Appel à publication- Revue de la Régulation
Transcription
Appel à publication- Revue de la Régulation
Appel à publication Revue de la Régulation Dossier Economie politique de l’Asie RESPONSABLES : Pierre Alary Elsa Lafaye de Micheaux Ce dossier offre une chambre d'écho, dans une revue d'économie généraliste, aux recherches, anciennes et récentes, en économie politique sur l'Asie. L'Asie est certainement un terrain où « l’hétérodoxie a gagné », où la notion d’Etat développeur a du sens, Chalmers Johnson, Japan: Who Governs? – The Rise of the Developmental State (1995). En plein Consensus de Washington la Banque mondiale reconnaît, certes du bout des lèvres, le rôle positif joué par les Etats respectifs dans le Miracle Asiatique (1993). Depuis vingt ans la Chine, au socialisme de marché, occupe une place grandissante dans l’économie régionale et modifie la donne en accusant le trait : on peut se demander si le débat entre Etat et marché n'est pas révolue en Asie pour laisser place à d'autres questions, à la fois plus circonscrites et plus circonstanciées. Cet extraordinaire puissance du développement chinois ne doit pas laisser dans l’ombre, du point de vue de la recherche, la variété des systèmes économiques et des formes institutionnelles qui composent cette région, zone immense composée par l’Asie du Sud, l’Asie du Sud-est et l’Asie orientale. Plusieurs thèmes de recherches nous semblent pouvoir alimenter ce dossier : 1. La question du rôle de l’Etat Les travaux pionniers et déterminants de Wade (Governing the Market), d’Alice Amsden (the Rise of the Rest), de Peter Evans, T.Sckokpol et E. Rushmeieir (Bringing the State Back In), K.S. Jomo (A Question of Class) ou Ha Joon Chang (Institutional Development) nous semblent trop peu connus, ou en tous les cas rarement cités en dehors des publications proprement consacrées au développement asiatique. Or ils ont fortement participé à l’essor d’un institutionnalisme non northien en économie politique contemporaine américaine, britannique et asiatique. Leurs travaux articulent des recherches sociologiques, économiques, politistes et historiennes d’une manière différente de ce que la jeune pratique de recherche française (si l’on n’ose parler déjà de tradition institutionnaliste) et néanmoins très proche. Leur synthèse comparative reste à faire en français. D’autre part, des étude de cas de « l’Etat développeur » en Asie peuvent trouver leur expression, à travers l’étude de politiques économiques au long cours, en particulier le rôle des programmes de planification en Asie (Inde, Malaisie, etc.) . La crise de 1997 et les réponses différenciées des Etats, aux recommandations et conditions posées par le FMI, peuvent être comparées aux réactions publiques récentes face aux effets de la crise des subprimes. Le désengagement ou l’engagement supplémentaire de l’Etat dans l’activité économique pose de nombreuses questions. Enfin l’étude des appareils bureaucratiques respectifs, de la transformation en cours des instruments du pouvoir, sous l’effet de la mondialisation des normes de gestion publique (dont les vecteurs concrets restent à identifier), mais aussi de la diffusion de normes issues du modèle chinois, peut être un terrain à explorer. 2. Entrepreneuriat et pouvoir politique La question de la caractérisation des capitalismes en Asie est un sujet à la fois récurrent, pluridisciplinaire et cette perspective est stimulante pour le courant régulationniste. Dans une région où, pour illustrer l’étroite combinaison des aspects institutionnels, politiques et sociologiques, très tôt, de formes singulières de capitalismes furent identifiées : le Crony Capitalism (« capitalisme de copinage », mettant à jour les collusions d’intérêt entre classes politiques et milieux d’affaire) ou le State capitalism . La question du clientélisme et du patronage politique de l’économie est un chantier largement ouvert (en Malaisie depuis les années 90s). A la lumière des fortes avancées théoriques récentes portées par B. Hibou (Anatomie de la domination, 2011) mais aussi en soulignant l’apport des classes d’entrepreneurs comme l’avait montré pour Taiwan G. Guiheux (Les grands entrepreneurs chinois à Taiwan, 2002) il conviendrait de prolonger les recherches dans cette voie. 3. Conséquences nationales de l’intégration régionale La rapidité de l’insertion dans la mondialisation des économies émergentes d’Asie, leur diversité (en termes de niveau de vie, de taille, de spécialisation) et leurs étroites interrelations posent de nombreuses questions académiques. Par exemple, l'évolution de la place relative du Japon. Celles-ci s’expriment en termes d’intégration régionale, cf. Yang Jiang (Sub-regional Economic Integrations), John Ravenhill (The New East Asian Regionalism: Much Ado About Nothing?). Approfondir les connaissances à ce titre semble intéressant avec un accent mis sur le lien avec le développement local des différents pays. Le développement local participe à la diversité des systèmes économiques singuliers. 4. Les effets de la puissance chinoise Par rapport à l’intégration régionale et mondiale comme le montrent R. Boyer (How Does China's Growth and Innovation Strategy Affect the World Economy?) ou Yang Jiang (China’s Move to Preferential Trading), le poids de la Chine est sans doute à traiter à part. Les effets locaux de la nouvelle puissance chinoise sont innombrables et parfois extrêmement sensibles. Qu’elle se fasse sentir par l’intermédiaire du commerce, des investissements, des multinationales, de la coopération économique ou de la diffusion de nouvelles normes économiques et politiques, dans le paysage régional, la Chine est aujourd’hui l’un des plus forts vecteurs de changements économiques et sociaux. 5. La mutation rapide des sociétés asiatiques Il sera enfin possible d’alimenter le dossier Asie avec certains des nouveaux enjeux contemporains liés à l’évolution des sociétés asiatiques. Id est : l’amélioration des conditions de vie, la dynamique des inégalités, les migrations, l’écologie, l’urbanisation ou encore la transformation des sociétés agraires en cours (thèmes donnés à titre indicatif mais non limitatif). Instructions aux auteurs : Les articles soumis ne doivent pas dépasser 10000 mots (notes, références bibliographiques, annexes, tableaux et figures inclus). Les articles doivent être envoyés à Anaïs Paly ([email protected]), "REVUE DE LA REGULATION" (http://regulation.revues.org/). Merci d'adresser vos propositions d’articles avant le 25 mai 2012.