Sommaire - Sources d`Arménie
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Sommaire - Sources d`Arménie
2 3 Mars 2010 Éditorial A la veille des commémorations du 95ème anniversaire du génocide des Arméniens, et alors que la France, parmi les grandes nations ayant reconnu ce crime, a déroulé le tapis rouge devant l'état négationniste avec cette année biseautée de la Turquie, il me parait important de citer les initiatives des défenseurs de la vérité historique, gardant invariablement le cap en dépit de toutes les difficultés tant politiques qu'économiques dressées sur leur chemin. Sommaire Bilan 2009et perspectives 2010 2 Activités en cours dans les médias: Compte rendu d'émissions diffusées par Radio-Arménie: Une nouvelle théorie vient bousculer un siècle de travaux sur la composition des textes évangéliques. 5 Revue de presse Les Nouvelles d’Arménie Magazine N°159 Janvier 2010 7 Livres 9 Librairies partenaires 12 Je veux parler de la dernière livraison des éditions Parenthèses, le Journal de déportation de Yervant Odian, traduit de l'arménien par Léon Ketcheyan. Ce livre est une véritable mine d'informations, et intéressant à plus d'un titre. Il est écrit dans un style clair par un écrivain, journaliste et éditorialiste au quotidien Jamanak, témoin et victime directe des évènements depuis la rafle du 24 Avril à laquelle il a échappé, jusqu'à l'enfer du désert syrien dont il a survécu miraculeusement. Tout comme le R.P. Grigoris Balakian dans Le Golgotha arménien (Le cercle d'écrits caucasiens), il a voulu témoigner au reste du monde ce qu'il a vécu dès son retour à une vie « normale » si l'on peut dire. Yervant Odian raconte en faisant abstraction de son jugement personnel et décrit sans fioritures, en véritable témoin, les comportements et les personnages croisés durant ces trois années et demi de souffrances. Depuis le dévouement admirable de compatriotes de toutes conditions jusqu'aux plus vils d'entre eux, il déroule le récit de ses rencontres et des situations extraordinaires où il se trouve plongé. Ainsi, ce bédouin l'accueillant dans sa tente et à sa table, le pousse à manger tout en l'insultant! Il croise aussi sur son chemin des personnes côtoyés par le R.P. Grigoris Balakian à une autre période de ces années noires, comme Aram Andonian, dont nous avons parlé du témoignage, En ces jours sombres, dans nos colonnes. Les survivants du génocide ne sont plus, mais leurs témoignages sont de plus en plus nombreux à la disposition du lecteur français. Agop Shirvanian [email protected] Bilan 2009 et perspectives 2010. Intervention du Président Maxime Yévadian lors de l'Assemblée Générale du 6Février 2010. Bonjour à tous, et Bonne Année, 2009 s’en est allé. Cette année fut difficile à maints égards pour nous. Je formule le voeu que l’An Nouveau nous permette de tirer toutes les conséquences des crises passées et d’aller de l’avant. Au cours des mois précédents, nous avons affronté trois crises. Le projet de livre sur l’alphabet arménien a été mené très loin, au prix d’efforts considérables et d’altercations répétées avec l’auteur mais il n’a pu être conduit à son terme à cause du caractère irascible de Serge Mouraviev. D’autre part, le deuxième semestre a été catastrophique en termes de vente d’ouvrages. Enfin, et toujours en raison de la crise mondiale, nous n’avons eu aucun écho des dizaines de demandes de subventions envoyées tant auprès des mairies et des Conseils généraux que des Fondations. I- Livre de 2009 : Histoire des alphabets caucasiens 1. Thème et problématique. Ils ont été plusieurs fois présentés, mais l’essentiel est que l’invention de l’alphabet arménien, mais également géorgien et albanien soit, d’après le vartabed arménien Korioun, le fruit du génie de Mesrop Machtots. Le texte de la Vie de Mesrop est assez clair sur ce point. Pourtant, de nombreuses contestations ont été formulées par les Géorgiens et les Azéries qui se résument en un mot : affabulation. Les textes arméniens sont affirmatifs, mais n’ont pas suffit à clore la polémique devenue vive pour des raisons évidentes liées à l’actualité politique. L’enjeu était donc d’analyser la logique interne du système des lettres arméniennes. Celle-ci dénote une conceptualisation poussée, claire et analysable. Le système une fois mis en lumière peut être appliqué aux deux autres alphabets et prouve leur conception par le même esprit. L’analyse phonétique de Mesrop Machtots se révèle être la plus poussée de tous les alphabets antiques et médiévaux et ne sera égalée qu’au XXe siècle ! 2. Ce qui a été mis en place. Durant quinze mois j’ai secondé, du mieux possible, Serge Mouraviev en lui envoyant de la documentation, en faisant de la recherche documentaire, en lui saisissant des textes ou vérifiant des traductions. De plus, tout une épique a été mobilisée pour relire les différents chapitres. J’ai, par ailleurs, activé nombre de mes contacts pour pouvoir aller le plus loin possible dans maints domaines. 3. L’échec final. Malgré tous ces efforts de notre part, l’auteur n’a cessé d’être vindicatif, d’avoir des exigences démesurées et de ne faire aucun cas des exigences qui était les nôtres : normes de présentation, délais, etc. Tout ce qui pouvait être toléré l’a été. J’ai, par exemple, supporté des mails injurieux durant des mois. Et dans la mesure où il ne se pliait pas à nos exigences minimales, nous avons pris la décision collégiale de mettre un terme à ce projet. Vous lirez plus bas ce qui a été mis en place pour éviter que pareille situation ne se reproduise. II- Questions administratives 4. Contrat d’édition. Nous avons, avec le concours de notre juriste Me Henri Moreau, élaboré un contrat d’édition reprenant tout ce que nous proposons aux auteurs avec lesquels nous souhaitons collaborer. Ce texte nous est soumis pour acceptation, pièce n°1. Je propose que l’on ne prenne plus en considération un manuscrit tant que son auteur n’a pas signé son contrat et remis son document au bureau. 5. Contrat de location. De même, un contrat de location a été élaboré pour la location des expositions que nous mettons à disposition. Ce contrat nous est proposé au vote. Il servira de cadre à toutes les locations d’expositions. 6. Mise en page. Pour éviter que les auteurs ne cherchent à nous imposer leurs exigences en termes de mise en page, je propose d’élaborer des normes précises de mise en page et de présentation des ouvrages qui seront annexées au contrat. L’élaboration de cette charte graphique est en cours. Elle vous sera présentée lors de l’Assemblée générale. 7. Bureau. En 2009, chaque membre a assumé un travail considérable. Aucun n’ayant souhaité être remplacé le même bureau reste en place et sollicite votre approbation : • Président : Maxime Yévadian, Villefranche-surSaône. • Secrétaire : Raffi Kassiguian, Montauroux. • Trésorière : Chéruy. Evelyne Bédrossian, Pont-de- 8. Conseil d’administration. L’ouverture de notre conseil d’administration va se poursuivre afin d’accueillir plusieurs personnes destinées à gérer des questions précises : • Me Henri Moreau, associé pour les questions juridiques ; • M. Patrice Gilibert, internationales et étrangères ; • M. Movsès Nissanian, associé pour organiser et gérer le projet de virement. pour les les relations communautés 9. Large ouverture de l’association. Le nombre d’adhérents s’est accru, en 2009. Mais ce n’est pas suffisant. Il faut ouvrir d’avantage notre association dont le travail se complète bien avec d’autres engagements associatifs. Nous ne demandons rien aux membres ne souhaitant pas s’investir dans la vie de l’association. Malgré tout, chacun recevra gratuitement l’ouvrage paru en cours de cycle. 10. Création d’une Newsletter. La croissance de l’association doit s’accompagner par la création d’un lien entre les membres. Une Newsletter a donc été créée, « Le Sourcier ». Elle est confiée à Agop Shirvanian. Deux numéros sont déjà parus, le 3e verra le jour en janvier. Nous avons fait le choix de préparer 2 trois numéros par an : le premier en début d’année, le deuxième entre avril-mai et le dernier pour la rentrée de septembre. considérable à monter des dossiers, en vain. Il serait bon de cibler les fondations avec lesquelles nous avons des contacts plus ou moins directs. 11. Radio Arménie. Depuis septembre 2009, une émission a été mise en place sur Radio Arménie : Arménie la fibre spirituelle, cf. « Le Sourcier » n°2 de septembre 2009. Il y a deux émissions par mois, les première et troisième semaines. Chaque émission est diffusée le mardi, à 17 heures, et rediffusée le samedi, à 16 heures. Toutes peuvent être réécoutées sur le site Internet de la radio : http://www.radioarmenie.com. 15. Ventes des ouvrages. Les ventes au premier semestre ont été assez bonnes avec près de 200 livres. Le second a été désastreux. Cette situation justifie, à elle seule, le changement d’échéancier proposé. La thématique générale est la suivante : « Les acquis de la recherche les plus récentes ont mis en lumière des aspects nouveaux et importants de l’histoire arménienne sur les plans politique, culturel et religieux. L’essor de la culture arménienne a été considérable dès la fin de l’Antiquité. Les enfants d’Arménie ont œuvré depuis leur pays et la Terre sainte jusqu’aux quatre coins du monde, de Saint-Jacques de Compostelle à l’ouest à Louyang (capitale de la Chine ancienne), à l’est ; de l’Islande au nord, à l’Éthiopie au sud. Peu de cultures humaines ont eu une telle extension et cela d’autant plus qu’elle se déploya à l’époque de la formation des États actuels. C’est à la découverte du fabuleux destin des enfants d’Arménie que cette émission vous invite. Pour débuter, nous proposerons une série d’émissions sur la genèse du christianisme en Arménie, des origines au Ve siècle. » 12. Nouvel échéancier général. Au vu des problèmes rencontrés cette année avec Serge Mouraviev et le fait que le second trimestre est moins bon que le premier en termes de vente d’ouvrages. Il est apparu utile de modifier notre échéancier général. D’une part, tout manuscrit devra être présenté au bureau de l’association en fin d’année pour être soumis et voté au début de l’année suivante à l’Assemblée générale de l’association. D’autre part, la préparation de l’édition se fera au premier semestre. Nous enverrons, en juin, les bulletins de souscriptions. L’ouvrage paraîtra, en septembre (au lieu de novembre). Nous arrêtons, de fait, la lettre aux associations envoyées jusqu’en 2009 fin mai qui sera remplacée par l’envoi du « Sourcier », en mai et des bulletins de souscription, en juin. L’échéancier 2010 vous est proposé à l’approbation. 13. Numérisation de nos livres. Nous sommes depuis quelques mois éligibles à des subventions du Centre National du Livre (CNL) pour faire numériser nos livres après qu’ils soient épuisés et les mettre en ligne sur la base Gallica, (www.gallica.bnf.fr) la bibliothèque numérique de la Bibliothèque Nationale de France. Cela permettra qu’ils soient consultables à volonté et gratuitement par les internautes du monde entier. III- Questions financières 14. Demandes de subventions. Quinze demandes de subventions ont été envoyées, en 2009 : dix à des fondations et cinq à des mairies. Aucune réponse ne nous est parvenue. Pour 2010, il faudrait fonctionner différemment afin de ne pas perdre un temps 16. Distribution. Après notre expérience avec Casteilla et la CED en 2008, nous avons intégré le réseau Dilicom. Celui-ci, un des plus importants de France, met en relation les libraires avec les livres édités. Ce service est efficace et nous permet d’être aisément identifiables par des libraires qui passent commandes. Nos ouvrages sont également référencés dans la base de données « Électre » qui est la plus importante de France. Ce réseau est tout à fait adapté à nos besoins, nous continuerons donc avec lui. Ce qui manque, c’est d’être présent dans les librairies, car lorsque les ouvrages sont en rayon, l’expérience montre qu’ils se vendent. Nous avons une vingtaine de libraires partenaires, un objectif raisonnable serait d’être présent dans cent à cent cinquante autres enseignes. 17. Projets de réédition. Il est bon de prévoir, dès à présent, la possibilité de rééditer tous les dix ans, nos ouvrages. En effet, les universitaires de toutes disciplines lorsqu’ils consultent la bibliographie sur une question, ont tendance à négliger les ouvrages « anciens ». D’autre part, une révision régulière de nos synthèses, avec ajout de la bibliographie, des nouveaux textes et des corrections, est seule de nature à pouvoir accompagner une modification progressive du regard sur la culture arménienne ancienne. On peut supposer, par ailleurs, que les ouvrages seront épuisés en 5 à 8 ans selon les thèmes. 18. Mise en place de virements bancaires. Les ventes nous permettent, à grand peine, de financer un volume par an. Du coup, tout autre projet est impossible à concevoir faute de financement (expositions, livre de vulgarisation, etc.). Dans ce contexte, compte tenu du fait que nous pourrions faire davantage, Movsès Nissanian a suggéré de mettre en place un système de virement bancaire en proposant à des particuliers de mettre en place un virement mensuel. En fin d’année, chacun recevra un Cerfa et pourra déduire 66 % de ses impôts sur le revenu. Par exemple, pour un virement 100 € par mois, 66 % de cette somme sont déductibles. Il ne reste à la charge de l’intéressé que 34 % donc 34 € par mois, soit 1, 133 € par jour. Cela représente le prix d’un café… Pour ce montant, vous pouvez soutenir de manière décisive notre action en faveur de la culture arménienne. 19. Bourses de travail. Une de nos premières actions, si ce projet de virement est plébiscité, sera de mettre en place un système de bourse de travail permettant à un chercheur de la République d’Arménie de produire un ouvrage supplémentaire dans l’un de nos domaines. Dans un second temps une bourse de travail, moins importante, pourrait être proposée à des étudiants de France. 3 20. Équilibres financiers. Dans ce contexte, nous envisageons de faire avancer nos travaux de la manière suivante : 1) Les ventes des ouvrages des années passées financeront le volume de l’année suivante avec un complément de la Fondation Gulbenkian. 2) La somme des virements nous permettrait de financer, par ordre de priorité : a- une bourse de travail ; b- une exposition grand public ; c- un livre grand public ; d- la préparation d’un manuscrit . IV- Projets des années précédentes A- Livre Dentelles de pierres, de parchemin, de métal, 21. Conférences et présentations du livre. Aucune conférence spécifique sur ce livre n’a été faite, mais l’ouvrage a été présenté lors de chaque conférence. 22. Exposition. L’exposition a été achevée. Il s’agit de quinze panneaux 90 x 120 cm (en quadri) et impression haute définition. Cinq sont consacrés à l’art arménien en général, cinq aux lois de la grammaire ornementale et les cinq derniers au vocabulaire ornemental. faire ne l’est pas moins surtout que les tables sont toutes à préparer (index, glossaire, etc.). 27. Échéancier. En collaboration avec l’auteur, je vais finaliser le manuscrit d’ici avril où je serais, en Arménie, pour vingt jours. Là Mourat Hasratian reliera les premières épreuves. À mon retour, j’aurai le texte complet ainsi que les plans, schémas et illustrations. La mise en page pourra commencer. Elle sera achevée en juillet. Il faudra préparer les tables durant l’été. L’ouvrage sera normalement imprimé en septembre. VI- Autre publication en 2010 28. Saison turque. Le programme de la saison turque a été marqué par un oubli volontaire de toute présence des Arméniens dans l’Empire ottoman. De ce fait, leur apport considérable n’a jamais été mentionné. Pour ne pas rester dans un rôle pénible de trouble-fête, nous avons organisé avec Ara Toranian une « contresaison » en proposant chaque mois un article éclairant un aspect de l’apport arménien à l’Empire ottoman. Les meilleurs spécialistes de chaque domaine ont été conviés à faire un article sur leur spécialité. 29. Programme des articles. programmés sont les suivants : Les dix articles Septembre : Les Arméniens et les musulmans Octobre : arméniens Les Seldjouks et les architectes L’exposition est prête et à disposition des associations et institutions qui en feront la demande. Le projet est de la louer pour 4 à 6 semaines. Des cartons de livres seront proposés au prix « association » (-20 %) ce qui remboursera, partiellement, le prix de la location. Nous tablons sur une dizaine de locations. Novembre : Les Seldjouks et les rois d’Arménocilicie (Claude Moutafian) B- Christianisation de l’Arménie Février : La Kütaya, et les origines de la céramique « bleue » (Dikran Kouymjian) Volume I et 2 24. Publication. La révision finale a occupé toute l’année 2008 et a pris des dimensions considérables : 540 pages et 214 textes ! L’ouvrage est paru en décembre 2009. Les deux tomes ont été présentés dans divers salons de Noël. La réaction a été bonne, de nombreuses universités françaises et étrangères l’ont commandé. Plusieurs comptes rendus ont été publiés. Durant tout le premier semestre 2009, des réactions positives ont été enregistrées et les ventes ont été très convenables. V- Livre de 2010 25. État du projet. Depuis deux ans, je parle d’un projet important : l’Histoire de l’architecture arménienne de Mourat Hasratian. Une première version de l’ouvrage est parue à Erevan, en 1985, en français et en russe. Cette version a été transformée en fichiers Word. Ce livre dans cet état vous sera présenté en A.G. L’auteur a signé son contrat. De ce fait, je vous le propose comme livre à publier en 2010. 26. Travail restant. Il faut maintenant rédiger une introduction et une conclusion, reprendre très largement certains chapitres, comme celui de l’architecture arménienne en diaspora. Le travail effectué est déjà considérable, mais celui restant à Décembre : Les janissaires Janvier : Maître Sinan et les grandes mosquées ottomanes Mars : Le café et son introduction en Europe Avril : Le Kévorkian) livre et l’imprimerie (Raymond Mai : Les Arméniens et la musique ottomane (Aram Kérovpyan) Juin : La Turquie depuis 1915 (demander à un contemporanéiste) Cette contre-saison s’est poursuivie dans les colonnes du journal « Le Monde » qui a publié une tribune d’Ara Toranian et la réponse des officiels français en charge de la saison turque. 30. Publication d’un recueil. Dans ce contexte, le projet est né de publier une brochure réunissant toutes ces contributions revues et augmentées avec des contrepoints sur des faits précis. Malheureusement, nous n’avons aucun budget pour cet ouvrage. En effet, le plus important est de publier annuellement des ouvrages de base pour combler les manques. Notre ligne directrice doit rester la publication d’ouvrages de référence sur l’Arménie. De ce fait, toutes nos ressources doivent aller à la publication des monographies. VII- Autres projets 31. Grégoire de Tallard. Le projet de livre sur saint Grégoire de Tallard est actuellement au point mort, par 4 manque de volonté politique de la part des élus locaux. Le travail se poursuit de notre côté. Un article sur la « Renaissance du culte de saint Grégoire de Tallard » est paru en décembre 2008 et l’édition de la Vie de saint Grégoire de Tallard est prévue pour 2010, ainsi qu’un dernier article sur les sources médiévales sur ce saint. Ces articles paraissent dans le Bulletin de la Société d’Études des Hautes-Alpes. Les travaux préparatoires ont été faits. Tout est prêt pour envisager l’édition d’un petit livre sur ce saint, il faut trouver les relais locaux. nous atteignions une taille suffisante assurant la pérennité de notre action. 32. Jean Cassien. Une note sur l’origine arménienne de Jean Cassien est publiée en annexe de la réédition de ses Conférences parues dans la collection des Sources Chrétiennes, vol. 42 bis, en août 2008. Et un article paraîtra, en 2010, pour prouver qu’il est né à Séert dans la partie méridionale de l’Arménie. Un autre est en préparation sur sa vie et son itinéraire. Il sera prêt vers mi-2010. Dès à présent, un ouvrage sur Jean Cassien, qui fut le premier théoricien du monachisme en Occident, est envisageable. Il suffit de trouver les relais marseillais. Une nouvelle théorie vient bousculer 33. Dictionnaires des compositeurs, des musiciens et des achours arméniens. Suite au décès de Levon Tavadjian qui a consacré les sept dernières années de sa vie à la composition d’un dictionnaire des musiciens arméniens. Comme je l’avais conseillé pour trouver un imprimeur, sa veuve m’a demandé de reprendre le dossier pour le faire aboutir avec ses anciens collaborateurs. Un accord de principe a été donné, mais il y a encore fort à faire. Mais déjà il faut régler les problèmes de droits, préparer un contrat adapté à la situation et réviser complètement le manuscrit qui doit être fortement complété. 34. Dictionnaire étymologique de la langue arménienne et histoire de la langue arménienne. Vahan Sarkissian est un des meilleurs spécialistes de la langue arménienne et un des responsables de l’université d’État d’Erevan. Depuis plus de 15 ans, il développe ses théories linguistiques qu’il a appliquées au basque, à l’espagnol, au latin et au russe. Je le connais depuis plus de 5 ans. Il cherche à travailler sur l’œuvre de sa vie, un dictionnaire étymologique de la langue arménienne . 35. Livres de vulgarisation. À chacune de nos interventions publiques, on nous demande souvent des livres plus accessibles au grand public. Ils sont prévus et nécessaires, mais en l’état actuel ils ne peuvent être envisagés car non finançables. Cependant, j’ai commencé à travailler à deux livres de vulgarisation reprenant les principales conclusions des deux volumes sur la christianisation de l’Arménie, pour être prêt, au cas où… Plusieurs autres livres sont en chantier, mais ils ne sont pas encore assez avancés pour qu’on les évoque. 36. Exposition. La première exposition sur l’art est terminée. Il faut, dès à présent, se mettre à réfléchir sur une ou deux expositions sur la christianisation de l’Arménie reprenant les thèmes des deux premiers volumes. Au terme de cette année de travail, j’ai le sentiment que nous remplissons au mieux notre mission. Pourtant, il y a encore fort à faire pour que MAXIME YEVADIAN [email protected] Compte rendu d'émissions diffusées par Radio Arménie: un siècle de travaux sur la composition des textes évangéliques. L’histoire de la composition des textes évangéliques et de manière générale celle de tout le Nouveau Testament a largement préoccupé les savants depuis la Renaissance. Tous les grands humanistes ont réfléchi à cette question tels qu'Érasme ou Guillaume Budé. Les pas décisifs ont pourtant été accomplis par les chercheurs allemands entre la seconde partie du XIXe et les premières décennies du XXe siècle. Et la science allemande a Pierre Perrier, Evangiles de l’oral joué un rôle majeur et parfois in-dépassé à l’écrit - Tome 1, Paris, Sarment/Jubilé, 2000, 304 pages, à ce jour dans la découverte et l’étude 23,75 € des langues et des littératures orientales (syriaque, arménien, géorgiens, langues iraniennes etc.). Leurs principales conclusions sur la composition des textes évangéliques ont été très largement acceptées, confirmées et précisées depuis lors. C’est donc à une véritable révolution que Pierre Perrier invite ses lecteurs. Ingénieur en mécanique des fluides, Pierre Perrier étudie depuis trente ans les textes bibliques dans les différentes langues araméennes (hébreu, syriaques, etc.). Cette proximité avec ce type de textes l’a amené à proposer une lecture radicalement nouvelle de leur composition. Pour en apprécier la nouveauté, il faut faire un rapide rappel de la théorie classique. 5 La théorie classique sur la composition des textes évangéliques. fondement de cette étude est la constatation que les plus anciens manuscrits parvenus jusqu’à nous sont écrits en grec et donc que les évangiles ont été rédigé dans cette langue, qui est, de ce fait, la langue originelle du christianisme. Les évangiles auraient donc été composées sur la base de logions (terme grec : paroles, sentences) réunies en recueils. Ces recueils de logions ont formé un texte source commun aux évangiles de Mathieu, Luc et Marc appelé Source Q, de l’allemand Quelle (source). Marc étant le plus proche de Q, il serait le plus ancien, puis par allongement successif viennent Mathieu et Luc qui n’ont pas de contact entre eux. Pourtant Q est un texte seulement narratif n’ayant aucun contenu théologique et liturgique ce qui étonne près d’une génération après la mort de Jésus (p. 123-125 ; p. 715729 ). La chronologie relative des rédactions serait, avec des variations multiples selon les auteurs, donc vers 70 pour l’évangile de Marc, suivit de celui de Mathieu et de Luc vers 80-90 et Jean composant le sien qui est un commentaire des trois autres, dites synoptiques, vers 90-100. Il est postulé d’autres Pierre Perrier, Evangiles de l’oral à sources communes l’écrit - Tome 2, Les colliers aux uns et pas au évangéliques, Paris, autres, mais je Sarment/Jubilé, 2003, 960 pages, n’entre pas dans le 25 € détail. Cet état grec du texte est conservé dans quelques rares manuscrits comme le codex D 05 dit de Bèze copié au IVe siècle et qui transmet peut-être un texte des années 140-150 lorsque son possesseur, Irénée de Lyon, quitta Smyrne. Viennent ensuite les traductions latines et syriaques IVe et Ve siècles puis arméniennes et géorgiennes au Ve siècle. Cette théorie apparemment très solide a pourtant été ébranlée, il y a quelques années par la découverte d’un fragment de papyrus contenant un extrait de l’évangile de Marc et daté de 50 de notre ère, soit vingt ans avant la date à laquelle il est sensé avoir été écrit … La théorie de Pierre Perrier En se fondant sur les traditions orales des Églises d’Orient qui affirment l’existence de textes très anciens en araméens Pierre Perrier a étudié le codex D 05 dit de Bèze et a observé que ce texte est d’un assez mauvais grec, contenant nombre d’aramaïsmes (calque de l’araméen). Des remarques similaires semblent pouvoir être formulées sur une des plus anciennes traductions latines des évangiles la vetus latina (vieille latine) du codex de Brescia (p. 117). Il a donc postulé que le texte primitif était rédigé en araméen, langue du Christ et des apôtres, puis traduit dans les autres langues. Puis, en s’appuyant sur travaux de Marcel Jousse sur l’oralité, il a essayé de reconstituer les liens entre les sermons de Jésus et les textes qui nous sont parvenus. Le résultat est, pour le moins étonnant. L’enseignement aurait été structurée par Jésus en personne et dès son vivant afin d’en faciliter la mémorisation. Lors des « banquets de la Parole » auraient eut lieu la construction des récits, l’utilisation de paraboles et de proverbes, de mots-clés, de gestes, etc. Autant de supports mnémotechniques gages d’une bonne transmission. Jésus aurait donc mis en place un enseignement et des récits gestués, appelés colliers (groupement de récitatifs), et ses apôtres auraient, après sa mort, continués à en créer sous le regard vigilant de Marie. En effet, cette vision donne un rôle clé aux femmes et particulièrement à Marie, mère de Jésus, place qui sera par la suite réduite au maximum par les Églises. Cette collection de témoignage à plusieurs voix est nommée karozoutha (K0) (récitlitanie à réciter). Nouvelle chronologie des textes Cette nouvelle chronologie à ceci de stupéfiante qu’elle permet d’établir complétement le lien entre Jésus, ses disciples et les textes qui nous parlent d’eux. Et d’autre part, en 51, date traditionnelle de l’Assomption de la Vierge l’essentiel des textes était déjà composé ! Dès leur départ, les apôtres auraient donc eut à leur disposition un texte complet. Ce qui éclairerait bien des passages autrement obscurs . L’auteur reproduit en français seulement ( !) un ensemble important de soixante-dix textes témoignant de la réalité de la prédication orale de l’évangile (p. 775793). Les missions apostoliques sont également étudiées par l’auteur qui affirme, sans Pierre Perrier, La transmission connaître mes des Evangiles, Paris, positions, que Sarment/Jubilé, 2006, Collection « Barthélemy fut guides totus », 310 pages, 14 €. effectivement l’apôtre de l’Arménie (p. 171 et 203 ; p. 145, 216 et 293 ; p. 754-756). La question d’un texte araméen de l’évangile de Mathieu dont disposait Barthélemy lors de ses voyages missionnaires a été également étudiée récemment par Claude Guérillot. Cet amateur éclairé à en effet cherché à reconstituer le texte ancien du Mathieu araméen dans son dernier ouvrage : Ainsi parlait Jésus. 6 Quelques réserves. Cette thèse est bien évidement alléchante, même si elle jette à bas près d’un siècle de travaux. Certains aspects doivent pourtant être précisés, le syriaque est une langue araméenne mais toutes les versions syriaques ne peuvent prétendre à remonter à l’époque de Jésus. D’ailleurs la supériorité des manuscrits syriaques (Pshytta et Pshytto) sur les autres versions et notamment les codex D 05 dit de Bèze et codex de Brescia sont affirmés mais jamais prouvés, on attend une démonstration fondée sur des exemples nombreux et précis pour être convaincu. L’exemple de comparaison entre le codex de Bèze et un texte araméens non précisé est intéressant mais très insuffisant (p. 291 et p. 727 étendue aux autres versions). De plus l’apport de la version arménienne est complètement passé sous silence ce qui est préjudiciable à l’économie générale de la reconstitution proposée. Plus généralement, homme de littérature orale, Pierre Perrier n’a pas fait l’effort de donner au lecteur tout l’appareil de notes critiques permettant de suivre son raisonnement. Il aurait été très utile de citer avec précision les thèses qu’il conteste et les textes qu’il utilise et ce d’autant plus que nombre de ces derniers sont peu connus des amateurs occidentaux. Ce travail éblouissant par certains côtés, sera très contesté pour ce qui apparaîtra, aux yeux des critiques très chatouilleux sur les questions de forme, comme un manque de rigueur et de sérieux. Mais dès à présent, il n’est pas possible de négliger son apport qui pourrait être considérable dans les décennies actuelles. Pierre Perrier achève ses ouvrages par un appel à une nouvelle évangélisation sur la base de cette perception plus vivante du texte évangélique (p. 253-289 ; p. 251-260). Or on sait qu’en Afrique, une des dernières terres d’oralité vivante au monde, la méthode de Marcel Jousse a connu un succès considérable. Les responsables des Églises arméniennes, et notamment l’Église Apostolique Arménienne, gagneraient sans nulle doute à méditer et mettre en œuvre cette catéchèse orale et plus accessible que les exégèses intellectuelles dont le grand public s’est largement détourné depuis longtemps. Maxime YEVADIAN [email protected] Revue de presse Les Nouvelles d'Arménie N°159 Janvier 2010 Maître Sinan Et les grandes mosquées ottomanes Découvrant l'Empire ottoman à l'apogée de sa gloire, l'allemand Frédéric Hasselquist dont le texte a été publié de manière posthume par Linné qui estimait que « jamais une relation de voyage aussi admirable n'avait paru », note en plein XVIIème siècle que: « Les Turcs ne savent ni tailler les pierres, ni les placer. Les Arméniens sont naturellement leurs architectes; ils ont naturellement de l'inclination pour cet art; ce qui, joint aux connaissances qu'ils ont acquises dans leurs voyages, les met à même de construire des édifices tels qu'on peut les attendre d'un peuple qui ne doit ses connaissances qu'à la nature. Si les Arméniens voyageaient en Europe et cultivaient leurs talents, peut-être trouverait-on dans l'Orient des architectes qui égaleraient ceux de l'Antiquité et l'emporteraient sur plusieurs de nos architectes modernes. » De nombreux architectes arméniens ont loyalement servi les dirigeants ottomans tout au long de l'histoire de cet empire. Peu d'entre eux sont formellement identifiables comme arméniens à cause du silence des sources ou du peu de travaux, et c'est l'étude d'un détail d'une façade, de la coupole, ou toute autre analogie avec l'architecture arménienne qui permet de supposer l'origine d'un architecte. Le premier architecte officiel du sultan après la conquête de Constantinople s'appelait Sinan l'affranchi, il était grec. Son successeur, qui est le prédécesseur de Minar Sinan, Ayas bin Abdullah, semble être, d'après son nom, turc ou persan, alors qu'il se révèle être arménien. Ainsi la plupart des architectes ottomans de premier plan sur lesquels nous sommes renseignés sont tous chrétiens. Parmi eux, j'évoquerai seulement le maître-architecte Sinan. Une vie arménienne brisée Minar Kodja Sinan, vécut de 1490 environ à 1588. Dans l'autobiographie qu'il dicta au soir de sa vie, il affirme être né dans le village d'Aghrianos, près de Césarée. Il dit avoir été soumis à devshirme (ramassage d'enfants chrétiens) sous le sultan Sélim 1er (1512-1520) vers 1517 pour devenir janissaire. Cet évènement prouve son origine chrétienne, grecque ou arménienne. Or, après la conquête de Chypre par les Ottomans (1571), le sultan décida d'y déporter des chrétiens d'Asie mineure pour réduire la part de la population grecque de l'île. Sinan intervint en personne dans le but d'exempter de déportation la population de son village natal et tout spécialement de quatre de ses proches parents: Sari, Oghlou, Kod Nichan et Ulissa. Cette information est capitale car elle prouve que la famille de Sinan ne pouvait pas être grecque. Texte de la lettre: « À ta justice, Hiussein tchawush, Haut commandant de l'Ak-Dagh, le chef des architectes impériaux ayant appris que par décret impérial nous avions ordonné la déportation de nos sujets de Césarée, (il) nous a supplié dans une lettre que la population vivant dans le village de Aghermass, son lieu de naissance et ses parents Sari et Oghlou vivant dans le village de Kutchi Boeriunggez, qui sont nos sujets; et ses parents Ulissa et Kod Nichan, du village de Urgab, qui sont nos sujets soient exemptés de la déportation à Chypre. 7 En conséquence, j'accorde l'exemption à la population des villages submentionnés comme j'accorde l'exemption aux personnes submentionnées ainsi qu'à leur famille. En conséquence, j'ordonne qu'ayant reçu mon ordre, que si malgré l'enregistrement dans les livres (officiels), on appelle pour la déportation les anciens des villages submentionnés ou leur famille, parce que leurs noms ont été effacés, qu'ils ne soient pas violentés, sous le prétexte qu'ils font partie de ceux qui devaient être déportés. Et qu'il en soit ainsi que l'affirme ce texte qui doit être enregistré dans les registres (officiels) et l'original doit leur être retourné. Donné à maître Mehmet, le 7 Ramaran 981 de l'Hégire (1573). » Haïk Berberian a montré que ses parents avaient des prénoms arméniens. Nichan signifie en arménien le « Saint Signe» et demeure aujourd'hui encore un prénom courant et Oulissa est le diminutif arménien d'Ouliané qui traduit le prénom grec Julienne. Le destin d'un virtuose L’origine arménienne de Sinan est donc prouvée par des documents contemporains qui ne tolèrent aucune contestation. Mais étaient-ils utiles? La parfaite maîtrise des canons des architectures byzantine et arménienne; son goût du détail et son aptitude à penser les jeux de masse ne le désignaient-ils pas déjà suffisamment le plus génial des architectes ottomans comme un enfant d'Arménie? En effet, si Sinan, comme de nombreux architectes chrétiens travaillant pour les Turcs, a pu si précisément servir le projet impérial ottoman c'est parce qu'il était l'héritier d'un art chrétien millénaire. En effet, les Ottomans vont progressivement reprendre la totalité de l'idéal impérial et universaliste des Byzantins. Et Sinan est de ceux qui ont permis cette transmutation des valeurs arméno-byzantines chrétiennes en notions turques et musulmanes. Cette transmission est immense et polyforme. On prête à Sinan la construction de pas moins de cent sept mosquées, cinquante-deux oratoires, quarante-cinq mausolées, soixante-quatorze madrassas, onze écoles, trois hôpitaux, vingt-deux hospices, trente et un caravansérails, quarante-trois palais, huit entrepôts, cinquante-six hammams, neufs ponts et sept aqueducs. S'il est matériellement impossible qu'il ait supervisé tous ces chantiers, ils furent pour la plupart menés à bien sous son autorité. Servir le projet impérial ottoman Après la prise de Constantinople, le mardi 29 mai 1453, il n'a pas fallu plus d'une dizaine d'années au sultan Mehemet II dit Fatih (le Conquérant) pour s'approprier l'idéologie impériale byzantine. La marque de cette nouvelle attitude est la volonté de construire une mosquée impériale pouvant rivaliser avec Sainte-Sophie. La première construction fut lancée en 1463 et confiée à un architecte grec, lui aussi dénommé Sinan. Mais cette première tentative fut assez décevante et ce bâtiment fut détruit par le séisme de 1476. Les premiers successeurs ne se risquèrent pas à relever le défi. Et il fallut attendre Bayasid II pour oser une nouvelle tentative entre 1500 et 1505. Cette mosquée de taille modérée a sa coupole soutenue par deux demi coupoles, comme Sainte Sophie. Soliman le Magnifique II (14941566), régnant à l'apogée de l'Empire ottoman, voulu s'affirmer comme le successeur des empereurs byzantins, et, à l'image de l'un d'entre eux, Justinien, construire un monument de première grandeur. En effet, Justinien inaugura en 537 la cathédrale Sainte-Sophie en s'écriant: « Salomon je t'ai vaincu! ». Soliman voulut se mesurer à lui et pour construire la plus grande mosquée de son temps, le maître du Bosphore fit appel à un l'Arménien Mimar Sinan (14891588). Sinan incarne à la fois l'essor et l'apogée de l'architecture ottomane dite classique dont il est tout à la fois le père et le plus fabuleux représentant. Parmi les monuments qui sont les signes visibles du génie de Sinan, il faut surtout mentionner la construction de la Süleymaniye. Cette mosquée érigée entre 1552 et 1559 fut exigée, conçue et réalisée pour rivaliser avec Sainte-Sophie, en s'inspirant de son plan. Sinan était alors, depuis 1538, l'architecte en chef du service d'architecture impériale. Ses conceptions techniques et esthétiques dominent son temps et sont demeurées inégalées. En effet, la perfection des lignes, la sûreté de la réalisation font de la Süleymaniye un monument imposant et de première grandeur, bien que sa coupole reste en deçà de celle de Sainte-Sophie érigée en 989 par un autre Arménien, Tiridate. Son apport à la culture turque est si colossal que son tombeau fut construit dans la cour de la Süleymaniye, et que ses restes sont aujourd'hui encore vénérés. En tout cas, l'apogée de l'architecture ottomane fut le fait de ce seul homme car ses élèves ne surent guère qu'appliquer ses plans, comme pour la Mosquée Bleue, qui est une œuvre posthume de Sinan. Mais jamais aucun autre architecte turc ne sut créer de tels monuments. Si géniales que soient les conceptions de Sinan, ce virtuose de la synthèse culturelle et technique, s'il islamise des formes chrétiennes, rien ne permet de dire qu'il les désarménise. Maxime Yévadian 8 Livres. Voici une sélection de livres récents. Les chrétiens de l’Orient vont-ils disparaître ? Entre souffrance et espérance. Annie Laurent Éditeur : Salvator, Paris 2008 – 20€ - 218 pages. L'auteur en quelques mots Annie Laurent est titulaire d'une maîtrise en droit international et d'un doctorat d'Etat en sciences politiques. Sa thèse sur " Le Liban et son voisinage " en collaboration avec Antoine Basbous (Université Paris II) a été publiée chez Gallimard sous le titre Guerres secrètes au Liban (1987). Elle s'est spécialisée dans les domaines touchant aux questions politiques du Proche-Orient, à l'Islam, aux chrétiens d'Orient et aux relations interreligieuses. Elle a séjourné durant cinq ans au Liban et a voyagé dans d'autres pays de l'Orient méditerranéen (Irak, Syrie, Turquie, Jordanie, Israël/Palestine, Egypte) ainsi que dans les trois pays du Maghreb. Elle a une connaissance intime des Eglises orientales. Elle a publié plusieurs autres livres parmi lesquels Vivre avec l'Islam ? (Ed. Saint-Paul, 1996) ; Dieu rêve d'unité (entretiens avec Monseigneur Michaël Fitzgerald), Ed. Bayard, 2005 ; L'Europe malade de la Turquie (Ed. F.-X. de Guibert, 2005, prix 2006 de l'association des écrivains combattants. Résumé: En proie à un déclin démographique et à une forte émigration liée, en partie, à l'aggravation des discriminations socioreligieuses imposées par l'Islam idéologique et à l'exclusivisme israélien, les chrétiens du ProcheOrient - dans ses composantes arabe, turque, arménienne et iranienne - offrent le visage édifiant de l'héroïsme. Ils ont un rôle vital à jouer dans cet Orient méditerranéen où peuples, cultures et religions ont tant de mal à s'entendre. Mais peuvent-ils croire à leur avenir dans un environnement aussi difficile ? Avec l'espérance qui les habite, l'impossible devient possible. Avec ce livre, le lecteur va comprendre ce monde chrétien si mystérieux mais si attachant. Sommaire: LE CHRISTIANISME ORIENTAL DANS TOUS SES ETATS Origine et expansion de l'Eglise en orient Organisation et divisions des églises d'orient LES CHRETIENS D'ORIENT ENTRE L'ISLAM ET ISRAEL Les chrétiens d'orient et l'islam Les chrétiens d'orient et Israël LE DEFI DE L'UNITE Vers une fraternité catholique Actualité de l'oecuménisme oriental Le noeud ecclésiologique. L'Avis de Maxime Yévadian: Familière des questions religieuses libanaise, pays où elle a séjourné cinq ans, Annie Laurent, vient de publier un précis sur le christianisme oriental, après Janin ou François Tournebize. Cet ouvrage se compose de trois chapitres. Dans le premier, p. 16-68, une présentation des différentes Églises est proposée (p. 28-68), après un résumé de la christianisation de l’Orient (p. 16-27), où les grandes lignes de la christianisation de l’Arménie sont évoquées (p. 26) en reprenant la thèse traditionnelle d’une conversion en 301. L’« atypie arménienne » est analysée (p. 48-53) sous forme d’un rapide résumé de l’histoire religieuse arménienne en insistant largement sur les tentatives d’union avec Rome (p. 50-53). Puis les chrétiens sont évoqués dans le deuxième chapitre par pays (p. 69-113), en insistant sur le cas d’Israël (p. 114-144). Le troisième et dernier chapitre (p. 145-178) sous couvert d’œcuménisme traite de l’union des Églises orientales à Rome. C’est là le cœur de l’ouvrage. Après quelques exemples réels et méritoires de travail entre les diverses Églises d’Orient, une fois de plus, sont recherchées les voies et les moyens de rattacher toutes les Églises d’Orient à Rome. Annie Laurent insiste longuement sur les efforts déployés en ce sens par les diverses générations de missionnaires. Très au fait des positions et des textes pontificaux, Annie Laurent accorde une place essentielle à Léon XIII, qui a mis un point d’arrêt à la latinisation des Églises rattachées à Rome. Malheureusement trop de belles âmes bien intentionnées cherchent à servir les nouveaux convertis en leur imposant le meilleur, à savoir le rite latin… Cette position a déjà été sanctionnée de fait par le pape Benoît XIV en 1755. La tendance à la latinisation n’en a que peu faiblie. Il est par ailleurs regrettable qu’Annie Laurent ignore totalement les positions et les textes des Églises apostoliques d’Orient. Par exemple, traiter de l’œcuménisme aujourd’hui en Orient et ne citer aucun des écrits du catholicos Aram Ier de Cilicie dont le nom n’est même pas cité dans tout l’ouvrage n’est guère sérieux. Ce chapitre et finalement tout l’ouvrage ne propose d’autre espérance et d’avenir pour le christianisme en Terre d’Orient que la réunion de toutes les Églises sous l’autorité du Pape, c’est sans doute un peu court. Enfin la belle postface de Mgr Philippe Brizard, directeur général de l’Œuvre d’Orient (p. 203-207) rappelle l’importance du christianisme oriental et de ce qu’il a déjà effectué : 9 « De l’Orient, on l’oublie, nous avons tout reçu. Historiquement et chrétiennement, c’est vrai. Ceux qui, au commencement, ont planté l’Église en France et en Occident et qui nous ont évangélisés, venaient d’Orient. » (p. 203) Cet ouvrage utile, documenté et agréable à lire n’a qu’un seul défaut : ne voir le christianisme en orient qu’à travers le spectre de la mission catholique. Kalantars Les seigneurs Perse safavide L'Arménie d'Antan L'Arménie à travers la carte postale ancienne Le règne de Chah Abbas Ier, dit « Le Grand », nous apparaît aujourd’hui comme l’âge d’or des relations iranoarméniennes. Plus généralement, la relative tolérance de la dynastie Safavide (1501-1736) à l’égard des chrétiens a permis aux Arméniens de jouer à cette époque un rôle de première importance. Cette période importante sur laquelle de nombreuses sources variées et de première main sont disponibles a déjà été largement étudiée, même s’il reste fort à dire. Armen Tokatlian a choisi une perspective nouvelle et féconde pour interroger le rôle des Arméniens sous les Safavides. Il a, en effet, choisi d’étudier la place des élites arméniennes dans les rouages de l’État iranien et à la cour. Dans un premier chapitre (p. 9-14) il évoque l’essor de la dynastie fondée par Chah Ismaïl Ier dont le caractère théocratique apparaît clairement, le roi dominant les sphères politiques et religieuses d’un État dont la religion officielle est l’Islam Chiite. Il est à noter qu’après l’Égypte fatimide, où les Arméniens ont également eu un rôle de première importance, il s’agit là du deuxième État musulman dont le chiisme est la religion officielle. Les congrégations religieuses ayant facilité l’ascension du roi ont une place centrale dans le nouvel état. Armen Tokatlian évoque longuement le rôle des gholam-e Chah, le serviteur fidèle de la maison royale, en montrant que ces chrétiens islamisés furent très largement recrutés parmi les Arméniens et les Géorgiens. Un chapitre (p. 19-27) est consacré aux gholams qui, issus de la noblesse comme du peuple, ont joué un rôle essentiel dans tous les services de l’Etat, jusqu’à former 20% du corps des fonctionnaires sous Chah Abbas Ier et même davantage encore sous ses successeurs (p. 16). La fin de ce chapitre donne même, chose fort utile, une biographie des plus importants d’entre eux. Il y a là un parallèle de grand intérêt avec le système du dervichisme dans l’Empire ottoman. Avec quelques différences notables, les Ottomans ont recruté en priorité les chrétiens de la partie occidentale de leur empire, même si les Arméniens n’ont pas été épargnés. L’auteur consacre, ensuite, un chapitre à décrire les lignes de force du règne de Chah Abbas Ier (p. 15-18) qui s’employa à « établir une administration efficace et à stimuler l’économie » (p. 18). Dans cette perspective, le roi se fonda très largement sur les Arméniens. Il avait massivement déplacé les populations du plateau arménien pour mettre en place sa tactique de la terre brûlée dans la guerre contre les Ottomans (1590-1603) ; le chiffre de 300 000 Arméniens déplacés apparaît comme le plus proche de la réalité. Il fit installer ceux de Joulfa près d’Isphahan, Yves Ternon, Jean-Claude Kebabdjian. Éditeur: HC Editions 2009 – 28,50€ - 123 pages. Résumé: Près de 400 cartes postales anciennes illustrent l'histoire arménienne, au tournant des années 19001915. Quelques 30 ans après Arménie 1900 paru aux éditions Astrid, Yves Ternon et Jean-Claude Kébadjian viennent de faire paraître chez HC éditions un nouvel album abondamment illustré de cartes postales sur l’Arménie d’avant le Génocide arménien intitulé L’Arménie d’Antan. Après la préface de Jean-Claude Kébadjian et une introduction historique d’Yves Ternon (p. 1219), l’ouvrage est conçu autour de l’itinéraire d’un enfant témoin de la société de ses pères avant d’être victime du génocide, cet ouvrage est un voyage imaginaire dans les zones de peuplement Arméniens, le « cœur de l’Arménie historique » (p. 24-37), puis ses marges occidentales (p. 40-51), la présence arménienne dans le Caucase (p. 52 – 83). La dernière partie est consacrée aux prémices du génocide. Pas plus que dans le premier ouvrage, le lecteur n’apprendra rien de nouveau sur cette question. Le texte est clair, avec très peu d’inexactitudes, informatif en un mot. Un livre de plus ? Oui. Mais est-ce un défaut ? Au contraire. Dans un pays où chaque jour plus de cent titres sont enregistrés, faire exister l’Arménie c’est publier, et publier autant que possible, avec la qualité optimale et le plus grand tirage possible. Car une question sur laquelle on ne publie pas, n’existe pas. Cet album destiné au grand public est donc une bonne chose, et l’on peut espérer qu’une partie des amateurs se dirigeront ensuite avec des ouvrages plus consistants. arméniens dans la Armen Tokatlian Éditeur:Geuthner (Paul) 2009 – 30€ - 96 pages. 10 car il avait conscience que ces marchands, les khojas (titre iranien pour désigner les personnes vénérables) avaient su constituer un réseau commercial de première importance, notamment dans le commerce de la soie. Le roi choisit également d’implanter les artisans spécialistes du commerce de la soie dans le Gilan et le Mazandaran les régions séricicoles de l’Iran ce qui aura « une influence significative » (p. 31) sur leur développement. Le cœur de l’ouvrage d’Armen Tokatlian est consacré aux khojas et au chef de la communauté arménienne le kalantar (p. 28-52). Le roi dans un firman affirme que les Arméniens sont des alliés de la maison royale et qu’ils bénéficient de la grande affection du roi. Les marchands de cette nation parvinrent, en quelques décennies, à reconstituer leur réseau commercial allant d’Amsterdam et de Venise, aux Indes. Il n’eut pas été superflu de traiter également de la Chine où ils sont signalés à cette époque. Les Arméniens payaient leur contribution en lingots d’argent qui étaient amenés par le kalantar, en personne, à la Reine Mère. Cette contribution joua un rôle central dans le budget de l’État iranien, puisque pour la seule année 1628, l’impôt levé sur les Arméniens représente 80 % du budget de l’État safavide (p. 35) ! Dans ce contexte, on comprend l’importance du kalantar devenu, de fait, un des plus importants personnages de l’État iranien. Le premier d’entre eux khoja Safar, élu en 1605, et kalantar jusqu’à sa mort, en 1618, joua pleinement son rôle de représentant de sa communauté mais aussi d’ambassadeur de Chah Abbas Ier à Venise, comme en Espagne. Son frère et successeur Nazar fut également un homme de première valeur. Sachant que ses sujets Arméniens allaient en Arménie en pèlerinage auprès de l’Église d’Etchmiadzin, le roi décida, en septembre 1614, de démonter l’église pour la remonter dans le faubourg Arménien d’Isphahan, à Nor Joulfa. Il fallut tout le tact et la diplomatie du khoja Nazar pour convaincre le roi de ne pas démonter le Saint-Siège arménien ! Ce même kalantar fut l’acteur central de la restauration de l’Église-Mère d’Etchmiadzin, avec notamment les peintures intérieures que l’on peut toujours observer aujourd’hui. Le rôle de ses successeurs est également évoqué, mais cet aspect si important que mal connu en Occident aurait mérité d’être plus approfondi avec, par exemple, des biographies aussi détaillées que pour les gholams. Chah Abbas Ier et ses successeurs, utilisèrent également les khojas comme ambassadeurs de l’Europe (Espagne, France, Venise, Autriche) à la Russie dans le dessein de susciter une alliance antiottomane qui ne se matérialisa jamais par manque d’intérêt et de volonté politique des rois catholiques. L’auteur aurait pu mentionner le fait que les Arméniens allèrent prêcher la croisade anti-ottomane jusqu’en Éthiopie et en Indes. Les chapitres suivants, de moindre intérêt, permettent de compléter la perspective. L’un d’entre deux est consacré aux querelles religieuses (p. 53-56) avec les tentatives répétées des missionnaires catholiques pour convertir les Arméniens avec des succès limités à l’exception notable d’une des grandes familles de khojas les Chahrimian. Ces derniers, pris en étau entre leur fidélité ethnique et les exigences de leur foi d’adoption, finirent par émigrer et se fondre dans les aristocraties vénitiennes et autrichiennes. Armen Tokatlian analyse, ensuite, les problèmes internes à l’Église arménienne. Les deux derniers chapitres sont consacrés aux questions artistiques (p. 57-80), l’auteur souligne à quel point le règne de Chah Abbas Ier fut une période de renouvellement artistique et de progrès. Il aborde la question des céramiques arméniennes, notamment les carreaux, qu’il aurait sans doute pu comparer plus systématiquement aux productions contemporaines des Arméniens de Kütahya. Il étudie également les différentes églises et monastères arméniens de Nor Joulfa, ce qui est l’occasion d’évoquer l’histoire de l’imprimerie arménienne locale. L’activité éditoriale locale ne doit pas cacher l’intensité et le soin mis à copier des manuscrits arméniens dont de nombreux sont conservés, et dont la qualité artistique et l’originalité iconographique sont précieux. Cette production originale, notamment de miniatures « a laissé une empreinte palpable dans le patrimoine culturel de la Perse » (p. 80). Mais, surtout, les générations de khojas entre la fin du XVIe siècle et le début du XVIIe siècle furent les mécènes et les promoteurs de la perpétuation et de la renaissance de la culture arménienne, par ailleurs menacée. Cet ouvrage arrive donc à point à une époque charnière. Maxime Yévadian Journal de déportation Yervant Odian (1869-1925) Traduit de l'arménien par Léon Ketcheyan Préface de Krikor Beledian Editions Parenthèses 2010- 24€ - 442 pages Septembre 1915, Istanbul. Un soir, on frappe à la porte : " Yervant Odian est-il là ? ". Dès lors, l'implacable organisation génocidaire turque va l'entraîner sur les routes et dans les sinistres camps du désert syrien. Au sein des colonnes de déportés, il rejoint le destin de ses compatriotes arméniens, bien que se considérant presque comme un " privilégié ", en raison de son statut d'écrivain reconnu. Immergé dans un quotidien de tortures, glacé d'horreur devant les situations d'humiliation, les impitoyables persécutions que subissent les déportés et, pour finir, les exécutions et l'extermination, un rare instinct de survie préserve Yervant Odian. L'écrivain satirique et journaliste, survivant à ces " années maudites ", ce cauchemar, revient à Istanbul en 1918 au terme d'un long voyage en enfer et retrouve sa table de rédacteur au quotidien Jamanak. Aussitôt, il s'attache à consigner ses souvenirs témoignant ainsi au nom de tous ces anonymes disparus, et il sera l'un des rares écrivains arméniens à s'y consacrer au lendemain du génocide. De ce travail de mémoire résulte un récit à la fois distancié, précis et dépouillé, pour surtout " être fidèle à la réalité, n'altérer en rien les faits, n'en exagérer aucun ". Une forme de " poétique de la simplicité ". 11 Nos Libraires partenaires Voici la liste des librairies avec lesquelles nous avons des contacts privilégiés et qui ont accepté de présenter chacun de nos trois ouvrages publiés. Ils sont également disponibles dans de nombreuses FNAC aux rayons Histoire et Religion. Librairie « La Procure » 13, rue Georges Clemenceau, 06600 ANTIBES 04 93 34 93 86 Librairie « Erasmus » 28, Rue Basf roi, 75011 PARIS 01 43 48 03 20 Librairie La Procure – Chantilly 1 av Ch. 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