Tan Dun - Concerto pour pipa - Orchestre symphonique de Bretagne

Transcription

Tan Dun - Concerto pour pipa - Orchestre symphonique de Bretagne
Tan Dun
(1957)
Concerto pour orchestre à cordes et Pipa
Récompensé par un nombre de prix et de distinctions important, le compositeur et
chef d’orchestre chinois Tan Dun a créé une œuvre d’une grande diversité
d’inspiration et de genres. Sollicité comme compositeur de musiques de films (il
remporte un Oscar grâce à la musique de Tigre et Dragon), bénéficiant de
commandes des plus grands orchestres, il s’intéresse à tous les nouveaux médias. En
témoigne sa Symphonie Internet, commande de Google et YouTube ! Pour autant,
il intègre les matériaux les plus divers dans certaines de ses œuvres les plus célèbres
comme les concertos pour l’Eau, le Papier et la Céramique.
Tan Dun possède une écriture personnelle et virtuose avec laquelle il n’hésite pas
à puiser dans les ressources technologiques actuelles, mais aussi dans les traditions
populaires. De même, il synthétise avec bonheur les apports culturels de l’Occident
et de l’Orient grâce aux influences de musiciens comme George Crumb, Toru
Takemitsu, Hans Werner Henze, Isang Yun, Chou Wen-Chung, Edgar Varèse, Philip
Glass, Meredith Monk, Steve Reich, John Cage, etc.
Ses œuvres font appel à des matériaux aussi originaux que le bois, la pierre, l’eau,
le papier (ses concertos dédiés à ces derniers sont, de surcroît, d’une grande
beauté visuelle), mais aussi à des instruments comme les bols chantants, tabla, sitar,
cors tibétains, pipa, etc.
Le Concerto pour orchestre à cordes et pipa rend hommage à l’instrument
traditionnel à cordes pincées chinois. On le rapproche du luth occidental et de
l’oud oriental. Datant de l’Antiquité asiatique, le pipa possède quatre cordes en
soie, une caisse en forme de poire aplatie. Trente frettes sont tenues par le chevillier,
offrant ainsi une étendue expressive considérable à cet instrument qui fait appel à
une grande virtuosité.
Tan Dun composa le Concerto d’après les idées musicales de son opéra Ghost
(Fantôme). L’œuvre nécessite une spatialisation particulière. Le soliste est placé
devant le chef d’orchestre. Les premiers et seconds violons se placent à gauche,
puis suivent les basses. Les violoncelles et, derrière, les altos sont à droite. Le son
du Pipa est amplifié.
Le premier mouvement du Concerto est un Andante molto. Le son râpeux des cordes
introduit un climat obsessionnel. Il devient de plus en plus violent avec une pulsation
abrupte. Le Pipa entre dans un rythme de danse. Accompagné par les glissandi
des cordes, il prend toute sa place de « narrateur ».
L’Allegro joue de la percussivité de l’instrument, mais aussi de son art du vibrato. Les
cris des musiciens de l’orchestre surprennent car ils ponctuent le chant du Pipa. Le
soliste fait preuve d’une grande virtuosité, utilisant des effets sonoristes, des rythmes
syncopés, imitant aussi le son de percussions imaginaires avec un lyrisme de plus en
plus exacerbé. A la fin du mouvement, le Pipa se lance dans une grande cadence.
Le violon solo met un terme au mouvement et annonce l’Adagio.
Le mouvement lent est bâti comme un duo entre le violon solo et le Pipa.
L’atmosphère recueillie gagne en intensité lyrique. Le dialogue fait songer à
quelque page baroque, lointaine réminiscence, peut-être, du concerto grosso
italien. Tan Dun fait s’entrechoquer les cultures entre elles, jouant des rythmes
dansants.
Le finale, Allegro vivace, est brillant, dans l’esprit « classique ». La virtuosité et le
sens du divertissement raffiné s’imposent avec maestria.
A VOIR en DVD
Paper Concerto, Water Concerto de Tan Dun avec l’Orchestre royal Philharmonique
de Stockholm, sous la direction du compositeur (Ed. Opus Arte)