Culte de l`Ecole du dimanche : 18 mars 2007(Carême4)

Transcription

Culte de l`Ecole du dimanche : 18 mars 2007(Carême4)
(Culte à Villefranche N° 14)
Culte de l’Ecole du dimanche : 18 mars 2007 (Carême 4)
- Lectures Bibliques.
.1. Luc 13, 6-9.
.2. Luc 15, 1-3a.11-32.
- Prédication.
Jésus est celui qui bouscule toutes les conventions religieuses et sociales qui
séparent les hommes. Il laisse tout le monde s’approcher de lui. Les bienpensants de l’époque réagissaient en lui reprochant son attitude d’ouverture et de
patience envers des personnes jugées douteuses ou pécheresses.
A ces murmures, Jésus répond par des « paraboles », des petites histoires
rappelant l’infinie patience de Dieu, mais aussi que la venue du Fils de l’Homme
a d’abord pour but de chercher et de sauver ce qui était perdu.
Avant de revenir sur le texte de Luc 15, « la parabole du fils prodigue »,
proposé pour le quatrième dimanche du Carême, je vous propose un petit détour
par celle du « figuier stérile », en Luc 13. Nous y lisons que cela faisait trois ans
que le propriétaire, qui ici ne représente pas Dieu mais l’homme, venait chercher
sans succès du fruit sur ce figuier. Sa patience était mise à rude épreuve et il était
désormais résolu à ne plus entretenir un arbre qui occupait inutilement du terrain
sans porter du fruit. Il devait dégager la place pour peut-être en planter un autre
qui, lui, porterait enfin du fruit en abondance ! Le propriétaire a sans doute raison,
du moins d’un point de vue économique ; c’est d’abord un homme pratique qui sur
ces questions ne s’embarrasse guère de considérations généreuses… Soit l’arbre
produit du fruit, soit il le coupe… et place à autre chose de plus rentable !
Qui ici lui jetterait la pierre, ne faisons-nous pas souvent comme lui ?
Dans tous les domaines de l’existence, l’homme de ce début de XXIème
siècle, comme le petit enfant, est un impatient qui recherche avant tout la
satisfaction immédiate de ses désirs, mais aussi la performance en tout… que
tout rapporte, que tout produise du fruit… en abondance et vite ! Et ne tournez
pas seulement votre regard du côté de ces grands patrons du CAC 40 qui ferment
ou délocalisent leurs usines les moins rentables. Vous ajouterez que c’est aussi la
Loi régnant notamment dans le football où l’on change d’entraîneur et bouleverse
les équipes à la première série de défaites, sans faire confiance au lent travail de
maturation et de construction d’une équipe d’abord soudée par le temps et la
confiance. Mais bon, je ne suis pas amateur de ballon rond et ce n’est pas moi qui
vais pleurer sur les difficultés du PSG, de l’OL ou de l’OM et de leurs joueurs
millionnaires.
Par contre, cette attitude nous la voyons aussi malheureusement de plus en
plus à l’œuvre dans la vie communautaire, autrement dit dans le couple, la famille
et… l’Eglise. Notre partenaire n’est plus assez performant ou il nous semble que
la passion du départ est éteinte, que l’amour ne donne plus de fruit, alors on
coupe tout, on se sépare et l’on demande le divorce. Idem avec le désir d’enfant
lorsque l’attente semble trop longue. Ainsi, nous voyons de plus en plus de
demandes de Procréation Médicalement Assistée non justifiée par une stérilité
réelle et avérée au sein du couple. Et au bout de l’existence, voilà maintenant que
l’on devrait pouvoir légalement couper le fil de la vie quand celle-ci devient stérile
ou pesante.
Et que dire des Eglises qui ne laissent plus à leur pasteur le temps nécessaire
pour qu’il accomplisse son ministère de semeur ! Car pour qu’il y ait un jour des
fruits, une moisson, il faut parfois un long et patient travail de la terre, une longue
mais confiante attente… comme le propose le vigneron de la parabole de Luc 13.
Ce vigneron, à l’image du Père céleste, prend patience. Plaidant auprès du maître
la cause de l’arbre soit disant inutile et devenu encombrant, il s’engage à tout
faire pour améliorer la situation et parie sur le « peut-être donnera-t-il du fruit à
l’avenir ». Il a confiance, comme justement le père de « la parabole dite du fils
prodigue ». Le temps ainsi donné au temps pour voir enfin surgir du fruit, les fruits
de la conversion, de la vie, c’est d’abord le temps de la Grâce et de l’Espérance.
Justement, revenons maintenant à l’histoire du « fils perdu et retrouvé ».
Cette troisième parabole du chapitre 15 de l’Evangile de Luc est l’histoire
d’un père pas comme les autres, Dieu le Père selon le Fils.
En effet, le père que décrit Jésus dans cette parabole a de quoi surprendre
ses auditeurs, notamment ces pharisiens qui voyaient d’un très mauvais œil le fait
d’accueillir des pécheurs tels que ce fils cadet, cet impatient irrespectueux des
lois familiales traditionnelles qui a dilapidé, dans la débauche, l’héritage de son
père. Le Christ va les renvoyer à eux-mêmes, comme fils aînés, leur donnant de
Dieu l’image d’un Père tel qu’ils ne l’avaient jamais conçue : un Père patient et
aimant.
Cet homme, père de deux fils, a sans doute passé des années à les instruire
dans la voie qu’il pensait la meilleure, pourtant il leur laisse le choix de la route
à suivre, en dehors même du cadre paternel pour le plus jeune, donnant même à
celui qui choisit de partir tout de suite, plus que les moyens de sa subsistance :
la totalité de sa part d’héritage. Le texte nous montre ensuite que la longue
attente du père n’a pas altéré l’amour qu’il porte à son fils. Quant au fils, il était
sans doute convaincu que son père l’aimait toujours, puisqu’il a pu admettre son
erreur et
se mettre en chemin (faisant ainsi demi-tour, il finit par se convertir)
pour revenir à la maison du père, même pour y vivre dans la condition la plus
basse d’esclave. De retour à la maison, son père ne le condamne pas pour ses
mauvaises actions, comme il s’y attendait, au contraire, il va lui accorder tout de
suite son pardon
et le rétablir dans sa position de fils, disant : « Apportez vite
la plus belle robe et revêtez-le ; mettez-lui un anneau au doigt, et des
souliers aux pieds. Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et
réjouissons-nous ; car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie ;
il était perdu, et il est retrouvé. »
En racontant cette parabole, Jésus ne veut ni cautionner la légèreté du fils
noceur et dépensier ni blâmer l’attitude de travailleur et d’honnêteté de l’aîné :
il cherche d’abord à montrer à ses interlocuteurs, à nous monter, qu’au-delà du
bien et du mal selon le droit et la morale, il y a quelque chose qui dépasse,
transcende et illumine le monde : la patience et la gratuité de l’Amour de Dieu.
Et là seulement est la joie divine. Ainsi, cette parabole de Luc 15, à la suite
de bien d’autres, nous donne la vraie dimension du cœur de Dieu en tant qu’il est
notre Père : un Père patient, compatissant, mais plus que cela, aimant. Un Père
qui nous aime malgré tout, malgré notre impatience, notre péché, nos erreurs,
2
nos révoltes, et même malgré nous et notre manque de foi en lui et en la vie,
de confiance en nous, aux autres et en son Amour infini pour tous les hommes.
Dieu demeure et demeurera toujours plus grand que notre cœur. Amen.
3