Comité de lecture théâtre Comité de lecture théâtre Fiche de lecture
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Fiche de lecture Comité de lecture théâtre Titre : Auteur : Éditions : Madame de Sade Yukio MISHIMA Gallimard Résumé « Madame de Sade » est une pièce de femmes. Six femmes réunies par trois fois en dix-huit ans pour évoquer l’absent, le monstre, le maître : Donatien Alphonse François, marquis de Sade. Le « divin marquis » apparaît en filigrane des affrontements passionnés de ces femmes captives de leurs fantasmes et de leurs éthiques contradictoires. Mme de Sade se dévoue corps et âme à son mari emprisonné mais lorsqu’il sera enfin libéré, au lendemain de la Révolution Française, elle décidera brutalement de ne plus le revoir et de demander le divorce. C’est sur cette énigme que repose la pièce. L’auteur Yukio Mishima (pseudonyme de Kimitake Hiraoka) est né en 1925 à Tôkyô. Son œuvre littéraire est aussi diverse qu'abondante : essais, théâtre, romans, nouvelles, récits de voyage. Il a écrit aussi bien des romans populaires qui paraissent dans la presse à grand tirage que des œuvres littéraires raffinées, et a joué et mis en scène un film qui préfigure sa propre mort. Il a obtenu les trois grands prix littéraires du Japon. En novembre 1970, il s'est donné la mort de façon spectaculaire, au cours d'un seppuku, au terme d'une tentative politique désespérée qui a frappé l'imagination du monde entier. Mishima fut un grand admirateur de la tradition japonaise classique et des vertus des Samouraïs. Dans ses œuvres, il a souvent dénoncé les excès du modernisme, et donné une description pessimiste de l'humanité. Madame de Sade a été écrit en 1965. Structure de la pièce Contact : La Maison du Théâtre 02 98 47 33 42 Source : www.lamaisondutheatre.com La pièce se divise en trois actes, à trois moments différents : > 1er acte : automne 1772 Madame de Montreuil prie la Comtesse de Saint-Fond et la Baronne de Simiane de lui venir en aide afin de libérer son gendre le marquis de Sade. Après avoir appris de la bouche de sa fille cadette Anne que celle-ci a eu une liaison avec le marquis, elle décide d’annuler sa demande auprès de la Comtesse et la Baronne. > 2ème acte : à la fin de l’été 1778 Anne apprend à sa sœur que le marquis de Sade va être libéré grâce à l’intervention de leur mère. Madame de Montreuil et sa fille entament une réconciliation après avoir été fâchées pendant 6 ans. L’arrivée de la Comtesse de Saint-Fond chamboule cette courte trêve, puisqu’elle explique à la marquise qu’en réalité sa mère n’a fait qu’aggraver le sort de son mari, en écrivant une lettre au Roi 6 ans plus tôt. > 3ème acte : avril 1790, neuf mois après le début de la Révolution Française. Alors que Donatien va être libéré et que durant ses 18 années de détention elle n’a cessé de lui rendre visite, la marquise exprime son souhait de rentrer dans un couvent et de ne revoir jamais son mari. Face aux bouleversements et aux changements que connaît son époque, madame de Montreuil prie sa fille de se rendre aux côtés de son mari car elle pense que celui-ci peut les sauver en cas de problème. La marquise explique qu’elle ne changera pas d’avis. Fiche de lecture Comité de lecture théâtre Notes de l’auteur « C’est en lisant La Vie du marquis de Sade de Tatsuhiko Shibusawa que pour moi, en tant qu’écrivain, se posa l’énigme de comprendre comment la marquise de Sade, qui avait montré tant de fidélité à son mari pendant ses longs emprisonnements, ait pu l’abandonner juste au moment où il retrouvait enfin la liberté. Telle énigme a servi de point de départ à ma pièce, en laquelle on peut voir une tentative de fournir au problème une solution logique. (…) La pièce pourrait être intitulée : « Sade vu à travers le regard des femmes ». J’ai donc été obligé de donner le rôle central à Mme de Sade et de ne l’entourer que de rôles féminins, pour renforcer le thème. Mme de Sade incarne la fidélité conjugale ; sa mère, Mme de Montreuil, l’ordre social et la moralité ; Mme de Simiane, la religion; Mme de Saint-Fond, l’appétit charnel ; Anne, sœur de Mme de Sade, la candeur féminine et le manque de principe ; la servante, Charlotte, les façons populaires. J’ai dû mêler ces caractères à celui de Mme de Sade et les faire tourner autour du sien, à la manière de l’évolution et de la révolution des planètes ; (…). En plusieurs endroits, j’ai été délibérément infidèle à la réalité des faits vécus par les personnages historiques de la pièce, mais ces infidélités m’ont été imposées par les nécessités de mon théâtre. (…) Trois de mes personnages, Mme de Sade, Mme de Montreuil et Anne, la sœur de Mme de Sade, appartiennent à l’histoire ; les trois autres sont imaginaires. » Commentaire L’écriture de cette pièce est exaltante, envoûtante et l’on perçoit que chacune de ces femmes est, à sa manière, fascinée par le marquis, symbole de la sexualité, du mal et de la cruauté. Chacune se défend comme elle peut face à l’adversité et aux rebondissements, selon ses principes et ce qu’elle croit être « la » vérité. À travers elles, l’auteur nous offre la vision d’une société sous le joug des traditions et des conventions, mais aussi une société en plein chamboulement et en pleine mutation. Extrait Sources : > les Éditions Gallimard (http://www.gallimard.fr/) > Théâtre-contemporain.net (http://www.theatre-contemporain.net) Contact : La Maison du Théâtre 02 98 47 33 42 Source : www.lamaisondutheatre.com Saint-Fond : Mon opinion est que chez le marquis de Sade la tendresse s’est muée définitivement en cruauté, et qu’il n’est plus capable de s’abandonner à une véritable affection ou de manifester la vraie douceur de son cœur autrement qu’en usant d’un fouet ou en offrant de malignes pastilles. Avec vous, qu’en est-il ? Renée : Excusez-moi ? Simiane : Vous exagérez, madame de Saint-Fond... Saint-Fond : Comment vous traite-t-il ? Renée : Si je vous réponds simplement qu’il est tendre, vous irez chercher de la cruauté dans cette tendresse, et si je vous dis qu’il est peut-être cruel… Saint-Fond : Vous m’émerveillez... Renée : Voilà donc ce que je vous répondrai : Donatien Alphonse est mon mari. Il m’aime comme un époux aime son épouse. Si vous étiez curieuse de notre lit commun, je vous le montrerais, et vous n’y pourriez rien observer que je doive vous prier de garder secret. Saint-Fond : C’est plus que de l’admiration, c’est de la stupéfaction que vous me donnez, madame. Un couple à ce point supérieur peut bien se passer de tendresse. Renée : Et de cruauté, puisque c’est ce qui vous intéresse. Simiane : Allons ! Il est vraiment temps de nous retirer.