Passerelle du Queen Mary 2 08/07/09
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Passerelle du Queen Mary 2 08/07/09
Saint-Nazaire, le 8 juillet 2009 Saint-Nazaire 15 novembre 2003 : une passerelle d’embarquement du Queen-Mary 2 en finition s’écroule, entraînant dans sa chute des visiteurs et des travailleurs d’une société de nettoyage : 16 morts, 29 blessés. 2 juillet 2009 : la cour d’appel de Rennes révise le précédent jugement du tribunal de Saint-Nazaire. Endel et les Chantiers de l’Atlantique sont condamnés à une amende de 225.000 € chacun. 2 salariés des Chantiers de l'Atlantique et 2 d’Endel sont condamnés à des peines allant de 18 mois à 2 ans de prison avec sursis. APRÈS 4 ANNÉES D’ENQUÊTES ET 2 PROCÈS, QUI SONT LES VÉRITABLES RESPONSABLES DE CETTE CATASTROPHE ? Le procès à la cour d’appel de Rennes, plus nettement encore que celui du tribunal de Saint-Nazaire, a démontré l’étendue de la responsabilité des directions d’Endel et des Chantiers de l'Atlantique. Les juges ont souligné la responsabilité directe du rouleau compresseur de la réduction des coûts et des délais mis en place aussi bien par le PDG Boissier (CAP21) que par la direction d’Endel-Suez. Ils ont également mis en cause le système de délégation de pouvoirs sur les véritables questions de sécurité, qui aboutit en bas de l’échelle à devoir assumer des responsabilités sans pouvoir ni moyen. Ce sont ces impératifs imposés de haut en bas à l’ensemble des salariés du site qui ont conduit à la catastrophe : De retour d’essais-mers avec un problème de moteur, le navire opère son retour au bassin C, non pas à flot mais à sec. De cet incident bénin découlent tout à fait logiquement des modifications pour les accès à bord. Mais week-end et pont du 11 novembre ou pas, il faut aller vite, très vite. Plutôt que de faire installer des coupées jaunes mécano-soudées qui ont amplement fait preuve de leur résistance et de leur stabilité, il faut commander dans l’urgence des passerelles en échafaudage à Endel. Plutôt que prendre le temps de dévaser le fond du bassin pour pouvoir installer une tour permettant de diviser par 2 la portée de la passerelle (16 mètres !), on s’en passe. Plutôt que de fournir des moyens de faire des calculs précis de résistance et de stabilité de la passerelle, place au bricolage et à l’improvisation. Plutôt que vérifier et contrôler sérieusement les plans, les calculs et le montage de la passerelle (comme c’est pourtant le cas pour chaque travaux livrés à l’armateur), la vérification ne se fait que sur son devis et sa fonctionnalité, mais pas sur sa fiabilité. Plutôt que d’effectuer le montage et l’installation de la passerelle avec les plans, le matériel, l’équipement et le temps nécessaires, tout est fait « à l’arrache », au point qu’elle a dû être entièrement refaite 2 fois (une fois trop courte, une fois trop étroite), avec des travaux s’achevant dans la nuit. Que chacun se débrouille avec les moyens qu’il a (et surtout ceux qu’il n’a pas) pour que, quoi qu’il arrive, les délais et les coûts soient respectés. DES PATRONS AU DESSUS DES LOIS ? Face aux juges, les dirigeants d’Endel et des Chantiers se sont finalement reconnus publiquement « responsables mais pas coupables ». Qu’est-ce que cette formule déjà tristement célèbre peut-elle bien vouloir dire ? Que des PDG n’ayant de comptes à rendre qu’à des conseils d’administration exigeant des taux de rentabilité boulimiques, touchant une rémunération représentant plusieurs dizaines ou centaines de salaires d’ouvriers, disposant d’à peu près tous les pouvoirs dans l’entreprise, peuvent imposer des contraintes et des objectifs inhumains du haut en bas de la hiérarchie tout en ayant la garantie d’une impunité totale ? Que les coupables ne peuvent être que des intermédiaires ou des exécutants ayant le tort de ne pas refuser de faire appliquer les décisions de leur patron ? Que la chute de la passerelle relève seulement de la fatalité, que rien n’aurait pu l’empêcher, et donc qu’une telle catastrophe peut se reproduire à tout moment sans que personne n’y puisse rien ? Prises ensemble ou séparément, ces « justifications » sont aussi honteuses que scandaleuses ! ---------------------------------------Lors de ce 2nd procès, l’indignation des familles des victimes a pu s’exprimer. Les véritables responsabilités ont clairement été démontrées : c’est la politique de réduction des coûts et des délais qui a provoqué cette catastrophe. Pourtant, grands actionnaires et PDG – qui en sont les décideurs et maîtres d’œuvre – s’en tirent une nouvelle fois sans aucune condamnation personnelle. Ils ne sont toujours pas contraints de mettre en œuvre tous les moyens permettant d’assurer le maximum de sécurité sur les lieux de travail. Ils peuvent continuer sans encombre cette politique inhumaine, pour le plus grand bien de leurs affaires et de leurs carrières. ---------------------------------------A la demande de salariés condamnés, un 3ème procès en cours de cassation doit avoir lieu, à une date qui n’est pas encore déterminée.