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Sahara occidental
le référendum introuvable
Le Sahara occidental sera-t-il un État indépendant,
ou sera-t-il définitivement rattaché au Maroc ?
Pourquoi un référendum sur l'autodétermination de ce territoire
a-t-il connu des reports successifs ?
Quels sont les enjeux de ce territoire désertique,
grand comme la moitié de la France et
peuplé seulement de quelques centaines de milliers d'habitants ?
(d'après "le Dessous des Cartes" – juillet 2000)
le Plus vaste désert du monde
Le Sahara est le plus grand désert du monde.
Il s'étend de l'Atlantique à la Mer Rouge sur plus de 8 millions de km².
Découpage
Dix États se le partagent et un territoire, le Sahara occidental.
le Sahara occidental
Le Sahara occidental est situé à 150 km des îles Canaries.
Il s'étend sur plus de 250 000 km²
entre le Maroc au nord, l'Algérie à l'est et la Mauritanie au sud.
Une population nomade
Il n'a que quelques centaines de milliers d'habitants, des nomades d'origine berbère et arabe.
Ils sont appelés "fils des nuages", car ils recherchent toujours la pluie, afin de trouver l'eau,
c’est-à-dire des pâturages pour leurs chèvres et leurs chameaux.
Richesses
La terre est aride, or le sous-sol est riche en phosphate à Bou Craa,
et il y a d'abondantes ressources pour la pêche, puisque le territoire donne sur la côte Atlantique.
Le Sahara occidental n'est pas un État indépendant,
il a été annexé par le Maroc dans les années 1970.
Une ancienne colonie espagnole
Entre 1884 et 1975, le Sahara occidental est une colonie espagnole, appelée "Rio de oro",
car l'ancienne route des Caravanes de l'or le traversait.
Revendications marocaine et mauritanienne
L'Espagne s'y intéresse assez peu,
et sa colonisation sur ce territoire est contestée par le Maroc,
au nom d'une légitimité historique remontant à l’ère pré coloniale
et par la Mauritanie, car les tribus nomades du Sahara occidental
serait de la même origine ethnique que les Mauritaniens.
le Partage
Résultat, en 1975, quand l'Espagne décide de décoloniser le Sahara Occidental,
le territoire est partagé entre le Maroc au nord, et la Mauritanie au sud.
le Front de Polisario
Lors du partage de ce Sahara occidental entre le Maroc et la Mauritanie,
les populations sahraouies n'ont pas été consultées.
Le front Polisario, c’est-à-dire le Front de Libération Sahraoui,
qui demandait l'indépendance à l'Espagne,
se lance alors dans une guérilla contre les deux nouveaux occupants.
la Thèse du grand Maroc
Pour le roi du Maroc, cette annexion est d'abord une sorte d'alibi politique.
Elle est légitimée par la thèse du "grand Maroc",
une thèse géohistorique, qui a déjà conduit en 1963 à un conflit avec l'Algérie
pour une partie du Sahara algérien.
la Marche verte
La célèbre "marche verte" pour laquelle le roi avait rassemblé plus de 300 000 Marocains,
avait eu lieu le long de la frontière avec le Sahara occidental.
L'annexion du Sahara occidental, qui y fait suite
permettait de renforcer l'unité nationale autour du roi,
et d'éloigner l'armée marocaine des affaires politiques.
le Soutien algérien
Le front Polisario a le soutien militaire et financier de l'Algérie,
qui accueille à Tindouf, les militants sahraouis et tous les nomades qui fuient le Sahara Occidental.
D'abord, l'Algérie, à cette époque, se veut être fidèle à son histoire,
et elle soutient le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination.
le Soutien algérien
Ensuite, elle s'inquiète pour sa géographie :
il n'y avait pas de reconnaissance par le Maroc, de la partie sud de la frontière algéro-marocaine.
Et elle décide de soutenir le Polisario aussi longtemps qu'il y aurait une politique du grand Maroc
et des revendications sur le Sahara algérien.
la Proclamation de la République
Grâce à ce soutien algérien, le Polisario proclame en 1976, depuis son exil de Tindouf,
la République Arabe démocratique indépendante du Sahara,
qui est reconnue par 73 États
la Condamnation de l'occupation marocaine par l'ONU
L'ONU se prononce en 1978 pour l'autodétermination du Sahara occidental
et condamne l'occupation marocaine
qui s'étend désormais également au sud du territoire
depuis que la Mauritanie s'est elle, retirée du Sahara en 1979.
le Mur du désert
Le Maroc poursuit donc seul les combats face au Polisario.
Pour empêcher les raids, l'armée marocaine construit par étape, entre 1980 et 1987, un mur fortifié.
Il protège ainsi 80 % du territoire utile,
ainsi que la population toujours plus nombreuse de colons marocains.
le Tournant de 1988
Finalement, en 1988, le Maroc accepte, sous le contrôle de l'ONU,
l'organisation d'un référendum sur l'autodétermination du Sahara occidental.
le Tournant de 1988
Ce changement de cap s'explique par le besoin de l'ouverture économique,
le rapprochement avec l'Algérie,
et la volonté de participer à l'Union du Maghreb Arabe avec les voisins.
Un cessez-le-feu est signé entre le Polisario et le Maroc en 1991,
et le référendum est prévu pour 1992.
l'Impossible référendum
Or, la constitution des listes électorales pose problème.
L'unique recensement de la population existant a été effectué par l'Espagne et date de 1974 :
on dénombrait 74000 Sahraouis ; soit selon l'ONU environ 70 000 électeurs.
l'Impossible référendum
Le front Polisario souhaite s'en tenir à ces chiffres,
alors que le Maroc veut inclure 3 autres tribus installées depuis longtemps dans le sud marocain,
ce qui ferait environ 65 000 personnes de plus à recenser.
Le front Polisario refuse, car il redoute
que ces populations soient en fait favorables au rattachement au Maroc
le Statu quo actuel
On en est là aujourd’hui.
Ce statu quo semble arranger tout le monde.
Car l'enjeu du référendum est tel que chaque partie veut sortir victorieuse,
et préfère attendre et le reporter, plutôt que de risquer d'être battue.
le Sahara est marocain ?
Pour le Maroc, le Sahara occidental est marocain.
En effet, sur cette carte officielle, fournie par l'ambassade du Maroc en France,
il est intégré au Maroc sans la moindre frontière entre les deux parties...
Cette annexion a été un dérivatif politique,
il a permis au roi de faire l'union sacrée autour de la monarchie,
de reporter à plusieurs reprises réformes et ouverture politique
sous prétexte de guerre.
Et la perte du Sahara pourrait humilier l'armée marocaine,
qui tente depuis 20 ans de récupérer militairement le territoire.
Le Maroc a investi quelque 5 milliards de $
pour aménager logements, et infrastructures au Sahara.
Alors pour ces trois raisons,
le Maroc ne veut pas perdre le référendum.
Quant au Polisario, il tire peut-être parti de ce report.
Car l'existence même du mouvement de Libération
est de plus en plus liée au référendum.
Depuis 1988,
beaucoup de Sahraouis de Tindouf se sont ralliés au Maroc,
ce qui est le signe d'un certain échec de la politique
du mouvement de libération.
La marge de manœuvre du Polisario est donc étroite,
et sa survie dépend de sa victoire au référendum.
Est-ce que le Sahara occidental sera un État indépendant
ou sera-t-il définitivement rattaché au Maroc ?
Chacun des acteurs a comme intérêt
à ne pas entrer dans l'après-conflit,
comme pour ne pas entrer dans une autre réalité.