à lire

Transcription

à lire
Un plan d’enfer
Un court métrage de fiction
de
Stéphane Kneubuhler
Stéphane Kneubuhler – Conteur – Auteur – Comédien
13 rue Madame de Vannoz 54000 Nancy Tél : 03.83.44.53.53 / 06.88.60.03.48
[email protected] / www.colporteurdereves.com
Synopsis
Une petite ville bien tranquille, au beau milieu de l’été.
Dans une voiture poussiéreuse, garée dans une rue déserte, deux hommes s’apprêtent à
commettre un hold-up. VINCE TAYLOR, un grand gars aux allures de play-boy, et
MICKY, un petit mec nerveux, vérifient leurs armes et enfilent des cagoules noires,
avant de sortir de leur véhicule et de se diriger vers la banque.
Après l’attaque, Vince se retrouve en compagnie d’ALEXIA, une employée de la banque, sa belle complice, dans un entrepôt désaffecté. Ils y ont mis à l’abri la voiture qui
a servi au casse.
Pendant que Vince range les liasses de billets dans une valise, la jeune femme lui explique comment Micky s’est fait descendre lors de l’attaque.
Plus tard, alors que Vince est seul dans l’entrepôt, voilà que surgit Micky, bel et bien
vivant, et pas très content. Vince tente bien de s’expliquer, mais l’autre n’a pas envie
de discuter.
Les deux hommes finissent par se tirer dessus, et par mourir.
C’est alors que tout commence vraiment pour Micky…
Stéphane Kneubuhler – Conteur – Auteur – Comédien
13 rue Madame de Vannoz 54000 Nancy Tél : 03.83.44.53.53 / 06.88.60.03.48
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Enfer n° 1
Intentions
Cette histoire est un polar fantastique, qui se joue des clichés du genre, en les utilisant
pour les déformer au point de leur conférer une dimension inattendue.
Si le point de départ est des plus classiques : un règlement de compte entre deux gangsters et une beauté fatale, le traitement des personnages, et le dérapage fantastique de
l’histoire, donnent à l’ensemble une dimension quasi mythologique.
Les personnages deviennent effectivement au cours de la narration des symboles, en
lutte contre leur destin implacable, bien que la Mort finisse toujours par l ’emporter, en
lutte également contre les passions qui s’agitent au plus profond d’eux mêmes.
Manipulation, amour et jalousie, colère et peur sont les moteurs qui les poussent en
une fuite éperdue vers leur tragique destinée.
La narration, volontairement ambiguë, laisse au spectateur le choix d’interpréter
l’histoire selon son inclination. En effet, le doute subsiste à plusieurs niveaux, permettant plusieurs lectures du scénario.
Vince et Micky, qui échangent leurs rôles, sont-ils les deux faces d’une même personne ?
La Mort est-elle Alexia (et/ou inversement) ?
L’histoire de Micky et d’Alexia se déroule-t-elle vraiment, ou n’est-ce que le délire
d’un homme blessé à mort ?
Qui essaie de rouler qui ?
La mise en scène dynamique, ne doit pas laisser de repos aux personnages, non plus
qu’au spectateur.
Les contrastes de lumière doivent être eux aussi très marqués, avec des extérieurs
presque aveuglants, et des intérieurs très sombres.
Le traitement des scènes 5 et 6 sera spécifique, car elles sont le pivot de l’histoire, en
introduisant la dimension fantastique dans un polar classique. L’éclairage sera très serré sur les personnages, laissant le décor dans l’obscurité, et l’utilisation de plans subjectifs renforcera le côté étrange.
Ce court métrage a pour vocation d’être tourné en 35 mm.
Il ne fait intervenir que quatre personnages, et un nombre réduit de lieux (la rue de la
banque, une zone industrielle abandonnée, et l’entrepôt, qui se trouve dans cette zone).
La durée estimée est de l’ordre de 20 minutes.
Stéphane Kneubuhler – Conteur – Auteur – Comédien
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Enfer n° 2
Scénario
1. Une voiture devant un immeuble — Extérieur — Jour
Dans une rue déserte d’une petite ville tranquille, sous un chaud soleil d’été.
Une voiture de couleur claire, à la carrosserie cabossée en de multiples endroits et
couverte de poussière, est garée devant un grand bâtiment de brique austère, aux fenêtres ornées de barreaux.
Dans l’automobile aux vitres baissées en raison de la chaleur étouffante, deux hommes
tuent le temps, échangeant des propos laconiques.
L’homme qui est au volant, VINCE TAYLOR, est plutôt beau gosse, et porte un costume sombre élégant sur une chemise blanche dont le col est ouvert. Il a l’air très
calme, flegmatique, et mâchonne une allumette, seul signe de nervosité. On peut voir
également qu’il porte une cigarette, coincée derrière l’oreille, comme oubliée.
Le second personnage, MICKY, habillé d’un blouson de sport, d’un T-shirt blanc et
d’un jean, semble beaucoup plus nerveux. Il est en train de faire une réussite avec un
jeu de cartes qu’il étale comme il peut sur le tableau de bord. Il tire des cartes, une par
une, d’un paquet qu’il tient en main, pour ensuite les disposer en colonnes.
MICKY
Allez, un as ! Un as, il me faut un as !
Il se concentre, passant les doigts sur le paquet de cartes, comme pour essayer de
deviner quelle sera la prochaine à sortir. Après une intense concentration, les yeux
plissés par l’effort de volonté, il se relâche, et sourit, satisfait et sûr d’avoir l’as qu’il
demande. Il retourne la carte, et c’est la déception : c’est un deux de trèfle.
MICKY
Putain, mais il est pas complet ce jeu, c’est pas vrai !
Il replace le deux de trèfle dans l’épaisseur du paquet, et recommence son jeu de divination.
MICKY
Un as, c’est tout ce que je demande. Un petit as de rien du tout, juste
un as.
Vince regarde Micky tirer une nouvelle carte, et la remettre elle aussi dans le paquet.
VINCE TAYLOR
Tu pourrais m’expliquer ce que tu es en train de faire, Micky ?
Stéphane Kneubuhler – Conteur – Auteur – Comédien
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Enfer n° 3
MICKY
Mais merde, putain, ça ne se voit pas, non ? J’essaie de faire une
réussite. Une réussite ! C’est vachement important, j’essaie de savoir
comment ça va se passer, si tout va se dérouler selon le plan. Si on va
pas se faire descendre.
VINCE TAYLOR
Attends ! Ne me dis pas que tu crois que notre avenir est écrit dans tes
putains de cartes ?
MICKY
Mais non, pas notre avenir ! Mais les cartes, c’est comme des signes
du destin. On sait pas vraiment ce qui va se passer, mais on a des
indications... Tu vois, si t’es assez balèze pour lire les signes, tu peux
déjà sentir d’où le vent va souffler.
VINCE TAYLOR
Pourquoi tu triches alors ? C’est ça que j’arrive pas à comprendre ! Si
c’est le destin, ça sert à quoi de tirer cinquante cartes de suite jusqu’à
ce que tu tombes sur celle qui t’arrange !
MICKY
Mais je ne triche pas. C’est juste que j’ai l’impression que le jeu n’est
pas complet, voilà tout. Il me manque des cartes, putain, je ne peux
pas réussir s’il me manque des cartes !
VINCE TAYLOR
Tu sais, Micky, c’est comme la vie, c’est la même chose. Il y a des
pauvres types qui viennent au monde sans avoir les bonnes cartes. Et
ils sont obligés de jouer avec ce qu’ils ont. Ils ne peuvent pas tricher
avec la vie. Il y a des types qui ne sentent jamais le vent souffler. Pour
eux, la seule solution c’est de regarder la météo à la télé pour savoir
d’où ça va venir. C’est peut-être ça le signe de tes cartes, qu’on verra
ton nom en gros à la une de tous les journaux !
MICKY
Mais qu’est-ce que tu racontes, je te parle des signes, et toi tu me fais
chier avec ta philosophie à deux francs cinquante.
VINCE TAYLOR
Tricher, c’est complètement con, c’est tout. Il est l’heure de toute
façon.
MICKY (balançant les cartes qui lui restaient en main)
Et merde !
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Enfer n° 4
Les deux hommes sortent alors des cagoules noires qu’ils enfilent. Vince enlève la
cigarette qu’il a sur l’oreille, et la pose délicatement sur le tableau de bord, avant de
mettre sa cagoule.
Micky le regarde faire, et attend que son collègue ait le visage masqué pour s’emparer
de la sèche, et l’examiner de plus près.
MICKY
Je pourrais quand même savoir ce que tu fous avec cette clope ? Ça
fait trois jours que je te vois avec ça sur l’oreille, sans jamais la fumer.
Vince arrache la cigarette de la main de Micky, et la glisse dans la poche de sa veste.
VINCE TAYLOR
C’est pas tes oignons, Micky. Ferme là un peu, et vérifie ton arme. On
y va.
Les deux hommes sortent de dessous leur blouson des revolvers de très gros calibre,
dont ils vérifient le chargement en ouvrant le barillet. Ils glissent ensuite les flingues
dans leur ceinture, avant de sortir du véhicule.
Ils se dirigent à pas rapides vers la porte du bâtiment de briques. Micky essaie de camoufler son arme sous le revers de son blouson, tout en regardant partout autour de
lui. Vince Taylor n’a pas l’air de se soucier de ce genre de détails, et avance avec
aplomb.
Arrivés devant la porte, sur laquelle on peut lire le mot “ Banque ”, ils s’arrêtent, et
sortent leurs revolvers.
VINCE TAYLOR
Bon, on fait comme prévu, on suit le plan, OK ?
MICKY
Ouais, ça va, j’ai compris, arrête de me prendre pour un débile... Mais
je suis sûr qu’il était pas complet.
VINCE TAYLOR
Quoi ?
MICKY
La réussite. Le jeu. Je suis sûr qu’il était pas complet. Il manquait des
cartes. Trois minutes, c’est ça ?
VINCE TAYLOR
Trois minutes !
Les deux hommes poussent la porte, et entrent dans la banque.
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Enfer n° 5
2. L’entrepôt — Extérieur — Jour
Chancelant, haletant, et transpirant à grosses gouttes sous le soleil de plomb, Micky
avance péniblement dans les allées désertes d’une zone industrielle en friche. Ses pas
traînant soulèvent des petits nuages de poussière.
Dans le lointain, on entend des SIRENES DE POLICE.
Micky, trop épuisé pour continuer, est obligé de s’arrêter, plié en deux, les mains sur
les genoux, pour reprendre son souffle. Il tient encore dans sa main le revolver qui
renvoie des éclairs aveuglants dans la lumière brûlante. Après quelques instants, il se
relève, et reprend sa marche.
Il arrive finalement en vue d’un entrepôt désaffecté, un peu à l’écart de la zone industrielle, vers lequel il se dirige. Il s’arrête près d’une fenêtre encrassée du bâtiment, et
jette un coup d’oeil à l’intérieur. Ce qu’il voit semble le satisfaire, car un sourire se
peint sur son visage fatigué et couvert de poussière.
Il s’appuie alors contre le mur, recharge tranquillement son revolver dont le barillet
était vide, insérant les cartouches une à une, et se dirige, toujours souriant, vers la
porte de l’entrepôt.
3. L’entrepôt — Intérieur — Jour
La double porte de l’entrepôt s’ouvre lentement avec D’HORRIBLES
GRINCEMENTS, et laisse entrer la lumière vive du jour qui aveugle les ombres poussiéreuses du hangar abandonné.
Une voiture, conduite par Vince Taylor (on peut reconnaître le véhicule qui stationnait
devant la banque) rentre dans le bâtiment, pendant qu’une belle jeune femme referme
la porte grinçante.
Vince sort de la voiture, et se penche vers la banquette arrière pour en sortir un sac de
jute qui semble assez lourd, qu’il pose sur le capot.
La jeune femme, ALEXIA, le rejoint, et le regarde sortir des liasses de billets de banque (des grosses coupures) du sac grossier.
ALEXIA
Ouah ! Je crois bien qu’on a décroché le gros lot !
VINCE TAYLOR
Va me chercher la mallette dans le bureau, on va bazarder le sac.
La jeune femme s’éloigne vers un bureau miteux aux vitres cassées, placé près de la
porte. Pendant ce temps, Vince continue à sortir les liasses. La femme revient et pose
la mallette sur le capot.
ALEXIA
Il y en a un sacré paquet !
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Enfer n° 6
VINCE TAYLOR
Ouais, j’espère que tout ça tiendra dans la mallette !
Il ouvre la mallette, et commence à empiler les liasses à l’intérieur.
ALEXIA
A ton avis, il y combien là ?
VINCE TAYLOR
C’est pas toi la spécialiste ? On les comptera plus tard. On va déjà
mettre cette petite fortune à l’abri.
ALEXIA
A vu de nez, je dirais qu’il y a au moins vingt ou trente millions. Et
c’est un minimum !
VINCE TAYLOR (sifflant)
Quoi ? Tant que ça !
Il s’arrête de ranger, et contemple une liasse.
VINCE TAYLOR
C’est vrai que c’était lourd à porter ! Trente millions en trois minutes,
ça fait cher la minute !
ALEXIA
Ouais, ça fait à peu près 16 briques par seconde.
La jeune femme vient se blottir contre lui.
ALEXIA
Ca fait un beau salaire. Sans compter qu’on ne divise plus qu’en deux
maintenant.
VINCE TAYLOR
Micky...
ALEXIA
Oublies le.
VINCE TAYLOR
Micky...
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Enfer n° 7
Alexia se glisse alors entre Vince et le capot de la voiture.
ALEXIA
Il est mort, t’entends ! C’est plus la peine d’y penser, ça ne le fera pas
revenir.
VINCE TAYLOR
Oh, Alexia, j’aurais tant voulu t’épargner ce genre de galère...
ALEXIA
Chut !
Elle s’assoit sur le capot, et retire le flingue que Vince avait glissé dans sa ceinture,
pour le poser derrière elle, sur l’argent dans la mallette.
ALEXIA
Pensons plutôt aux vacances qu’on va pouvoir se payer. Il y a des
façons plus intéressantes de tuer le temps que de ruminer sur le passé,
tu crois pas ?
Elle entoure de ses jambes la taille de Vince en l’attirant tout contre elle, et l’embrasse
fougueusement, avant de lui murmurer à l’oreille, oreille sur laquelle est toujours
fichée la cigarette :
ALEXIA
Fais moi l’amour, Vince Taylor !
L’homme et la femme commencent alors à se caresser et à se déshabiller en
s’embrassant avec ardeur, renversant dans leur précipitation le sac qui déverse son
contenu de billets sur le capot de la voiture.
4. L’entrepôt — Intérieur — Jour
Les billets sont tous rangés dans la mallette maintenant, bien alignés en colonnes, et
Vince pose son revolver sur le tapis d’argent, contemplant le tableau de sa réussite.
Un BRUIT SOUDAIN le fait sursauter, et se retourner d’un bond.
Micky, affichant un sourire extatique, qui lui donne l’air d’un prêcheur illuminé, sort
de l’ombre, et s’avance en direction de la voiture et de Vince. Il marche lentement,
prenant tout son temps, balançant son arme au rythme de ses pas.
Vince qui n’en croit pas ses yeux, hoche la tête de stupéfaction devant cette apparition
soudaine d’un homme qu’il croyait mort.
VINCE TAYLOR
Micky ! Mais c’est impossible ! C’est toi ? Mais je croyais que tu étais
mort !
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Enfer n° 8
Micky lève lentement le bras, et dirige son arme vers Vince.
MICKY
Comme tu le vois, tu t’es planté ! C’est toi qui vas crever, enculé !
VINCE TAYLOR
Attends Micky, déconne pas, je vais t’expliquer.
MICKY
Espèce d’enfoiré, tu croyais pouvoir te barrer avec le fric, c’est ça hein ?
VINCE TAYLOR
Mais tu t’es pris une balle dans la tête ! Elle a dit que tu t’étais pris
une balle dans la tête !
MICKY
Ta gueule putain de crevure !
VINCE TAYLOR
Prends le fric, Micky, tout est là, dans la mallette, prends tout, je te
donne ma part !
Il se tourne vers la mallette, pour la montrer à Micky, en tire une liasse et l’agite
comme si elle pouvait lui permettre de se sortir de ce mauvais pas.
VINCE TAYLOR
Regarde Micky, tout ce fric rien que pour toi !
MICKY
Trop tard, vieux. Cette fois, c’est trop tard pour le baratin ! T’as pas
senti le vent tourner ! T’as pas regardé la météo ! Aujourd’hui, c’est
tempête !
VINCE TAYLOR
Attend, regarde, il y en a encore plein. Tout est pour toi, je te dis !
Vince se tourne de nouveau vers la mallette, comme pour prendre d’autres liasses,
mais s’empare prestement du revolver, se retourne et fait feu sur Micky, qui tire en
même temps que lui. Les deux hommes sont projetés en arrière, et Vince laisse échapper sa liasse qui se transforme en un nuage de billets de banque qui retombent lentement sur son cadavre.
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Enfer n° 9
5. L’entrepôt — Intérieur — Nuit
L’éclairage a changé, et il fait beaucoup plus sombre désormais dans l’entrepôt, au
point que les murs ont disparu dans l’obscurité, et sont indiscernables.
On ne voit plus que la voiture, et les deux hommes par terre, éclairés d’une lumière
irréelle, perdus au milieu d’un néant d’ombre.
Vince Taylor repose près du véhicule, dans une mare de sang et de billets de banque,
qui se teintent peu à peu de rouge.
Micky, un peu plus loin, se tient la poitrine, et pousse des RALES DE DOULEUR,
laissant échapper de temps à autres un juron.
MICKY
Putain de merde... Putain de bordel de merde ! Espèce d’enculé... !
Enfoiré... !
Puis, soudain, il se TAIT. Les traits de son visage se décrispent progressivement, alors
qu’il MURMURE :
MICKY
C’est pas vrai ! C’est pas vrai !
Il se met alors assis, puis ECLATE DE RIRE, avant de se relever.
MICKY
C’est pas vrai ! Ce pauvre connard m’a raté ! Ce putain de connard
d’enculé de merde m’a raté ! Je le crois pas ! T’es vraiment un pauvre
naze !
Il se dirige alors vers le corps de Vince, et lui balance des coups de pied rageurs.
MICKY
Tiens, espèce de raclure de merde, tu fais moins le malin maintenant !
Prends ça connard ! Ca t’apprendra à me tirer dessus !
On entend alors un BRUIT DE RACLEMENT METALLIQUE dans le noir, et Micky
se fige.
Le BRUIT se répète, Micky se retourne et pointe au hasard son arme qu’il n’a pas
lâchée depuis le coup de feu.
MICKY
Qui est là ? Qui est là, bordel ? Sortez de là ! Je vais tirer, attention !
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Enfer n° 10
Le BRUIT se répète de nouveau, et l’on voit surgir de l’ombre de l’entrepôt une
grande silhouette ténébreuse, portant un long manteau noir, dont la capuche, rabattue
sur le visage, empêche de voir les traits. Elle traîne une faux qui frotte contre le sol, et
produit le son métallique qui a surpris Micky.
Après trois pas, la silhouette s’arrête, et calant sa faux dans le pli du coude, entreprend
d’allumer une cigarette.
A la lueur du briquet, on devine un visage de squelette. Il s’agit bien sûr de LA
MORT.
Elle tire une longue bouffée de sa cigarette, avant de parler d’une voix d’outre tombe.
LA MORT
Tu peux pas la fermer un peu, Micky ! Tu gueules à réveiller les morts !
Micky tient la silhouette en joue, prêt à faire feu.
MICKY
Putain, mais qu’est-ce que c’est que ces conneries ! D’où tu
débarques, putain ? Et qui t’es d’abord ?
LA MORT
Qui je suis ? On s’est déjà croisé quelques fois, tu devrais me
reconnaître.
MICKY
Ah ouais ! Et bien je te remets pas. Dommage pour toi !
LA MORT
Tu peux baisser ce flingue, tu sais. Il ne te sert plus à rien maintenant !
MICKY
C’est ce qu’on va voir !
Micky vide son chargeur avec un HURLEMENT DE RAGE, tout en avançant sur la
silhouette, qui ne bouge pas d’un pouce. Le chargeur vide, Micky HURLE encore
quelques secondes, avant de comprendre qu’il n’a pas descendu son adversaire. Il regarde la Mort, sans comprendre.
Celle-ci tire une nouvelle bouffée de sa cigarette.
LA MORT
T’as pas encore compris Micky ? T’es mort, mec ! T’es aussi froid
que ce tas de viande dans lequel tu tapais tout à l’heure en gueulant si
fort !
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Enfer n° 11
MICKY
Mais qu’est-ce que tu racontes, qu’est-ce que c’est que ces conneries,
putain ?
LA MORT
T’es mort, c’est tout. Bienvenue en enfer !
MICKY
Mais... c’est pas possible ! Je peux pas être mort, puisque je peux
parler, bouger... Si j’étais mort je le saurais...
La Mort tend une main vers l’arme que Micky tient toujours devant lui, et abaisse
celle-ci vers le sol.
LA MORT
Baisse ça, ça ne te sert vraiment plus à rien, je t’assure, et puis, ça me
rend nerveuse... Tu ne trouves pas bizarre de me vider ton chargeur
dans le caisson, et qu’on continue à tailler une bavette comme si de
rien n’était ? Sans parler du trou qui orne ton T-shirt, et qui se poursuit
dans ce qui te servait d’appareil respiratoire !
Elle tend alors un doigt vers la tâche de sang qui orne le T-shirt de Micky, et l’enfonce
dans le thorax de ce dernier avec un BRUIT HUMIDE, avant de le retirer tout ensanglanté.
LA MORT
Il était plutôt bon tireur, tu sais. Grande gueule, mais bon tireur… Pas
du genre à te rater.
MICKY
Merde ! Je suis vraiment mort alors !
LA MORT (claquant des doigts)
T’es même mort sur le coup !
Micky se tait. Il a visiblement du mal à admettre ce que la Mort lui annonce. Il regarde
son arme, le trou dans son T-shirt, et la silhouette funeste devant lui, promenant son
doigt ensanglanté devant les ténèbres de son visage.
La Mort vient se mettre à ses côtés, et lui passe un bras autour des épaules, comme à
un vieux pote.
LA MORT
T’en fais pas, va. C’est qu’un mauvais moment à passer. Après, on
s’habitue...
Micky comprend alors qu’il est vraiment mort, et se met à HURLER.
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Enfer n° 12
MICKY
NON !!!
6. L’entrepôt — Intérieur — Nuit
Micky et la Mort sont maintenant assis tous les deux sur le capot de la voiture. Micky
caresse les liasses de billets alignées dans la mallette qu’il a sur les genoux. La mort
joue avec sa faux, la faisant passer d’une main à l’autre.
MICKY
Je regrette pas grand chose, tu sais. J’ai toujours pris le bon côté des
choses, et je dois dire que je me suis plutôt bien amusé... Il y a une
seule chose que... que j’ai pas eue sur Terre. Un truc que j’aurais bien
aimé avoir.
LA MORT
Qu’est-ce que c’est ?
MICKY
L’amour d’une femme ! Ouais, je sais, ces mots dans ma bouche, ça
fait bizarre. Moi, parler d’amour, j’ai pas le profil de l’emploi. Mais tu
vois, de toutes les gonzesse que j’ai pu avoir, il n’y en a aucune qui
m’a aimé, vraiment aimé… Bon, d’accord, moi je ne les aimais pas
non plus, mais c’est pas une raison. Et ça, tu vois, c’est quelque chose
que j’aurais voulu connaître. Savoir que tu comptes plus que tout pour
quelqu’un, ça doit être quelque chose ! Sûr que si j’avais eu la classe
de Vince, ça se serait passé autrement… Mais j’avais beau faire, je
passais toujours pour un minable, un paumé. On ne me prenait jamais
au sérieux. J’avais pas la classe. C’est pas comme cet enfoiré ! Lui, il
était toujours bien sapé, les gonzesses en étaient toutes folles. Tu peux
pas savoir comme je l’ai détesté cet enculé. J’en ai toujours chié pour
me taper des gonzesses, moi. Et c’était jamais des belles. Moi, j’avais
droit qu’aux trumeaux. Vince, lui, il avait qu’à arriver, sans rien faire,
et elles lui bouffaient dans la main, les salopes. Et rien que des tops en
plus !
LA MORT
Ouais, c’est comme ça les femmes...
MICKY
Et elles tombaient amoureuses de lui, par dessus le marché. Elles
auraient tout donné pour cette raclure.
LA MORT
Ouais, dur !
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Enfer n° 13
MICKY
Et tout ça pour quoi ? Tout ça pour la classe, c’est tout. Qu’est-ce qu’il
a fait lui, pour la mériter, la classe ? Il a rien eu à faire, c’est juste une
question de bol. Tu veux que je te dise : le monde est mal fait. C’est à
vous dégoûter une bonne fois pour toutes de la vie !
LA MORT
Euh justement... Puisque t’en parles. Je te rappelle qu’en ce qui
concerne la tienne de vie, c’est un peu fini...
Micky repose la mallette derrière lui, et se retourne vers la Mort, implorant.
MICKY
Ecoute, c’est d’accord, on n’en parle plus. Je suis mort, c’est toi le
chef, je discute pas. Je te demande juste un petit service. Une fois, rien
qu’une, je voudrais savoir ce que c’est que d’être aimé, que d’avoir la
classe.
LA MORT
Comment ça ?
MICKY
Et bien, tu sais, cette fille, Alexia...
LA MORT
Ah ouais, plutôt canon !
MICKY
J’aimerais savoir ce que c’est que d’être aimé par une fille pareille ! Je
suis sûr que c’est dans tes cordes, t’as l’air plutôt fortiche !
LA MORT
Et bien en théorie c’est possible, mais...
MICKY
Allez, sois sympa ! Tu me renvoies sur Terre une dernière fois, et
après, je reviens, c’est promis.
LA MORT
Tout ça pour être aimé d’une femme ! Décidément, j’ai du mal à vous
comprendre, vous les humains... Bon, pourquoi pas, mais t’as intérêt à
revenir !
MICKY
Promis, juré, si je mens, je vais en enfer !
Stéphane Kneubuhler – Conteur – Auteur – Comédien
13 rue Madame de Vannoz 54000 Nancy Tél : 03.83.44.53.53 / 06.88.60.03.48
[email protected] / www.colporteurdereves.com
Enfer n° 14
La Mort le regarde en silence, puis acquiesce.
LA MORT
En enfer… Et bien, d’accord !
Micky regarde la Mort, et lui passe à son tour un bras autour des épaules, en lui faisant
un large sourire.
7. La banque — Extérieur — Jour
C’est une EXPLOSION SONORE qui accompagne l’ouverture de la porte de la banque : SIRENE D’ALARME, COUPS DE FEU, CRIS D’HOMMES ET DE FEMMES
provenant de l’intérieur.
Un homme, habillé comme Vince Taylor lors de la première scène, et portant la
cagoule enfilée avant l’attaque, sort en reculant, l’arme pointée vers la porte. Il
emmène avec lui une belle jeune femme (Alexia) en otage, qu’il retient du bras qui
porte un lourd sac de jute.
L’HOMME (hurlant)
Je vais la buter ! Je vais la buter, vous m’entendez ? Si vous bougez,
je la bute !
Il recule jusqu’à la voiture, y balance le sac et la jeune femme, et monte à son tour.
Il allume le moteur, mais ne démarre pas, regardant la porte de la banque. La jeune
femme le regarde, puis se met à HURLER à son tour.
ALEXIA
Démarre, bordel ! Qu’est-ce que tu fous ? Les flics vont arriver !
L’HOMME
Putain, Vince est à l’intérieur !
Il retire alors sa cagoule, et ce n’est qu’à ce moment que l’on reconnaît Micky.
ALEXIA
Il est mort, Vince, il est mort, bordel ! Tu m’entends, il est mort ?
Démarre, démarre !
On entend une SIRENE DE POLICE qui se rapproche. Micky, après un dernier coup
d’oeil vers le bâtiment, appuie violemment sur l’accélérateur, et la voiture démarre en
trombe, alors que la porte de la banque s’ouvre sur un gardien projeté en arrière, atteint
par un COUP DE FEU.
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Enfer n° 15
8. L’entrepôt — Extérieur — Jour
La voiture freine, dérape en arrivant près de l’entrepôt. Micky en sort, lâchant une
bordée de jurons.
MICKY
Putain de bordel de merde !
Alexia sort à son tour, beaucoup plus calme.
ALEXIA
Tu ferais mieux de te calmer, Micky.
MICKY
Putain mais c’est pas vrai ! Tu déconnes ou quoi Alexia ? On a failli
se faire descendre et Vince, lui, ils l'ont pas raté, ces enculés, et toi, tu
voudrais que je reste calme ?
ALEXIA
Mais merde bordel ! On avait dit trois minutes, et ce débile se met à
peloter la directrice devant mes yeux au lieu de lui faire ouvrir le coffre de son bureau !
MICKY
Mais pourquoi tu t’es mise à gueuler ?
ALEXIA
Mais qu’est-ce que tu voulais que je fasse ! Les flics allaient se pointer, putain ! Et l’autre con qui pense qu’à baiser !
Micky, au bord de l’explosion, laisse exploser sa colère en tapant du poing et du pied
sur la porte de l’entrepôt.
Alexia attend que Micky maîtrise ses nerfs.
ALEXIA
Ca y est ? tu as fini ta colère ?
Micky se reprend peu à peu, et se tourne vers la jeune femme, la regardant comme s’il
ne la reconnaissait pas. Il se rapproche lentement d’elle au cours de la discussion.
MICKY
Merde, c’est tout ce que ça te fait comme effet ? Ton mec se fait buter
devant toi, et ça te laisse de glace !
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Enfer n° 16
ALEXIA
Ce type était une ordure, un pauvre connard ! Il n’a que ce qu’il mérite.
Je te rappelle qu’il s’apprêtait à baiser une femme sous mes yeux !
MICKY
Mais qu’est-ce que tu foutais avec lui alors ? C’était bien ton mec, non ?
ALEXIA
Mon mec, mon mec, mais c’est pas vrai, merde ! Qu’est-ce que tu
crois ? Si j’avais voulu me barrer, ce débile m’aurait massacré !
C’était mon mec parce que je n’avais pas le choix !
MICKY
Mais je t’aurais aidée, t’aurais dû m’en parler !
ALEXIA
C’est bien ce que je voulais faire, une fois cette histoire de casse
terminée.
Elle se blottit alors contre Micky, appuyant sa tête sur sa poitrine.
ALEXIA
Oh, Micky, si seulement je t’avais connu plus tôt.
Elle lève alors le visage vers un Micky un peu dépassé, et l’embrasse amoureusement,
lui caressant la joue avec tendresse.
9. L’entrepôt — Intérieur — Jour
Dans l’entrepôt, Micky est devant le capot de la voiture, sur lequel est posée la mallette. Il caresse avec un grand sourire les rangées bien alignées des billets qu’il a finit
d’empiler.
Sur les liasses repose son énorme revolver.
Des BRUITS DE PAS, et la main d’Alexia vient se poser sur celle du jeune homme.
ALEXIA
Humm, quelle incroyable sensation de puissance ! Le fric, les
flingues, et le sexe ! Voilà mon tiercé gagnant.
MICKY
Dans l’ordre ou dans le désordre ?
ALEXIA
Les trois ensemble, chéri, c’est bien meilleur !
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Enfer n° 17
Ils échangent alors un long baiser passionné. On peut voir que Micky porte, coincée
sur son oreille, une cigarette, comme oubliée.
ALEXIA
Il faut que j’y aille.
MICKY
Ecoute, je préférerais que tu restes. Tu es bien sûre que Vince s’est
fait descendre, et qu’il n’est pas juste blessé ?
ALEXIA
Oui, je l’ai vu se prendre une balle dans la tête. Pour une fois qu’il a
quelque chose dans la cervelle. Crois moi, il était on ne peut plus
refroidi.
MICKY
Parce que s’il a parlé, c’est beaucoup trop risqué de retourner là bas.
ALEXIA
Ecoutes, on suit le plan comme prévu, ok ? Je vais voir les flics en disant que j’ai réussi à m’échapper, et je les envoie à l’autre bout du
monde. T’en fait pas, ça va marcher. On se revoit dans quelques jours,
une fois que les choses se seront un peu tassées. C’est un plan d’enfer.
Ca peut pas foirer !
MICKY
Ouais... Je t’attends comme prévu. Ca va me paraître long !
ALEXIA
T’auras qu’à compter les billets pour tuer le temps.
Elle retire une des liasses de la mallette.
ALEXIA
Je prends une petite avance pour tenir jusque là.
Elle embrasse alors Micky, avant de sortir de l’entrepôt, dans la lumière vive du soleil.
Micky, songeur, regarde la porte se refermer.
10. L’entrepôt — Intérieur — Jour
Micky, toujours debout devant la mallette, regarde, pensif, le tableau de sa réussite.
Un BRUIT SOUDAIN le fait sursauter, et se retourner d’un bond.
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Enfer n° 18
Sortant de l’ombre, Vince Taylor, portant un jean et un t-shirt comme Micky dans la
première scène, s’avance vers lui, un sourire extatique sur le visage, qui lui donne l’air
d’un dément. Il marche lentement, balançant son arme au rythme de ses pas.
Micky est stupéfait.
MICKY
Vince, c’est toi ? Mais c’est impossible ! Je croyais que tu étais mort !
Vince lève son flingue et le dirige vers Micky.
VINCE TAYLOR
Comme tu le vois, tu t’es planté ! C’est toi qui vas crever, enculé !
MICKY
Attends Vince, déconnes pas, je vais t’expliquer.
VINCE TAYLOR
Espèce d’enfoiré, tu croyais pouvoir te barrer avec le fric, c’est ça hein ?
MICKY
Mais tu t’es pris une balle dans la tête ! Elle a dit que tu t’étais pris
une balle dans la tête !
VINCE TAYLOR
Ta gueule putain de crevure !
MICKY
Prends le fric, Vince, tout est là, dans la mallette, prends tout, je te
donne ma part !
Il se tourne vers la mallette, pour la montrer à Vince, en tire une liasse et l’agite
comme si elle pouvait lui permettre de se sortir de ce mauvais pas.
MICKY
Regardes Vince, tout ce fric rien que pour toi !
Vince regarde Micky en fronçant les sourcils. Il semble hésiter. Il porte une main à son
oreille, comme s’il y cherchait quelque chose. Regarde l’oreille de Micky…
VINCE TAYLOR
La cigarette...
MICKY
C’est pas tes oignons !
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Enfer n° 19
VINCE TAYLOR
Il y a quelque chose qui cloche...
MICKY
Ecoute Vince ! On peut la baiser, si on veut ! Je l’ai déjà eu une fois !
Il faut jouer serrer. C’est possible. On peut tout changer, j’te dis. C’est
comme les cartes ! C’est pas vraiment écrit, le destin n’est pas figé…
Il est encore temps de s’en tirer…
VINCE TAYLOR
De qui tu parles ?
MICKY
Mais d’elle, tu comprends pas ! Elle croit qu’on est en son pouvoir,
mais on peut lui échapper. Faut jouer serrer Vince…
VINCE TAYLOR
Le fric…
MICKY
Il y en a plein ! On peut partager !
Micky se tourne de nouveau vers la mallette, comme pour prendre d’autres liasses,
mais s’empare prestement du revolver, se retourne et fait feu sur Vince, qui tire en
même temps que lui. Les deux hommes sont projetés en arrière, et Micky laisse échapper la liasse qu’il avait en main. Les billets s’envolent en un nuage qui retombe lentement sur son corps.
11. L’entrepôt — Intérieur — Jour
Un billet de banque (une grosse coupure), tombé sur le sol du hangar, est soulevé par
un léger courant d’air, qui le fait s’envoler et le fait atterrir sur la jambe du cadavre de
Vince.
On entend des RALES DE DOULEUR, entrecoupés de JURONS.
Les corps de Vince et de Micky ont retrouvés la position qu’ils occupaient à la scène 5
: Vince est près de la voiture, ensanglanté dans une mer de billets, et Micky se tient la
poitrine, un peu plus loin, GEMISSANT.
MICKY
Putain de merde... Putain de bordel de merde ! Espèce d’enculé... !
Enfoiré... !
Puis, soudain, il se TAIT.
Il ouvre ses yeux, et se rend compte que ses mains sont couvertes de sang. Il pousse un
CRI DE TERREUR.
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Enfer n° 20
On entend la PORTE DE L’ENTREPOT qui s’ouvre, et des BRUITS DE PAS qui
s’approchent.
On découvre en même temps que Micky une silhouette sombre en contre-jour, éclairée
par la vive lumière du dehors.
ALEXIA
Tu peux pas la fermer un peu, Micky ! Tu gueules à réveiller les morts !
MICKY
Alexia, c’est toi ? C’est bien toi ?
ALEXIA
Qui veux-tu que ça soit ! Bien sûr que c’est moi !
Elle s’agenouille près de lui, sortant du contre-jour.
ALEXIA
Il ne t’a pas raté, on dirait ! Il a toujours été bon tireur. Ça fait mal ?
MICKY
Ah, putain, bien sûr, qu’est-ce que tu crois. Va chercher de l’aide, vite !
ALEXIA
Ne t’inquiète pas, je vais régler ça.
Elle se lève, et se dirige vers la voiture. Elle jette un coup d’oeil au cadavre de Vince,
et s’empare de la mallette, qu’elle referme soigneusement. Elle remue du bout du pied
quelques billets tombés, en s’adressant au mort.
ALEXIA
Ceux-là je te les laisse... comme petite avance. T’en auras peut-être
besoin où tu vas.
Elle commence à s’éloigner du corps, mais se ravise soudain, et s’accroupissant, elle
se met à fouiller le cadavre. Elle retire quelque chose de la veste de Vince, avant de se
relever, et de retourner près de Micky.
Celui-ci n’a pas arrêté de GEMIR.
ALEXIA
Tiens, un petit cadeau de la part de Vince !
Elle lui jette ce qu’elle a trouvé sur le cadavre : il s’agit de quatre cartes, quatre as,
provenant du jeu que Micky utilisait pour faire sa réussite.
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Enfer n° 21
Celui-ci regarde les cartes, qu’il attrape nerveusement de ses mains rouges de sang.
MICKY (se mettant à pleurer)
Mes as ! Mes as !
ALEXIA
Lui aussi à essayer de me baiser… Tu vois, tu ne pouvais pas réussir,
chéri. T’avais pas les bonnes cartes. Désolée.
MICKY
Alexia, qu’est-ce que ça veut dire ! Qu’est-ce qui se passe ?
ALEXIA (avec la voix de LA MORT)
T’as pas encore compris, Micky ! T’es mort mec ! Bienvenue en enfer !
Elle lève alors l’arme qu’elle a prise à Vince, et vide le chargeur sur Micky.
Noir.
FIN
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Enfer n° 22

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