Biennale de Venise, fondamentalement vôtre

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Écrit par admin
Mercredi, 03 Septembre 2014 08:47 - Mis à jour Mercredi, 03 Septembre 2014 09:04
Sous le thème «Fundamentals» (Fondamentaux), la 14e édition de la Biennale de Venise,
effectue un retour aux sources, aux racines de l’art sous ses différentes formes et expressions.
Rem Koolhaas, architecte et curateur de la Biennale 2014, met en exergue l’effet de la
mondialisation sur l’identité nationale, voire l’âme de chaque pays. Il révise et revoit les
fondements de la pratique du métier d’architecte à travers le regard de chaque pays, dont
l’exercice a été de tracer les contours de l’évolution de l’architecture en tant que pratique
culturelle, entre globalisation et résistances identitaires. Ainsi les pavillons nationaux, racontent,
mettent en scène et en lumière l’histoire de leurs cents dernières années.
Le Pavillon du Maroc à la Biennale de Venise est étonnant. Un espace qui invite à la fois au
dialogue et à la méditation ; mais aussi à la découverte, un voyage différent et atypique à
travers ce pavillon de sable.
La visite du pavillon est une récréation. Les pieds dans le sable, on découvre les maquettes des
bâtiments qui ont été sélectionnés pour l’exposition des « Cent ans d’inventions ». Le Maroc,
véritable laboratoire d’expérimentations urbaines durant le Protectorat Français, a donné lieu à
des chefs d’œuvres architecturaux. Une période qui a marqué l’histoire du pays et que
Jean-Louis Cohen, architecte et historien, a qualifié de « culture de l’innovation ».
Ainsi, les architectes ont au fil du temps, laissé libre cours à leurs inspirations venues des
quatre coins du globe et ont bâti à leur tour des emblèmes au cœur des villes. Le Maroc a été,
grâce à eux, un lieu où se sont entrecroisées et mêlées des propositions extrêmes et uniques,
marquant pour toujours le paysage urbain.
On retrouve et redécouvre : la médina de Fès (1914), le quartier des Habbous à Casablanca
(1924), l’Immeuble Assayag à Casablanca (1934), les immeubles Nid d’Abeille et Sémiramis à
Casablanca, construits en 1954 par l’équipe ATBAT-Afrique selon la trame de Michel Ecochard,
la Grande place d’Agadir (1964), l’hôtel Dadès à Boulemane (1974) et Dar Lamane à
Casablanca (1984).
A travers ses différents projets, le pavillon marocain représente différentes problématiques :
l’habitat social et sa fonction de « relogement », l’exode rural, la mixité sociale et les lieux
servant de « terrain de vie », les médinas entre architecture et longévité, le tourisme,
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l’architecture art-déco inimitable et ancrée dans le temps.
Une chronologie architecturale qui s’arrête volontairement en 1986, date à laquelle Feu
Hassan II a prononcé le 14 Janvier un discours au collège des architectes. Il marque une faille
dans la créativité et stoppe l’expérimentation pour un passage du « Romi » au « beldi ».
La récréation se poursuit lorsqu’on lève les yeux au plafond, un travelling cinématographique
de ces bâtiments dans leur état actuel. Un voyage dans le temps, qui démontre à la fois la force
de l’architecture et son talon d’Achille lorsque certaines bâtisses se rident trop, délaissées par
un manque d’intérêt ou par manque d’acuité.
À la biennale, le Maroc déserte les évidences
Après la vision historique qu’appelle le thème général de la Biennale, « Fundamental(ism)s »
met également en parallèle « l’instantané » de la scène architecturale contemporaine. Dans
cette seconde trajectoire, on retrouve la volonté de recréer, des années plus tard, cette
effervescence créative et cette tradition de la radicalité expérimentale, qu’inspire le territoire
marocain.
Ainsi, l’ouest du Pavillon Marocain présente les maquettes de huit architectes invités à
s’intéresser à un territoire au cœur de l’identité marocaine, mais à la marge de la pensée
architecturale au Maroc : le Sahara Réintégré au territoire national depuis 1975, le Sahara est
encore pour le reste du monde un territoire disputé et aux limites. Pourtant il n’y a aucune
réflexion savante et culturelle sur une nouvelle façon de s’approprier le territoire, de l’habiter.
C’est sur cet axe précis que « l’instantané » prend forme, habiter un terrain vierge. L’enjeu du
concours lancé fut l’appropriation du territoire par le projet spéculatif, expérimental et radical.
Les architectes sélectionnés ayant concouru pour la réalisation d’une structure habitable dans
le Grand désert inhabité, on vu leurs projets exposés au sein du Pavillon Marocain. Chaque
groupe d’architectes a investit le Sahara avec une idée bien précise : utopique, idéale, château
d’eau, colline dense et creuse, création d’un microclimat face à un environnement inhospitalier,
ville suspendue et ville creuse, re-naturalisation de la terre exploitée…etc.
Une scénographie qui éveille les sens
L’expérience de la visite du pavillon marocain est composée de trois éléments : le sol, le ciel et
les styles. C’est ainsi que la scénographie habille et fait vivre l’espace, pour une totale
immersion et compréhension.
Le sol recouvert de sable du désert fait référence évidente au Sahara et joint parfaitement la
thématique de la scène architecturale actuelle. Le ciel : un écran géant, sur lequel est projeté
un film représentant chaque projet. Il titille l’ouie, l’iris et accompagne délicatement la visite.
Les styles d’un mètre cube, émergent du sable et son installées sur une trame régulière et
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continue. Rejoignant l’horizontalité, elles créent une forme í’infini géographique propre au
Sahara.
Fiche technique de la biennale de Venise
La 14ème Biennale Internationale d’Architecture de Venise se déroule du 7 juin au 23
novembre 2014 dans les Giardini, à l’Arsenale et dans divers autres endroits de la ville (palais,
galeries d’art, églises…) // Présidence de la Biennale : Paolo Baratta // Direction générale de la
Biennale : Rem KOOLHAAS // Commissionnaire du Pavillon Marocain : S.E. l’Ambassadeur du
Maroc Hassan ABOUYOUB // Commissariat scientifique du Pavillon Marocain : FADA Fondation pour l’Art, le Design et l’Architecture - présidé par Tarik OULALOU
Auteur : Frou AKALAY
Copyright & crédit photos : Luc BOEGLY
Paru dans A+E Architecture et environnement au Maroc N°3 – 2T, 2014
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