texte Samuel Beckett mise en scène Robert Wilson avec Adriana

Transcription

texte Samuel Beckett mise en scène Robert Wilson avec Adriana
malte martin atelier graphique | assisté par adeline goyet | impression Moutot | licence n° 19125
oh
lesbeaux
jours
texte Samuel Beckett
mise en scène
Robert Wilson
avec Adriana Asti
23 sept › 9 oct 2o1o
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ohlesbeauxjours
Tous les êtres ont une fatalité
de bonheur : l’action n’est pas
la vie, mais une façon de gâcher
quelque force, un énervement.
Arthur Rimbaud, Une saison en enfer
Comment est-on au fond d’un trou ?
Comment ça se fait ? Et qu’est-ce que
ça fait ? Veut-on, peut-on en sortir ?
À ces questions, tout comme aux
autres, nombreuses, qu’Oh les beaux
jours ne manque pas de susciter,
Samuel Beckett se garde bien de répondre. Mieux, pour leur faire un sort
définitif, il les balance en bordée, comme par-dessus l’épaule ou par-dessous
la jambe, en plein milieu de sa pièce : “Ça signifie quoi ? – dit-il – c’est censé
signifier quoi ? – et patati – et patata – toutes les bêtises – habituelles.”“Pourquoi
qu’il ne la déterre pas ?”
e
Il faut dire que lorsqu’il écrit Oh les beaux jours en 1961, Beckett a déjà derrière
lui – et toujours avec lui – les tombereaux de questions suscitées par ses œuvres
précédentes, questions qu’il élude avec autant de grâce que de fermeté : “Je
ne sais pas plus sur les personnages que ce qu’ils disent, ce qu’ils font et ce qui
leur arrive”, “Tout ce que j’ai pu savoir, je l’ai montré” 1, et ainsi de suite… Comme
le raconte le metteur en scène Peter Hall : “Quand on lui demandait : ‘Qu’estce ce que ça veut dire ?’ , il répondait : ‘Qu’est-ce que ça dit ?’” 2 Aux questions
pressantes de la comédienne Brenda Bruce, créatrice du rôle en Angleterre, il
répondit : “C’est sans conséquence” 3, et, dix ans plus tard, à l’actrice allemande
Eva Katharina Schultz, il glissa un petit mot au premier jour des répétitions :
“Ne demandez pas pourquoi – c’est comme ça !” 4
Au fait, comment est-ce ? Pas si simple, on s’en doutait. Car ce que découvre
le lecteur d’Oh les beaux jours et que son spectateur ignore, c’est que la pièce
contient autant d’indications scéniques que de dialogues. Des didascalies d’une
précision aiguë, que Beckett ne cessa d’amender des années durant au gré
des répétitions, des différentes productions, des traductions, des reprises.
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Une partition où se succèdent motifs, variations et ruptures, où les mots sont
intimement associés aux gestes et aux expressions du visage, et pour laquelle
Beckett avait en tête des intonations et des tempi si précis que, déjeunant avec
Stravinsky, il l’interrogea longuement sur les diverses manières de noter les
silences. Aux répétitions de la première production anglaise, il apporta même
un jour un métronome (au plus grand effarement de Brenda Bruce). Car s’il
se refusait à tout commentaire comme à toute intrusion du psychologique,
Beckett assaillait en revanche ses acteurs d’indications techniques – plus haut,
pom-pom-pom, ici chuchoté, ici un temps plus long –, catastrophé lorsqu’il
percevait une fausse note, radieux quand sa vision prenait corps. “Il ne dirigeait
pas en metteur en scène mais en chef d’orchestre”, dit le metteur en scène
Walter Rasmus.5 “Il n’est pas un intellectuel, c’est un homme de chair et de
ventre, considérait pour sa part Madeleine Renaud. “Lorsque je déraillais un peu,
il me disait : ‘Non, non, Madeleine, ce n’est pas un point, ce sont trois points.’
Il y tient, et il faut que le public le sache… Ce n’est pas une manière de l’actrice,
c’est écrit ainsi.” 6
Au sujet de Joyce, Beckett écrivait : “Ses livres ne sont pas à propos de quelque
chose, ils sont en eux-mêmes quelque chose” 7, et c’est sans doute ainsi qu’il
faut prendre ses pièces : les entendre plutôt que chercher à les comprendre,
et vibrer à toutes les sollicitations qu’elles déploient, à toutes les provocations
qu’elles décochent, à toutes les émotions qu’elles fomentent. La chair est
encore plantureuse et Winnie a lu tous les livres, même si elle ne s’en souvient
que confusément : pris dans les mailles de son discours comme des pêches
miraculeuses, on trouve des lambeaux du Paradis perdu de Milton, des lamentations d’Ophélie, des vers délavés de Yeats, de Keats, de Browning, des débris
de la Nuit des rois, de Cymbeline, d’Hamlet… Un long ruban de paroles comme
un paysage, fracassé ou paisible, constellé de réminiscences, de dépressions
et d’accidents, ou rehaussé de pointes grivoises comme des limericks (un
auteur aussi scrupuleux que Beckett ne place pas par inadvertance “une étendue d’herbe brûlée s’enflant au centre en petit mamelon” et un “trompe-l’œil
très pompier” dès les premières indications scéniques de sa pièce ! 8).
Une partition pour actrice virtuose, comme le dit Dame Peggy Ashcroft : “Les actrices voudront jouer Winnie comme les acteurs visent Hamlet, un ‘rôle
sommet’” 9. L’une d’elles, Clara Colosimo, alla, dans son désir, plus loin
que toutes les autres. Puisque, pour de sombres affaires de droits régionaux,
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on lui refusait d’interpréter le rôle de Winnie à Rome, elle entama en 1965 une
grève de la faim qui dura dix jours, forçant un Beckett passablement horrifié
à intercéder en sa faveur. 10 Que ne ferait-on pas pour arriver au fond du trou !
1 Lettre à Michel Polac au sujet d’En attendant Godot, janvier 1952 | 2 et 5 “Beckett and his actors”, BBC
Radio 3, 2006 | 3 et 10 Anecdotes détaillées par James Knowlson dans Beckett, éd. Actes Sud, 1999 | 4 et 9 Women in Beckett : Performance and Critical Perspectives, Linda Ben-Zvi, University of Illinois Press,
1990 | 6 Entretien avec Guy Wagner, Phare, février 1976 | 7 Dans Disjecta : Miscellaneous Writings and a
Dramatic Fragment, écrits de Beckett compilés par Ruby Cohn, Grove Press, 1984 | 8 Le public anglophone,
lui, reconna t immédiatement en “Willie” un euphémisme familier pour désigner le sexe masculin.
texte Samuel Beckett
mise en scène Robert Wilson
avec Adriana Asti Winnie
Giovanni Battista Storti Willie
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mise en scène, scénographie et conception
lumières Robert Wilson | costumes
et maquillages Jacques Reynaud
dramaturgie Ellen Hammer | lumières
A. J. Weissbard | son Peter Cerone
é
un projet de Change Performing Arts | commandité
par Spoleto 52 Festival dei due Mondi et Grand
Théâtre de Luxembourg | production : CRT Artificio,
Milano | coréalisation : Athénée Théâtre Louis-Jouvet
mardi 19 h, du mercredi au samedi 20 h | relâche
les lundis et dimanches | matinées exceptionnelles :
dimanche 3 octobre à 16 h et samedi 9 octobre à 15 h
Change Performing Arts remercie ses indispensables collaborateurs
Christoph Schletz, Amerigo Varesi, Marcello Lumaca, Sara Thaiz
Bozano, Paolo Cillerai, Gaia Scaglione.
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ensuite
À l’issue de la représentation retrouvez Adriana Asti et Giovanni Battista Storti
pour échanger à chaud sur le spectacle.
au foyer-bar de l’Athénée | entrée libre
mardi 28 sept 2o1o
concert
L’Orchestre de Paris et l’Athénée s’associent et vous proposent
un concert en résonance avec le spectacle Oh les beaux jours
variations sur percussions John Cage, Béla Bartók, Luciano Berio,
Eric Sammut, Nicolas Martynciow avec Nicolas Martynciow, Eric Sammut,
Emmanuel Curt, Florent Jodelet percussions
samedi 2 oct 2o1o › 15 h
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athenee-theatre.com | plus d’informations › 01 53 05 19 19
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joursauthéâtre blog.atheneetheatre.com
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Mº Opéra, Havre-Caumartin, RER A Auber
[email protected] | réservations 01 53 05 19 19 | athenee-theatre.com
L’Eden-bar de l’Athénée, situé au premier étage, vous propose des boissons
et une restauration légère une heure avant et après chaque représentation.
Le personnel d’accueil est habillé par les créations d’un été en automne
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malte martin atelier graphique | assisté par adeline goyet | impression Moutot | licence n° 19125
cycle tchekhov oncle Vania mise en scène Serge Lipszyc 13 › 3o oct 2o1o
les trois sœurs mise en scène Volodia Serre 4 › 2o nov 2o1o
la cerisaie mise en scène Paul Desveaux 25 nov › 11 déc 2o1o
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