Sommaire - Sources d`Arménie

Transcription

Sommaire - Sources d`Arménie
2
3
Mars 2010
Éditorial
A la veille des commémorations du 95ème anniversaire
du génocide des Arméniens, et alors que la France,
parmi les grandes nations ayant reconnu ce crime, a
déroulé le tapis rouge devant l'état négationniste avec
cette année biseautée de la Turquie, il me parait
important de citer les initiatives des défenseurs de la
vérité historique, gardant invariablement le cap en
dépit de toutes les difficultés tant politiques
qu'économiques dressées sur leur chemin.
Sommaire
Bilan 2009et perspectives 2010
2
Activités en cours dans les médias:
Compte rendu d'émissions
diffusées par Radio-Arménie:
Une nouvelle théorie vient
bousculer un siècle de travaux
sur la composition
des textes évangéliques.
5
Revue de presse
Les Nouvelles d’Arménie Magazine
N°159 Janvier 2010
7
Livres
9
Librairies partenaires
12
Je veux parler de la dernière livraison des éditions
Parenthèses, le Journal de déportation de Yervant
Odian, traduit de l'arménien par Léon Ketcheyan.
Ce livre est une véritable mine d'informations, et
intéressant à plus d'un titre. Il est écrit dans un style
clair par un écrivain, journaliste et éditorialiste au
quotidien Jamanak, témoin et victime directe des
évènements depuis la rafle du 24 Avril à laquelle il a
échappé, jusqu'à l'enfer du désert syrien dont il a
survécu miraculeusement. Tout comme le R.P.
Grigoris Balakian dans Le Golgotha arménien (Le
cercle d'écrits caucasiens), il a voulu témoigner au
reste du monde ce qu'il a vécu dès son retour à une
vie « normale » si l'on peut dire. Yervant Odian
raconte en faisant abstraction de son jugement
personnel et décrit sans fioritures, en véritable témoin,
les comportements et les personnages croisés durant
ces trois années et demi de souffrances. Depuis le
dévouement admirable de compatriotes de toutes
conditions jusqu'aux plus vils d'entre eux, il déroule le
récit
de
ses
rencontres
et
des
situations
extraordinaires où il se trouve plongé. Ainsi, ce
bédouin l'accueillant dans sa tente et à sa table, le
pousse à manger tout en l'insultant! Il croise aussi sur
son chemin des personnes côtoyés par le R.P. Grigoris
Balakian à une autre période de ces années noires,
comme Aram Andonian, dont nous avons parlé du
témoignage, En ces jours sombres, dans nos colonnes.
Les survivants du génocide ne sont plus, mais leurs
témoignages sont de plus en plus nombreux à la
disposition du lecteur français.
Agop Shirvanian
[email protected]
Bilan 2009 et perspectives
2010.
Intervention du Président Maxime Yévadian lors de
l'Assemblée Générale du 6Février 2010.
Bonjour à tous, et Bonne Année,
2009 s’en est allé. Cette année fut difficile à maints
égards pour nous. Je formule le voeu que l’An Nouveau
nous permette de tirer toutes les conséquences des
crises passées et d’aller de l’avant. Au cours des mois
précédents, nous avons affronté trois crises. Le projet
de livre sur l’alphabet arménien a été mené très loin,
au prix d’efforts considérables et d’altercations
répétées avec l’auteur mais il n’a pu être conduit à son
terme à cause du caractère irascible de Serge
Mouraviev. D’autre part, le deuxième semestre a été
catastrophique en termes de vente d’ouvrages. Enfin,
et toujours en raison de la crise mondiale, nous
n’avons eu aucun écho des dizaines de demandes de
subventions envoyées tant auprès des mairies et des
Conseils généraux que des Fondations.
I- Livre de 2009 :
Histoire des alphabets caucasiens
1. Thème et problématique. Ils ont été plusieurs
fois présentés, mais l’essentiel est que l’invention de
l’alphabet arménien, mais également géorgien et
albanien soit, d’après le vartabed arménien Korioun, le
fruit du génie de Mesrop Machtots. Le texte de la Vie
de Mesrop est assez clair sur ce point. Pourtant, de
nombreuses contestations ont été formulées par les
Géorgiens et les Azéries qui se résument en un mot :
affabulation. Les textes arméniens sont affirmatifs,
mais n’ont pas suffit à clore la polémique devenue vive
pour des raisons évidentes liées à l’actualité politique.
L’enjeu était donc d’analyser la logique interne du
système des lettres arméniennes. Celle-ci dénote une
conceptualisation poussée, claire et analysable. Le
système une fois mis en lumière peut être appliqué
aux deux autres alphabets et prouve leur conception
par le même esprit. L’analyse phonétique de Mesrop
Machtots se révèle être la plus poussée de tous les
alphabets antiques et médiévaux et ne sera égalée
qu’au XXe siècle !
2. Ce qui a été mis en place. Durant quinze mois j’ai
secondé, du mieux possible, Serge Mouraviev en lui
envoyant de la documentation, en faisant de la
recherche documentaire, en lui saisissant des textes
ou vérifiant des traductions. De plus, tout une épique a
été mobilisée pour relire les différents chapitres. J’ai,
par ailleurs, activé nombre de mes contacts pour
pouvoir aller le plus loin possible dans maints
domaines.
3. L’échec final. Malgré tous ces efforts de notre part,
l’auteur n’a cessé d’être vindicatif, d’avoir des
exigences démesurées et de ne faire aucun cas des
exigences qui était les nôtres : normes de
présentation, délais, etc. Tout ce qui pouvait être
toléré l’a été. J’ai, par exemple, supporté des mails
injurieux durant des mois. Et dans la mesure où il ne
se pliait pas à nos exigences minimales, nous avons
pris la décision collégiale de mettre un terme à ce
projet.
Vous lirez plus bas ce qui a été mis en place pour
éviter que pareille situation ne se reproduise.
II- Questions administratives
4. Contrat d’édition. Nous avons, avec le concours
de notre juriste Me Henri Moreau, élaboré un contrat
d’édition reprenant tout ce que nous proposons aux
auteurs avec lesquels nous souhaitons collaborer. Ce
texte nous est soumis pour acceptation, pièce n°1.
Je propose que l’on ne prenne plus en considération un
manuscrit tant que son auteur n’a pas signé son
contrat et remis son document au bureau.
5. Contrat de location. De même, un contrat de
location a été élaboré pour la location des expositions
que nous mettons à disposition. Ce contrat nous est
proposé au vote. Il servira de cadre à toutes les
locations d’expositions.
6. Mise en page. Pour éviter que les auteurs ne
cherchent à nous imposer leurs exigences en termes
de mise en page, je propose d’élaborer des normes
précises de mise en page et de présentation des
ouvrages qui seront annexées au contrat. L’élaboration
de cette charte graphique est en cours. Elle vous sera
présentée lors de l’Assemblée générale.
7. Bureau. En 2009, chaque membre a assumé un
travail considérable. Aucun n’ayant souhaité être
remplacé le même bureau reste en place et sollicite
votre approbation :
•
Président : Maxime Yévadian, Villefranche-surSaône.
•
Secrétaire : Raffi Kassiguian, Montauroux.
•
Trésorière :
Chéruy.
Evelyne
Bédrossian,
Pont-de-
8. Conseil d’administration. L’ouverture de notre
conseil d’administration va se poursuivre afin
d’accueillir plusieurs personnes destinées à gérer des
questions précises :
•
Me Henri Moreau, associé pour les questions
juridiques ;
•
M. Patrice Gilibert,
internationales
et
étrangères ;
•
M. Movsès Nissanian, associé pour organiser et
gérer le projet de virement.
pour
les
les relations
communautés
9. Large ouverture de l’association. Le nombre
d’adhérents s’est accru, en 2009. Mais ce n’est pas
suffisant. Il faut ouvrir d’avantage notre association
dont le travail se complète bien avec d’autres
engagements associatifs. Nous ne demandons rien aux
membres ne souhaitant pas s’investir dans la vie de
l’association. Malgré tout, chacun recevra gratuitement
l’ouvrage paru en cours de cycle.
10. Création d’une Newsletter. La croissance de
l’association doit s’accompagner par la création d’un
lien entre les membres. Une Newsletter a donc été
créée, « Le Sourcier ». Elle est confiée à Agop
Shirvanian. Deux numéros sont déjà parus, le 3e verra
le jour en janvier. Nous avons fait le choix de préparer
2
trois numéros par an : le premier en début d’année, le
deuxième entre avril-mai et le dernier pour la rentrée
de septembre.
considérable à monter des dossiers, en vain. Il serait
bon de cibler les fondations avec lesquelles nous avons
des contacts plus ou moins directs.
11. Radio Arménie. Depuis septembre 2009, une
émission a été mise en place sur Radio Arménie :
Arménie la fibre spirituelle, cf. « Le Sourcier » n°2
de septembre 2009. Il y a deux émissions par mois,
les première et troisième semaines. Chaque émission
est diffusée le mardi, à 17 heures, et rediffusée le
samedi, à 16 heures. Toutes peuvent être réécoutées
sur
le
site
Internet
de
la
radio :
http://www.radioarmenie.com.
15. Ventes des ouvrages. Les ventes au premier
semestre ont été assez bonnes avec près de 200
livres. Le second a été désastreux. Cette situation
justifie, à elle seule, le changement d’échéancier
proposé.
La thématique générale est la suivante :
« Les acquis de la recherche les plus récentes ont mis
en lumière des aspects nouveaux et importants de
l’histoire arménienne sur les plans politique, culturel
et religieux. L’essor de la culture arménienne a été
considérable dès la fin de l’Antiquité.
Les enfants d’Arménie ont œuvré depuis leur pays et
la Terre sainte jusqu’aux quatre coins du monde, de
Saint-Jacques de Compostelle à l’ouest à Louyang
(capitale de la Chine ancienne), à l’est ; de l’Islande
au nord, à l’Éthiopie au sud. Peu de cultures humaines
ont eu une telle extension et cela d’autant plus qu’elle
se déploya à l’époque de la formation des États
actuels. C’est à la découverte du fabuleux destin des
enfants d’Arménie que cette émission vous invite.
Pour débuter, nous proposerons une série d’émissions
sur la genèse du christianisme en Arménie, des
origines au Ve siècle. »
12. Nouvel échéancier général. Au vu des
problèmes rencontrés cette année avec Serge
Mouraviev et le fait que le second trimestre est moins
bon que le premier en termes de vente d’ouvrages. Il
est apparu utile de modifier notre échéancier général.
D’une part, tout manuscrit devra être présenté au
bureau de l’association en fin d’année pour être soumis
et voté au début de l’année suivante à l’Assemblée
générale de l’association. D’autre part, la préparation
de l’édition se fera au premier semestre. Nous
enverrons, en juin, les bulletins de souscriptions.
L’ouvrage paraîtra, en septembre (au lieu de
novembre). Nous arrêtons, de fait, la lettre aux
associations envoyées jusqu’en 2009 fin mai qui sera
remplacée par l’envoi du « Sourcier », en mai et des
bulletins de souscription, en juin. L’échéancier 2010
vous est proposé à l’approbation.
13. Numérisation de nos livres. Nous sommes
depuis quelques mois éligibles à des subventions du
Centre National du Livre (CNL) pour faire numériser
nos livres après qu’ils soient épuisés et les mettre en
ligne sur la base Gallica, (www.gallica.bnf.fr) la
bibliothèque numérique de la Bibliothèque Nationale de
France. Cela permettra qu’ils soient consultables à
volonté et gratuitement par les internautes du monde
entier.
III- Questions financières
14. Demandes de subventions. Quinze demandes
de subventions ont été envoyées, en 2009 : dix à des
fondations et cinq à des mairies. Aucune réponse ne
nous est parvenue. Pour 2010, il faudrait fonctionner
différemment afin de ne pas perdre un temps
16. Distribution. Après notre expérience avec
Casteilla et la CED en 2008, nous avons intégré le
réseau Dilicom. Celui-ci, un des plus importants de
France, met en relation les libraires avec les livres
édités. Ce service est efficace et nous permet d’être
aisément identifiables par des libraires qui passent
commandes. Nos ouvrages sont également référencés
dans la base de données « Électre » qui est la plus
importante de France. Ce réseau est tout à fait adapté
à nos besoins, nous continuerons donc avec lui.
Ce qui manque, c’est d’être présent dans les librairies,
car lorsque les ouvrages sont en rayon, l’expérience
montre qu’ils se vendent. Nous avons une vingtaine de
libraires partenaires, un objectif raisonnable serait
d’être présent dans cent à cent cinquante autres
enseignes.
17. Projets de réédition. Il est bon de prévoir, dès à
présent, la possibilité de rééditer tous les dix ans, nos
ouvrages. En effet, les universitaires de toutes
disciplines lorsqu’ils consultent la bibliographie sur une
question, ont tendance à négliger les ouvrages
« anciens ». D’autre part, une révision régulière de nos
synthèses, avec ajout de la bibliographie, des
nouveaux textes et des corrections, est seule de
nature à pouvoir accompagner une modification
progressive du regard sur la culture arménienne
ancienne. On peut supposer, par ailleurs, que les
ouvrages seront épuisés en 5 à 8 ans selon les
thèmes.
18. Mise en place de virements bancaires. Les
ventes nous permettent, à grand peine, de financer un
volume par an. Du coup, tout autre projet est
impossible à concevoir faute de financement
(expositions, livre de vulgarisation, etc.). Dans ce
contexte, compte tenu du fait que nous pourrions faire
davantage, Movsès Nissanian a suggéré de mettre en
place un système de virement bancaire en proposant à
des particuliers de mettre en place un virement
mensuel. En fin d’année, chacun recevra un Cerfa et
pourra déduire 66 % de ses impôts sur le revenu.
Par exemple, pour un virement 100 € par mois, 66 %
de cette somme sont déductibles. Il ne reste à la
charge de l’intéressé que 34 % donc 34 € par mois,
soit 1, 133 € par jour. Cela représente le prix d’un
café… Pour ce montant, vous pouvez soutenir de
manière décisive notre action en faveur de la culture
arménienne.
19. Bourses de travail. Une de nos premières
actions, si ce projet de virement est plébiscité, sera de
mettre en place un système de bourse de travail
permettant à un chercheur de la République d’Arménie
de produire un ouvrage supplémentaire dans l’un de
nos domaines. Dans un second temps une bourse de
travail, moins importante, pourrait être proposée à des
étudiants de France.
3
20. Équilibres financiers. Dans ce contexte, nous
envisageons de faire avancer nos travaux de la
manière suivante :
1) Les ventes des ouvrages des années passées
financeront le volume de l’année suivante avec un
complément de la Fondation Gulbenkian.
2) La somme des virements nous permettrait de
financer, par ordre de priorité :
a- une bourse de travail ;
b- une exposition grand public ;
c- un livre grand public ;
d- la préparation d’un manuscrit .
IV- Projets des années précédentes
A- Livre Dentelles de pierres, de
parchemin, de métal,
21. Conférences et présentations du livre. Aucune
conférence spécifique sur ce livre n’a été faite, mais
l’ouvrage a été présenté lors de chaque conférence.
22. Exposition. L’exposition a été achevée. Il s’agit
de quinze panneaux 90 x 120 cm (en quadri) et
impression haute définition. Cinq sont consacrés à l’art
arménien en général, cinq aux lois de la grammaire
ornementale et les cinq derniers au vocabulaire
ornemental.
faire ne l’est pas moins surtout que les tables sont
toutes à préparer (index, glossaire, etc.).
27. Échéancier. En collaboration avec l’auteur, je vais
finaliser le manuscrit d’ici avril où je serais, en
Arménie, pour vingt jours. Là Mourat Hasratian reliera
les premières épreuves. À mon retour, j’aurai le texte
complet ainsi que les plans, schémas et illustrations.
La mise en page pourra commencer. Elle sera achevée
en juillet. Il faudra préparer les tables durant l’été.
L’ouvrage sera normalement imprimé en septembre.
VI- Autre publication en 2010
28. Saison turque. Le programme de la saison turque
a été marqué par un oubli volontaire de toute présence
des Arméniens dans l’Empire ottoman. De ce fait, leur
apport considérable n’a jamais été mentionné. Pour ne
pas rester dans un rôle pénible de trouble-fête, nous
avons organisé avec Ara Toranian une « contresaison » en proposant chaque mois un article éclairant
un aspect de l’apport arménien à l’Empire ottoman.
Les meilleurs spécialistes de chaque domaine ont été
conviés à faire un article sur leur spécialité.
29. Programme des articles.
programmés sont les suivants :
Les
dix
articles
Septembre : Les Arméniens et les musulmans
Octobre :
arméniens
Les
Seldjouks
et
les
architectes
L’exposition est prête et à disposition des associations
et institutions qui en feront la demande. Le projet est
de la louer pour 4 à 6 semaines. Des cartons de livres
seront proposés au prix « association » (-20 %) ce qui
remboursera, partiellement, le prix de la location. Nous
tablons sur une dizaine de locations.
Novembre : Les Seldjouks et les rois d’Arménocilicie (Claude Moutafian)
B- Christianisation de l’Arménie
Février : La Kütaya, et les origines de la
céramique « bleue » (Dikran Kouymjian)
Volume I et 2
24. Publication. La révision finale a occupé toute
l’année 2008 et a pris des dimensions considérables :
540 pages et 214 textes ! L’ouvrage est paru en
décembre 2009. Les deux tomes ont été présentés
dans divers salons de Noël. La réaction a été bonne,
de nombreuses universités françaises et étrangères
l’ont commandé. Plusieurs comptes rendus ont été
publiés. Durant tout le premier semestre 2009, des
réactions positives ont été enregistrées et les ventes
ont été très convenables.
V- Livre de 2010
25. État du projet. Depuis deux ans, je parle d’un
projet
important :
l’Histoire
de
l’architecture
arménienne de Mourat Hasratian. Une première
version de l’ouvrage est parue à Erevan, en 1985, en
français et en russe. Cette version a été transformée
en fichiers Word. Ce livre dans cet état vous sera
présenté en A.G. L’auteur a signé son contrat. De ce
fait, je vous le propose comme livre à publier en 2010.
26. Travail restant. Il faut maintenant rédiger une
introduction et une conclusion, reprendre très
largement certains chapitres, comme celui de
l’architecture arménienne en diaspora. Le travail
effectué est déjà considérable, mais celui restant à
Décembre : Les janissaires
Janvier : Maître Sinan et les grandes mosquées
ottomanes
Mars : Le café et son introduction en Europe
Avril : Le
Kévorkian)
livre
et
l’imprimerie
(Raymond
Mai : Les Arméniens et la musique ottomane
(Aram Kérovpyan)
Juin : La Turquie depuis 1915 (demander à un
contemporanéiste)
Cette contre-saison s’est poursuivie dans les colonnes
du journal « Le Monde » qui a publié une tribune
d’Ara Toranian et la réponse des officiels français en
charge de la saison turque.
30. Publication d’un recueil. Dans ce contexte, le
projet est né de publier une brochure réunissant toutes
ces contributions revues et augmentées avec des
contrepoints sur des faits précis. Malheureusement,
nous n’avons aucun budget pour cet ouvrage. En effet,
le plus important est de publier annuellement des
ouvrages de base pour combler les manques. Notre
ligne directrice doit rester la publication d’ouvrages de
référence sur l’Arménie. De ce fait, toutes nos
ressources doivent aller à la publication des
monographies.
VII- Autres projets
31. Grégoire de Tallard. Le projet de livre sur saint
Grégoire de Tallard est actuellement au point mort, par
4
manque de volonté politique de la part des élus locaux.
Le travail se poursuit de notre côté. Un article sur la
« Renaissance du culte de saint Grégoire de Tallard »
est paru en décembre 2008 et l’édition de la Vie de
saint Grégoire de Tallard est prévue pour 2010, ainsi
qu’un dernier article sur les sources médiévales sur ce
saint. Ces articles paraissent dans le Bulletin de la
Société d’Études des Hautes-Alpes. Les travaux
préparatoires ont été faits. Tout est prêt pour
envisager l’édition d’un petit livre sur ce saint, il faut
trouver les relais locaux.
nous atteignions une taille suffisante assurant la
pérennité de notre action.
32. Jean Cassien. Une note sur l’origine arménienne
de Jean Cassien est publiée en annexe de la réédition
de ses Conférences parues dans la collection des
Sources Chrétiennes, vol. 42 bis, en août 2008. Et un
article paraîtra, en 2010, pour prouver qu’il est né à
Séert dans la partie méridionale de l’Arménie. Un autre
est en préparation sur sa vie et son itinéraire. Il sera
prêt vers mi-2010. Dès à présent, un ouvrage sur Jean
Cassien, qui fut le premier théoricien du monachisme
en Occident, est envisageable. Il suffit de trouver les
relais marseillais.
Une nouvelle théorie vient bousculer
33.
Dictionnaires
des
compositeurs,
des
musiciens et des achours arméniens. Suite au
décès de Levon Tavadjian qui a consacré les sept
dernières années de sa vie à la composition d’un
dictionnaire des musiciens arméniens. Comme je
l’avais conseillé pour trouver un imprimeur, sa veuve
m’a demandé de reprendre le dossier pour le faire
aboutir avec ses anciens collaborateurs. Un accord de
principe a été donné, mais il y a encore fort à faire.
Mais déjà il faut régler les problèmes de droits,
préparer un contrat adapté à la situation et réviser
complètement le manuscrit qui doit être fortement
complété.
34. Dictionnaire étymologique de la langue
arménienne et histoire de la langue arménienne.
Vahan Sarkissian est un des meilleurs spécialistes de
la langue arménienne et un des responsables de
l’université d’État d’Erevan. Depuis plus de 15 ans, il
développe ses théories linguistiques qu’il a appliquées
au basque, à l’espagnol, au latin et au russe. Je le
connais depuis plus de 5 ans. Il cherche à travailler sur
l’œuvre de sa vie, un dictionnaire étymologique de la
langue arménienne .
35. Livres de vulgarisation. À chacune de nos
interventions publiques, on nous demande souvent des
livres plus accessibles au grand public. Ils sont prévus
et nécessaires, mais en l’état actuel ils ne peuvent être
envisagés car non finançables. Cependant, j’ai
commencé à travailler à deux livres de vulgarisation
reprenant les principales conclusions des deux volumes
sur la christianisation de l’Arménie, pour être prêt, au
cas où…
Plusieurs autres livres sont en chantier, mais ils ne
sont pas encore assez avancés pour qu’on les évoque.
36. Exposition. La première exposition sur l’art est
terminée. Il faut, dès à présent, se mettre à réfléchir
sur une ou deux expositions sur la christianisation de
l’Arménie reprenant les thèmes des deux premiers
volumes.
Au terme de cette année de travail, j’ai le
sentiment que nous remplissons au mieux notre
mission. Pourtant, il y a encore fort à faire pour que
MAXIME YEVADIAN
[email protected]
Compte rendu d'émissions diffusées
par Radio Arménie:
un
siècle
de
travaux
sur
la
composition des textes évangéliques.
L’histoire de la composition des textes évangéliques et
de manière générale
celle de tout le
Nouveau Testament
a
largement
préoccupé
les
savants depuis la
Renaissance.
Tous
les
grands
humanistes
ont
réfléchi
à
cette
question
tels
qu'Érasme
ou
Guillaume Budé.
Les pas décisifs ont
pourtant
été
accomplis par les
chercheurs
allemands entre la
seconde partie du
XIXe
et
les
premières décennies
du XXe siècle. Et la
science allemande a
Pierre Perrier, Evangiles de l’oral joué un rôle majeur
et parfois in-dépassé
à l’écrit - Tome 1, Paris,
Sarment/Jubilé, 2000, 304 pages, à ce jour dans la
découverte et l’étude
23,75 €
des langues et des
littératures orientales (syriaque, arménien, géorgiens,
langues iraniennes etc.).
Leurs principales conclusions sur la composition des
textes évangéliques ont été très largement acceptées,
confirmées et précisées depuis lors.
C’est donc à une véritable révolution que Pierre Perrier
invite ses lecteurs. Ingénieur en mécanique des
fluides, Pierre Perrier étudie depuis trente ans les
textes bibliques dans les différentes langues
araméennes (hébreu, syriaques, etc.). Cette proximité
avec ce type de textes l’a amené à proposer une
lecture radicalement nouvelle de leur composition.
Pour en apprécier la nouveauté, il faut faire un rapide
rappel de la théorie classique.
5
La théorie classique sur la composition des
textes évangéliques.
fondement de cette étude est la constatation que les
plus anciens manuscrits parvenus jusqu’à nous sont
écrits en grec et donc que les évangiles ont été rédigé
dans cette langue, qui est, de ce fait, la langue
originelle du christianisme. Les évangiles auraient donc
été composées sur la base de logions (terme grec :
paroles, sentences) réunies en recueils. Ces recueils de
logions ont formé un texte source commun aux
évangiles de Mathieu, Luc et Marc appelé Source Q, de
l’allemand Quelle (source). Marc étant le plus proche
de Q, il serait le plus ancien, puis par allongement
successif viennent Mathieu et Luc qui n’ont pas de
contact entre eux. Pourtant Q est un texte seulement
narratif n’ayant aucun contenu théologique et
liturgique
ce
qui
étonne près d’une
génération après la
mort de Jésus (p.
123-125 ; p. 715729 ).
La
chronologie
relative
des
rédactions
serait,
avec des variations
multiples selon les
auteurs, donc vers
70 pour l’évangile de
Marc, suivit de celui
de Mathieu et de Luc
vers 80-90 et Jean
composant le sien
qui
est
un
commentaire
des
trois autres, dites
synoptiques,
vers
90-100.
Il
est
postulé
d’autres
Pierre Perrier, Evangiles de l’oral à sources communes
l’écrit - Tome 2, Les colliers
aux uns et pas au
évangéliques, Paris,
autres,
mais
je
Sarment/Jubilé, 2003, 960 pages, n’entre pas dans le
25 €
détail. Cet état grec
du
texte
est
conservé dans quelques rares manuscrits comme le
codex D 05 dit de Bèze copié au IVe siècle et qui
transmet peut-être un texte des années 140-150
lorsque son possesseur, Irénée de Lyon, quitta
Smyrne. Viennent ensuite les traductions latines et
syriaques IVe et Ve siècles puis arméniennes et
géorgiennes au Ve siècle.
Cette théorie apparemment très solide a pourtant été
ébranlée, il y a quelques années par la découverte
d’un fragment de papyrus contenant un extrait de
l’évangile de Marc et daté de 50 de notre ère, soit
vingt ans avant la date à laquelle il est sensé avoir été
écrit …
La théorie de Pierre Perrier
En se fondant sur les traditions orales des Églises
d’Orient qui affirment l’existence de textes très anciens
en araméens Pierre Perrier a étudié le codex D 05 dit
de Bèze et a observé que ce texte est d’un assez
mauvais grec, contenant nombre d’aramaïsmes
(calque de l’araméen). Des remarques similaires
semblent pouvoir être formulées sur une des plus
anciennes traductions latines des évangiles la vetus
latina (vieille latine) du codex de Brescia (p. 117). Il a
donc postulé que le texte primitif était rédigé en
araméen, langue du Christ et des apôtres, puis traduit
dans les autres langues.
Puis, en s’appuyant sur travaux de Marcel Jousse sur
l’oralité, il a essayé de reconstituer les liens entre les
sermons de Jésus et les textes qui nous sont parvenus.
Le résultat est, pour le moins étonnant.
L’enseignement aurait été structurée par Jésus en
personne et dès son vivant afin d’en faciliter la
mémorisation. Lors des « banquets de la Parole »
auraient eut lieu la construction des récits, l’utilisation
de paraboles et de proverbes, de mots-clés, de gestes,
etc. Autant de supports mnémotechniques gages d’une
bonne transmission. Jésus aurait donc mis en place un
enseignement et des récits gestués, appelés colliers
(groupement de récitatifs), et ses apôtres auraient,
après sa mort, continués à en créer sous le regard
vigilant de Marie. En effet, cette vision donne un rôle
clé aux femmes et particulièrement à Marie, mère de
Jésus, place qui sera par la suite réduite au maximum
par les Églises. Cette collection de témoignage à
plusieurs voix est nommée karozoutha (K0) (récitlitanie à réciter).
Nouvelle chronologie des textes
Cette nouvelle chronologie à ceci de stupéfiante qu’elle
permet d’établir complétement le lien entre Jésus, ses
disciples et les textes qui nous parlent d’eux. Et
d’autre part, en 51, date traditionnelle de l’Assomption
de la Vierge l’essentiel des textes était déjà composé !
Dès leur départ, les
apôtres
auraient
donc eut à leur
disposition un texte
complet.
Ce
qui
éclairerait bien des
passages autrement
obscurs . L’auteur
reproduit en français
seulement ( !) un
ensemble important
de
soixante-dix
textes témoignant de
la
réalité
de
la
prédication orale de
l’évangile (p. 775793). Les missions
apostoliques
sont
également étudiées
par
l’auteur
qui
affirme,
sans
Pierre Perrier, La transmission
connaître
mes
des Evangiles, Paris,
positions,
que
Sarment/Jubilé, 2006, Collection «
Barthélemy
fut
guides totus », 310 pages, 14 €.
effectivement
l’apôtre de l’Arménie (p. 171 et 203 ; p. 145, 216 et
293 ; p. 754-756).
La question d’un texte araméen de l’évangile de
Mathieu dont disposait Barthélemy lors de ses voyages
missionnaires a été également étudiée récemment par
Claude Guérillot. Cet amateur éclairé à en effet
cherché à reconstituer le texte ancien du Mathieu
araméen dans son dernier ouvrage : Ainsi parlait
Jésus.
6
Quelques réserves.
Cette thèse est bien évidement alléchante, même si
elle jette à bas près d’un siècle de travaux. Certains
aspects doivent pourtant être précisés, le syriaque est
une langue araméenne mais toutes les versions
syriaques ne peuvent prétendre à remonter à l’époque
de Jésus. D’ailleurs la supériorité des manuscrits
syriaques (Pshytta et Pshytto) sur les autres versions
et notamment les codex D 05 dit de Bèze et codex de
Brescia sont affirmés mais jamais prouvés, on attend
une démonstration fondée sur des exemples nombreux
et précis pour être convaincu. L’exemple de
comparaison entre le codex de Bèze et un texte
araméens non précisé est intéressant mais très
insuffisant (p. 291 et p. 727 étendue aux autres
versions). De plus l’apport de la version arménienne
est complètement passé sous silence ce qui est
préjudiciable à l’économie générale de la reconstitution
proposée.
Plus généralement, homme de littérature orale, Pierre
Perrier n’a pas fait l’effort de donner au lecteur tout
l’appareil de notes critiques permettant de suivre son
raisonnement. Il aurait été très utile de citer avec
précision les thèses qu’il conteste et les textes qu’il
utilise et ce d’autant plus que nombre de ces derniers
sont peu connus des amateurs occidentaux. Ce travail
éblouissant par certains côtés, sera très contesté pour
ce qui apparaîtra, aux yeux des critiques très
chatouilleux sur les questions de forme, comme un
manque de rigueur et de sérieux. Mais dès à présent, il
n’est pas possible de négliger son apport qui pourrait
être considérable dans les décennies actuelles.
Pierre Perrier achève ses ouvrages par un appel à une
nouvelle évangélisation sur la base de cette perception
plus vivante du texte évangélique (p. 253-289 ; p.
251-260). Or on sait qu’en Afrique, une des dernières
terres d’oralité vivante au monde, la méthode de
Marcel Jousse a connu un succès considérable. Les
responsables des Églises arméniennes, et notamment
l’Église Apostolique Arménienne, gagneraient sans
nulle doute à méditer et mettre en œuvre cette
catéchèse orale et plus accessible que les exégèses
intellectuelles dont le grand public s’est largement
détourné depuis longtemps.
Maxime YEVADIAN
[email protected]
Revue de presse
Les Nouvelles d'Arménie
N°159 Janvier 2010
Maître Sinan
Et les grandes mosquées ottomanes
Découvrant l'Empire ottoman à l'apogée de sa gloire,
l'allemand Frédéric Hasselquist dont le texte a été
publié de manière posthume par Linné qui estimait que
« jamais une relation de voyage aussi admirable
n'avait paru », note en plein XVIIème siècle que: « Les
Turcs ne savent ni tailler les pierres, ni les placer. Les
Arméniens sont naturellement leurs architectes; ils ont
naturellement de l'inclination pour cet art; ce qui, joint
aux connaissances qu'ils ont acquises dans leurs
voyages, les met à même de construire des édifices
tels qu'on peut les attendre d'un peuple qui ne doit ses
connaissances qu'à la nature. Si les Arméniens
voyageaient en Europe et cultivaient leurs talents,
peut-être trouverait-on dans l'Orient des architectes
qui égaleraient ceux de l'Antiquité et l'emporteraient
sur plusieurs de nos architectes modernes. »
De nombreux architectes arméniens ont loyalement
servi les dirigeants ottomans tout au long de l'histoire
de cet empire. Peu d'entre eux sont formellement
identifiables comme arméniens à cause du silence des
sources ou du peu de travaux, et c'est l'étude d'un
détail d'une façade, de la coupole, ou toute autre
analogie avec l'architecture arménienne qui permet de
supposer l'origine d'un architecte. Le premier
architecte officiel du sultan après la conquête de
Constantinople s'appelait Sinan l'affranchi, il était grec.
Son successeur, qui est le prédécesseur de Minar
Sinan, Ayas bin Abdullah, semble être, d'après son
nom, turc ou persan, alors qu'il se révèle être
arménien. Ainsi la plupart des architectes ottomans de
premier plan sur lesquels nous sommes renseignés
sont tous chrétiens. Parmi eux, j'évoquerai seulement
le maître-architecte Sinan.
Une vie arménienne brisée
Minar Kodja Sinan,
vécut de 1490 environ
à
1588.
Dans
l'autobiographie
qu'il
dicta au soir de sa vie,
il affirme être né dans
le village d'Aghrianos,
près de Césarée. Il dit
avoir été soumis à
devshirme (ramassage
d'enfants
chrétiens)
sous le sultan Sélim
1er (1512-1520) vers
1517
pour
devenir
janissaire.
Cet évènement prouve
son origine chrétienne,
grecque
ou
arménienne.
Or, après la conquête
de Chypre par les Ottomans (1571), le sultan décida
d'y déporter des chrétiens d'Asie mineure pour réduire
la part de la population grecque de l'île. Sinan intervint
en personne dans le but d'exempter de déportation la
population de son village natal et tout spécialement de
quatre de ses proches parents: Sari, Oghlou, Kod
Nichan et Ulissa. Cette information est capitale car elle
prouve que la famille de Sinan ne pouvait pas être
grecque.
Texte de la lettre:
« À ta justice, Hiussein tchawush, Haut commandant
de l'Ak-Dagh, le chef des architectes impériaux ayant
appris que par décret impérial nous avions ordonné la
déportation de nos sujets de Césarée, (il) nous a
supplié dans une lettre que la population vivant dans le
village de Aghermass, son lieu de naissance et ses
parents Sari et Oghlou vivant dans le village de Kutchi
Boeriunggez, qui sont nos sujets; et ses parents Ulissa
et Kod Nichan, du village de Urgab, qui sont nos sujets
soient exemptés de la déportation à Chypre.
7
En conséquence, j'accorde l'exemption à la population
des
villages
submentionnés
comme
j'accorde
l'exemption aux personnes submentionnées ainsi qu'à
leur famille.
En conséquence, j'ordonne
qu'ayant reçu mon ordre, que
si malgré l'enregistrement
dans les livres (officiels), on
appelle pour la déportation
les anciens des villages
submentionnés
ou
leur
famille, parce que leurs noms
ont été effacés, qu'ils ne
soient pas violentés, sous le
prétexte qu'ils font partie de
ceux
qui
devaient
être
déportés. Et qu'il en soit ainsi
que l'affirme ce texte qui doit
être enregistré dans les
registres
(officiels)
et
l'original
doit
leur
être
retourné. Donné à maître
Mehmet, le 7 Ramaran 981
de l'Hégire (1573). »
Haïk Berberian a montré que
ses parents avaient des
prénoms arméniens. Nichan
signifie en arménien le «
Saint Signe» et demeure
aujourd'hui
encore
un
prénom courant et Oulissa
est le diminutif arménien
d'Ouliané
qui
traduit
le
prénom grec Julienne.
Le destin d'un virtuose
L’origine arménienne de Sinan est donc prouvée par
des documents contemporains qui ne tolèrent aucune
contestation. Mais étaient-ils utiles? La parfaite
maîtrise des canons des architectures byzantine et
arménienne; son goût du détail et son aptitude à
penser les jeux de masse ne le désignaient-ils pas déjà
suffisamment le plus génial des architectes ottomans
comme un enfant d'Arménie? En effet, si Sinan,
comme de nombreux architectes chrétiens travaillant
pour les Turcs, a pu si précisément servir le projet
impérial ottoman c'est parce qu'il était l'héritier d'un
art chrétien millénaire. En effet, les Ottomans vont
progressivement reprendre la totalité de l'idéal
impérial et universaliste des Byzantins. Et Sinan est de
ceux qui ont permis cette transmutation des valeurs
arméno-byzantines chrétiennes en notions turques et
musulmanes. Cette transmission est immense et
polyforme. On prête à Sinan la construction de pas
moins de cent sept mosquées, cinquante-deux
oratoires, quarante-cinq mausolées, soixante-quatorze
madrassas, onze écoles, trois hôpitaux, vingt-deux
hospices, trente et un caravansérails, quarante-trois
palais, huit entrepôts, cinquante-six hammams, neufs
ponts et sept aqueducs. S'il est matériellement
impossible qu'il ait supervisé tous ces chantiers, ils
furent pour la plupart menés à bien sous son autorité.
Servir le projet impérial ottoman
Après la prise de Constantinople, le mardi 29 mai
1453, il n'a pas fallu plus d'une dizaine d'années au
sultan Mehemet II dit Fatih (le Conquérant) pour
s'approprier l'idéologie impériale byzantine. La marque
de cette nouvelle attitude est la
volonté
de
construire
une
mosquée
impériale
pouvant
rivaliser avec Sainte-Sophie. La
première construction fut lancée
en 1463 et confiée à un
architecte
grec,
lui
aussi
dénommé Sinan. Mais cette
première tentative fut assez
décevante et ce bâtiment fut
détruit par le séisme de 1476.
Les premiers successeurs ne se
risquèrent pas à relever le défi.
Et il fallut attendre Bayasid II
pour oser une nouvelle tentative
entre 1500 et 1505. Cette
mosquée de taille modérée a sa
coupole soutenue par deux demi
coupoles, comme Sainte Sophie.
Soliman le Magnifique II (14941566), régnant à l'apogée de
l'Empire
ottoman,
voulu
s'affirmer comme le successeur
des empereurs byzantins, et, à
l'image de l'un d'entre eux,
Justinien,
construire
un
monument
de
première
grandeur. En effet, Justinien
inaugura en 537 la cathédrale
Sainte-Sophie en s'écriant: «
Salomon je t'ai vaincu! ».
Soliman voulut se mesurer à lui et pour construire la
plus grande mosquée de son temps, le maître du
Bosphore fit appel à un l'Arménien Mimar Sinan (14891588). Sinan incarne à la fois l'essor et l'apogée de
l'architecture ottomane dite classique dont il est tout à
la fois le père et le plus fabuleux représentant.
Parmi les monuments qui sont les signes visibles du
génie de Sinan, il faut surtout mentionner la
construction de la Süleymaniye. Cette mosquée érigée
entre 1552 et 1559 fut exigée, conçue et réalisée pour
rivaliser avec Sainte-Sophie, en s'inspirant de son
plan. Sinan était alors, depuis 1538, l'architecte en
chef du service d'architecture impériale. Ses
conceptions techniques et esthétiques dominent son
temps et sont demeurées inégalées. En effet, la
perfection des lignes, la sûreté de la réalisation font de
la Süleymaniye un monument imposant et de première
grandeur, bien que sa coupole reste en deçà de celle
de Sainte-Sophie érigée en 989 par un autre
Arménien, Tiridate.
Son apport à la culture turque est si colossal que son
tombeau fut construit dans la cour de la Süleymaniye,
et que ses restes sont aujourd'hui encore vénérés.
En tout cas, l'apogée de l'architecture ottomane fut le
fait de ce seul homme car ses élèves ne surent guère
qu'appliquer ses plans, comme pour la Mosquée Bleue,
qui est une œuvre posthume de Sinan. Mais jamais
aucun autre architecte turc ne sut créer de tels
monuments. Si géniales que soient les conceptions de
Sinan, ce virtuose de la synthèse culturelle et
technique, s'il islamise des formes chrétiennes, rien ne
permet de dire qu'il les désarménise.
Maxime Yévadian
8
Livres.
Voici une sélection de livres récents.
Les chrétiens de l’Orient vont-ils
disparaître ?
Entre souffrance et espérance.
Annie Laurent
Éditeur : Salvator, Paris
2008 – 20€ - 218 pages.
L'auteur en quelques mots
Annie Laurent est titulaire d'une maîtrise en droit
international et d'un doctorat d'Etat en sciences
politiques.
Sa thèse sur " Le Liban et son voisinage " en
collaboration avec Antoine Basbous (Université Paris
II) a été publiée chez Gallimard sous le titre Guerres
secrètes au Liban (1987). Elle s'est spécialisée dans
les domaines touchant aux questions politiques du
Proche-Orient, à l'Islam, aux chrétiens d'Orient et aux
relations interreligieuses. Elle a séjourné durant cinq
ans au Liban et a voyagé dans d'autres pays de
l'Orient méditerranéen (Irak, Syrie, Turquie, Jordanie,
Israël/Palestine, Egypte) ainsi que dans les trois pays
du Maghreb.
Elle a une connaissance intime des Eglises orientales.
Elle a publié plusieurs autres livres parmi lesquels
Vivre avec l'Islam ? (Ed. Saint-Paul, 1996) ; Dieu rêve
d'unité
(entretiens
avec
Monseigneur
Michaël
Fitzgerald), Ed. Bayard, 2005 ; L'Europe malade de la
Turquie (Ed. F.-X. de Guibert, 2005, prix 2006 de
l'association des écrivains combattants.
Résumé:
En proie à un déclin
démographique et à
une forte émigration
liée, en partie, à
l'aggravation
des
discriminations socioreligieuses imposées
par
l'Islam
idéologique
et
à
l'exclusivisme
israélien,
les
chrétiens du ProcheOrient - dans ses
composantes arabe,
turque,
arménienne
et iranienne - offrent
le visage édifiant de
l'héroïsme.
Ils ont un rôle vital à
jouer dans cet Orient méditerranéen où peuples,
cultures et religions ont tant de mal à s'entendre. Mais
peuvent-ils croire à leur avenir dans un environnement
aussi difficile ? Avec l'espérance qui les habite,
l'impossible devient possible. Avec ce livre, le lecteur
va comprendre ce monde chrétien si mystérieux mais
si attachant.
Sommaire:
LE CHRISTIANISME ORIENTAL DANS TOUS SES ETATS
Origine et expansion de l'Eglise en orient
Organisation et divisions des églises d'orient
LES CHRETIENS D'ORIENT ENTRE L'ISLAM ET ISRAEL
Les chrétiens d'orient et l'islam
Les chrétiens d'orient et Israël
LE DEFI DE L'UNITE
Vers une fraternité catholique
Actualité de l'oecuménisme oriental
Le noeud ecclésiologique.
L'Avis de Maxime Yévadian:
Familière des questions religieuses libanaise, pays où
elle a séjourné cinq ans, Annie Laurent, vient de
publier un précis sur le christianisme oriental, après
Janin ou François Tournebize. Cet ouvrage se compose
de trois chapitres. Dans le premier, p. 16-68, une
présentation des différentes Églises est proposée (p.
28-68), après un résumé de la christianisation de
l’Orient (p. 16-27), où les grandes lignes de la
christianisation de l’Arménie sont évoquées (p. 26) en
reprenant la thèse traditionnelle d’une conversion en
301. L’« atypie arménienne » est analysée (p. 48-53)
sous forme d’un rapide résumé de l’histoire religieuse
arménienne en insistant largement sur les tentatives
d’union avec Rome (p. 50-53).
Puis les chrétiens sont évoqués dans le deuxième
chapitre par pays (p. 69-113), en insistant sur le cas
d’Israël (p. 114-144).
Le troisième et dernier chapitre (p. 145-178) sous
couvert d’œcuménisme traite de l’union des Églises
orientales à Rome. C’est là le cœur de l’ouvrage. Après
quelques exemples réels et méritoires de travail entre
les diverses Églises d’Orient, une fois de plus, sont
recherchées les voies et les moyens de rattacher
toutes les Églises d’Orient à Rome. Annie Laurent
insiste longuement sur les efforts déployés en ce sens
par les diverses générations de missionnaires. Très au
fait des positions et des textes pontificaux, Annie
Laurent accorde une place essentielle à Léon XIII, qui
a mis un point d’arrêt à la latinisation des Églises
rattachées à Rome. Malheureusement trop de belles
âmes bien intentionnées cherchent à servir les
nouveaux convertis en leur imposant le meilleur, à
savoir le rite latin… Cette position a déjà été
sanctionnée de fait par le pape Benoît XIV en 1755. La
tendance à la latinisation n’en a que peu faiblie.
Il est par ailleurs regrettable qu’Annie Laurent ignore
totalement les positions et les textes des Églises
apostoliques d’Orient. Par exemple, traiter de
l’œcuménisme aujourd’hui en Orient et ne citer aucun
des écrits du catholicos Aram Ier de Cilicie dont le nom
n’est même pas cité dans tout l’ouvrage n’est guère
sérieux. Ce chapitre et finalement tout l’ouvrage ne
propose d’autre espérance et d’avenir pour le
christianisme en Terre d’Orient que la réunion de
toutes les Églises sous l’autorité du Pape, c’est sans
doute un peu court.
Enfin la belle postface de Mgr Philippe Brizard,
directeur général de l’Œuvre d’Orient (p. 203-207)
rappelle l’importance du christianisme oriental et de ce
qu’il a déjà effectué :
9
« De l’Orient, on l’oublie, nous avons tout reçu.
Historiquement et chrétiennement, c’est vrai. Ceux
qui, au commencement, ont planté l’Église en France
et en Occident et qui nous ont évangélisés, venaient
d’Orient. » (p. 203)
Cet ouvrage utile, documenté et agréable à lire n’a
qu’un seul défaut : ne voir le christianisme en orient
qu’à travers le spectre de la mission catholique.
Kalantars
Les seigneurs
Perse safavide
L'Arménie d'Antan
L'Arménie à travers la carte postale
ancienne
Le règne de Chah Abbas
Ier, dit « Le Grand »,
nous
apparaît
aujourd’hui comme l’âge
d’or des relations iranoarméniennes.
Plus
généralement,
la
relative tolérance de la
dynastie
Safavide
(1501-1736) à l’égard
des chrétiens a permis
aux Arméniens de jouer
à cette époque un rôle de première importance. Cette
période importante sur laquelle de nombreuses
sources variées et de première main sont disponibles a
déjà été largement étudiée, même s’il reste fort à dire.
Armen Tokatlian a choisi une perspective nouvelle et
féconde pour interroger le rôle des Arméniens sous les
Safavides. Il a, en effet, choisi d’étudier la place des
élites arméniennes dans les rouages de l’État iranien et
à la cour.
Dans un premier chapitre (p. 9-14) il évoque l’essor de
la dynastie fondée par Chah Ismaïl Ier dont le
caractère théocratique apparaît clairement, le roi
dominant les sphères politiques et religieuses d’un État
dont la religion officielle est l’Islam Chiite. Il est à
noter qu’après l’Égypte fatimide, où les Arméniens ont
également eu un rôle de première importance, il s’agit
là du deuxième État musulman dont le chiisme est la
religion officielle. Les congrégations religieuses ayant
facilité l’ascension du roi ont une place centrale dans le
nouvel état.
Armen Tokatlian évoque longuement le rôle des
gholam-e Chah, le serviteur fidèle de la maison royale,
en montrant que ces chrétiens islamisés furent très
largement recrutés parmi les Arméniens et les
Géorgiens. Un chapitre (p. 19-27) est consacré aux
gholams qui, issus de la noblesse comme du peuple,
ont joué un rôle essentiel dans tous les services de
l’Etat, jusqu’à former 20% du corps des fonctionnaires
sous Chah Abbas Ier et même davantage encore sous
ses successeurs (p. 16). La fin de ce chapitre donne
même, chose fort utile, une biographie des plus
importants d’entre eux. Il y a là un parallèle de grand
intérêt avec le système du dervichisme dans l’Empire
ottoman. Avec quelques différences notables, les
Ottomans ont recruté en priorité les chrétiens de la
partie occidentale de leur empire, même si les
Arméniens n’ont pas été épargnés.
L’auteur consacre, ensuite, un chapitre à décrire les
lignes de force du règne de Chah Abbas Ier (p. 15-18)
qui s’employa à « établir une administration efficace et
à stimuler l’économie » (p. 18). Dans cette
perspective, le roi se fonda très largement sur les
Arméniens. Il avait massivement déplacé les
populations du plateau arménien pour mettre en place
sa tactique de la terre brûlée dans la guerre contre les
Ottomans (1590-1603) ; le chiffre de 300 000
Arméniens déplacés apparaît comme le plus proche de
la réalité. Il fit installer ceux de Joulfa près d’Isphahan,
Yves Ternon, Jean-Claude Kebabdjian.
Éditeur: HC Editions
2009 – 28,50€ - 123 pages.
Résumé:
Près de 400 cartes postales anciennes illustrent
l'histoire arménienne, au tournant des années 19001915.
Quelques 30 ans après Arménie 1900 paru aux
éditions Astrid, Yves Ternon et Jean-Claude Kébadjian
viennent de faire paraître chez HC éditions un nouvel
album abondamment illustré de cartes postales sur
l’Arménie d’avant le Génocide arménien intitulé
L’Arménie d’Antan.
Après la préface
de
Jean-Claude
Kébadjian et une
introduction
historique d’Yves
Ternon (p. 1219), l’ouvrage est
conçu autour de
l’itinéraire
d’un
enfant témoin de
la société de ses
pères avant d’être
victime
du
génocide,
cet
ouvrage est un
voyage imaginaire
dans les zones de
peuplement
Arméniens, le «
cœur de l’Arménie
historique » (p.
24-37), puis ses marges occidentales (p. 40-51), la
présence arménienne dans le Caucase (p. 52 – 83). La
dernière partie est consacrée aux prémices du
génocide.
Pas plus que dans le premier ouvrage, le lecteur
n’apprendra rien de nouveau sur cette question. Le
texte est clair, avec très peu d’inexactitudes, informatif
en un mot. Un livre de plus ? Oui. Mais est-ce un
défaut ? Au contraire. Dans un pays où chaque jour
plus de cent titres sont enregistrés, faire exister
l’Arménie c’est publier, et publier autant que possible,
avec la qualité optimale et le plus grand tirage
possible. Car une question sur laquelle on ne publie
pas, n’existe pas.
Cet album destiné au grand public est donc une bonne
chose, et l’on peut espérer qu’une partie des amateurs
se dirigeront ensuite avec des ouvrages plus
consistants.
arméniens
dans
la
Armen Tokatlian
Éditeur:Geuthner (Paul)
2009 – 30€ - 96 pages.
10
car il avait conscience que ces marchands, les khojas
(titre iranien pour désigner les personnes vénérables)
avaient su constituer un réseau commercial de
première importance, notamment dans le commerce
de la soie. Le roi choisit également d’implanter les
artisans spécialistes du commerce de la soie dans le
Gilan et le Mazandaran les régions séricicoles de l’Iran
ce qui aura « une influence significative » (p. 31) sur
leur développement.
Le cœur de l’ouvrage d’Armen Tokatlian est consacré
aux khojas et au chef de la communauté arménienne
le kalantar (p. 28-52). Le roi dans un firman affirme
que les Arméniens sont des alliés de la maison royale
et qu’ils bénéficient de la grande affection du roi. Les
marchands de cette nation parvinrent, en quelques
décennies, à reconstituer leur réseau commercial allant
d’Amsterdam et de Venise, aux Indes. Il n’eut pas été
superflu de traiter également de la Chine où ils sont
signalés à cette époque. Les Arméniens payaient leur
contribution en lingots d’argent qui étaient amenés par
le kalantar, en personne, à la Reine Mère. Cette
contribution joua un rôle central dans le budget de
l’État iranien, puisque pour la seule année 1628,
l’impôt levé sur les Arméniens représente 80 % du
budget de l’État safavide (p. 35) ! Dans ce contexte,
on comprend l’importance du kalantar devenu, de fait,
un des plus importants personnages de l’État iranien.
Le premier d’entre eux khoja Safar, élu en 1605, et
kalantar jusqu’à sa mort, en 1618, joua pleinement
son rôle de représentant de sa communauté mais
aussi d’ambassadeur de Chah Abbas Ier à Venise,
comme en Espagne. Son frère et successeur Nazar fut
également un homme de première valeur. Sachant que
ses sujets Arméniens allaient en Arménie en
pèlerinage auprès de l’Église d’Etchmiadzin, le roi
décida, en septembre 1614, de démonter l’église pour
la remonter dans le faubourg Arménien d’Isphahan, à
Nor Joulfa. Il fallut tout le tact et la diplomatie du
khoja Nazar pour convaincre le roi de ne pas démonter
le Saint-Siège arménien ! Ce même kalantar fut
l’acteur central de la restauration de l’Église-Mère
d’Etchmiadzin,
avec
notamment
les
peintures
intérieures que l’on peut toujours observer aujourd’hui.
Le rôle de ses successeurs est également évoqué, mais
cet aspect si important que mal connu en Occident
aurait mérité d’être plus approfondi avec, par exemple,
des biographies aussi détaillées que pour les gholams.
Chah Abbas Ier et ses successeurs, utilisèrent
également les khojas comme ambassadeurs de
l’Europe (Espagne, France, Venise, Autriche) à la
Russie dans le dessein de susciter une alliance antiottomane qui ne se matérialisa jamais par manque
d’intérêt et de volonté politique des rois catholiques.
L’auteur aurait pu mentionner le fait que les Arméniens
allèrent prêcher la croisade anti-ottomane jusqu’en
Éthiopie et en Indes.
Les chapitres suivants, de moindre intérêt, permettent
de compléter la perspective. L’un d’entre deux est
consacré aux querelles religieuses (p. 53-56) avec les
tentatives répétées des missionnaires catholiques pour
convertir les Arméniens avec des succès limités à
l’exception notable d’une des grandes familles de
khojas les Chahrimian. Ces derniers, pris en étau entre
leur fidélité ethnique et les exigences de leur foi
d’adoption, finirent par émigrer et se fondre dans les
aristocraties vénitiennes et autrichiennes. Armen
Tokatlian analyse, ensuite, les problèmes internes à
l’Église arménienne.
Les deux derniers chapitres sont consacrés aux
questions artistiques (p. 57-80), l’auteur souligne à
quel point le règne de Chah Abbas Ier fut une période
de renouvellement artistique et de progrès. Il aborde
la question des céramiques arméniennes, notamment
les carreaux, qu’il aurait sans doute pu comparer plus
systématiquement aux productions contemporaines
des Arméniens de Kütahya. Il étudie également les
différentes églises et monastères arméniens de Nor
Joulfa, ce qui est l’occasion d’évoquer l’histoire de
l’imprimerie arménienne locale. L’activité éditoriale
locale ne doit pas cacher l’intensité et le soin mis à
copier des manuscrits arméniens dont de nombreux
sont conservés, et dont la qualité artistique et
l’originalité iconographique sont précieux.
Cette production originale, notamment de miniatures «
a laissé une empreinte palpable dans le patrimoine
culturel de la Perse » (p. 80). Mais, surtout, les
générations de khojas entre la fin du XVIe siècle et le
début du XVIIe siècle furent les mécènes et les
promoteurs de la perpétuation et de la renaissance de
la culture arménienne, par ailleurs menacée. Cet
ouvrage arrive donc à point à une époque charnière.
Maxime Yévadian
Journal de déportation
Yervant Odian (1869-1925)
Traduit de l'arménien par Léon Ketcheyan
Préface de Krikor Beledian
Editions Parenthèses
2010- 24€ - 442 pages
Septembre
1915,
Istanbul.
Un soir, on frappe à la
porte : " Yervant Odian
est-il là ? ". Dès lors,
l'implacable organisation
génocidaire turque va
l'entraîner sur les routes
et dans les sinistres
camps du désert syrien.
Au sein des colonnes de
déportés, il rejoint le
destin
de
ses
compatriotes arméniens,
bien que se considérant
presque
comme
un
" privilégié ", en raison de son statut d'écrivain
reconnu. Immergé dans un quotidien de tortures,
glacé d'horreur devant les situations d'humiliation, les
impitoyables persécutions que subissent les déportés
et, pour finir, les exécutions et l'extermination, un rare
instinct de survie préserve Yervant Odian.
L'écrivain satirique et journaliste, survivant à ces
" années maudites ", ce cauchemar, revient à Istanbul
en 1918 au terme d'un long voyage en enfer et
retrouve sa table de rédacteur au quotidien Jamanak.
Aussitôt, il s'attache à consigner ses souvenirs
témoignant ainsi au nom de tous ces anonymes
disparus, et il sera l'un des rares écrivains arméniens à
s'y consacrer au lendemain du génocide. De ce travail
de mémoire résulte un récit à la fois distancié, précis
et dépouillé, pour surtout " être fidèle à la réalité,
n'altérer en rien les faits, n'en exagérer aucun ".
Une forme de " poétique de la simplicité ".
11
Nos Libraires partenaires
Voici la liste des librairies avec lesquelles nous avons
des contacts privilégiés et qui ont accepté de
présenter chacun de nos trois ouvrages publiés.
Ils sont également disponibles dans de nombreuses
FNAC aux rayons Histoire et Religion.
Librairie « La Procure »
13, rue Georges Clemenceau, 06600 ANTIBES
04 93 34 93 86
Librairie « Erasmus »
28, Rue Basf roi, 75011 PARIS
01 43 48 03 20
Librairie La Procure – Chantilly
1 av Ch. De Gaulle, 60500 CHANTILLY
03 44 97 38 00
Librairie « Jean Touzot »
38, Rue Saint-Sulpice, 75006 PARIS
01 43 26 03 88
Librairie Decitre
29 et 6 Place Bellecour 69002 LYON
04 26 68 00 10
Librairie « L’Appel du Livre »
99, Rue Charonne, 75011 PARIS
01 43 07 43 43
Librairie « La Procure »
9, rue Henri IV, 69227 LYON
04 78 37 63 19
Librairie « La Procure des Missions »
30, rue Lhomond, 75005 PARIS
01 43 36 17 47
Librairie « Saint Paul »
8, Place Bellecour, 69002 LYON
04 78 42 26 15
Librairie « La Procure » Mezie
3, Rue Mézières, 75006 PARIS
01 45 48 20 25
Librairie « Maupetit »
142-144 La Canebière, 13001 MARSEILLE
04 91 36 50 50
Librairie « H. Samuelian »
51, Rue Monsieur le Prince, 75006 PARIS
01 43 26 88 65
Mediapresse
173, av. du 24 avril 1915, 13012 MARSEILLE
04 91 93 41 02
Librairie Saint-Serge
93 rue de Crimée, 75019 PARIS
01 42 01 19 13
Librairie « Regards » Centre Vieille Charité
2 rue Charité, 13002 MARSEILLE
04 91 90 55
Librairie « Charlemagne »
50 Boulevard de Strasbourg, 83000 TOULON
Librairie « La Procure »
10, rue de Suisse, 06000 NICE
04 93 88 30 93
04 94 62 22 88
Librairie « Urubu »
17 Grande Rue, 26000 VALENCE
04 75 56 13 33
Librairie « Massena »
55 rue Gioffredo, 06000 NICE
04 93 80 90 16
Librairie « Mediterranée »
2 rue Blacas, 06000 NICE
04 93 81 69 62
Librairie « Aux Amateurs de livres »
62, Avenue de Suffren, 75015 PARIS
01 45 67 18 38
Librairie de l’Orient
18, rue des Fossés Saint Bernard, 75005 PARIS
01 40 51 85 33
12