Propositions du RIF pour une politique régionale en faveur des

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Propositions du RIF pour une politique régionale en faveur des
PROPOSITIONS POUR LA DEFINITION ET LA MISE
EN ŒUVRE D'UNE POLITIQUE REGIONALE EN
FAVEUR DES PRATIQUES ACTUELLES DE LA
MUSIQUE EN ILE-DE-FRANCE
Novembre 2010
Eléments de contexte
L’exécutif du Conseil Régional d’Ile-de-France a annoncé à plusieurs reprises en 2009 et 2010 sa volonté de mettre en
place une politique innovante et ambitieuse en faveur des pratiques actuelles de la musique.
Le RIF, Confédération des réseaux départementaux de lieux et structures de musiques actuelles en Ile-de-France, qui
représente près de 180 acteurs très divers (salles de concerts, studios de répétition, écoles de musique, festivals, labels,
radios, producteurs de spectacles) et œuvre depuis une dizaine d’années pour la prise en compte par les pouvoirs publics
des enjeux et des spécificités de ce secteur en Ile-de-France, salue cette volonté et a élaboré un document de
propositions qui pourra servir de base aux échanges à venir avec la Région.
Le contexte dans lequel s’inscrivent les propositions qui vont suivre est difficile à plus d’un titre :
- On constate le fort désengagement de l’Etat qui vise à recentrer ses aides, déjà marginales dans notre domaine, sur
un petit nombre de structures labellisées au détriment de la diversité des initiatives et d’un aménagement cohérent du
territoire.
- La crise économique et sociale fragilise encore davantage les micro-entreprises (de droit public ou privé) que sont la
majeure partie des structures agissant dans ce champ.
- Une profonde mutation affecte le monde de la production, de la consommation musicale et du spectacle par l’irruption
massive des nouvelles technologies (numérique, internet, etc…).
- L’enjeu de la lutte contre toutes les formes de concentrations et l’hégémonie des industries de « l’entertainment » est
plus que d’actualité et doit questionner fortement l’Etat et l’ensemble des collectivités locales.
La dernière mandature de l’assemblée régionale a vu une augmentation significative des aides de la Région en matière
artistique et culturelle. Cependant, les acteurs des musiques actuelles organisés en réseaux, considèrent que, dans leur
domaine d’activité, il est nécessaire de renforcer l'intervention de la Région.
La forte densité de population, le foisonnement et la diversité des initiatives sur cet immense territoire sont autant
d'éléments à prendre en compte pour le soutien à ce large champ artistique. Pour cela, il est nécessaire de mettre à profit
la solide structuration territoriale existant en Ile-de-France, notamment au travers des réseaux territoriaux afin de leur
permettre de travailler efficacement et concrètement à la mise en œuvre d'une politique publique riche de sens en faveur
de structures travaillant au quotidien dans le champ artistique des musiques actuelles.
Les réalisations de la dernière mandature (soutien croissant au RIF et aux réseaux départementaux, prise en compte de
projets musiques actuelles dans les dispositifs PAC et Emplois Tremplins, soutien à la mise en place d’un stand à Rock
en Seine…), le dialogue renforcé depuis 2 ans, les promesses électorales et les annonces faites durant les éditions de
Rock en Seine 2009 et 2010 impliquent désormais la nécessité de mettre en œuvre une véritable politique régionale en
faveur des pratiques actuelles de la musique. Nous pouvons d'ailleurs noter que des politiques régionales spécifiques en
direction des musiques actuelles existent et se développent dans d’autres régions : Poitou-Charentes, Pays de la Loire,
Aquitaine, PACA, Rhône-Alpes, Nord-Pas-de-Calais…
A l'instar de ces régions, la politique francilienne, adaptée à son territoire, devrait aussi s’appuyer sur une
concertation permanente entre les acteurs et les collectivités territoriales, et particulièrement la Région Ile-de-France,
ses élus et ses services.
Cette politique devra tenir compte :
- du rôle que la pratique musicale joue dans la vie d’un grand nombre de franciliens, jeunes et moins jeunes (jeu en
groupe : apprentissage de l’écoute, de la créativité, de la solidarité…) ;
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- du rôle que peuvent jouer, sur certains territoires, ces équipement ouverts le plus souvent 7 jours sur 7, tard le soir, et
dans lesquels chacun est accueilli, avec sa culture, ses envies, ses faiblesses ;
- du rôle fondamental qu’une politique globale sur ce sujet pourrait jouer en termes de diversité artistique et culturelle
(UNESCO, etc) et en termes de lutte contre les industries du divertissement et d’ouverture culturelle des jeunes ;
- du caractère artisanal de la plupart des acteurs de ce secteur, de l’inscription d’un grand nombre dans le champ de
l’économie sociale et solidaire, avec toutes les valeurs mais également toute la capacité d’innovation économique
liées à ce champ ;
- du rôle qu’ils remplissent dans le fait de susciter des vocations professionnelles dans le domaine artistique et
technique ;
- de l’importance de l’animation du territoire par des programmations variées et des évènements « à taille humaine »…
Orientations générales proposées par le RIF
Des «musiques actuelles » aux « pratiques actuelles de la musique»
« Musiques actuelles » est un terme générique englobant l’ensemble des formes musicales « non classiques ». Utilisée
dans les années 90 cette appellation a été sanctuarisée dans les institutions culturelles à l’occasion de la « commission
nationale des musiques actuelles » installée en 1998 par Catherine Trautmann. On y trouve toutes les formes de
musiques amplifiées (rock, rap, électro...), les musiques traditionnelles, le jazz et les musiques improvisées.
Dans la pratique, ce terme ne permet pas de cerner les spécificités propres à chacune de ces esthétiques, ni leurs points
communs. Il aboutit à une simplification de ces différentes cultures et leur ôte toute dimension patrimoniale. Ainsi
beaucoup entendent spontanément sous ce terme exclusivement les formes musicales émergentes et associent ces
pratiques exclusivement à un phénomène de jeunesse.
Nous préférons utiliser le terme de « pratiques actuelles de la musique ». Cette appellation sous-tend que les pratiques
de la musique aujourd’hui sont, au-delà des questions stylistiques, caractérisées par des modalités de prescription,
d’appropriation, de diffusion. Ces modalités ont été bouleversées ces dernières décennies par des révolutions
technologiques, une explosion quantitative des pratiques liées à une volonté d’épanouissement et d’expression, le
développement de l’auto-apprentissage. Les équipements culturels traditionnels peinant à intégrer ces révolutions, il s’agit
bien là d’un enjeu majeur pour les politiques publiques à venir.
Il s’agit, pour cette politique innovante, globale et concertée de :
- Reconnaître les pratiques actuelles de la musique en Ile-de-France
- Garantir la diversité des modes d'expression et lutter contre l'hégémonie des industries du divertissement
- Favoriser et encourager la citoyenneté et le lien social
- Garantir une vie culturelle de proximité et un accès aux pratiques actuelles de la musique à tous les franciliens dans
tous les territoires.
Une politique qui doit nécessairement s'appuyer sur la diversité des initiatives et sur la structuration existante
Pour l’ensemble des dispositifs, tous les statuts et modes de gestion doivent être éligibles : personnes morales de
droit privé et de droit public, associations, coopératives, sociétés commerciales, entreprises individuelles… Les limites
seront peut être à affiner en fonction de la taille des entreprises ou du mode de répartition des bénéfices pour certains
dispositifs.
Pour prendre en compte la diversité des initiatives, des modes de fonctionnement, des métiers qui fait la richesse de ce
champ, les dispositifs ne doivent pas être organisés par types de structures (ex salles de concerts, écoles de
musiques, labels…), mais plutôt par grands objectifs (cf quatre axes déclinés plus loin).
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Eléments de méthode
Les quatre axes proposés ci-après sont déclinés en plusieurs mesures concrètes. Certaines mesures s’appuient sur des
dispositifs existants dont nous ne proposons qu’un renforcement ou une légère adaptation.
Les mesures nouvelles sont relativement nombreuses, mais elles ne doivent pas nécessairement être déclinées en autant
de dispositifs nouveaux. Il est important en outre d’envisager que la diversité et la richesse des projets soient prise en
compte à travers la possibilité pour les structures d’être aidées à plusieurs titres. On peut imaginer un système de
subventionnement « à étages », selon le nombre de missions/d’objectifs correspondant aux grands axes de la politique de
la Région remplis par la structure.
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AXE 1 : CONTRIBUER A L’AMENAGEMENT DU
TERRITOIRE ET A LA SECURISATION DES INITIATIVES
DE PROXIMITE
Mesure 1.1 : Aider au fonctionnement des structures sur la base du projet artistique, culturel et social
L’ensemble des structures pérennes, dotées d’un lieu fixe ou non, qui portent un projet fortement ancré, dans la durée,
sur un territoire (projets qui « irriguent » un territoire) pourraient être aidées, pour consolider leur fonctionnement et
développer qualitativement leurs actions : salles de concerts, locaux de répétition, écoles de musique, festivals,
associations sans lieu fixe aux actions pérennes et ancrées sur un territoire…
Les aides pourront être attribuées sur la base d’un cahier des charges exigeant, mais il s’agira d’aider les structures qui
répondent à ce cahier des charges,
- non pour de nouvelles actions, de nouveaux projets (aspect quantitatif qui devient ingérable face à la nécessité de
multiplier les sources de financement),
- mais pour consolider l’existant, les emplois permanents, les projets initiés grâce au « bricolage », etc (aspect
qualitatif : on consolide les postes et on garde les salariés quand ils sont formés et expérimentés, on prend le temps, on
évalue les actions, etc).
Un ensemble de critères pourraient permettre de déterminer l’éligibilité et le montant de l’aide :
Proximité/ouverture/rapport au territoire :
- il s’agirait notamment de soutenir l’ouverture des lieux sur des créneaux horaires plus larges et/ou plus longtemps
dans l’année (été, vacances scolaires…), en permettant l’embauche de nouveaux salariés pour l’accueil des publics
sur ces créneaux ;
- l’ouverture et le travail avec les associations locales (accueil et accompagnement des initiatives), avec les musiciens
locaux doivent être pris en compte ;
- le rapport au territoire dans sa globalité : aspect environnemental (respect des sites pour les festivals, tri des déchets,
économie d’énergie, transports…) et relations avec les producteurs locaux (alimentaires notamment) ;
- encourager les structures qui ne sont pas dans une relation commerciale exclusive avec le public, soutenir la
coopération et la complémentarité sur un territoire : partenariats, informations sur les programmations des autres lieux
du territoire, événements organisés en commun avec mise en place de navettes pour le déplacement des publics.
Aménagement du territoire :
- cibler en priorité les territoires très peu dotés en équipements / en initiatives pérennes (certains territoires de la
Grande Couronne), ou les territoires à forte densité de population insuffisamment dotés (ex Est du Val d’Oise),
Mesure 1.2 : Soutenir la structuration et le développement, dans la durée, des structures à travers le
dispositif Emplois Tremplin
La politique d’aide à l’emploi que la Région Ile-de-France mène à travers son dispositif « Emploi Tremplin » agit comme
un levier déterminant pour un grand nombre d’associations : salles de concerts, réseaux, festivals, mais également petites
associations actives notamment en milieu rural ou dans les villes les moins dotées en équipements culturels.
Ces aides ont un effet considérable sur la consolidation et le développement d’activités, et les associations du champ
musical jouent un rôle fondamental en termes d’insertion professionnelle et d’apprentissage de métiers, pour les jeunes
notamment.
Ce dispositif pourrait être étendu :
- aux établissements publics locaux à caractère industriel et commercial (dont les salariés ont des contrats de
travail de droit privé),
- à certaines sociétés commerciales menant des actions d’intérêt général (conditions et critères à préciser).
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Mesure 1.3 : Elaborer un plan d'aménagement du territoire afin de réduire les déficits territoriaux en
matière d'équipements dédiés aux pratiques musicales
A partir d’une cartographie élaborée par l’IAURIF et suite à des échanges avec la DRAC, les Conseils Généraux, les villes
et les réseaux de musiques actuelles, un schéma régional d’aménagement et d’équipement pourrait être mis en place :
-
Soutien aux équipements culturels d’accueil et de diffusion des pratiques actuelles de la musique : dans le
cadre de la réforme du dispositif existant, permettant de mettre en place une plus forte sélectivité sur l’intervention
régionale (sur la classification écologique des bâtiments, sur la modulation des interventions en fonction des
ressources des communes) : flécher une bonification spécifique « pratiques actuelles de la musique » dans les
secteurs totalement sous équipés.
-
Renforcement de la qualité technique des scènes de diffusion, des salles de cours, des studios de répétition et
d’enregistrement franciliens : mettre en place un plan pluriannuel bénéficiant d’un taux d’intervention spécifique
(45 %). Ce plan devrait prendre en compte les innovations technologiques dans la création artistique et l’importance
de l’informatique dans les lieux de répétition, d’enseignement et de création.
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AXE 2 : FAVORISER LA DIVERSITE DES PRATIQUES ET
DES EXPRESSIONS MUSICALES
Mesure 2.1 : Faciliter l’accès au dispositif d’aide au titre de la Permanence Artistique et Culturelle (PAC)
aux artistes de « musiques actuelles »
Le dispositif « PAC » doit faire l’objet d’un diagnostic partagé qui permettra d’étudier comment en faciliter l’accès aux
groupes de « musiques actuelles ». On peut imaginer par exemple d’encourager l’administration de dossiers PAC par des
collectifs d’artistes ou des structures relais (salles, réseaux, développeurs d’artistes..). On peut envisager également la
possibilité du financement à 100% de certaines résidences.
Mesure 2.2 : Soutenir la mobilité des artistes en Ile de France (via Itinérances) et en France
Outre ses dimensions d’aide à la circulation des groupes sur le territoire francilien, d’aide à l’insertion professionnelle des
artistes et d’aide à la diffusion pour les lieux, ce dispositif permet un travail de sensibilisation et de pédagogie en direction
des lieux de musiques actuelles comme des musiciens autour de la notion de salariat des artistes et de l’importance des
charges sociales, et des méthodologies et outils de l’établissement de fiches de paie.
Ce dispositif, créé en octobre 2003, fonctionne de mieux en mieux et se développe dans tous les départements. Pour
l’année 2010, le montant total des bourses Itinérances atteindra 41 000 euros et participera au financement de plus de
100 concerts, représentant plus de 430 artistes et techniciens salariés. Ces concerts auront concerné environ 60 groupes
franciliens différents et une cinquantaine de lieux.
La somme attribuée en 2010 ne permettra pas de répondre à l’ensemble des demandes, et ce dispositif, qui participe à
l’émergence d’un grand nombre d’artistes franciliens et bénéficie tous les ans à une multitude d’acteurs très divers,
pourrait être très largement développé.
Dans un second temps, le RIF va élaborer un projet d’aide à la circulation des artistes « en développement » franciliens
sur l’ensemble du territoire français en lien avec les réseaux et fédérations membres de l’Espace Interfédéral Musiques
Actuelles.
Mesure 2.3 : Soutenir les différents acteurs de la filière dans leur rôle de maintien et de développement
de la diversité artistique
Il s’agit de soutenir plus particulièrement les disquaires, labels, tourneurs (« développeurs d’artistes »), radios et médias
spécialisés, festivals, salles de concerts, mais également toute autre structure, dans leur rôle de défricheurs, de
découvreurs, de programmateurs de « niches » artistiques.
Il s’agit de permettre la prise de risques artistiques, la découverte, les initiatives « non rentables » parce que risquées
artistiquement.
Il s’agit de soutenir plus particulièrement le rôle que jouent les labels et disquaires indépendants dans le maintien et le
développement d’une offre musicale riche, innovante, étonnante, diverse…
Mesure 2.4 : Soutenir plus particulièrement les initiatives de mutualisation portées par les acteurs de la
diversité artistique
Dans un premier temps et de manière plus significative peut-être que la mesure précédente, la Région pourrait aider les
initiatives de coopération, de regroupement et de mutualisation entre labels, développeurs d’artistes, disquaires, collectifs
d’artistes…
Pourraient être soutenus par exemple :
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-
la constitution d’une fédération régionale des labels indépendants qui porterait différents projets de mutualisation
et de solidarité, et notamment la création d’une plateforme numérique régionale de valorisation et de distribution
équitable des productions des labels franciliens. Cette plateforme pourrait, comme en PACA (http://1d-paca.com ),
en Aquitaine (http://1d-aquitaine.com ) et en Rhône-Alpes (http://1d-rhonealpes.com ), bénéficier de l’expertise et de
la mutualisation apportée par la plateforme nationale CD1D ;
-
les actions sur le territoire francilien du CALIF, Club Action des Labels Indépendants Français, qui aide
financièrement et accompagne l’installation de disquaires indépendants ;
-
la création, en lien avec les villes et les offices publics de l’habitat, de 3 ou 4 « Maisons des Indés » réparties sur le
territoire francilien, sur le modèle de Mila18 dans le 18e arrondissement à Paris, dans lesquelles les labels,
producteurs, distributeurs, collectifs d’artistes émergents partagent bureaux, salles de réunion et éventuellement
certains services administratifs ;
-
le développement de réseaux alternatifs de distribution physique et de valorisation des disques, en
complément des disquaires, en lien avec les salles de concerts, les libraires et les médiathèques.
Mesure 2.5 : Renforcer le soutien aux initiatives favorisant les pratiques amateurs dans leur diversité
La région Ile-de-France compte environ 10 000 groupes de musique, de toutes esthétiques. La majorité de ces groupes
sont amateurs et ont besoin de lieux et de dispositifs adaptés pour pratiquer et développer leurs projets dans de bonnes
conditions.
La Région pourrait renforcer le soutien qu’elle apporte parfois de manière indirecte aux centres de ressources dédiés
aux musiciens amateurs (conseils, accompagnement de leurs projets, orientation vers les lieux, structures et dispositifs
adaptés) initiés par les réseaux et par les lieux, afin d’aboutir à un maillage complet du territoire francilien (identification
des besoins prioritaires à partir de la cartographie réalisée par le RIF : http://www.lerif.org/cartographie.html).
Elle pourrait également apporter une aide spécifique aux structures de formation et d’accompagnement des
pratiques amateurs, et une aide ciblée pour l’emploi d’encadrants (musiciens intervenants, régisseurs de studios),
pour un développement des propositions (nouveaux cours de musique, nouveaux créneaux d’ouverture, exemple :
dimanche, vacances scolaires…).
Mesure 2.6 : Soutenir les lieux pour l’accueil d’artistes en création
Il s’agit dans pour cette mesure de donner des moyens d’accueil de projets artistiques sur les lieux (filages, résidences,
créations, projets de longue ou de courte durée) en prenant en compte les spécificités techniques (techniciens, matériel,
etc…) requises pour le développement de ces projets.
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AXE 3 : FAVORISER L'ACCESSIBILITE AUX PRATIQUES
MUSICALES
Mesure 3.1 : Créer la carte « All Access » pour favoriser les pratiques des lycéens et apprentis
Nous proposons qu’un diagnostic partagé permette l’évolution de Tick’art. Ce nouveau dispositif pourrait voir son budget
légèrement renforcé, de façon à permettre, outre l’accès aux concerts et aux festivals, l’accès des lycéens et des
apprentis à des heures de cours, de répétition ou d’enregistrement et à des cartes d’abonnement ou de fidélité dans les
lieux.
Les coûts des répétitions régulières, des cours de musique et de ce qui tourne autour de la formation (répétition
accompagnées, coaching scénique, aides à l’enregistrement, etc…) peuvent représenter pour les groupes de musiciens,
notamment les plus jeunes, des freins importants à l’avancée de leur projets. Ce type d’aide aurait un impact important
sur la pratique dans des lieux adaptés (qui permettent une démarche d’accompagnement, voire de prévention).
En lien avec l’Axe 2 précédemment développé et notamment la plateforme numérique de téléchargement, cette carte
pourrait permettre également le téléchargement de morceaux d’artistes produits par les labels indépendants franciliens.
Mesure 3.2 : Développer des actions ciblées visant à favoriser les pratiques musicales des lycéens et
apprentis
En parallèle de la carte All Access, on peut imaginer notamment une politique volontariste en direction des lycéens et des
apprentis franciliens, par :
-
la création de lycées « artistiques » : établissements (à terme) dotés d’une salle de pratiques artistiques adaptée
et équipée et (dès le début, avant même la construction de la salle) « jumelés » avec les structures artistiques et
culturelles de leur territoire : partenariat pérenne et complet avec accompagnement des pratiques des lycéens,
rencontres avec des artistes, participation des lycéens à des événements en tant que bénévoles, orientation et
accompagnement des projets professionnels de ceux qui souhaitent travailler dans le secteur culturel…
-
le soutien au RIF pour l’organisation d’un festival régional des pratiques lycéennes : sélections et
accompagnement réalisés sur leur territoire par les lieux en relations avec les lycées et les CFA, le festival n’étant
qu’un aboutissement d’un dispositif complet.
Ce festival pourrait être un élément fondamental dans la valorisation de la politique de la Région en faveur des
pratiques actuelles de la musique, puisqu’il permettrait de valoriser :
la vitalité des pratiques musicales des lycéens et des apprentis,
les dispositifs de la Région Ile-de-France en direction de ces jeunes franciliens,
le maillage du territoire développé grâce à l’axe 1 du présent document,
le travail d’accompagnement des pratiques musicales amateurs et les actions de sensibilisation des lycéens et des
apprentis développés par les structures aidées par la Région.
Mesure 3.3 : Soutenir les actions innovantes de sensibilisation et de découvertes de toutes les
musiques
Depuis plusieurs années, les lieux, collectifs d’artistes et associations que nous représentons développent des projets
innovants de sensibilisation et de découvertes des musiques dans leur diversité, mais également des actions culturelles
qui favorisent les pratiques artistiques des populations, à partir de leur culture, de leurs envies, de leurs contraintes
(milieu clos, handicap…).
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Ces actions sont menées en partenariat avec les établissements scolaires, les crèches, les maisons de retraites,
les hôpitaux, les prisons, la Protection Judiciaire de la Jeunesse, les centres sociaux, les centres de loisirs…
Elles sont innovantes et riches, mais menées avec des moyens très insuffisants. Les salariés en charge spécifiquement
de l’action culturelle par exemple sont très rares.
Un soutien spécifique à ces projets et aux postes de chargés d’action culturelle au sein des lieux et structures (des pistes
de mutualisation sont envisageables) doit être envisagé, en lien avec le dispositif d’aide au titre de la Permanence
Artistique et Culturelle mais pas seulement.
Mesure 3.4 : Soutenir financièrement les initiatives visant à faciliter le déplacement des spectateurs
Les lieux de diffusion et d’accueil des pratiques musicales comme les autres lieux culturels doivent être pris en compte
dans les réflexions, études et plans de développement de la Région sur les transports individuels et collectifs.
Dans un premier temps, certaines initiatives locales, souvent expérimentales, peuvent être encouragées.
Certains lieux, par exemple, mettent en place un système de navettes à la fin des concerts qui permet de raccompagner
les jeunes spectateurs dans les communes alentour. C’est incitatif pour ceux qui n’ont pas de moyens de transports,
rassurant pour les familles et a une dimension de prévention non négligeable. Cela permet aussi un dialogue renforcé
avec le public.
Mesure 3.5 : Soutenir les actions d’information et de communication en direction des franciliens
L’élargissement des publics des lieux musicaux franciliens passe également par des moyens de communication plus
importants, des campagnes d’affichage territoriales et radiophoniques conséquentes, qui permettent de donner une
visibilité à la diversité des initiatives.
La Région pourrait soutenir, en lien avec le CNV par exemple, l’affichage dans les gares de l’ensemble du territoire ou
des campagnes radiophoniques. Ces campagnes pourraient permettre également, à travers une charte graphique
commune, de valoriser le soutien de la Région à la diversité des initiatives.
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AXE 4 : UNE POLITIQUE EN FAVEUR DES PRATIQUES
ACTUELLES DE LA MUSIQUE CO-CONSTRUITE,
CONCERTEE ET CO-EVALUEE
Mesure 4.1 : Développer le soutien aux réseaux afin de renforcer leurs moyens d'action et d'expertise
Cette politique soutiendra avant tout les « acteurs de terrain », mais elle pourra s’appuyer sur les réseaux
départementaux regroupés au sein du RIF et les réseaux spécialisés comme Technopol ou le réseau des labels
indépendants dont la création est en projet.
Les réseaux ou fédération d’acteurs peuvent être de véritables partenaires pour la Région. Ils doivent être vus comme
des outils de :
-
solidarité, coopération et harmonisation des offres d’activités,
mise en débat des enjeux et principes d’action (transmission des savoirs, évolution des métiers…),
production de connaissances pour les partenaires via les travaux d’observation,
diffusion de ressources identifiés pour l’accompagnement des projets,
production de dispositifs de développement artistique,
veille sur les formes artistiques émergentes,
formation permanente des professionnels du secteur,
sensibilisation des élus locaux pour l’aménagement du territoire.
Ils constituent un interlocuteur responsable et constructif vis-à-vis des collectivités territoriales et des services de l’Etat.
Pour accompagner et renforcer la structuration régionale, la Région pourrait :
-
Consolider, conforter, conventionner les réseaux départementaux pour aboutir à un soutien égal à chaque
réseau (50 000 euros minimum par an) sur la base d’un projet de développement sur 3 ans, et contribuer au
renforcement de leurs missions. Le conventionnement pluripartite (Région, Etat, Département) est fortement
souhaitable et fournirait l’opportunité d’enclencher les concertations territoriales à l’échelle départementale,
-
Renforcer les moyens du RIF et signer une convention triennale.
Mesure 4.2 : Participer et soutenir les concertations départementales
La taille, le nombre de départements et de communes et la multiplicité des acteurs culturels font de l’échelon
départemental le niveau le plus opportun pour la mise en place d’un processus permanent de concertations multipartites
pour le développement des pratiques musicales. Les réseaux départementaux membres du RIF vont impulser très
prochainement la mise en place de ces concertations avec les villes, les départements, la Région et l’Etat.
Ce processus permanent permettra la complémentarité et la cohérence entre les interventions publiques, le partage de
diagnostics et d’analyse sur les besoins des territoires, la prise en compte des spécificités et des enjeux propres à chaque
bassin de population.
Il est souhaitable que, dès début 2011, la Région participe activement à ces concertations et soutiennent leur mise en
œuvre par les réseaux départementaux.
De façon générale, le Plan pour une politique nationale et territoriale des musiques actuelles (2006) peut être pris comme
référence au niveau des problématiques et enjeux majeurs inhérents au champ artistique des musiques dites actuelles.
Ce plan préconise notamment, au niveau méthodologique, la mise en place de processus de concertations permanentes
tant au niveau national que territorial, entre l’Etat, les collectivités territoriales et les acteurs. Le récent Schéma Orientation
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de développement des Lieux de Musiques Actuelles (SOLIMA) a également été élaboré en référence à ce plan et résulte
d’un processus de concertation portant spécifiquement sur les structures de musiques actuelles entre l’Etat, les
collectivités et les acteurs. Il a pour objectif de dégager des perspectives pour l’ensemble des lieux de musiques dites
actuelles sur un territoire et peut donc constituer un point d'appui en matière d'aménagement du territoire et dans la
recherche des équilibres territoriaux. Dans une moindre mesure, il en va de même de la nouvelle circulaire SMAC (2010).
Mesure 4.3 : Mettre en place une évaluation dynamique des politiques publiques
En parallèle des concertations départementales, une commission permanente paritaire spécifique pourra être mise en
place et convoquée régulièrement, regroupant des élus du Conseil Régional et des acteurs.
Elle aura avant tout pour rôle de :
- construire des modalités innovantes et partagées d’évaluation des projets et de la politique mise en œuvre par la
Région,
- faire évoluer les critères, les dossiers, les dispositifs.
Cette commission s’appuiera sur les analyses, les enquêtes, les états des lieux produits par les réseaux départementaux
et le RIF, dont la mission d’observation, d’expertise et d’analyse des pratiques doit être renforcée.
Mesure 4.4 : Soutenir des événements régionaux fédérateurs dans leurs dimensions en lien avec les
grands axes de cette politique
Il est souhaitable que la Région maintienne son soutien à des événements régionaux fédérateurs en renforçant leurs liens
avec les axes développés ci-avant.
La valorisation des artistes émergents franciliens et de la multitude d’acteurs qui agissent toute l’année sur l’ensemble du
territoire pourra être poursuivie et développée dans le cadre du festival Rock en Seine. Une collaboration plus étroite, en
amont et en aval du festival, avec un certain nombre de lieux pourra être imaginée (repérage des artistes émergents,
préparation de leur passage à Rock en Seine, tournée francilienne de certains artistes…).
La JIMI, Journée des Initiatives Musicales Indépendantes, initiée par le Festi’Val de Marne, permet la rencontre entre un
grand nombre d’acteurs de la diversité artistique : artistes, salles de concerts, festivals, labels, développeurs d’artistes,
distributeurs, radios et fanzines… Elle pourra être davantage soutenue par la Région.
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