Dossier pédagogique

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Dossier pédagogique
JEAN-FRANÇOIS CHARLES
DOSSIER PEDAGOGIQUE
AVANT-PROPOS
Bienvenue au Centre d’Art de Rouge-Cloître !
Notre exposition, consacrée au bédéiste belge Jean-François Charles, vous permettra d’admirer
et de découvrir de nombreuses planches originales de bandes dessinées et quelques illustrations
de cet artiste accompli.
Ce dossier pédagogique vous offrira l’occasion d’approfondir vos connaissances sur cet artiste
et sur le petit monde de la bande dessinée.
En effet, depuis quelques années, les enseignants utilisent de plus en plus souvent la BD pour
motiver et interpeller les élèves dans le cadre de projets liés aux cours d’arts plastiques ou de
français. La BD peut en effet devenir un véritable outil de pédagogie.
Les chapitres suivants vous permettront ainsi d’explorer les différents aspects de la réalisation
d’une bande dessinée. La BD étant en effet un art en soi, sa diversité et ses particularités lui
confèrent un caractère unique et son univers doit être apprivoisé étape par étape.
Que vous soyez déjà un amateur de l’œuvre de Jean-François Charles ou un néophyte qui
n’attend qu’à être conquis par cette exposition, sachez que vous pouvez aussi consulter
certaines de ses bandes dessinées dans nos salles lors de votre visite de l’exposition.
Nous vous souhaitons une très agréable visite !
Illustrations : © Centre d’Art de Rouge-Cloître, © Jean-François Charles et © Casterman
Sources : Maryse et Jean-François Charles, in : dBD, n°22, avril 2008 et www.glenatbd.com/jean-francois-charles
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JEAN-FRANÇOIS CHARLES
Jean-François Charles naît en Belgique en 1952. A 15 ans, il entame ses études à l'Académie
des Beaux-Arts de Bruxelles et commence par dessiner des caricatures, entre autres pour La
Libre Belgique et La Nouvelle Gazette, sous le nom de BOF.
En 1975, il travaille pour le magazine Spirou puis aux Editions Averbode où il illustre plusieurs
revues destinées aux enfants (Bonjour, Dauphin et Tremplin).
Jean-François Charles découvre la bande dessinée en lisant les albums de Bessy des studios
Vandersteen. Appréciant surtout la BD humoristique, il dévorait les œuvres de Raymond
Macherot (Chlorophylle, Sibylline…) et de Morris (Lucky Luke) mais connaissait moins bien Tintin.
C’est en découvrant les bandes dessinées réalistes qu’il a eu envie de faire ce qu’il fait aujourd’hui.
Les grandes éditions de Flash Gordon (Alex Raymond) puis de Prince Vaillant (Harold Foster)
furent de véritables révélations.
En 1978, il rencontre le scénariste Jan Bucquoy avec lequel il travaille sur Le Bal du Rat Mort qui
paraît aux Editions Michel Deligne en 1980.
Le Bal du rat mort, huile sur toile réalisée
pour la réédition de l’album en 1986 (Glénat)
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Puis toujours chez Deligne, en 1982 et 1984, il publie Le Pilori, et Le grand dérangement, les deux
premiers épisodes des Pionniers du nouveau monde co-scénarisés par son épouse.
L’idée leur est venue suite à un long voyage qu’ils firent aux Etats-Unis et au Canada en 1976, et
particulièrement lors de la découverte du lac Michigan et du Fort Michilimachinac.
Les épisodes de cette série seront publiés dans le magazine Vécu édité par Glénat.
Après avoir réalisé six albums, Jean-François Charles, désireux d’explorer de nouveaux horizons,
cède sa place en confiant le dessin des Pionniers du nouveau monde à Erwin Sels (dit Ersel).
Les Pionniers du nouveau monde T.8 : aquarelle sur papier pour le dos de l’album
Jean-François Charles peut alors se consacrer graphiquement à son nouveau héros, Fox, sur un
scénario de Dufaux. C’est la découverte de l'Égypte et de la lumière.
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Jean-François Charles a commencé à faire de la bande dessinée de façon « traditionnelle », en
noir et blanc, un coloriste s’occupant de la mise en couleur.
Le coloriste de Fox et des six premiers Pionniers du nouveau monde est Christian Crickx.
Fox T.2 : Le miroir de vérité
Fox, dessin pour le Salon international des collections
passions de Charleroi, 1999
En 1988 paraîtra également chez Glénat Sagamore Pilgrimage, un conte philosophique coscénarisé par son épouse Maryse. Sagamore Pilgrimage est l’histoire d’un grand peuple de
bâtisseurs. Certains, un peu bohèmes, habitent sur les ponts, d’autres vivent dans les villes ou
dans des endroits impossibles et créent leur société. Tous les 25 ans ils se réunissent pour
faire un pèlerinage afin de découvrir le chef spirituel : le Sagamore.
« Je pense que cette histoire nous ressemble un
peu, dans notre conception de vie… Nous ne
pouvons jamais être sûrs de quoi que ce soit. Il
faut vivre en paix et le plus possible dans la
tolérance. »
Maryse Charles
Sagamore Pilgrimage, Glénat 1988
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En 2001, Jean-françois Charles réalise le
troisième tome de la série Le Décalogue sur un
scénario de Frank Giroud. Ce troisième opus,
se déroulant aux Météores, en Grèce, s’intitule
Le Météore.
En 1999, Jean-françois Charles se détourne
momentanément de la bande dessinée et se
tourne vers la peinture à l’huile et à l’aquarelle.
Durant cette période, Jean-François Charles
approfondit vraiment la pratique de l’aquarelle
et réalise une multitude d’illustrations.
Le Décalogue III, Le météore, Glénat 2001
Il publie en 2001 Esquisses & Toiles, un ouvrage
qui regroupe plus d'une centaine de dessins et
croquis inédits sur des textes de Paul Herman
(directeur éditorial de Glénat Bénélux).
Après
ces
deux
années
sabbatiques
consacrées à la peinture, J-F Charles décide
de renouer avec la BD dans l'optique de la
couleur directe (procédé de mise en couleurs
dans lequel la couleur et les tracés de contour
en noir ne sont pas séparés) : India Dreams et
War and Dreams, scénarisés par son épouse
Charles Maryse, en résultent.
Esquisses et toiles, Glénat 2001
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Atteint par le virus de la couleur, il appréhende son travail différemment : il ne désire plus faire
appel à un coloriste. Le travail sur la couleur directe lui permet alors de maîtriser parfaitement
son travail.
Après un voyage en Indes en 1995, le couple souhaitait démarrer une nouvelle saga. Ils mirent
quatre à cinq ans avant de réaliser India Dreams, publié chez Casterman en 2002. L’histoire se
déroule en Inde, notamment en 1965, pendant la période hippie. India Dreams, c’est l’histoire de
trois femmes qui confrontent leurs passions amoureuses à la sensualité de l’Inde. Les femmes
ont d’ailleurs toujours joué un rôle important dans les scénarios de Maryse Charles et JeanFrançois Charles a toujours eu la passion de dessiner la femme. Mais au-delà de l’amour, le récit
est aussi très riche sur le plan historique.
India Dreams t.3, A l’ombre des bougainvillées, pl.38, Glénat 2004
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India Dreams t.4, Il n’y a rien à Darjeeling, pl. 9, Glénat 2005
« Dans India Dreams, j’ai tout fait pour que le lecteur puisse se promener dans les images qui
contiennent une histoire dans l’histoire. Je pourrais aussi citer la scène de bal du tome 1 de War and
Dreams où même si je représente vaguement des personnes qui dansent, je m’attarde surtout sur ces
petits moments qui mettent en scène les personnages… »
Jean-François Charles
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Comme dans la plupart de leurs albums, War
and Dreams est lié à la découverte d’un lieu. Il
s’agit dans ce cas-ci de la côte d’Opale,
endroit chargé d’histoire.
Puisque
c’est
là
que
les
Allemands
attendaient le débarquement.
Pour Maryse et Jean-François Charles ce
fut la découverte de paysages aux couleurs
et aux lumières extraordinaires.
« War and Dreams répond certainement à un
War and Dreams T.1 planche 16, casterman
devoir de mémoire et de transmission. Nous
sommes nés dans la période de l’après-guerre et
nos parents nous ont énormément parlé de la
guerre. Nous avons la chance d’être la première
génération qui n’en a pas vécu sur notre
territoire et il faut tout faire pour que ça
continue. »
Maryse Charles
C’est avec l’aquarelle que Jean-François
Charles débute la couleur directe en bande
dessinée,
technique
qu’il
trouve
particulièrement intéressante pour rendre
l’Inde et les ciels d’India Dreams.
War and Dreams T.2 planche 7, casterman
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En revanche, pour la série War and Dreams, il a choisi de peindre à l’acrylique, qui offre des
propriétés similaires à l’huile mais sèche beaucoup plus vite. En outre, l’acrylique procure un effet
plus lourd, plus pesant, plus dense et donc plus adapté à ce récit.
India Dreams t.2, Quand revient la mousson, Glénat
2003, visuel de couverture.
War and Dreams t.1, La Terre entre les deux caps,
Casterman 2006, visuel de couverture.
« Nous travaillons toujours à peu près de la même façon sur un sujet. Quand nous nous mettons devant
un ordinateur pour écrire notre histoire, nous ne traitons jamais que la partie visible de l’iceberg. Il y a
toutes les recherches et toutes les discussions préalables que le lecteur ne peut pas voir. […]. Pour
War and Dreams, nous nous sommes surtout plongés dans des films de guerre pour retrouver certaines
ambiances. Nous nous documentons à la fois de manière générale et très pointue… »
Jean-François et Maryse Charles
Jean-François Charles a également illustré les couvertures et réalisés quelques crayonnés de
trois adaptations des aventures d’Alix en roman (Alix l’Intrépide, Le Sortilège de Khorsabad, L’Ombre
de César par Alain Hammerstein aux éditions Casterman).
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Outre son travail de dessinateur, Jean-François Charles travaille également avec son épouse au
scénario et à l’adaptation de textes comme ceux de Christian Jacq (auteur de nombreux romans
historiques se déroulant dans l’Egypte antique).
Les Mystères d’Osiris, scénario de Maryse et
Jean-François Charles, dessins de Benoît Roels, publié chez Glénat.
Ils ont également lancé une collection, Rebelles, publiée chez Casterman. L’idée étant de partir de
la vie de personnages devenus célèbres en commençant la narration par leur mort et en
racontant les passages importants de leurs vies sous forme de flashs. Le choix des
personnages s’est porté sur des icônes, qui furent avant tout des rebelles (d’où le nom de la
collection).
L’Afghan Massoud, scénario de Maryse et Jean-François
Charles, dessins de Bihel, Casterman.
Libertad, Che Guevara, scénario de Maryse et JeanFrançois Charles, dessins de O. Wozniak, Casterman.
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BIBLIOGRAPHIE
Le Bal du Rat Mort.
Scénario Jan Bucquoy. Deligne puis Glénat en 1986.
Les Pionniers du nouveau Monde.
Scénario Maryse Nouwens. Il réalise les dessins et les scénarios avec sa femme sur les
six premiers épisodes et poursuit la série (au niveau du scénario) à l’aide du dessinateur
Ersel (alias Erwin Sels) :
Tome 1 – Le Pilori (1982)
Tome 2 – Le Grand Dérangement (1985)
Tome 3 – Le champs d’en haut (1987)
Tome 4 – La croix de Saint Louis (1988)
Tome 5 – Du sang dans la boue (1989)
Tome 6 – La mort du loup (1990)
Tome 7 – Crie-dans-le-vent (1994)
Tome 8 – Petit homme (1995)
Tome 9 – La rivière en flamme (1996)
Tome 10 – Comme le souffle d’un bison en hiver (1997)
Tome 11 – Le Piège de La Rochelle (1998)
Tome 12 – Le Murmure des grands arbres (1999)
Tome 13 – Les chemins croches (2001)
Tome 14 – Bayou Chaouïs (2003)
Tome 15 – Le Choix de Crimbel (2005)
FOX.
Scénario Dufaux. Glénat :
Tome 1 – Le livre maudit (1991)
Tome 2 – Le miroir de vérité (1992)
Tome 3 – Raïs El Djemat (1993)
Tome 4 – Le Dieu Rouge (1994)
Tome 5 – Le Club des Momies (1996)
Tome 6 – Jours Corbeaux (1997)
Tome 7 – Los Alamos (1998)
Sagamore Pilgrimage.
1988. Glénat.
Le Décalogue.
Troisième tome de la série : Le Météore sur scénario de Giroud. (2001). Glénat.
India Dreams.
Scénarisée par Maryse Charles. Casterman (janvier 2002) :
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Tome 1 – Les chemins de la Brume (2002)
Tome 2 – Quand revient la Mousson (2003)
Tome 3 – A l’ombre des Bougainvilliées (2004)
Tome 4 – Il n’y a rien à Darjeeling (2005)
Esquisses et toiles.
Jean-François Charles. Glénat (2001).
War and Dreams.
Scénario Maryse Charles. Casterman:
Tome 1 – La Terre entre les deux caps (2006)
Tome 2 – Le Code Enigma (2008)
SCENARIOS
Les mystères d’Osiris.
Tome 1 : L’arbre de vie (Glénat, 2006). D’après l’œuvre écrite de Christian Jacq. Dessins
de Roels.
Rebelles.
Textes de Jean-François et Maryse Charles (Casterman) :
Tome 1 – Libertad ! Che Guevara (2005). Dessins Olivier Wozniak.
Tome 2 – President: John F. Kennedy (2006). Dessins Thierry Bouüaert.
Tome 3 – Shooting Star: Marilyn Monroe (2006). Dessins Kas.
Tome 4 – L’Afghan: Massoud (2006). Dessins Birel.
India Dreams, t.4, extrait, Jean-François Charles © Casterman
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LE PETIT MONDE DE LA BANDE DESSINEE
IL ETAIT UNE FOIS LA BANDE DESSINEE…
La bande dessinée, appelée aussi neuvième art, est née à la fin du XIXe siècle, au même moment
que le cinéma. La BD possède d’ailleurs de nombreux points communs avec le cinéma, mais aussi
avec le roman et la peinture. Le travail des bédéistes requiert en effet une grande maîtrise du
cadrage, de la mise en scène, de l’écriture d’un scénario et du dessin.
L’art de la BD est donc un art multidisciplinaire et est de ce fait un art très varié.
Il existe aujourd’hui trois pôles importants de cet art dans le monde : le groupe franco-belge, les
Etats-Unis et le Japon.
La France et la Belgique ont vu naître les plus grands classiques de la BD mondiale. Tintin,
Astérix, Spirou en sont quelques exemples. Les histoires de ces personnages étaient diffusées
via des magazines qui accueillaient une grande diversité de héros. Hélas, au cours des années
1980-1990, plusieurs de ces publications ont disparu, les albums devenant le principal support
médiatique des bédéistes. Malgré tout, les Cédric, Kid Paddle et Titeuf ont pu atteindre une très
grande notoriété, permettant à la roue de continuer à tourner en Europe.
Notons quelques exemples de bandes dessinées belges : Spirou, Lucky Luke, Gaston Lagaffe, les
Schtroumpfs, Boule et Bill, Achille Talon, Natacha, Olivier Rameau, Le Chat, Largo Winch etc. La
Belgique peut donc être fière de sa production de bandes dessinées !
Aux Etats-Unis, en 1896, apparaît ce qui est considéré comme la première BD moderne dans
les quotidiens : le Yellow Kid, qui sera suivi avec Peanuts, Garfield et bien d’autres. Avant la
deuxième guerre mondiale apparaissent les superhéros Superman et Batman, bientôt rejoints
par Spiderman, Hulk etc. Mais aujourd’hui, le genre semble s’essouffler et les ventes ne sont plus
ce qu’elles étaient.
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Au Japon, le dernier pays à se distinguer dans ce domaine, l’on appelle « mangas » les bandes
dessinées. Les bédéistes nippons ont su bâtir de véritables usines de création. La demande de
ce type de BD a engendré une cadence de production telle que les studios de création ont dû
répartir les tâches entre plusieurs artistes. Certains reprochent à ces mangas leur violence et
leur sexisme mais les japonais ont néanmoins su développer une industrie du dessin animé très
performante et efficace.
Les genres employés en bande dessinée sont très variés. Néanmoins, celui qui recueille le plus
d’adeptes est sans aucun doute l’humour (par exemple : Astérix, Lucky Luke, Garfield, Gaston
Lagaffe etc.). Dans ces albums, il n’y a pas qu’une seule histoire, mais une succession de gags
racontés sur une ou deux pages. Ce qui n’empêche pas d’autres héros de vivre des aventures
s’étalant sur un album entier.
Bien qu’il existe un nombre infini de types de bandes dessinées, on peut établir une liste de
catégories récurrentes, sachant qu’un titre peut appartenir à plusieurs genres à la fois :
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Aventure/ action : Tintin, Spirou et Fantasio, XIII, …
Humour : Petit Spirou, Astérix & Obélix, …
Fantastique/ Héroïc fantasy : Troll de Troy, Merlin, …
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Science-fiction : Lanfeust des étoiles, Sky Doll, ….
Historique : Décalogue, Giacomo C., …
Policier : Canardo, …
Chronique sociale : Julie, Claire & Cécile, Monsieur Jean, …
Mangas : Les Chevaliers du Zodiac, Dragon Ball, …
Etc.
LES GRANDES ETAPES DE LA REALISATION D’UNE BD
La création d’une bande dessinée nécessite plusieurs étapes, chacune réalisée par un spécialiste.
Ceux-ci sont par exemple scénariste, dessinateur, lettreur, encreur, coloriste etc. Il est donc
très rare de rencontrer un bédéiste qui produit son œuvre de A à Z.
Les « codes » à respecter :
En français, on lit de gauche à droite et de haut en bas. Il est donc important de respecter cette
règle si l’on souhaite être compris de tous. Une page de BD se lit case par case dans le sens de la
lecture et les cases reprennent cet ordre en faisant suivre le texte inscrit dans les bulles.
Toutefois, lorsque la composition de la page nécessite un ordre différent, des flèches servent à
guider le lecteur.
Imagination d’un synopsis :
Une première étape consiste à développer son propre imaginaire, son propre univers. Tout travail
doit en effet débuter par une idée originale et un scénario solide.
Avant tout chose, il faut réaliser un synopsis, c’est-à-dire déterminer en quelques lignes le sujet
de la bande dessinée. L’étape suivante correspond à la rédaction du scénario qui raconte plus
précisément l’histoire, défini les personnages principaux et secondaires ainsi que les actions
qu’ils vont entreprendre et enfin les décors dans lesquels le récit se déroule.
Bien entendu, plus le scénario est documenté, plus il sera crédible aux yeux du lecteur !
Il s’agit donc ici d’inventer un personnage principal, des personnages secondaires éventuels, un
décor, des accessoires etc. Il faut trouver un monde dans lequel son personnage évoluera. Les
personnages inventés peuvent aussi bien être des êtres humains, des animaux ou des objets
animés. Il s’agit d’ouvrir les portes de l’imagination. A ce stade, tout est permis !
Une fois le personnage créé, on peut lui rajouter une personnalité, une occupation, un métier, un
habillement, un langage particulier, des expressions etc.
La mise en page des planches :
Une fois l’idée de base élaborée, il s’agit de la sectionner en bandes en effectuant un découpage. Il
existe en effet différents points de vue possibles, ainsi qu’une multitude de façons d’agencer les
cases. C’est de cette manière que l’on peut construire, page après page, son histoire en y
incluant les dialogues et des indications pour les associer aux images.
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L’élève pourra ici faire appel à ses notions de mathématiques pour construire les contours de
ses cases.
Attention, le nombre de planches à remplir est généralement bien précis, il ne faut donc pas
l’oublier. Si l’on dispose de 48 pages, le scénario doit tenir en 48 pages, ni plus ni moins.
C’est pour ces raisons qu’un bon découpage du scénario est essentiel avant d’entamer la
réalisation proprement dite du dessin.
Le dessin :
A partir de l’instant où le scénario est bien ficelé, le travail sur la planche originale peut
commencer !
Sur base du scénario, le dessinateur va pouvoir « mettre en images » les projets du scénariste,
c’est le story board. Il sert à imaginer l’ambiance générale de la case et à y positionner les
différents éléments (personnages et décors). Le dessin de ces planches est ensuite affiné puis
mis en couleur par le coloriste.
Le scénariste, le dessinateur et le coloriste d’une bande dessinée peut-être une seule et même
personne !
Le crayonné :
Le crayonné, c’est le dessin original et appliqué sur la planche. L’original est dessiné sur un format
qui fait au moins le double de celui d’une publication habituelle. On commence donc par un croquis
où les personnages ont l’apparence de bonshommes allumettes ou de formes géométriques et
on précisera les détails du dessin au fur et à mesure.
L’encrage :
L’encrage se fait soit à l’aide d’une table lumineuse soit directement sur le crayonné. La table
lumineuse permet de superposer une feuille vierge sur la planche et d’encrer la première. Le
crayonné sera donc dans ce cas conservé intact.
Pour encrer, on peut utiliser divers outils : feutres, plumes, pinceaux ou rapidographes.
L’encrage est aussi l’étape qui permet de donner de l’épaisseur au dessin.
La mise en couleur :
La grande majorité des bandes dessinées sont rehaussées par la couleur.
Le style aux traits clairs de certains personnages offre un dessin précis aux contours simples
permettant une mise en couleurs facile et agréable. D’autres BD aux illustrations plus complexes
seront mises en valeur par une polychromie correspondante, faite de nuances et de subtilités.
Ici aussi, plusieurs instruments peuvent être utilisé pour le coloriage : feutres, crayons,
ordinateur, peinture etc. Il faut choisir ses instruments en fonction du résultat que l’on souhaite
obtenir. Les crayons, l’écoline ou l’aquarelle donnent des teintes claires et transparentes, la
gouache et les feutres de couleurs plus opaques et plus foncées, tandis que l’ordinateur produit
des couleurs plus brillantes. Il est également possible de mélanger plus d’une technique.
La mise en couleur nécessite la production de « bleus ». Cela signifie que deux copies réduites
d’une même planche sont nécessaires : une dont les traits pâles sont imprimés à l’encre bleue
(celle sur laquelle on appliquera la couleur), l’autre, copiée sur feuille transparente, dont les traits
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sont à l’encre noire. Une fois la peinture appliquée, le bédéiste y dépose la feuille de plastique. Les
traits noirs se superposent aux traits bleus et la planche apparaît colorée.
La mise en couleur est une dimension supplémentaire apportée à l’histoire. Le choix des couleurs
peut être symbolique et peut aussi exprimer les sentiments d’un personnage. Par exemple, le
vert est associé à la maladie, le blanc à la peur, le rouge à la colère, etc. Ne dit-on pas une colère
noire, un rire jaune ou être rouge de honte ? Pour les décors également, la polychromie permet de
créer des effets de froid, de nuit, de désert aride, de jour et de chaleur etc.
Ecrire les textes :
La rédaction des textes et des dialogues constitue une étape importante de la réalisation d’une
bande dessinée.
Le scénario, les textes, les dialogues sont tout aussi importants que l’illustration, même si
certaines BD ne comportent que du dessin.
Attention, une bande dessinée est en soi une recherche d’équilibre entre le texte et l’image, il est
donc inutile de décrire par écrit ce que le dessin montre déjà. Le dialogue doit compléter l’effet du
dessin.
La bulle entourant les dialogues des personnages s’appelle un « phylactère ». Les phrases de
narration sont quant à elles reprises dans ce que l’on appelle des cartouches.
Il peut être intéressant d’ajouter des effets sonores à l’histoire, de la bruiter avec ce qu’on
appelle des onomatopées. Il s’agit de transposer des sons en mots, par exemple : un téléphone
qui fait DRING, une sonnette qui fait DING-DONG etc.
Après s’être assuré que le scénario tient compte de l’ordre des séquences et qu’il contient
l’ensemble des textes, il faut réserver un espace suffisant dans les cases. Il faut viser le bon
équilibre entre le texte et l’image et éviter d’avoir une case surchargée de textes qui laisse peu
de place au dessin.
Il faut aussi choisir avec soin la forme des phylactères. Un contour approprié accentue l’effet des
dialogues. Des glaçons accrochés aux bulles souligneront la froideur d’une réplique, des fleurs
ajouteront du romantisme aux dialogues et un phylactère en forme d’explosion exprimera plus
facilement la colère d’un personnage.
Un bon lettrage est un autre élément essentiel. Les lettres majuscules en caractère gras
expriment la colère et les cris d’un personnage. Quel que soit le style de caractères utilisé, il doit
toujours être parfaitement lisible.
Même les appendices (les traits qui relient les bulles au personnage) peuvent transmettre des
émotions. Un appendice dont les traits sont hésitants et tremblants accentue par exemple
l’hésitation du personnage.
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GLOSSAIRE
Appendice
prolongement du phylactère reliant le dialogue au personnage qui parle.
Bédéiste
auteur de bandes dessinées (textes et illustrations).
Bédéphile
ami, amateur de la bande dessinée.
Bande
suite de cases placées sur une seule ligne. (=strip).
Cadrage
ligne entourant le dessin qui peut être de différentes dimensions.
Comics
bandes dessinées publiées aux Etats-Unis.
Crayonné
dessin original fait au crayon à mine.
Découpage
manière de disposer les différentes cases sur une planche de BD.
Encrage
mise à l’encre du crayonné original.
Idéogramme symbole remplaçant des mots et véhiculant une idée précise ou une émotion.
Lettrage
écriture descriptive des dialogues dans une BD.
Manga
terme qui désigne la bande dessinée et le dessin animé au Japon.
Neuvième art surnom attribué à la bande dessinée, tout comme le cinéma est désigné comme le
septième art.
Onomatopée mot qui transcrit les sons, BOUM ! par exemple.
Phylactère
trait, de forme souvent ovale et parfois rectangulaire, entourant les dialogues
des personnages. (=bulle).
Planche
création originale d’une page de bandes dessinées. Elle doit son nom à la solidité
du papier employé par les bédéistes.
Vignette
désigne chacun des dessins composant une BD. (= case).
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POUR EN SAVOIR PLUS
Voici quelques sources de renseignements qui vous permettront de continuer cette aventure en
dehors de l’exposition :
Tristan Demers et Jocelyn Jalette, La bande dessinée en classe, pour lire, écrire et créer !,
collection Parcours pédagogiques, 2006.
Karine Delobbe, La Bande dessinée, PEMF, 2003.
François Dimberton, Je réalise ma première bande dessinée, Paris, Vuibert, 2000.
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