L`amour à plusieurs De toutes les aventures que je vais vous
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L`amour à plusieurs De toutes les aventures que je vais vous
L’amour à plusieurs De toutes les aventures que je vais vous raconter, celle-ci me tient particulièrement à cœur. D’ailleurs, c’est bien de cela qu’il s’agit de cœur et d’amour. Je fréquentais à l’époque, une petite rousse d’un mètre-soixante cinq avec les yeux noisette, répondant au doux prénom d’Hélène. Elle avait un physique plutôt agréable et une voix mélodieuse, de celle qui vous transporte vers de lointains pays. Cupidon ne nous avait pas ratés : d’une de ses flèches, il lia nos deux cœurs du sentiment fort qu’est l’amour. Nous vivions toujours chacun de notre côté, et on se rendait visite à tour de rôle. Notre relation avait débuté tranquillement, sans extravagances, ni artifices. On laissait le temps aux choses et le temps nous le rendait bien. Les premières semaines, les premiers mois s’écoulèrent ainsi paisiblement. Tout se passait pour le mieux, mais un soir du beau mois de mai, le ton haussa un peu entre nous. La veille, on s’était mis d’accord pour qu’elle passe à l’épicerie du coin, qui est sur la route de mon domicile, pour acheter quelques bricoles, et pourtant aujourd’hui, elle semblait totalement avoir oublié. Cela faisait une semaine ou deux que je la trouvais distraite, oubliant parfois nos conversations ou des choses à faire. L’ambiance à la maison était donc un peu plus tendue qu’à l’ordinaire. J’essayais de comprendre et de remédier à ses pertes soudaines de mémoires. Peut être était-elle surmenée ? Trop stressée par son travail ? Quoi qu’il en soit, elle avait insisté pour ne pas aller voir de médecin. Finalement, elle céda devant mon entêtement « C’est bien pour te faire plaisir finitelle par lâcher ». Le lendemain de cette conversation, elle ne s’en souvenait plus. Elle paraissait distante, comme si nous étions deux inconnus. Parfois, des détails qui lui avaient échappés la veille lui revenaient en mémoire, comme par miracle. Je m’inquiétais de son comportement et bien que les médecins n’aient rien décelé, je restais sur mes gardes, prêt à intervenir au moindre signe. Encore fallait-il les voir et les comprendre … C’est bien plus tard que je découvris la vérité sur ma copine et par hasard, sans quoi je ne l’eu sans doute jamais su. L’après-midi touchait à sa fin, le soleil s’enfuyait derrière les arbres, pour surgir d’un autre côté de la terre. Nous avions prévu d’aller au resto, cela faisait un moment que nous n’étions pas sortis tous les deux. Nous mangeâmes très convenablement et passâmes une agréable soirée. Notre repas se termina un peu avant 22h. Aucun de nous ne voulait rentrer. Il faisait plutôt bon dehors. Nous restâmes là, à observer les quelques étoiles que le ciel voulait bien nous montrer. Puis, lassés de ce spectacle, nous décidâmes d’aller au cinéma, pour la dernière séance. Nous choisîmes notre film, une comédie. Dans l’ensemble, le film était plutôt marrant et bien réalisé malgré quelques imperfections. Il était minuit passé. Cette fois, nous tombions de fatigue. Nous rentrâmes donc à la maison. Hélène protesta vaguement lorsque je l’invitais à dormir à la maison. Nous n’avions jusqu’alors jamais dormi ensemble. Elle éludait toujours la question et changeait le sujet de conversation avec une habilité surprenante. Lorsqu’on s’en rendait compte, il était trop tard. Finalement, elle céda sous mes avances, trop fatiguée pour débouter mes arguments. J’enfilai mon pyjama tandis qu’elle opta pour une nuisette. Le marchand de sable ne tarda pas à passer, nous entrainant dans le magnifique pays des songes. A mon réveil, j’étendis le bras pour lui caresser le visage. Au moment où ma main entra en contact avec sa peau, je ne reconnus pas la douceur qui la caractérisait habituellement. Je sentais notamment que cela me grattais. Je constatais stupéfait, que ce n’était pas mon Hélène dans le lit, mais un homme ! Sans plus attendre, je sautais du lit pour partir à la recherche de ma douce. C’était surement une farce de sa part. Je fouillais minutieusement toute la maison, je l’appelais à intervalles réguliers, mais personne ne répondait. A ce moment là, j’entendis des bruits venant de ma chambre. Je supposais que c’était l’homme qui se réveillait. Effectivement. Il appela à son tour : « Chéri, où es-tu ? Chéri ? » Prenant mon courage à deux mains, j’avançais vers lui à grandes enjambées pour le questionner quant à sa présence ici. Une fois face à face, je constatais que cet homme était même vêtu de la nuisette de ma copine, ce qui lui donnait vraiment l’air pitoyable. Décidemment, elle avait poussé la blague très loin. « Ah, Julien chéri fit-il en me voyant, te voilà. Tu as bien dormi au moins ? -Mais qui êtes-vous et que faites vous dans ma maison ? » Finis-je par lâcher, impatient. La seule réponse de cet homme fut un cri rauque. Puis, il couru s’enfermer dans la salle de bain. Alors que je tentais de le déloger, quelqu’un sonna à la porte. « C’est bien ma veine pensais-je ». J’allai ouvrir. Ma copine m’attendait à l’extérieur. Je l’embrassais. « Tu sais, lui dis-je, le coup de l’homme dans notre lit, c’était un peu fort, tu ne trouves pas ? » Sans dire un mot, elle se précipita dans la maison et s’élança vers notre chambre en hurlant « Petite sœur ! Petite sœur ! C’est Mathilde, où es-tu ? » Petite sœur ? Mathilde ? Les propos que tenaient Hélène étaient incohérents, je redoutais qu’elle soit désormais en proie à la folie. Sa santé mentale était peut être bien plus atteinte que ne le croyaient les médecins. L’homme lui avait ouvert la porte, et tous les deux se tenaient désormais dans les bras. J’avais beaucoup de peine à voir cette scène : ma copine semblait me tromper avec un inconnu. L’homme se changea et mis des vêtements plus adéquats. Ma copine me convia dans mon propre salon pour une séance d’explications. J’étais curieux de voir comment elle allait s’en sortir. Une fois tous réunis, elle commença à parler : « Ecoute moi bien et ne m’interrompt pas avant la fin, me demanda-t-elle ». J’acquiesçai. « Bien, reprit-elle, ce que tu va entendre aujourd’hui va probablement changer ta perception des choses, tes certitudes, mais comme tu as découvert une partie du secret, tu ne pourrais plus vivre dans une semi-ignorance. Pour commencer, je ne suis pas ta copine. C’est elle, enfin lui. -Quoi ? - Ne m’interrompt pas s’il te plait, où on va en avoir pour toute la journée ! Laisse-moi parler, tu réagiras après. Je disais donc que je m’appelle Mathilde et que je suis la sœur jumelle d’Hélène. L’homme que tu as en fait trouver dans ton lit et bel et bien ma sœurette, ta copine. Je ne sais pas comment amener cela, mais pour faire court, la nuit, un jour sur deux, nous nous changeons en homme, à tour de rôle. Aujourd’hui c’était au tour d’Hélène, c’est pour cela qu’elle ne voulait pas rester hier soir, elle savait que si elle dormait ici, cela provoquerait un grand désordre. Malgré tout, tu as insisté pour passer la nuit avec elle. C’est quand je ne l’ai pas vue revenir cette nuit que j’ai compris. C’est pour cela qu’au petit matin, tu m’as trouvée devant ta porte. Je savais que tu aurais besoin d’aide. Il n’y a aucune explication logique à ce qu’il se passe, ça se fait c’est tout. Nous sommes nées comme cela. Demain, ce sera à mon tour de vivre en homme toute la journée. Comme Hélène est tombée amoureuse de toi, il y a de cela plusieurs mois, nous avons du improviser pour maintenir l’illusion et pour que vous puissiez vivre un semblant de vie normale. Si tu t’étais rendu compte qu’un jour sur deux, elle disparaissait, tu aurais tôt fait de remettre en question son amour pour toi. Tu nous voyais donc à tour de rôle. C’est comme cela qu’on s’arrangeait pour te voir tous les jours : nous étions deux. C’est de là que venaient également les « pertes de mémoire ». Au début, nous faisions le maximum pour raconter à l’autre ce qu’il s’était passé dans la journée, avec beaucoup de précisions, les conversations que l’on avaient eu … Mais peu à peu, la fatigue à pris le pas, d’où tes doutes et tes questions. Te duper n’était pas quelque chose d’agréable, mais il fallait que l’on préserve notre secret, sans quoi, nous aurais-tu aimé ?». A la fin de son discours, je restais muet, ne pouvant décocher un mot. Mathilde continua tandis que sa sœur pleurait à chaudes larmes : « Maintenant que tu es au courant, que compte tu faire ? » Je me raclais la gorge. Puis après quelques essais infructueux, un mot commença à sortir de ma bouche, puis un autre jusqu’à former des phrases complètes. Voir ma copine en homme m’avait profondément dégouté. Et bien que j’éprouvais toujours de l’amour pour elle, il semblait s’être changé. Une décision devait être prise aujourd’hui. Que faire ? Continuer à vivre, comme si rien ne s’était passé ? A ce moment là, j’aurais toujours l’impression de tromper ma copine avec sa sœur, je n’étais pas sur de pouvoir vivre avec cela sur la conscience. Finalement, cette journée nous avait tous ébranlés et c’est à la tombée de la nuit qu’elles décidèrent de s’en aller. Tous les trois nous avions beaucoup réfléchi et il était ressorti de nos conversations, que leur amour à mon égard s’était lui aussi changé. Elles décidèrent de vivre ensemble, toutes les deux, dans un coin assez reculé du pays ou peut être même carrément dans un autre. Elles formeraient un couple unique en son genre : chaque jour, ils inverseraient les rôles de l’homme et la femme, si bien que le reste du monde ni verrait que du feu, tout comme moi qui avais été berné par les deux jumelles. Je tenais à les accompagner au moins pour le début de leur périple. Nous prîmes donc tous trois leur voiture. Nous roulâmes pendant un petit moment, puis elles me déposèrent avant de s’engager sur un grand axe. Là, nous nous sommes fait nos adieux, très chaleureux, espérant malgré tout que nous nous reverrions et que le bonheur ne nous épargnerait pas. Tandis que je voyais leur petite voiture s’éloigner dans la nuit noire, je pris moi-même le chemin du retour. Les derniers rayons du lampadaire m’abandonnèrent : alors, je m’évanouis dans les ténèbres.