SPÉCIAL IMMOBILIER TOULOUSE
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SPÉCIAL IMMOBILIER TOULOUSE
SPÉCIAL IMMOBILIER TOULOUSE EMMANUELLE LASSALLE-MICHEL Présidente de la Fnaim HauteGaronne Le Nouvel Observateur Pouvez-vous nous décrire le marché immobilier toulousain en ce moment ? Emmanuelle Lassalle-Michel Grâce à notre observatoire, nous avons passé au crible depuis le début de l’année environ un millier de transactions effectuées dans près de 200 agences de notre réseau. Il en ressort que les prix restent extraordinairement stables : ils n’ont baissé que de 0,3% entre le premier et le deuxième trimestre. En revanche, nous avons constaté dans l’intervalle que le budget moyen consacré à l’achat d’une maison a aug menté de 6% à Toulouse et de 1% dans la périphérie, tandis qu’il a baissé de 6% dans le reste du département. Enfin, les délais s’allongent entre le compromis et la vente : nous sommes maintenant entre quatre et cinq mois, contre trois mois auparavant. Mais le marché reste dynamique. Comment analysez-vous ces données ? Une piste, pour expliquer l’augmentation des budgets, c’est que les gens qui occupent le marché en ce moment sont plutôt des secundo-accédants, des personnes âgées, des gens qui ont un haut niveau de liquidités. En revanche, pour les plus jeunes, on note un durcissement des conditions de prêt de la part des banques. Ce qui explique sans doute l’allongement des délais jusqu’à l’aboutissement des transactions. Comment se situe Toulouse par rapport aux autres métropoles régionales ? Les prix de l’immobilier toulousain sont moins élevés qu’à Bordeaux depuis trois années consécutives. Par ailleurs, nous ne sommes arrivés au niveau de prix de Marseille que depuis cette année. Plusieurs facteurs l’expliquent : à Toulouse, la rénovation des bâtiments s’opère de façon très lente. Contrairement à Bordeaux, la loi Malraux, qui donne des avantages fiscaux importants à ceux qui rénovent les bâtiments anciens, n’y est pas appliquée. Ensuite, à Toulouse, on peut noter la mitoyenneté de certains quartiers très différents (par exemple Saint-Michel côtoie Empalot). Cette proximité explique le rééquilibrage des prix. PROPOS RECUEILLIS PAR B. G. Le Nouvel Observateur tout de même que « le volume d’activité est en baisse de l’ordre de 10 à 15% au 2e trimestre 2011 par rapport à 2010, mais on ne parle pas encore de fléchissement. Par ailleurs, les prix sont restés stables, avec une simple augmentation entre 2 et 6% depuis le début de l’année. » Des prix stables, c’est aussi ce qui ressort du marqueur de la Fédéra tion nationale de l’immobilier (Fnaim). La chambre départementale de la Haute-Garonne vient en effet de mettre en place le premier observatoire des prix de l’immobilier constatés dans ses agences adhérentes. Verdict ? Le prix moyen des appartements anciens à Toulouse s’élevait entre mars et juin dernier à 2 586 euros/m 2. « Un prix qui ne varie pas d’un iota depuis le début de l’année », pointe Emmanuelle Lassalle-Michel, présidente de la Fnaim Haute-Garonne. En réalité, le changement de taille constaté en ce moment, c’est le profil des acheteurs… Le marché est alimenté essentiellement par des reventes. Exit les primo-accédants, donc ! Pour ceux qui cherchent encore, les temps sont plus difficiles. Karine et Marc en ont fait l’amère expérience. « Nous avions trouvé le nid de nos rêves, un T3 de 65 m2 pour 195 000 euros, et, malgré nos 15% d’apport et nos CDI, la banque a refusé de nous accorder le prêt. Pour l’instant, on arrête tout et on verra plus tard pour devenir propriétaires », racontent-ils, dépités. Ce durcissement des conditions de prêt n’échappe à personne. « Les jeunes qui ne sont pas aidés par leur famille ont aujourd’hui beaucoup de mal à devenir propriétaires », pointe Philippe Pailhès. Nicolas Pugliese, directeur de l’agence du courtier en crédit Cafpi à Toulouse, fait le même constat : « Les primo-accédants ne représentent plus que 25% de nos clients, contre 40% habituellement sur le marché toulousain. Il est clair qu’avec la légère augmentation des taux que nous avons connue ils empruntent maintenant à 4,15% au lieu de 3,60% sur vingt-cinq ans, et ont donc perdu entre 4 000 et 5 000 euros de pouvoir d’achat », observet-il. Plus à l’aise et plus nombreux en ce moment pour acheter, les cadres et les retraités, qui n’hésitent pas à se séparer de grosses maisons pour financer un deuxième achat. Comme ce couple qui a vendu sa maison à Beaupuy pour un appartement de 113 m2 avec une terrasse à Balma. Et cet autre couple, qui souhaitait se rapprocher de ses enfants : « Ils ont vendu une grande maison et se sont mis en location en attendant que leur appartement soit livré. Mieux vaut tenir que courir, selon eux », raconte Andrée Dardé de l’agence Balma Immo. En effet, l’autre tendance du moment, c’est la prudence. « Echaudés par la crise de 2008-2009, les propriétaires n’ont presque plus recours aux prêts-relais. Ils vendent leurs biens d’abord pour avoir l’apport nécessaire ou refinancer l’achat suivant », constate Lucile Laborie, directrice de l’agence toulousaine Meilleurstaux.com. Même les investisseurs semblent moins actifs et plus attentifs aux prix, y compris dans l’ancien et les quartiers les plus recherchés de Toulouse. Prêts à investir sur des petites surfaces, ils ne passent à l’action que sur des petits prix, « plus question pour eux de grimper à 4 000 euros/m2 », constate JeanClaude Delacroix, de l’agence du même nom. Le marché immobilier neuf est quant à lui en nette érosion depuis le début de l’année. Selon les dernières données publiées par l’Observer de l’immobilier toulousain, les ventes de logements neufs étaient en baisse de 20% au premier tri mestre 2011, avec 1 343 ventes contre 1 680 en 2010. Mais, selon Alexandra François-Cuxac, la présidente de l’observatoire, ce repli s’explique par la conjonction de plusieurs fac teurs : « Une forte baisse de l’offre au 4e trimestre de 2010 d’une part, la fin du Pass-Foncier, le timide démarrage du nouveau PTZ+ et des stocks en cours de reconstitution », analyse-t-elle. Sans oublier un intérêt moins vif des investisseurs pour le dispositif Scellier, « raboté » en 2011, mais qui devrait repartir en fin d’année. Les prix du neuf connaissent, quant à eux, une légère pro gression, avec un prix moyen de 3 367 euros/m2 hors parking à Toulouse, soit environ 30% de plus que dans l’ancien ! BÉATRICE GIRARD DR II