Préparation des facettes en céramique

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Préparation des facettes
en céramique
Olivier Etienne - MCU-PH - Strasbourg
Les concepts de dentisterie adhésive et d’économie tissulaire
constituent de véritables révolutions en Odontologie [1].
Ces pratiques s’accompagnent de nouvelles formes de préparations,
mélange de notions mécaniques classiques et de recommandations
spécifiques au collage. Parmi celles-ci, la préservation maximale
de l’émail constitue un objectif primordial, le collage amélaire
étant actuellement reconnu comme supérieur au collage dentinaire,
tant en valeurs d’adhésion initiale qu’en termes de dégradation
dans le temps. Cette propriété est particulièrement exploitée
dans le cadre des facettes en céramique qui nécessitent un collage
optimal pour assurer leur pérennité.
La préparation des dents en vue de réaliser des facettes
en céramique répond à des exigences strictes :
- assurer une épaisseur suffisante et homogène de la
future facette ;
- présenter un état de surface lisse afin d’améliorer sa
reproduction lors de l’empreinte ;
- respecter des lignes de finition nettes.
Pour cela, le praticien doit rechercher le meilleur compromis entre l’épaisseur finale de la céramique, qui doit
être suffisante pour assurer sa résistance sans perturber
ses propriétés esthétiques, et une préservation maximale
de l’émail.
De plus, compte tenu de la translucidité variable des
différentes céramiques collées et de la couleur favorable
ou non de la dent, une profondeur de pénétration plus
ou moins importante peut être nécessaire [2]. Enfin, les
facettes à armature vitrocéramique (E.max) demandent
plus d’épaisseur finale que les céramiques feldspathiques
stratifiées directement sur die réfractaire.
Ces contraintes doivent être envisagées avant la préparation, et la future épaisseur de la facette évaluée avec
le prothésiste qui assurera le résultat esthétique optimal.
L’INFORMATION DENTAIRE n° 19 - 9 mai 2012
Vrai ou faux…
Question 1 Une épaisseur de 1 mm est nécessaire
pour réaliser une facette en céramique.
Question 2 Une fraise à congé conventionnelle
suffit pour la préparation des facettes
Question 3 La préservation de l’émail est
recherchée car ce tissu assure un meilleur collage.
Question 4 Le recours à une technique
de pénétration contrôlée permet de maîtriser
l’épaisseur finale de la facette.
Question 5 Un état de surface rugueux est
souhaité, car il améliore la qualité de l’empreinte.
Réponses en page suivante
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Réponses 1: Faux, 2 : Faux, 3 : Vrai,
4 : Vrai, 5 : Vrai
La première étape de la préparation consiste à placer
des repères de profondeur
sur la face vestibulaire de la
dent. À cet effet, plusieurs 1
formes de fraises sont envisageables et constituent aujourd’hui
la base d’un coffret dédié aux facettes
de céramique collées. Ce dernier doit
offrir plusieurs options de profondeur
afin de répondre aux différentes situations cliniques : entre 0,4 mm (pour les
facettes réalisées en céramique feldspathique sur supports favorables) et
0,8 mm maximum (pour les facettes
à armature réalisées sur supports dyschromiés) (fig. 1).
Ces valeurs répondent aux épaisseurs
amélaires vestibulaires des dents antérieures (fig. 2) comprises, en moyenne
11, entre :
- 0,3 et 0,5 mm dans le tiers gingival ;
- 0,6 et 1,0 mm dans le tiers moyen ;
- 1,0 et 2,1 mm dans le tiers incisal.
Le recours à une technique de pénétration contrôlée à travers un masque
esthétique (mock-up) permet de réaliser la réduction homothétique et
graduelle des tissus dentaires grâce à
l’utilisation de fraises dont la forme et la
mise en œuvre limitent physiquement
les sources d’erreurs [3]. Toutefois,
le praticien doit veiller à respecter le
parallélisme entre le mandrin et la
surface occlusale en suivant la double
déflexion de la face vestibulaire (fig. 3).
Si cette précaution n’est pas respectée,
le diamètre choisi ne correspond plus
à la profondeur souhaitée, mais l’augmente forcément. Ce défaut classique
est observé lorsque le mandrin de la
fraise est trop court. En conséquence,
il faut privilégier les fraises avec un
mandrin long qui permet l’accès tangentiel à toute la hauteur de la face
vestibulaire (voir la bibliographie).
24
23
1 Préparation classique
pour facette céramique
avec les épaisseurs
recommandées.
Noter la présence
du “toboggan”,
préparé en dessous
du point de contact
et permettant de situer
le joint facette-dent
en position plus palatine.
2 Vue vestibulaire
et coupe d’une incisive
maxillaire jeune. Valeurs
moyennes des épaisseurs
de l’émail selon la zone
de la dent.
3 La préparation
tangentielle à l’aide
de fraises boules
permet de contrôler
la profondeur
de pénétration.
4a
b
4 Le patient présente une amélogenèse imparfaite avec des dyschromies importantes
et réfractaires aux techniques habituelles d’éclaircissement (a). Un traitement par résine
composite avait été réalisé durant l’enfance sur 11 et 21. L’indication de facettes
en céramique étant posée, une technique de pénétration contrôlée est réalisée
en commençant par la préparation des gorges horizontales sur les faces vestibulaires
et verticales aux bords libres (b).
Repères de profondeur
Le repérage de la profondeur de préparation se fait à l’aide de fraises
dédiées, comme celle inventée par le
Dr B. Touati (réf. 868B), ou encore
de fraises boules. Deux à trois gorges
horizontales sont réalisées sur la face
vestibulaire, puis complétées par des
rainures verticales sur les bords libres.
Finition des préparations
et limites périphériques
Une fois ces gorges de profondeur
correctement marquées (fig. 4), la
fin de la préparation se fait avec des
fraises à congé, de granulométrie
décroissante (bague verte, rouge puis
jaune).
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5ab c
5 Les rainures horizontales sont réunies grâce à une fraise
à congé. Celle-ci ne doit pas pénétrer au-delà de sa demi-section
au niveau des limites afin de respecter l’épaisseur de l’émail.
Une granulométrie décroissante, jusqu’au grain extra-fin (bague
jaune), donne un état de surface lisse, propice à une empreinte
de meilleure précision. Enfin, les faces proximales sont espacées
à l’aide de strips abrasifs monofaces. Les surfaces finales avant
empreinte doivent être lisses, bien délimitées et ne présenter
que des formes douces et arrondies. La présence des colorations
marquées liées à l’amélogenèse imparfaite est transmise
au laboratoire afin de choisir judicieusement
la translucidité de la céramique.
Ces fraises ne doivent pas pénétrer
au-delà de leur demi-épaisseur, et
doivent rejoindre entre elles les
gorges préalablement préparées
(fig. 5).
Les limites périphériques restent juxta
ou supra-gingivales, rendant ainsi plus
faciles la pose du champ opératoire et
le collage à venir. Enfin, les faces proximales doivent être séparées les unes des
autres, ou de leur(s) dent(s) adjacente(s),
à l’aide d’une matrice diamantée sur une
face. Cet espace est enregistré à l’aide des
silicones lors de l’empreinte et permet
l’individualisation des différentes préparations.
Collage et finition
Les armatures en dissilicate de lithium
(E.max Press, Ivoclar-Vivadent) sont
pressées (fig. 6a) puis secondairement
stratifiées au laboratoire. Après validation
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d
e
esthétique, les facettes doivent
être collées avant de finaliser
leurs réglages fonctionnels.
Le joint de collage dans les
zones vestibulaire et proximales est débarrassé des
excédents de colle à l’aide
d’instruments manuels (de
type curette mini CK6 ou
6a
6 Les armatures
résistantes
en dissilicate de lithium
(E.max) sont obtenues
par technique pressée
(a) puis sont stratifiées.
Une semaine après
le collage, l’amélioration
esthétique est
objectivable (b).
Laboratoire D. Watzki
(67).
b
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Tableau 1 - Détail de la séquence proposée et correspondances des dimensions
Objectif
Pénétration
contrôlée
Préparation
Réference (Komet) Code couleur Diamètre du
mandrin
Diamètre de la fraise (ISO)
Profondeur de pénétration
868A.314.021
2,1 mm (021)
0,4 mm
ZR6801L.315.018
Blanc et vert 1 mm (col)
1,6 mm
1,8 mm (018)
0,4 mm
6801.314.023
Vert
1 mm (col)
2,3 mm (023)
0,65 mm
Strips abrasifs
DS37A
Bleu
Rouge
Jaune
/
/
épaisseur : 0,13 à 0,08 mm
6856.314.016
Vert
1,6 mm
1,15 mm (à l’extrémité)
0,55 mm
(à 1/2)
8856.314.016
Rouge
1,6 mm
1,15 mm (à l’extrémité)
0,55 mm
(à 1/2)
856EF.314.016
Jaune
1,6 mm
1,25 mm (à l’extrémité)
0,55 mm
(à 1/2)
1,6 mm
1,2 mm
/
839.314.012
bistouri courbe). Seul le joint palatin, plus
accessible, peut être avantageusement poli
à l’aide de cupules de silicone puis de polissoirs dédiés au polissage des céramiques.
Le respect d’une épaisseur homogène de
céramique grâce à un choix judicieux de
fraises permet d’assurer un collage durable
car exclusivement amélaire (fig. 6b).
Coffret de fraises pour
la préparation des facettes
Plusieurs coffrets de fraises dédiés à la
préparation des facettes sont proposés,
en fonction des habitudes de chacun. La
séquence retenue ici (fig. 7) correspond
à un ensemble de fraises permettant de
répondre aux différents besoins de profondeur de pénétration (tableau 1) et de
préparation finale. Les fraises boules sont
choisies avec un long fût, de préférence,
afin de ne pas gêner le respect de l’axe
parallèle à la surface vestibulaire. À ce
jour, seul un diamètre maximal de 018 est
disponible (ZR6801L), mais il est probable
que de nouveaux diamètres arrivent rapidement au catalogue.
7 La séquence de fraises recommandée est simplifiée, mais répond aux
nécessités habituelles.
bibliographie
1.Roulet J, Degrange M. Collage et adhésion : la révolution silencieuse. Berlin, Paris : Quintessence international ; 2000.
2.Margossian P, Laborde G. Propriétés optiques des systèmes céramocéramiques : implications cliniques. Clinic 2007 ; 28 (1) : 453-461.
3.Etienne, O. Préparations pour céramiques collées : technique des
masques et préservation tissulaire. Réalités Cliniques 2010 ; 21
(4) : 289-297.
Avec le soutien
institutionnel de
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