie traitait du sujet suivant: L'idéal monacal jusqu'à Saint
Benoît et sa conformité à l'Évangile. II est entre autres fasciné par l'expérience de Port-Royal au
XVIIème siècle où Angélique Arnaud et ses sœurs« Solitaires » eurent un rayonnement exceptionnel :
« Si ces quelques femmes, répondant d'une vocation commune dans la clarté, ont eu un tel
rayonnement d'Evangile, quelques hommes réunis dans une communauté, ne le pourraient-ils pas eux
aussi ? »
Éprouvant comme le sens d'une urgence, il quitte en pleine guerre la Suisse pour la France.
Chemin faisant, il découvre Taizé, un petit village de Bourgogne, village à l'écart, déserté, propice pour
un lieu de retraite, proche de Cluny et de Cîteaux. Il trouve là une maison en piteux état...et une vieille
femme qui lui partage son repas, en qui il voit un signe du Christ ! Nous sommes en 1940. En 1941,
alors qu'il est encore seul à Taizé, il écrit un petit opuscule : « Notes explicatives », signé Communauté
de Cluny. Étonnante anticipation. Ses premiers disciples, des compagnons d'université, désireux
d'une spiritualité moins individualiste, le rejoignent d'abord à Genève, vu les soubresauts de
l'histoire...Puis la Communauté va naître, grandir et devenir cette grande communauté œcuménique
ouverte en permanence à des milliers de Jeunes de toutes les Nations !
Au début du Concile Vatican II, Jean XXIII l'invite avec le Frère Max Thurian, théologien : le
pont avec l'Église Catholique est bâti. Frère Roger se liera d'amitié avec des grands noms de l'Eglise
Catholique comme Mère Térésa ! Pourtant, il désirait « ne rien renier de la Foi de ses origines,
tout en la réconciliant avec le mystère de la Foi Catholique ! »
Au fur et à mesure que les Jeunes affluent vers Taizé, la Communauté s'adapte : elle adapte
les bâtiments ,notamment l'Église dont elle casse les murs pour l'ouvrir sur l'Espace où est plantée une
grande tente...mais surtout adapte la liturgie : prière simple et répétitive, nouveau type de chants,
canons ou invocations simples...Elle adapte aussi le message théologique, ou même les lois
canoniques en faisant passer l'accueil de l'autre quel qu'il soit, avant lalettre de la doctrine ou du rite.
C'est le style Taizé et son énorme succès.
Y avons-nous été ? Qu'en pensons-nous ?
Mini retraite 20 Août 2015 Ŕ Frère Roger de Taizé
Père René PICHON 414 rue de l’église 73490 LA RAVOIRE – mail : [email protected]
Page 1
II - L'HUMBLE SIGNE D'UNE COMMUNAUTÉ
« Quand une prière commune fait pressentir la joie du ciel sur la terre, de partout on accourt
pour découvrir ce dont on était inconsciemment privé. Rien ne porte donc plus à la communion du Dieu
Vivant qu'une prière commune, méditative, accessible à tous les âges, avec ce sommet de la prière : le
chant qui ne finit point et qui continue ensuite dans le silence du cœur alors qu’on se retrouve tout
seul ! »
Une Communauté est Signe de la Communion que Dieu veut nous faire vivre, mais le sommet
de ce Signe, c'est la prière commune et par-dessus tout la prière chantée simple, qui met tout le
monde dans une communion affective et spirituelle… Il ne s'agit pas seulement de prier, mais de
porter tout le monde dans la prière.
Méditation : Je prends conscience de tous ces beaux moments de prière où une
communauté m’a porté, élevé vers Dieu ces derniers temps… et je goûte cette élévation, cette
Présence à Dieu dans le silence…
Exercice pratique : Créer avec des proches… avec une équipe, avec la
Paroisse… des petits Taizés locaux… des temps de prière méditative
communautaire ! Comment ?
III - LA PRIÈRE,C'EST LA PRIÈRE DE DIEU EN NOUS
Pour Frère Roger, ce n'est pas nous qui prions avec notre volonté, notre intelligence, notre
langage...car cette prière venant des efforts humains « risque de rejoindre un dieu préfabriqué par des
projections humaines ! »
Au commencement de tout itinéraire spirituel, il y a non une méthode, mais une intuition qui
va se confirmant, un acte de Foi : en tout l'initiative de Dieu que nous le sachions ou non, il y a en
nous et pour nous une prière discrète du Christ : la prière qui sourd en nous ne vient pas de nous,
elle ne se construit pas et n'est pas une technique qui s'acquiert à force d'entraînement ! L'esprit de
Jésus qui vient prier en nous en des gémissements ineffables !
Prier, c'est donc laisser Dieu, le Christ, son Esprit...surgir en nous, frapper à notre porte, nous
parler...C'est donc, plutôt que de faire des efforts humains pour aller vers Dieu, se rendre disponible à
Dieu en nous, qui vient en nous ! Il faut se laisser surprendre par ce Dieu qui vient non dans le
tonnerre, les éclairs, les manifestations extraordinaires...mais dans le murmure d'une brise légère,
dans le silence du cœur, dans le silence en nous et autour de nous : « Dieu de toute éternité,
nous voudrions te chercher dans les silences de la prière et vivre de l’espérance découverte dans
l’Évangile ! »
Disponibilité, silence, confiance : Dieu finira par se donner même si parfois, et même
souvent, on le sent absent, si nos ténèbres intérieures empêchent sa lumière de nous parler...II finira
par nous parler et nous faire parler avec beaucoup de paroles, comme faisait Thérèse d'Avila,
avec des invocations répétées inlassablement à la manière du pèlerin aussi… ou avec les lèvres
closes comme le disait St Augustin : « Nous nous taisons et notre cœur parle ! »
Ou alors nous parlons avec des gestes, des attitudes plus qu'avec des mots :
En
certaines périodes, j'ai conscience de prier plus avec le corps qu'avec l'intelligence. « Une prière au ras
du sol : ployer les genoux, se prosterner, regarder le lieu où se célébrera l'Eucharistie, faire usage du
Mini retraite 20 Août 2015 Ŕ Frère Roger de Taizé
Père René PICHON 414 rue de l’église 73490 LA RAVOIRE – mail : [email protected]
Page 2
silence apaisant et même des bruits qui montent du village. Le corps est bien là présent pour écouter,
comprendre, aimer. »
Conclusion : « Dans nos obscurités Seigneur, allume le feu qui ne s'éteint jamais...Cette flamme peut
être toute fragile, mais elle brûle toujours ! »
Méditation : Je m’ouvre à Dieu, à sa Présence en moi et le laisse m’inspirer ce qu’il veut
et me porter où il veut !
Exercice pratique : Prendre régulièrement des temps de méditation et de
prière où je laisse Dieu m’inspirer ce qu’il veut et me porter où il veut !
IV-REVENIR A L'ESPRIT D'ENFANCE
« Laisser le Christ pénétrer l'impénétrable, c'est inlassablement revenir à l'esprit d'enfance. Il
n’'empêche pas de revenir à la stature d'homme, il n'est en rien une voie de puérilité. Etre soi-même,
sans fards, sans habileté. Rien ne fausse tant la communion et ne détruit tant l'intégrité de la personne
que de porter des masques ! » Frère Roger invite à ne pas se prendre au sérieux en prenant des
maques sociaux, des apparences sociales...ou en se laissant enfermer dans des analyses
psychologiques de soi : « Dieu imprimera sa marque sur les traumatismes eux-mêmes. Ils ne seront
plus tourments mais énergie de communion. »
Avoir l'esprit d'enfance, c'est donc être soi, sans fards et sans complexe, c'est croire à la
spontanéité, c'est vivre « la surabondance du cœur, la simplicité, l'émerveillement, la jubilation... »Et
Frère Roger ajoute: « L'Esprit d'enfance est un regard limpide ; loin d'être simpliste, il est aussi lucide.
Les aspects divers d'une situation, les éléments positifs comme les revers, ne lui sont pas étrangers. Il
n'a rien d'infantile. Il est pénétré de maturité. Il suppose un infini courage. L'esprit d'enfance ne se
laisse pas arrêter par des structures durcies de l'Église. Il cherche à passer à travers elle, comme au
premier printemps l'eau du ruisseau trouve à se frayer un-chemin à travers une terre gelée. »
Méditation : Je laisse résonner en moi ces mots ou un de ces mots qui caractérisent
l’esprit d’enfant : « être soi-même. Sans fards. Sans habileté. Sans masques. Sans complexe.
Être spontané. Surabondance du cœur. Simplicité. Émerveillement. Jubilation. Regard
limpide… »
Exercice pratique : Mettre dans ma vie le mot cité ci-dessus qui me
touche le plus, m’interpelle le plus.
V - LA SOUFFRANCE, LE MAL ET L’AMOUR DE DIEU
« En présence de souffrances physiques ou morales dans la famille humaine, monte une grave
interrogation : Si Dieu est Amour, d'où vient le Mal ?... » « Dieu n'assiste jamais passivement à la
peine des êtres humains, il souffre avec l'innocent, victime de l'incompréhensible épreuve, il souffre
Mini retraite 20 Août 2015 Ŕ Frère Roger de Taizé
Père René PICHON 414 rue de l’église 73490 LA RAVOIRE – mail : [email protected]
Page 3
avec chacun. Il ya une douleur de Dieu, une souffrance du Christ. Dans l'Évangile, le Christ se fait
solidaire de la souffrance, il pleure la mort de qui il aime ! »
Dieu est donc non seulement présent dans nos souffrances, mais présence et
souffrance. « Ce qui fascine en Dieu, c'est son humble présence... ». Dieu ne peut punir, il ne peut
que partager par amour : « L’impression que Dieu vient punir est un des plus grands obstacles à la
Foi ! » Jamais le Christ n’assiste passivement au malheur de quiconque. Ressuscité, il accompagne
chacun dans sa souffrance au point qu'il y aune douleur de Dieu, une douleur du Christ ! »
Découvrir dans nos souffrances la Présence aidante et souffrante de Dieu, doit conduire
à l'action de Grâces et à cet acte de Foi d'un lépreux de Calcutta disant à Frère Roger, marqué à vie
par cette déclaration : « Dieu ne m’a pas infligé un châtiment, parce que ma maladie est devenue
une visite de Dieu. »
Méditation : Je me mets face à un Dieu qui n’est pas impassible, au-dessus des
souffrances humaines, mais qui souffre de mes souffrances et de toutes les souffrances
humaines en nous aidant à les porter par sa Présence aimante et sa Force qui fait tenir
debout !
Exercice pratique : Dans mes moments d’épreuve et de souffrance,
penser que Dieu est là avec moi, souffrant de ma souffrance et m’aidant à y
faire face !
VI- LE OUI DE TOUTE UNE VIE
« Saint Esprit, si personne n'est bâti avec évidence pour accomplir un oui pour toujours, toi tu
viens allumer en moi un foyer de lumière. Tu éclaires les hésitations et les doutes, dans les moments
où le oui et le non se heurtent. Saint Esprit, tu me donnes de consentir à mes propres limites. S'il y a
en moi une part de fragilité, que ta Présence vienne la transfigurer. Et nous voilà portés à l'audace d'un
oui qui va nous conduire très loin. Ce oui est confiance limpide. Ce oui est amour de tout amour. »
Le oui pour toute une vie semblait difficile, sinon impossible pour le Protestant Roger Schutz
puisque les vœux n'existent pas dans le Protestantisme ...Frère Roger insiste sur la liberté de dire non
quand le Christ appelle, mais finalement adhère à l'idée de dire un oui pour la vie, mais pas n'importe
comment et en voici la raison : « Face à cet Amour d'éternité, nous le pressentons, notre réponse
concrète ne peut pas être fugitive, pour une période seulement, quitte à nous reprendre ensuite .
Mais notre réponse ne peut pas non plus être un effort de volonté, certains s'y briseraient. Elle
est davantage de nous abandonner. »
Méditation : Je rends grâce à Dieu pour les grands « oui » de ma vie qu’il m’a aidé à
dire et à vivre.
Exercice pratique : Oser dire les « oui » d’aujourd’hui qui me sont
demandés par des proches, par la vie, par l’Église, par Dieu… non avec la force
de la volonté seule mais dans l’abandon confiant entre les mains de Dieu !
Mini retraite 20 Août 2015 Ŕ Frère Roger de Taizé
Père René PICHON 414 rue de l’église 73490 LA RAVOIRE – mail : [email protected]
Page 4
VII - HEUREUX LES CŒURS SIMPLES
« Dans l'Evangile, une des premières paroles du Christ est celle-ci : « Heureux les cœurs
simples ! » Oui, heureux qui avance vers la simplicité, celle du cœur et celle de la vie. Un cœur simple
cherche à vivre le moment présent, à accueillir chaque jour comme un aujourd'hui de Dieu. L'Esprit
de simplicité ne transparaît-il pas dans la joie sereine et dans la gaieté ? ... Mais surtout pour Frère
Roger, la simplicité c'est laisser chanter le grand thème intérieur que nous portons en nous,
source d'une vie spirituelle authentique sans complications : « Chacun porte en lui-même un grand
thème intérieur. Le laisser chanter et chanter encore. Inutile de chercher ailleurs. De là naît une
création continue ! »
La simplicité aussi pour Frère Roger et pour la Communauté, c'est vivre de leur travail et
non pas de dons en argent ou en nature, pour éviter la dépendance. «Dès le premier jour, seul à
Taizé, j'ai vécu de mon travail, et dans ce but, j'ai entre autres appris à traire les vaches ! » La
simplicité, c'est enfin reconnaître ses limites et le peu que nous faisons, mais que cela est
suffisant pour avancer et laisser passer l'Évangile. « Auprès de toi, Jésus le Christ, il devient
possible de connaître Dieu, en laissant passer dans notre propre vie le peu que nous comprenons de
l'Evangile. Et ce peu est juste suffisant pour avancer jour après jour. C'est que tu ne fais jamais
de nous des gens arrivés, mais nous demeurons toute la vie des pauvres du Christ qui, en toute
simplicité, se disposent à faire confiance. »
Méditation : « Laisser chanter en moi le thème intérieur que je porte », le refrain
spirituel qui revient sans cesse, les appels récurrents de ma voix intérieure, plus concrètement :
ma devise, le fil conducteur de ma vie dont je dois chaque jour prendre conscience pour
avancer !
Exercice pratique : Rester simple en acceptant de peu comprendre
l’Évangile et de faire peu mais d’avance grâce à ce peu.
VIII - VERS L'AUJOURD'HUI DE DIEU
« Vivre l’aujourd'hui de Dieu, là est le plus important. Demain sera un autre aujourd'hui...Qui
s'abandonne à l'Esprit du Dieu Vivant ne fixe pas ses regards sur ses progrès ou reculs. Comme on
marche sur une arête, il va de l'avant, oubliant ce qui est en arrière. Il ne cherche pas à mesurer
l'imperceptible changement au-dedans. Il ne sait pas comment, mais de jour et de nuit, la semence
germe et croît...Pour reprendre élan, cueillir à chaque aube le jour qui vient. En chacun Dieu fait
du neuf ...Tout ton passé, même le temps qui vient de s'écouler, est déjà enfoui, noyé avec le Christ
dans l'eau de ton Baptême. Ne pas regarder en arrière : là est une part de la liberté du Chrétien. Ne
pas regarder en arrière… Vivre l’aujourd’hui de Dieu. »
Mini retraite 20 Août 2015 Ŕ Frère Roger de Taizé
Père René PICHON 414 rue de l’église 73490 LA RAVOIRE – mail : [email protected]
Page 5
IX - UN MYSTÈRE DE COMMUNION
« Avec mes frères, notre quotidienne attente est que chaque jeune découvre le Christ; non
pas le Christ pris isolément, mais le Christ de communion qu'est son corps, l'Église...C'est
comme un feu qui nous brûle. Nous irions jusqu'au bout du monde pour chercher des chemins, pour
demander, appeler, supplier s'il le faut, mais jamais du dehors, toujours en nous tenant à l’intérieur de
cette unique communion qu’est le Christ. »
Cette communion en Église n'est pas évidente puisque Frère Roger connaît les divisions qui
blessent l'Église : la séparation entre protestants, catholiques, orthodoxes...les tensions entre diverses
confessions protestantes, les rivalités entre paroisses, etc...Il souffre de tout cela et veut que l'Amour
du Christ unisse par-delà ces différences et ces divisions, et que l'Église, Corps du Christ, soit d'abord
cette communion dans l'Amour du Christ plus forte que les séparations de nos chapelles et de nos
sectes. « Le Christ n'est pas venu sur la terre pour créer une nouvelle religion, mais pour offrir à
tout être humain une Communion en Dieu.»Le vrai Christ c'est ce Christ de Communion en Église !
Il faut éviter deux excès : le sectarisme qui enferme dans une chapelle et sépare des autres
confessions, mais aussi l'intimisme, qui fait du Christ son Dieu intime et non le Dieu de tous. Le vrai
Christ nous met en communion avec lui et avec les autres dans un même élan d'amour !
Exercice pratique : Ne pas faire de mes équipes chrétiennes un clan
fermé, une petite secte mais accepter avec les autres membres de nous ouvrir,
de nous remettre en cause et de progresser en faisant autrement, en cherchant
à faire mieux.
Éviter l’intimisme en partageant mon intimité spirituelle avec
d’autres et en ayant une vie communautaire.
X- LUTTE ET CONTEMPLATION
« Désormais, dans la prière comme dans la lutte, rien n'est grave si ce n'est de perdre
l'amour...Lutte et contemplation ont une seule et même source : le Christ qui est Amour. Si tu
luttes pour rendre visage humain à l'homme exploité, c'est encore par amour. Te laisseras-tu introduire
sur ce chemin ? Au risque de perdre ta vie par amour, vivras-tu le Christ pour les hommes ? ... » On
ne peut opposer amour de Dieu et amour des hommes. Le sommet de l'amour de Dieu, c'est la
contemplation, la prière cœur à cœur...Ce sommet de l'amour des hommes, c'est la lutte pour les plus
pauvres, les plus exploités, les plus souffrants pour qu'ils se sentent effectivement aimés...
« Lutte et contemplation, serions-nous conduits à situer notre existence en ces deux pôles ? ...A long
terme, de la contemplation surgit un bonheur. Et ce bonheur d'hommes libres est moteur de notre lutte
pour et avec tout homme. Il est courage, il est énergie pour prendre des risques... »
Avec la
« violence des pacifiques »
Frère Roger et sa Communauté soutiennent les mouvements de
libération et d'humanisation d'Amérique latine, d'Afrique, etc... luttent pacifiquement pour que leur
vision de l'homme puisée dans la contemplation s'incarne dans l'histoire, surtout là où l'homme est le
plus menacé. Et ils essaient d'aimer ceux qui s'opposent à eux, à leur lutte : « La paix commence
ensoi-même. Mais comment aimer ceux qui oppressent le faible, le pauvre ? Et plus encore : comment
Mini retraite 20 Août 2015 Ŕ Frère Roger de Taizé
Père René PICHON 414 rue de l’église 73490 LA RAVOIRE – mail : [email protected]
Page 6
aimer l'opposant quand il se réclame du Christ ? Dieu donne de prier même pour ceux qui nous
haïssent... »
Méditation : Je pense aux luttes sociales que je mène ou soutiens dans des associations
ou des mouvements.
Exercice pratique : Veiller à l’équilibre dans ma vie entre lutte et
contemplation, les deux étant indissociables, même si aujourd’hui
l’engagement militant est moins dans l’air du temps.
XI Ŕ BONTÉ DU CŒUR
« Qui vit de Dieu choisit d'aimer. Et un cœur décidé à aimer peut rayonner une bonté sans
limites. Pour qui cherche à aimer dans la confiance, la vie s'emplit d'une beauté sereine... Mais qu'estce qu'aimer ? Serait-ce partager les souffrances des plus malmenés ? Oui c'est cela. Serait-ce avoir
une infinie bonté de cœur et s'oublier soi-même pour les autres avec désintéressement ? Oui,
certainement. Et encore : qu'est-ce qu'aimer ? Aimer, c'est pardonner, vivre en réconciliés. Et se
réconcilier, c’est toujours un printemps de l’âme. »
« La sainteté du Christ n'est plus l'inatteignable, elle est tout près de toi. Et déborde avant tout
dans l'inépuisable bonté d'un cœur humain, dans un amour désintéressé Quant à la bonté de
l'Eglise : « en elle, il ne peut y avoir de sévérités réciproques, mais seulement la limpidité, la bonté
du cœur, la compassion… »Cette bonté, Frère Roger la découvre chez Jean XXIII, chez Helder
Camara, Mère Térésa et bien d'autres avec qui il lie une profonde amitié. Il la vit dans ses rencontres,
mais aussi dans ses actions, comme l'opération Espérance lancée après sa rencontre avec les
Evêques d'Amérique latine : actions de partage Nord-Sud et Est-Ouest !
Méditation : En pensant à la Bonté de Dieu, ou à la Bonté de telle personne de mon
entourage, j’essaie de remplir mon cœur sentiments de bonté et de bienveillance envers les
personnes pour qui je n’ai pas d’affinités !
Exercice pratique : Pratiquer la bonté et la bienveillance envers mes
proches, surtout envers ceux pour qui ça m’est difficile !
XII - LA RESPONSABILITÉ DE L'AUTRE
Nous sommes responsables les uns des autres, mais être responsable de l'autre, ce n'est pas
chercher à être son maître spirituel, mais être à son écoute, ce n'est pas lui donner une ligne de
conduite mais lui révéler le don que Dieu lui fait pour inventer sa vie. « Nous sommes des
hommes d'écoute, jamais des maîtres spirituels. Qui s'érigerait en maître pourrait bien entrer dans
cette prétention spirituelle qui est la mort de l’âme ! »
« Souvent, nous ne connaissons pas grand-chose du contexte dans lequel se déroule
l'existence de ceux qui se confient. Là n'est pas l'important. De toute manière, pour répondre par des
conseils ou par des catégoriques « il faut » mènerait sur des chemins de traverse. Les écouter pour
déblayer le terrain et préparer en eux les chemins du Christ »« Oui, se refuser à capter quiconque pour
Mini retraite 20 Août 2015 Ŕ Frère Roger de Taizé
Père René PICHON 414 rue de l’église 73490 LA RAVOIRE – mail : [email protected]
Page 7
soi-même »
Dans l'autre « habitent à la fois la fragilité et le rayonnement, l'abîme et la
plénitude...Entre parole et silence, se dévoile le don spécifique de Dieu en lui, pivot de toute
existence… »
Le grand espoir de Roger Schutz et de Taizé, c'est ce souhait : « Si repartant d'ici, les Jeunes
avaient découvert le Don déposé en eux… S’ils avaient à leur tour l’ardente aspiration à aplanir
pour d’autres le chemin du Christ… »
Méditation : Je pense qu’en tout être il y a un don que Dieu lui fait pour inventer sa
vie et je pense notamment à tel proche qui doute de lui et ne voit pas commente construire sa
vie !
Exercice spirituel : Être plus à l’écoute des autres en leur révélant le don
que Dieu leur a fait pour inventer leur vie, en les valorisant pour qu’ils prennent
confiance en eux !
XIII- L'ATTENTE PATIENTE
« La prière est à la fois passion et abandon. Elle est aussi attente : attendre que se fraie un
passage, attendre qu'éclate le mur des résistances intérieures. Tout comme nous, dans sa vie
terrestre, le Christ a connu ces ardentes patiences…. Il en est...qui ne connaissent pour ainsi dire
jamais de résonance sensible d'une Présence en eux. Leur vie durant, ils sont dans l'attente et celle-ci
active l'ardeur de la recherche...Pour eux, la contemplation est une lutte, elle n’inonde pas d’une
plénitude intérieure, elle ne fait pas jaillir spontanément une effusion pour le Christ ! »
Cette attente patiente doit être confiance : un jour le Christ viendra... .Et cette confiance patiente
doit porter sur tout ce qui nous fait souci : « Ne l'oublie pas, ce qui te préoccupe, Dieu s'en occupe ! »
II faut donc s'abandonner à Dieu sans faire de forcing : « Dans une vie de communion à Dieu, rien ne
peut être forcé, à ce point que, parfois, plus nous voulons, moins nous pouvons ! ... La remise à Dieu
des soucis, des oppositions, libère des énergies pour regarder au-delà des situations, au-delà aussi
des êtres. Peut-être est-ce ainsi que déjà nous atteignons une parcelle d’Éternité ! »
Méditation : Je remets entre les mains de Dieu ce que j’attends pour moi, pour
quelqu’un, pour l’Église… et qui n’arrive pas, qui est trop long à venir.
Exercice spirituel : faire preuve de patience, de patience confiante, dans
tous mes projets actuels personnels… et dans l’attente d’un renouveau
spirituel de notre temps !
XIV- ÉLARGIR
« Les Chrétiens sont à l'heure où la vocation d'universalité, de catholicité, déposée en eux par
l'Evangile, peut trouver un accomplissement sans précédent. Auront-ils le cœur assez large,
l'imagination assez ouverte, l'amour assez brûlant pour répondre à un des appels premiers de
l'Evangile : dans chaque aujourd'hui...être levain de confiance entre nations, entre races, dans
toute la pâte de la famille humaine qui, pour subsister, aspire à une unité à travers la terre ? » Le jour
Mini retraite 20 Août 2015 Ŕ Frère Roger de Taizé
Père René PICHON 414 rue de l’église 73490 LA RAVOIRE – mail : [email protected]
Page 8
de sa mort, Frère Roger travaille à sa lettre annuelle, mais la fatigue l'empêche d'aller au bout de sa
phrase : « Dans la mesure où notre Communauté crée dans la famille humaine des possibilités pour
élargir... » C'est son dernier mot, son testament : élargir !...
Méditation : Je pense au monde entier, j’ouvre mon cœur, j’élargis mon cœur aux
dimensions du monde en relativisant mes problèmes personnels…
Exercice pratique : Chercher à être large d’esprit et non étroit, obtus, et à
avoir un cœur large, qui donne largement et qui s’ouvre largement aux autres
et au monde entier !
XV - NI S'INSTALLER, NI S'ACCROCHER, MAIS TOUJOURS ALLER DE L'AVANT DANS LA
CONFIANCE
« Pour le Chrétien tout ne fait toujours que commencer. Il se tient à la genèse des situations, il
est homme ou femme des aurores, des perpétuelles découvertes. Il attend contre toute attente… »
Dans son livre « la Dynamique du Provisoire », Frère Roger ne sacralise pas le spontanéisme,
mais la capacité de Dieu et des hommes à faire toujours du neuf: « Dieu ne condamne jamais
personne à l'immobilisme. Il ne ferme jamais des chemins. Il en ouvre toujours de nouveaux, même
s'ils sont parfois étroits » « Dans le seul à seul avec le Christ, tu oseras attendre jusqu'à l'éclatement
même des évolutions de l'histoire, apparemment inéluctables. Cette espérance engendre un élan
créateur… une espérance venue d’un Autre. Elle réinvente le monde. »
Cette confiance ...se traduit concrètement par la confiance dans les nouvelles générations:
«J'irai jusqu'aux extrémités de la terre, j'irai jusqu'au bout du monde s'il le faut, pour dire et redire ma
confiance dans les nouvelles générations, ma confiance dans les Jeunes... » Et ce qui se passe à
Taizé avec les Jeunes du monde entier...nous donnent cette confiance dont on a bien besoin !
Méditation : Je laisse résonner en moi cette belle parole : « Pour le Chrétien tout ne fait
toujours que commencer… Il est homme ou femme des aurores, des perpétuelles
découvertes… »
Exercice spirituel : Ne jamais m’installer dans des habitudes ni dans la
Foi… ne jamais m’accrocher à des responsabilités… mais aller de l’avant et
faire aller de l’avant dans la confiance. Vivre « la dynamique du provisoire ! »
Mini retraite 20 Août 2015 Ŕ Frère Roger de Taizé
Père René PICHON 414 rue de l’église 73490 LA RAVOIRE – mail : [email protected]
Page 9