Article Eric JOURNAL La LIGNE D EAU octobre.06.pub

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Article Eric JOURNAL La LIGNE D EAU octobre.06.pub
A
nould-Pékin 13 000 km en 2CV par Eric GAUDEL
Tu arriveras au bout avec ta 2CV?
Voilà la question qui m’est le plus souvent posée alors je
vais essayer d’y répondre.
Il est vrai que sur l’ensemble des véhicules qui participent à la croisière Chine ( 70 il devrait y avoir quarante
2CV ) nous aurons de la mécanique à faire mais cela ne
me fait pas peur bien au contraire.
Ma 2CV, je la connais bien puisque c’est moi qui l’ai refaite entièrement en 2000 pour aller au Kenya. J’ai commencé par la démonter (ça c’est le plus facile) ensuite, je
me suis mis à la recherche d’un châssis d’ami 8 plus solide que ceux de 2CV et compatible que j’ai renforcé, j’ai
mis des amortisseurs réputés pour leur dureté et leur
endurance, les pots de suspension ont été remplacés
par des pièces d’Acadiane plus solides, les bras ( pièce
entre la roue et le châssis ) je les ai remplis de résine
pour les rigidifier, j’ai mis des renforts un peu partout.
Pour la caisse, j’ai résiné les trous qu’elle avait dans le
coffre et remplacé tous les planchers par des planchers
en aluminium faits sur mesure ; les bas de caisse, je les
ai fait en tôles plus épaisses qu’à l’origine. Pour la boîte
de vitesses, j’ai mélangé des pignons d’une 2CV4 (2CV
avec moteur de 425cm3 et des rapports plus courts) et le
couple conique d’Acadiane pour avoir des rapports plus
courts mais qui me permettent de ne pas plafonner à
100km/h.. Là, j’arrive à faire 130km/h en descente le
vent dans le dos ! Le moteur, je lui ai remplacé son allumage à visses platinées par un allumage électronique.
Ensuite le remontage a commencé : j’ai enlevé tout ce
qui ne servait plus à rien : garniture de porte, siège arrière, tapis de sol, etc. Alors vous voyez, la 2CV, je la
connais plutôt bien mais cela ne l’empêche pas de me
causer des soucis de temps en temps…
Je me souviens particulièrement de deux grosses pannes
lors de mon voyage au Kenya.
La première est lorsque j’ai
cassé ma fixation d’amortisseur et que la voiture frottait
par terre (suite à un problème
de conception, et oui la
conception peut faire des erreurs mais une erreur solutionnée devient de l’expérience) j’ai cru que l’aventure
s’arrêterait là pour moi mais
c’était sans compter sur l’expérience d’anciens raideurs.
Il nous a fallu vider la voiture
pour l’alléger au maximum pour que tant bien que mal je
puisse relier le premier village sur la piste et là il nous a
fallu trouver un soudeur. Après des discussions très imagées, nous en avons trouvé un au bout d’une petite rue
qui avait un poste à souder à l’arc ENORME comparé au
poste que nous trouvons en France. Le chef tenait précieusement les baguettes de soudure pendant que le
soudeur effectuait la réparation avec comme seule protection un éclat de verre teinté pas plus gros qu’une
pièce de 2€. Après la réparation à l’Africaine devant les
badauds ébahis, la voiture est repartie et a fini le raid
sans encombre.
La deuxième, ce
n’est pas moi qui ai
cassé (c’est déjà
moins stressant )
mais un des autres
équipages qui roulait
avec nous. A la sortie d’une réserve, il a
cassé une patte qui
tient le train avant.
Nous avons été obligés d’enlever tout le train avant de la
voiture sur le bord de la route pour changer la pièce. Durant nos travaux, un public, on ne peut plus typique, se
groupait autour de nous. Dans ce public, il y avait des
Massaïs : des grands gaillards de plus de 2m à la peau
noire ébène habillés de tuniques rouges avec à la main
des lances encore plus grandes qu’eux (lances qui
avaient peut-être servi à tuer un lion un jour !)
qui nous regardaient. Les rôles étaient inversés, pour
une fois c’est eux qui nous regardaient et non plus nous
qui les regardions. Ces deux expériences restent pour
moi des moments formidables de cette aventure !
Lors du raid au Kenya, l’assistance était faite par des
Acadianes et nous sommes tous rentrés, même si nous
avons tous eu plus ou moins de problèmes et s’il a fallu
que l’on se débrouille nous-mêmes. Alors que là, pour la
Chine, je pars avec une organisation chevronnée et réputée : il y aura deux camions d’assistance et de nombreux 4X4 d’assistance alors cela ne devrait pas poser
de problèmes. Il y aura un camion rempli de pièces de
2CV , de la roue au châssis en passant par le moteur.
Alors s’il me fallait changer une pièce de ma voiture au
pied de la muraille de Chine, cela ne pourrait être qu’une
valeur ajoutée à cette magnifique aventure que je me
prépare à vivre.
Lorsqu’on me demande si j’arriverai au bout, je réponds
oui, même si je rencontre quelques problèmes cela fait
partie des voyages en 2CV et le principal, c’est d’arriver
à Pékin avec la voiture et les habitants en entier. Peu
importe les aléas que nous pourrons rencontrer.
Et l’avantage de partir en 2CV, c’est qu’elle est tellement
simple que l’on trouve toujours une solution pour repartir.
Le 11 novembre après-midi à l’espace Georges Sadoul, lors des rencontres de l’image et
de l’aventure, a eu lieu un démontage complet (quand je dis complet, cela veut dire moteur, caisse, portes, ailes, train roulant, etc…
d’ailleurs ceux qui étaient présents ont pu le
constater ) et remontage d’une 2CV en moins
de 2h entre une équipe Souche qui a affronté
une équipe Ségula dans la bonne humeur. Je
vous donnerai plus de précisions sur cette
rencontre dans un prochain article.
n° 154—octobre 2006 1/2

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