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Cinéastes iraniens condamnés Deux films de Jafar Panahi à la Cinémathèque suisse pour ne pas oublier En décembre 2010, Jafar Panahi et Mahama Rasoulov ont été lourdement condamnés à des peines de prison et une interdiction de filmer. La Cinémathèque suisse a fait partie du groupe d'institutions - avec la Cinémathèque française - et d'intellectuels qui ont créé et signé une pétition pour les soutenir parce qu'on ne peut pas priver un artiste de son outil d'expression et que ces deux cinéastes ne doivent en aucun cas retourner en prison. Aujourd'hui, alors que plus de 20'000 personnes se sont ralliées à cet appel, il faut continuer à se préoccuper du sort de ces cinéastes. C'est pourquoi la Cinémathèque suisse projette deux beaux films de Jafar Panahi, Le Cercle et Le Ballon blanc, aux récompenses prestigieuses. Vendredi 25 février Cinémathèque suisse Casino de Montbenon, 3 Allée Ernest-Ansermet, 1003 Lausanne à 18h au Cinématographe Le Ballon blanc de Jafar Panahi (Iran, 1995) 1h24, vo sous-titres français Caméra d'or au Festival de Cannes à 21h au Cinématographe Le Cercle de Jafar Panahi (Iran, Italie, Suisse, ) 1h32, vo sous-titres français Lion d'or à la Mostra de Venise www.cinematheque.ch Avec le soutien du Ciné-Club Persan Panahi et au festival de Berlin 2011 Cinéma iranien La 61e Berlinale s'ouvre ce 10 février, avec la projection de True Grit, le dernier film de Joel et Ethan Coen avec Jeff Bridges, Hailee Steinfeld et Matt Damon, un western adapté du roman de Charles Portis. Les membres du jury présidé par Isabella Rossellini n'ont pas manqué au rendezvous, à l'exception du cinéaste dissident iranien, sous le coup d'une lourde condamnation de son pays. Les organisateurs et les jurés espèrent la venue du réalisateur, Ours d'argent pour Hors jeu, en attendant, sa chaise est laissée vide symboliquement, comme elle l'était au festival de Cannes. Le jury, majoritairement féminin, est composé de de Jan Chapman, productrice australienne (La Leçon de Piano), de l'actrice allemande Nina Hoss (Les Particules élémentaires), de l'acteur, réalisateur et producteur indien Aamir Khan (Lagaan), du réalisateur canadien Guy Maddin et de la costumière britannique Sandy Powell. Le jury aura la mission délicate de délivrer les Ours aux films qu'il aura jugé les plus méritants. Aamir Khan, figure de l'industrie Bollywood et qui a bien connu Panahi lors du festival de Locarno en 2002, a déclaré à son sujet "un homme merveilleux et un magnifique ambassadeur de la culture perse et de son pays"et appelé "à réagir contre la censure, cette histoire sans fin, chaque fois que nous le pouvons". Vendredi 11 février, se déroulera une journée spéciale en l'honneur de Jafar Panahi. Isabella Rossellini a clamé : "Il est important que chaque voix puisse être entendue, que chaque film puisse être fait." Le philosophe français Bernard-Henri Lévy, très impliqué dans le soutien pour Panahi à travers sa revue La Règle du jeu, a appelé jeudi le monde du cinéma à observer cinq minutes de silence, appelant les organisateurs de la Berlinale à choisir une date pour ce moment de silence. Par ailleurs, le réalisateur a été fait "Citoyen d'honneur de la ville de Paris" par le Conseil de Paris, le 8 février. http://www.purepeople.com/article/berlin-2011-isabella-rossellini-s-impose-en-beaute-pour-jafarpanahi_a73724/1 Panahi à la Cinémathèque française Le sort réservé à Jafar Panahi et Mahammad Rasoulov demeure à ce jour totalement incertain. Leur condamnation à six ans de prison ferme a été confirmée par le tribunal de Téhéran. S’agissant de Jafar Panahi, cette peine est alourdie d’une interdiction d’exercer toute activité liée au cinéma, d’entrer en contact avec les médias et organisations culturelles internationales. La mobilisation doit se poursuivre, car notre inquiétude demeure. Le Festival de Cannes, la SACD, la Cinémathèque française s’associent en prenant une initiative commune : durant tout le mois de février, chaque jour à 18 heures, des films de Jafar Panahi et Mahammad Rasoulov seront projetés à la Cinémathèque française. Montrer leurs films, c’est une manière de les défendre et de militer en faveur de leur liberté. Toutes les recettes liées à cette programmation des films de Jafar Panahi et Mahammad Rasoulov seront versées à l’association des Amis de Jafar Panahi. Cinémathèque française de Paris Programmation exceptionnelle du 3 au 28 février www.cinematheque.fr TARIF UNIQUE : 4€, y compris pour les abonnés, la totalité des recettes étant versée à l’association des Amis de Jafar Panahi. Message de Panahi au Festival de Berlin 2011 L’univers d’un cinéaste est à la croisée des rêves et de la réalité. Il puise son inspiration dans la réalité, qu’il pare des couleurs de son imagination, et crée un film qui est la projection de ses espoirs et de ses rêves. La réalité est que je suis interdit de tournage depuis cinq ans et que je viens d’être officiellement condamné à 20 ans d’interdiction d’écriture et de réalisation. Mais je sais aussi que je vais continuer à transformer mes rêves en films dans mon imagination. Je reconnais qu’en tant que cinéaste socialement responsable, je ne vais pas pouvoir rendre compte des problèmes quotidiens ni des préoccupations de mes concitoyens, mais je ne vais pas me priver de rêver qu’au terme de ces vingt ans, tous les problèmes auront disparu et que je ferai des films parlant de paix et de prospérité dans mon pays, si j’ai de nouveau la chance d’en faire. La réalité est que l’on m’interdit de penser et d’écrire pendant vingt ans mais que l’on ne peut m’empêcher de rêver que dans vingt ans, l’inquisition et l’intimidation auront laissé place à la liberté d’action et de pensée. On m’empêche de voir le monde pendant vingt ans. J’espère que lorsque je serai libre, je pourrai voyager dans un monde sans aucune frontière géographique, ethnique ni idéologique, où les hommes vivront librement ensemble, en paix, quelles que soient leurs croyances et convictions. J’ai été condamné à vingt ans de silence. Et pourtant dans mes rêves, je crie pour qu’un jour nous puissions nous tolérer, respecter nos points de vue respectifs et vivre les uns pour les autres. En définitive, la réalité de ma sentence est que je dois passer six ans en prison. Je vais vivre pendant ces six prochaines années dans l’espoir de voir mes rêves devenir réalité. Je souhaite que mes confrères des quatre coins du monde réalisent de grands films de sorte que, lorsque je sortirai de prison, je sois inspiré pour continuer à vivre dans le monde qu’ils ont rêvé dans leurs films. À partir d’aujourd’hui, et pour les vingt années à venir, je suis contraint au silence. On m’oblige à ne pas voir, on m’oblige à ne pas penser, on m’oblige à ne pas faire de films. Je me soumets à la réalité de la captivité et des geôliers. Je chercherai la manifestation de mes rêves dans vos films, espérant y trouver ce dont on m’a dépossédé. Jafar Panahi La lettre de Panahi lue par Isabella Rosselini, présidente du Jury du Festival de Berlin 2011 : http://www.cinematheque.fr/fr/jafar-panahi2/lettre-jafar-panahi-fest.html Dossier spécial Arte à l’occasion d’une journée spéciale Jafar Panahi: http://www.arte.tv/fr/mouvement-de-cinema/Cannes-2010/JafarPanahi/3217628,CmC=3254544.html Pétition Les cinéastes Jafar Panahi et Mahama Rasoulov ne doivent pas retourner en prison Nous apprenons avec colère et inquiétude le jugement du Tribunal de la République Islamique à Téhéran, condamnant très lourdement le cinéaste iranien Jafar Panahi. La sentence : six ans de prison ferme, vingt ans d'interdiction d'écrire et de réaliser des films, de donner des interviews aux médias, de quitter le territoire et d'entrer en relation avec des organisations culturelles étrangères. Un autre cinéaste, Mahamad Rasoulov, a également été condamné à six ans de prison. Jafar Panahi et Mahamad Rasoulov vont rejoindre les nombreux prisonniers qui croupissent en prison en Iran, dans un état de détresse totale. Certains font la grève de la faim, d'autres sont gravement malades. Que reproche le pouvoir iranien à Jafar Panahi ? D'avoir conspiré contre son pays et mené une campagne hostile au régime iranien. La vérité est que Jafar Panahi est innocent et que son seul crime est de vouloir continuer d'exercer librement son métier de cinéaste en Iran. Depuis plusieurs mois le pouvoir iranien a mis en place contre lui une véritable machine de guerre visant à le détruire, à l'enfermer en le contraignant à se taire. Jafar Panahi est cinéaste et ses films ont été montrés dans le monde entier. Invité par les plus grands festivals de cinéma (Cannes, Venise, Berlin), il est aujourd'hui empêché de poursuivre son œuvre de cinéaste. La lourde condamnation qui le frappe le prive de liberté, l'empêche physiquement et moralement d'exercer son travail de cinéaste. Il doit désormais se taire, s'interdire tout contact avec ses collègues cinéastes en Iran et dans le monde entier. A travers cette condamnation qui frappe Jafar Panahi, c'est tout le cinéma iranien qui est manifestement visé. Cette condamnation nous révolte et nous scandalise. Aussi, appelons-nous cinéastes, acteurs et actrices, scénaristes et producteurs, tous les professionnels du cinéma ainsi que tous les hommes et femmes épris de liberté et pour qui les droits de l'homme sont une chose fondamentale, à se joindre à nous pour exiger la levée de cette condamnation. Rejoignez l'appel aux côtés de : le Festival de Cannes, la SACD, la Cinémathèque française, l'ARP, la Cinémathèque suisse, le Festival international du film de Locarno, le Forum des images, Positif, la SRF, les Cahiers du cinéma, Citéphilo (Lille), France culture, la Mostra Internazionale d'Arte Cinematogafica di Venezia, Culturesfrance, la Quinzaine des Réalisateurs, Sarajevo Film Festival, Cinéma Gindou, Centre Audiovisuel Simone de Beauvoir, Centre Culturel Pouya. http://www.ipetitions.com/petition/solidarite-jafar-panahi/