LA MARIHUANA À DES FINS MÉDICALES ET LES PERSONNES

Transcription

LA MARIHUANA À DES FINS MÉDICALES ET LES PERSONNES
la marihuana à des
fins médicales et
les personnes autochtones
vivant avec le VIH/sida
document d’information
Rédigé par Trevor Stratton
le 15 novembre 2006
Ceci est une publication du Réseau Canadien Autochtone du Sida.
LE RÉSEAU CANADIEN AUTOCHTONE DU SIDA (RCAS)
Vue d’ensemble de l’organisation
Le Réseau Canadien Autochtone du Sida est un organisme national à but non lucratif :
•
•
•
•
•
•
•
Établi en 1997
Représente approximativement 200 membres d’organisations et particuliers
Dirigé par treize membres du conseil d’administration national
Par quatre membres exécutifs au conseil d’administration
Offre un forum national de partage d’opinions et inquiétudes pour les membres
Assurer l’accès aux services qui vise le VIH/Sida
Offrir de l’information appropriée et à jour sur le VIH/Sida
La mission du RCAS :
Le RCAS est un organisme majeur qui regroupe divers particuliers, organisations, associations provinciales
et territoriales, et dont le but est de jouer un rôle directeur afin de promouvoir et de défendre les intérêts
des Autochtones vivant avec le VIH/sida ou qui sont touchés par cette maladie. Le RCAS s’attaque aux défis
posés par le VIH/sida dans le cadre d’une approche holistique de guérison qui encourage l’autonomie et
l’ouverture d’esprit tout en honorant la culture, les traditions, l’authenticité et la diversité des Premières
Nations, des Inuits et des Métis, sans égard au lieu où ils habitent.
La vision du RCAS :
Un Canada ou les membres des Premières Nations, les Inuits et les Métis, ainsi que leurs familles et leurs
communautés peuvent s’épanouissent en santé, à l’abri du VIH/sida et où la culture, les traditions, les
valeurs et le savoir autochtones sont vivants, dynamiques, respectés, valorisés et intégrés dans la société
d’aujourd’hui.
Remerciements
Le Réseau Canadien Autochtone du Sida tiens à remercier les membres du Caucus des PAVVIH/sida
(personnes autochtones vivant avec le VIH/sida) pour leurs directions lors de la créaction de ce document.
La production de ce document a été rendue possible graçe à la collaboration financière de l’Agence
Publique de la Santé du Canada. Les opinions proposées ci-bas ne représentent pas nécéssairement ceux
de l’Agence Publique de la Santé du Canada.
ISBN : 1‑894624‑53-X
Réseau Canadien Autochtone du Sida
602‑251 Bank Street
Ottawa, Ontario, K2P 1X3
Téléphone : 1‑613‑567‑1817 Sans frais : 1‑888‑285‑2226
Courriel : [email protected]
Internet : www.caan.ca
MARS 2007
Table des matières
1. Résumé ................................................................................................................................................................... 2
2. Objectif du document d’information................................................................................................................. 3
3. Qu’est-ce que la marihuana? . ............................................................................................................................ 3
4. La marihuana à des fins médicales : ses usages et sa pertinence pour le VIH/sida ................................ 4
5. Étude du RCAS sur les questions liées aux soins, au traitement et au soutien des PAVVIH/sida ..... 5
6. Questionnaire pour les organismes................................................................................................................... 6
7. Groupe de discussion sur les PAVVIH/sida et la marihuana à des fins médicales ..............................10
8. La réponse de Santé Canada et du gouvernement fédéral .......................................................................14
9. Conclusions...........................................................................................................................................................16
10. Liens......................................................................................................................................................................18
11. Références...........................................................................................................................................................19
Notes..........................................................................................................................................................................20
www. c a a n . c a
3
1. Résumé
Comme c’est le cas pour d’autres organismes de lutte contre le VIH/sida au Canada, la marihuana à des
fins médicales a suscité l’intérêt du Réseau canadien autochtone du sida (RCAS) au fil des ans. Dans
un effort en vue d’aborder cet enjeu, le document d’information sur la marihuana à des fins médicales
et les personnes autochtones vivant avec le VIH/sida (2006) a été jugé nécessaire afin de fournir au
conseil d’administration du RCAS une information pertinente sur la question.
Ce document permet d’établir que la marihuana à des fins médicales est certes un enjeu pour un grand
nombre d’organismes communautaires autochtones, bien que ce ne le soit pas pour tous. D’après
l’Étude sur les questions liées aux soins, au traitement et au soutien menée par le RCAS en 2005,
nous savons que les PAVVIH/sida ont mentionné retirer des bienfaits de la marihuana inhalée sous
forme de fumée, aux plans de l’appétit, du sommeil, du soulagement de la douleur, des effets spirituels
et de la santé mentale. Lors du dépôt d’une résolution à l’Assemblée générale annuelle du RCAS, les
membres du RCAS ont indiqué qu’ils souhaitaient que l’organisme produise un énoncé de position
sur la marihuana à des fins médicales. Le présent document a été jugé comme une première étape
nécessaire.
L’étude sur les STS menée par le RCAS a révélé qu’un tiers des PAVVIH/sida faisant partie du groupe
d’étude utilisait de la marihuana à des fins médicales. Les hommes autochtones vivant avec le VIH/sida
ont tendance à l’utiliser davantage que les femmes autochtones vivant avec le VIH/sida, et les personnes
dont les charges virales sont plus élevées indiquent des taux d’usage plus élevés. Les PAVVIH/sida
ont également signalé un grand nombre d’obstacles logistiques à l’accès à la marihuana à des fins
médicales. Le RCAS a donc formé un petit groupe de discussion composé de PAVVIH/sida et distribué
un court questionnaire à un certain nombre d’organismes communautaires autochtones qui servent
les PAVVIH/sida partout au Canada.
Les réponses au questionnaire organisationnel du RCAS et celles du groupe de discussion semblaient
appuyer une grande partie de l’analyse présentée dans l’Étude du RCAS sur les questions liées aux
soins, au traitement et au soutien des PAVVIH/sida. Les membres du groupe de discussion ont abordé
le fait que ce ne sont pas toutes les personnes qui participent aux rassemblements, aux conférences
et aux réunions qui se sentent à l’aise par rapport à l’usage de la marihuana à des fins médicales,
probablement à cause de la stigmatisation et des questions liées au traitement de la toxicomanie. Il
a été suggéré que les antécédents de consommation de drogues des personnes autochtones et leur
héritage destructeur peuvent contribuer à la difficulté pour certaines personnes d’accepter l’usage de
la marihuana à des fins médicales.
« Nous devrions également éduquer le grand public et les prestateurs de services
afin qu’ils comprennent que cela existe et que nous en avons le droit »,- Groupe de
discussion du RCAS.
Dans le questionnaire organisationnel du RCAS, la moitié des répondants a indiqué que la marihuana
à des fins médicales représentait un enjeu, tandis que l’autre moitié a répondu que ce ne l’était pas.
Alors que les organismes communautaires autochtones qui servent les PAVVIH/sida considèrent la
marihuana à des fins médicales comme un enjeu, d’autres n’ont fait aucune tentative en vue d’amorcer
un dialogue. Le RCAS pourrait appuyer ce dialogue au moyen du présent document d’information et
par la suite, d’un énoncé de position. La plupart des personnes et des organismes qui ont pris part à
cet effort ont indiqué avoir besoin de plus d’information sur la question.
4
w w w. c a a n . c a
2. Objectif du document d’information
Le présent document a pour objectif de fournir de l’information sur la marihuana à des fins médicales.
C’est là le résultat d’une demande du conseil d’administration du Réseau canadien autochtone du sida
qui, à une date ultérieure, envisagera de rédiger un énoncé de position sur le sujet.
Ce document d’information s’est appuyé sur trois grandes méthodes de collecte de données : un
examen de l’Étude sur les questions liées aux soins, au traitement et au soutien des personnes
autochtones vivant avec le VIH/sida , un questionnaire à l’intention des organismes et un petit groupe
de discussion formé de PAVVIH/sida sur la marihuana à des fins médicales.
Ce document n’aborde pas le mauvais usage ou la dépendance. Il vise plutôt à fournir de l’information
sur le sujet pour apprendre au lecteur ce qu’est la marihuana, en quoi consistent ses usages, et quelle
est sa pertinence pour le VIH/sida et la gestion des symptômes. Nous vous résumons ici des opinions
et des expériences vécues par des PAVVIH/sida et des organismes communautaires autochtones afin
d’étayer les besoins du RCAS et de ses membres et de leur donner plus de pertinence.
3. Qu’est-ce que la marihuana?
La marihuana (que l’on retrouve aussi sous la graphie marihuana) et à laquelle on fait référence, dans
la rue, par un certain nombre de noms, notamment weed, reefer, pot, est une plante naturelle qui peut
être inhalée, une fois séchée, et fumée ou ingérée, telle que dans le thé, les produits de boulangerie
ou autres produits alimentaires. Il existe aussi d’autres formes moins courantes de consommation
de la marihuana, dans des concentrés par exemple (huiles, hachisch, budder (bourgeons de fleur)),
pulvérisateurs oraux, teintures et huiles alimentaires.
Cannabis indica, cannabis sativa, cannabis americanus, chanvre indien et marihuana
(ou marihuana) font tous référence à la même plante. Le cannabis est utilisé partout
dans le monde à des fins diverses et a une longue histoire caractérisée par l’utilité,
l’euphorie ou la répréhension, selon les points de vue. Les professionnels médicaux
du monde occidental ont presque tout oublié ce qu’ils ont déjà su des propriétés
thérapeutiques de la marihuana ou du cannabis. (traduction libre) (Extrait le 27 janvier
2006 de http://www.medicalmarihuana.ca/health.html )
Les nombreux ingrédients actifs de la marihuana sont appelés « cannabinoïdes ». Les principaux
cannabinoïdes que l’on reconnaît comme étant les plus actifs sont le « THC » ou le delta-9tétrahydrocannabinol. Il existe des centaines de souches de la plante de marihuana qui renferment
différents niveaux de types différents de cannabinoïdes. Les utilisateurs de marihuana à des fins
médicales signalent que différentes variétés de marihuana offrent des bienfaits à différents niveaux pour
différents symptômes. Deux dérivés synthétiques de l’ingrédient actif de la marihuana sont disponibles
sous les appellations Cesamet® (nabilone)et Marinol ® (dronabinol), que l’on peut se procurer sur
ordonnance dans les pharmacies.
La marihuana est utilisée depuis très longtemps, et il existe des preuves de son utilisation comme
www. c a a n . c a
5
traitement médical sous de nombreuses formes. Il est illégal d’en avoir en sa possession ou d’en
consommer au Canada depuis 1923; c’est au cours de cette même année que le système de santé
canadien a cessé d’en faire usage pour ses propriétés médicinales.Aujourd’hui, au Canada, la marihuana
est de nouveau utilisée légalement comme médicament au sein du système de santé, particulièrement
par les personnes vivant avec le VIH/sida. On abordera dans la prochaine section certains des modes
d’utilisation de la marihuana à des fins médicales.
4. La marihuana à des fins médicales :
ses usages et sa pertinence pour le
VIH/sida
Les utilisateurs de marihuana à des fins médicales rapportent de nombreux bienfaits thérapeutiques;
ils apprécient tout particulièrement qu’elle stimule l’appétit. Elle permet également de lutter contre la
douleur, d’améliorer l’humeur, de favoriser le sommeil, de faciliter le respect de régimes médicamenteux
complexes, de combattre la dépression, l’angoisse et de gérer la prise de poids.
Les personnes qui vivent avec le VIH/sida éprouvent souvent une perte d’appétit, des nausées et
des vomissements, ce qui peut occasionner une perte de poids involontaire. La perte de plus de
10 % du poids habituel chez une PVVIH/sida sans autre raison apparente est appelée « syndrome
d’émaciation » et suggère habituellement que la maladie progresse. La marihuana comporte également
des composantes qui suscitent une altération de l’humeur. C’est cet effet que certaines personnes qui
consomment de la marihuana pour la première fois considèrent comme étant non désiré, perturbant
et quelque peu désorientant.
Certains consommateurs de marihuana à des fins médicales indiquent que la gestion de la douleur est
également un effet important du cannabis. Certaines personnes vivant avec le VIH/sida (PAVVIH/sida)
ont déclaré avoir bénéficié de l’inhalation de la marihuana puisqu’elle leur a apporté un soulagement et
une élimination temporaires de leur douleur neuropathique chronique. La plupart des PAVVIH/sida qui
ont comparé l’usage du Cesamet® (nabilone)et du Marinol ® (dronabinol) indiquent qu’elles préfèrent
fumer de la marihuana plutôt que de prendre ces médicaments.
Originaire d’Asie centrale, le cannabis est peut-être cultivé depuis au moins dix mille
ans. Il l’était certainement en Chine 4 000 ans avant J.-C. et au Turkestan, 3 000 ans
avant J.-C. Il a longtemps été utilisé comme médicament en Inde, en Chine, au MoyenOrient, en Asie du Sud-Est, en Afrique du Sud et en Amérique du Sud. De nos jours,
des personnes, partout dans le monde, commencent à utiliser le cannabis pour ses
propriétés médicinales uniques. (traduction libre) (Extrait le 27 janvier 2006 de http://
www.medicalmarihuana.ca/health.html.)
Voici une analyse tirée de la recherche menée par le RCAS sur les questions liées aux soins, au
traitement et au soutien des PAVVIH/sida en rapport avec la marihuana à des fins médicales.
6
w w w. c a a n . c a
5. Étude du RCAS sur les questions
liées aux soins, au traitement et au
soutien des PAVVIH/sida – RCAS
2005
Au cours de l’été 2004, le RCAS a réalisé une enquête pancanadienne auprès de 195 PAVVIH/sida.
Cette étude avait pour principal objectif de documenter jusqu’à quel point les besoins des PAVVIH/
sida étaient comblés en matière de service et de repérer les lacunes en matière de prestation de
services. L’enquête posait des questions fermées et ouvertes sur 38 types de soins, de traitement et de
services de soutien utilisés ou requis par les PAVVIH/sida. L’un de ces types de soins était l’usage de la
marihuana à des fins médicales. Les résultats de cette étude ont servi de point de départ à l’élaboration
du présent document.
FAITS SAILLANTS
Tels sont les six points d’analyse extraits du rapport du RCAS sur les questions liées aux soins, au
traitement et au soutien des PAVVIH/sida.
•
La marihuana est la thérapie complémentaire ou alternative la plus couramment utilisée
(35,9 %). Près d’un tiers (31,7 %) des PAVVIH/sida qui utilisent la marihuana indiquent que
leurs besoins ont parfois été satisfaits ou ne l’ont jamais été.
•
L’usage de la marihuana diffère considérablement selon la région : 45 à 50 % des PAVVIH/sida
au Manitoba, en Ontario et en Colombie-Britannique font usage/ont besoin de marihuana
à des fins médicales; au Québec et dans la région de l’Atlantique , le taux d’usage ou de
besoins est de 36,8 %; ailleurs, ces taux varient entre 12 % et 22 %.
•
L’utilisation de la marihuana à des fins médicales diffère également de façon considérable
selon le sexe. Les hommes autochtones vivant avec le VIH/sida indiquent qu’ils ont besoin
ou font usage de marihuana dans une proportion de 41,6 %; les femmes autochtones
vivant avec le VIH/sida indiquent un taux de 27 %. Fait intéressant à noter, il semble que
les femmes autochtones vivant avec le VIH/sida semblent plus satisfaites en ce qui touche
leurs besoins en matière de marihuana (88,2 %) que les hommes, puisque 39 % d’entre eux
indiquent qu’elle répond parfois à leurs besoins ou qu’elle n’y répond pas du tout.
•
Les résultats sont également significatifs en ce qui a trait à l’état de santé : 60,9 % des
PAVVIH/sida dont les charges virales sont très élevées (plus de 10 000) utilisent la
marihuana par rapport à 35,1 % des PAVVIH/sida dont les charges virales ne sont pas aussi
élevées. Toutefois, les données sur la numération autodéclarée de CD4 indiquent que les
PAVVIH/sida aux prises avec de graves problèmes de santé (numération inférieure à 200)
ont un degré de satisfaction moindre par rapport à la marihuana (47,8 %) que celles dont
les numérations ne sont pas aussi graves (20 %).
www. c a a n . c a
7
•
L’accès illégal est l’obstacle le plus fréquemment identifié en ce qui a trait à la marihuana à
des fins médicales.Au nombre des obstacles logistiques à l’accès illégal également identifiés
par les PAVVIH/sida, on compte la disponibilité imprévisible de la marihuana ou le fait
de ne pas savoir où ou comment se la procurer.Combinés, ces deux types d’obstacles
spécifiques à la marihuana à des fins médicales représentent 33, 3 % des cas.
•
La marihuana à des fins médicales a obtenu un taux relativement élevé de commentaires
positifs non sollicités (60 % des cas). Les PAVVIH/sida signalent des bienfaits thérapeutiques
relativement à l’appétit, au sommeil, au soulagement de la douleur ainsi que des effets
spirituels et sur la santé mentale.
Ayant à l’esprit ces nouvelles données intéressantes, le RCAS souhaitait en savoir davantage à propos de
l’expérience des organismes communautaires autochtones relative à la marihuana à des fins médicales.
Le document portera ensuite sur les réponses à certaines questions ciblées posées aux organismes
autochtones.
6. Questionnaire pour les organismes
Le RCAS a posé quatre questions de base à vingt-deux organismes communautaires autochtones dans
toutes les régions du Canada. Le RCAS voulait savoir de quelle façon il pourrait créer un document
d’information sur la marihuana à des fins médicales qui serait véritablement utile pour les PAVVIH/sida,
les collectivités et/ou organismes. La moitié (11 des 22 questionnaires transmis par courriel ont reçu
des réponses) des destinataires ont répondu aux questions suivantes.
LES QUESTIONS
1. La marihuana à des fins médicales retient-elle l’attention immédiate de votre organisme ou
collectivité?
2. Quel est l’enjeu numéro un qui a été soulevé en ce qui a trait à la marihuana à des fins
médicales?
3. De quel type d’information votre organisme a-t-il besoin en ce qui a trait à la marihuana à des fins
médicales?
4. Si une PAVVIH/sida veut en savoir plus sur la marihuana, savez-vous où la diriger?
LES RÉPONSES
« Lorsque le gouvernement roule des joints pour les personnes vivant avec le VIH/sida, ceux-ci
renferment une grande quantité de graines, de feuilles et très peu de bourgeons. » - Organisme
communautaire autochtone de Toronto.
8
w w w. c a a n . c a
1. Cinq des onze organismes répondants ont indiqué que la marihuana à des fins médicales est un
enjeu important pour eux. Des organismes de l’Ontario et de la C.-B. (2 en Ontario et 3 en C.B.) semblaient avoir beaucoup d’expérience sur la question. Toutefois, quatre organismes (2 dans
l’Arctique, 1 en Saskatchewan et 1 organisme de prévention en C.-B.) ont répondu que la marihuana
à des fins médicales n’avait pas retenu leur attention. En Saskatchewan, bien qu’aucune PAVVIH/sida
ne se soit informée à propos de la marihuana, on sait que certaines d’entre elles en consomment
à des fins thérapeutiques. Un répondant a noté que bien qu’ils aient de nombreux clients qui font
usage ou ont besoin de marihuana à des fins thérapeutiques, l’organisme n’a aucune politique sur
le sujet.Un organisme en Saskatchewan a observé que cet enjeu n’avait pas été soulevé. Dans la
région de l’Arctique, on compte quelques personnes qui consomment de la marihuana à des fins
médicales; toutefois, il ne s’agit pas encore d’un enjeu d’importance dans le Nord. Cette question
présentait également un enjeu pour un organisme offrant de la formation et de l’éducation dans
le domaine des maladies transmissibles sexuellement et du VIH/sida. Malheureusement, aucune
réponse ne nous est parvenue de l’Alberta ou du Manitoba.
2. Trois organismes ont mentionné que l’accès à une marihuana de qualité sans crainte d’une
intervention policière représente un enjeu d’importance pour les PAVVIH/sida. Un organisme de
services liés au sida en milieu urbain a déjà fait une réserve de formulaires de demande de licence
du gouvernement fédéral et soumis des recommandations à des clubs d’acheteurs de marihuana
à des fins médicales. Ce même organisme signale que leurs clients autochtones vivant avec le
VIH/sida qui utilisent la marihuana thérapeutique fournie par le gouvernement disent qu’elle est
de qualité inférieure à celle des clubs d’acheteurs qui offrent des souches multiples. Un autre
organisme qui est témoin d’une forte utilisation de marihuana à des fins médicales précise que ce
serait préférable qu’il existe un club autochtone d’acheteurs de marihuana thérapeutique. Un autre
répondant ayant de l’expérience dans le domaine a mentionné que le coût élevé de la marihuana
gouvernementale de qualité médiocre pose un problème. Un grand nombre de communautés ne
disposent pas d’une source sécuritaire et fiable de marihuana à des fins médicales (soit des clubs
d’acheteurs). Les clubs d’acheteurs de marihuana thérapeutique sont des centres de distribution
illégaux tolérés par la police, qui fournissent à titre compassionnel une variété de produits de
marihuana aux clients qui en sont menbres.
Deux organismes ont mentionné que dans les cas où une PAVVIH/sida veut avoir accès à de la
marihuana thérapeutique, le médecin refuse de signer le formulaire de demande. En vertu du
système actuel, les médecins sont les protecteurs du public et peuvent en fait devenir un obstacle
à l’accès pour les PAVVIH/sida. Les Autochtones des Premières nations qui possèdent des cartes
de traité veulent savoir pourquoi les Services de santé non assurés ne couvrent pas les dépenses
reliées à la marihuana thérapeutique.
« De nombreuses PAVVIH/sida de la région luttent toujours avec des dépendances
qui réduisent l’attrait de la marihuana thérapeutique. Certaines PAVVIH/sida utilisent
peut-être d’autres drogues illicites pour maintenir leur dépendance. Naturellement,
ce ne sont pas toutes les PAVVIH/sida aux prises avec des dépendances qui sont
en traitement. Nous ne voyons presque jamais de licences par ici. » - Organisme de
services liés au sida de la Saskatchewan.
Pour un grand nombre d’organismes autochtones, la marihuana thérapeutique est un enjeu qui
www. c a a n . c a
9
ne s’est jamais présenté. Les réponses à cette question ont permis de relever des différences
régionales en ce qui touche l’usage de la marihuana à des fins médicales.
En Saskatchewan, il a été mentionné que peu ou pas du tout de questions n’avaient été soulevées.
Dans les provinces de l’Atlantique, aucune question n’a été soulevée parce que personne n’en
parle. Dans l’Arctique, il semble exister des obstacles théoriques évidents à l’accès, mais aucun
exemple n’a été cité.
3. Lorsqu’on leur a demandé quel type d’information serait utile à leur organisme/communauté, les
répondants ont le plus souvent indiqué qu’ils avaient besoin d’un document d’information général
facile à comprendre sur la manière de travailler avec les médecins, d’information et d’une liste de
clubs d’acheteurs de marihuana thérapeutique au Canada ou de directives étape par étape sur la
façon d’avoir une carte afin de se procurer et/ou de cultiver légalement de la marihuana.
On a manifesté un certain intérêt à l’égard de la manière dont la marihuana thérapeutique peut
s’inscrire dans le traitement des dépendances et les approches de réduction des méfaits. Par
exemple, si des PAVVIH/sida cherchent à obtenir un traitement en établissement ou pour les
malades externes pour une dépendance au crack, la marihuana thérapeutique serait-elle alors une
option pour elles? Il serait intéressant que les organismes autochtones de services liés au sida
puissent obtenir des exemplaires des ressources sur la marihuana à des fins médicales qui circulent
lors des conférences sur la réduction des méfaits. Un organisme a précisé qu’il écrirait davantage
sur cette question s’il en savait plus sur son utilité comme outil de réduction des méfaits.
Une personne a suggéré que dans les régions où on constate une opposition ou un manque
de soutien à l’égard des PAVVIH/sida qui désirent utiliser la marihuana à des fins médicales,
nous pourrions offrir une séance d’information sur ses bienfaits thérapeutiques. Ce transfert de
connaissance devrait se rattacher à nos croyances traditionnelles et dans le cadre de ce processus,
pourrait promouvoir la compréhension des aînés. Par exemple, des parties de plantes telles que
des feuilles et des racines sont utilisées à des fins médicales depuis des milliers d’années par
les Autochtones. Comme un agent de dotation d’un OASLS l’a mentionné : « Nous pourrions
profiter de la contribution d’une personne qui viendrait présenter un atelier sur la marihuana
thérapeutique adapté à notre réalité culturelle. »
4 Des répondants ont indiqué que la meilleure façon d’orienter une PAVVIH/sida lorsqu’elles
s’interrogent sur la marihuana thérapeutique est de la référer à une autre PAVVIH/sida. Les
recommandations par des organismes autochtones sont limitées aux sites Web du gouvernement
ou à des clubs d’acheteurs là où ils sont disponibles.Dans un cas, un organisme a indiqué qu’il
préférerait diriger les PAVVIH/sida vers le Réseau canadien d’info-traitements sida (CATIE).
Toutefois, la plupart des organismes autochtones signalent qu’ils ont besoin de plus d’information
avant d’être en mesure de savoir où diriger les PAVVIH/sida ou toute autre personne qui posent
des questions sur la marihuana à des fins médicales. La moitié des répondants a déclaré ne pas
savoir où orienter ces personnes.
10
Un organisme a déclaré qu’il serait utile que l’un des membres de son personnel en apprenne
davantage sur la question afin de suggérer des recommandations et de donner des conseils. Certains
organismes reçoivent un peu d’information auprès de groupes d’intervention sur la marihuana à
des fins médicales. Un autre répondant a répondu qu’ils n’avaient pas assez d’information pour
être en mesure de faire une recommandation.
w w w. c a a n . c a
FAITS SAILLANTS
Bien que ces données n’aient pas été recueillies de façon scientifique, elles permettent de donner
des éclaircissements sur l’expérience et les besoins en matière d’information des communautés
autochtones en ce qui a trait à la marihuana à des fins médicales. On a toutefois constaté une tendance
perceptible : les différences aux plans de l’expérience et des attitudes semblent varier quelque peu
selon les régions. Cette tendance semble appuyer les différences régionales signalées dans l’Étude du
RCAS sur les questions liées aux soins, au traitement et au soutien des PAVVIH/sida.
Les organismes ont presque unanimement déclaré qu’ils avaient besoin de plus d’information sur la
marihuana à des fins médicales. Parmi l’information pratique qui serait utile, on compte une description
des bienfaits thérapeutiques, comment demander une licence, où se procurer un approvisionnement
sûr et comment collaborer avec les médecins qui sont parfois réfractaires à prescrire une substance
à laquelle un stigmate persistant est toujours associé. Certains organismes ont dit qu’ils ne savaient
pas vraiment où orienter les PAVVIH/sida qui voulaient en savoir davantage sur la marihuana
thérapeutique.
De nombreux organismes ont dit que la meilleure référence pour obtenir de l’information sur la
marihuana à des fins médicales est une autre PAVVIH/sida. Afin de donner un contexte plus personnel
aux données recueillies dans le présent document, le RCAS a jugé qu’il était nécessaire de former
un groupe composé de PAVVIH/sida pour discuter de la question. La section suivante présente les
commentaires des PAVVIH/sida à cinq questions spéciales qui leur ont été posées.
www. c a a n . c a
11
7. Groupe de discussion sur les
PAVVIH/sida et la marihuana à des
fins médicales
Le 28 septembre 2006, le RCAS a tenu, à Ottawa, un petit groupe de discussion formé de quatre
PAVVIH/sida. Deux d’entre elles détenaient une licence afin de posséder et de cultiver légalement la
marihuana à des fins médicales. La troisième était un fumeur occasionnel, alors que la quatrième n’avait
jamais utilisé de marihuana à des fins médicales.Au cours du repas, cinq questions leur ont été posées
afin de susciter un dialogue animé. Les questions ont été élaborées de façon spontanée en fonction du
dialogue qui avait précédé chacune d’elles.
LES QUESTIONS
1. Avez-vous l’impression qu’il y a suffisamment d’information qui circule à l’intention des PAVVIH/
sida qui veulent avoir accès à de la marihuana à des fins médicales?
2. Sur quels éléments ce document devrait-il être axé?
3. Si vous croyez qu’un stigmate est associé à la marihuana, que peut-on y faire?
4. «Que recommandez-vous aux PAVVIH/sida qui n’utilisent pas de marihuana et/ou qui suivent un
traitement pour dépendance et qui se sentent « provoquées » par l’usage de la marihuana à des
fins médicales?
5. Quelles sont les autres questions que nous devrions poser?
LE DIALOGUE
1. Les quatre personnes participantes s’entendaient pour dire qu’il n’y a pas assez d’information
destinée aux PAVVIH/sida. L’une d’entre elles ne savait même pas qu’il existait une source légale
d’approvisionnement de marihuana à des fins médicales pour des utilisateurs licenciés.
2. Les participants croyaient que c’était en grande partie les personnes vivant avec le VIH/sida qui
faisaient progresser cette question au plan politique. Ils ont dit que les personnes qui ont accès
à la marihuana à des fins médicales n’ont plus à prendre de risques dans la rue. Ils étaient d’avis
qu’elles étaient perçues comme des criminels alors qu’elles essayaient simplement d’obtenir un
médicament. Certains étaient d’avis que ce stigmate ne faisait qu’ajouter à celui qui entoure déjà le
VIH/sida. Ils pensaient que le document d’information pourrait servir à réduire le stigmate associé
à cette question.
3. Le fait de demander et d’obtenir une licence pour posséder et/ou cultiver légalement de la
marihuana peut, en soi, contribuer à réduire le stigmate associé à la marihuana à des fins médicales.
Même lorsqu’elles essaient de fumer discrètement de la marihuana, les PAVVIH/sida qui ont des
12
w w w. c a a n . c a
licences disent qu’elles attirent une attention non désirée de la part de représentants de l’autorité
tels que des policiers ou des agents de sécurité. Lorsqu’elles indiquent qu’elles ont une licence
pour en posséder, cette question suscite habituellement moins de discrimination. Une intervention
plus soutenue à l’égard des bienfaits de la marihuana à des fins médicales aiderait un plus grand
nombre de PAVVIH/sida à avoir accès légalement à de la marihuana thérapeutique en demandant
et en obtenant une licence. « Nous devrions également éduquer le public et les prestateurs de
services afin qu’ils comprennent que cela existe et que nous en avons le droit », d’expliquer une
PAVVIH/sida détentrice d’une carte au sein du groupe de discussion.
Les antécédents des peuples autochtones en rapport avec la consommation de substances illicites
et leur héritage destructeur peuvent contribuer à la difficulté pour nos communautés de percevoir
la marihuana comme un élément positif. Les PAVVIH/sida membres du groupe de discussion ont
convenu qu’il était avisé de se comporter discrètement par rapport à l’usage de la marihuana à
des fins médicales. À cause du stigmate associé à l’utilisation de marihuana, certaines personnes
ont de fortes réactions lorsqu’elles voient quelqu’un en train d’en fumer, légalement ou non. Les
participants au groupe de discussion ont convenu qu’il est important de poursuivre le dialogue
afin d’assurer un équilibre entre les PAVVIH/sida qui fument de la marihuana thérapeutique et les
personnes qui ont des inquiétudes relativement à sa consommation.
4. On sait que certaines PAVVIH/sida ont choisi de fumer de la marihuana à des fins médicales lors de
conférences ou de réunions sur le VIH/sida. Les personnes qui assistent à ces réunions ne sont pas
toutes à l’aise avec ce comportement. Par exemple, il y a des personnes qui ont déjà consommé
dans le passé et/ou qui suivent actuellement un traitement contre la dépendance. Certaines de
ces personnes ont indiqué qu’elles ne pouvaient pas tolérer que l’on consomme des substances
psychotropes, telle la marihuana, en leur présence.
Les membres du groupe de discussion se sont ralliés au fait que les PAVVIH/sida qui fument de
la marihuana à des fins médicales ne veulent pas offenser ou blesser qui que ce soit en le faisant.
Les souhaits des PAVVIH/sida qui n’utilisent pas de marihuana thérapeutique et/ou qui suivent
actuellement un traitement contre la dépendance méritent le respect. Une discussion animée a
suivi, et un grand nombre de recommandations possibles ont fait l’objet de discussion. Voici une
liste des mesures suggérées pouvant être prises par le RCAS.
Suggestions à l’intention du RCAS destinées aux personnes qui ne se sentent pas à l’aise
en présence de la marihuana à des fins médicales
Il faut noter qu’il s’agit de suggestions individuelles (et non obtenues par consensus) sur ce que pourrait
faire le RCAS pour composer avec les PAVVIH/sida qui fument de la marihuana à des fins médicales
ainsi qu’avec celles qui ne souhaitent pas être exposées inutilement à sa consommation.
•
•
•
•
•
•
Prévoir des pièces distinctes pour les PAVVIH/sida qui fument et celles qui ne veulent
qu’un lieu de détente
Élaborer des directives relatives à l’installation d’un fumoir, telles une limite de temps et
une capacité maximale
Informer tous et toutes qu’une salle sera destinée à la consommation de la marihuana
Prévoir la présence de conseillers
Élaborer une politique de réduction des méfaits
Aviser qu’il s’agit là des choses auxquelles on peut s’attendre
www. c a a n . c a
13
•
Afficher des règlements sur la consommation excessive de drogues qui établissent
une démarcation entre la consommation de drogues et la consommation excessive ou
l’utilisation abusive de drogues
• Code de conduite
• Examiner le rôle de la marihuana comme outil de réduction des méfaits pour les personnes
qui se rétablissent d’une consommation de drogues plus dures.
Les PAVVIH/sida qui ont participé au groupe de discussion ont suggéré l’élaboration d’une politique
de réduction des méfaits. Si la consommation de drogues devient un obstacle ou un empêchement
à la participation à un événement ou nuit à la capacité de fonctionner au sein du RCAS, des
mesures devraient être prises afin de corriger cette violation du CODE DE CONDUITE.
Certains suggèrent que l’usage de la marihuana peut contribuer à soulager les effets du sevrage
chez les personnes qui ont développé une dépendance aux drogues dures. Il faut toutefois user
de prudence, puisque certaines personnes risquent de ne tolérer aucun type de psychotropes,
une fois qu’elles ont développé une dépendance à d’autres substances. Jusqu’ici, aucune recherche
qui permettrait de corroborer cette idée n’a encore été effectuée. Des recherches plus poussées
s’imposent donc.
5. Les PAVVIH/sida du groupe de discussion ont formulé les questions ci-après que le RCAS devrait
poser à propos de la marihuana à des fins médicales.
•
•
•
•
•
•
Quelles expériences les PAVVIH/sida ont-elles des solutions de rechange, tels les dérivés
de THC ou autres produits pharmaceutiques?
Quel est le rôle de l’organisme dans tout cela?
Sur quels types de soutien les PAVVIH/sida pourront-elles compter?
Que dire des questions liées à la responsabilité telles que l’assurance ou les établissements
contre le VIH/sida?
Pourrait-on examiner le rôle de la marihuana comme outil de réduction des méfaits pour
les personnes qui tentent de délaisser les drogues plus dures?
Que dire des centres de traitement de la toxicomanie qui refusent les utilisateurs de
marihuana à des fins médicales dans leurs programmes?
FAITS SAILLANTS
Le groupe de discussion a révélé certaines choses que nous soupçonnions déjà, mais a aussi formulé
des idées et des suggestions que l’on n’avait pas encore entendues. Les quatre PAVVIH/sida du groupe
s’entendaient pour dire qu’il n’y avait pas assez d’information qui circule sur le sujet. Ils ont dit que
le document d’information sur la marihuana à des fins médicales pourrait commencer à réduire le
stigmate associé à cet enjeu. Trois des participants à ce groupe ont dit qu’il leur est arrivé de se sentir
comme des criminels aux yeux des autres personnes parce qu’ils utilisaient de la marihuana à des fins
médicales.
14
w w w. c a a n . c a
Deux participants ont dit que le processus de demande et la réception d’une licence pour posséder
et/ou cultiver de la marihuana à des fins médicales est une démarche stressante , mais qui permet de
réduire le stigmate qui entoure son usage. Trois d’entre eux ont dit que fumer de la marihuana attire
presque toujours l’attention, peu importe s’ils essaient de le faire avec discrétion. Ils ont dit que le
public doit faire preuve d’une certaine tolérance à l’égard de l’utilisation de la marihuana puisqu’ils en
ont le droit. Que son usage soit légal ou non, le fait de voir des PAVVIH/sida fumer de la marihuana
peut susciter de fortes émotions au sein de nos communautés autochtones. Les effets négatifs de
l’expérience autochtone avec un usage chaotique de substances illicites ne font qu’ajouter au stigmate
et à l’approche prudente qui est celle de la plupart des personnes autochtones qui essaient de
comprendre les enjeux reliés à la marihuana à des fins médicales. Pour ajouter à la complexité du sujet,
quelqu’un a mentionné qu’il serait intéressant d’examiner le rôle éventuel de la marihuana comme
outil de réduction des méfaits dans le cas des personnes qui se rétablissent d’une consommation de
drogues dures.
Il a été mentionné qu’aucune PAVVIH/sida ne veut déranger qui que ce soit ou mettre quelqu’un
mal à l’aise en fumant de la marihuana à des fins médicales. On sait aussi que certaines personnes
RÉAGISSENT négativement lorsqu’elles voient des PAVVIH/sida fumer de la marihuana. On a fait de
nombreuses suggestions sur la façon d’éviter ces types de situation lors d’événements auxquels les
PAVVIH/sida participent en mettant à leur disposition un fumoir ainsi qu’un autre lieu réservé à la
détente, en éduquant et en informant les participants lors des événements, en élaborant une politique,
en affichant des règlements, etc. Il a été convenu que le RCAS devrait faciliter un dialogue en vue de
déterminer la meilleure manière d’aborder le fait que certaines personnes se sentent plus vulnérables
lorsqu’elles voient des PAVVIH/sida fumer de la marihuana à des fins médicales.
Les membres du groupe de discussion ont déclaré que c’était en grand partie les militants du VIH/sida
et les personnes vivant avec le VIH/sida qui ont été les porte-parole les plus actifs sur le plan politique
en rapport avec cet enjeu.Voici un bref survol de la réponse du gouvernement du Canada à la demande
du public d’un accès à la marihuana à des fins médicales.
www. c a a n . c a
15
8. La réponse de Santé Canada et du
gouvernement fédéral
Santé Canada autorise l’accès à la marihuana à des fins médicales aux patients souffrant de maladies
graves et débilitantes. Il faut noter que le Règlement sur l’accès à la marihuana à des fins médicales
porte uniquement sur l’usage médical possible de la marihuana dans des conditions précises. Il ne traite
aucunement de la légalisation ou de la décriminalisation pour l’usage plus général.
Pour en savoir davantage sur le Règlement et toute modification récente, consultez la page consacrée
exclusivement aux Lois et Règlements . Cette information se touve sur le site Web de Santé Canada
à www.hc-sc.gc.ca, Médicaments et produits de santé, Usage de la marihuana à des fins médicales à
http://www.hc-sc.gc.ca/dhp-mps/marihuana/index_f.html.
Le Règlement décrit deux catégories de personnes pouvant présenter une demande de possession
de marihuana à des fins médicales. Aux fins du présent document, le RCAS insistera principalement
sur la catégorie 1 qui est la plus représentative des PAVVIH/sida qui demandent cette autorisation. Un
demandeur peut obtenir de la marihuana du gouvernement; cette personne peut cultiver ses propres
plants ou désigner une personne pour en faire la culture pour elle. Ceci doit être indiqué dans la
demande.
Catégorie 1 : Cette catégorie concerne les demandeurs atteints d’une maladie en phase terminale ou
ceux dont les symptômes sont reliés aux conditions médicales énumérées en annexe du Règlement,
notamment 
•
•
•
•
•
•
•
Sclérose en plaques - douleur aiguë et/ou spasmes musculaires persistants;
Lésion de la moelle épinière - douleur aiguë et/ou spasmes musculaires persistants;
Maladie de la moelle épinière - douleur aiguë et/ou spasmes musculaires persistants;
Cancer - douleur aiguë, cachexie, anorexie, perte de poids et/ou nausées violentes;
Sida/infection au VIH - douleur aiguë, cachexie, anorexie, perte de poids et/ou nausées
violentes Formes graves d’arthrite - douleur aiguë ; et/ou
Épilepsie - convulsions.
Les demandeurs doivent fournir une déclaration d’un médecin appuyant leur demande.
Catégorie 2 : Cette catégorie touche les demandeurs qui présentent des symptômes pathologiques
graves autres que ceux décrits dans la catégorie 1. Pour la catégorie 2, les demandeurs qui présentent
ces symptômes graves peuvent faire une demande de possession de marihuana séchée à des fins
médicales, si le médecin spécialiste confirme le diagnostic et que les traitements conventionnels ont
échoué ou sont considérés inadéquats pour soulager les symptômes de la condition médicale. Il est
entendu qu’une évaluation par un spécialiste est requise. Le spécialiste peut signer la déclaration
médicale, mais elle peut aussi être signée par le médecin traitant non spécialiste.
(Extrait le 27 janvier 2006 de http://www.hc-sc.gc.ca/dhp-mps/marihuana/index_f.html)
Il existe différents formulaires de demande selon le type d’accès souhaité. Cela peut créer de la
confusion au premier abord. Au moment de remplir la demande, il suffit de lire les directives avec
16
w w w. c a a n . c a
attention et de s’assurer de rassembler tous les documents d’accompagnement qui sont requis. Une
demande remplie avec soin favorisera un traitement rapide. Pour toute question sur le processus de
demande ou l’accès à la marihuana à des fins médicales en général, communiquez sans frais avec le
1-866-337-7705 ou par télécopieur, au (613) 952-2196.
Une fois remplies, les demandes doivent être expédiées à l’adresse suivante :
Division de l’accès médical à la marihuana
Programme de la stratégie antidrogue et des substances contrôlées
Indice de l’adresse #3503B
Ottawa (Ontario)
K1A 1B9
www. c a a n . c a
17
9. Conclusions
« Nous n’essayons pas de promouvoir la toxicomanie. Nous essayons plutôt de susciter
la compasssion des gens. Ce médicament m’aide à vivre avec le VIH, » - Répondant
autochtone vivant avec le VIH/sida
Les personnes autochtones vivant avec le VIH/sida signalent qu’elles retirent des bienfaits de la
marihuana inhalée sous forme de fumée, aux plans de l’appétit, du sommeil, du soulagement de la
douleur, des effets spirituels et de la santé mentale. Le gouvernement du Canada a mis en place un
Règlement ainsi qu’un processus au moyen duquel on peut demander d’avoir accès à la marihuana à
des fins médicales. Ce document d’information sur la marihuana à des fins médicales devrait apporter
des éclaircissements sur le sujet, afin que le conseil d’administration du RCAS puisse comprendre
toute la portée de cet enjeu, au moyen de la lentille culturelle de la communauté autochtone.
Les données présentées ici ont été recueillies au moyen de l’Étude du RCAS sur les questions liées aux
soins, au traitement et au soutien des PAVVIH/sida, d’un petit groupe de discussion formé de PAVVIH/
sida et d’un questionnaire distribué à 22 organismes communautaires autochtones qui servent les
PAVVIH/sida. Une brève analyse de ces trois sources d’information a permis de révéler un taux élevé
d’utilisation de la marihuana à des fins médicales (près d’un tiers des PAVVIH/sida, d’après l’Étude du
RCAS sur les STS).
Bien que les données n’aient pas été recueillies de façon scientifique, les réponses au questionnaire
organisationnel du RCAS et du petit groupe de discussion semblaient appuyer une grande partie de
l’analyse effectuée dans le cadre de cette étude. D’après celle-ci, les HAVVIH/sida ont tendance à
faire usage et à avoir besoin de marihuana à des fins médicales à des taux plus élevés que les femmes
autochtones vivant avec le VIH/sida, et les personnes dont les charges virales sont plus élevées indiquent
également des taux d’utilisation plus élevés.Les PAVVIH/sida ont aussi rapporté de nombreux obstacles
logistiques à l’accès à la marihuana à des fins médicales. On a également constaté des tendances
régionales : le soutien à l’égard des PAVVIH/sida qui utilisent la marihuana à des fins médicales est plus
marqué dans les grands centres urbains où on retrouve des clubs d’acheteurs (ceux-ci sont illégaux,
mais tolérés par la police).
Les participants au groupe de discussion des PAVVIH/sida organisé par le RCAS ont indiqué que les
personnes qui assistent aux réunions autochtones ne sont pas toutes à l’aise avec le fait que des PVVIH/
sida fument ouvertement de la marihuana à des fins médicales, peut-être à cause du stigmate associé à
son utilisation. Les antécédents de consommation de drogues chez les personnes autochtones et leur
héritage destructeur peuvent contribuer à ce stigmate. Mais en général, les PAVVIH/sida qui fument
de la marihuana à des fins médicales ne veulent pas offenser ou blesser qui que ce soit en le faisant. Il
a donc été recommandé que le RCAS facilite un dialogue plus ouvert afin d’en arriver à l’élaboration
d’une politique ou d’intégrer cet enjeu à des documents de politique plus larges, sur la réduction des
méfaits par exemple.
Les organismes de services autochtones ont identifié un certain nombre de questions au moyen
d’un court questionnaire du RCAS. Tous ont souligné la nécessité d’une plus grande information sur
la marihuana à des fins médicales, d’une information pratique, en particulier. Certains organismes ne
savent absolument rien de la question et ne savent pas où référer une personne qui aurait besoin de
18
w w w. c a a n . c a
plus d’information, alors que d’autres sont tout à fait au courant de la situation et offrent de l’aide pour
remplir les formulaires et agir à titre de porte-parole pour leurs clients autochtones vivant avec le VIH/
sida qui font usage de marihuana à des fins médicales.Certains des organismes autochtones de services
liés au sida en milieu urbain ont révélé qu’un grand nombre de clients qui utilisent l’approvisionnement
légal du gouvernement fédéral d’une souche unique de marihuana à des fins médicales déclarent qu’elle
est de faible qualité et ne répond pas à leurs besoins. Ceci amène donc les PAVVIH/sida qui ont une
licence à fréquenter les clubs d’acheteurs de marihuana à des fins médicales qui sont illégaux, mais
tolérés par la police.
Il peut être avisé d’essayer d’équilibrer les besoins et les droits des PAVVIH/sida à l’égard de la marihuana
à des fins médicales et ceux des personnes qui ne sont pas à l’aise avec le concept. Les PAVVIH/sida qui
utilisent la marihuana à des fins médicales espèrent que ce document d’information réduira le stigmate
qui entoure cette question. Ce document est un premier pas important dans la compréhension de ces
enjeux avant de prendre position sur le sujet.
www. c a a n . c a
19
10. Liens
www.caan.ca
www.cdnaids.ca/web/casmisc.nsf/pages/cas-gen-0112
Usage de la marihuana à des fins médicales
http://www.hc-sc.gc.ca/dhp-mps/marihuana/index_f.html
Santé Canada autorise l’accès à la marihuana à des fins médicales aux patients souffrant de maladies
graves et débilitantes. Il faut noter que le Règlement sur l’accès à la marihuana à des fins médicales
porte uniquement sur l’usage médical possible de la marihuana dans des conditions précises. Il ne
traite aucunement de la légalisation ou de la décriminalisation pour l’usage plus général.Pour en savoir
davantage sur le Règlement et toute modification récente, consultez la page consacrée exclusivement
aux Lois et Règlements .
L’information suivante est pertinente pour les demandeurs et les intervenants, tels que les professionnels
de la santé et les corps policiers.
Au sujet de la marihuana à des fins médicales
Comité consultatif d’experts sur la marihuana à des fins médicales
Approvisionnement de Santé Canada en marihuana
Comment faire une demande
Questions concernant l’application de la loi
Stratégie de recherche sur les questions liées à la marihuana à des fins médicales
Statistiques des intervenants
L’accès à la législation et à la réglementation entourant la marihuana est géré à Santé Canada par la
Division de l’accès médical à la marihuana. Si vous désirez de plus amples informations concernant
l’usage de marihuana à des fins médicales, veuillez communiquer avec la Division de l’accès médical à
la marihuana.
20
w w w. c a a n . c a
11. Références
Réseau canadien autochtone du sida, 2005 – Rapport de recherche intitulé « Les questions liées aux
soins, au traitement et au soutien des personnes autochtones vivant avec le VIH/sida »
Société canadienne du sida (SCS)
www.cdnaids.ca
Rapport – Le cannabis comme thérapie pour les personnes vivant avec le VIH/sida : « Notre droit,
notre choix » 2006
Afin de répondre à certains des besoins d’information identifiés sur l’usage du cannabis à des fins
médicinales, nous avons produit une série de feuillets d’information sur le cannabis et le VIH-sida :
Feuillet d’information # 1 – L’usage du cannabis à des fins médicinales
Feuillet d’information # 2 – Comment faire la demande pour utiliser légalement du cannabis à des fins
médicinales
Feuillet d’information # 3 – Comment parler de cannabis médicinal à votre médecin
Feuillet d’information # 4 - Information à l’intention des médecins
Feuillet d’information # 5 – Où se procurer du cannabis à des fins médicinales
Feuillet d’information # 6 – Quelques conseils pour une utilisation plus sécuritaire et une meilleure
santé
Feuillet d’information # 7 – Cuisiner avec du cannabis
Feuillet d’information # 8 – Conseils pour cuisiner le cannabis de manière sécuritaire
Feuillet d’information # 9 – Le stigmate et la discrimination liés à l’utilisation du cannabis
www. c a a n . c a
21
Notes
22
w w w. c a a n . c a