Mot liminaire de la Chambre de Commerce et d`Industrie du Burkina

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Mot liminaire de la Chambre de Commerce et d`Industrie du Burkina
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13 RENCONTRE GOUVERNEMENT / SECTEUR PRIVE
Thème : « Le poids du secteur informel: Quelle stratégie d'intégration à l'économie formelle ? »
Mot liminaire de la Chambre de Commerce et
d’Industrie du Burkina Faso sur le thème central :
« Le poids du secteur informel : Quelles stratégies
d’intégration dans l’économie formelle ?
Bobo-Dioulasso, le 7 octobre 2013
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Excellence Monsieur
Gouvernement ;
le
Premier
Ministre,
Chef
du
Mesdames et Messieurs les membres du gouvernement ;
Monsieur le Gouverneur de la Région des Hauts Bassins ;
Monsieur le Maire de la Commune de Bobo-Dioulasso ;
Madame la présidente de la Chambre de Commerce et
d’industrie du Burkina Faso (CCI-BF) ;
Monsieur le Président de la Section territoriale de la
Chambre de Commerce et d’Industrie de Bobo Dioulasso ;
Autorités coutumières, religieuses et militaires ;
Mesdames et Messieurs les Chefs d’entreprises ;
Honorables invités ;
Mesdames et Messieurs ;
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Le monde des affaires salue l’opportunité qui lui est donnée de
traiter du thème : « Le poids du secteur informel : Quelles
stratégies d’intégration dans l’économie formelle ?», au cours
de l’édition 2013 de la rencontre Gouvernement/ Secteur Privé. Le
thème nous rappelle la place importante du secteur informel dans
l’économie nationale et la pertinence de mener des réflexions en
vue de fournir les orientations et actions nécessaires pour la
construction d’un secteur privé fort et dynamique.
Selon les statistiques de l’Institut National de la Statistique et de la
Démographie (INSD), en 2010 le secteur informel au Burkina
représentait au moins 50% du PIB et constituait le principal
secteur pourvoyeur d’emplois en milieu urbain et rural. Toutefois,
sa contribution aux recettes fiscales est évaluée à moins de 1%.
Malgré sa faible contribution aux recettes fiscales, le secteur
informel reste un maillon important de l’économie nationale, au
regard de son poids et de son rôle de stabilisateur socioéconomique dans notre pays.
Excellence Monsieur le Premier Ministre,
L’économie informelle a besoin d’une attention particulière pour
amplifier son apport à la création de richesses. A cet effet, il nous
parait nécessaire de faire un diagnostic de ce secteur afin de
proposer des réformes favorables à son évolution vers le secteur
formel.
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D’ores et déjà, la Chambre de Commerce et d’Industrie du Burkina
Faso (CCI-BF), consciente des besoins du secteur, a procédé avec
l’appui de l’Etat et de ses partenaires, à la création et à l’animation
d’institutions spécifiques d’appui au secteur privé que sont
principalement :
- les Centres de Gestion Agréés (CGA) pour l’assistance
comptable, fiscale et organisationnelle ;
- les Centres de Formalités des Entreprises (CEFORE) pour les
besoins de formalisation administrative ;
- le Village Artisanal de Ouagadougou (VAO) pour la formation
et l’encadrement des artisans ;
- la Chambre des Métiers de l’Artisanat du Burkina Faso (CMABF) pour l’accompagnement des différents corps de métiers
de l’artisanat.
A ces institutions spécifiques, s’ajoutent les fonds nationaux de
financement créés par le Gouvernement et les efforts faits par les
partenaires techniques et financiers et les acteurs privés pour
promouvoir la micro finance et des services non financiers.
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Excellence Monsieur le Premier Ministre,
Malgré ces initiatives, l’économie informelle se développe et
influence négativement le secteur formel à travers les pratiques
anticoncurrentielles. Elle fait également face à plusieurs
insuffisances et préoccupations. De façon générale, il est relevé :
- la forte concentration des services d’appui à Ouagadougou et
à Bobo-Dioulasso, d’où une faiblesse de l’accompagnement
des entreprises au niveau local ;
- l’absence d’un cadre légal et règlementaire unifié qui
permettent des interventions efficaces des institutions
d’appui au secteur informel ;
- l’insuffisance des moyens d’intervention, tant en ce qui
concerne les ressources humaines, financières, et matérielles
de ces institutions;
- la faiblesse des projets et programmes pour l’appui à la
structuration et au renforcement des capacités du secteur
informel : les projets et programmes ne ciblent pas
expressément le secteur informel, d’où une prise en compte
marginale et partielle de ses préoccupations et des actions à
mettre en œuvre à son profit ;
- la faible capacité des approches utilisées pour répondre aux
besoins d’un secteur complexe et multidimensionnel ;
- l’étroitesse de l’assiette fiscale, malgré la dynamique récente
en matière de création d’entreprises ;
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- l’insuffisance des financements à l’endroit du secteur
informel.
Au niveau des acteurs de l’économie informelle, l’on note
surtout :
- le faible niveau d’alphabétisation et de compétence des
acteurs ;
- les conditions précaires et le cadre de travail inadéquat de la
plupart des entités ;
- la méconnaissance des services offerts par les mécanismes
d’appui existants ;
- l’instabilité et la précarité des emplois créés par le secteur
informel ;
- l’insuffisance
des
services
d’accompagnement
de
l’entreprenariat agricole alors qu’il constitue à lui seul près
de 50% de l’économie informelle ;
- l’ignorance ou la méconnaissance des dispositions légales et
réglementaires ;
- les difficultés d’accès au financement.
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Excellence Monsieur le Premier Ministre,
Malgré les difficultés, le secteur informel offre des opportunités
d’affaires et d’emploi aux jeunes et aux couches défavorisées. Sa
contribution à la création de richesses peut être accrue s’il
bénéficie d’un encadrement adéquat à travers des services de
proximité de qualité. Ainsi, le monde des affaires estime que les
actions de promotion doivent mettre l’accent sur :
- le renforcement et l’amélioration des services d’information,
de sensibilisation, d’orientation et de formation au profit des
acteurs de l’économie informelle ;
- la décentralisation des services d’accompagnement des
entreprises pour en faire de véritables agents
d’accompagnement de proximité ;
- le renforcement des capacités d’intervention des institutions
d’appui spécifiques au secteur informel ;
- l’amélioration de l’environnement législatif et réglementaire
dans le but de réduire les contraintes à la formalisation et le
développement des entreprises dites informelles : l’accent
doit être mis sur la simplification des procédures
administratives et la baisse des coûts liés à la formalisation,
afin de faciliter la migration vers le secteur formel ;
- le renforcement de l’offre d’appui aux entreprises
informelles à travers une augmentation de l’offre de
financement, de service d’appui conseil et d’infrastructures
économiques adaptées à leurs besoins ;
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- l’adoption de la charte des
l’environnement réglementaire ;
PME pour
renforcer
- le renforcement des capacités des acteurs à travers le
renforcement de leurs compétences, l’amélioration de leur
organisation et l’accès aux moyens de production.
Excellence Monsieur le Premier Ministre,
Au regard de la dimension complexe et inclusive du secteur, le
monde des affaires propose que la stratégie pour concevoir,
mettre en œuvre et suivre les actions favorisant l’intégration du
secteur informel à l’économie formelle doit s’appuyer sur :
1. une approche participative : il s’agit d’une implication des
acteurs du secteur informel dans l’élaboration, la mise en
œuvre et le suivi des actions, des projets et programmes
spécifiques ;
2. une approche collective et individuelle : elle consisteraà
définir les stratégies qui prennent en compte les entités
informelles aussi bien sur le plan individuel que collectif.
Cela permettra de mieux prendre en compte les difficultés et
préoccupations individuelles et de groupe ;
3. la capitalisation et le partage d’expériences : elle devra
permettre la capitalisation de l’expérience locale et de
s’inspirer de modèles réussis pour améliorer l’offre de
services aux acteurs ;
4. l’approche partenariale : elle aura pour avantage de mettre
à profit un nombre important d’acteurs dans
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l’accompagnement, afin de garantir l’offre d’un paquet
optimal de services. Elle devra aussi faciliter les actions en
synergie pour une prise en compte plus large des besoins
d’accompagnement des entreprises informelles, semiformelles et formelles qui aspirent à un accompagnement de
qualité.
Quelque soit l’approche ou la démarche utilisée, les actions
devront garantir trois (03) résultats essentiels :
- le fait d’être informel est une étape vers la formalisation et
non un statut définitif ;
- les avantages de la formalisation contrebalancent le statut
d’informel ;
- la formalisation consolide la reconnaissance du secteur et
améliore l’importance de celui-ci dans la création d’emplois
stables et de richesses.
Excellence Monsieur le Premier Ministre,
La transformation de l’économie informelle ne peut être une
réalité sans une prise en compte véritable du secteur informel par
les mécanismes d’appui aux entreprises et une responsabilisation
des acteurs eux-mêmes. C’est pourquoi, il apparait nécessaire de
travailler à lever les contraintes et difficultés qui influencent
négativement les initiatives de formalisation de l’économie.
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Le monde des affaires est convaincu que la mise en œuvre
d’actions cohérentes et pertinentes à l’endroit du secteur informel
peut améliorer sa compétitivité et son impact sur l’économie
nationale. Ainsi, la CCI-BF a adopté une approche pragmatique
dans l’accompagnement du secteur informel, à travers l’action des
CGA. Cette action sera poursuivie à travers les nouvelles
orientations de la CCI-BF pour la mandature 2013-2018 qui
consistent à assurer un accompagnement de proximité aux
entreprises sur tout le territoire national.
Excellence Monsieur le Premier Ministre,
Le secteur privé avec votre permission voudrait porter à la
connaissance du Gouvernement d’autres préoccupations des
opérateurs économiques, dont la résolution participera à
l’amélioration du climat des affaires en général et plus
particulièrement à Bobo-Dioulasso et de son hinterland, qui
accueille la traditionnelle rencontre depuis plus d’une décennie.
Concernant spécifiquement les infrastructures d’appui à
l’économie, la réalisation des voies d’accès est indispensable pour
une optimisation de l’exploitation Port sec de Bobo-Dioulasso
(Boborinter). En rappel en janvier 2010, le problème
d’aménagement des voies d’accès au site avait été posé par le
Secteur privé. A cette occasion, le Gouvernement s’était engagé à
prendre les dispositions nécessaires pour aménager et bitumer la
rocade Sud d’environ 2,5 Km reliant Boborinter à la route de
Ouagadougou, afin de faciliter le trafic par le contournement de la
ville.
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Malgré trois années d’exploitation montrant une nette
amélioration des recettes douanières et des conditions de
traitement du fret national et international, il apparait que
l’absence de voies de desserte de la plateforme, notamment la
rocade Sud, limite sévèrement les performances de Boborinter et
freine la réalisation de nouveaux investissements. C’est pourquoi,
je voudrais au nom de la Communauté des affaires, utilisatrice du
Port sec de Bobo-Dioulasso, solliciter du Gouvernement,
l’aménagement de cette voie qui facilitera l’accès au Port sec,
incitera des investissements d’extension et contribuera à la
viabilisation de la zone du projet.
Le Secteur Privé sera reconnaissante au Gouvernement de toute
action qu’il mènera auprès des Autorités de la République du
Ghana pour l’achèvement du bitumage de la voie Hamélé- Wa,
située en territoire du ghanéen. Cet investissement permettra aux
opérateurs économiques de l’Ouest de réduire de plus de 400
kilomètres la distance séparant Bobo-Dioulasso du port Téma au
Ghana.
S’agissant plus généralement du climat des affaires, le Secteur
Privé est confronté à des difficultés liées à la sécurité des
personnes et des biens et à des faiblesses de l’environnement
institutionnel, légal et réglementaire dont les détails seront portés
à la connaissance du Gouvernement par les groupements et
associations professionnels.
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Excellence Monsieur le Premier Ministre,
Avant de clore mon propos, je voudrais inviter les partenaires
techniques et financiers à s’intéresser au développement de
services d’accompagnement du secteur informel.
Dans ce sens, la CCI-BF salue une fois encore l’action en cours de
la BAD destinée à considérer les CGA comme un acteur majeur
dans la mise en œuvre d’activités de structuration et de
transformation du secteur informel.
Je ne saurai conclure cette déclaration liminaire sans réaffirmer
au Gouvernement burkinabé, l’engagement de la Communauté des
affaires à poursuivre des initiatives en vue d’une plus grande
intégration du secteur informel dans l’économie formelle.
Excellence Monsieur le Premier Ministre, je voudrais, avec votre
permission, inviter les structures, associations et groupements
professionnels inscrits à présenter de manière concise et précise
leur contribution aux travaux de la 13ème rencontre Gouvernement
Secteur Privé.
Je vous remercie !
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