3139 CEMEA Rap Act 31-64
Transcription
3139 CEMEA Rap Act 31-64
39 Politiques sociales : actions de solidarité et lutte contre toutes les exclusions Une véritable politique de la jeunesse II est nécessaire de développer fortement les politiques publiques concernant l'ensemble des espaces éducatifs des enfants, des adolescents et des jeunes. Cela suppose d'asseoir ce développement sur une politique offensive en matière d'aide à la création d'emplois d'intérêt général, à destination des jeunes, sous des formes respectant le code du travail et les accords collectifs. Cette aide doit porter sur un accompagnement financier des employeurs qui s'engagent ainsi à accompagner des parcours de fin d'insertion sociale et d'entrée dans le monde professionnel. Les Ceméa ne veulent plus d'une politique de la jeunesse constituée de mesures sociales ou sécuritaires répondant ponctuellement au mal-être exprimé par certains jeunes sous des formes violentes ou tournées contre eux-mêmes. Les Ceméa sont prêts à contribuer à l'élaboration et à la mise en œuvre d'une autre politique privilégiant la citoyenneté active, la responsabilité, l'autonomie, l'ouverture au monde, l'action collective... Ils affirment que la participation directe des jeunes, de tous les jeunes, doit être reconnue et encouragée dans tous les lieux où ils ont une place : structures de loisirs collectifs, vie de la cité, entreprises, établissements d'enseignement... Les Ceméa rappellent qu'une politique exigeante de la jeunesse doit articuler de façon cohérente et complémentaire les questions d'accès à la qualification et à l'emploi, l'accès au logement autonome, l'accès aux loisirs, l'aide à la parentalité pour les jeunes couples, l'aide à l'engagement éducatif et social... Une politique de la jeunesse est forcément globale et interministérielle. 40 POLITIQUES SOCIALES : ACTIONS DE SOLIDARITÉ ET LUTTE CONTRE TOUTES LES EXCLUSIONS ■ Les centres de formation aux professions éducatives et sociales, un réseau pour les Ceméa Une accélération printanière de la réforme des diplômes d’éducateur spécialisé (ES) et de moniteur éducateur (ME) a abouti à la mise en place des formations selon les nouvelles formules à la rentrée 2007. Ceci dans un contexte réglementaire s’éclaircissant peu à peu entre février et juin, avec encore des points d’opacité levés en décembre. Les équipes pédagogiques des centres de formation ont donc dû tenter d’anticiper, de construire sans certitudes, puis ont réussi à présenter dans les temps aux DRASS des projets pédagogiques complets. Et en même temps les formations se poursuivaient ou démarraient, les dossiers d’habilitation des centres se préparaient… La réforme des diplômes et l’application stricte par les régions des règles de financement des formations limitant leur participation au financement des personnes en « formation initiale » continue de modifier la composition des groupes en formation. Les salariés en poste passent peu à peu par les dispositifs de VAE au détriment de la possibilité de vivre une réelle formation adaptée à leur situation et à leur expérience professionnelle, les âges moyens baissent, les stagiaires ont moins d’expériences sociales et professionnelles permettant de construire avec eux des parcours de formation appuyés sur celles-ci et qui les impliquent. Un regroupement national des formateurs des centres de formation du réseau Ceméa du secteur médico-social a eu lieu à Montpellier les 1er et 2 février. Il a réuni 30 cadres pédagogiques venant des deux centres intégrés aux Ceméa, CFPMEA-Montpellier Carnon et CFPES-Auber- villiers, et des deux membres associés des Ceméa, AFERTES-Arras et Erasme-Toulouse. Les travaux ont porté sur la réforme des diplômes ME et ES et sur la façon dont les centres des Ceméa allaient procéder afin de préserver des choix et des valeurs pédagogiques : travail par groupes structurés, accompagnements individualisés, formation lente des personnes et pas seulement des « techniciens ». Deux centres de formation sont totalement intégrés au dispositif institutionnel Ceméa, en Ile-de-France et Languedoc-Roussillon, deux centres sont gérés par des associations « membre associé » en Nord / Pas-de-Calais et Midi-Pyrénées. Quatre Associations territoriales interviennent ponctuellement dans des centres de leur proximité : Auvergne, Haute Normandie, Centre, Lorraine. Dans les deux centres intégrés aux Ceméa, toutes promotions pluriannuelles cumulées, les formations complètes conduisant aux validations des diplômes ont réuni : 63 personnes préparant le Diplôme d’Etat d’Auxiliaire de Vie Sociale, 245 préparant le diplôme de Moniteur Educateur, dont 12 en apprentissage et 28 en situation d’Auxiliaire de vie scolaire. 158 préparant le diplôme d’Educateur spécialisé. S’ajoutent à ces chiffres des formations modulaires dans le cadre de la formation continue des personnes en situation d’auxiliaire de vie, des accompagnements en VAE, des formations courtes destinées à des professionnels en poste, des participations à des formations diplômantes de niveau 2 conduites par des regroupements de centres de formation. LES CEMEA EN DÉVELOPPEMENT Un fort partenariat avec les Centres sociaux en Provence-AlpesCôte d’Azur En Provence-Alpes-Côte d’Azur, cette année 2007 a été l’objet d’un important travail d’ingénierie au service du développement d’un partenariat. Celui-ci a permis d’ouvrir, dès la fin 2007, un premier DE JEPS pour des salariés intervenant dans des centres sociaux puis une 2ème promotion en juin 2008, accueillant des stagiaires d’horizons professionnels variés : maisons de retraites, foyers de jeunes travailleurs, associations, centres sociaux. Ce chantier, lancé dès le début de l’année 2007 met en évidence la conjugaison d’une part d’un travail national aboutissant à l’élaboration d’une architecture du diplôme, avec d’autre part, la production d’un groupe de réflexion régional qui a su croiser et enrichir ses réflexions de celles de directeurs des structures citées ci-dessus. Ces DE JEPS s’inscrivent dans la poursuite d’un partenariat déjà largement engagé, puisque trois actions avaient déjà été réalisées pour les salariés de deux fédérations de centres sociaux : la Fédération des Centres Sociaux des Bouches-du-Rhône et le CCO (Centre de culture ouvrière). Ce type de partenariat qui situe les Ceméa en contact étroit avec le terrain, est à développer. Laurent Taudin Anne Van der Linden Rapport d’activité - Assemblée générale - Juin 2008 POLITIQUES SOCIALES : ACTIONS DE SOLIDARITÉ ET LUTTE CONTRE TOUTES LES EXCLUSIONS AU CŒUR DES TERRITOIRES L’animation professionnelle permanente, une priorité pour les Ceméa Bretagne La formation professionnelle continue des personnels constitue un des enjeux fondamentaux de la qualité des services rendus dans les domaines de l’éducation et de l’animation. Attentifs à cette exigence, les Ceméa Bretagne proposent depuis quelques années des formations adaptées aux conditions particulières de chaque structure, collectivité territoriale concernée. Celles-ci peuvent s’adresser à différents acteurs : élus, personnel territorial, cadres de l’animation, etc. Cette année, cela s’est traduit par huit projets avec huit villes de la région - La commune de Brec’h : il s’agissait de former l’ensemble du personnel intervenant dans le cadre du restaurant scolaire. Cette formation a réuni 14 personnes. - La commune de Perros-Guirec : le service Enfance-Jeunesse a sollicité les Ceméa d’une part pour l’élaboration d’un diagnostic du fonctionnement de l’accueil de loisirs et d’autre part, pour former les animateurs du service sur la question du projet. Cette session a réuni 8 personnes. - La commune de Châteaugiron : les Ceméa ont en charge la formation de l’ensemble du personnel intervenant durant les différents temps péri-scolaires (accueil du matin et du soir, restauration scolaire, études surveillées, animation durant le temps méridien). Cette formation, en cours, réunit plus de 20 personnes. - La commune de Trégueux : engagée en 2006, il s’agit pour les Ceméa de poursuivre la formation du personnel intervenant dans le cadre de la pause méridienne. Cette formation a réuni plus de 30 personnes. - La ville de Lannion : le service Enfance-jeunesse de la ville de Lannion a sollicité les Ceméa pour l’élaboration d’un diagnostic des différents accueils de loisirs (centres de loisirs et accueils de proximité). - La commune de Pléneuf Val André : le service Enfance-Jeunesse de la commune a sollicité les Ceméa pour former le personnel intervenant dans le cadre du restaurant scolaire mais aussi le personnel en charge de l’accueil péri-scolaire. Cette formation a réuni 12 personnes. - La commune de Plestin les Grèves : il s’agissait de former le personnel intervenant dans le cadre du restaurant scolaire. Cette formation a réuni 10 personnes. - La ville de Brest : les Ceméa ont élaboré au sein du groupe accueil éducatif du PEL (projet éducatif local) un plan de formation à destination des animateurs des accueils collectifs de mineurs (27 structures associatives et municipales) sur l'année scolaire 20062007. Un diagnostic avait été effectué à partir de l'analyse des projets pédagogiques et de rencontres avec les directeurs, animateurs et élus associatifs, pour accompagner au mieux les équipes. Trois temps différents ont été proposés : des regroupements, des temps d'analyse de pratiques et une quinzaine de journées thématiques (connaissance des publics, méthodologie de projet, les enfants et les médias, le partenariat...). Plus d'une centaine de personnes a participé à ce plan de formation qui était encadré par la Ligue de l'enseignement du Finistère, les Francas et les Ceméa (répartition des thématiques). En 2007, les Ceméa ont conduit trois journées de formation (une quinzaine de personnes par journées), deux temps d'analyse de pratiques (6 participants en moyenne) et encadré deux temps de regroupement (environ 50 personnes à chaque fois), plus un temps bilan avec les élus. Ce type d’engagement est un exemple du croisement de l’action pédagogique et des politiques locales. Il concerne plusieurs interlocuteurs et le savoir-faire des Ceméa s’appuie sur une lecture de cette nécessaire complémentarité. C'est aussi une manière de promouvoir les idées de l'éducation nouvelle, pour le mouvement Ceméa. Questionner la pertinence des interventions Des signes forts et massifs sont nécessaires afin de considérer la jeunesse dans sa capacité transformatrice. Les animateurs de jeunesse, et particulièrement ceux qui interviennent auprès des jeunes précarisés, ne devraient-ils pas mieux s'ouvrir à l'apprentissage de la « revendication maîtrisée » ? Si l'animateur est un « acteur populaire et nécessaire », il se doit d'être en mesure de transférer aux populations des outils en vue de leur propre développement, c'està-dire inventer des formes de participation, de revendication, de protestation, de délibération, sans doute imbriquées aux activités de loisirs, mais avec des formes politiques spécifiques au concept d'animation, stimulant l'intelligence, la réflexion et invitation à intervenir ensemble sur les événements… II y a sûrement à inventer des formes originales de prises de parole. La « revendication maîtrisée » c'est vouloir comprendre « pourquoi ça ne va pas ». Résister, proposer, inventer des réponses avec d'autres, analyser les injustices. C'est en quelque sorte remettre en mouvement la spécificité populaire française : celle du regard critique sur le pouvoir des possédants ; celle qui réactive les tensions entre pouvoirs dominants et les « sans grade » qui cherchent à ne pas se soumettre. Serge Guisset Vers l’Education Nouvelle N° 528 – octobre 2007 Rapport d’activité - Assemblée générale - Juin 2008 41 42 POLITIQUES SOCIALES : ACTIONS DE SOLIDARITÉ ET LUTTE CONTRE TOUTES LES EXCLUSIONS Une offre de formation continue pour les professionnels Les Ceméa proposent chaque année un ensemble de stage pour les professionnels de l’action sociale. Ils répondent également à des projets spécifiques pour des équipes ou des établissements, à la demande. Les thématiques principales de ces formations sont : • Le travail en institution : la continuité des soins, le secteur, le réseau... • L’activité comme médiation.` • La personne âgée. ■ La formation continue en santé mentale Les Ceméa ont accueilli 1 072 professionnels de la psychiatrie lors de 116 stages de formation et rencontres organisés par neuf Associations territoriales : PACA, Picardie, Nord / Pas-de-Calais, Languedoc-Roussillon, Lorraine, Pays-de-la-Loire, Bretagne, Haute-Normandie, Franche-Comté. Ces formations sont centrées sur le travail en institution, la continuité des soins, le secteur, le réseau, l’activité comme médiation et la personne âgée. Les rencontres vidéo en santé mentale. Ce projet s’est déroulé pour la neuvième année à Paris, les 22 et 23 novembre 2007 et a réuni 350 participants le premier jour et 290 le second, pour un programme de qualité avec une trentaine de productions (clips, films et documentaires). Cette manifestation dont les Ceméa sont un des partenaires principaux, a vu la participation de groupes venant de Belgique, de Suisse, et de différents établissements de santé mentale français (environ 12). Les prochaines rencontres auront lieu les 24 et 25 novembre 2008 à Paris. La VAE, au CFPES en Ile-de-France Maintenant bien implanté, le département VAE du CFPES (Centre de formation aux professions éducatives et sociales) des Ceméa Ilede-France accompagne pour les sessions de jury bisannuelles, des candidats dans une méthodologie éprouvée. L’extension vers d’autres certifications a été actée : éducateur technique spécialisé, CAFERUIS en 2007, assistant de service social et diplôme d’état de moniteur éducateur pour 2008 et en perspective le Diplôme d’état d’ingénierie sociale. Le nombre de candidats ES (éducateurs spécialisés) accompagnés en VAE est quasiment identique depuis quelques sessions. L’augmentation du nombre de candidats accompagnés est plus liée à une diversification des diplômes auxquels sont accompagnés les candidats. Cette diversification continue en 2008 avec l’ouverture à la VAE du DEME (Diplôme d’état de moniteur éducateur), des demandes pour les ASS, et une mise en place de la VAE CAFDES. Le CFPES met en place deux formations : une « formations aux écrits professionnels en éducation spécialisée » et une « formation aux entretiens éducatifs ». Ces formations permettent de nourrir l’accompagnement, de travailler davantage avec la dimension du collectif. Elles permettent en plus de leur dimension formative, de souder le groupe et de l’encourager à « s’auto-accompagner » dans une démarche qui reste difficile. Rapport d’activité - Assemblée générale - Juin 2008 L’osmose avec les milieux populaires, un projet politique Les structures d'accueil scolaire, de prévention, de lutte contre l'illettrisme, les associations d'éducation populaire, les clubs d'écriture, de théâtre, de musique, de sport, d'aide à l'insertion, travaillent avec la volonté de faire réussir enfants et jeunes inscrits dans des parcours heurtés. Ces associations savent que le désir de rêve, le besoin d'exister, de s'affirmer, d'être reconnu, peuvent se transformer en force pour tout individu. Des stratégies coopératives émergent ici ou là venant structurer l'action éducative. Mais, bien que proche des habitants, l'osmose avec les milieux populaires est-elle une perspective suffisamment mise en œuvre ? Sans doute est-ce difficile et complexe pour les intervenants de l'animation, car la perte de confiance et de repères est un sérieux handicap pour en retenir des relations confiantes et un travail de sympathie. Nous savons la multitude de pratiques culturelles autour du sport, du théâtre, de la musique, du rap, du slam, autour des rencontres avec d'autres et d'autres peuples, qui éveillent et invitent à la réflexion permettant de porter un autre regard sur soi et le monde. Mais l'activité ludique de type passe-temps ne suffit plus pour transformer les blocages individuels en perspective de vie. II y a, face aux urgences, plus à faire. Oser apprendre encore, trouver du travail (et s'y tenir), organiser sa vie autonome, aller vers le statut d'adulte, aider sa famille, prendre la parole, s'inscrire dans la vie sociale, politique... Aimer. Un long chemin, si la solitude domine et si l'accompagnement n'est que ludique. POLITIQUES SOCIALES : ACTIONS DE SOLIDARITÉ ET LUTTE CONTRE TOUTES LES EXCLUSIONS ■ L’accompagnement et la formation des publics en difficulté L’animation du Réseau national « Jeunes en errance » L’année 2007 a vu le renouvellement de la convention pluriannuelle signée avec le ministère du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité pour l’animation du réseau national « Jeunes en errance » de 2007 à 2009. Au 31 décembre 2007, ce réseau regroupait 12 structures de niveau national, 160 structures de terrain, 6 centres de formation et 7 chercheurs. Des soutiens techniques et méthodologiques à des équipes, des accompagnements et des aides à la mise en réseau ont été engagés avec 10 équipes et structures à Nantes, Paris, Valence, Bordeaux, Limoges, Rouen, Niort, Rennes, Toulouse, Reims. Des interventions dans des formations de professionnels, des conférences pour des professionnels et pour le « grand public » ont eu lieu à Grenoble, Bordeaux, Limoges, Montpellier, Aubervilliers, Saint-Nazaire, Marly-le-Roi. Une aide a été apportée pour la réalisation de rencontres départementales à Valence (Sauvegarde de l’Enfance) et à Bordeaux (Conseil Général, Préfecture et ville). 45 professionnels représentant 32 structures de terrain ont été réunis durant trois jours du 21 au 23 novembre à Angers sur le thème « Quelle prise en compte de la dimension psy par les intervenants de terrain ? ». Un des volets de la convention 2007-2009 porte sur les pratiques festives des jeunes et des risques de marginalisation qui peuvent en découler pour certains. Dans ce cadre, une recherche-action a été engagée en 2007 durant deux grands festivals : les Francofolies à La Rochelle, et Eclat à Aurillac. A La Rochelle l’action s’est appuyée sur la gestion d’un espace de camping destiné aux jeunes festivaliers, en partenariat avec la ville et dans le cadre d’une action qui associe les Ceméa de Poitou-Charentes. A Aurillac des observations et des entretiens ont eu lieu en lien avec le dispositif de prévention particulier initié par la Direction départementale des Affaires Sanitaires et Sociales. Des actions diverses dans le secteur et les dispositifs d’insertion Dix Associations territoriales des Ceméa ont été actives dans le domaine de l’insertion sociale et professionnelle et de l’aide au développement solidaire : Auvergne, Bourgogne, Haute-Normandie, Basse-Normandie, Ile-de-France, Languedoc-Roussillon, La Réunion, Martinique, Nord/Pas-de-Calais, Picardie. Leurs interventions sont extrêmement variées : dispositifs publics d’aide aux 16-25 ans, accompagnement d’allocataires du RMI, actions en milieu carcéral, chantiers-école, actions avec des mineurs sous mandat de justice, préformations aux métiers de l’animation et du social, soutien à de jeunes créateurs d’entreprises, projets locaux collectifs d’action et de développement… Ces actions ont des contenus forts, mobilisateurs, et leur qualité est reconnue par les tutelles qui les financent. Mais le mode prédominant de financement les met peu à peu en difficulté : appels d’offres stéréotypés ne laissant que peu de place à la création et à l’inventivité, mise en déséquilibre économique avec le poids croissant du moins disant financier, absence de temps professionnel prévu pour des rencontres, des concertations, des coordinations locales d’acteurs. L’instrumentalisation croissante des opérateurs de l’insertion par les tutelles publiques ne va pas dans le sens défendu par les Ceméa. ECHOS D’UN PROJET La CPO-Social animée par les Ceméa Les Ceméa ont continué d’assurer l’animation et le secrétariat de la Conférence Permanente des Organisations de professionnels du social, le seul regroupement national permanent interprofessionnel de travailleurs sociaux centré sur le partage et la diffusion d’analyses portant sur les politiques sociales. Quatre réunions plénières ont été organisées dans les locaux des Ceméa, et une journée nationale de travail accueillant 70 participants membres des associations de la CPO a été techniquement portée. S’ajoutent à cela le lien entretenu entre toutes les composantes de cette plate-forme, et des réponses à des questions venant d’institutions, de journalistes, de chercheurs et d’étudiants. Le site internet des Ceméa a continué d’accueillir des pages dédiées à la CPO, publiées sous sa seule responsabilité : mise à disposition de communiqués et d’analyses, tenue à jour de liens… Accueillir des personnes en grande difficulté Dans le cadre des CUCS (Contrats Urbains de Cohésion Sociale), les Ceméa Provence-Alpes-Côte d’Azur ont développé, en 2007 et poursuivi en 2008, à Marseille et à Miramas, la mise en œuvre de formations à destination de professionnels accueillant des publics en difficulté. Ces professionnels, qu’ils soient du champ sanitaire ou social, institutionnel ou associatif, qui accueillent des publics de plus en plus précarisés, se trouvent confrontés à des difficultés grandissantes… agressivité, parfois violence, incompréhensions diverses… Des sentiments d’impuissance, d’isolement, d’inefficacité surgissent, laissant ces professionnels en souffrance. La mise en réseau effective de ces professionnels vise à permettre une véritable « mise en solidarité » entre eux, mais aussi un meilleur accueil des usagers. La formation proposée s’est donnée deux principaux objectifs : - permettre aux professionnels des différents champs de constituer leur réseau : échanges sur les pratiques, connaissance des ressources et contraintes des partenaires, amélioration des orientations, développement des solidarités entre professionnels. - acquérir des savoirs faire pour améliorer la qualité de l’accueil des usagers : diminuer les tensions agressives, mieux gérer les personnes en souffrance psychique ou présentant des troubles de la personnalité, trouver la bonne distance. Elle s’est effectuée sous forme de 10 séances d’une demi-journée, financées par la DDASS 13 et avec le soutien actif des Ateliers Santé Ville. Rapport d’activité - Assemblée générale - Juin 2008 43 44 POLITIQUES SOCIALES : ACTIONS DE SOLIDARITÉ ET LUTTE CONTRE TOUTES LES EXCLUSIONS LES CEMÉA AU CŒUR DES TERRITOIRES Développement local et social à Paris, par les Ceméa Ile-de-France La diversité des actions des Ceméa Ile-de-France, les différents champs d’intervention pédagogique et formatif visant l’insertion des personnes développées en 2007, mettent en valeur le projet régional des Ceméa Ile-de-France dans sa volonté d’agir avec et pour les personnes issues de territoires en grande dégradation sociale et culturelle. C’est l’idée même d’un mouvement qui se donne comme objectif de mettre en action les valeurs qu’il défend autour du principe d’éducation pour tous. Les actions menées et initiées en 2007 sur le territoire du Nord Est parisien (11ème, 17ème, 19ème et 20ème arrondissement de Paris), actions de formation et de professionnalisation, se sont déroulées dans une démarche de développement local et social s’inscrivant dans l’ensemble des dispositifs portés par la politique de la ville. Politique de la ville encadrée et gérée par la direction parisienne « Politique de la ville et de l’intégration », ainsi que par la direction du développement économique et de l’emploi. Ces actions sont financées par l’Etat, la Ville, la Région, la DDJS, la CAF et le FSE. Les actions chantiers-écoles Les Ceméa depuis plusieurs années sont reconnus localement par l’ensemble des acteurs concernés par la mise en place des politiques publiques liées à la formation, l’emploi et l’insertion des personnes éloignées de l’emploi et cela quel que soient leur niveau ou leur parcours de formation initiale. En effet, la mise en place des dispositifs de formation « chantiers écoles » débutée en 2005, financée par le Conseil régional s’inscrivant dans une dimension locale avec les acteurs locaux (Mission locale, ANPE, Clubs de prévention, Centres sociaux, équipes de développement local, Associations locales) sont de véritables actions partenariales. Celles-ci ont pour objectifs la formation professionnelle des personnes, la création d’emplois pour les personnes formées, l’émergence d’actions concertées et valorisées au niveau local et sur l’ensemble du territoire parisien. C’est dans ce sens que les Ceméa ont été sollicités en 2007, pour construire et porter le projet chantier école « Animateur en milieu urbain » dont l’ingénierie s’est faite en partenariat avec l’INFOP (Institut de formation professionnelle des Ceméa Ile-de-France). Cette action a démarré au premier trimestre 2008. Le groupement jeunes créateurs Parisien 2007 a été une année charnière dans la mise en place du projet Groupement Jeunes Créateurs sur le territoire parisien. Le processus de mise en route du projet local avec l’Association nationale des groupement de jeunes créateurs, la Faculté de Marne-la-Vallée, l’ensemble des acteurs locaux, le Conseil régional, la ville de Paris, l’Etat (DRTEFP), le Fonds social européen, a abouti à la définition et au démarrage de l’action de formation co-portée par les Ceméa visant la création de projets d’activités économiques et d’emplois pour les personnes bénéficiaires. Ce dispositif doit permettre à 60 personnes âgées de 18 à 40 ans de faire émerger un projet de création d’activité économique et de création d’emploi, de se former à la gestion administrative, financière et économique d’une entreprise quel que soit son statut (association, coopérative, SARL, …). Enfin ces personnes seront accompagnées par les structures types Pépinière d’emplois, Rapport d’activité - Assemblée générale - Juin 2008 Couveuses, … dans le démarrage de leur activité professionnelle. Les Ceméa outre le co-portage global du projet, interviennent sur la pédagogie liée à l’émergence du projet individuel ou collectif, « De l’idée à l’envie », sur un parcours de trois mois. Cette action symbolise la pertinence pédagogique du mouvement Ceméa quant à la place de l’individu, ses besoins, ses envies et son désir de promotion sociale et culturelle à partir des valeurs et des concepts de l’éducation populaire. Action pré-qualifiante aux métiers de l’animation avec la Protection Judiciaire de la Jeunesse L’engagement (depuis janvier 2001) des Ceméa Ile-de-France avec la Protection Judiciaire de la Jeunesse s’est poursuivi en 2007. Il s’agit de préparer des jeunes, d’une part suivis par les dispositifs de la PJJ, de l’ASE, et d’autre part des jeunes issus du droit commun (missions locales, ANPE) à travers un parcours de 40 semaines pré-qualifiantes, aux métiers de l’animation. L’implication des Ceméa dans cette action a pour objectif de reconsidérer, de construire ou de reconstruire la personne et de l’amener à valider un projet social et professionnel durable vers le champ de l’animation socio-culturelle ou tout autre secteur professionnel. Aujourd’hui ce dispositif financé par le Fond social européen, est touché par les restrictions budgétaires décidées par l’Europe et l’Etat français dans le cadre de la nouvelle programmation 20072013 et qui s’est traduit par une baisse d’environ 30 % (annoncée qu’en juillet 2007). Néanmoins, la poursuite de ce dispositif de formation sociale et professionnelle et d’insertion des jeunes fragilisés, consolide l’engagement des Ceméa et leurs valeurs liées à l’insertion globale et durable des personnes exclues ou en voie d’exclusion sociale, culturelle et professionnelle. Ce sont 25 jeunes accueillis annuellement dans les locaux de la PJJ, dans le 11ème arrondissement de Paris. Ce projet est porté financièrement par la Croix Rouge de Paris, il est mené en partenariat avec le CAEI/PJJ de Paris. La Direction départementale et régionale et le ministère de tutelle (Justice) souhaitent que les Ceméa continuent leur implication sur ce dispositif au vu de l’impact pédagogique réalisé auprès des groupes accueillis. POLITIQUES SOCIALES : ACTIONS DE SOLIDARITÉ ET LUTTE CONTRE TOUTES LES EXCLUSIONS ■ La petite enfance aux Ceméa Au-delà des actions dans le champ de l’animation volontaire, pour lesquelles les Ceméa organisent des stages d’approfondissement centrés sur la petite enfance, les projets réalisés concernent des personnels municipaux intervenant durant le temps scolaire et périscolaire, et des professionnels de structures d’accueil. Onze Associations territoriales du réseau Ceméa ont été impliquées, en 2007, dans 152 actions de formation, il s’agit de celles de PACA, Basse-Normandie, Bourgogne, Languedoc-Roussillon, Lorraine, Poitou-Charentes, Pays-de-la-Loire, Bretagne, Auvergne, Rhône-Alpes, Guyane. Parmi elles, six Associations territoriales (Bourgogne, Languedoc-Roussillon, Poitou-Charentes, Bretagne, Pays-de-la-Loire, Auvergne) ont organisé des formations d’assistantes maternelles, souvent en partenariat avec les Conseils généraux. L’ensemble de ces formations correspond à l’accueil de 2 952 participants, ce qui représente 21 143 journées/formations. Le social et la santé, nécessité d’une politique globale Aujourd'hui certaines approches du social privilégient de plus en plus d'une part la répression, la pénalisation, la police des familles, d'autre part les pratiques d'encadrement caritatif et assistanciel de ceux qui sont le plus en difficulté. Pourtant les individus ne sont pas les responsables de leur sort. Des pesanteurs d'une tout autre ampleur sont à prendre en compte : effets des choix d’urbanisation, pénurie de logements sociaux, chute quantitative des emplois peu qualifiés, inégalités liées à la scolarisation et aux lieux d'habitation… Les Ceméa affirment la nécessité d’une politique globale qui privilégie l'éducation, la prévention et la protection, qui articule les déterminants globaux et les déterminants personnels, les approches collectives et les approches individuelles. Une telle politique doit nécessairement lier les approches éducatives et préventives avec le besoin de rappels de la loi et d’une répression intervenant en dernier ressort. Enfin, elle doit prendre en compte à la fois les déterminants propres à l’irrationnel de la personne et l’influence des composantes neurologique et biologique. Dans ce cadre les Ceméa ont demandé l'abrogation des lois Perben, de la loi de prévention de la délinquance, du volet « contrôle famille » de la loi Borloo, au profit de nouveaux textes élaborés collégialement. L'intervention des Ceméa dans les secteurs professionnels où sont mises en œuvre les politiques sociales permet de pointer le besoin de clarifications, d’inflexions de ces politiques. C’est ainsi que les Ceméa : - soutiennent un projet de « service public de la petite enfance ». Nous entendons ici une forte augmentation et une égalité des possibilités d’accueil d’enfants de moins de trois ans sur l’ensemble du territoire, une accessibilité financière qui permette aux familles d’effectuer de réels choix, et une attention du développement de formes d’accueil articulant l’individuel et le collectif adaptées aux besoins de socialisation des jeunes enfants ; - réaffirment le besoin d'un redéveloppement de la psychiatrie publique ouverte sur la cité : pratiques de « secteur », équipes mobiles en lien avec les structures de l'urgence sociale, insertion des pratiques de soin dans la cité ; - pointent la nécessité de l'intervention de professionnels formés et de l'existence de structures d'accueil et d'accompagnement adaptées pour ce qui concerne les adultes isolés, les personnes âgées, les porteurs de handicap, la santé mentale. Aujourd'hui l'intervention de personnes embauchées dans le cadre de démarches d'insertion ne permet pas le développement de projets exigeants respectueux des usagers. L'insuffisance quantitative d'établissements d'accueil et de services spécialisés contribue à cette maltraitance. VST N° 93 - 2007 Rapport d’activité - Assemblée générale - Juin 2008 45 46 POLITIQUES SOCIALES : ACTIONS DE SOLIDARITÉ ET LUTTE CONTRE TOUTES LES EXCLUSIONS L’activité petite enfance aux Ceméa de Bourgogne La petite enfance est une activité transversale à tous les secteurs des Ceméa de Bourgogne puisqu'elle croise tous les contenus « connaissance du public » de tous les professionnels (le)s de l'éducation. Elle se traduit par plusieurs types d’actions. • La formation des assistant(e)s maternel(le)s Depuis janvier 2007, les Ceméa ont une action importante en Côte d’Or (entre 35 et 40 groupes/an à former jusqu’en 2010) et dans l’Yonne (10 groupes à former pour 2007). Ces formations correspondent au lancement de la formation réformée au niveau des Conseils généraux comprenant 120 heures au total. • La formation continue des professionnels (le)s de la petite enfance Onze actions de formation ont été mises en place en 2007 (dont un parcours modulaire ATSEM de 6 actions) via le CNFPT. Ces actions concernent un public élargi : animateurs en maternelle (péri scolaire), assistantes maternelles, ATSEM, personnels de structure d'accueil petite enfance. • La formation qualifiante aux métiers de l'animation Les Ceméa ont maintenu leurs interventions annuelles « connaissance du public petite enfance » en BPJEPS et BAAPAT, s’inscrivant dans le souhait renouvelé d'une réelle implication pédagogique élargie à l'ensemble du parcours de formation des Ceméa de Bourgogne. L’ensemble de ces actions ont concerné 551 personnes lors de 287 journées de formations, ce qui correspond à un total de 35 371 journées stagiaires. Ces formations sont animées par le réseau militant salarié des Ceméa (salariés permanents, professionnels de terrain). Des intervenants spécifiques (psychologues cliniciens, animatrices de relais, éducatrices de jeunes enfants…) renforcent cette équipe. Un film support aux formations sur le métier d’assistantes maternelles a vu le jour. Il sera diffusé en 2008. ECHOS D’UN PROJET Un « carrefour des jeunesses » en Ile-de-France Dans la continuité de la réflexion sur les structures d’accueil pour la jeunesse, l’association des Ceméa Ile-de-France s’engage, avec des formateurs de l’INFOP (Institut de formation professionnelle), du CFPES (Centre formation aux professions éducatives et sociales) et le chargé de mission jeunesse, dans une expérimentation partenariale animation/prévention spécialisée dans le 10ème arrondissement de Paris. Le « Carrefour des jeunesses » a pour objectif d’accueillir les adolescents, filles et garçons de 14 à 20 ans de toutes origines, habitant l’arrondissement et ses alentours, individuellement ou collectivement. L’espace fonctionnera en mode décalé des institutions du territoire. Il est fondé sur l’anonymat et la libre adhésion des jeunes. Ce projet pose le principe qu’être accueilli dans un lieu où le cadre et la loi donnent les moyens à des adolescents et des jeunes adultes d’agir, de s’exprimer, de créer, n’est pas un rêve fou, c’est une opportunité qui leur permet de se construire, de mobiliser ses propres ressources et de « faire ensemble dans la cité ». Il s’agira dans un lieu qui fabrique du lien émancipateur (pratique volontaire d’action) de développer des pratiques pédagogiques axées sur l’implication de chacun, de favoriser l’émergence et la réalisation de projets individuels et collectifs. Les compétences des adultes seront à la disposition des jeunes. Rapport d’activité - Assemblée générale - Juin 2008