La lettre à Diognète. -1- Les chrétiens, âme du monde - Coptica
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La lettre à Diognète. -1- Les chrétiens, âme du monde - Coptica
ISSN 1156-4059 internet: http://coptica.free.fr courriel: [email protected] Montpeyroux 04 67 96 68 22 1er & 3è dimanches du mois: Office à 11h Les autres dimanches selon disponibilité: se renseigner En semaine Office de l'encens selon disponibilité: se renseigner Nîmes: 04 66 28 92 31 se renseigner Dimanche 2 février: Sainte Rencontre ¿ Offrande de l'encens, bénédiction des cierges & Sainte Oblation à 11H ¿ Soudain viendra en son temple, le Seigneur que vous cherchez. Dimanche 9: 5è O, saint Abba Paphnuce, moine d'Egypte & sainte Thaïs, pénitente Que votre foi soit fondée, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu Dimanche 16: 6è O, saint Siméon, évêque de Jérusalem, saint Honeste, prêtre au Pays Basque ¿ Offrande de l'encens & Sainte Oblation à 11H ¿ Béni celui qui met sa confiance dans le Seigneur Dimanche 23: 7è O, saint Polycarpe, évêque de Smyrme Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je Suis Saint Dimanche 2 mars: 8è O, saint Dioscore, martyr à Alexandrie ¿ Offrande de l'encens & Sainte Oblation à 11H ¿ Ne portez pas de jugement prématuré, attendez la venue du Seigneur La gaité n'est pas un péché, au contraire, elle chasse la fatigue, et, de la fatigue provient le découragement, rien de pire! Ne suivons pas la voie du découragement: Le Christ a tout vaincu. Il a ressuscité Adam. Il a restauré Eve dans sa dignité. La mort, il l'a mise à mort. Séraphim, moine de Sarov N° 303 Février 2014 La lettre à Diognète. -1- Les chrétiens, âme du monde La lettre à Diognète a été retrouvée dans un manuscrit du XIIIe ou du XIVe siècle, découvert dans une poissonnerie de Constantinople. Il reproduisait probablement un texte du VIIe qui, passé des mains de Jean Reuchlin vers 1560 dans l’abbaye de Munster en Alsace, puis entre 1793 et 1870, dans la bibliothèque de Strasbourg, disparut dans un bombardement de cette ville, le 24 août 1870. Il nous en reste présentement deux copies prises sur l’original: l’une, conservée à la bibliothèque de Tubingen, l’autre, aujourd’hui à la bibliothèque de Leyde. L’Epître à Diognète, dans le Codex Argentorat. 9 (cote de la bibliothèque de Strasbourg), était annexé aux œuvres de saint Justin. On a donc attribué ce document à l'apologiste romain jusqu'à ce que la critique y trouve des reproches. Les patrologues récents le considèrent comme un texte anonyme. Toutefois, il est admis sans conteste, grâce à la critique interne, que l’auteur a vécu au IIe ou au IIIe siècle. Nous ne savons pas qui est Diognète. Il a posé à son ami chrétien Justin (ou un autre), trois questions: -Quel est véritablement le culte des chrétiens, pourquoi rejettent-ils celui des païens et des juifs? – comment comprendre l'amour du prochain? – le christianisme, religion tardive, pourquoi? Notre auteur y répond avec grande simplicité sans polémique, il ne donne pas de théorie, il expose tranquillement la vie spirituelle du disciple du Christ. Au lieu d'arguments ou de dialectique, il laisse sa foi exposer sa vérité et la vie qui l'anime, vie de joie et de confiance. En préambule de sa réponse, il veut parler directement au cœur de Diognète: "Quand tu seras dégagé de tous les préjugés qui t'assiègent, et libéré du poids des habitudes qui t'égarent et présentent un obstacle à la vérité, enfin quand tu seras devenu un homme nouveau semblable à celui qui vient de naître, puisque de ton aveu la parole que tu vas entendre est nouvelle pour toi, considère des yeux de l'esprit et du corps…" Alors, il entreprend de démonter le culte des idoles sans démonstrations intellectuelles, il se contente de paraphraser le psalmiste: "les idoles sont de l'argent et de l'or, œuvres de la main de l'homme. Elles ont une bouche, mais ne parlent pas, des yeux et ne voient pas." –Ps 115 (septante 113)-. Pour expliquer pourquoi les chrétiens ne suivent pas les coutumes des juifs, notre auteur se rend aux arguments pauliniens: les sacrifices sont inutiles à Dieu, les nombreuses observances sont peu dignes de la hauteur de la divinité, enfin se glorifier de la circoncision comme du sceau de l'élection divine parait déraisonnable. Heureusement, il concède que "les Juifs, il est vrai, n'adorent pas les idoles stupides, ils ne reconnaissent qu'un Dieu, ils le regardent comme le maître, l'arbitre de l'univers." L'auteur en vient au culte des chrétiens: les fidèles constituent un peuple nouveau, à première vue, il est pourtant difficile de les reconnaître, puisqu'ils suivent en tout les règles de conduite qui sont celles des lieux où ils habitent, mêmes vêtements, même langue, même nourriture, même culture. Ils habitent leur patrie comme des voyageurs: s'ils respectent les lois et les coutumes locales, cependant leur éthique va plus loin. "Les Chrétiens ne sont distingués du reste des hommes ni par leurs pays, ni par leur langage, ni par leur manière de vivre; ils n'ont pas d'autres villes que les vôtres, d'autre langage que celui que vous parlez; rien de singulier dans leurs habitudes; seulement ils ne se livrent pas à l'étude de vains systèmes, fruit de la curiosité des hommes, et ne s'attachent pas, comme plusieurs, à défendre des doctrines humaines. Répandus, selon qu'il a plu à la Providence, dans des villes grecques ou barbares, ils se conforment, pour le vêtement, pour la nourriture, pour la manière de vivre, aux usages qu'ils trouvent établis, mais ils placent sous les yeux de tous l'étonnant spectacle de leur vie toute angélique et à peine croyable. Ils habitent leurs cités comme étrangers, ils prennent part à tout comme citoyens, ils souffrent tout comme voyageurs. Pour eux, toute région étrangère est une patrie, et toute patrie ici-bas est une région étrangère. Comme les autres, ils se marient, comme les autres, ils ont des enfants, seulement ils ne les abandonnent pas. Ils ont tous une même table, mais pas le même lit. Ils vivent dans la chair et non selon la chair. Ils habitent la terre et leurs conversations sont dans le ciel. Soumis aux lois établies, ils sont par leurs vies, supérieurs à ces lois. Ils aiment tous les hommes et tous les hommes les persécutent…" Ainsi les chrétiens ne se distinguent pas des autres citoyens par des pratiques particulières que nous appellerions aujourd'hui communautaires, mais par la vertu de leurs mœurs. Ils respectent la loi (sauf quand elle oblige à des actes contraires aux œuvres de la foi, les martyrs le montrent) mais en étant plus exigeant que la loi. Ceci sans revendication d'imposer aux autres leur morale, si ce n'est par l'exemple d'une vie exemplaire. C'est par l'exemple que le monde peut être conquis à la pureté de la Vérité. L'auteur de la lettre à Diognète possède un optimisme conquérant par la confiance qu'il met dans l'attitude des chrétiens: "Pour tout dire, en un mot, les chrétiens sont dans le monde ce que l'âme est dans le corps: l'âme est répandue dans toutes les parties du corps, les chrétiens sont dans toutes les parties de la terre; l'âme habite le corps sans être du corps, les chrétiens sont dans le monde sans être du monde. L'âme, invisible par nature, est placée dans un corps visible qui est sa demeure. Vois les chrétiens pendant leur séjour sur la terre, mais leur culte, qui est tout divin, ne tombe pas sous les yeux. La chair, sans avoir reçu aucun outrage de l'esprit, le déteste et lui fait la guerre, parce qu'il est ennemi de la débauche. Ainsi le monde persécute les chrétiens, dont il n'a pas à se plaindre, parce qu'ils fuient l'hédonisme. L'âme aime la chair qui la combat et les membres toujours soulevés contre elle. Ainsi les chrétiens n'ont que de l'amour pour ceux qui ne leur montrent que de la haine. L'âme, enfermée dans le corps, le conserve, les chrétiens enfermés dans ce monde comme dans une prison, empêchent qu'il ne périsse. L'âme immortelle habite un tabernacle périssable, les chrétiens, qui attendent la vie incorruptible des cieux, habitent comme des étrangers les demeures corruptibles d'ici-bas. L'âme se fortifie par les jeûnes, les chrétiens se multiplient par les persécutions: le poste que Dieu leur a confié est si glorieux, qu'ils regardent comme un crime de l'abandonner. <> Enfin le mystère confié à leur foi n'a rien de commun avec ceux de la sagesse humaine". Le ministère des chrétiens dans le monde est à l'image de celui du Logos divin qui s'est fait chair pour sauver sa créature. Le Fils de Dieu n'agit pas avec violence, mais avec douceur dans l'amour. "Dieu lui-même, le tout-puissant, le créateur de toutes choses, a fait descendre du ciel sur la terre la vérité, c'est à dire son Logos saint et incompréhensible. Il a voulu que le cœur de l'homme fût à jamais sa demeure. Je l'ai déjà dit et je le répète, la parole qu'ils ont reçue n'est pas une invention de la terre. Elle n'est pas un mensonge des mortels, la doctrine qu'ils se font un devoir de conserver avec soin. Enfin le mystère confié à leur foi n'a rien de commun avec ceux de la sagesse humaine. Dieu lui-même, le tout-puissant, le créateur de toutes choses, a fait descendre du ciel sur la terre la Vérité, c'est à dire son Logos saint et incompréhensible. Il a voulu que le cœur de l'homme fût à jamais sa demeure. Ce n'est donc pas, comme quelques-uns pourraient le croire, un ministre du Très Haut qui nous a été envoyé, un ange, un archange, un des esprits qui veillent sur la conduite du monde, ou qui président au gouvernement des cieux. Celui qui est venu vers nous est l'auteur, le créateur du monde, par qui Dieu le Père a fait les cieux, a donné des limites à la mer; c'est lui à qui obéissent, et le soleil, dont il a tracé la route dans les cieux avec ordre de la parcourir chaque jour sans sortir de la ligne tracée, et la lune qui doit prêter son flambeau à la nuit, et les astres qui suivent leur cours; enfin c'est lui qui a tout disposé avec ordre et tout circonscrit dans de justes limites: à lui tout est soumis, les cieux et tout ce qui est dans les cieux, la terre et tout ce qui est sur la terre, la mer et tout ce qui est au sein de la mer, le feu, l'air, les abîmes, les hauteurs du ciel, les profondeurs de la terre, les régions placées entre la terre et les cieux. Voilà celui que Dieu nous a envoyé, non comme un conquérant chargé de semer la terreur et d'exercer partout un tyrannique empire, ainsi que quelques-uns pourraient le croire. Non, il l'a envoyé comme un roi envoie son fils, lui donnant pour cortège la douceur et la clémence; il a envoyé ce fils étant Dieu lui-même; il l'a envoyé à de faibles mortels; il l'a envoyé en père qui veut les sauver, qui ne réclame que leur acquiescement, qui ne connaît pas la violence, la violence n'est pas en Dieu; il l'a envoyé comme un ami qui appelle et non comme un persécuteur, il l'a envoyé n'écoutant que l'amour. Il l'enverra comme juge: et qui soutiendra cet avènement ?" A suivre