Histoire de Saint - Saint-Michel-de
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Histoire de Saint - Saint-Michel-de
Histoire de Saint-Michel Sa seigneurie d’origine, commune à d’autres territoires que celui de maintenant, date de 1672, sa paroisse commune date de 1678, sa paroisse autonome de 1693, son toponyme « Saint-Michel » de 1698, sa seigneurie autonome de 1736, son presbytère de 1739 et son Bourg (village), le premier et donc plus vieux en Bellechasse, prend forme dans les années 1800. Histoire de la seigneurie. L'histoire de Saint-Michel commence en 1672 par la concession d'une seigneurie à un noble de Bretagne : Olivier Morel de La Durantaye. Arrivé en Nouvelle-France avec M. de Tracy en 1665 en tant que lieutenant dans le régiment Chambellé c'est comme capitaine de sa compagnie qu'il se joint aux compagnies du régiment de Carignan-Sallières. Haut gradé de l'armée française, il contribue à la construction de forts sur la rivière Richelieu et fait plusieurs incursions en territoire iroquoien pour imposer la paix. Il sera commandant du fort Michillimakinak dans la région des Grands Lacs. Il sera aussi homme d'affaires, fera le commerce des fourrures, du poisson et du bois de mâture, sera membre du Conseil souverain et bien sûr seigneur de Saint-Michel. C'est Jean Talon, intendant du roi français Louis XIV, qui lui concède la seigneurie avec obligation de peupler le territoire. Avant d’être une municipalité de la MRC de Bellechasse gérée par un Maire et son Conseil, Saint-Michel a donc été une Seigneurie gérée par un Seigneur. Les municipalités mises en place entre 1845 et 1854 pour remplacer les seigneuries voient officiellement le jour en 1854. Si en 2012, Saint-Michel couvre 158 ans de régime municipal, il couvre 182 ans de régime seigneurial. Voici l’évolution de la seigneurie La Durantaye au fil des années. 1) En 1672 une seule seigneurie existe en Bellechasse entre la seigneurie de Beaumont et celle de Berthier-Bellechasse. Elle est concédée par Jean-Talon à Olivier Morel et porte le nom de La Durantaye. Elle mesure 2,8 lieues par 2,8 lieues soit 13.4 kilomètres de front au fleuve par 13.4 kilomètres de profond et elle comprend le territoire actuel des municipalités de Saint-Vallier, Saint-Michel, La Durantaye et la partie nord de la municipalité de Saint-Raphaël à la hauteur du chemin Sainte-Catherine là où il traverse la Rivière du Sud. 2) En 1693 la seigneurie La Durantaye est agrandie au sud. Deux lieues (9,6 kilomètres) s’ajoutent aux 2,8 lieues (13.44 kilomètres) pour aller chercher le reste du territoire de l'actuelle municipalité de Saint-Raphaël jusqu’à Armagh. Elle est aussi agrandie d’une lieue (4,8 kilomètres) par une lieue à l’ouest. S’ajoute alors une partie du territoire de l'actuelle municipalité de Saint-Charles au sud de la seigneurie de Beaumont avant que celle-ci ne soit agrandie à la rivière Boyer. Incidemment l’agrandissement de la seigneurie de Beaumont se fera 20 ans plus tard en 1713. 3) En 1696 la seigneurie La Durantaye est à nouveau agrandie au sud ouest pour aller chercher le territoire actuel des municipalités de Saint-Gervais et une autre partie de l'actuelle Municipalité de SaintCharles à la rivière Boyer jusqu'à la seigneurie La Martinière à l’ouest collée à la seigneurie de Lauzon. Beaumont n’a toujours pas été augmentée. 4) En 1713, la seigneurie Beaumont est agrandie et augmentée du double au sud sur la même largeur, à même la seigneurie de La Durantaye qui perd alors une partie de son territoire au profit du seigneur Couillard. 5) En 1716 le seigneur Olivier Morel scinde la seigneurie La Durantaye en deux parties à partir du domaine seigneurial situé à l'embouchure de la rivière Boyer au fleuve de part et d’autre de la rivière qui sert de frontière aux municipalités actuelles de SaintMichel et Saint-Vallier. Une maison de ferme qui sert de manoir est située à l’ouest de la Boyer à son embouchure au fleuve sur une terre bornée au nord par l’actuelle Anse Mercier à l’est des trois campings. 6) En 1720, la partie est de la seigneurie La Durantaye au fleuve (qui inclue la totalité du domaine seigneurial , de part et d'autre de l'embouchure de la Rivière Boyer) est achetée de Louis-Joseph Morel par Monseigneur de Saint-Vallier pour les Mères Hospitalières de l'Hôpital Général de Québec (Augustines). Cette partie est de la seigneurie La Durantaye au fleuve forme alors une seigneurie autonome. Elle a une profondeur de 2,8 lieues ou 13.4 kilomètres jusqu’à l’actuel chemin Sainte-Catherine de Saint-Raphaël et prend le nom de Saint-Vallier avec comme nouveau seigneur les Mères Hospitalières de l'Hôpital Générale de Québec (Augustines). Cette seigneurie sera achetée par François Tarieu de Lanaudière en 1767 qui en devient le nouveau seigneur. Ses 8 enfants, hériteront de la seigneurie en propriété indivise comme coseigneurs et feront construire le Manoir De Lanaudière de Pointe St-Vallier en 18091810. 7) En 1736, la partie ouest de la seigneurie La Durantaye au fleuve (qui inclue entre autres les secteurs de Saint-Gervais et ce qui reste du secteur de Saint-Charles après l'agrandissement de la seigneurie de Beaumont) est acheté de la Succession Morel par Jacques Hugues Péan de Livaudière. C'est alors qu'elle prend le nom de la paroisse. On l'appellera désormais Seigneurie de Saint-Michel. Au total, elle comprend le secteur de l'actuelle municipalité de Saint-Raphaël (sauf la partie nord située dans la seigneurie de Saint-Vallier), le secteur des municipalités actuelles de Saint-Michel et La Durantaye, le secteur de l'actuelle municipalité de Saint-Gervais et le secteur de l'actuelle municipalité de Saint-Charles dans la partie située entre la seigneurie La Martinière à l’ouest et celle de Beaumont alors agrandie. 8) En 1744 la seigneurie de Saint-Michel s'agrandit à son tour. Un territoire situé à l'ouest entre les seigneuries La Martinière et Beaumont s'ajoute à la seigneurie. Cet agrandissement de la seigneurie de Saint-Michel fera parti d'un secteur plus grand revendiqué par Lafontaine de Belcourt et rebaptisé Livaudière par Jacques Hugues Péan de Livaudière au terme d’un long procès. À partir du fleuve, depuis la chute à Mailloux de l’actuel Moulin de Beaumont, la seigneurie de Saint-Michel longe désormais la seigneurie de Beaumont à sa frontière est, la contourne au sud à la Rivière Le Bras et l’encercle en longeant sa frontière ouest vers le nord jusqu’à la seigneurie de Vincennes, sa voisine du bord de l’eau au fleuve. 9) En 1752 le seigneur Jean Hugue Péan, le fils de Jacques, augmente à nouveau la seigneurie Saint-Michel pour aller chercher la presque totalité du territoire des municipalités actuelles de SaintNérée, Saint-Lazare et Saint-Damien Nord. La rue principale actuelle du village de Saint-Damien est située à la frontière qui délimite alors la seigneurie de Saint-Michel du futur canton (township) de Buckland. En scindant sa seigneurie de La Durantaye en deux parties (1716) Olivier Morel donnait donc naissance à deux seigneuries qui deviendront autonome : la partie est qui devient seigneurie autonome de Saint-Vallier en 1720 lorsqu'achetée par Monseigneur de Saint-Vallier et la partie ouest qui devient autonome sous le nom de Saint-Michel en 1736 lorsqu'achetée par Michel Jacques Hugues Péan de Livaudière. La seigneurie de Saint-Vallier ne sera jamais agrandie mais celle de Saint-Michel le sera en 1744 (secteur Livaudière) et 1752 (secteur Saint-Nérée, Saint-Lazare et SaintDamien nord jusqu'à la rue principale du village actuel de SaintDamien). La seigneurie de Saint-Michel s'enrichit ensuite d'une population venue de L'Acadie: d'abord, de 1745 à 1747 des Micmacs et des Malécites qui campent près de l'Anse Mercier; puis en 1755-17561757, des Acadiens fuyant à travers bois la déportation des leurs. Plusieurs s'installent sur le territoire actuel de Saint-Gervais (SaintMichel seigneurie et paroisse à l'époque depuis 1696) et développent les rangs 1 et 2 appelés par la suite première et deuxième Cadie. Seulement une vingtaine des 50 chefs de famille d'origine sont encore là au moment de la fondation de la paroisse Saint-Gervais et Protais en 1780. La maladie et la misère sont en grande partie responsables de leur disparition. En 1765 la seigneurie est vendue à Joseph Brassard Deschenaux qui devient le quatrième seigneur de Saint-Michel. Avant de porter le nom de Saint-Joseph, la rue du bord de l'eau, dans le village de Saint-Michel, s'appelait «Deschenaux». Une carte datant de 1896 et qu’on peut consulter au bureau municipal témoigne de ce fait. En 1832, Léger Launière, fils de Josephte Deschenaux et de Michel Launière, finit par hériter de l'ensemble de la seigneurie qu'avait laissé en héritage à ses quatre enfants le seigneur Joseph Brassard Descheneaux. Cinquième et dernier seigneur de Saint-Michel, Léger Launière se fera construire un manoir dans le village là où est située la maison de la famille Vézina, à côté de la croix de fer du 300ième. Le manoir sera habité ensuite par Prudent Morin et vendu à Arthur Roy qui le démolira en 1921. Il en utilisera le bois pour construire sa résidence, laquelle deviendra la propriété de la famille Vézina. Léger Launière sera maire de Saint-Michel pendant trois ans. À sa mort il sera inhumé sous son banc d'église. Histoire de la paroisse Avant de former une paroisse autonome en 1693, un an après la paroisse de Beaumont, Saint-Michel fait parti d’une immense paroisse sans titulaire érigée canoniquement par Monseigneur de Laval en 1678 pour toute la rive sud. C’est cette paroisse des touts débuts, commune à d’autres territoires, que l’on fête à Saint-Michel. Si, à tous les 25 ans, Saint-Vallier fête l’année de création de sa paroisse autonome en 1713-1714 et Beaumont fête l’année de création de sa seigneurie en 1672, Saint-Michel fête l’origine paroissiale de son territoire. L’année 1678 marque un tournant dans l’histoire car avant 1678 aucune organisation paroissiale n’existe. En 1678 l’érection de cette grande paroisse qui regroupe le territoire de toutes les seigneuries de la rive sud du fleuve entre Lotbinière et Lislet-sur-Mer permet aux quelques familles établies sur le territoire de Saint-Michel de recevoir l’essentiel des services religieux. Ce sont des missionnaires rattachés au Séminaire de Québec qui parcourent le vaste territoire et font office de curé itinérant en l’absence de toute chapelle ou presbytère. La messe est dite chez l’habitant. L’année 1678 rappelle donc aux Michelois la toute première organisation paroissiale du territoire. La paroisse Saint-Michel-de-La Durantaye est érigée canoniquement en 1698 après s’être appelée Saint-Laurent pendant cinq ans depuis l’ouverture des premiers registres à ce nom déposés à Beaumont en 1693. Parce qu’elle ne veut pas fêter son anniversaire en même temps que la paroisse Saint-Pierre, tel que prescrit par le calendrier liturgique, la paroisse de Saint-Paul de l’Isle d’Orléans change de saint patron pour se mettre sous la protection de saint Laurent en 1698. Pour éviter toute confusion la paroisse Saint-Laurent-de-La Durantaye située en face de l’Isle adopte l’Archange Saint-Michel comme titulaire et prend le nom de Saint-Michel-de-La Durantaye. La paroisse n’a pas encore de chapelle presbytère. Les paroisses autonomes de Saint-Michel et de Saint-Philippe-SaintJacques (paroisse de Saint-Vallier) résultent d’une division de cette paroisse Saint-Michel-de-La Durantaye trois ans avant que la seigneurie La Durantaye ne soit elle-même scindée. En voici l’explication : dans les seigneuries de Vincennes et de Beaumont, les petites rivières qui se jettent au fleuve sont pourvues de ponts assez rapidement mais plus à l’est dans la seigneurie d’Olivier Morel la rivière Boyer présente un problème. En 1759 on la traversait encore « en canot à marée haute et à cheval ou en voiture à marée basse ». Les autorités religieuses réclamaient depuis longtemps un pont à la Boyer qui aurait permis aux censitaires situés à l’Ouest de la rivière d’avoir accès plus facilement à la chapelle paroissiale de Saint-Michel de La Durantaye construite à l’est en 1702, sur la terre de Jacques Corriveau, à l’emplacement actuel de l’école « Le Rucher » de Saint- Vallier. En 1713-1714, l’absence de pont amène Monseigneur de Saint-Vallier à créer deux paroisses à même le territoire de cette grande paroisse. Les Michelois situés à l’est de la rivière Boyer à son embouchure au fleuve changent donc d’allégeance paroissiale et deviennent paroissiens de Saint-Philippe et Saint-Jacques. Comme nous l’avons vu ils changeront également d’allégeance seigneuriale six ans plus tard en devenant censitaires de la seigneurie de SaintVallier. Durant l’année qui précède la scission paroissiale le seigneur Olivier Morel donnait un terrain à la paroisse Saint-Michel-deLadurantaye qui allait devenir paroisse Saint-Philippe et SaintJacques à l’Est de la Rivière. Ce terrain correspond au site actuel du cimetière de Saint-Vallier. C’est là qu’on construira plus tard une église de pierre qui servira au culte jusqu’en 1904. À leur tour à la suite de la scission de la grande paroisse, les Michelois de l’ouest se construisent une chapelle à même la terre donnée par le cultivateur Lacroix, sur le site actuel de l’église de Saint-Michel, dans la « cuvette » au bas du coteau. Au moment de la Conquête, la paroisse Saint-Philippe Saint-Jacques compte environ 900 habitants. Elle possède une église de pierre, commencée en 1716 et ouverte aux fidèles en 1722, elle le restera jusqu’en 1904. Pour sa part, la nouvelle paroisse Saint-Michel compte 800 paroissiens en 1759 et possède une église fonctionnelle en pierre depuis 1736, année où la seigneurie de Saint-Michel est achetée par Michel Jacques Hugues Péan. En remplacement, trois autres églises suivront: 1815, 1856 et 1872. Le territoire de la paroisse couvre celui de la seigneurie Saint-Michel ainsi qu’une partie de la seigneurie Saint-Vallier, à l’ouest de la rivière Boyer à son embouchure au fleuve, là où les Mères Hospitalières de l’Hôpital Général de Québec, seigneur des lieux depuis1720, exploitent, à l’instar des Morel avant eux depuis 1674, la ferme qui tient lieu de manoir. Cette ferme domaniale est bornée au fleuve par l’Anse Mercier. Les « seigneuresses » de Saint-Vallier sont donc paroissiennes de Saint-Michel du fait que la ferme qui sert de manoir à leur seigneurie se trouve à l’intérieur des limites de la paroisse Saint-Michel. Si l’embouchure de la rivière Boyer sert de frontière aux deux paroisses, la frontière des deux seigneuries se trouve à l’ouest de l’anse Mercier entre Pointe Saint-Michel et Pointe Samson au centre de la plage Saint-Laurent-Gagnon et de ses deux Campings. En scindant sa seigneurie, Olivier Morel n’avait pas voulu scinder la terre domaniale qu’il destinait à son fils aîné Louis Joseph. La totalité du domaine seigneurial situé de part et d’autre de la rivière Boyer était donc incluse dans la partie est de la seigneurie La Durantaye qui formera la seigneurie de Saint-Vallier en 1720. Il ne faut pas confondre ici territoire paroissial et territoire seigneurial. Histoire du village Aucun village n’existe en Bellechasse sous le régime français. Québec l’interdit formellement. Il faut défricher, cultiver et donc posséder une terre pour se bâtir maison. Au minimum, on exige un terrain d’un arpent et demi de large par trente arpents de profond. Une fois un premier rang développé, les autorités s’assurent qu’un deuxième rang le soit, puis un troisième et un quatrième avant de consentir à l’établissement d’un bourg (village). Durant tout le régime français les habitants de Bellechasse vivent donc sur leur terre le long de chemins de rang qui côtoient le fleuve. En moyenne, les terres ont trois arpents de front par 40 de profond. Aucun voisin à moins de 500 pieds. Aucune agglomération. Assez rapidement, en remplacement d’une première chapelle presbytère construite dans la paroisse sur la terre d’un cultivateur, il y a l’église paroissiale (1722 à Saint-Vallier, 1733 à Beaumont, 1736 à SaintMichel) où il se rassemblent tous les dimanches. On s’y rend à cheval ou en bateau, mais aussi à pied l’été et en raquette l’hiver. Il y a ensuite la salle des habitants, à même le presbytère où vit leur curé, il y a le cimetière, il y a les services religieux mais pas de village (bourg) ou de hameau c’est-à-dire pas d’agglomérations de maisons autour des lieux de culte pour qu’artisans, commerçants et notables puissent s’installer et faciliter le travail du cultivateur. C’est l’autarcie. L’habitant doit tout faire lui-même en solidarité avec ses voisins de rang et chaque famille doit s’auto suffire. C’est le système d. La débrouillardise devient une condition de survie et plusieurs y voient l’origine du talent créateur des anciens canadiens devenus Québécois. La nécessité crée l’invention. Le terme village, employé par les anciens, désigne des colons établis sur des terres disposées en rangée le long d’une voie d’eau ou d’une voie de terre. On dira d’eux qu’ils demeurent au village du rang Sainte-Catherine ou au village du rang trois. Le terme village ne désigne pas une agglomération autour d’un point central mais un secteur particulier où l’on trouve des maisons à l’intérieur de censives disposées en rangée. Côte est synonyme de chemin de rang et village est synonyme de rang. Le premier chemin de rang, le fronteau, sera la côte fluviale c’est-à-dire le bord de l’eau, le chemin d’eau lui même et le mot côte servira longtemps à nommer les autres chemins qui serviront à relier les censives entre elles à l’intérieur de rangs qui, parallèles au premier, se développeront par la suite. L’usage du mot côte est antérieur aux mots chemin de rang pour désigner ces chemins de traverse parallèle au cours d’eau, fleuve ou rivière. Par exemple, on parlera de « la coste du Rang croche ». De même, le terme « Kannata » utilisé par les Iroquoiens du Saint-Laurent pour désigner leur village (amas de cabanes) prendra un nouveau sens. Il ne désigne plus des « amas de cabane » à l’indienne comme Stadaconé ou Hochelaga ou à l’européenne comme Québec, TroisRivières ou Montréal mais des habitations disséminées en rangée le long de la côte de part et d’autre du Saint-Laurent puis, par extension, la plaine côtière, la Vallée du Saint-Laurent et l’ensemble du territoire habité. Québec autorise la création d’un premier bourg en Bellechasse à la fin du régime français en 1754. On en trace les limites mais personne ne s’y installe avant les années 1800. La récession économique, conséquence de la Guerre de 7 ans (1756 à 1763), suivie de l’Invasion du Québec par les futurs Américains 12 ans plus tard, peuvent expliquer ce retard. À la suite du refus de la France d’honorer ses dettes les Canadiens sont privés d’une rondelette somme de 16 millions de livres qu’ils possèdent en monnaie de papier au moment de la Conquête. Plusieurs hommes chefs de familles impliqués dans les conflits sont aussi décédés. Les troupeaux sont décimés et les dommages subis par les cultivateurs sont importants. On a besoin de toute la main-d’œuvre disponible pour remettre les fermes en état de produire à nouveau. Il faut reconstruire. En 1800 donc, le bourg prend forme. Au recensement de 1815 il y a 12 maisons autour de l'église et la maison Michel Germain (120 rue Principale) est du nombre. Vers 1830, Joseph Bouchette y dénombre une trentaine de maison et en 1851 on en conte 104. Selon Serge Courville Saint-Michel et Saint-Thomas de Montmagny constitue alors les deux plus grosses agglomérations de la Côte du Sud. À la fin du 19ième siècle le village de Saint-Michel comprend 170 emplacements à l'intérieur d'un espace tricoté serré de rues étroites. Entre 1845 et 1855, le système seigneurial, maintenu jusque-là après la conquête anglaise, est aboli progressivement pour laisser place aux municipalités. C'est à ce moment que le bourg de SaintMichel devient village par incorporation (1845). En 1849 SaintMichel est choisi pour être le chef-lieu du comté de Bellechasse, ce qui mène à la construction d'un « palais de justice » maintenant Bibliothèque (1859) et à l'établissement de notables dans le village : juge, avocat, huissier, registraire (greffier) qui s'ajoutent au médecin et notaire déjà présents. C'est également au 19ième siècle que seront construits le collège (1853), le quai (1858), le lieu de pèlerinage Notre-Dame-de-Lourdes (1879) en remplacement de la chapelle Saint-Joachim située alors au coin sud-ouest de la Rue Principale et de l'Avenue de la Grève, et le couvent (1890) qui remplacera à son tour celui de 1861 qui avait été déménagé là en 1865. Comme pour le bourg qui devient village en 1845 la paroisse devient municipalité de paroisse en 1855 à la suite de l'abolition officiel du système seigneurial en 1854. Saint-Michel-de-laDurantaye commencera à se faire appeler Saint-Michel-deBellechasse. Si La Durantaye faisait référence à la seigneurie, Bellechasse fait référence au comté, d'abord créé sous le vocable Hertford en 1791 et rebaptisé Bellechasse en 1829 en souvenir de sa plus ancienne seigneurie, celle de Bellechasse concédée à Nicolas Marsolet en 1637 et ré concédée à Alexandre Berthier qui en profite pour l’agrandir en 1672. Le comté continuera de s'appeler Bellechasse mais il perdra la seigneurie Berthier-Bellechasse (maintenant Berthier-sur-mer) en 1850 au profit du comté de Montmagny. Au 20ième siècle on ajoute aux institutions une deuxième chapelle Sainte-Anne (1905) en remplacement de la première située plus à l'ouest. On installe l'électricité en 1923. On ajoute une école primaire (1960), un hôpital (1966), une Caisse populaire au 76, rue Principale (1973) en remplacement de l'ancienne située au 59, rue Principale (1937), un centre communautaire (1976), une jetée et marina (1991) en remplacement du quai, un golf (1991-1992), un théâtre d'été (1975), plusieurs commerces et de nombreux hôtels (transformés maintenant en résidences privées) pour recevoir pèlerins et visiteurs. En 2003, Saint-Michel fêtait le 325ième anniversaire de cette grande paroisse commune érigée canoniquement en 1678. On profite de l'occasion pour créer des panneaux d'interprétation à teneur historique et pour lancer un Festival de Chant choral, enraciné dans la tradition et ouvert à la modernité, qui devient dès lors le Festival de Saint-Michel-de-Bellechasse qui en 2008 portera le nom de Festival choral, patrimonial et culturel. Le caractère singulier de Saint-Michel en regard des autres municipalités peut se définir en 5 points: 1) Sa longue histoire. En 2008 on parle d'un territoire seigneurial et paroissial qui a 336 ans d'histoire : sa seigneurie commune date de 1672, sa paroisse commune de 1678, sa seigneurie autonome date de 1736, sa paroisse autonome de 1693, son presbytère de 1739 et son bourg, le plus vieux de Bellechasse, prend forme dans les années 1800. Quant au toponyme Saint-Michel il date de 1698. 2) L'emplacement de son village. Il est bâti à hauteur d'eau dans une cuvette ouverte sur le fleuve par son côté nord. Sa géographie particulière fait en sorte que les ressources du fleuve deviennent facilement disponibles. À la vocation agricole de Saint-Michel s'ajoute donc une vocation maritime. 3) Le caractère urbain de son vieux bourg. Les collines environnantes empêchent l'étalement et amènent une grande concentration de maisons souvent imposantes dont plusieurs auront une double vocation : résidentielle et commerciale. L'espace est restreint et les maisons nombreuses sont construites très près les unes des autres. 4) La qualité de son patrimoine bâti. Autant de maisons «pièce sur pièce» bien conservées qui datent du 19ième siècle et qui, malgré leur grande diversité de style et l'ajout de couleurs en complément, sont restées blanches à 85%, est un phénomène unique au Québec. C'est ce qui lui a permis de s'inscrire parmi les plus beaux villages du Québec à titre de "village blanc". 5) Le nombre de ses estivants. La population de Saint-Michel double durant la belle saison : chalets, résidences secondaires, maisons mobiles et tentes en camping. Sa position privilégiée au fleuve fait de Saint-Michel un véritable centre de villégiature. La légende des vieux fusils. Une peinture de l’artiste Françoise Pascals intitulée Les Vieux fusils huile 16 po x 20 po, 1998 est accompagnée du texte suivant : « À l’heure où le passé et le présent se confondent au cœur de la nuit bleue, ils (les révoltés) veillent sur leur village dans l'espoir qu'un jour, une nuit, les âmes engourdies des villageois entendent la voix des vieux fusils, ceux qui refusent de se rendre » Saint-Michel a donc sa légende : les vieux fusils, appelée aussi les excommuniés ou les révoltés. Cette légende prend son origine dans un événement qui s'est passé dans l'église de Saint-Michel au moment où l'armée du Congrès américain envahit le Québec en 1775 afin d'en faire sa 14ième Colonie. Pour éviter que les Canadiens de la Vallée du SaintLaurent deviennent Américains, Sa Majesté britannique Georges III donne force de loi au Quebec Act en juin 1774. L'Acte de Québec abolit le serment du Test qui obligeait les catholiques à nier l'infaillibilité du Pape, la virginité de Marie et la présence réelle du Christ dans l'hostie pour obtenir un poste dans la haute fonction publique. Ce serment du Test est remplacé par un simple serment d'allégeance. L'Acte de Québec redonne aux Canadiens le libre exercice de la religion catholique et à l'Église le droit d'exercer et de percevoir la dîme. Les lois civiles françaises sont rétablies et le régime seigneurial maintenu. Enfin, le territoire est agrandi pour inclure la région des Grands Lacs dont une partie deviendra plus tard le Haut Canada (1791) avec l'idée stratégique géopolitique d'encercler les Québécois (habitants des seigneuries de la vallée du Saint-Laurent sur une partie du Canada que les Anglais désignent Province of Quebec) pour mieux les contrer. Dans le même esprit et la même stratégie d'encerclement, les Anglais restés fidèles à la Couronne britannique après l'indépendance américaine (les loyalistes) occuperont les terres situées autour des seigneuries à l'intérieur d’un territoire divisé en cantons. Bien que stratégique cette loi est généreuse puisqu'elle consolide les bases de la nation québécoise. Toutefois, certains paroissiens restés amers après la Conquête voient dans l'invasion américaine l'occasion de renverser le gouvernement britannique en Canada. De Kamouraska à Beaumont, la Côte du Sud est alors le théâtre d'une guerre civile: pères contre fils, frères contre frères : 170 se joignent à la milice pro britannique, dirigée par le seigneur Beaujeu de l'Île aux Grues, contre 150 qui se joignent à la milice pro américaine. Cinq de ces 150 miliciens furent excommuniés par monseigneur Briand, septième évêque de Québec, pour avoir manifesté publiquement leur désaccord avec l'Église qui elle, prônait la collaboration avec l'armée anglaise du gouverneur Carleton. «C'est assez longtemps prêché pour les Anglais», crièrent-ils au prédicateur jésuite en pleine messe dominicale. Chassés de la communauté, ils vécurent reclus dans le sud de la seigneurie. À leur mort, ils furent enterrés dans un champ du quatrième rang de Saint-Michel (aujourd'hui La Durantaye) sur la propriété de la famille Cadrin où ils avaient vécus. Leurs restes furent exhumés en 1880 et inhumés de nouveau dans le cimetière de Saint-Michel à l'endroit réservé aux enfants morts sans baptême. Depuis, certains ont assuré avoir vu les corps sortir de leur tombe et errer dans la nuit. Encore aujourd'hui, par les soirs de brume et de pleine lune, on peut voir les cinq excommuniés, ou plutôt leurs fantômes, se promener autour de l'église avec leurs vieux fusils français (mousquets) sur l'épaule. Pareille légende devait fournir le sujet d'un long poème au poète Louis Fréchette. Ce poème intitulé Les excommuniés fut publié en 1887 dans La légende d'un peuple. Notons enfin que les Michelois ont déjà porté le surnom de feux follets ainsi nommés par les habitants de l'Île d'Orléans qui, par les soirs de beau temps, voient sur la grève plusieurs feux allumés par les gens de Saint-Michel pour se chauffer le coeur. Évidemment, pour les gens de Saint-Michel les feux follets ce sont les habitants de l'île Orléans qui eux aussi allumaient des feux sur la grève. Références : Une histoire du Québec racontée par Jacques Lacoursière. Lacoursière Jacques, Les Éditions du Septentrion, Québec, arrondissement Sillery, 2002.Saint-Michel-de-La-Durantaye, notes et souvenirs, 1678-1929. Père Marie-Antoine Roy. Imp. Charrier et Dugal Ltée, Québec, 1929.En passant par la Côte de Bellechasse . . . j'ai rencontré trois beaux villages! Brochure produite par la Municipalité régionale du comté de Bellechasse et réalisée par le Groupe de recherche en histoire du Québec Inc., recherche et rédaction : Bourget Clermont, Côté Robert, Québec 1993.Contes et légendes de la Côte-du-Sud. Fondation Héritage Côte-du-Sud, Les Éditions du Septentrion, Québec, 1994. SaintMichel-de-Bellechasse- trois cents ans d'histoire 1678-1978. Collaboration entre de nombreux citoyens de Saint-Michel et la Commission scolaire régionale Louis Fréchette, de Lévis, avec l'active participation de madame Jeannine Fougère-Richard, du Service de l'Éducation permanente. Presses et Éditions Etchemins. Lévis 1977. Paul St-Arnaud Webmestre. Philosophe de formation, photographe de profession, historien autodidacte par passion, membre administrateur de la Société Historique de Bellechasse, coauteur du livre Bellechasse, du livre sur le Patrimoine religieux de Bellechasse et du livre sur Robert Lamontagne; auteur d'une publication sur le patrimoine bâti de Saint-Michel et de plusieurs articles dans la revue « Au fil des ans » ainsi que sur le site web de la SHB.