L`Hermione, un avant-goût du large

Transcription

L`Hermione, un avant-goût du large
MARINE
L’Hermione,
LA ROCHELLE
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Rochefort
La Charente avant la mer…
S
Michel GRANGER
ix juillet 2012, 19h30. Après quelques
soucis qui ont fait battre les cœurs, le
bateau-porte libère l’Hermione. La frégate
quitte la forme Louis XV pour s’engager
dans les eaux de la Charente. Oh, rien
d’exceptionnel au plan de la navigation, elle est
halée par un bateau de lamanage. Mais que d’émotion dans ce premier déplacement.
En effet, après 15 ans de construction, dans l’immobilité, la sécurité voire le secret d’un bassin de
radoub, l’Hermione gagne enfin l’eau libre. Celle
d’un fleuve certes, mais une Charente ici tributaire des marées. Presque la mer… dont les brises
sont perceptibles. Un avant-goût de la haute mer,
la vraie, et du grand voyage, toutes voiles dehors,
vers l’Amérique ; comme celui d’une autre Hermione
qui emporta La Fayette, parti soutenir les insurgés américains en 1780.
PHOTO MG
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Un projet fou !
8 | Le Picton n° 214 | Juillet Août 2012 |
Saviez-vous que le projet est né de la discussion
de quelques amis autour d’un verre ? Une réalité
pourtant. L’idée fut importante certes, mais d’abord
intellectuelle. Il allait falloir la formaliser, la faire
partager et la faire vivre. Il allait falloir passer
du rêve à cette réalité qui consistait à (re)bâtir
un navire de plus de 65 mètres de long hors
tout, portant trois mâts et 2 200 m² de voilure.
Concevoir une coque entièrement en chêne, avec
des épaisseurs pouvant atteindre 70 centimètres
– bordé, membrure, vaigrage – inimaginables
aujourd’hui mais ainsi conçues au XVIIIe siècle afin
de résister aux boulets ennemis, car l’Hermione est
un bâtiment de combat.
Un navire construit en quelques mois de 1778 et
1779, dans les chantiers de Rochefort et dans lequel
devait embarquer La Fayette. C’est le 21 mars 1780,
que le marquis montait à bord de la frégate flambant neuve, à Port-des-Barques. Après trente-huit
jours de mer, il rejoignait le général Washington et
lui annonçait l’arrivée imminente des renforts
français. L’Hermione devait ensuite participer au
conflit, pendant plus de dix-huit mois, jusqu’aux
victoires finales.
Le projet fou c’est cela : faire revivre l’Hermione !
Un bateau symbole à reconstruire sur les lieux
mêmes de sa première naissance. Trois objectifs
guidaient l’exécution : authenticité, navigabilité et
pérennité. L’authenticité, c’est une reconstruction
menée à partir d’archives, un comité historique
s’assurant de la reconstitution exacte du navire.