Le dieu du carnage de yasmina reza en
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Le dieu du carnage de yasmina reza en
1 Universität zu Köln Analyse du stage en situation Dr. Wolfgang Pütz Wintersemester 09/10 30.06.2010 Le dieu du carnage de Yasmina Reza en cours de FLE 2 Table des matières Seite 1 Introduction............................................................................. 3 2 Contenu de la pièce................................................................ 4 3 Aspects importants et tâches pour le travail sur Le dieu du carnage en cours de FLE ....................................................... 5 3.1 Avant la lecture : les attentes des élèves........................................ 5 3.2 Le début de la lecture : la situation de départ .................................. 6 3.3 Les caractères et les relations entre les personnages..................... 8 3.4 La présence de la violence et l’importance des objets dans Le dieu du carnage..................................................................................... 10 3.5 Les caractéristiques du genre : les différences entre Le dieu du carnage et une pièce de théâtre classique .................................... 15 4. Conclusion ............................................................................ 18 Bibliographie ............................................................................... 20 Eidesstattliche Erklärung 3 Introduction Les pièces de théâtre de Yasmina Reza sont des pièces très appréciées et très souvent jouées en France et dans d’autres pays. Reza a eu un grand succès entre autres, avec les pièces Art (1994), Trois versions de la vie (2000) et Le dieu du carnage (2007). Ce sont des pièces du type « théâtre contemporain ». Yasmina Reza se sert d’éléments classiques de la comédie et utilise de nouveaux éléments en même temps. Selon Denis Guenon, Yasmina Reza « cherche à fonder une nouvelle comédie sans pour autant tomber dans la régression esthétique et idéologique qu’on reproche souvent à un théâtre qui fait rire ».(Grewe p.22) Dans Le dieu du carnage, il n’y a plus que quatre personnages. L’action est dominée par les conversations entre les personnages et se déroule dans une salle de séjour qui appartient à l’un des protagonistes. Les rapports entre les protagonistes changent plusieurs fois pendant l’action ; deux personnes qui s’entendent bien au début de la pièce peuvent se trouver en conflit quelques instants plus tard. La combinaison d’éléments traditionnels et nouveaux est l’un de plusieurs aspects qui se prête bien comme sujet en cours de FLE. L’avantage de Le dieu du carnage par rapport aux pièces classiques est que l’action et les sujets traités ont un lien avec la vie des élèves étant donné qu’elles traitent de personnes d’aujourd’hui. Mais cela ne suffit pas pour motiver les élèves à travailler sur cette pièce. Pour le cours de FLE, il faut choisir des approches variées et des tâches qui correspondent au niveau des élèves. En outre, il est important de traiter la pièce pas seulement comme un texte mais aussi comme une pièce qui sera représentée sur scène. Les pièces Art et Trois versions de la vie jouent un rôle important dans les cours de FLE en Allemagne. Pour Art et Trois versions de la vie, il existe plus de matériaux pour les cours de français que pour Le dieu du carnage. Cela est simplement du au fait que les deux premières pièces existent plus longtemps. (Il y a un dossier pédagogique de Klett Verlag pour Art ) Pour Le dieu du carnage on il n’y pas beaucoup d’analyses ni dans la didactique de FLE ni dans la littérature en général. 4 C’est pourquoi je vais préparer différentes tâches sur Le dieu du carnage pour un cours de FLE. Je vais présenter des tâches pour l’avant-lecture, pour le début de la lecture de la pièce et pour la lecture proprement dite. Avant de présenter les tâches, je vais tout d’abord donner quelques informations sur le contenu de Le dieu du carnage. Pour chaque série de tâches, je commencerai par une sorte d’analyse qui servira à montrer les résultats qui peuvent être trouvés en travaillant sur les tâches. Par ailleurs, je présenterai les objectifs de ces tâches pour le cours de FLE. 1 Contenu de la pièce Deux couples , les Houillié et les Reille, se rencontrent chez les Houillié suite à une bagarre entre leurs fils Bruno et Ferdinand. Comme son fils Bruno a été blessé par Ferdinand, Véronique Houillé veut parler aux Reille et propose que Ferdinand s’excuse. Mais les avis divergent, qu’il s’agisse de déterminer qui est le coupable de cette bagarre et de savoir si cette rencontre a un sens. La bagarre ne reste pas d’ailleurs la seule raison pour les conflits entre les personnages pendant cette soirée qu’ils passent ensemble et les conflits ne se produisent pas uniquement entre les deux couples. Alain Reille, qui est avocat, est tout le temps occupé à régler ses affaires en téléphonant avec son portable. Par le biais de ses conversations on apprend qu’il plaide pour un groupe pharmaceutique accusé d’avoir fabriqué des médicaments toxiques. Le comportement d’Alain ne plaît pas à sa femme Annette qui en a assez de s’occuper seule de la maison et de leur fils. D’un autre côté le comportement de Michel Houillié est critiqué par les deux femmes parce qu’il a relâché en liberté le hamster de sa fille à cause de sa phobie contre les rongeurs. Plus tard, au cours de l’action, la mère de Michel Houillié téléphone à son fils et on apprend qu’elle prend des médicaments du même groupe pharmaceutique qui est défendu par Alain. Cela mène à un autre conflit entre les deux couples. Les relations entre les protagonistes deviennent de plus en plus tendues et les conflits s’accumulent sans être résolus. On commence même à boire de l’alcool pour pouvoir mieux supporter la situation. Vers la moitié de l’action, les 5 conflits ne sont plus représentés seulement dans la conversation mais aussi dans l’action. Annette Reille a mal au cœur et vomit sur les livres d’art de Véronique. Plus tard, elle jette le portable de son mari dans le vase. À la fin les Reille quittent les Houillié sans qu’ils se soient réconciliés. 2 Aspects importants et tâches pour le travail sur Le dieu du carnage en cours de FLE Dans cette partie de mon mémoire je vais parler des sujets que l’on peut traiter dans un cours de FLE quand on analyse la pièce Le dieu du carnage de Yasmina Reza. Ces sujets vont être liés à différents aspects, comme le drame en tant que genre littéraire, les conflits entre les personnages, le langage utilisé par les protagonistes, les personnages et leur caractère. Après avoir présenté ces sujets, je concevrai pour chaque sujet des tâches à réaliser pour le cours de FLE. 2.1 Avant la lecture : les attentes des élèves Avant de commencer la lecture de la pièce, on peut choisir d’introduire le texte en parlant des attentes des élèves envers la pièce. Pour ce type d’introduction de la pièce, il est très important que le texte soit encore inconnu aux élèves. On parle dans ce cas d’une approche créative. Selon Dorotea Höner (p.87 in Krechel), les approches créatives ont plusieurs avantages : elles peuvent motiver les élèves et faciliter l’accès au texte, de même que leur permettre un accès émotionnel à la pièce. Pour introduire Le dieu du carnage dans un cours de FLE, on pourrait commencer par décrire une affiche ( ci-dessous) sur laquelle on voit des photos des personnages au début et à la fin de leur rencontre. On peut observer que les physionomies ont beaucoup changé et que les personnages ont l’air de s’être disputés. Après la description neutre de l’affiche, on pourrait demander aux élèves quelles émotions ils éprouvent en regardant l’affiche, ce qui a pu se passer et pourquoi les physionomies des personnages ont changé. En plus, on pourrait parler des attentes des élèves quant au contenu de la pièce et se 6 demander du quel genre de conflit à la question duquel conflit il pourrait s’agir entre les personnages. Dans le cas des questions présentées ci-dessous on pourrait en traiter un partie en classe sous la forme de discussion et une autre partie sous la forme de travail individuel. Pour chaque variante les résultats seraient noté au tableau. Questions et tâches possibles à propos de l’affiche : 1. Qu’est-ce que vous éprouvez en regardant l’affiche ? 2. Décrivez l’affiche. 3. Qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi est-ce que l’apparence des personnages a changé ? 4. Qu’est-ce que vous vous imaginez comme contenu de la pièce ? 5. Quel genre de conflit s’est produit entre les personnages ? 6. Quelles relations existent entre les personnages ? Affiche 2.2 Le début de la lecture : la situation de départ Après avoir commencé le cours sur Le dieu du carnage par une tâche de l’avant-lecture, on peut continuer le cours en lisant le début de la pièce avec les élèves. Les trois premières pages du texte (Reza 2008 p. 5-8) fonctionnent comme une exposition et fournissent des informations sur la situation de départ de la pièce et sur les personnages. 7 Dans ces premières pages on apprend que Ferdinand Reille, le fils d’Annette, a frappé Bruno Houillié, le fils de Véronique et de Michel. On apprend aussi où, quand et comment cette bagarre a eu lieu et on est informé sur les conséquences de la bagarre, à savoir les blessures de Bruno. Dans cet extrait, on a l’impression que les personnages vont aboutir à un accord, car ils se parlent encore d’une façon polie. Mais étant donné que les élèves avaient déjà vu sur l’affiche qu’un conflit allait se produire, il s’impose de faire encore une tâche créative sur les attentes des élèves. Afin que Le dieu du carnage ne soit pas seulement traité comme une lecture mais aussi comme une pièce de théâtre destinée à être jouée sur scène, les élèves pourraient inventer une suite pour le dialogue initial. Avant de passer à cette tâche, il faut que les élèves s’occupent de la situation de départ de plus près parce qu’elle est essentielle pour l’action qui suit. Dans ce cas, la tâche pourrait consister à écrire un petit article de journal sur les événements qui se sont passés avant la rencontre des Houillié et des Reille. L’objectif de cette tâche serait de transformer un genre de texte en un autre genre en respectant toutes les caractéristiques nécessaires. Pour un article de journal il est important de décrire l’évènement d’une façon objective et au présent. Il faut intégrer les circonstances de l’évènement comme le temps, l’endroit et les participants. Tâches possibles: 1. Lisez le début de la pièce jusqu`à page 8, ligne 9. 2. Pourquoi est-ce que les personnages se sont rencontrés ? Rassemblez les informations sur l’évènement produit et sur les circonstances. Puis, écrivez un petit article de journal. 3. Comment vous imaginez-vous la suite de la conversation ? Inventez une suite en groupes de quatre personnes et jouez les conversations dans votre groupe. Soyez prêts à présenter votre dialogue en classe. 8 2.3 Les caractères et les relations entre les personnages Quand on travaille sur une pièce de théâtre en cours de FLE, il faut inclure l’analyse des personnages et de leur caractère. En observant les propos et le comportement des personnages dans Le dieu du carnage on remarque plusieurs particularités. Un aspect frappant est que les personnages ont des traits stéréotypes. En lisant ou en écoutant les conversations on a l’impression qu’on connait « ce genre de caractère ». Alain Reille est l’homme d’affaires qui ne pense à rien d’autre qu’à son travail d’avocat. Il n’a pas de scrupules quand il s’agit de défendre un client et il est tout le temps en train de téléphoner avec son portable sans lequel il ne pourrait pas vivre. Par conséquent, il n’a pas le temps pour sa famille et sa femme est mécontente. En plus, le mariage avec Annette est déjà son deuxième mariage et il a un enfant du premier mariage. Cela lui donne l’apparence d’un macho égoïste et indifférent à sa famille. Annette Reille travaille comme conseillère en gestion de patrimoine mais elle doit s’occuper aussi de son fils et du ménage. Ce rôle et le comportement de son mari ne la plaisent pas du tout. On a l’impression qu’elle est frustrée, nerveuse et labile. Au début de la pièce elle est le personnage qui parle le moins et qui n’attire guère l’attention des autres. Il faut qu’elle vomisse sur les livres d’art de Véronique pour que les autres s’intéressent à elle et s’occupent d’elle. A partir de ce moment, elle commence à donner son avis et à parler plus. Véronique Houillié peut être décrite comme une intellectuelle philanthrope qui s’intéresse à l’art et à la culture. Elle est écrivain et est spécialisée sur l’Afrique. Véronique est le personnage qui se sent le plus concerné par la bagarre entre les deux enfants et qui s’intéresse le plus à une réconciliation entre les deux. Elle se présente comme une personne raisonnable et elle se sent supérieure aux autres personnages. Dans la vie conjugale, c’est elle qui a plus d’autorité. Michel Houillié est une « mauviette » qui essaye de souligner sa virilité en racontant que, dans son enfance, il était chef de bande. Il se laisse dominer par sa femme et c’est lui qui à manger aux invités. Il apparaît d’autant moins viril qu’il a peur d’un hamster. On se moque de son métier, car il est grossiste en articles ménagers. Le fait qu’il vend des articles ménagers est un symbole pour 9 le rôle qu’il joue dans sa famille. La différence entre les rôles de Michel et d’Alain devient claire quand Annette dit : « Mon mari n’a jamais été un père à poussette ! » et Véronique répond en disant : « Toi Michel, tu appréciais de prendre soin des enfants et tu conduisais la poussette avec joie .». (p. 25 l.4) Un autre aspect important au niveau des personnages est que l’on ne trouve ni de héros ni d’antihéros parmi les personnages. Aucun personnage ne nous semble avoir vraiment raison ou se comporter d’une façon plus sympathique ou plus juste que les autres. Il semble impossible de choisir un personnage que l’on aime ou que l’on déteste et à qui l’on pourrait s’identifier complètement. Tous les personnages montrent des faiblesses dont certaines nous énervent plus que d’autres. En ce qui concerne les relations entre les personnages on peut observer qu’il n’y a pas d’oppositions ni alliances constantes. Mais on voit que presque tous les duos possibles se trouvent soit en conflit soit en accord, suivant le sujet de la conversation. Les oppositions et les alliances changent sans cesse jusqu’à la fin de la pièce. Cette alternance entre oppositions et alliances nous montre que tous les personnages ont besoin d’une sorte de reconnaissance de la part d’un des personnages. Dès qu’un conflit se produit entre deux personnages, les deux autres prennent parti pour l’un des deux. Pour travailler sur les personnages dans Le dieu du carnage en cours de FLE, on pourrait commencer par une caractérisation des personnages et diviser la classe en quatre groupes (ou huit groupes dans une grande classe). Chaque groupe doit s’occuper d’un personnage. Les élèves commencent par rassembler les informations sur leur personnage et son comportement. Puis, les groupes présentent leurs résultats en classe. Afin de découvrir les traits stéréotypes des personnages, chaque groupe doit trouver deux phrases qui représentent bien le caractère du personnage. En plus les groupes doivent reproduire ces phrases en employant des gestes, des expressions de visage et une intonation qui conviennent aux caractères. Le travail sur les relations entre les personnages se fera dans six groupes. Chaque groupe doit analyser les rapports possibles des personnages dans des passages donnés : Annette-Véronique (p. 40, 45, 28), Annette-Alain (p. 27, 32, 41), Annette-Michel (p. 34, 40) , Véronique-Michel (p. 45), Véronique-Alain (p. 22, 27), Michel-Alain (p. 37, 30). La tâche consistera à observer les conflits et les alliances dans les relations et à commenter les résultats. En plus, les élèves 10 doivent faire une illustration qui montre la relation entre les deux personnages. L’objectif de cette tâche sera que les élèves se rendent compte que presque tous les personnages peuvent être en conflit ou en accord avec les autres suivant le sujet dont ils parlent. Les élèves devront découvrir des motifs dans les relations comme : Véronique et Annette se solidarisent pour critiquer le comportement d’Alain. Tâches possibles : caractérisation 1. Caractérisez votre personnage. 2. Trouvez deux phrases typiques pour ce personnage et qui reflètent bien son caractère. 3. Reproduisez ces paroles en utilisant des gestes et des expressions de visage qui, selon vous, conviennent au caractère. 4. Est-ce que vous aimez ce personnage ou pas ? Notez les raisons pour lesquelles vous l’aimez ou vous ne l’aimez pas et faites un tableau : pour – contre. Tâches possibles : relations entre les personnages 1. Lisez le passage du texte donné et observez la relation entre les deux personnages. 2. Quel type de relations existe-t-il entre les deux ? Est-ce qu’ils se trouvent en conflit ou en accord ? Décrivez vos observations et faites des commentaires sur les origines de cette relation. 3. Faites une illustration qui montre la relation entre les deux personnages. 2.4 La présence de la violence et l’importance des objets dans Le dieu du carnage Selon Roswitha Guizetti, les trois pièces de Yasmina Reza Art, Trois versions de la vie et Le dieu du carnage contiennent des éléments de violence. Des objets (le portable d’Alain, le livre de Véronique) ou des personnes 11 absentes (les fils Bruno et Ferdinand) sont les raisons pour les conflits entre les protagonistes. Dans Le dieu du carnage, l’aspect de la violence se trouve déjà dans le titre et la violence entre les deux garçons est la raison pour laquelle les personnages se sont rencontrés. Dans Le dieu du carnage, comme dans les autres deux pièces, il y a un fort degré de violence verbale. Plus tard, dans l’action, la violence est aussi utilisée contre des objets. Le degré de violence augmente au cours de l’action, comme on le voit aussi dans la quantité et dans l’intensité des conflits. La violence se reflète dans le langage que les personnages utilisent. Au début de la pièce, les personnages essayent encore de se comporter d’une manière raisonnable et polie. C’est pourquoi ils utilisent des expressions qui sont prises de certains jargons : en parlant de la bagarre au début de leur rencontre ils utilisent le langage médicale ( « la tuméfaction de la lèvre supérieure, une brisure des deux incisives ») pour parler des blessures de Bruno et Allain Reille emploie le langage d’avocat pour nier le culpabilité de son fils. Il préfère dire que son fils était « muni » d’un bâton plutôt que « armé ». En recourant à des jargons les personnages montrent leur intention d’être neutres et raisonnables et de se comporter « comme des adultes », contrairement à leurs fils. Il y a encore d’autres éléments qui appartiennent à ce « langage de raison ». Au début, on utilise une langue standard qui ne contient ni d’expressions vulgaires envers les autres ni d’expressions du langage familier. Les personnages se montrent polis de polis : on se remercie, on concède à des points ( le mot « oui » est souvent utilisé), on se fait des compliments mutuellement (« Annette : Elle sont ravissantes ces tulipes »). Le premier conflit se produit entre Véronique Houillié et Alain Reille. Alain se moque de Véronique parce qu’elle veut que les deux garçons se rencontrent et en parlent eux-mêmes. Alain trouve cette idée ridicule et exagérée. D’abord il montre son attitude avec une politesse exagérée ( il prend ses distances par rapport à elle) mais d’un ton ironique : « Madame, il faudrait beaucoup de choses. Il faudrait qu’il vienne, il faudrait qu’il en parle, il faudrait qu’il regrette, vous avez visiblement des compétences qui nous font défaut, nous allons nous améliorer mais entre-temps soyez indulgente. » (p.27 l. 15) Un peu plus tard au cours de l’action, les hommes commencent à parler avec plaisir de leurs souvenirs de leurs bandes. Au lieu de s’indigner de la violence entre leurs fils, Alain et Michel comparent leurs propres expériences de 12 bagarres de leur enfance à celles de leurs fils. Les deux femmes n’arrivent pas à comprendre ce comportement. Annette ne veut pas « entrer dans les querelles des enfants » (p.31 l.13) et Véronique veut aussi parler de la violence entre les deux garçons comme quelque chose de cruel qu’il faut éviter. Le prochain conflit se produit entre Michel et Alain. Michel fait un commentaire négatif sur les laboratoires pharmaceutiques qui sont défendus par Alain. En revanche, Alain dit que Michel n’est pas « censé de partager ma conversation ». (p.37 l.2) À ce moment de l’action, l’usage de la violence verbale commence. Les deux hommes se moquent mutuellement du métier de l’autre : Michel dit : « Vous faites un drôle de métier quand même » et Alain répond « Et vous ? Vous faites quoi ? ». Ici, les disputes ne sont pas encore graves et on n’utilise pas d’injures. Le premier personnage qui utilise des injures est Annette. Elle commence à avoir mal au cœur et après avoir dit cela elle n’est plus aussi réservée et polie qu’auparavant. D’abord, elle donne son avis sur l’éducation de son fils et après, elle demande à Alain d’arrêter les appels sur son portable en utilisant des injures : « merde » et « ça fait chier le portable (…)» Ce qui montre aussi une sorte de violence verbale, c’est l’usage d’impératifs. Mais au moment où Annette utilise des impératifs et des injures contre son mari, il commence à utiliser le nom « toutou » pour elle après qu’elle a vomi sur les livres de Véronique. Annette ne reste pas le seul personnage à utiliser des injures. Quand Michel et Véronique vont ensemble à la salle de bains pour nettoyer les livres, ils échangent leurs avis sur leurs invités en utilisant des gros mots comme : « dégueulé », « gerber », « mécanismes des chiottes » et « merdeur ». Dans l’ensemble, on ne peut pas dire que le langage violente remplace le langage de raison à un certain moment de la pièce. Après la conversation sur les Houillié, Véronique et Michel reviennent dans la salle de séjour. Ils échangent encore des politesses avec les Reille, s’excusent pour leur comportement et demandent à Annette comment elle se sent. Le langage de raison alterne avec le langage violent, mais on peut observer que la quantité de langage violente qui contient des insultes et des gros mots augmente et que la quantité de la langue de raison diminue. Le sujet de la violence linguistique est même abordé par Annette qui dit : « L’insulte est une agression ». (p.52, l.9) 13 Bien qu’elle pense au conflit entre Ferdinand et Bruno en prononçant cette pensée, cela concerne aussi le comportement des protagonistes. Le comportement raisonnable et poli des personnages (« Véronique : nous nous efforçons d’être conciliants, et modérés. » (p.53, l.17) fonctionne comme un masque qui cache la « vraie » personnalité. Annette répond à la remarque de Véronique qu’ils sont « modérés en surface » (p.54, l.2) Véronique réagit en proposant de cesser de porter les masques en dit : « Puisque nous sommes modérés en surface, ne le soyons plus » (p.56, l.5). À partir de ce moment, les personnages ont encore moins de scrupules à utiliser des injures et ils commencent même à insulter leurs fils : Michel les appellent « les deux petits cons » et il dit « morveuse » pour sa fille. Michel admet que sa femme l’a « déguisé en type de gauche » et que normalement il est un « caractériel pur ». (p.62, l.17). À la fin de la pièce, la violence verbale est aussi utilisée par Véronique pour faire partir les Reille : Elle dit : « Foutez le camp » (p.92, l.7). Le moment où les Reille veulent partir est accompagné par des insultes comme « Bouclelà », « La ferme! », « petit pédé » etc. Dans Le dieu du carnage on ne trouve pas seulement des formes de violence verbale, mais aussi de la violence contre des objets. Ce type de violence est utilisé le plus fréquemment par Annette. C’est elle qui vomit sur les livres d’art de Véronique, qui jette le portable d’Alain dans le vase de tulipes et qui bat les fleurs à la fin de la pièce. Une fois, c’est Véronique qui prend le sac d’Annette pour le lui rendre d’une telle façon qu’elle casse le poudrier et le vaporisateur qui se trouvent à l’intérieur. La réaction des propriétaires des objets qui viennent d’être endommagés est marquée par le désarroi et par la panique. Surtout quand les livres de Véronique et le portable d’Alain sont endommagés, les réactions sont très émotionnelles. Le comportement de Véronique et de Michel qui commencent à nettoyer et sécher les livres et celui d’Alain qui essaye de réparer son portable font penser à la réanimation d’une personne qui est morte. Les personnages semblent être plus concernés par ces objets que par leur partenaires et leur familles. Alain, qui était indifférent et équilibré en parlant de la bagarre entre les garçons, se montre désespéré à la vue de son portable endommagé. Pour le travail en cours de FLE, on pourrait faire une analyse du langage utilisé dans Le dieu du carnage et du rôle que la violence joue dans la pièce. 14 On pourrait commencer par un travail individuel où l’on demande aux élèves de montrer comment le sujet de la violence est employée dans la pièce et comment elle est employé par les personnages. Puis, on pourrait leur faire analyser comment le langage est utilisé quand les personnages sont raisonnables et quand ils ne le sont pas. Pour cette comparaison, on pourrait faire un tableau avec les moyens linguistiques utilisés dans les deux cas. Afin de parler de la violence contre les objets dans la pièce on peut lire le passage du texte où Annette jette le portable de son mari dans le vase (p.8587). Dans ce cas on pourrait discuter sur la réaction d’Alain et demander aux élèves de se rappeler d’un évènement dans leur vie où ils étaient extrêmement tristes et désespérés à cause d’un objet. Les élèves pourraient écrire une entrée dans un journal intime pour décrire cette expérience et leurs sentiments. Après, on pourrait faire une discussion sur le commentaire d’Annette : « Les hommes sont tellement accrochés à leurs accessoires » (p.86) et se demander si les gens dans notre société sont trop matérialistes et s’occupent trop des objets. Les deux dernières tâches ont pour objectif de rendre possible une identification des élèves avec les protagonistes. En traitant un sujet sociocritique la pièce a par ailleurs l’avantage pour les élèves d’avoir un rapport à leur propre vie. Tâches possibles : 1. Quel rôle est-ce que la violence joue dans Le dieu du carnage ? 2. Comment est-ce que les formes de violence sont employées par les personnages ? 3. Quels moyens linguistiques sont utilisés par les personnages quand ils se comportent d’une façon raisonnable et quand ils ne le font pas ? Écrivez vos résultats dans un tableau avec les catégories « langage de raison » et « langage de violence ». 4. Alain est désespéré quand Annette jette son portable dans le vase. Rappelez-vous d’une situation où vous étiez triste ou furieux à cause d’un objet. Écrivez une entrée dans un journal intime à propos de cette expérience. 15 5. Annette dit que « Les hommes sont tellement accrochés à leurs accessoires ». Est-ce que vous pensez que, dans notre société, on s’intéresse trop aux objets ? 2.5 Les caractéristiques du genre : les différences entre Le dieu du carnage et une pièce de théâtre classique Un aspect d’ analyse pour Le dieu du carnage en FLE pourrait être la comparaison de cette pièce à une pièce de théâtre classique ( p. ex. Tartuffe de Molière) Ce point de vue présuppose que les élèves ont déjà lu une pièce de théâtre classique en cours. Mais comme le travail en cours de FLE avec Le dieu du carnage aura lieu environ à partir de la sixième année d’apprentissage, on peut alors être sûr que les élèves auront déjà traité une pièce classique, au moins en cours d’allemand. En regardant le tableau des personnages dans Le dieu du carnage, on peut constater qu’il ne correspond pas au type de tableau que l’on trouve dans une pièce classique. Il est plutôt minimaliste. D’abord, on n’y trouve plus que quatre personnages qui ne sont décrits ni par leurs relations ( p. ex. femme de x, neveu de x, amant de x etc.) ni par leurs métiers ( p. ex. servante, notaire etc.) mais on n’apprend que leurs prénoms et surnoms. En ce qui concerne les didascalies dans Le dieu du carnage, il y a plusieurs caractéristiques qui correspondent à la forme classique. La pièce Le dieu de carnage contient des didascalies qui sont écrites en italique comme c’est le cas usuellement. Elles ont la fonction d’indiquer des bruits, des gestes et la façon de parler des personnages, elles annoncent les entrées, les sorties et certaines actions des personnages. Ces fonctions sont les mêmes que dans la pièce classique. Pour continuer la comparaison, les élèves pourraient se demander si les didascalies classiques ont encore d’autres fonctions. Une différence frappante entre Le dieu du carnage et les pièces classiques peut être observée au niveau de la description du décor . Les didascalies qui décrivent la scène dans Le dieu du carnage se caractérisent par un manque de décor. Ce fait est commenté avant la pièce par le commentaire : « Le salon. Pas de réalisme. Pas d’éléments inutiles. » (Reza, p.4) 16 En regardant la division de la pièce, on s’aperçoit qu’elle ne contient ni actes ni scènes comme une pièce de théâtre classique qui est divisée en trois à cinq actes et en plusieurs scènes. On peut toutefois parler d’une sorte d’exposition au début de Le dieu du carnage. Les didascalies et la conversation initiale nous informent sur la situation de départ. Au cours de l’action, on apprend encore d’autres informations sur les personnages, sur leurs métier, leur vie conjugale, ce qu’ils aiment. Il n’est pas possible d’identifier un point culminant dans Le dieu du carnage. En revanche, la pièce contient plusieurs tournants qui changent le déroulement de l’action : p. ex. l’appel de la mère de Michel empêche les Reille de partir. La fin de la pièce est une fin ouverte et quelconque. Les Reille quittent l’appartement des Houillié en se disputant. La fin pourrait se produire déjà plus tôt ou plus tard dans la pièce: les Houillé devaient déjà être partis plusieurs fois. Il n’y a pas de dénouement où les conflits sont résolus comme c’est le cas dans la comédie classique. Il n’y a pas non plus de catastrophe à la fin de la pièce comme on le connaît dans la tragédie classique. Cela veut dire que Le dieu du carnage nie le destin, contrairement à une pièce de théâtre classique. En plus, il n’y a pas de cohérence classique des actions qui se développent jusqu’à une fin déterminée, mais plutôt une quantité d’actions et de sujets ( p. ex. les fils, le hamster, la vie conjugale des deux couples, le portable d’Alain) dont les personnages parlent ou qui se développent à partir de certaines situations. Ces sujets aboutissent presque toujours à des conflits. Et tous les sujets reviennent plusieurs fois au cours de l’action. C’est pourquoi on peut parler plutôt d’une circularité que d’une linéarité d’actions. Une autre caractéristique de Le dieu du carnage qui montre que l’action n’est pas fixée et déterminée est l’influence des événements extérieurs, comme l’appel de la mère de Michel, sur l’action. À propos de ce phénomène, Andrea Grewe écrit : « Tout souci classique d’unité et de cohérence semble abandonné : si unité il y a (…) exclusivement l’unité du lieu de la représentation et du temps de la représentation ». (Grewe 2007 p.26) En regardant toutes les caractéristiques susmentionnés d’une pièce de théâtre, on peut constater que Yasmina se sert d’éléments traditionnels, comme les didascalies et l’exposition le montrent. Puis, il y a d’autres éléments 17 traditionnels du théâtre qui sont utilisés, mais modifiés : le tableau de personnages et le décor sont minimalistes. En ce qui concerne les autres points, il existe des différences importantes. Pour les cours de FLE, on pourrait faire pour les élèves un tableau dans lequel ils doivent écrire les différences et les similarités entre Le dieu du carnage et une pièce de théâtre classique suivant les aspects caractéristiques qu’ils connaissent. Au cas où l’on a déjà travaillé sur une pièce de théâtre classique ( p. ex. Le Tartuffe de Molière) dans la classe de FLE, les élèves pourraient apporter la pièce en question en cours pour puvoir comparer les deux. Pour des classes avec un niveau bas, on pourrait déjà remplir la première colonne qui contient les éléments du théâtre classique. L’objectif de cette comparaison est que les élèves se rappellent des éléments du théâtre classique et se rendent compte des différences entre le théâtre classique et le théâtre contemporain. En plus ils approfondissent, et apprennent du vocabulaire pour parler d’une pièce de théâtre. Tâches possibles : Travaillez à deux : 1. Rappelez-vous des éléments caractéristiques que l’on trouve dans une pièce de théâtre classique. Écrivez-les dans la première colonne. 2. Réfléchissez sur les similarités et les différences entre le théâtre classique et Le dieu du carnage d’après les éléments que vous avez trouvés. 3. Discutez vos résultats avec un autre groupe et complétez le tableau par de nouveaux aspects 18 Tableau : Eléments du théâtre classique Similarités Différences Didascalies La division de la pièce …. 4. Conclusion Le dieu du carnage de Yasmina Reza est approprié pour être traité en cours de FLE à partir de la cinquième année d’apprentissage. Le niveau de langage n’est pas difficile et l’action est facile à comprendre, dans la mesure où il s’agit de dialogues sur des sujets simples. Les tâches que j’ai présentées s’occupent de plusieurs aspects différents de la pièce : des personnages, du langage, des aspects formels du texte, des qualités d’une pièce de théâtre et des sujets qui sont abordés dans la conversation des personnages. Certaines tâches se penchent sur l’approche créative aux textes et d’autres contiennent des aspects traditionnels d’analyse d’un texte. Les tâches créatives servent à motiver les élèves en facilitant l’accès au texte. L’analyse formelle du texte permet aux élèves d’apprendre les caractéristiques d’une pièce de théâtre Pour le travail avec une pièce de théâtre il est important aussi de montrer aux élèves que la pièce a été écrite pour être présentée sur scène. C’est pourquoi j’ai ajouté des tâches où les élèves peuvent jouer des passages de la pièce. 19 La diversité d’aspects de la pièce et d’approches veut permet de donner aux élèves un cours intéressant et motivant sur Le dieu du carnage de Yasmina Reza. 20 Bibliographie Reza, Yasmina (2008) : Le dieu du carnage (Reclam ), édité par Roswitha Guizetti Höner, Dorothea : Umgang mit Texten dans : Französisch Methodik (Cornelsen: 2007), édité par Krechel, Hans-Ludwig Nieweler, Andreas (éd.) (2006) : Fachdidaktik Französisch (Ernst Klett Sprachen GmbH) Albert, Marie-Claude et Souchon Marc (2000) : Les textes littéraires en classe de langue (Hachette) Müller, Peter et Zoch, Helga (2002) : Art. Dossier pédagogique (Ernst Klett Verlag) Guénon, Denis (2005) : Avez-vous lu Reza (Albin Michel) Grewe, Andrea (2007) : L’art de la comédie à l’âge du postdramatique dans Lendemains 128, S. 22-41 21 Eidesstattliche Erklärung Hiermit versichere ich, dass ich die Hausarbeit selbstständig verfasst und keine anderen als die angegebenen Quellen und Hilfsmittel benutzt habe. Alle Ausführungen, die ich anderen Schriften wörtlich oder sinngemäß entnommen habe, habe ich kenntlich gemacht. Die Arbeit war in gleicher oder ähnlicher Fassung noch nicht Bestandteil einer Studien- oder Prüfungsleistung. Aleksandra Tatusch