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LES FAITS DIVERS *
Enquête
DERNIERE MINUTE
Les graves dérives
du psychanalyste gourou
Echauffourées
aux Mureaux
CÈNE DÉMEUTE hier
soir aux Mureaux (Yvelines). Aux alentours de
22 heures, des jeunes des quartiers des Musiciens et de la
Vigne-Blanche ont mis le feu à
des véhicules et des parpaings
pour attirer les policiers dans les
cités. Ces derniers ont essuyé
des jets de projectiles. Des dizaines de fonctionnaires ont été
appelés en renfort. Peu avant
minuit, dans lartère centrale de
la ville, une centaine de policiers
et des dizaines de jeunes se faisaient face. Des cailloux, des
barres de fer jonchant le sol témoignaient des violences de la
nuit. La veille, déjà, des forces de
lordre avaient subi des caillassages. Deux policiers avaient été
légèrement blessés.
V.B.
S
Condamnation
Un ancien élu privé
de décorations
EX-PRÉSIDENT UDF du
conseil général des Yvelines,
Paul-Louis Tenaillon, 85 ans,
condamné en mai 2003 à deux ans
de prison avec sursis pour corruption, a été privé définitivement de la
Légion dhonneur et de celle du Mérite par un décret du président de la
République paru hier au « Journal
officiel ». Cette sanction a été prise à
la suite dune proposition du grand
chancelier de la Légion dhonneur,
après avis des conseils des ordres
concernés. La Légion dhonneur et le
Mérite sont automatiquement retirés aux condamnés pour « crime »,
quelle que soit la peine infligée, ou
aux condamnés à une peine demprisonnement ferme égale ou supérieure à un an. Pour les peines de prison avec sursis, le conseil de lordre
de la Légion dhonneur, ou celui de
lordre du Mérite, peut proposer une
peine allant de la suspension à lexclusion définitive.
L
BELBERAUD (HAUTE-GARONNE), MERCREDI. La communauté les Gens de Bernard continue à vivre dans ce château après l’incarcération
de son gourou, le docteur Claude David (ici avec une serviette pour que ses perroquets se posent sur ses épaules). (LP/REMY GABALDA.)
Belberaud (Haute-Garonne)
Belberaud
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
Toulouse
C
ÔTÉ FACE, Claude David,
66 ans, était le docteur en
psychologie et psychanalyste
des beaux quartiers de Toulouse.
Côté pile, cétait le gourou dune communauté dune trentaine de personnes, lassociation les Gens de Bernard, installée dans un château de
brique rouge un peu à lécart du village de Belberaud. Un univers où il
régnait en maître grâce à un redoutable système denfermement : des
psychanalyses truquées, des humiliations, sans oublier les violences quotidiennes sur les femmes et les enfants.
Ses fidèles, qui nétaient pas séquestrés et travaillaient à lextérieur du
château, devaient lui assurer un revenu confortable et lui offrir des cadeaux. Il lui est aussi reproché davoir
projeté des films pornographiques
aux adolescents résidant sur place
avec leurs parents. Arrêté par les gendarmes, Claude David a été mis en
examen pour « agressions sexuelles
sur mineurs », « abus de faiblesse aggravé », « violences habituelles sur
HAUTEGARONNE
N
mineurs », « abus de confiance » et
« violation du secret professionnel ».
Il est aujourdhui incarcéré à la maison darrêt de Seysses.
Le praticien sétait déjà trouvé en
délicatesse avec les autorités administratives et judiciaires dans le milieu des années 1980 à Nantes
(Loire-Atlantique), où il avait fondé
un centre de soins pour autistes en rachetant le château de Clermont, lancienne propriété du comédien Louis
de Funès. Le docteur David avait à
lépoque fait faillite.
En 2005, cest le témoignage dun
adolescent devant le juge des affaires
familiales de Toulouse qui a lancé les
gendarmes sur la trace du psychanalyste. Ce garçon disait ne plus suppor-
ter voir son père dans lambiance du
château. Et pour cause. « Les enfants
redoutaient Claude David car des
coups étaient portés et il y avait
pire… », assure Simone Rich, linfatigable responsable des missions antisectes de la région Midi-Pyrénées.
« Les témoignages font part dattouchements sur des garçons mineurs »,
confirme le procureur de Toulouse,
Paul Michel. Simone Rich a pris en
charge les victimes sorties de « cet enfer de la psychanalyse ouverte, où la
vie de chacun était révélée aux autres
dans le but de les rendre dépendants
de Claude David ».
« Un stratège redoutable »
Le psy avait la main leste. Il décochait
notamment gifles et coups dès que
les membres de la communauté oubliaient de « nourrir ses perroquets ».
Décrit par ses victimes comme « un
stratège efficace et redoutable », il excellait surtout dans la manière de
vivre à leurs crochets. Chaque
membre de la communauté devait
payer un loyer pour occuper une
chambre du manoir de Belberaud,
mais aussi les diverses cotisations
aux associations fondées par le psychanalyste et les séances danalyse.
En vingt ans, lune des victimes lui a
versé 170 000 " pour des séances
dune durée de dix minutes à raison
de deux ou trois fois par semaine.
« On est dans la logique dune dérive
sectaire et laspect financier doit être
approfondi », insiste le procureur.
Claude David « aimait quon
laime », selon Simone Rich. Il savait
suggérer à ses fidèles les cadeaux indispensables à son statut : montre de
prix, moto, tableaux, antiquités, sculptures, matériel télé et hi-fi de grand
prix. Sa dernière lubie, les voitures
Smart, quil revendait aussitôt au prix
fort à ses fidèles, obligés de sendetter.
« Un véritable racket », résument les
enquêteurs.
Au château, les partisans de
Claude David crient « au complot
des confrères psychanalystes » et au
« règlement de comptes ». Lavocate
du détenu, sollicitée à plusieurs reprises, na pu être jointe, mais elle réfute le terme de secte pour qualifier
cette communauté.
Jean-Marc Ducos
« Les gens sendettaient pour le satisfaire »
NICOLE*, une ancienne adepte, a fui la communauté
Belberaud
P
ENDANT vingt-trois ans, Nicole*, 52 ans, a
vécu sous la dépendance de Claude David,
dont elle a connu limplacable dérive vers
« la mégalomanie et la violence quotidienne ».
Comment avez-vous rencontré
Claude David ?
I Nicole. A la fin de mes études en psychologie,
en 1978, javais six mois de stage obligatoire que jai
effectué au centre psychothérapique de Nantes
(CPN), où il exerçait comme psychologue. Il y avait
là un bouillonnement didées. Jétais séduite intellectuellement car nous étions dans la mouvance
antipsychiatrie. Puis, peu à peu, Claude David a pris
de lascendant sur le personnel, quil a entrepris de
psychanalyser.
Comment s’est-il transformé en gourou ?
Nous étions tous en analyse avec lui, ce qui créait
de fait une dépendance. Cest par ce moyen quil
manipulait les gens, car il utilisait les secrets les plus
VENDREDI 2 FEVRIER 2007
intimes de votre vie sans respect du secret professionnel. Cétait une façon de nous affaiblir, nous
humilier et nous dévaloriser. Il entretenait autour
de lui des vies en échec. Il nous culpabilisait au lieu
de nous aider. Il nous dressait les uns contre les
autres et créait des climats propices aux pièges.
« On devait lui servir de bonne »
Rien ne vous obligeait à rester, vous
aviez un travail…
Nous étions aussi dans une dépendance financière.
Il fallait payer tous les mois un droit dadhésion à
lassociation pour assurer le salaire de Claude David, cotiser à toutes les autres structures, payer les
séances danalyse, toujours en espèces, et lui offrir
des cadeaux. Les gens sendettaient pour le satisfaire. Aujourdhui, je nai rien à moi.
On le disait violent ?
Jai vu une femme se faire traîner par les cheveux.
EN BREF
쐍 Violence
Une femme de 74 ans est morte,
dans la nuit de mercredi à jeudi, à
lhôpital de Creil (Oise), un jour
après avoir été écrasée par des malfaiteurs venus voler sa voiture dans
son garage. Daprès le témoignage
du mari, le couple a été agressé
mardi matin à son pavillon de Verneuil-en-Halatte, près de Creil. Ces
retraités revenaient de leurs courses
quand deux malfaiteurs encagoulés et munis de bombes lacrymogènes ont surgi chez eux.
쐍 Machines à sous
Quant à moi, pour lavoir alerté sur la situation financière de lassociation, il ma giflée et ordonné
quon me fasse une piqûre de Largactil (NDLR : neuroleptique). Jai été mise au ban de la communauté.
Il est mysogine. Dans son univers, les femmes sont
corvéables à merci. On devait lui servir de bonne.
En 1996, il a fracassé une chaise sur mon dos sans
que mon mari, sous son emprise, ne réagisse.
Et les enfants ?
Il ne les supportait pas, surtout quand ils pleuraient.
Lorsque mon fils était bébé, il la placé sous un robinet deau jusquà ce quil suffoque. Quand ils
étaient plus grands, il montait les enfants contre les
parents. Il finissait par laminer les relations des
couples et fabriquait de lisolement autour de nous.
Claude David refusait que nous ayons des contacts
avec nos familles et que nous partions en vacances,
car cétait « bourgeois ».
Propos recueillis par J.-M.D.
* Le prénom a été changé.
Huit des 38 personnes interpellées mardi, dans l’Hérault, dans
le cadre dune affaire dextorsion de
fonds et de jeux de hasard illicites,
ont été mises en examen hier pour
« infraction sur la législation sur les
jeux de hasard ». Deux dentre elles
ont été écrouées. Les six autres devaient encore être présentées au
juge. Ces personnes sont des « placiers » de machines à sous dans différents bars de la région.
쐍 Assassinat
Les autorités malgaches ont
confirmé, hier, lassassinat de Jamal
Khalifa, beau-frère dOussama ben
Laden et hommes daffaires saoudien, par des bandits qui travaillait
dans le commerce des pierres précieuses.
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