Tête haute - La Barbière de Paris
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Tête haute - La Barbière de Paris
Date : 30 AOUT 16 Page de l'article : p.3 Journaliste : Eve Laborderie Pays : France Périodicité : Mensuel Page 1/1 ÉDITORIAL Tête haute Quelque chose est peut-être en train de changer, tout doucement, dans le regard qu'on porte sur les coiffeurs. Jusqu'ici, dans les dîners en ville et autres mondanités, il n'était pas toujours très valorisant de dire « je suis coiffeur ». Ou, pire, « coiffeuse » (quand un métier est connoté négativement, il lest encore plus au féminin...). Mieux valait encore être esthéticienne ! Cela n'a pas toujours été le cas : il y a eu un âge d'or de la coiffure. Dans les années 50 et 60, en France, être coiffeur, cetait quelque chose. Non seulement on pouvait bien gagner sa vie, 30 Glorieuses obligent, mais surtout on était respecté : on ne rigolait pas avec la coiffure, la couleur, le brushing, l'élégance des femmes en général. Mais la grande vague de décontraction qui a suivi, des baba cool au « casual », le vent de modernité qui a souffle et laissé moins de temps aux femmes actives de s'occuper d'elles-mêmes, tout ça a chahuté le secteur. Sans parler bien sûr de la crise qui a réduit les revenus des coiffeurs comme peau de chagrin. Mais plusieurs petits indices montrent que les choses sont peut-être en train d'évoluer, et dans le bon sens, cette fois. Dans la dernière campagne de publicité pour l'artisanat, un signe qui ne trompe pas : parmi les 10 représentants du secteur, pas moins de 2 Coiffeurs ! Un homme (Franck Provost), une femme (Sarah Daniel-Hamizi, La barbière de Paris). Deux chefs d'entreprises respectés, pour dire : 1/Qubn peut réussir dans la coiffure, et que même une femme peut être patronne. Dingue, non ? Et, 2/Qubn peut même sacrement réussir, et devenir le patron du n°l européen de la coiffure. Un pied de nez au cliché qui veut que la profession soit une voie I de garage. Mais il n'y a pas que l'aspect business : globalement, il y a un effet de balancier qui, avec le retour des cheveux longs, des accessoires et autres bijoux de tête, des attaches, de la notion de =k i m\ soin et de belle matière, ne peut que revaloriser la profession. S'il 3 KE •. * Wi ne s'agit plus seulement de se faire une colo à la va-vite, découper i "W Jp» des cheveux abîmés, de les lisser à outrance, alors le savoir-faire et lexpertise du professionnel (re)prennent tout leur sens. La multiplication des pages coiffure dans les rubriques beauté des magazines féminins, depuis une dizaine d'années, ne trompe pas. ^explosion des tutos sur le web et dans la presse, loin de nuire aux coiffeurs, prouve aussi l'intérêt croissant des femmes pour le coiffage, et le plaisir quelles prennent, et réapprennent, à se « faire belles ». Plaisir quelles avaient un peu perdu, et qu'elles retrouvent à la faveur de tendances mettant de nouveau en avant la féminité et leiégance. Ne reste plus aux coiffeurs qu'à tirer parti de CC COntexte hautement favorable, en montrant aux femmes que, si elles aiment s'attacher les cheveux, par exemple, elles ne peuvent pas tout faire... Un événement comme La Nuit de la Coiffure de L'Oréal Professionnel, sorte de backstage géant et gratuit ouvert aux femmes, une fois par an, qui les met en relation avec des coiffeurs en dehors des salons, est un très bon exemple de ce qui peut re-créer du lien entre les consommatrices et les professionnels, autour du plaisir, du partage, de la beauté. Pour les faire revenir, ensuite, dans les salons. Image, tendances, services : tout ce qui attirera l'attention sur la coiffure, son potentiel de plaisir, de réussite, et facilitera la vie de ses clients, ne peut qu'aller dans le bon sens. Et il semble bien que le mouvement soit enclenché, et que les coiffeurs n'aient plus à se cacher ! EVE LABORDERIE Tous droits réservés à l'éditeur BARBIERE 3228198400502