S. KIERKEGAARD – CRAINTE ET TREMBLEMENT

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S. KIERKEGAARD – CRAINTE ET TREMBLEMENT
S. KIERKEGAARD – CRAINTE ET TREMBLEMENT
Edition recommandée : Rivages, 2000, traduction de Ch. Le Blanc.
Dans ce livre, Kierkegaard se demande ce que c’est au fond qu’être chrétien, ce que c’est que
la foi. Pour cela, il examine les rapports entre la foi et le devoir, entre l’amour et la loi. En
effet, d’une part, la foi n’est pas réductible au devoir : elle est quelque chose de plus. Mais
d’autre part, elle ne saurait être simplement opposée au devoir. Par devoir ou loi, ou le plus
souvent éthique, il faut bien entendre le devoir moral – par exemple « tu aimeras ton prochain
comme toi-même » – et non le code de loi particulier à tel ou tel pays.
Comment faire alors pour examiner ce rapport entre la foi et l’éthique ? Kierkegaard choisit
d’écouter soigneusement un épisode biblique : Abraham sacrifiant Isaac. Pourquoi cet
épisode ? Parce que 1) Abraham est considéré comme le père de la foi, et donc ce récit décrit
la foi dans sa pureté ; 2) il veut tuer son fils : du point de vue de la loi, c’est un assassin. C’est
donc à travers la méditation du sacrifice d’Isaac que Kierkegaard cherche à saisir les rapports
entre la foi et la loi, et donc à mieux comprendre ce que c’est que la foi chrétienne. Ce rapport
entre la foi et le devoir, qui n’est ni une identité ni une opposition, Kierkegaard le définira
comme la « suspension téléologique de l’éthique », véritable clef de Crainte et tremblement ;
et la foi sera pensée comme un rapport absolu à Dieu marqué par l’absurde et l’angoisse –
d’où le titre du livre.
Crainte et tremblement n’est pas un livre de philosophie, c’est plutôt une méditation
poétique : c’est beaucoup plus facile que Ethique et infini ! Ce n’est tout de même pas
évident, parce qu’il aborde en profondeur des questions fondamentales. C’est pourquoi je
vous indique ces quatre petits guides de lecture :
1) Kierkegaard parle parfois des philosophes, en général de Hegel. On peut sans problème
laisser tomber cela et glisser sur ces passages, qui ne sont pas décisifs.
2) Kierkegaard n’est pas un philosophe, il n’écrit pas un traité avec des démonstrations. Il
écrit une méditation, c’est-à-dire qu’il procède par reprises, par allers et retours. Bien des
thèmes sont posés assez allusivement et seront repris et explicités par la suite. Comme dans
un roman policier, ça s’éclaire à la fin : il faut continuer à avancer dans la lecture en passant
par-dessus les passages qui paraissent allusifs ou obscurs. L’idéal est alors bien sûr de le lire
deux fois de suite !
3) Dans l’édition Rivages, les notes du traducteur, regroupées en fin de volume, sont très bien
faites : n’hésitez pas à les consulter !
4) Pages importantes :
55 à 65 : relecture de l’épisode d’Abraham sous le signe de l’absurde.
114 à 117 : le héros tragique et le chevalier de la foi (ou le héros et le saint)
128 à 132 : la foi comme rapport absolu de l’individu à Dieu.
Bon courage et bonne lecture !