La lettre à Diognète. -1- Les chrétiens, âme du monde - Coptica

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La lettre à Diognète. -1- Les chrétiens, âme du monde - Coptica
ISSN 1156-4059
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 Dimanche 2 février: Sainte Rencontre
¿ Offrande de l'encens, bénédiction des cierges & Sainte Oblation à 11H ¿
Soudain viendra en son temple, le Seigneur que vous cherchez.
 Dimanche 9: 5è O, saint Abba Paphnuce, moine d'Egypte & sainte Thaïs,
pénitente
Que votre foi soit fondée, non sur la sagesse des hommes,
mais sur la puissance de Dieu
 Dimanche 16: 6è O, saint Siméon, évêque de Jérusalem,
saint Honeste, prêtre au Pays Basque
¿ Offrande de l'encens & Sainte Oblation à 11H ¿
Béni celui qui met sa confiance dans le Seigneur
 Dimanche 23: 7è O, saint Polycarpe, évêque de Smyrme
Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je Suis Saint
 Dimanche 2 mars: 8è O, saint Dioscore, martyr à Alexandrie
¿ Offrande de l'encens & Sainte Oblation à 11H ¿
Ne portez pas de jugement prématuré, attendez la venue du Seigneur
La gaité n'est pas un péché, au contraire, elle chasse la
fatigue, et, de la fatigue provient le découragement, rien
de pire!
Ne suivons pas la voie du découragement: Le Christ a
tout vaincu. Il a ressuscité Adam. Il a restauré Eve dans
sa dignité.
La mort, il l'a mise à mort.
 Séraphim, moine de Sarov
N° 303
Février 2014
La lettre à Diognète. -1- Les chrétiens, âme du monde
La lettre à Diognète a été retrouvée dans un manuscrit du XIIIe ou du XIVe siècle,
découvert dans une poissonnerie de Constantinople. Il reproduisait probablement un
texte du VIIe qui, passé des mains de Jean Reuchlin vers 1560 dans l’abbaye de
Munster en Alsace, puis entre 1793 et 1870, dans la bibliothèque de Strasbourg,
disparut dans un bombardement de cette ville, le 24 août 1870.
Il nous en reste présentement deux copies prises sur l’original:
l’une, conservée à la bibliothèque de Tubingen, l’autre, aujourd’hui à la bibliothèque
de Leyde.
L’Epître à Diognète, dans le Codex Argentorat. 9 (cote de la bibliothèque de
Strasbourg), était annexé aux œuvres de saint Justin. On a donc attribué ce document
à l'apologiste romain jusqu'à ce que la critique y trouve des reproches. Les
patrologues récents le considèrent comme un texte anonyme. Toutefois, il est admis
sans conteste, grâce à la critique interne, que l’auteur a vécu au IIe ou au IIIe siècle.
Nous ne savons pas qui est Diognète. Il a posé à son ami chrétien Justin (ou un autre),
trois questions: -Quel est véritablement le culte des chrétiens, pourquoi rejettent-ils
celui des païens et des juifs? – comment comprendre l'amour du prochain? – le
christianisme, religion tardive, pourquoi?
Notre auteur y répond avec grande simplicité sans polémique, il ne donne pas de
théorie, il expose tranquillement la vie spirituelle du disciple du Christ. Au lieu
d'arguments ou de dialectique, il laisse sa foi exposer sa vérité et la vie qui l'anime,
vie de joie et de confiance.
En préambule de sa réponse, il veut parler directement au cœur de Diognète:
"Quand tu seras dégagé de tous les préjugés qui t'assiègent, et libéré du
poids des habitudes qui t'égarent et présentent un obstacle à la vérité, enfin
quand tu seras devenu un homme nouveau semblable à celui qui vient de
naître, puisque de ton aveu la parole que tu vas entendre est nouvelle pour
toi, considère des yeux de l'esprit et du corps…"
Alors, il entreprend de démonter le culte des idoles sans démonstrations
intellectuelles, il se contente de paraphraser le psalmiste: "les idoles sont de l'argent
et de l'or, œuvres de la main de l'homme. Elles ont une bouche, mais ne parlent pas,
des yeux et ne voient pas." –Ps 115 (septante 113)-. Pour expliquer pourquoi les chrétiens
ne suivent pas les coutumes des juifs, notre auteur se rend aux arguments pauliniens:
les sacrifices sont inutiles à Dieu, les nombreuses observances sont peu dignes de la
hauteur de la divinité, enfin se glorifier de la circoncision comme du sceau de
l'élection divine parait déraisonnable. Heureusement, il concède que "les Juifs, il est
vrai, n'adorent pas les idoles stupides, ils ne reconnaissent qu'un Dieu, ils le regardent
comme le maître, l'arbitre de l'univers."
L'auteur en vient au culte des chrétiens: les fidèles constituent un peuple nouveau, à
première vue, il est pourtant difficile de les reconnaître, puisqu'ils suivent en tout les
règles de conduite qui sont celles des lieux où ils habitent, mêmes vêtements, même
langue, même nourriture, même culture. Ils habitent leur patrie comme des voyageurs:
s'ils respectent les lois et les coutumes locales, cependant leur éthique va plus loin.
"Les Chrétiens ne sont distingués du reste des hommes ni par leurs pays, ni par
leur langage, ni par leur manière de vivre; ils n'ont pas d'autres villes que les
vôtres, d'autre langage que celui que vous parlez; rien de singulier dans leurs
habitudes; seulement ils ne se livrent pas à l'étude de vains systèmes, fruit de la
curiosité des hommes, et ne s'attachent pas, comme plusieurs, à défendre des
doctrines humaines. Répandus, selon qu'il a plu à la Providence, dans des
villes grecques ou barbares, ils se conforment, pour le vêtement, pour la
nourriture, pour la manière de vivre, aux usages qu'ils trouvent établis, mais ils
placent sous les yeux de tous l'étonnant spectacle de leur vie toute angélique et
à peine croyable. Ils habitent leurs cités comme étrangers, ils prennent part à
tout comme citoyens, ils souffrent tout comme voyageurs. Pour eux, toute
région étrangère est une patrie, et toute patrie ici-bas est une région étrangère.
Comme les autres, ils se marient, comme les autres, ils ont des enfants,
seulement ils ne les abandonnent pas. Ils ont tous une même table, mais pas le
même lit. Ils vivent dans la chair et non selon la chair. Ils habitent la terre et
leurs conversations sont dans le ciel. Soumis aux lois établies, ils sont par leurs
vies, supérieurs à ces lois. Ils aiment tous les hommes et tous les hommes les
persécutent…"
Ainsi les chrétiens ne se distinguent pas des autres citoyens par des pratiques
particulières que nous appellerions aujourd'hui communautaires, mais par la vertu de
leurs mœurs. Ils respectent la loi (sauf quand elle oblige à des actes contraires aux
œuvres de la foi, les martyrs le montrent) mais en étant plus exigeant que la loi. Ceci
sans revendication d'imposer aux autres leur morale, si ce n'est par l'exemple d'une vie
exemplaire. C'est par l'exemple que le monde peut être conquis à la pureté de la
Vérité. L'auteur de la lettre à Diognète possède un optimisme conquérant par la
confiance qu'il met dans l'attitude des chrétiens:
"Pour tout dire, en un mot, les chrétiens sont dans le monde ce que l'âme
est dans le corps: l'âme est répandue dans toutes les parties du corps, les
chrétiens sont dans toutes les parties de la terre; l'âme habite le corps
sans être du corps, les chrétiens sont dans le monde sans être du monde.
L'âme, invisible par nature, est placée dans un corps visible qui est sa
demeure. Vois les chrétiens pendant leur séjour sur la terre, mais leur
culte, qui est tout divin, ne tombe pas sous les yeux. La chair, sans avoir
reçu aucun outrage de l'esprit, le déteste et lui fait la guerre, parce qu'il
est ennemi de la débauche. Ainsi le monde persécute les chrétiens, dont
il n'a pas à se plaindre, parce qu'ils fuient l'hédonisme. L'âme aime la
chair qui la combat et les membres toujours soulevés contre elle. Ainsi
les chrétiens n'ont que de l'amour pour ceux qui ne leur montrent que de
la haine. L'âme, enfermée dans le corps, le conserve, les chrétiens
enfermés dans ce monde comme dans une prison, empêchent qu'il ne
périsse. L'âme immortelle habite un tabernacle périssable, les chrétiens,
qui attendent la vie incorruptible des cieux, habitent comme des
étrangers les demeures corruptibles d'ici-bas. L'âme se fortifie par les
jeûnes, les chrétiens se multiplient par les persécutions: le poste que Dieu
leur a confié est si glorieux, qu'ils regardent comme un crime de
l'abandonner. <> Enfin le mystère confié à leur foi n'a rien de commun
avec ceux de la sagesse humaine".
Le ministère des chrétiens dans le monde est à l'image de celui du Logos divin qui
s'est fait chair pour sauver sa créature. Le Fils de Dieu n'agit pas avec violence, mais
avec douceur dans l'amour.
"Dieu lui-même, le tout-puissant, le créateur de toutes choses, a fait
descendre du ciel sur la terre la vérité, c'est à dire son Logos saint et
incompréhensible. Il a voulu que le cœur de l'homme fût à jamais sa
demeure.
Je l'ai déjà dit et je le répète, la parole qu'ils ont reçue n'est pas une
invention de la terre. Elle n'est pas un mensonge des mortels, la doctrine
qu'ils se font un devoir de conserver avec soin. Enfin le mystère confié à
leur foi n'a rien de commun avec ceux de la sagesse humaine.
Dieu lui-même, le tout-puissant, le créateur de toutes choses, a fait
descendre du ciel sur la terre la Vérité, c'est à dire son Logos saint et
incompréhensible. Il a voulu que le cœur de l'homme fût à jamais sa
demeure. Ce n'est donc pas, comme quelques-uns pourraient le croire, un
ministre du Très Haut qui nous a été envoyé, un ange, un archange, un
des esprits qui veillent sur la conduite du monde, ou qui président au
gouvernement des cieux. Celui qui est venu vers nous est l'auteur, le
créateur du monde, par qui Dieu le Père a fait les cieux, a donné des
limites à la mer; c'est lui à qui obéissent, et le soleil, dont il a tracé la
route dans les cieux avec ordre de la parcourir chaque jour sans sortir de
la ligne tracée, et la lune qui doit prêter son flambeau à la nuit, et les
astres qui suivent leur cours; enfin c'est lui qui a tout disposé avec ordre
et tout circonscrit dans de justes limites: à lui tout est soumis, les cieux et
tout ce qui est dans les cieux, la terre et tout ce qui est sur la terre, la mer
et tout ce qui est au sein de la mer, le feu, l'air, les abîmes, les hauteurs
du ciel, les profondeurs de la terre, les régions placées entre la terre et les
cieux. Voilà celui que Dieu nous a envoyé, non comme un conquérant
chargé de semer la terreur et d'exercer partout un tyrannique empire,
ainsi que quelques-uns pourraient le croire. Non, il l'a envoyé comme un
roi envoie son fils, lui donnant pour cortège la douceur et la clémence; il
a envoyé ce fils étant Dieu lui-même; il l'a envoyé à de faibles mortels; il
l'a envoyé en père qui veut les sauver, qui ne réclame que leur
acquiescement, qui ne connaît pas la violence, la violence n'est pas en
Dieu; il l'a envoyé comme un ami qui appelle et non comme un
persécuteur, il l'a envoyé n'écoutant que l'amour. Il l'enverra comme
juge: et qui soutiendra cet avènement ?"
A suivre

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