Documentation Danoise Le ballet, la danse et le théâtre

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Documentation Danoise Le ballet, la danse et le théâtre
Ministère des Affaires étrangères du Danemark
Documentation danoise
DÉCEMBRE 2003
LE BALLET,
LA DANSE ET
LE THÉÂTRE
Le ballet, la danse et le théâtre danois sont
tous d'un niveau international mais c'est
surtout le Ballet royal qui est connu à
l'étranger, grâce à ses tournées dans le
monde entier.
Mais d'autres compagnies danoises ont
aussi remporté des succès à l'étranger : les
Ballets de Peter Schaufuss, le théâtre de
«performances» Hotel Pro Forma et le
théâtre expérimental d'Odin Teatret, à
Holstebro. Cependant, dans l'ensemble, le
théâtre danois a souvent éprouvé des difficultés à se faire connaître à l'étranger à
cause de la barrière de la langue.
Le ballet danois
Le Ballet royal doit son niveau international essentiellement à August Bournonville
(1805-1879) dont cette compagnie présente les ballets pendant ses diverses tournées mondiales, ballets qui font aussi partie du répertoire de nombreuses compagnies étrangères. Cependant, au XXe s., le
ballet danois a donné naissance à plusieurs
grands danseurs et chorégraphes dont la
célébrité a dépassé les frontières du Danemark.
Le ballet danois avant August
Bournonville
Le ballet de la Cour, copié sur le modèle
français, était à la mode à la Cour danoise
au milieu du XVIIe s., mais ce n'est que
lors de la création d'un théâtre national au
XVIIIe s. qu'apparut un véritable «théâtre
de danse». C'est en 1748, lors de l'ouverture du Théâtre royal sur la place de Kongens Nytorv, à Copenhague, que commença à se développer peu à peu un corps
de ballet, dirigé dans ses débuts par des
maîtres de ballet italiens ou français.
L'École de Ballet du Théâtre royal fut
fondée en 1771, et en 1775 arriva à Co-
Mads Blangstrup et Silja Schandorff dans La Sylphide (1836) d’August Bournonville,
le Ballet royal 1999. Photo : Martin Mydtskov Rønne.
penhague le maître de ballet et chorégraphe italien Vincenzo Galeotti (1733-1816),
qui fut le véritable fondateur du Ballet
Royal. L'un de ses nombreux ballets : Les
Caprices de Cupidon (1786), qui figure
toujours au répertoire, est le plus ancien
du monde à avoir été dansé selon une tradition ininterrompue.
L'ère d'August Bournonville
Malgré les consonances françaises de son
nom, August Bournonville était un Danois
dont les œuvres reflétaient les réflexions et
les idées de son époque, comme celles de
son ami, le conteur Hans Christian Andersen (1805-1875). À quelques rares
interruptions près, Bournonville fut maître de ballet au Théâtre royal de 1830 à
1877.
Ayant été formé à Paris et connaissant
les exigences et le niveau des ballets à
l’étranger, il éleva celui du ballet danois
dont il en fit une compagnie internationale par son métier et nationale par son
style et son répertoire, qui le caractérisent
encore de nos jours. Bournonville fit la
chorégraphie d'une cinquantaine de ballets,
dont dix à peine ont été conservés. Parmi
ses chefs-d'œuvre figurent La Sylphide
(1836), Napoli (1842), La Kermesse à
Bruges (1851) et Une Légende populaire
(1854).
Le mot-clé des œuvres de Bournonville
est l'harmonie, mot qui couvre à la fois sa
vision de la vie et son style. Comme les
autres artistes danois de l'Âge d'or, Bournonville défendait une conception de
l'existence marquée par la foi en un
monde chargé de sens.
Après August Bournonville, le ballet
danois connut quelques années d'effacement. Ses successeurs cultivaient scrupuleusement la tradition, tout particulièrement Hans Beck (1861-1952) qui, dans
les années 1890, réunit les pas et les variations de ses ballets pour rédiger ce qu'on
appelle les Écoles de Bournonville, auxquelles se réfèrent toujours les danseurs
contemporains qui doivent assimiler le
style de Bournonville.
Le rénovateur Harald Lander
Le renouveau du ballet danois eut lieu au
cours du XXe s. Les Danois furent inspirés par la visite de Mikhail Fokin (18801941) en 1925, et par celles de Georges
Balanchine (1904-1983) en 1930 et 1931,
mais ce fut grâce à Harald Lander (19051971) que le ballet connut un nouvel épanouissement, par le jeu conjugué richement contrasté d'un répertoire moderne et
de la fidélité à la tradition de Bournonville.
Avec un répertoire centré autour de la
danseuse étoile Margot Lander (19101961), Lander, qui fut maître de ballet de
1932 à 1951, rendit le genre du ballet
extraordinairement populaire. Son apogée
fut Études (1948), sur lequel il devait fonder plus tard sa propre renommée mondiale.
occidentale du Roméo et Julie de Prokofiev,
en 1955.
Niels Bjørn Larsen, le plus grand mime
danois du XXe s., fut le maître de ballet
de la compagnie pendant les années 1950
et la première moitié des années 1960,
remplacé pendant quelques saisons (19561959) par Frank Schaufuss (1921-1997).
Pendant l'ère de Harald Lander, les
ballets de Nini Theilade (née en 1915), de
Niels Bjørn Larsen (1913-2003) et de
Børge Ralov (1908-1981) eurent aussi une
grande importance. Ce fut ce dernier qui
créa, en collaboration avec l'écrivain Kjeld
Abell (1901-1961) et le compositeur
Bernhard Christensen (né en 1906), le
premier ballet danois moderne intitulé :
La Veuve au miroir (1934).
Harald Lander forma une solide génération de jeunes danseurs dont plusieurs
devinrent célèbres à l'étranger : Erik Bruhn
(1928-1986), Toni Lander Marks (19311985), Kirsten Simone (née en 1934),
Henning Kronstam (1934-1995) et Flemming Flindt (né en 1936). Vera Volkova
(1904-1975), une pédagogue russo-britannique qui dirigea l'enseignement au Ballet
royal de 1951 à sa mort, y a également
joué un rôle capital.
Vers une envergure internationale
Durant les années 1950, le Ballet royal
continua de prendre une envergure internationale. Un festival de danse avait lieu
toutes les années et le Ballet faisait des
tournées à l'étranger ; sa percée aux ÉtatsUnis date de 1956. Plusieurs des meilleurs
chorégraphes de l'époque vinrent à Copenhague pour travailler avec le Ballet royal :
George Balanchine, Birgit Cullberg
(1908-1999), Roland Petit (né en 1924)
et Frederick Ashton (1904-1988). C'est à
l'intention du Ballet royal que ce dernier
créa la première version chorégraphique
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Les temps nouveaux
Nommé maître de ballet à son tour en
1966, Flemming Flindt fit entrer la danse
nouvelle (modern dance) au répertoire du
Ballet royal. Il débuta lui-même comme
chorégraphe en créant La Leçon (1963),
d'après la pièce d'Eugène Ionesco (19121994) avec lequel il collabora également
pour créer le plus grand succès de toute
cette période : Le Triomphe de la mort
(1972). Les danseurs danois dansèrent
pieds nus Auréole (1968), le ballet de Paul
Taylor (né en 1930) et une série de chorégraphies de modern dance entrèrent au
répertoire du Ballet royal.
Mais l'École continua de produire
d'excellents danseurs classiques, et traditionnellement, ce sont surtout les hommes
qui ont une réputation de haute qualité,
comme par exemple Niels Kehlet (né en
1938), Peter Martins (né en 1946), Peter
Schaufuss (né en 1949), Arne Villumsen
(né en 1952), Ib Andersen (né en 1954),
Nikolaj Hübbe (né en 1967) et Alexander
Kølpin (né en 1965).
Invités ou attachés en permanence à
des compagnies étrangères, ces danseurs
ont fait connaître le Ballet et l'École de
Danse danois, comme l'ont fait toute une
série de pédagogues et de metteurs en
scène spécialistes de Bournonville qui ont
enseigné dans le monde entier : Hans Brenaa (1910-1988), Kirsten Ralov (19221999), Fredbjørn Bjørnsson (1926-1993),
Flemming Ryberg (né en 1940), Dinna
Bjørn (née en 1947), Eva Kloborg (née en
1948), Anne Marie Vessel Schlüter (née
en 1949) et Frank Andersen (né en 1953).
Tradition et innovation
Pendant la période où Henning Kronstam
fut le maître de ballet de la compagnie, de
1978 à 1985, la renommée internationale
du Ballet royal se confirma, notamment
par des tournées et par le festival Bournonville de 1979, qui marqua le centenaire de la mort d'August Bournonville.
Cet événement prouva bien qu'en vertu
de son héritage romantique, le Danemark
occupe une place à part sur la carte mondiale du ballet.
Frank Andersen, maître de ballet de
1985 à 1994, continua la tradition de
Bournonville. En 1991, il demanda à la
reine Margrethe II de faire la scénographie
d'Une Légende populaire, et il organisa un
nouveau festival Bournonville en 1992.
Parmi les chorégraphes étrangers, ce
furent surtout John Cranko (1927-1973)
et John Neumeier (né en 1942), qui éveillèrent chez les danseurs danois le sens de
la psychologie dramatique. Les chorégraphes contemporains danois sont trop
rares, mais Anna Lærkesen (née en 1942)
a créé des œuvres qui développent le style
néo-classique avec originalité et le Dane-
Danseurs de ballet danois dans
des compagnies étrangères
Plusieurs danseurs de ballet danois du
Ballet royal ont fait carrière à l’étranger,
entre autres :
Harald Lander : Chorégraphe international
de 1951 à 1971, Maître de ballet de l’Opéra
de Paris de 1952 à 1963
Erik Bruhn : Danseur étoile international
en 1951, directeur artistique de l’Opéra
de Stockholm de 1967 à 1971 et du Ballet
national du Canada de 1983 à 1986
Flemming Flindt : Premier danseur du
London Festival Ballet de 1955 à 1960 et de
l’Opéra de Paris de 1960 à 1966, directeur
artistique du Dallas Ballet de 1981 à 89
Peter Martins : Premier danseur du New
York City Ballet de 1970 à 1983, ensuite
directeur artistique de ce même ballet
Peter Schaufuss : Premier danseur du
London Festival Ballet, du New York City
Ballet et du Ballet national du Canada de
1970 à 1979, directeur artistique de
l’English National Ballet de 1984 à 1990 et
de la Deutsche Oper Berlin de 1990 à 1994
Nikolaj Hübbe : Premier danseur du New
York City Ballet à partir de 1992
Dinna Bjørn : Directeur artistique du Ballet
national de Norvège de 1990 à 2002 et du
Ballet national de Finlande à partir de 2001
Jens Jørgen Spottag et Kaya Brüel dans
Woyzeck (1878) de Georg Büchner, mise en
scène par Robert Wilson sur une musique
de Tom Waits, Betty Nansen Teatret à
Copenhague 2000.
Photo : The Ocular One.
mark a trouvé son plus récent chorégraphe
de talent en la personne d'un Anglais :
Tim Rushton (né en 1963), qui travaille à
la fois avec les danseurs classiques et
modernes dans des œuvres qui allient le
sérieux et la sensibilité à la gaieté débordante.
Le Ballet royal pendant les
années 1990
Les années 1990 ont été mouvementées
pour le Ballet royal qui a souvent changé
de maître de ballet. Peter Schaufuss fut
maître de ballet de 1994 à 1995, Johnny
Eliasen (né en 1949), de 1995 à 1997,
Maina Gielgud (née en 1945) de 1997 à
1999, Aage Thordal-Christensen (né en
1965) de 1999 à 2001 et Frank Andersen
de nouveau depuis 2002.
En ce début du XXIe s., le Ballet royal
apparaît comme une compagnie moderne
classique dont le répertoire, outre Bournonville, s'étend de Balanchine aux grands
ballets de Tchaïkovski. La compagnie traverse une période de transition puisqu'elle
doit trouver un équilibre entre les œuvres
nationales et internationales. Durant ces
trois dernières décennies, bon nombre de
danseurs étrangers ont été admis dans la
compagnie qui compte aujourd'hui quatre-vingt-dix danseurs et danseuses dont
un tiers n'ont pas la formation de l'école
du Théâtre royal.
Parmi les principaux danseurs danois
sortis de cette école et rompus au style de
Bournonville, il faut citer Johan Kobborg
(né en 1972), Thomas Lund (né en 1974)
et Gudrun Bojesen (née en 1976). Comme
la danseuse finlandaise Sorella Englund
(née en 1945), Caroline Cavallo, née en
1969 et originaire des États-Unis, témoigne
que des danseurs étrangers savent aussi
maîtriser le style de Bournonville.
La danse hors du Ballet royal
Pendant longtemps, il y eut peu de danseurs danois en dehors de ceux du Ballet
royal. Le théâtre de Pantomime du parc
d'attractions de Tivoli cultive, depuis
1844, une forme de pantomime héritée de
la commedia dell'arte à laquelle se mêle la
tradition du ballet danois.
La danse moderne arriva tardivement
au Danemark. À la fin des années 1960,
un petit groupe commença à travailler un
style inspiré d'artistes américains récents
comme Martha Graham (1894-1991) et
Merce Cunningham (né en 1919). Les
principaux furent le groupe féminin Living
Movement, fondé en 1971, et celui que
l'ex-danseur étoile du Ballet royal Eske
Holm (né en 1940) fonda en 1974. Mais
aucune de ces initiatives des années 1970
ne fut de très longue durée, à l'inverse du
Nouveau Théâtre de Danse danois, compagnie fondée vers 1980 sur les expériences de la Norvégienne Randi Patterson (née
en 1948). Avec elle et avec l'Américain
Warren Spears (né en 1954) et la Danoise
Anette Abildgaard (née en 1951) comme
chorégraphes, le Danemark possède maintenant une compagnie moderne de grande
classe, maintenant dirigée par le chorégraphe Tim Rushton.
Les grandes manifestations estivales de
la capitale danoise : le Festival of Fools,
Dancin' City, etc., qui attiraient à Copenhague les dernières nouveautés de la danse
internationale ont joué un rôle essentiel
en maintenant en éveil l'intérêt du public
pour la danse.
La danse d’aujourd’hui
En ce début du XXIe s., la danse au Danemark est marquée par une série de petits
groupes souvent concentrés autour d'un
seul chorégraphe : Palle Granhøj (né en
1959) à Århus et Kenneth Kreutzmann
(né en 1964) à Copenhague, par exemple.
Peter Schaufuss a fondé sa propre compagnie en 1997 à Holstebro, où il s'est
entouré des danseurs étrangers pour monter des spectacles d'une grande vitalité.
Une série de mesures prises par les pouvoirs publics ont créé un environnement
et des possibilités pour la danse hors du
Ballet royal : un centre d'entraînement, la
Maison de la Danse, fondée en 1985,
l'École nationale de Danse moderne, établie en 1992, et qui forme des danseurs
modernes, et enfin la ville de Copenhague
a été dotée, en 1993, d'un centre appelé
Dansescenen, prévu spécialement pour la
danse moderne.
Le groupe de Billedstofteatret, qui
devait prendre le nom d'Hotel Pro Forma,
évolue depuis 1977 à la frontière de la
danse et du théâtre. Il est dirigé par Kirsten Dehlholm (née en 1945) qui crée des
spectacles d'une invention visuelle bizarre,
surréaliste et très vivante, qui ont eu du
succès au cours des tournées de ce groupe
à l'étranger. Mentionnons enfin le groupe
Cantabile 2, dont la forme théâtrale relève
également de plusieurs genres.
Le théâtre danois
Il va de soi que le théâtre danois a une
portée nationale. Mais son répertoire a
toujours compris des œuvres de dramaturges danois et étrangers (traduites en danois) et il arrive que des échos des spectacles danois parviennent à l'é-tranger. C'est
ainsi que Woyzeck, la pièce de Georg Büchner (1813-1837), montée en automne
2000 au théâtre Betty Nansen Teatret par
le metteur en scène et artiste américain
Robert Wilson (né en 1941), fut un événement esthétique de première grandeur.
Par ailleurs, depuis 1966, Odin Teatret, le
théâtre expérimental d'Eugenio Barbas (né
en 1936), dont le siège est à Holstebro et
qui s'est produit un peu partout dans le
monde, a acquis un grand renom international.
Le théâtre au XVIIIe siècle
Au Moyen Âge et à la Renaissance, le
Danemark possédait des scènes scolaires et
recevait les visites de troupes itinérantes
étrangères.
C'est en 1722 que Copenhague vit s'ouvrir son premier théâtre fixe : la Comédie
de Lille Grønnegade. On y jouait des
comédies de Molière traduites en danois et
Ludvig Holberg (1684-1754) écrivit une
série de comédies danoises originales afin
de fustiger les mœurs et d'élever la moralité des Danois. Le Potier politique (1722)
fut la première de ces comédies extraordinaires, qui s'inspiraient aussi de la commedia dell'arte italienne et que l'on monte
encore de nos jours.
Le Théâtre royal est toujours situé sur la
place de Kongens Nytorv à Copenhague.
Ce théâtre, construit en 1874, abritait au
début les trois genres : le théâtre, l'opéra et
le ballet, accompagnés par l'orchestre de la
Chapelle royale. Ce trio se partage tou-
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Le ballet, la danse et le théâtre
Documentation danoise publiée par le ministère des Affaires étrangères
du Danemark.
Adresse : Asiatisk Plads 2, DK-1448 -Copenhague K, Danemark.
Téléphone : (+45)3392 0000. Téléfax : (+45) 3254 0533.
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Rédacteur : Flemming Axmark.
jours le théâtre, bien que l'on ait âprement discuté, ces dernières décennies, s'il
était raisonnable de conserver ces trois
genres sous le même toit.
Le théâtre au XIXe siècle
Pendant la seconde partie du XVIIIe s., le
théâtre reflétait une nouvelle sensibilité
morale et au début du XIXe s., le romantisme national fit son apparition avec
Hakon Jarl, une pièce d'Adam Oehlenschläger (1779-1850) qui fut représentée
en 1808. La passion cultivée par les
Romantiques contrastait avec le répertoire
Biedermeier de Johan Ludvig Heiberg
(1791-1860) notamment, dont les pièces
musicales satiriques mettaient en scène les
bourgeois du centre de Copenhague. En
cette période de l'Âge d'or, il était très
prestigieux d'écrire pour le Théâtre royal
qui jouait un rôle décisif dans la vie culturelle de l'époque.
Avec la chute de l'absolutisme en 1849,
le Théâtre royal devint la propriété de
l'État et sur le plan artistique, le néo-réalisme y fit son entrée avec de nouveaux
sujets sociaux et politiques. La première
de plusieurs drames du Norvégien Henrik
Ibsen (1828-1906) eut lieu au Théâtre
royal, comme par exemple Maison de poupée, en 1879, et l'École de théâtre qui fut
créée en 1886 formait les jeunes comédiens à un jeu d'un réalisme psychologique minutieux qui resta encore la norme
pendant des décennies au cours du XXe s.
Le Théâtre royal dominait toute la
scène danoise, mais vers 1850, d'autres
théâtres apparurent, certains plus populaires, dont le premier fut le Casino, en
1848.
Le théâtre au XXe siècle
Les troupes professionnelles qui s'établirent au XXe s. dans les grandes villes
danoises : Århus, Odense et Aalborg, mais
aussi à Copenhague (Betty Nansen Teatret
par exemple, en 1869), devinrent des
concurrents sérieux pour le Théâtre royal
et le sont restés. Les années 1930 virent
l'émergence, au Danemark comme à
l'étranger, d'une révolte contre le théâtre
naturaliste, avec entre autres une pièce de
Kjeld Abell (1901-1961) : La Mélodie qui
4
Traduction : Monique Christiansen.
Maquette : Ole Jensen - ojdesign.
Reproduction du texte autorisée avec ou sans
indication de la source.
Cahier publié en décembre 2003.
ISBN 87-7964-907-6
disparut, en 1935, qui s'apparente à une
revue de variétés. Les autres dramaturges
importants de cette époque sont Kaj
Munk (1898-1944) et Carl Erik Soya
(1896-1983).
Après la Deuxième Guerre mondiale,
le répertoire du théâtre danois se fit plus
international. Les années 1950 furent
marquées par l'absurdisme français et le
social-réalisme anglais, mais il fallut attendre les années 1960 pour que l'on joue
Bertold Brecht (1898-1956) au Danemark. De petits théâtres, dont le premier
fut Fiolteatret, fondé en 1962, établirent
de nouveaux rapports de proximité entre
les acteurs et les spectateurs, tandis que les
pièces diffusées par la radio et la télévision
exerçaient une influence décisive. Les pièces de Leif Panduro (1923-1977) qui peignaient la vie et les traumatismes de la
bourgeoisie et que la télévision danoise
produisit dans les années 1970, prouvèrent que les pièces naturalistes interpellaient toujours le public.
Les institutions du théâtre danois
En 1968, l'École du Théâtre royal fut supprimée pour faire place à une École nationale d’Art dramatique qui assume la formation non seulement des comédiens mais
aussi des metteurs en scène, des scénographes et des techniciens. Outre l'École
d’Art dramatique située à Copenhague, le
Danemark possède deux autres centres
d'enseignement du théâtre reconnus par
l'État : l'École des Acteurs du Théâtre
d'Århus (ouvert en 1949) et l'École des
Acteurs du Théâtre d'Odense (ouvert en
1941).
Le monopole du Théâtre royal prit fin
durant les années 1980 et le paysage du
théâtre danois fut décentralisé pour que
d'autres scènes commencent à avoir droit
au chapitre. Outre les subventions versées
par les pouvoirs publics au Théâtre royal
et aux théâtres régionaux d'Århus,
d'Aalborg et d'Odense, le Conseil du
Théâtre, qui dépend du Ministère de la
Culture, attribue également des subventions à plusieurs autres théâtres.
Le théâtre au début du XXIe siècle
Pendant les années 1990, devant la crise
d'un théâtre essentiellement voué à transmettre un message, les gens de théâtre
danois reconnurent la nécessité d'un
renouveau. Pourtant, au cours des années
qui suivirent, ils réussirent à sortir de la
crise en ayant recours à deux méthodes.
D’une part - inspirés par ce qui se
passe à l'étranger - en élargissant leur
champ d'action pour créer des «événements» et en misant aujourd'hui sur des
spectacles certains d'attirer un grand
public, avant tout de grands musicals
d'importation comme Les Misérables et Le
Fantôme de l'opéra. D'autre part en faisant
confiance à une série de jeunes dramaturges danois, ce qui a porté ses fruits. Ces
derniers ont réussi, en effet, à refaire du
théâtre un lieu où l'on discute et où l'on
se reconnaît en écrivant des pièces danoises proches de la réalité et percutantes.
Un nombre stupéfiant de dramaturges
et de metteurs en scène bouillants de vitalité - parfois réunis en une seule et même
personne, ont fait leur apparition : Astrid
Saalbach (née en 1955), Peter Asmussen
(né en 1957), Peter Langdal (né en 1957),
Staffan Valdemar Holm (né en 1958),
Nikolaj Cederholm (né en 1963), Morti
Vizki (né en 1963), Lars Kaalund (né en
1964), Henrik Sartou (né en 1964) et
Line Knutzon (née en 1965).
Erik Aschengreen
Critique de danse, maître de
conférences, dr. phil.
Renseignements supplémentaires
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