Discours de Gregoire Gonnord – Chênes du GO

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Discours de Gregoire Gonnord – Chênes du GO
Discours de Grégoire Gonnord
Remise des prix des Chênes du Grand Ouest 2014
(Trophée des entreprises familiales – 5 juin 2014)
Bonsoir,
Il y a un an, jour pour jour, j’ai eu la surprise de recevoir un cadeau... Jean-Paul Barbet et Hervé
Louboutin sont venus me voir à mon bureau à Pouzauges, en Vendée à 10 minutes du Puy du Fou.
C’est alors qu’ils m’ont fait ce cadeau : « Grégoire, accepteriez-vous au nom de Fleury Michon de
présider Les Chênes du Grand Ouest 2014 ? ». Evidemment, j’ai dit oui !!
Et depuis un an, c’est un véritable bonheur... Le bonheur d’avoir pu, avec les membres du jury ici
présents, découvrir davantage nos belles entreprises du Grand Ouest. C’est donc avec une grande joie
que je suis ici avec vous ce soir.
Et ce d’autant d’autant-plus qu’Hervé et Jean-Paul m’ont demandé de parler de Fleury Michon !
Je vais donc en profiter pour faire de la publicité… Beaucoup d’entre vous connaissez Fleury Michon
en tant que consommateurs. Enfin, j’espère…. Et j’espère bien convaincre ceux d’entre vous qui ne
seraient pas consommateurs ! (Merci par avance aux plus récalcitrants d’entre vous d’avoir la
gentillesse de passer quand même me voir au moment du buffet : j’ai des bons de réduction dans ma
poche !)
Quelques mots donc sur Fleury Michon. Vous connaissez certainement mon père, Yves Gonnord, qui
a développé l’entreprise de façon incroyable ces trente dernières années ! J’ai rejoint le groupe familial
il y a près dix ans, et j’ai succédé à mon père à la Présidence il y a cinq ans. Fleury Michon, c’est une
entreprise familiale vendéenne ; tout comme Sicard et Pubert, ici présents, ou bien encore Sodebo,
Bénéteau et de nombreux autres magnifiques confrères. Comme le montre la publicité que nous
venons de voir, nous avons été créés à la Belle Epoque, en 1905 exactement. Tout a commencé grâce
à deux entrepreneurs incroyables. Tout d’abord grâce à un monsieur qui s’appelait Felix Fleury et qui
était charcutier-traiteur depuis des années à la Roche-sur-Yon. En 1905, Félix Fleury s’associe à son
beau-frère, Lucien Michon, négociant en viande. Ils nomment leur entreprise Fleury & Michon partent
tout de suite à l’aventure là où se trouvaient les clients, c’est-à-dire aux Halles de Paris. C’est là qu’ils
montent leur première boutique. C’est ainsi que tout à commencé…
Chez Fleury Michon, nous aimons entretenir cette mémoire de nos racines. Car nos fondateurs, Félix
Fleury et Lucien Michon, incarnaient déjà nos valeurs : l’exigence qualité et l’esprit d’entreprendre.
Nous existons donc depuis plus de cent ans maintenant, et notre évolution n’a jamais été linéaire : il y
a eu des moments où c’était plus dur, d’autres où c’était plus facile. Au cours de notre première
période d’existence, depuis la création jusqu’aux années 70, notre clientèle était celle des petits
bouchers-charcutiers-traiteur de quartier. Fleury Michon les livrait en direct, avec nos petites
camionnettes, en viande fraiche, jambons et produits de salaison. Mais ce circuit de distribution a fini
par péricliter avec l’arrivée de la grande distribution. Mon grand-père Jacques Chartier a pris alors la
décision, avec mon père, de rejoindre ce circuit. C’était un choix heureux, car sans cela nous ne serions
sans doute plus là aujourd’hui…. Depuis le début des années 1970 jusqu’à aujourd’hui, nous vivons sur
cette vague de croissance de la grande distribution. Nos produits ont évolué. Ils sont désormais vendus
en libre-service. Nous ne faisons plus seulement de la charcuterie, mais aussi des plats cuisinés, du
surimi et beaucoup d’autres produits. C’est cette entrée dans la grande distribution qui a amené mon
père à investir dans la communication pour faire connaitre notre marque. Dans les années 80, malgré
notre longévité, nous n’avions pas beaucoup de moyens financiers. Heureusement, mon père a trouvé
une façon très efficace et peu cher de faire de la publicité : le sponsoring voile. Cette période fut
formidable : grâce à ses victoires, le breton Philippe Poupon a propulsé notre notoriété aux sommets.
Aujourd’hui, nous vivons toujours grâce à la vague de la grande distribution, mais nous sommes en
train de vivre à nouveau une période de mutation. Nous devons essayer de nous réinventer. La grande
distribution a toujours du souffle, mais nous devons chercher à nous réinventer. D’abord, il y a
l’opportunité extraordinaire d’internet. Internet, c’est un outil de communication génial. Certains
d’entre vous ont d’ailleurs peut être eu l’occasion de voir notre communication sur le surimi, où trois
de nos pêcheurs, Nick, Rob et Glen, vous interpellent franchement : « Si tu me dis qu’il n’y a pas de
poisson dans notre surimi Fleury Michon, je t’invite en mer… afin que tu puisses vérifier ». Cette
communication est fortement relayée sur internet, ce qui lui donne une grande puissance. Mais
internet, ce n’est pas seulement un outil de communication, c’est aussi la possibilité de faire du
business. Nous commençons à faire du business sur Internet, avec nos plateaux repas livrés aux
entreprises. Je suis sur que demain, au-delà du « Drive », nous pourrons faire beaucoup d’autres choses
encore sur Internet. Mais nous réinventer, trouver un nouveau souffle, c’est aussi l’international.
Aujourd’hui, nous sommes encore « franco-français » avec 90% de notre chiffre d’affaires réalisé en
France. Mais depuis quelques années, nous commençons à poser nos jalons à l’étranger : en Italie, en
Espagne, au Canada et en Amérique du Nord, et pourquoi pas d’autres pays encore demain. Ce qui est
bien, c’est que nous allons nous donner le temps pour le faire.
D’ailleurs nous ne sommes pas une « grosse entreprise ». Notre marque est très connue, alors les gens
croient toujours que Fleury Michon est une très grosse société. En réalité nous sommes une ETI
(Entreprise de Taille Intermédiaire). Nous réalisons 700 millions de chiffre d’affaires ; ce qui est bien,
mais pas non plus énorme. Nous sommes une ETI française qui, comme beaucoup d’entres vous, doit
se battre face à des géants internationaux. Notre premier concurrent, par exemple, c’est Nestlé. Car
Herta est une filiale de Nestlé ! (je dis cela pour que les consommateurs d’Herta ici présents prennent
bien le temps de réfléchir avant leur prochain achat…). Le monde s’ouvre et l’on voit notre paysage
concurrentiel se transformer. Le leader européen de la charcuterie, par exemple, est un groupe
espagnol qui s’appelle Campofrio. Il y a quelques années, c’était une entreprise familiale espagnole.
Aujourd’hui, c’est aujourd’hui un géant, qui vient de se faire racheter l’an dernier par des Chinois et
des Mexicains ! Donc notre paysage concurrentiel change, et nous devons changer nous même si l’on
veut être toujours là dans vingt ou trente ans… Comme vous, nous avons la même exigence de bouger.
La même passion de bouger.
Comme je vous le disais, je suis sincèrement heureux d’être ici ce soir. Et je sais que pour vous aussi,
ce soir est une soirée importante. Alors je m’interroge : pourquoi cette soirée est elle pour nous si
importante ? Pourquoi sommes nous venus ce soir avec quelque chose au fond du cœur ? Je pense
que cela va au-delà de la remise des prix… D’ailleurs, tout le monde ne va pas être primé ! Monsieur
Oudéa l’a bien rappelé : vous ne recevrez pas tous un prix… Je crois que si nous sommes tous venus
ce soir avec le cœur en fête, c’est que justement ce soir c’est une fête ! Notre fête ! Notre fête de
famille ! C’est un bonheur d’apercevoir certains amis dans la salle. Nous, entreprises familiales du
Grand Ouest, nous représentons une grande famille et nous avons besoin de nous retrouver ! Car ce
qui nous uni est énorme !
Tout d’abord nous avons le même moteur au fond de nous : l’envie d’entreprendre. Parmi nous, il y a
des créateurs d’entreprise incroyables, des gens qui ont créés leur entreprise eux-mêmes. Ils sont
quelques-uns dans la salle. Mais la majorité d’entre nous, comme moi, nous n’avons pas crée notre
entreprise : nous avons reçu un flambeau. Ce flambeau, on a envie de courir avec pour le porter
toujours plus haut, toujours plus loin ! C’est cela qui nous motive… C’est un bonheur que l’on ressent
tous. Mais nous savons aussi que c’est une nécessité… Si nous ne courrons pas, nous disparaitrons avec
le temps, car le temps est plus puissant que nous…. Ce qui nous unit, c’est d’abord ce moteur :
l’urgence d’entreprendre.
La deuxième chose en commun qui nous unit et fait de nous une famille, c’est notre même conception
de l’entreprise. Nous avons le même référent culturel, les mêmes valeurs. Nous regardons le long
terme. Ce qui nous préoccupe, ce n’est pas le stock option de l’année…. Nous cherchons le durable,
nous voulons que ce que nous bâtissons soit solide. Nous sommes des bâtisseurs… Tout comme les
cathédrales ont été bâties sur plusieurs générations, nous voulons continuer à bâtir une œuvre
collective plus grande que nous, même si nous n’en verrons jamais la fin. Nous avons aussi
certainement le même goût de la simplicité, de la proximité … la même conscience de nos
responsabilités ! Et ce n’est pas que nous soyons plus vertueux que les autres… Non, simplement nous
vivons au milieu des gens, de nos salariés, nous les connaissons… Personnellement j’ai des amis
d’enfance qui sont ouvriers – opérateurs sur nos lignes de fabrication Fleury Michon (d’ailleurs certains
ne se gênent pas pour m’écrire ou me téléphoner de temps en temps, histoire de passer des
messages…). Nous ne vivons pas dans des tours d’ivoire. Et c’est très sain, car cela nous contraint à
faire plus attention, à être un peu plus responsable. Nous ne sommes pas tous des modèles de vertu,
mais les gens voient bien que dans les entreprises familiales c’est différent…
En plus de notre goût d’entreprendre et de nos valeurs, il y a un troisième élément qui je pense nous
unit : c’est nos équipes et notre système de fonctionnement. Ayant travaillé auparavant dans des
grands groupes, je suis bien placé pour apprécier cette différence. Chez Fleury Michon, par exemple,
notre fonctionnement d’équipes est incroyable ! Nos équipes à tous, chacun d’entre nous, ce sont des
clans, soudés, avec des personnes qui donnent tout ! Nous sommes à la tête d’une force humaine
incroyable, qui elle aussi a envie de tout donner. Et pourquoi ? Parce que nous associons nos équipiers,
nous la respectons… et aussi parce que pour eux aussi, comme nous, le moteur c’est le drapeau ! Notre
drapeau d’entreprise.
Enfin, au moins une dernière chose nous rassemble également et nous unit : le fait que nous avons
tous les mêmes challenges humains à résoudre. Faire durer une entreprise familiale, c’est accepter
d’affronter des challenges humains difficiles : entre parents, entre frères et sœurs, entre cousins….
Bien entendu, il y a ce délicat sujet de la transmission parents-enfants, qui n’est jamais facile… Ces
challenges familiaux, nous avons tous les mêmes : quelque soit notre taille, notre secteur, que l’on vive
au fin fond de la Bretagne, au fin fond de la Vendée ou du Centre.
Voilà, ce qui nous rassemble ! Voilà pourquoi nous sommes une famille !
Je voudrais remercier certaines personnes. Tout d’abord, Hervé Louboutin : merci d’avoir créé ce prix.
Hervé, votre père était breton et votre mère vendéenne, vous êtes la preuve vivante que la Bretagne
et les Pays de la Loire donnent le meilleur quand elles savent s’unir ! Un jour peut-être nous en
viendrons là : pour ma part je l’espère… Je voudrais aussi remercier la Société Générale, Messieurs
Jean-Paul Barbet et Frédéric Oudéa : merci d’avoir donné cette ampleur nationale à notre trophée des
entreprises familiales. Merci de pérenniser ce trophée, cette fête des entreprises familiales, dans la
durée. Et puis je voudrais également remercier Les Echos, à travers Monsieur Arnaud Le Gall : merci à
vous faire si bien « les échos » de nos entreprises familiales et de continuer à montrer, comme vous le
faites depuis un certain temps déjà, à montrer le vrai visage de l’entreprise familiale. Car nous,
entreprises familiales, nous sommes d’abord des gens investis, des entrepreneurs, des bâtisseurs, qui
construisons nos régions et notre pays… parfois. Récemment, j’ai lu un article dans l’Expansion sur le
sujet des entreprises familiales. C’était à pleurer… Le journaliste parlait de nous comme des nantis
privilégiés, comme des « 200 familles » ! Je pense que vous êtes comme moi : c’est injuste et cela fait
très mal… Mais comment les français considèrent-ils leurs entreprises familiales !! Oui, on a encore du
chemin à faire pour améliorer notre image… Alors Monsieur Le Gall, des Echos, merci à vous de rectifier
cette injustice et de montrer aux français notre vrai visage… En retour nous, nous ferons tout pour
présenter un visage réellement attrayant de nos entreprises familiales...
Mais ce n’est pas tout, Messieurs Le Gall et Oudéa…. Nous savons tous que la pérennité et la
transmission des entreprises familiales est un grave problème en France : 4 fois moins qu’en Italie ou
en Allemagne ! Nos entreprises familiales ont du mal à durer, elles ont du mal à grossir. Nous sommes
pourtant le terreau de l’économie locale. Alors svp aidez-nous à faire durer et grossir nos entreprises
familiales ; et pour cela, nous avons besoin d’un vrai statut d’actionnaire familial à long terme, comme
il en existe en Allemagne. La force économique et exportatrice de l’Allemagne, ce ne sont pas une
poignée de grands groupes ; c’est la multitude de ses entreprises familiales qui ont réussi à grossir et
passer l’épreuve du temps. Alors svp aidez-nous à faire prendre conscience à nos gouvernants, qui
parlent beaucoup aujourd’hui de « patriotisme économique » en pensant « étatisme et impôts », que
le vrai patriotisme économique c’est d’encourager nos entreprises familiales ! Nous sommes le terreau
de l’économie ! Partout, encourageons les entreprises familiales ! Nous pouvons à cet égard saluer de
nombreuses initiatives… Je pense à Audencia Nantes, avec qui Fleury Michon a crée la Chaire des
entreprises familiales. Je pense au FBN (Family Business Network), qui va bientôt ouvrir une antenne
dans le Grand Ouest. Merci à tout ce qui peut nous aider à nous fédérer, à nous rassembler, à partager
nos problématiques…
Pour conclure, permettez moi de remercier les membres du jury. Je vous les présente : Messieurs JeanPaul Barbet (Délégué Général Grand Ouest Société Général), Hervé Louboutin (Directeur du Nouvel
Ouest), Ludovic Chaboureau (Directeur de la Communication de la Société Générale), Alain Daher
(Président de la CCI Bretagne), Bruno Voyer (Directeur du Réseau Entreprendre Bretagne), Philippe
Martin (Directeur du Campus Rennes Supélec), Franck Vidal (Directeur d’Audencia) et Daniel Bos
(Conseiller en Entreprises familiales).
Avec tous mes « compères », ce fut un bonheur de nous pencher sur vos entreprises familiales, sur vos
histoires. Nous avons passé de bons moments, dans le travail, mais aussi la convivialité. Et pour nous,
cela n’a pas toujours été facile... Il y a eu de vrais débats, mais nous avons du faire des choix. Des choix
subjectifs, qui ne récompenseront bien entendu pas tout le monde. C’est un exercice frustrant, car il y
a ici ce soir tellement de magnifiques entreprises familiales… Alors, puisque tout le monde ne va pas
monter sur scène pour recevoir un prix, permettez-moi un dernier geste.
Votre entreprise familiale, à chacun d’entre vous, est unique et mérite d’être défendue. Elle mérite
d’être mise à l’honneur. Elle mérite vos efforts et vos sacrifices. Elle mérite, elle aussi, une salve
d’applaudissement. Je vous applaudis tous !
Grégoire Gonnord
Président du conseil d’administration de Fleury-Michon
Président du jury des Chênes du Grand Ouest 2014, Trophées de l’entreprise familiale.

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