Rapport de l`agrégation externe d`Histoire Session de 2005

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Rapport de l`agrégation externe d`Histoire Session de 2005
Rapport de l'agrégation externe d'Histoire
Session de 2005
AGREGATION EXTERNE
D'HISTOIRE
SESSION DE 2005
RAPPORT DU CONCOURS
SOMMAIRE
Présentation générale: p.2
Epreuves écrites
Première dissertation (Histoire médiévale): p.9
Seconde dissertation (Histoire contemporaine): p.32
Commentaire de texte (Histoire moderne): p.39
Dissertation de géographie: p.61
Epreuves orales
Leçon d'Histoire générale: p.68
Commentaire de document: p.79
Epreuve de Géographie: p. 100
Statistiques du concours: p.106
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Rapport de l'agrégation externe d'Histoire
Session de 2005
PRESENTATION GENERALE
Par Jean-Pierre JESSENNE,
professeur d’histoire moderne, Université Charles de Gaulle – Lille3
Nous souhaitons que les analyses par épreuves, qui constituent l’essentiel de ce rapport,
aident d’abord les candidats de la session 2005 à comprendre leurs résultats, qu'ils facilitent ensuite
la préparation en 2005-2006, en attirant l'attention sur les exigences et les défaillances
fondamentales trop souvent ignorées des étudiants, enfin qu'ils satisfassent la curiosité de tous les
collègues du secondaire et du supérieur qui trouveront des exposés fort riches sur les sujets traités.
Cette présentation générale, quant à elle, vise en premier lieu à rappeler l’esprit général du concours
en particulier, avant de tirer les enseignements d’ensemble des résultats et de rappeler l’engagement
collectif que suppose le bon déroulement des épreuves cette année encore.
Insistons d’emblée sur notre conviction que l'agrégation doit demeurer une clef de voûte
de notre système éducatif. Ce concours assure en effet un recrutement où l'égalité des candidats face
aux épreuves est garantie ; il exerce pour tous les établissements où il est préparé, à Paris comme en
régions, un effet d'entraînement sur l'ensemble du cursus universitaire. Pour nos disciplines, ce
concours de haut niveau promeut à la fois la capacité à la synthèse, l'acquisition d'une large culture
historique et la connaissance approfondie de programmes, qui sont choisis collégialement, autant
pour leur conformité avec une histoire en mouvement que pour leur intérêt dans l'enseignement
secondaire. Nous n'oublions pas, en effet, qu'il s'agit de recruter des futurs enseignants, qui se
retrouveront certes dans des situations fort diverses, mais qui ne sauraient réussir sans une solide
assise scientifique.
Dans ces perspectives, les épreuves valent par leur complémentarité qui garantit les
qualités fondamentales du chercheur comme de l'enseignant: deux dissertations exigent les aptitudes
à poser les problèmes, à organiser une réponse en mobilisant les connaissances nécessaires ; une
explication de document requiert notamment rigueur de l'analyse et esprit critique ; une dissertation
de géographie mobilise des démarches à la fois proches et complémentaires de celles de l'histoire et
manifeste l’heureuse originalité française qui fait que nos disciplines demeurent liées, notamment
dans l’enseignement secondaire . Cet enrichissement réciproque est d'ailleurs confirmé par
l'épreuve orale de géographie -commentaire de cartes ou d’un dossier documentaire- qui exige à la
fois des compétences spécifiques, d'observation des documents, de vocabulaire et d'interprétation,
mais aussi un constant réinvestissement de connaissances historiques, que les collègues géographes
favorisent par le choix des sujets et les questions. De même, dans cet oral, les deux épreuves
d'histoire mobilisent les capacités fondamentales de l'historien: recherche approfondie de
l'information et analyse critique pour l'explication de documents du programme ; repérage et mise
en œuvre d'une information progressivement affinée, puis synthèse pour l'épreuve que nous avons
tenu à appeler désormais leçon d'histoire générale pour mieux en restituer l'esprit. Evidemment,
pour ces oraux, les qualités de communication, indispensables à l'enseignant, interviennent
légitimement dans les appréciations.
Cet ensemble d'exigences ne peut pas être satisfait par une préparation superficielle ou par le
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seul coup de chance, comme le pensent certains, pas plus d'ailleurs que par l'apprentissage érudit et
accumulateur. En fait, la réussite au concours suppose d'une part la mobilisation d'acquis assurés
tout au long d'une formation sérieuse et sans lacunes béantes sur une période ou sur une discipline,
d'autre part une préparation spécifique, incluant non seulement la connaissance des programmes
mais aussi la préparation des épreuves. Insistons donc sur le fait qu'en un temps où l'organisation
des études universitaires tend à réduire les corrections approfondies de devoirs ou les interrogations
orales, il importe que les préparations prévoient ces exercices, qui pour être académiques n'en sont
pas moins formateurs.
A propos de l’oral, soulignons encore que si la construction didactique d’une démonstration
est indispensable, elle n’est pas suffisante pour persuader, encore faut-il mettre de la conviction et
de la force dans l’exposé. A cet égard, on peut regretter que les supports iconographiques mis à
disposition – transparents, cartes sur CD pour vidéo-projecteurs, etc. - demeurent trop peu ou mal
utilisés. Le jury reste en effet décidé, dans la mesure des moyens disponibles et grâce à une
collaboration approfondie avec les bibliothèques et le Lycée Louis le Grand, à mettre en œuvre les
accès nouveaux à la documentation et les différents modes de communication. Cette résolution
n’empêche pas la lucidité: annonçant en 2003 la possibilité pour les admissibles d’accéder
directement aux fichiers bibliographiques en début de préparation de la leçon d’histoire générale,
qui suppose justement une bonne maîtrise de l’approche documentaire, j’écrivais : « Ne nous
leurrons pas sur les effets automatiquement bénéfiques des solutions techniques! La qualité
intellectuelle et formelle des exposés continuera de dépendre avant tout de la réflexion et de la
clairvoyance des candidats ». Trop de préparationnaires hiérarchisent mal leur bibliographie, n’ont
pas recours à l’iconographie pour nourrir leur exposé ou l’utilisent en simple illustration sans le
moindre recul critique ou exploitation méthodique.
Terminons ces considérations générales sur une forte préoccupation à propos des liens
inévitables entre concours et évolution des comportements culturels d’une part, dynamique de
formation d’autre part. Il est indéniable que la tendance au fractionnement des raisonnements, les
difficultés de synthèse semblent s’accentuer à l’écrit comme à l’oral, en liaison sans doute avec
d’une part les formes prises par les modes d’information, d’autre part l’organisation des
enseignements universitaires plus fractionnés dans le temps des semestres et dans les programmes, à
quoi sont venus s’ajouter les incertitudes de la formation par la recherche dans le LMD. Nous
avons incité à prévoir des maquettes qui permettent des conjonctions entre UE des masters et
préparation des concours ; diverses solutions semblent avoir été trouvées, mais il est trop tôt pour
dresser un bilan . Sans ignorer les adaptations et les difficultés qui nous attendent, pour l’instant,
deux éléments semblent encourageants: la forte mobilisation pour continuer d’insérer l’agrégation
dans le dispositif et les niveaux d’engagement dans les préparations, dont témoignent les résultats
de 2005 .
La participation au concours.
Le nombre d’inscrits est quasiment stable à 3118 (contre 3061 en 2004), mais il est certainement
trop tôt pour dire si l’effet Master demeurera ainsi peu sensible, d’autant que les académies
parisiennes et quelques autres n’ont pas encore basculé dans le LMD. Sur ce total virtuel des
inscrits, 2004 personnes ont effectivement été présentes et – nombre évidemment le plus
significatif- 1788 ont composé aux quatre épreuves de l’écrit, soit 57,3% des inscrits, pourcentage
stable et plutôt satisfaisant. Ces nombres confirment que l’agrégation d’Histoire demeure un
objectif mobilisateur pour les étudiants.
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L’admissibilité
Le nombre de postes mis au concours a heureusement un peu augmenté par rapport à 2004, 128
contre 115. Nous nous en sommes tenus à la pratique usuelle de l’admissibilité d’un nombre de
candidats grosso modo double de celui des reçus, en fait 254 ; retenir un nombre plus élevé posant
des problèmes de calendrier insolubles compte tenu de la nécessaire coordination avec le CAPES et
du groupement d’un nombre élevé de candidats à la barre. Celle-ci demeure très proche des années
antérieures, à savoir 33,5 sur 80 (contre 33 en 2003 et 2002, 32,5 en 2004). Au total, il est vain
d’inférer de ces chiffres des observations significatives quant aux niveaux et aux comportements
des candidats.
Avant quelques observations sur les différentes épreuves, il importe de souligner deux règles
auxquelles se conforme scrupuleusement le jury dans le choix des sujets. En premier lieu, les
épreuves de l'agrégation d'histoire sont l'objet d'un tirage au sort ; par conséquent, aucun pari n’est
rationnel et justifiable dans une préparation sérieuse ; par ailleurs, les membres du jury sont appelés
à proposer des sujets qui soulèvent des questions centrales dans les programmes, tout en requérant
des capacités de réflexion et de synthèse autant que la mise en œuvre de connaissances
fondamentales ; en aucun cas nous ne cherchons à surprendre, en revanche nous avons le souci
d’aborder, au travers des différents sujets, des champs différents de la science historique
Les dissertations ont porté sur l’histoire médiévale et l’histoire contemporaine. Les moyennes
s’établissent à 4,5 pour la première, à 5,3 pour la deuxième, différence logique dans la mesure où
l’épreuve d’histoire médiévale portait sur un programme nouveau et était la première - en général
suivie du nombre d’abandons le plus élevé. Les rapports spécifiques, établis par les collègues qui
ont proposé les sujets, donnent des indications plus précises sur les manières de les envisager. Je me
bornerai à souligner trois traits significatifs : le programme de médiévale incluait bien évidemment
la dimension économique, pourtant négligée dans certaines préparations comme dans les « modes »
historiques, la faiblesse de certaines copies révèle ce travers ; paradoxalement, la dimension plus
abstraite, « généraliste » et polysémique du sujet de contemporaine, « L’ennemi », a mis en
difficulté les candidats en peine pour clarifier leur appréhension du sujet, bâtir un plan méthodique
et tentés par un vague traitement sans appui sur des données chronologiques et factuelles précises ;
comme d’habitude, l’explication de document, une lettre de Jefferson, parisien en août 1789, à
Madison sur la Révolution française, révèle crûment à la fois les insuffisances de connaissances –
bizarrement les événements de l’été 1789 en France sont trop souvent mal connus- et le manque
d’exigence critique face aux analyses d’un auteur à la fois lucide et fortement marqué par ses
visions d’une solution politique à la crise française ; enfin, en géographie, les correcteurs ont
retrouvé les habituelles indigences, de vocabulaire, de localisation et de croquis notamment, et des
faiblesses plus spécifiques sur l’Afrique. Au total, soulignons une fois encore des exigences
fondamentales : des connaissances à large spectre sont nécessaires, mais la réflexion sur le sens des
sujets et leurs diverses dimensions sont aussi indispensables pour dépasser un traitement qui, sans
être calamiteux demeure souvent partiel, superficiel et descriptif –ce qui explique le nombre élevé
de notes faibles dans un concours exigeant où les barèmes visent évidemment à dégager les
meilleures prestations ; enfin il est légitime que pour aller vers celles-ci, il faille ajouter une
logique argumentaire rigoureuse et des qualités de rédaction, qui sont trop souvent négligées.
Au total, on relèvera que si la moyenne des candidats est un peu inférieure à 5, celle des
admissibles s'établit à un peu plus de 10. Le haut niveau de l'agrégation rend difficile l’admissibilité
pour les candidats qui présentent une faiblesse notoire dans l'une des périodes ou des matières.
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L'oral et l'admission
251 admissibles sur 254 ont satisfait aux trois épreuves d'oral ; le président regrette que malgré les
efforts d’accueil et les encouragements, certains candidats ne soient pas parvenus à surmonter leur
stress ou leur fatigue ; la succession des oraux de Capes et d’Agrégation, alourdie par la chaleur, est
sans doute une des causes que nous ne pouvons qu’atténuer en coordonnant les calendriers. Il
revient aux candidats d’inclure dans leur préparation la vigilance sur leur forme physique.
Les non-éliminés obtiennent une moyenne de 8,5 sur 20 à l’ensemble des épreuves. Ce résultat
demeure stable. La moyenne des 128 admis, 10,1, s’avère en légère progression. L’oral d’agrégation
montre que l’Université demeure capable de faire émerger un contingent conséquent de jeunes
historiens et futurs enseignants de qualité.
Je me bornerai à de brèves remarques sur chacune des épreuves et je renvoie aux graphiques et
aux rapports spécifiques pour les commentaires précis. La première est donc une leçon d’histoire
générale ; la dénomination souligne qu’il s’agit de mobiliser efficacement et de restituer
pédagogiquement des informations essentielles sur une question d’histoire importante pour la
période considérée. Le rapport sur l’épreuve précise clairement les exigences et les lacunes
observées, qui aboutissent à une moyenne quasi stable de 6,4 . On peut résumer ces lacunes en
remarquant que beaucoup de leçons, sans être infamantes, demeurent approximatives, sans ligne de
force nettement tracée et trop peu enrichies de documents indispensables, comme les cartes malgré
la mise à disposition d’un fichier de cartes sur CD projetables par vidéo-projecteur, etc. Insistons
donc sur la nécessité de préparer cette épreuve, au cœur des exigences spécifiques requises par
l’agrégation et sans doute rendue plus difficile par le plus grand éparpillement culturel et
universitaire des parcours de formation. La moyenne de l’explication de document historique est
de 7,7 ; on y observe un plus grand nombre de notes supérieures ou égales à dix dans un exercice
couramment pratiqué et portant sur des questions étudiées, mais les défauts signalés pour l’écrit,
notamment le manque de sens critique, sont plus criants encore quand ils se manifestent à l’oral. En
géographie (moyenne: 7, 7) , on note comme les années précédentes un fort étalement des résultats,
même si semble se réduire le contingent des candidats qui refusent le moindre effort dans un
exercice qui doit être familier à tous les enseignants d’histoire et géographie. En revanche, on
perçoit bien l’inégale préparation des étudiants, même sérieux ; de toute évidence, l’effort des
universités dans cette préparation géographique doit être plus systématique.
Nous terminerons par quelques observations sur les profils des reçus. Alors que les années
antérieures avaient donné une répartition par sexe plutôt équilibrée, cette année est marquée par une
disparité favorable aux candidats : compte tenu de la quasi similitude du nombre d’inscrits et
d’inscrites, elle est d’ailleurs surtout spectaculaire pour l’admissibilité : 162 hommes admissibles,
92 femmes ; l’écart est en partie comblé à l’oral mais il demeure en partie (74 admis, 54 admises) ;
aucune explication vérifiable nous semble pouvoir être proposée.
Diplômes et professions des admissibles et des reçus ne réservent guère de surprises:
majorité d’étudiants (61 admis sur 126 admissibles soit un taux de réussite à l’oral un peu inférieur
à 50% pour la moitié des postes), contingent habituel de normaliens avec 32 admis pour un quart
des postes, 22 admis IUFM pour un total de 59 admissibles. On sait que la répartition par
académies fait intervenir de si nombreux facteurs qu’elle ne doit pas être sur-interprétée : Paris avec
un tiers des inscrits ( près de 1000) totalise près de la moitié des admissibles et des admis ; Lyon a
un ratio très favorable : 5,5 % des inscrits, 16, 4% des admis, mais il faut évidemment tenir compte
de la place de l’ENS dans ce résultat ; 8 autres académies provinciales sans ENS ont au moins 3
admis ce qui garantit le caractère authentiquement national du concours, même si une fois de plus,
on regrettera que ce soit pour elles que l’écart entre l'admissibilité et l'admission est le plus fort. A
cet égard, professeur d'une université en région, j'encourage les étudiants des établissements de
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province à prendre confiance dans la possibilité de réussir l'agrégation, donc à soigner cette
préparation, y compris de l'oral ; c'est la condition du succès qui n'est nullement l'exclusivité de
quatre ou cinq centres de préparation.
En conclusion de ce rapport introductif, je tiens à souligner deux points essentiels dans le
déroulement du concours. En premier lieu, il me faut revenir sur l'esprit de solidarité, d'écoute
réciproque et de respect des candidats qui anime les membres du jury, notamment à l'oral. J'en
remercie tous les collègues, avec une mention particulière pour les vice-présidents et le secrétaire
général dont l'aide ne m'a jamais fait défaut. Cet esprit est bien sûr étayé par la conviction de l'utilité
des concours qu’il s’agit de sauvegarder sans refuser les nécessaires adaptations ; il s'incarne aussi
dans le souci déontologique de garantir la totale indépendance des membres du jury. En même
temps, et c'est le deuxième point concernant le déroulement, sur lequel je voudrais insister,
notamment pour les étudiants, collègues extérieurs au jury et lecteurs qui n'en ont pas toujours
conscience, le concours repose sur la participation de partenaires multiples: pour l'organisation
générale interviennent la Direction des personnels enseignants des lycées et collèges du Ministère
de l'Education Nationale, les rectorats, le service académique des examens et concours des
académies de la région parisienne ; dans la préparation de l'oral, les responsables des bibliothèques
et leur personnel jouent un rôle décisif ; une mention particulière s’impose pour Me la Directrice,
Mes les Conservateurs et toute l’équipe de la Bibliothèque de la Sorbonne, qui jouent un rôle décisif
et indispensable pour le bon déroulement de l’oral ; mais je ne saurais oublier les autres
bibliothèques plus ou moins sollicitées : Institut de géographie, Sainte-Geneviève, Cujas, Ecole
Normale Supérieure, Institut d’Etude Politiques et divers autres centres. Les secrétaires et
appariteurs vacataires accompagnent les candidats au fil des épreuves et exercent une fonction
scientifique et humaine importante. Les délibérations du concours et l'oral d'histoire, se déroulent
au Lycée Louis-le-Grand dans des conditions particulièrement propices et renforcées cette année par
une collaboration sur les moyens audio-visuel ; nous en remercions particulièrement M. le
Proviseur, Me l’intendante et le personnel, nos collègues historiens-géographes. Enfin, je ne saurais
oublier les moyens et l'accueil que nous réservent les Universités associées et les personnels à
l'institut de Géographie.
Au nom du jury, je tiens à remercier très chaleureusement tous ceux que j’ai sollicité et côtoyé au
cours de ces quatre années et qui ont à des titres divers mais tous importants, assuré le bon
déroulement de l’agrégation d’histoire, avec rigueur et humanisme.
Le jury, présidé par M. Jean-Pierre Jessenne, professeur d'histoire moderne à l'Université de
Lille III, était ainsi composé :
Vice-Présidents:
Histoire: Me Geneviève Hoffmann (Amiens), M. Christophe Picard (Paris I), M. Laurent Wirth
(Inspecteur général de l'E.N.)
Géographie: M. Jean-Louis Tissier (Paris I), Me Colette Vallat ( Paris X)
Secrétaire général
Jean-Marc Wolff (Cl. Prépa., Henri IV, Paris)
Autres membres du jury d'oral
Histoire ancienne: MMes et MM Christine Hamdoune (Montpellier III), Anne Jacquemin
(Strasbourg II), Bernard Legras (Reims), Yves Modéran (Caen)
Histoire médiévale:MMe Elisabeth Crouzet-Pavan (Paris IV), Laurent Feller (Paris I), MM
Jean-Louis Gaulin (Lyon II), Michel Kaplan (Paris I)
Histoire moderne: MM. Pierre-Yves Beaurepaire (Nice), Jean Duma (Paris X-Nanterre),
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Mme Christine Lamarre (Dijon), M. François-Joseph Ruggiu (Bordeaux III)
Histoire contemporaine: Me Annette Becker (Paris X Nanterre), MM. Philippe Buton
(Reims), Jean-François Chanet (Lille III), Enrique Leon (Cl. Prépa, Paris).
Géographie: MMes et MM. Valérie Batal (Cl Prépa , Versailles), Guy Baudelle (Rennes II),
Nathalie Bernardie (Limoges), Yves Bocquet (Dijon), Clotilde Druelle-Korn (Cl. Prépa., Paris),
Bénédicte Thibaud (Poitiers)
La correction de l'écrit a aussi été assurée par:
Histoire médiévale: MMes et MM. Damien Boquet (Aix-Marseille I), Germain Butaud
(Nice), Aymat Catafau (Perpignan), Noëlle Deflou-Lecas (Grenoble II), Claude Denjean (Toulouse
II), Thomas Granier (Montpellier III), Michelle Jablon-Israel (Cl. Prépa., Strasbourg), Benoit
Joudiou (Toulouse II), Thierry Kouame (Orléans), Elodie Lecuppre-Desjardins (Lille III), Gilles
Lecuppre (Paris X-Nanterre), Samuel Leturcq ( Tours), Olivier Marin (Paris XIII), Anne MassoniHubert (Limoges), Charles Mériaux (Reims), Corinne Péneau (Paris XII-Créteil), Alain Provost
(Arras), Anne Reltgen-Tallon ( Amiens), Lydwine Scordia (Rouen), Ludovic Viallet (ClermontFerrand)
Histoire moderne: Mmes et M.M. Serge Bianchi (Rennes II), Nicole Berezin (Cl. Prépa,
Paris), Michel Biard (Rouen), Laurent Bourquin ( Le Mans), Gilbert Buti (Aix-Marseille I), JeanLuc Chappey (Clermont-Ferrand), Clarisse Coulomb (Grenoble II), Marie Drut-Hours (Metz), JeanFrançois Dunyach (Paris IV), Edmond Dziembowski (Besançon), Guillaume Garner (ENS Lyon),
Marie-Laure Legay (Lille III), Rémi Mallet (Cl. Prépa, Caen), Catherine Martin (Nancy II), Anne de
Mathan (Brest), Vincent Milliot (Caen), Valérie Piétri (Nice), Thierry Rentet (Paris XIII), Agnes
Walch (Arras), Nathalie Wolff-de Buzon (Cl. Prépa, Vanves).
Histoire contemporaine : Mmes et MM. Juliette Aubrun (Versailles –St-Quentin), David
Bellamy (Amiens), Frédéric Chaubet (Tours), Lionel Dumond (Montpellier III), Pierre-Michel
Durand (Cergy-Pontoise), Jean Folliet ( Cl Prépa, Lyon), Richard Galliano (Cl. Prépa, Poitiers),
Pascale Goetschel (Paris I), Philippe Grandcoing (Cl. Prépa., Limoges), Frédéric Gugelot (Reims),
Jean-Marc Guislin (Lille III), Serge Hénin (Cl. Prépa., Mantes-la-Jolie), Christian Ingrao (UC. de
l’Ouest, Angers) Olivier Loubes (Cl Prépa, Toulouse), Edouard Lynch (Lyon II), Chantal Pétillon
(Valenciennes), Alain Rogues (Cl. Prépa., Neuilly-sur-Seine), Cécile Sibout (Rouen), Florence
Tamagne (Lille III), Raphaele Ulrich-Pier (Ecully).
Géographie: MMEs et M.M. Gérard Bacconnier (Cl. Prépa., Lyon), Pierre Bergel (Caen),
Elisabeth Bonnet-Pineau (Cl. Prépa Le Raincy), Lydia Coudroy-De Lille (Lyon II), Gilles Fumey
(Paris IV), Bernard Gilbert (Cl. Prépa, Rennes), Jeanne Hoeblich (Amiens), Jean-Marc Holz
(Perpignan), Laetitia Laumonier (Paris XII), Emmanuel Lezy (Paris X), Antoine Leblanc (Aix),
Fabrice Maccaglia (Versailles), Delphine Pages-Elkaroui (Poitiers), Patrick Pigeon (U. de Savoie),
Marie Plancq (Paris I), Emmanuel Schiffre (Nancy II), Anthony Simon (Lyon III), Jean-Marie
Théodat (Paris I).
Auraient participé à la correction de l’Histoire ancienne
Mmes, MM Bernadette Cabouret-Laurioux (Avignon), Vincent Azoulay (Arras), Laurent
Capdetrey (Poitiers), Jean-Christophe Couvenhes (Tours), Véronique Chandowski-Sablé (Lille III),
Frédérique Duyrat (Orléans) , Christophe Feyel (Clermont-Ferrrand II), Pierre Fröhlich (Paris I),
Guy Labarre (Lyon II), Jean-Yves Marc (Strasbourg), Christelle Müller (Paris I), Jacques Oulhen
(Rennes), Annette Peignard-Giros (Lyon II), Eric Perrin-Saminadayar (Saint-Etienne), Francis Prost
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(Ecole Normale Supérieure), Philippe Rodriguez (Saint-Etienne), Evelyne Samama (Reims), Pierre
Schneider (Arras), Laurianne Sève (Paris X), Anne-Emmanuelle Veisse (Marne-la-Vallée).
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PREMIERE DISSERTATION (HISTOIRE MEDIEVALE)
Durée : 7 heures
Sujet : Les fondements et les manifestations de la puissance économique des villes
d'Italie du milieu du XIIe au milieu du XIVe siècle,
Par
Elisabeth Crouzet-Pavan, professeur à l’Université de Paris IV Sorbonne
Jean-Louis Gaulin, professeur à l’Université de Lyon II
Remarques liminaires
Le sujet proposé était volontairement vaste et supposait un effort de réflexion et des qualités
de synthèse. La notion de puissance économique devait être l’occasion d’explorer dans sa globalité
l’essor des villes d’Italie, du nord au sud, et sur l’ensemble de la période. Plusieurs plans étaient
possibles et ont été acceptés dans la mesure où ils permettaient de rendre compte du sujet dans
toutes ses dimensions (plan à échelles, plan spatial…). L’important était de définir, puis de suivre,
le fil conducteur de la puissance économique, qu’on ne devait pas dissoudre dans une approche
illimitée et non structurée de la puissance envisagée sous l’angle militaire, politique, voire
symbolique.
On attendait que soit traité dans toute sa diversité évolutive l’espace italien ; on attendait aussi
que ne soient pas oubliées les faiblesses, limites et inégalités de la puissance économique des villes.
Introduction
A la veille de la Peste, les retentissantes faillites des compagnies toscanes inspirèrent à
Giovanni Villani une analyse lucide de l’économie de son temps. Créanciers des rois pour des
sommes énormes, les Bardi et les Peruzzi furent mis en difficulté par leur principal débiteur,
Edouard III, “ à cause de sa guerre avec le roi de France ”. L’importance des sommes avancées (900
000 florins d’or) et l’imbrication des réseaux internationaux, régionaux et locaux de l’argent
poussèrent à la faillitte “ plusieurs autres petites compagnies et de simples artisans ”. Ce fut, écrit-il,
la cause de “ la plus grande ruine et déconfiture que jamais connut notre commune de Florence ”, et
dont tirèrent seuls profit des usuriers qui accaparèrent “ les maigres ressources de nos citoyens et
des habitants du district ”.
L’épisode donne la mesure de la puissance économique atteinte par les villes d’Italie au
milieu du XIVe siècle, de leur capacité à mobiliser le numéraire, à l’investir dans des affaires
lointaines, à prendre des risques et affronter les revers de fortune. Il est également évocateur de
l’espace qui, de la Méditerranée à l’Europe du Nord, était familier aux marchands des villes de la
péninsule, Florentins, mais aussi Vénitiens, Génois, Placentins et tous ceux qui s’engouffraient dans
leur sillage. Villani suggère enfin que les investissements financiers concernent l’ensemble de ses
concitoyens, grands et petits marchands, mais aussi boutiquiers et habitants du “ contado ”.
Replacés dans la longue durée, les événements des années 1343-1346 invitent à réfléchir sur les
fondements et les manifestations de la puissance économique de ces villes d’Italie.
Deux siècles plutôt, la situation était sensiblement différente. Certes, les marchands italiens
fréquentaient les foires de Champagne naissantes ou les marchés méditerranéens d’Orient et
d’Afrique du Nord, mais leurs positions étaient encore très dépendantes des faits d’armes (3ème
croisade favorable à Gênes) ou de la diplomatie (Pise et Gênes disputent à Venise ses privilèges
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commerciaux dans l’empire byzantin). Politiquement, c’est au milieu du XIIe siècle que la
diversification des structures politiques devint patente entre la monarchie centralisatrice du
Mezzogiorno et les régimes urbains du centre-nord. Le thème est historiographiquement sensible,
mais pour l’heure, c’est encore Palerme, métropole méditerranéenne multi-ethnique qui attire les
regards et non Florence ou Milan. Quant aux techniques commerciales, elles franchissent, dans les
mêmes années, un seuil qui semblera pourtant rudimentaire deux siècles plus tard, avec l’apparition
des premiers registres notariés.
Ces quelques rappels donnent une idée du dynamisme économique qui fut celui des villes
d’Italie entre le milieu du XIIe et le milieu du XIVe siècle. Pour autant, la diversité des destins
urbains, les hiérarchies changeantes et l’esquisse d’aires régionales rendent difficile un traitement
chronologique du sujet. Distinguer entre fondements et manifestations ne semble pas davantage
pertinent. Les relations entre villes et campagnes, pour ne donner qu’un exemple, sont clairement
dialectiques : les campagnes favorisent l’essor urbain, lequel modifie les équilibres internes à la
société rurale qui à leur tour fragilisent la société urbaine. On préférera donc mettre en évidence la
genèse de la puissance économique des villes d’Italie, ses composantes, puis, comme la Nuova
Cronica de Villani nous y invite, ses limites.
I Genèse d’une position dominante
Pour comprendre la puissance économique des villes italiennes, l’avance même de l’Italie par
rapport aux autres pays européens, un ensemble de données quantitatives et qualitatives doivent être
avancées. Et la vigueur du fait urbain dans cette histoire de la création d’une position dominante
joue un rôle déterminant.
1)
Densité du maillage urbain et ampleur de l’inurbamento
Des campagnes bien sûr est partie l’onde la grande reprise démographique. Mais l’importance
de l’urbanisation dans la péninsule italienne représente un fait exceptionnel qui se traduit
concrètement par un taux d'urbanisation étonnant au regard du reste de l'Occident.
a) Croissance démographique et urbanisation
Un peu moins du quart sans doute de la population vit dans les villes, vers 1300, année
considérée généralement comme celle de l’apogée démographique. Selon une estimation récente
révisant à la hausse les chiffres jusqu’alors acceptés, l’Italie compte à cette date 12,5 millions
d’habitants et les villes renferment de 2,5 à 3 millions d’habitants. Au nord et au centre,
l'urbanisation massive a même instauré une situation plus encore originale. On dénombre, dans le
territoire de Padoue, deux urbains pour cinq ruraux. Dans celui de Pérouse, la proportion passe à
trois pour cinq. Le rapport s'établit à cinq pour sept dans celui de Bologne pour être quasiment d'un
pour deux en Toscane, dans les zones de Pistoia et de Florence.
Un réseau urbain à la forte densité a été constitué puisque la croissance a touché des villes
qui, héritage de l'histoire, étaient déjà bien plus nombreuses qu'ailleurs. Sur les 200 principales
villes italiennes du XIIIe siècle, seule une dizaine sont en effet des créations ex nihilo des XIe et
XIIe siècles (Fabriano, Alessandria ou Vittoria…). En dépit de l’absence d’informations précises,
on considère que les centres urbains étaient déjà à l’aube du premier millénaire plus nombreux et
plus peuplés dans l’espace italien que dans le reste de l’Occident. Puis, le grand essor urbain
démarre entre le Xe siècle, voire même le IXe siècle dans les cas les plus précoces à l’exemple de
Milan, et les XIe-XIIe siècles. La croissance s’accélère à partir du milieu du XIIe siècle avant de
connaître une nouvelle intensification au cours du XIIIe siècle comme en témoignent les chiffres,
comme en témoignent le développement topographique et les agrandissements répétés de murailles.
Le dynamisme des centres urbains avait, au cours du XIIe siècle, conduit à la construction d'une
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nouvelle enceinte qui avait marqué une forte extension de la surface bâtie : trente pour Gênes avant
les travaux, cinquante-trois ensuite; trente encore pour Pise, cent quatorze dans la seconde moitié du
XIIe siècle… Ces enceintes élargies sont, à la fin du XIIIe siècle, insuffisantes et de nouveaux murs
sont construits, à Sienne, à Florence. Décidée en 1284, commencée en 1299, terminée en 1333, la
troisième muraille florentine enferme six cent trente hectares.
b) Ampleur et caractères de l’inurbamento
Le taux d’urbanisation croît donc. Et l’accroissement naturel ne joue sans doute qu’un rôle
mineur. La croissance résulte d'abord des flux migratoires et les campagnes environnantes sont la
source principale de ces mouvements. Il faut donc souligner que toutes ces villes, quelle que soit
leur taille, aspirent les hommes et les richesses de leur contado, s'en nourrissent et prospèrent.
On insistera d’abord sur le plus singulier, la diversité des statuts sociaux de ces migrants et
l'inurbamento, au cours des XIIe-XIIIe siècles, d'une aristocratie rurale, appelée à devenir une
aristocratie citadine. Il est difficile d’apprécier l’ampleur de l’inurbamento seigneurial jusqu’aux
dernières années du XIIe siècle. Bien souvent, c’est tard dans le XIIIe siècle (ainsi à Pérouse) que
l’on découvre en ville la présence de familles seigneuriales dont rien ne permet de connaître la date
ni les conditions de l’installation intra-muros. Limité à quelques cas isolés jusqu’au début du XIIIe
siècle, l’inurbamento des seigneurs du contado se transforme ensuite en un mouvement de plus
vaste ampleur dont les conséquences et l’impact sur la vie de la cité varient (osmose réussie à
Arezzo de l’élite citadine et de la noblesse rurale, intégration à Asti où ces lignages de seigneurs
s’engagent dans les années 1270-80 dans les activités économiques de nature commerciale et
bancaire, mais exemple contraire de Milan où la situation évolue à contre courant du reste de l’Italie
communale).
Mais les caractères évolutifs de ces flux migratoires doivent aussi être mis en relief. Notables,
moyens et petits propriétaires, notaires, partent en ville (émigration des possédants), bientôt
dépassés en nombre à mesure qu'on avance dans le XIIIe siècle par les plus pauvres. Ce sont là des
migrations massives, qui tendent des liens entre la cité et ces campagnes environnantes. Des
migrations à moyenne et longue distance pouvaient en outre venir concerner ces centres attractifs.
Le fait est évident pour les villes portuaires mais il est attesté aussi pour nombre de villes de
l’intérieur. Enfin, les villes italiennes rayonnent hors même de la péninsule : il existe une véritable
diaspora des Corses vers Gênes, la Toscane et Rome.
A ces courants migratoires largement spontanés, même si des transferts de population au
moment de la conquête du contado entraînés par la destruction de centres de peuplement (Marches
par exemple), purent accélérer le mouvement, la ville trouve des avantages multiples. Jusque dans le
courant du XIIIe siècle, les autorités publiques encouragent donc plutôt ces flux plutôt par le biais
de concessions de citoyenneté et d’exemptions fiscales.
Un réseau urbain exceptionnel par là même a été créé.
c) Un réseau urbain exceptionnel
A l’exception de Paris, les grandes métropoles européennes sont situées en Italie : Milan,
Venise, Florence, qui atteignent ou dépassent les 100 000 habitants, Gênes dont la population se
situe à hauteur de 50 et 60 000 ha. Vérone, Brescia, Bologne, Pise, Sienne, peut-être Palerme et
Crémone renferment sans doute plus de 40 000 habitants. L'extraordinaire densité du tissu urbain se
manifeste avec plus encore de netteté si l'on prend en compte le nombre de cités grosses de 20 à 40
000 habitants, (Ancône, Pérouse, Rome, Naples…) et fortes de 10 à 20 000 ha (autour de 59). S'y
ajoute une centaine de centres entre 5 et 10 000 habitants.
Un exemple sera pris en compte celui de la Toscane, l’aire la plus urbanisée de l’Italie et
probablement d’Europe au début du XIVe siècle, où la hiérarchie urbaine est extrêmement nette. Ici,
la pyramide urbaine se compose de quatre étages bien marqués. Au sommet, se trouve Florence qui
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tend à se dégager comme capitale régionale. La hiérarchie a bougé. Pise avait, au XIIe siècle, au
rythme de son expansion maritime, connu un net dynamisme. Grâce à un développement
exceptionnel au cours du XIIIe siècle (de 15 000-20 000 habitants en 1200 à 95 000-11 000 en
1300) Florence est devenue une métropole régionale incontestée. Suivent Pise et Sienne qui
compteraient de 40 à 50 000 habitants. Lucques et Arezzo viennent ensuite et approchent les 20 000
habitants. Quatre villes occupent l'échelon inférieur. Prato et Pistoia rassemblent un peu plus de 10
000 habitants; Volterra et Cortona sont certainement d'une taille plus réduite. Sept ou huit villes
plus modestes, autour de 5000 habitants, forment la base de la pyramide et organisent le reste du
territoire.
Il est un deuxième facteur structurant qui explique la formation de cette position économique
dominante. Les villes ont été les centres moteurs de la révolution commerciale et de ces centres
procèdent l’ouverture sur le monde et les échanges lointains. Nous approchons donc maintenant
l'économie italienne par son aspect le plus connu, celui du grand commerce et des mouvements
financiers. La tentation, sans doute, peut être grande d'esquisser l'histoire d'une économie italienne
que dominerait la mer ou, du moins, les trafics. Ce serait oublier que la prospérité de l’économie
italienne connut d’autres traductions. Reste qu’approchant les trafics italiens et les réseaux
financiers, nous découvrons un des aspects les plus caractéristiques de l’économie italienne.
2) une position unique dans les échanges
a) Une tradition commerciale ancienne : les villes de l’Italie byzantine
La lente renaissance du commerce occidental en Méditerranée opère d'abord à partir des villes
qui continuaient à entretenir des liens avec Byzance et le monde musulman.
Ainsi peut-on citer les ports du sud italien, Bari, Naples, Gaète, Salerne et en particulier celui
d’Amalfi situé sur la côte de Campanie, qui parvient à mettre sur pied un système commercial
original et à s'affirmer graduellement comme un intermédiaire du commerce entre l'Orient et
l'Occident. Les Amalfitains sont donc présents à Constantinople. Comme ils sont actifs au Caire et à
Alexandrie en ces années où la conquête fatimide a entraîné un rééquilibrage des principaux centres
du commerce. Jusqu'à la fin du XIe siècle, leur commerce fut singulièrement prospère. Mais dans
ces années se situe sans doute son zénith car dès lors la concurrence vénitienne s’intensifie.
Le modèle d’expansion vénitien s'explique aussi en premier lieu par les rapports privilégiés
que cette cité, ancienne possession byzantine, maintient avec l'empire d'Orient. Par la lagune,
transitaient une bonne part des exportations byzantines vers l'Occident tandis que les esclaves, le sel
et le bois étaient envoyés vers Byzance et le Levant musulman. Venise était donc le carrefour du
trafic fluvial et maritime entre l’Europe continentale et Byzance. Mais ces liens privilégiés ne
doivent pas faire oublier que Venise contrôle le nord de l’Adriatique et la Dalmatie et qu’elle
développe d’intenses relations avec les Pouilles, la Sicile et l’Afrique du Nord.
En outre, ce commerce lointain irrigue assez largement l’espace italien. Ces ports italiens sont
aussi les têtes de pont de trafics interrégionaux, avant d’être intra européens. Amalfi constituait un
pôle d’échanges intenses avec les autres ports italiens (Pise, Gênes, Ravenne, Palerme). L’exemple
vénitien illustre nettement les dimensions associées des trafics maritimes et continentaux et
l’importance du contrôle des grands réseaux fluviaux.
L’élargissement des horizons économiques avait d’abord résulté du rôle joué par les villes de
l’Italie méridionale et Venise. Puis, les échanges se structurent selon des flux différents dans un
marché où l'Occident pèse d'un poids nouveau.
b) Sur mer : l’émergence de nouveaux acteurs dominants
Les deux villes de Pise et de Gênes, bien situées sur la Tyrrhénienne, montent en puissance.
Et la croissance de ces ports est placée sous le double signe des raids prédateurs (razzias, butin) et
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de la croisade. L’expansion intéresse d’abord la Méditerranée occidentale et cette “ reconquête de la
Tyrrhénienne ”, au prix d’expéditions successives, prend plus d’un siècle. Quand commence notre
période, Pisans et Génois commercent dans les ports de l’Afrique du Nord et de la péninsule
ibérique; ils entretiennent des relations privilégiées avec la Catalogne et les ports de France du Sud
et sont très présents en Italie du Sud. Si Pise a réussi à fortement s’établir en Sardaigne, la Corse est
partagée en deux sphères d’influence. Au cours du XIIIe siècle, Gênes tend toutefois à instaurer à
son profit de nouveaux équilibres : elle domine les relations économiques avec les centres urbains
de Provence et du Languedoc, elle affermit son contrôle sur la Corse (fondation de Calvi en 1268) ;
elle renforce ses positions sur la côte africaine, en Sicile et dans la péninsule …
Par ailleurs, en Méditerranée orientale, la première Croisade, avec la création des états francs,
avait offert aux Génois et aux Pisans la possibilité de s’insérer dans les circuits commerciaux du
Levant par la concession, en récompense de l’aide fournie, de privilèges commerciaux et de
comptoirs permanents dans les ports des états latins d'Orient. Un fait doit être toutefois souligné : le
commerce avec l'Orient latin ne se suffit pas à lui-même; il s'insère dans un réseau de relations
commerciales plus vaste qui concerne tout le bassin oriental de la Méditerranée. Génois et Pisans
sont présents, comme les Vénitiens, sur les places égyptiennes, à Alexandrie, Le Caire, Damiette. Ils
obtiennent à leur tour des privilèges et un établissement permanent à Constantinople. Mais si Pisans
et Génois concentrent leurs activités à Constantinople, les Vénitiens sont présents commercialement
dans tout l'empire où ils jouent un rôle actif dans les trafics interrégionaux. A la fin du XIIe siècle,
les Italiens ont imposé leur domination économique en Méditerranée orientale et l’émeute sanglante
de 1182 à Constantinople, dirigée contre les Italiens, après la première crise de 1171 qui s’était
traduite par l’expulsion des Vénitiens, traduit bien la montée des tensions.
Au début du XIIIe siècle, la géographie des établissements commerciaux des républiques
maritimes en Méditerranée orientale est bouleversée. L’emprise des cités marchandes italiennes
s'affermit. Les "empires" sont constitués et le vénitien se forme en premier lieu. Dans le vaste stato
di mar, deux types de territoires doivent être distingués. Et d’abord les possessions dites du Golfe,
c'est-à-dire de l'Adriatique. Dès le milieu du XIIIe siècle, la flotte vénitienne était parvenue à
contrôler les mouvements commerciaux au nord d'une ligne allant d'Ancône à Zara. Puis, sur les
possessions du Levant, après la quatrième croisade, fut bâtie la primauté vénitienne. A Venise, fut
attribué, en mai 1204, le quart de la Romanie. La Crète, qui fut achetée, vint compléter ce système
d'escales et de places. Venise était parvenue à construire un empire maritime et à établir une
position dominante sur le marché de Constantinople. Les Génois, exclus des grains de la conquête,
répondent par une stratégie agressive : le recours à la guerre de course et l’alliance avec l’empire
grec reconstitué à Nicée. Ils sont donc sans surprise les grands bénéficiaires de la reconquête
byzantine, entreprise après le traité de Nymphée (1261). Pour prix de leur alliance, ils sont autorisés
à s'installer dans Constantinople reprise et ils établissent leur quartier à Péra, sur la rive
septentrionale de la Corne d'Or. Ils reçoivent en outre des points d'appui sur la côte d'Asie mineure
et obtiennent de nouveaux comptoirs dans les îles de Chios et de Lesbos. Enfin, ils pénètrent en mer
Noire. Une Romanie génoise a été ainsi formée, un empire commercial qui ne s’appuie pas sur une
véritable domination territoriale.
Enfin n’oublions pas que, par ces fenêtres portuaires, les centres urbains de l’intérieur
participent à ces trafics maritimes et qu’il y a donc une diversité des acteurs économiques.
c) La projection continentale
Dans le même temps, les Italiens tendent à assurer un rôle accru dans les relations Nord/Sud.
Un certain nombre de foires se tenait le long des routes allant de la Mer du Nord à la Méditerranée,
mais vers 1180, les foires de Champagne, à la lisière sud de la partie la plus développée de l’Europe
du Nord-Ouest devinrent de loin les plus importantes et le grand marché de l’Europe ( six foires
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dans les quatre villes de Troyes, Provins, Bar-sur-Aube, Lagny…). Les communications sont
facilitées par l’ouverture du col du Saint-Gothard en 1230.
Ces foires sont d’abord massivement fréquentées par les Génois, les Astesans et les
Placentins. Et ainsi découvrons-nous le rôle des cités de l’intérieur. Dès la seconde moitié du XIIe
siècle, les hommes d’affaires d’Asti sont nombreux à Savone et surtout à Gênes où ils achètent des
produits d’origine orientale qu’ils redistribuent dans le Piémont, dans l’est de la France, en
Rhénanie et surtout aux foires de Champagne. Plaisance illustre la prospérité précoce, en Italie du
Nord, d’une ville située sur le Pô et sur la via Francigena. Une foire s'y développe. Ce décollage
économique, ces disponibilités financières expliquent que les Placentins se font prêteurs,
marchands, banquiers. Comme les autres Lombards, ils exploitent le dynamisme génois. Mais, plus
que les autres Lombards, ils mettent en place avec le port ligure des relations économiques étroites
et privilégiées. Dès le milieu du XIIe siècle, une colonie placentine est installée à Gênes. Ces
Placentins deviennent des intermédiaires commerciaux actifs. Ils font des affaires en France du Sud,
à Marseille ou à Nîmes, aux foires de Champagne, plaque tournante de tous les échanges
commerciaux et financiers qui irriguent l’Europe entre la fin du XIIe siècle et la fin du XIIIe siècle.
Les fortunes placentines, telles celles des familles Anguissola ou Scotti, se bâtissent sur le
commerce des draps et des toiles, achetés en Champagne, revendus à Gênes et en Lombardie.
Enfin, dès le début du XIIIe siècle siècle, à côté de ces Placentins, ou des autres Lombards,
originaires de Milan, de Crémone, d'Asti ou de Novare, les Toscans apparaissaient à Lagny ou à
Bar-sur-Aube: Siennois, Lucquois, Florentins aussi, quoiqu'ils soient encore, face à ces Siennois,
dans une position seconde. C’est l’époque des puissantes compagnies commerciales et bancaires des
Tolomei, Salimbeni, Piccolomini, Gallerani, de la Gran Tavola des Bonsignori… Mais l’échelle et
la diffusion des activités florentines croissent à la fin du siècle à un rythme impressionnant.
3) Un savoir faire “ made in Italy ”
La puissance économique des villes d’I. s’explique aussi par un savoir faire commercial qui
repose sur un haut niveau d’instruction, l’essor du notariat et l’élaboration d’instruments d’échange
efficaces.
a) Des lettres et des chiffres
On peut partir du témoignage de Giovanni Villani, selon qui près d’un enfant sur deux
fréquentait l’école élémentaire à Florence au début du XIVe siècle et qui signale l’existence en plus
des “ petites ” et “ grandes ” écoles, de six écoles où l’on enseigne le calcul, l’abbaco. Sans
dissimuler le caractère exceptionnel de la situation toscane - il s’agit sans doute de la région la plus
alphabétisée en Italie et en Europe - celle-ci est significative du trend culturel qui, entre le milieu du
XIIe et le milieu du XIVe siècle, porte un nombre toujours plus grand de laïcs à se familiariser avec
l’écriture. Parmi eux, les marchands tirent grand profit de la maîtrise des lettres et des chiffres.
Un renouvellement du système d’instruction rendit possible une plus large diffusion des
connaissances élémentaires (lire, écrire, compter) lorsqu’à l'école traditionnelle tenue par le clergé
de la cathédrale et en principe gratuite, s'ajouta l'enseignement du maître de grammaire, gradué de
l’université ou simple notaire, rétribué pour l'apprentissage technique qu'il dispensait. Municipalisé
(à Trévise, dès 1231, il y a un “ maître public ”), ou non (à Venise, la Seigneurie laisse jouer l’offre
et la demande), ce nouveau mode de transmission du savoir répondait aux attentes des
administrations urbaines en plein essor qui avaient besoin d’officiers sachant lire et écrire, et de
ceux des citadins qui étaient les plus impliqués dans les échanges. Des laïcs plus nombreux ont ainsi
pu acquérir les rudiments de la culture écrite jusqu’alors réservée au clergé : les notaires en premier
lieu, mais aussi une partie des marchands et certains artisans.
Dans ce contexte favorable, des écoles spécialisées dispensent les connaissances plus
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directement utiles aux affaires. On peut prendre l’exemple de Gênes, ville pour laquelle on conserve
des contrats d’embauche de maîtres. Passé 1250, ces maîtres s’engagent à enseigner la grammaire “
secundum mercatores Ianue ” i.e. à délivrer aux jeunes garçons les connaissances utiles au
commerce. Cet usum mercatorum ajoute à l’apprentissage de la grammaire (latine) celui de
l’écriture en volgar et des règles de comptabilité nécessaires à la tenue du liber rationis que citent
tant de testaments de marchands génois. Il faut insister sur le caractère professionnel de cet
enseignement voulu par les marchands et dont le corollaire, à Gênes, mais aussi à Venise, fut un
relatif désintérêt pour les arts libéraux (sauf la grammaire).
Les marchands inventent ou adoptent de nouvelles techniques de calcul, d’écriture et de
représentation du monde. Du milieu des marchands et des navigateurs surgirent les premières cartes
maritimes et portulans. Dans ce domaine, le primat semble appartenir à Pise où fut réalisée, vers
1200, une carte commentée de l’ensemble de la Méditerranée, le Liber de existencia riveriarum et
forma maris nostri mediterranei. Les marchands apprirent les chiffres indo-arabes et l’usage du zéro
grâce au Liber abaci du pisan Leonardo Fibonacci (1202), bien qu’il faille insister sur la prudence
qui entoura la réception de cette nouveauté. C’est dans ce milieu, un siècle plus tard, que l’usage de
la comptabilité à partie double commence à être attesté. Des manuels de grand commerce, les
pratiche di mercatura, écrits par et pour les marchands commencent de circuler à la fin du XIIIe
siècle, et culminent, v.1340, dans le Libro di divisamenti di paesi e di misure di mercatantie du
Florentin Francesco Pegolotti. La culture du marchand, qui rassemble des connaissances
géographiques, historiques et commerciales, est encore illustrée au début du XIVe siècle par le
Liber secretorum fidelium Crucis dont l’auteur, Marino Sanudo Torsello, était issu d’une famille
liée à l’expansion vénitienne et aux croisades. Soucieux d’écrire autant que de compter, ces
marchands italiens ont aussi inventé une écriture propre à leur profession, la mercantesca. Distincte
de l’écriture notariale, elle servait à rédiger, dans la langue de tous les jours, la documentation écrite
de plus en plus diversifiée qui accompagnait l’activité commerciale de haut vol : correspondance
(instruction données aux facteurs, lettres de change), comptabilité (livre maître, livre des recettes et
des dépenses), inventaires etc. On n’oubliera pas que la mercantesca fut aussi employée pour la
copie des textes littéraires de nature variée qui intéressaient les marchands (traités techniques mais
aussi ouvrages religieux traduits).
Capables ou non de lire et écrire, marchands, artisans et autres citadins ne peuvent réaliser des
affaires sans les confier à la plume du notaire.
b) Le notaire et la certification des transactions
Le notariat italien devint, au cours du XIIe siècle, l’intermédiaire obligé de la plupart des
transactions marchandes. Profession urbaine, du fait de la localisation des écoles, des activités
marchandes et artisanales de la majeure partie de la clientèle et des liens tissés avec les
administrations, le notariat accompagne l’activité économique partout où elle se développe, en Italie
même, dans les villes et les campagnes, en Méditerranée, en mer Noire ou sur les foires de
Champagne. Le tabellion, cartulaire sous le bras, est indissociable de l’essor économique des villes
d’I. Plus précisément, la contribution du notaire à cet essor est de trois ordres : il assure, à faible
coût, la rédaction et la conservation des contrats entre particuliers et leur donne une valeur
authentique.
Le scribe du Haut Moyen Âge est en effet devenu, au cours du XIIe siècle, un officier institué
par l’autorité publique, empereur, pape ou commune. Il possède désormais la capacité - symbolisé
par l’invention du signum - de donner un caractère authentique à ses écritures, préparatoires (minute
ou brève) ou mises au net (mundum, instrument). Cette délégation qui donne à la main du notaire un
caractère public fonde la confiance que les contractants accordent aux écritures notariales : les
tribunaux les reçoivent, ce qui assure, pendant tout le XIIIe siècle, leur supériorité sur les écritures
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privées.
La rédaction de l’acte passe par trois étapes théoriques, brouillard, minute et instrument. Mais
le client ne réclame pas systématiquement l’extension de l’instrument, plus coûteux que la minute.
L’écriture centrale est la minute ou brève, parce qu’elle est pleinement probatoire, et parce qu’elle
est rédigée sur un cahier (quaternus) ou cartulaire qui est un gage de conservation. L’usage du
cartulaire ou registre de brèves est attesté dès 1154 à Gênes (Giovanni Scriba), se diffuse peu à peu,
et devient une obligation professionnelle. Les mêmes statuts de la profession rendent compte de la
diversité des solutions choisies pour assurer la pérennité des cartulaires : conservation par les
notaires eux-mêmes (cas le plus fréquent), versement des cartulaires des notaires défunts dans un
véritable dépôt d’archive (Gênes et Venise), réalisation de copies des actes les plus importants par
l’administration communale (Bologne puis les villes voisines, à partir de 1265, Trieste au début du
XIVe s.).
Il faut insister sur la banalisation du recours à l’écriture authentique des notaires : au besoin
de certification des affaires, répond une offre pléthorique et un coût modeste d’écriture. Même si le
cas de Bologne est exceptionnel (1308 notaires en 1294), les matricules de la profession
dénombrent tout de même 200 notaires à Gênes en 1258 et 564 à Milan en 1337. Le métier est
ouvert : il est synonyme de promotion sociale et de mobilité géographique au moins jusqu’au début
du XIVe siècle. Son essor est lié à celui des petites écoles : pour devenir notaire, il faut du latin et
des connaissances juridiques acquises en apprentissage chez un maître notaire. Cette disponibilité
notariale favorise les affaires au moins autant que le faible coût de la rédaction des actes. Dans
l’Italie communale, les villes ont souvent promulgué des grilles tarifaires qui maintiennent le prix
de l’acte ordinaire à un niveau très bas (quelques deniers, un sou ou deux). La rédaction d’une
minute et l’extension d’un acte ne représentent qu’un coût marginal par rapport au montant d’un
contrat.
c) L’invention de nouveaux instruments d’échange
Les notaires ont élaboré les outils contractuels nécessaires à la multiplication des échanges.
Mais les marchands, dont on a rappelé le savoir faire, se sont progressivement affranchis des
écritures notariales. On peut regrouper ces instruments en trois catégories qui ne sont évidemment
pas étanches : prêt, association de capitaux, change.
Il faut mettre à l’actif des notaires la simplification des actes relatifs au crédit. Ils substituent
aux actes longs et complexes qui exprimaient le prêt sous la fiction d’une vente, des contrats de prêt
qui formalisent en quelques lignes la relation débiteur/créancier, le terme et le montant de la dette.
Cette simplification est acquise au milieu du XIIe siècle à Gênes, quelques décennies plus tard dans
les villes de l’intérieur. Le contrat de prêt simple, le mutuum, est le plus répandu de ces actes de
crédit : il fournit à lui seul entre le 1/4 et le 1/3 des actes notariés aux XIIe-XIIIe siècles. C’est une
solution de financement à court terme (quelques semaines ou mois), assortie d’un intérêt élevé,
exprimé ou non.
Le problème crucial du financement des affaires est résolu par l’invention d’actes organisant
l’association de capitaux et leur rétribution licite. L’investissement dans de petites affaires
artisanales, desquelles on peut rapprocher les baux à cheptel, passe par des contrats ad laborandum.
L’aventure maritime est financée par des contrats bien connus : la commenda à Gênes (colleganza à
Venise) qui associe un ou plusieurs détenteurs de capitaux à un marchand voyageur et attribue
respectivement aux contractants 3/4 et 1/4 des gains ; la societas maris, où le voyageur apporte un
tiers du capital et espère un partage des gains à moitié. Enfin, les grandes compagnies toscanes sont
organisées en sociétés qui drainent des capitaux d’origine diverse.
Le change constitue un autre grand secteur d’innovation. Les premiers contrats de change,
parfois combinés avec un prêt, sont conclus devant notaires. Formellement, il s’agit de
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reconnaissances de dette avec promesse de remboursement dans une autre monnaie et souvent un
autre lieu. Les plus anciens contrats de change sont génois (fin XIIe s.), mais ils sont documentés
ensuite sur toutes les places marchandes. La lettre de change que les grandes compagnies toscanes
commencent d’utiliser au début du XIVe siècle est une écriture strictement commerciale. Elle
facilite les échanges multiples sur des places lointaines, mais suppose un haut niveau de confiance
entre le tireur qui a reçu de l’argent du donneur et le tiré à qui, sur une autre place, il ordonne de
remettre ladite somme, dans une autre monnaie, au bénéficiaire.
Ajoutons que pour couvrir les risques commerciaux, des contrats tels que le prêt ou le change
maritimes font, dès le XIIe siècle, office d’assurance. En milieu toscan, vers 1320, on pratique
l’assurance avec prime, sans recourir au notaire.
II De la supériorité italienne
1) La domination commerciale et bancaire
a)Les espaces de l’expansion italienne
Il suffit de consulter une pratica della mercatura pour découvrir, à l’énumération des places
commerciales ouvertes aux Italiens vers 1340, l’ampleur de la présence des Italiens hors de la
péninsule. Ils sont attestés en Crimée et à Constantinople, en Grèce et en Egypte, en Asie mineure
ou en Albanie, en Espagne comme en Afrique du Nord, à Bruges et à Londres. D'un bassin à l'autre
de la Méditerranée, en mer Noire aussi bien que dans l'Atlantique, dans tous les ports, sur toutes les
places, à Tyr comme à Cadix, à Bougie ou à Douai, ils trafiquent à grande ou à petite échelle. Ils
peuvent être originaires des grands centres économiques mais aussi de petites villes, à l’exemple de
ces marchands de San Gimignano ou de Colle Valdelsa. Et bien sûr, les implantations italiennes, de
Caffa à Paris, à Londres ou Bruges, au-delà de leurs modalités différentes d’établissement,
traduisent l’ampleur de cette diaspora et le dynamisme économique des cités d’origine. Plusieurs
facteurs doivent toutefois être pris en compte.
Il faut d’une part distinguer entre les acteurs économiques et prendre en considération les jeux
d’échelles. A la différence du commerce vénitien, le commerce génois reposait par exemple sur un
équilibre entre Orient et Occident. Il rayonnait sur les deux bassins de la Méditerranée. Il prenait en
compte la bipolarité de l'Europe, c'est-à-dire le fait que l'Europe médiévale comprenait deux régions
plus actives, plus riches et plus avancées: l'Italie du Nord et du Centre d'une part, la Flandre de
l'autre. Rien d’étonnant à ce que le premier convoi de navires qui, en 1277, gagne Bruges après une
escale à Southampton, soit génois. Génois sont aussi les frères Vivaldi qui disparaissent en 1291 au
large des côtes du Maroc alors qu’ils essayaient de trouver une nouvelle route atlantique. De même,
si les hommes des cités de l’intérieur participaient au commerce maritime, et ici on rappellera le
rôle des hommes d’affaires florentins, ces opérateurs économiques jouaient un rôle déterminant
dans la projection continentale.
Il faut d’autre part faire la part de la conjoncture et des évolutions chronologiques. En voici
quelques illustrations. La chute d’Acre en 1291 provoque une crise du commerce italien au ProcheOrient. Mais des espaces économiques nouveaux s’ouvrent aussi au XIIIe siècle et le principal est la
mer Noire. Les conditions sont particulièrement favorables à l'essor des échanges. Les Mongols
garantissent la sécurité des routes de la soie et des épices qui aboutissent désormais à Tana, à
l'embouchure du Don, et à Trébizonde. En mer Noire, les marchands italiens peuvent donc tout à la
fois se procurer les produits des régions pontiques, celles qui arrivent par les fleuves russes, les
marchandises précieuses venues de l'Orient et de l'Extrême-Orient. Le comptoir de Caffa, en
Crimée, est fondé sur le site d'une ancienne colonie grecque dans les années 1270-1275. Ou encore,
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l’ouverture de la nouvelle route maritime directe porte un coup décisif à des foires de Champagne à
l'activité commerciale déjà bien déclinante. Par là même, à la fin du XIIIe siècle, les hommes
d’affaires italiens multiplient les filiales de leurs entreprises à Londres, Paris et Bruges.
Enfin, à cette capacité de projection externe correspondait une diffusion capillaire des
échanges à un plus petit niveau. Les marchandises une fois arrivées dans les centres de
redistribution plus importants entraient dans des circuits commerciaux plus circonscrits, internes à
l’espace italien. Pour certaines villes, le commerce régional et inter-régional était prédominant.
b) Produits et services
Au début du XIVe siècle, à l’apogée du développement médiéval, les villes italiennes sont
donc au centre d’un système commercial intercontinental, structuré autour d’un axe principal reliant
la Méditerranée à l’Europe occidentale.
Longtemps, il a été considéré que ce commerce consistait à échanger des produits de luxe
(épices, soieries, perles…) contre des tissus de laine et des objets métalliques produits en Occident.
Indéniablement, les épices constituaient un élément dynamique mais les quantités étaient limitées
(autour de 1000 t par an). Les tissus étaient sans doute plus importants en termes de volume et de
valeur (étoffes de coton et de soie vers l’Europe, vers l’Afrique du Nord, draps de laine “ franceschi
” et italiens, toiles de France et d’Italie du Nord vers le Maghreb, le Levant…). Un fait est toutefois
avéré, Il a été calculé que, vers 1300, les importations d'Orient par l'Italie, composées pour
l'essentiel de produits de luxe, ne dépassaient pas 5000 tonnes par an. Les trafics portaient donc sur
les produits alimentaires (blé, sel, huile, vin…) Les matières premières constituaient un autre
secteur fondamental et le développement de l’industrie textile italienne exigea des quantités
croissantes de coton de Syrie, d’Arménie, d’Egypte…, de la soie de la Chine, de la laine d’Espagne
et d’Afrique du Nord mais aussi des colorants et de l’alun dont les Génois, après la découverte des
mines de Phocée, avaient le monopole. Les ateliers urbains devaient être aussi ravitaillés en cuirs,
peaux, fourrures. Mais d’autres matières premières partaient en direction de la Méditerranée
orientale (argent allemand, fer des Alpes, cuivre de Pologne et de Scandinavie) quand l’or
nécessaire à la frappe monétaire arrivait d’Afrique subsaharienne par le relais des escales
méditerranéennes. Les esclaves, achetés à la fin de la période principalement sur les marchés de la
mer Noire, partaient à destination des centres urbains italiens ; ils pouvaient être également vendus
en Méditerranée orientale, Enfin, et il faut à nouveau changer d’échelle, l’activité commerciale
concernait des biens produits et consommés sur le territoire italien : produits agricoles - blé, vin,
huile, bétail, fruits de l’Italie méridionale vers les grands foyers urbains de l’Italie du Nord, denrées
du contado acheminées en ville -, certains produits manufacturés…
Dans cette histoire de la domination économique, le commerce de l’argent joue aussi un rôle
déterminant. D’abord, sur les foires de Champagne, et plus particulièrement après 1250, les
compagnies toscanes gèrent des sommes importantes qu’elles utilisent pour le change manuel, pour
des investissements commerciaux, pour des opérations financières comme des prêts à long terme et
des prêts à la consommation. Elles ont pour clients, outre des marchands, des seigneurs, des
institutions publiques et ecclésiastiques y compris à partir de 1232 le Saint Siège ( prêts, mais aussi
prise en adjudication de la perception des dîmes dans un certain nombre d’Etats)
c) Indicateurs de la domination
Deux indicateurs peuvent servir à illustrer cette suprématie.
D’abord la puissance des flottes. Les navires circulant en Méditerranée au Moyen Age central
sont traditionnellement répartis en deux catégories : les vaisseaux “ longs ”, mus à la rame ou à la
voile, les vaisseaux “ ronds ”, mus seulement à la voile. Le type de navire rond qui domine d’abord
est la nef, en général à deux mâts, pourvu de voiles latines. Ces navires sont spécialement adaptés
au transport des chargements lourds et des frets volumineux (céréales, sel, alun) et ils atteignent une
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portée moyenne de 200 tonneaux, même si quelques rares unités, comme la fameuse Roccaforte,
vont jusqu'à 500 tonneaux. Le type du vaisseau long, à rames, est la galère, bâtiment rapide et
maniable qui sert à la guerre et à qui il peut revenir d'assurer la sécurité du commerce. Toutefois,
malgré sa faible capacité de charge, la galère est également utilisée pour transporter des
marchandises précieuses. Les transformations des navires ronds au XIVe siècle concernent la
voilure, avec adoption du gréement carré et du gouvernail d’étambot. Le nouveau type qui en résulte
est la coque, attestée à Gênes dès 1286 où elle sert au transport de l’alun. Elle tend, dans cette ville,
à supplanter la nef dès 1300, à l’évincer en 1310. A Venise, son succès paraît plus tardif. Les effets
de la “ révolution navale ” touchent également les galères autour de 130O. A Venise, les premières
galères trirèmes sont construites et elles supplantent les galères birèmes après 1320. Bientôt, leurs
capacités sont augmentées: la galère marchande est née. Le système de navigation vénitien peut
s'organiser puisque les convois de la navigation de ligne sont formés avec ces bâtiments. On
commence dès lors à distinguer la “ galère grosse ” de la “ galère subtile ”, à la cale réduite, destinée
plus particulièrement au combat. Toutefois, cette distinction n’a encore rien d’absolu dans les
premières décennies du XIVe siècle. Et les Génois imitent à leur tour ces grandes galères.
En 1252, à un moment où domine la monnaie d’argent (moins l’augustalis dont la diffusion
est limitée dans les échanges), Gênes (le genovino) et Florence (le florin) commencent à frapper une
monnaie d’or de poids quasiment identique. Ce choix de l’or reflète la position de premier plan
qu’occupe Gênes sur la scène économique européenne alors qu’à Florence il est destiné à favoriser
l’activité commerciale et bancaire. De fait, l’usage du florin d’or se répand. Le florin devient la
monnaie étalon des échanges à longue distance, renforçant la place des Florentins dans le système
économique international. Venise suit à son tour et, dans les années 1340, le ducat, qui resta
pratiquement invariable jusqu'à la chute de la République avec un même poids (3,5 grammes) et un
même titre (24 carats), supplantait le gros d'argent comme monnaie du commerce et de la finance.
2)L’essor industriel
La suprématie commerciale n’est pas liée qu’aux succès des grandes villes marchandes. Les
échanges se nourrissent aussi de l’essor des productions urbaines à mesure que les villes italiennes
affirment leur puissance industrielle. Des flux de produits manufacturés circulent sur les marchés
italiens ou sont exportés hors de la péninsule par des marchands présents dans l’ensemble des ports
de la Méditerranée et sur les grandes places occidentales. Mais si les productions destinées à
l’exportation ont longtemps monopolisé l’attention des spécialistes, on ne saurait trop insister sur le
rôle de la demande locale et sur l’existence, dans toutes les villes - et pas seulement dans les grands
centres industriels - d’un artisanat de proximité extrêmement vivace.
a) Demande locale et métiers de proximité
Toutes les villes italiennes ne sont pas des grands centres de production industrielle mais
toutes sont des centres de consommation. Consommation de produits de première nécessité,
élaborés d’abord à partir des ressources du contado environnant, mais aussi consommation de
produits beaucoup plus élaborés…
Le cuir, on le sait, entre au Moyen Age dans la fabrication d’une gamme extrêmement
diversifiée de produits dont la fabrication est le plus souvent assurée par de petits artisans qui
écoulent eux-mêmes ces articles sur le marché. L’ensemble de la chaîne du cuir, depuis la
préparation des peaux jusqu’aux productions les plus spécialisées (pour l’habillement des hommes,
le harnachement des animaux de selle, de bât ou de trait, la décoration et l’ameublement de la
maison, la fabrication du livre …) fournit dans chaque ville du travail à des dizaines et des dizaines
d’artisans, ce qui n’interdit pas la concentration, dans les zones qui jouissent d’une bonne
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alimentation en eau courante, comme par exemple dans les centres de la basse vallée de l’Arno,
d’ateliers spécialisés dans les phases les plus polluantes du processus de préparation des peaux.
Un autre secteur en plein développement tout au long de la période est celui du bâtiment et
des travaux publics. Dans le contexte de villes en chantier, ce secteur doit répondre d’une part aux
besoins d’une population citadine en constante augmentation, et d’autre part aux commandes
d’autorités communales qui investissent autant dans les édifices monumentaux que dans les
infrastractures utiles au Bien commun. Partout, les villes s’entourent d’une ceinture de fours
destinés à la fabrication des briques, des tuiles et de la chaux, partout s’ouvrent des carrières d’où
sont extraits la pierre et le marbre nécessaires à la construction des palais publics, des églises et des
nouvelles demeures de l’élite urbaine. Aux métiers de la pierre s’ajoutent les métiers du bois,
généralement regroupés dans une même corporation.
Les métiers du fer trouvent leur place dans cette typologie. Il existe en effet dans chaque ville
un nombre de forgerons, de maréchaux-ferrants, de cloutiers et d’autres travailleurs des métaux
suffisant pour répondre aux besoins les plus immédiats de la population. Seules quelques villes ont
acquis, dans la fabrication des produits de plus haute technologie, comme les armes et les armures,
une réputation qui leur permet d’écouler leurs productions sur des marchés beaucoup plus étendus.
Le cas le mieux connu est celui de Milan, mais Fabriano, petite ville des Marches, bénéficie, à un
niveau plus modeste, d’une certaine réputation en Italie centrale pour les ustensiles en fer.
b) Biens de luxe
C’est dans un tout autre domaine, toutefois, que Fabriano devait acquérir, au XIVe siècle, sa
réputation : il s’agit de la fabrication du papier, réalisée au départ par des artisans lainiers qui
rapidement choisissent de se spécialiser dans la production d’un article appelé à connaître, à partir
des dernières décennies du XIIIe siècle, une diffusion fulgurante. Le papier, utilisé pour les besoins
de l’administration, mais pas seulement, ne détrône en aucune manière le parchemin, qui reste le
support par excellence du livre médiéval. On a donc justement insisté sur l’importance, dans la vie
économique de Bologne par exemple, des ateliers chargés de fournir aux 1500 ou 2000 étudiants qui
suivent les cours de la faculté de droit, les manuels et autres traités nécessaires à leur apprentissage.
Tout autre était le marché du livre enluminé, qui intéressait une clientèle beaucoup plus
restreinte mais néanmoins présente dans chacune des villes de l’Italie médiévale. Son importance
économique est à rapprocher de celle des peintures sur bois, dont la production, à la fin du XIIIe
siècle, augmente considérablement et prend des formes très variées, puisque peuvent être mis sur le
marché des peintures à sujet religieux, susceptibles d’être emportées en voyage, comme des coffres
d’ornement. Giotto, était, on le sait, à la tête d’une véritable entreprise qui, comme tout autre
manufacture florentine de cette époque, était essentiellement vouée à la recherche du profit. L’Italie
fut, à n’en pas douter, le premier des pays européens à avoir fait l’expérience d’un véritable marché
de l’art, alimenté par des productions de nature très diverse, mais qui toutes visaient une clientèle
très haut de gamme.
L’Italie était aussi le seul pays occidental à pouvoir offrir à cette même clientèle deux types
d’articles qui requéraient un savoir faire très spécialisé. Il s’agissait des objets en verre, et des tissus
de soie, chargés, au-delà de l’usage que l’on pouvait en faire, d’afficher le luxe de leurs
propriétaires. Dès le XIIIe siècle, la Commune de Venise s’efforce de concentrer les fours à verre
dans l’île de Murano, où opèrent des dizaines de maîtres verriers. Hors de Venise, des centres plus
petits sont en mesure de fabriquer des articles de moindre qualité. On observe un phénomène de
même nature dans la production des tissus de soie. Les pièces de meilleure qualité sont celles qui
sortent des ateliers de Lucques, le plus grand centre soyeux de la péninsule. Mais d’autres ateliers,
comme ceux de Bologne, produisent des tissus d’un peu moindre qualité, à destination toutefois de
clients au confortable pouvoir d’achat. A la fin du XIIIe siècle, l’installation à Florence, à Venise et
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dans d’autres villes, de tisserands lucquois contraints de quitter leur ville pour des raisons politiques
stimule la production. Ajoutons que la clientèle susceptible d’acquérir ces produits n’était pas
seulement citadine comme le prouve le comportement de la noblesse seigneuriale du Padouan, où
les riches seigneurs du contado sont les premiers acheteurs de produits de luxe.
c) La grande manufacture textile
Il n’empêche que, dans la plupart des villes italiennes, les activités liées à la production des
tissus les plus courants, qu’ils soient de laine ou de coton, occupent dès le début du XIIIe siècle une
place centrale et qui ne fait que se renforcer. Ce secteur phare de l’industrie italienne l’emporte sur
l’ensemble des autres activités manufacturières non seulement par le nombre de personnes
impliquées dans les différentes phases de la production, mais aussi par la valeur marchande des
produits finis et par le degré de concentration de cette activité qui se caractérise, au moins dans un
certain nombre de villes, par une forte pénétration du capital marchand. Qu’elle utilise la laine ou le
coton, l’industrie textile des villes italiennes est en mesure de répondre aux besoins d’une demande
très diversifiée.
Au milieu du XIIIe siècle, la manufacture des tissus de coton apparaît concentrée dans
certaines villes de la plaine du Pô, comme Milan, Pavie, Crémone et Plaisance. Elle essaime ensuite
dans d’autres villes de l’Italie du Nord, et se développe même à Gênes, qui joue avec Venise un rôle
de tout premier plan aussi bien dans l’importation de la matière première que dans l’exportation des
produits finis. Elle fait enfin, entre le XIIIe et le XIVe siècle, son apparition dans les villes de l’Italie
centrale, en Toscane, en Ombrie et dans les Marches. Mais les futaines restent l’apanage des villes
de la plaine du Pô, de Plaisance, de Milan et de Vérone en premier lieu. Ces villes sont d’ailleurs les
premières à expérimenter de nouveaux procédés de fabrication, qui reposent en particulier sur la
standardisation des différents types de produits.
Beaucoup plus répandue encore que le travail du coton, la manufacture de la laine est présente
dès le XIIe siècle dans la plupart des villes italiennes même si, dans ces décennies, seul un petit
nombre de centres de l’Italie du Nord, en Lombardie surtout, produisent des draps d’assez bonne
qualité pour être exportés. Premier centre lainier de la péninsule jusqu’au milieu du XIIIe siècle,
Milan fabrique différents types de tissus qui sont commercialisés à partir de Gênes dans toute la
Méditerranée. Spécialisée dans la production d’un type d’étoffe qui combine une trame de laine et
un fil de lin, la manufacture de la laine connaît un vif succès à Vérone où se développe, le long des
cours d’eau situés à l’est de la ville, un véritable couloir industriel. Le travail de la laine se diffuse
ensuite dans la plupart des régions, tant en Italie du Nord qu’en Toscane ou en Ombrie, à Florence,
Pise, Lucques, Pistoia, Prato, Sienne, Pérouse et Orvieto, où l’Art de la laine se hisse en quelques
décennies au niveau des corporations les plus importantes. Il faut attendre la première moitié du
XIVe siècle pour voir Florence acquérir, grâce à la fabrication des draps de luxe, une suprématie sur
les autres villes lainières. Le succès de Florence s’explique par des raisons complexes, qui tiennent
à la suprématie internationale de ses hommes d’affaires, qui dirigent la meilleure laine anglaise vers
leur ville natale, à l’adoption de nouveaux produits pour la teinture, à l’imitation des procédés de
fabrication mis au point par les Flamands, aux difficultés enfin qui affectent, dans certains centres
drapiers anciens, l’industrie lainière (Douai, Gand, Ypres…). Ce succès se traduit par une
croissance vertigineuse de la production qui, selon Villani, donnerait du travail à près de 30 000
personnes, soit le tiers de la population totale de la ville, et par un essor massif des exportations de
draps de luxe, ces flux commerciaux assurant d’ailleurs une bonne part de leurs bénéfices aux
grandes compagnies d’affaires.
Un tel système, même s’il se caractérise avant tout par la dissémination de la plupart des
phases du cycle de production entre différents artisans indépendants, et s’il est pour cette raison
souvent qualifié de “ manufacture disséminée ” ou “ déconcentrée ”, fait donc bon ménage, à
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certains stades de la production, avec une nouvelle forme d’organisation du travail industriel, celle
de la manufacture concentrée, conformément à un schéma général qui rappelle celui des grands
chantiers navals. Dans la construction navale, secteur d’activité fort important dans les grandes
villes portuaires, Venise, Gênes et Pise, la part du capital marchand était encore plus déterminante.
3) L’emprise des villes sur les campagnes
Si une partie du dynamisme des villes d’Italie provient des campagnes, celles-ci ont en retour
été confrontées à l’hégémonie croissante de l’économie urbaine. L’action des citadins est évidente
dans trois registres principaux : les investissements fonciers, la modification des structures agraires
et des modes d’exploitation, l’orientation de la production agricole.
a) Investissements fonciers
L’investissement dans la terre est une occupation citadine traditionnelle au Moyen Âge : dès
le Xe siècle, la documentation atteste les achats de terre effectués par les Milanais ou les
Amalfitains, achats qui se poursuivent et s’intensifient dans les siècles suivants. Cette tendance, qui
n’est pas propre à la péninsule, prend cependant un tour spectaculaire dans l’Italie centroseptentrionale, où les initiatives individuelles s’insèrent dans le schéma volontariste de conquête et
contrôle du contado par les communes. Cette politique communale franchit deux paliers
significatifs, d’abord avec la paix de Constance (1183) qui la légitime, puis, au milieu du XIIIe
siècle, avec l’avènement des régimes populaires volontiers interventionnistes en matière
économique. Elle s’illustre par la fondation de bourgs francs, le perfectionnement de la maîtrise de
l’eau, le développement et la sécurisation des réseaux routiers, la protection juridique des citadins et
des biens qu’ils possèdent hors de la cité. Au total, on a vérifié, à Plaisance, Sienne ou Bologne, que
l’action de la commune déséquilibre durablement les relations città/contado au bénéfice de la ville.
L’un des signes tangible de cette évolution des rapports ville/campagne est la dépossession
progressive des ruraux et le développement des patrimoines fonciers des citadins. La deuxième
moitié du XIIIe s. est une période charnière à cet égard. Les paysans endettés, individuellement et
collectivement, tenus de répondre aux exigences fiscales des villes, ne trouvent plus suffisamment
de numéraire en milieu rural et font appel à l’argent des citadins. Il arrive sous la forme de prêts sur
gage foncier ou d’achats anticipés de récolte dont l’accumulation conduit souvent au transfert de
propriété. Les campagnes toscanes (Florence, Sienne) inaugurent cette évolution, qui est moins
rapide et prononcée dans les régions moins urbanisées.
Les investisseurs sont multiples et leurs investissements quantitativement très variables. Les
établissements ecclésiastiques urbains traditionnels (chapitres, collégiales, monastères bénédictins)
connaissent une fortune contrastée, entre endettement massif et capacité d’adaptation. Les ordres
mendiants (le couvent Saint-Dominique de Bologne possède 135 ha à la veille de la Peste), les
hôpitaux (Santa Maria della Scala à Sienne), les métiers organisés aussi (arts de la laine en Toscane)
investissent dans la terre. Les archives urbaines, actes notariés et sources fiscales, restituent enfin les
myriades d’achats fonciers réalisés par les citadins.
La Tavola delle possessioni siennois (1317-18) permet une approche quantitative des
patrimoines constitués par les citadins, dans une région où la “ conquête ” du contado fut il est vrai
particulièrement poussée. La moitié des chefs de famille possèderait des biens recensés dans ce
document fiscal. L’éventail des patrimoines est ouvert, de quelques livres à plus de 40 000 pour les
grandes fortunes, Buonsignori, Salimbeni et jusqu’à 66 000 pour les Gallerani. La capacité à investir
dans le contado est directement proportionnelle à la richesse : les plus pauvres possèdent 60 % de
leurs biens (en valeur) en ville, contre seulement 15 % aux plus riches. Les citadins investissent
massivement à proximité immédiate de Sienne, cherchent à constituer des unités d’exploitation
vastes et compactes, en confient l’exploitation à des métayers. Ces remarques, que l’on peut étendre
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- avec des nuances - à bien des villes du centre-nord, nous conduisent à aborder la question des
structures agraires.
b) Nouvelles structures agraires et rapport de production
C’est au XIIIe siècle que divergent les structures agraires de l’Italie centro-septentrionale (en
bref, modèle du podere toscan) et du Mezzogiorno (latifondo sicilien). Si l’origine du latifondo
échappe à notre sujet, l’histoire du podere d’Italie centrale et septentrionale a partie liée avec
l’action des citadins et des communes.
Il faut rappeler que les investissements fonciers se déroulent dans un contexte de grande
fragmentation des patrimoines ruraux. L’étude des achats et des permutations réalisés par les grands
propriétaires urbains montre que ceux-ci ne se satisfont pas des micro-parcelles acquises. Ils se
lancent dans le remembrement des terres autour des bâtiments d’exploitation. C’est le mouvement
de l’appoderamento, transformé en modèle par l’agronome Pietro de’Crescenzi (déb. XIVe s.), et
qui réintroduit l’habitat intercalaire dans le paysage rural italien. La législation communale
(Plaisance, Parme, Padoue) encouragea ce mouvement en donnant aux propriétaires aisés le droit de
contraindre leurs voisins à vendre les terrains mitoyens (ingrossatio). Le résultat, au milieu du XIVe
siècle, est encore loin d’être favorable au podere, sauf en Toscane. En Emilie et en Lombardie, il ne
constitue pas encore la structure portante des campagnes vers 1340.
La diffusion des contrats agraires à court terme résulte également de l’emprise urbaine sur les
campagnes. Ils permettent aux propriétaires d’orienter les choix culturaux en fonction de leurs
attentes (autoconsommation, spéculation). L’historiographie a érigé en modèle le métayage toscan
où le propriétaire avance les semences et fournit le cheptel. Dans les campagnes siennoises, il est
déjà la règle au début du XIVe siècle. Mais dans bien des régions, il n’est pas encore dominant. Il ne
représente que 20 % des contrats agraires du XIIIe siècle à Plaisance. Dans le Padouan, on lui
préfère le contrat de location à loyer fixe. Dans les campagnes lombardes, la majorité des
propriétaires se satisfait du statut de rentier et renonce à intervenir dans la production agricole.
Quant au lien entre podere et métayage, il n’a encore rien, vers 1350, de systématique.
c) Evolutions des productions
La longue phase de défrichements et bonifications arrive à son terme, parachevé par les
communes du centre et du nord. Le pression exercée par les populations urbaines sur les campagnes
oriente en partie la production agricole.
Parmi les céréales, le froment, dans une moindre mesure l’orge, est privilégié par
l’alimentation urbaine, du nord au sud de la péninsule. C’est cette demande qui enclenche
l’exportation du blé sicilien vers la Toscane déficitaire. En revanche, dans l’Italie du centre et du
nord, les céréales non panifiables (sorgho en Vénétie) sont l’apanage des populations rurales, de
même que la consommation de la farine de châtaigne dans l’Apennin central et méridional.
La vigne s’est développée partout, parfois associée à d’autres cultures (coltura promiscua en
Campanie par ex.). Palerme, Messine, Orvieto, Vérone etc. ont construit leur vignoble péri-urbain.
A Florence, Villani nous apprend qu’il fallait entre 220 000 et 265 000 hl pour étancher la soif des
citadins. Cette énorme demande est satisfaite par la plantation d’un vignoble spécialisé dans les
environs de la cité et le developpement de la coltura promiscua en Valdelsa, une création de la
première moitié du XIVe siècle.
L’initiative des citadins est directement sensible dans l’essor de plantes utiles à la production
textile. La culture du lin est très répandue, en Campanie, au Latium comme en Lombardie. La
géographie de la culture du mûrier, qui avait été une spécialité calabraise, suit l’essor de l’industrie
de la soie dans les villes du nord, Lucques au XIIIe siècle, puis Bologne. En Toscane, safran et
guède sont cultivés à grande échelle.
Les activités d’élevage, enfin, portent également la marque de l’essor des villes. Les baux à
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cheptel (soccida), de courte durée, permettent de faire fructifier les capitaux sans connaissance
technique ni grand risque, en liaison ou non avec la location de terres. Les affaires d’élevage
prennent une autre dimension avec les bouchers que l’on voit acheter des prés, multiplier les
contrats d’élevage, vendre en gros peaux et viande.
III Limites et apories du développement
Si les villes sont au centre de la vie économique de la péninsule et au cœur de l’activité
commerciale et productive de l’espace européen et méditerranéen, leur développement connaît un
certain nombre de limites et d’apories.
1) La question des deux Italies
On ne peut éluder la question des deux Italies, projection sur l’époque médiévale du thème de
la “ questione meridionale ”, i.e. du moindre développement économique du Mezzogiorno par
rapport à l’Italie du Nord. Ce “ retard ” de l’Italie méridionale doit-il être mis en relation avec “
l’avance ” de Venise, Gênes et Florence ? Reprenons la chronologie.
a) Au XIIe s. : la richesse de l’Italie normande
Loin d’être le parent pauvre de l’Italie, le royaume de Sicile a vu se développer une
agriculture prospère et un artisanat répondant à ses besoins.
Le dernier demi-siècle de domination normande en Sicile et sur le continent parachève une
impressionnante croissance agricole. Les récits de voyage d’Al-Idrisi et d’Ibn Djubayr insistent à
juste titre sur la fertilité de la terre, le rôle de l’irrigation, le caractère intensif de la production.
Comme ailleurs, les deux cultures fondamentales sont celles des céréales et de la vigne. Mais cette
base classique est ici complétée par de nombreuses cultures spécifiques. Le paysage des champs
complantés d’oliviers caractérise, par exemple, la Pouille centrale. En Sicile, de nouvelles cultures
ont été introduites et développées par les paysans musulmans : coton, agrumes, canne à sucre,
palmiers-dattiers (cf. la contrata Dactileti de Palerme).
L’artisanat s’est en partie développé sous l’œil du pouvoir royal. C’est le cas des tissus de
soie fabriqués dans le cadre du tirâz du palais palermitain. La teinturerie, mal considérée, est
contrôlée par les évêques qui en délèguent l’exercice à des artisans juifs. Mais l’essentiel de la
production est entre les mains d’artisans autonomes qui occupent une place honorable dans leur cité,
orfèvres, métallurgistes, cordonniers, fabricants de céramiques etc. A la fin de la période normande,
la production artisanale du Midi se distingue d’un double point de vue de celle du Nord. Elle n’est
pas organisée dans le cadre des arts, et les artisans n’ont pas en tant que tels accès à la chose
publique. Ses débouchés sont unidirectionnels : les liens sont étroits entre la Sicile, le Maghreb et
al-Andalus (céramique glaçurée, objets d’ivoire), très limités avec les régions situées au nord de
Rome.
b) Au XIIIe s. : les colonies étrangères et l’impact de la politique frédéricienne
Les caractéristiques de l’économie du royaume, très troublé à la fin du XIIe siècle, sont
sensiblement modifiées à l’issue du règne de Frédéric II (1198-1250). La cour du roi est certes
remarquable par son caractère cosmopolite. C’est un foyer de haute culture qui diffuse, au gré de
son itinérance italienne, des savoirs issus de toutes les traditions méditerranéennes. La politique du
souverain n’en vise pas moins à la latinisation de ses sujets - dans tous les sens du terme, juridique,
linguistique et religieux -, sur fond de renouvellement des populations et de transformations
économiques.
Le renouvellement ethnique commence dès le XIIe siècle, avec l’arrivée, en plus des Français,
d’Italiens du nord (lombardi). Ils s’installent en Sicile, notamment à Palerme où les rois normands
ont favorisé l’immigration d’aristocrates continentaux (grecs et latins). A la fin du XIIe siècle, les
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marchands Vénitiens et Génois qui opèrent dans les grands ports du sud sont rejoints par les
Florentins et les Pisans. Dans la première moitié du siècle suivant, on les repère dans les petites
villes (Cefalu) où ils tiennent boutique et prêtent de l’argent. Ce flux migratoire nord-sud est
d’autant plus perceptible qu’il est contemporain du déclin de la communauté musulmane de Sicile,
paysans et notables confondus. La remise en cause de l’attitude tolérante des rois normands et
l’action de l’Eglise romaine ont, sans préjudice d’autres facteurs, signifié la fin de l’histoire de la
Sicile musulmane, entre conversion, fuite, révolte et pour finir déportation des musulmans siciliens
à Lucera dans les Pouilles à l’instigation de Frédéric II.
Ces bouleversements retentissent sur l’économie. L’insertion du royaume dans l’ordre
culturel occidental le coupe des marchés musulmans. Les productions qui faisaient la spécificité de
l’île périclitent (la palmeraie de Palerme disparaît au XIIIe siècle) et ne sont pas compensées par les
tentatives frédériciennes d’introduction de pratiques agraires septentrionales (essais de culture de
l’avoine). Les plantations de lin et de coton, l’élevage du vers à soie (monopole d’Etat) persistent au
XIIIe siècle, mais sans donner lieu à l’essor de manufactures siciliennes.
Passé 1250, les lignes d’évolution esquissées sous Frédéric II deviennent plus évidentes
encore. Séparés politiquement à partir de 1282, la Sicile et le royaume de Naples partagent la même
conscience de leur retard manufacturier. Des tentatives angevines et aragonaises sont signalées, sans
grand lendemain, pour développer la production textile en accordant des privilèges aux marchands
lombards et toscans. L’agriculture sicilienne s’engage résolument dans la mono-production
céréalière dans le cadre de la grande exploitation (latifondo) qui s’impose au tournant du siècle.
c) Le débat historiographique
Les étapes que l’on vient de rappeler conduisent-elles à diagnostiquer la naissance, entre
milieu du XIIe et milieu du XIVe siècle, de deux Italies ?
En bref, cette formulation conceptualise la césure entre l’Italie des communes d’où surgissent
les principales villes marchandes, et l’Italie mérdionale, rurale et monarchique, les relations
commerciales qui s’instaurent entre ces deux Italies - exportation de céréales et de matières
premières contre produits manufacturés - relevant d’un classique échange inégal. Dans son
acception la plus dramatique, cette thèse est une explication du sous-développement sicilien : le
latifondo devient un élément de “ blocage ”, l’échange un “ piège ” qui profite surtout aux
marchands étrangers à l’île (H. Bresc). Cette interprétation a été discutée par S. Epstein qui insiste, à
l’inverse, sur la caractère rationnel du latifondo (une vaste exploitation permettant de haut
rendement à bas prix) et sur l’incidence très limitée des échanges sur l’économie d’une île qui vit,
jusqu’à la fin Moyen âge, “ for itself ” et non pas pour nourrir la Toscane.
Mais le débat peut aussi être reformulé en termes d’histoire urbaine, et cela de deux façons.
On s’est récemment avisé que si les plus grandes villes de l’Italie médiévale sont au nord, le sud ne
peut pas pour autant être qualifié de rural. Naples devient une capitale sous les Angevins, et la Sicile
aurait vers 1300 un taux d’urbanisation d’environ 30 %, Palerme et Messine étant les deux plus
grandes villes au sud de la Toscane. L’insertion de ces villes dans un contexte monarchique a
certainement contribué à les priver des libertés très tôt acquises par les cités de ce regnum sans
administration qu’était le royaume d’Italie. Les souverains aragonais (dès Frédéric III) s’appuient
pourtant sur les villes de Sicile pour gouverner et leur délèguent des attributions judiciaires et
financières territoriales qui renforcent le pouvoir de leurs élites.
2) Les inégalités du développement
Même en Italie centrale et septentrionale, toutes les régions n’ont pas bénéficié, loin de là, de
la même croissance urbaine ni du même essor industriel et commercial. Leurs ressources et leurs
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moyens de subsistance continuent, comme par le passé, de dépendre essentiellement des produits
d’une agriculture qui peut toutefois tendre, et là est la nouveauté, dans ces zones comme dans le
reste de l’Italie septentrionale et centrale, de plus en plus à enrichir les citadins et à appauvrir les
ruraux. La crise des institutions communales et les luttes factionnelles sont par ailleurs loin d’être
sans conséquences sur la vie des campagnes. Ces troubles peuvent avoir des effets négatifs sur
certains secteurs de l’économie industrielle et marchande. Il s’agit là de traits anciens ou nouveaux
qui obligent dans tous les cas à nuancer le tableau dressé jusqu’ici de la puissance économique des
villes italiennes.
a) Diversités régionales
Rappelons tout d’abord que le taux d’urbanisation est loin d’être partout le même et qu’il
existe des régions entières où les villes ne sont que de modestes centres qui regroupent à peine le
dixième de la population totale. C’est ainsi que dans le Frioul, le Trentino et les basses plaines du
littoral tyrrhénien, la distribution et la densité de la population sont beaucoup plus proches des
standards européens que des moyennes observées dans les autres régions de l’Italie centrale et
septentrionale. Par là même, ces régions restent essentiellement vouées à un type d’économie
agraire dans lequel les nécessités de l’autosubsistance comptent beaucoup plus que les sollicitations
du marché. Dans le Frioul, par exemple, la distribution de l'habitat, les structures agraires et les
modes d'exploitation du sol connaissent une nette continuité. Ici pas de pénétration du capital urbain
mais une société de la précarité, où les communautés villageoises dans les terroirs de plaine, de
colline ou de montagne, s'efforcent, avec de grandes difficultés, de produire les céréales nécessaires
à la subsistance et de régler l'exploitation des larges et indispensables incultes.
Les sollicitations du marché pourtant peuvent exister même dans ces régions et elles se
traduisent, par exemple, par un essor du grand élevage transhumant qui associe, pour le plus grand
profit des citadins assez audacieux pour investir dans cette activité, les aptitudes herbagères des
basses plaines littorales à celles des pâturages d’altitude ou encore par le développement de
certaines cultures industrielles, comme celle du safran sur les hauts plateaux abruzzais. Dans
l’ensemble toutefois, ces régions ne sont guère touchées par l’apparition de nouvelles structures
agraires et elles continuent de pratiquer une agriculture peu ou pas pénétrée par ces courants
d’échanges qui assurent la prospérité des campagnes lombardes, toscanes ou padouanes.
Il va sans dire que les inégalités du développement sont plus flagrantes encore dans le
domaine du grand commerce et de la production industrielle ou artisanale. Deux exemples. Dans la
seconde moitié du XIIe siècle, les indications documentaires convergent pour indiquer que l'activité
commerciale de Ferrare se réduit désormais au transport du sel depuis la côte adriatique jusqu'à cette
cité. Les modifications du cours du Pô, avec le rôle toujours plus actif du bras du Pô dit de Venise,
comptent dans cette involution du rôle de la place de Ferrare. Mais d’autres facteurs jouent aussi,
comme l'hostilité de Venise, attentive à bloquer toute croissance commerciale de sa voisine et à
bâtir son propre monopole sur le sel. Ou bien, il faut attendre les dernières décennies du XIIIe siècle
pour que l’industrie textile fasse une timide apparition à Padoue, ville où, même après cette date, les
couches les plus aisées de la population tirent encore la plus grosse partie de leurs ressources de
l’exploitation des terres du contado. Il est vrai que ces mêmes catégories de la population, loin de
dépenser toutes les liquidités dont elles disposent grâce aux revenus de leurs terres, les investissent
de plus en plus massivement dans la pratique du prêt à usure. Quant à leurs clients, ils se recrutent
désormais, bien au-delà du cercle étroit des seigneurs désargentés, dans les couches les plus
défavorisées de la population rurale ainsi que dans les villes ou bourgs qui passent sous l’autorité de
la commune de Padoue, comme Vicence, dont les habitants sont littéralement saignés par les
usuriers padouans.
Ce qui est vrai de Padoue l’est peut-être davantage pour des villes de la Romagne (Ravenne,
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Ferrare encore, Imola, Faenza, Forli…), du Latium (Viterbe, Rieti, Anagni ...) et pour la plupart des
villes de la Marche d’Ancône. Là encore prévaut un type d’économie qui repose essentiellement sur
les ressources tirées d’un contado dont les meilleures terres ont été accaparées par les élites locales
ou sont aux mains de paysans qui ont préféré s’installer dans le chef lieu. Cette classe de
propriétaires est certes assez aisée pour avoir accès à la consommation de produits diversifiés et elle
trouve à s’approvisionner soit auprès de marchands indigènes qui assurent l’écoulement des rares
produits de l’artisanat local, soit auprès de petites colonies de marchands forains, venus des grandes
places commerciales de l’Italie centrale, qui peuvent distribuer certains produits de luxe. Dans ces
centres, un artisanat, assez vivace pour obtenir une forte représentation au sein des organes
dirigeants de la commune, s’est donc développé mais il se contente de pourvoir aux besoins de la
population locale.
b) Les apories du développement rural
Or dans la plupart des régions, la production agricole rencontre, à partir de la fin du XIIIe
siècle, de plus en plus de difficultés à satisfaire la demande locale en produits de subsistance et tout
particulièrement à fournir aux masses urbaines le blé. Les premières chertés des grains sont attestées
dès la fin du XIIIe siècle, les disettes se multiplient au cours des premières décennies du XIVe siècle
comme celles des années 1302-1303, 1328-1330, 1339-1340, 1344-1345, obligeant les pouvoirs
communaux à développer un arsenal de mesures annonaires qui soulagent la situation des
populations urbaines mais accentuent la crise de la petite exploitation paysanne.
Les évolutions de la politique annonaire de certaines communes révèlent donc ces difficultés,
spécialement dans les villes, comme Florence, que leur contado ne pouvait nourrir même en année
normale. Jusqu'au milieu du XIIIe siècle, les communes n'intervenaient dans le secteur des grains
qu'en cas d'exceptionnelle pénurie, par l'achat, sur des marchés extérieurs, de céréales revendues
ensuite à un prix contenu aux populations urbaines. Puis, dans la seconde moitié du XIIIe siècle, des
magistrats permanents, responsables des approvisionnements en blé, commencent à être institués.
Les interdictions d'exporter hors du district communal, assorties de l'obligation de livrer les céréales
sur le marché urbain deviennent aussi plus systématiques. Seul le surplus, si le contado est
excédentaire ou l'année bonne, peut être vendu hors du territoire. Un appareil administratif est mis
sur pied qui contrôle la circulation des denrées alimentaires et veille à leur transport jusqu'au centre
urbain. La plupart des communes, enfin, peuvent intervenir sur les prix, avec l'espoir d'en garantir la
relative stabilité malgré les variations effectives de la production et l'extraordinaire sensibilité du
marché du blé. L'exemple florentin est bien connu. La magistrature des Sei del Biado, en charge des
problèmes frumentaires, recourt d’abord à des mesures traditionnelles: interdiction du stockage,
importation forcée de la campagne vers la ville, prix majoré consenti aux grains importés. Mais à la
fin du XIIIe siècle, preuve d'une tension accrue du fait d'une succession de récoltes médiocres, les
magistrats achètent parfois directement des grains pour les revendre sur le marché d'Orsanmichele à
un prix garanti, le "prix communal". Enfin, à partir de la grande disette de 1329, une telle
intervention d'extraordinaire devient systématique. La situation se tend à mesure que la conjoncture
se dégrade, dans les premières décennies du XIVe siècle. Aux paysans, qui, en année normale ont à
peine de quoi se nourrir, une unique solution demeure en temps de disette: celle d'affluer vers la
ville, mieux ravitaillée.
En outre, beaucoup de paysans sont lourdement endettés auprès de leurs propriétaires ou
d’autres citadins qui n’hésitent pas à les expulser ou à se saisir de leurs terres. Il en résulte une
surexploitation du travail paysan, un appauvrissement des campagnes, voire un certain
dépeuplement, qui nuit à la production des produits de première nécessité et aggrave, lorsque la
récolte est mauvaise, les difficultés d’approvisionnement des marchés urbains. Ce mouvement tend
à provoquer une concentration des richesses entre les mains d’un petit nombre de citadins dont les
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dépenses font vivre une abondante palette de métiers locaux qui ne suscitent toutefois pas le
développement de véritables activités industrielles, seules capables de fournir du travail aux
cohortes de paysans contraints de quitter leurs terres. Ce qui commence à se mettre en place dans
certaines régions, c’est un nouveau système agraire qui prive les paysans de toute participation aux
bénéfices de la croissance et qui privilégie les cultures les plus rentables, la vigne, l’olivier, les
plantes industrielles, au détriment des cultures céréalières indispensables à la subsistance des
masses les plus pauvres.
c) Les conséquences des désordres politiques
Les désordres politiques qui ont accompagné l’histoire des villes d’Italie, et plus
particulièrement des communes, ont eu des conséquences non univoques sur leurs performances
économiques.
La tradition qui voit dans les luttes intestines (factions guelfes contre factions gibelines,
populaires contre magnats, Noirs contre Blancs) la cause du déclin de la civilisation communale est
aussi ancienne que celle-ci. Le Bon Gouvernement est fils de la Justice et de la Concorde, il
engendre la prospérité et la sécurité, la discorde est synonyme de violences urbaines et de malheurs
dans les campagnes : les fresques peintes par Lorenzetti à l’étage du palais communal de Sienne,
sur les murs de la salle de la Paix et de la Guerre, en 1338-1339 illustrent efficacement ce que tous
les chroniqueurs racontent à longueur de pages. On a pu, récemment encore, expliquer le déclin
relatif d’une ville comme Bologne au cours du XIIIe siècle par le thème de “ l’autodestruction de sa
classe dirigeante ” (A. I. Pini). Il est vrai que l’expulsion de 5000 gibelins (Lambertazzi) en 1274, la
confiscation de leurs biens, puis les lois contre les magnats de 1282 à 1294, ne facilitèrent pas les
activités économiques des personnes visées - c’était du reste l’un des objectifs recherchés.
Pour autant, l’exil ne semble pas avoir produit de gigantesques transferts de propriétés
(exemple d’Uberto Landi, de Plaisance). Des pacifications périodiques permettaient aux bannis de
recouvrer tout ou partie de leurs biens. Mieux encore, l’exil pouvait procurer de nouvelles
opportunités d’affaires, grâce aux réseaux de “ fuoriusciti ” qui trouvaient refuge dans les villes
amies ou loin d’Italie.
3) Fragilités italiennes
a) Une intense compétition économique.
Si les villes méridionales avaient bâti leur fortune commerciale grâce aux rapports pacifiques
entretenus avec les mondes byzantin et islamique, l’ascension de Venise, de Gênes et de Pise se fait
sous le signe de l’affirmation militaire. Ces puissances sont aussi des puissances guerrières, en lutte
pour l’hégémonie. Leur expansion est donc construite au rythme de combats répétés contre des
adversaires successifs, pour la conquête de nouveaux espaces économiques. Par là même, ces cités
maritimes, à la recherche de la domination, s’opposent également entre elles (raids contre Amalfi
dès 1135 et 1137).
Au milieu du XIIe siècle, après une première période de collaboration, Gênes et Pise
s’affrontent pour contrôler le commerce avec les côtes françaises, la Sicile, les Baléares et la
péninsule ibérique, pour la suprématie sur la Corse et la Sardaigne. Cette confrontation change
d’échelle au cours du XIIIe siècle, s’accusant en Tyrrhénienne où les Génois cherchent à éliminer
les Pisans, se déployant aussi en Méditerranée orientale. La supériorité de la flotte génoise explique
que l’affrontement décisif, en 1284, à la bataille de la Meloria, porte un coup rude à la puissance
maritime de Pise. Le rang de Pise est entamé, son commerce limité, sa dépendance à l’égard des
autres flottes s’accentue mais ses hommes d’affaires ne disparaissent pas des principaux centres
d’échanges de la Méditerranée. Gênes a ainsi remporté la lutte contre Pise. Toutefois, la
concurrence est désormais croissante, à l’occident, avec la couronne d’Aragon, en Méditerranée
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orientale avec Venise.
Des conflits à répétition marquent l’histoire de cette rivalité entre Gênes et de Venise. Ces
deux villes maritimes, dont aucune ne parvient à triompher de l'autre, s’opposent dans les mêmes
aires d’influence (“ guerre de Saint-Saba ” dont les hostilités démarrent à Acre, guerre de Curzola
dont l’accès aux marchés pontiques est une des causes…). Il a été montré que les effets financiers
du cycle guerrier de la fin du XIIIe siècle ( défaites contre Gênes), auquel vient s’ajouter plus tard le
poids de la guerre de Ferrare, sont réels à Venise même s’il ne faut pas les exagérer. Sans se
focaliser sur les seules grandes batailles navales, il faut en outre évoquer en mer et contre les bases
et les escales, la course, les raids, les pillages…
De cette intense compétition résulte d’autre part un recul de la multipolarité économique
italienne. Les Amalfitains n’avaient certes pas disparu du commerce maritime et, en mer
Tyrrhénienne, ils avaient assuré le repli de leur activité mais la concurrence des flottes pisane et
génoise tend à diminuer encore l’espace disponible. Ou encore, l’affirmation économique de
Florence se fait par la conquête d’espaces d’hégémonie, en Toscane, mais pas seulement. A Rome,
les Florentins évincent ainsi les Siennois de leur fonction de banquiers du Saint Siège.
b)Les faiblesses structurelles du dynamisme commercial et financier
Les compagnies représentent sans doute la forme la plus avancée des sociétés commerciales
de l’époque. Ces compagnies, qui existent depuis le XIIe siècle, sont particulièrement connues grâce
aux études sur les activités commerciales des Florentins dans les dernières décennies de la période,
moment où sont formées de véritables super compagnies, dotées de capitaux plus considérables et
agissant dans tous les lieux de l’activité économique (compagnies des Peruzzi, des Bardi, cette
dernière étant la plus importante dans la première moitié du XIVe siècle). Ces associations à durée
pluriannuelle, qui pouvaient être reconduites ou dissoutes, avaient une origine familiale mais elles
s’ouvraient aussi à des associés externes et tous les associés, solidaires, avaient une responsabilité
illimitée. Le capital de ces sociétés était constitué par le capital social de départ, fourni par les
associés, mais aussi par des fonds et ces capitaux supplémentaires, et ces dépôts, distincts du capital
initial, étaient rémunérés. Ces compagnies tendent à développer un système de filiales localisées
dans les places commerciales les plus importantes. Par là même, elles connaissent une puissance et
une extension considérables. Le nombre des succursales différait bien sûr selon les compagnies (les
plus grandes en possédaient jusqu’à une vingtaine, dont une bonne part en Italie (Bologne, Gênes,
Naples…) mais aussi dans les principaux centres commerciaux (Avignon, quand les papes y
résident, Bruges, Londres, Paris, Séville, Tunis)…). Diverses faiblesses pouvaient cependant
affecter ces sociétés. D’une part, du fait même de l’organisation en succursales, chaque filiale
disposait d’une assez grande autonomie et leur prospérité dépendait pour beaucoup de la qualité des
affaires conduites par son directeur. D’autres fragilités étaient plus encore manifestes. D’abord, les
dépôts pèsent d’un poids excessif par rapport au capital social d’où une incapacité de faire face au
rush des déposants en cas de crise (tous les dépôts sont des dépôts à vue). Or, si ces compagnies
pouvaient enregistrer des profits considérables, leurs pertes pouvaient être également fort
importantes du fait des difficultés de la conjoncture économique et politique, et des prêts énormes
consentis à des clients peu solvables (en particulier les princes) et par là même non remboursés.
D’où l’idée de compagnies “ colosses aux pieds d’argile ” car elles connaissent des faillites en
série : compagnies de Sienne, de Lucques, de Pistoia, d’abord, puis compagnies florentines dans les
premières décennies du XIVe siècle avant les banqueroutes de 1341, de 1343 (Peruzzi), de 1346
(Bardi)
Une fragilité du système bancaire a de même été mise en évidence. Il a été montré que de
véritables crises bancaires, dont les mécanismes peuvent être assimilés à des paniques financières,
frappent dès le XIIIe siècle par exemple les banques vénitiennes (1270, 1285, 1318). (problème lié
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surtout aux mouvements de la demande d’or et d’argent sur les places d’Orient). La vie financière
était donc ponctuée par des faillites plus ou moins graves.
c)
Des villes au seuil des difficultés
L’évolution des politiques en matière d’immigration urbaine est un premier signe des tensions
qui se manifestent dans de nombreux centres de l’Italie du Nord et du Centre (les politiques
d’encouragement continuent en revanche au sud). Dans la deuxième moitié du XIIIe siècle en effet,
quand commencent à se manifester les effets négatifs de la surpopulation urbaine, les autorités
s’efforcent de contrôler les flux migratoires, de limiter l’accès à la main d’œuvre non qualifiée,
d’interdire la ville aux indigents, mendiants et marginaux.
Cela étant, des phénomènes de stagnation démographique, voire même de régression, sont
sensibles dans les villes au début du XIVe siècle, même si certains centres voient leur population
augmenter jusqu’aux années 1340 ; les sources l'attestent pour Sienne et pour Gubbio par exemple.
La détérioration des conditions de vie est manifeste et elle entraîne une diminution de la natalité et
sans doute de la nuptialité comme elle provoque une hausse de la mortalité. De premiers épisodes
épidémiques se manifestent dans ces centres dont le plus ample est celui qui frappe un certain
nombre de villes de l’Italie du Nord et du Centre après la grande disette de 1339-1340. Mais, dès
1307 et 1320, à Venise, par exemple, les autorités s’inquiètent de la flambée de la mortalité et
s’emploient à trouver des lieux de sépulture parce que les cimetières sont insuffisants.
De fait, les sources à San Gimignano, à la fin du 13e siècle, montrent par exemple que 70%
de la population appartient à la classe des bas revenus. En 1332, ce nombre est passé à 81%.
L'exode rural en direction de ce petit centre urbain continue à jeter sur le marché du travail une main
d'œuvre nombreuse qui fait baisser les salaires. Dans toutes les cités italiennes, au début du XIVe
siècle, les “ poveri ” se comptent par milliers. 15 000 vivraient, semble-t-il, à Sienne en 1302, “ in
miseria infinita ”. Les sources laissent alors apparaître un autre paysage urbain que celui que
mettaient en place les grands travaux monumentaux, commandés par les autorités communales au
long du XIIIe siècle. Les sources fiscales particulièrement révèlent des rues et des cours de pauvres
maisons où l’activité industrielle imprime ses marques. Il apparaît en effet que dans les grandes
villes de l’Italie du Nord et du Centre un salariat s’était diffusé. On citera à titre d’illustration le
secteur de la manufacture de la laine où les ateliers appartiennent soit à de petits artisans, qui
travaillent la matière première ou les produits semi-finis, pour le compte d’une tierce personne, soit
à de grands entrepreneurs, en général des marchands banquiers, qui contrôlent indirectement
l’ensemble du cycle productif tout en faisant exécuter certaines phases du travail dans leurs propres
ateliers où était employée une main-d’oeuvre exclusivement salariée. Il n'est en fait possible
d'établir la courbe des salaires et des prix que dans la seule ville de Florence. Entre la fin du XIIIe
siècle et la fin des années 1320, les salaires augmenteraient ici de 20%. Mais avec la famine des
années 1329-30, ils seraient réduits de 75% sans reprise aucune jusqu'à la Peste Noire. Diverses
études sur le salariat médiéval, à Sienne par exemple, mettent de la même façon en évidence et la
faiblesse des salaires, au regard du coût de la vie (calcul du coût des repas quotidiens) et la forte
instabilité d’une partie de ces hommes et de ces femmes, particulièrement mobiles, voire itinérants,
qui ne travaillaient que de manière épisodique, ainsi sur les grands chantiers de construction.
Laissant les villes d’Italie au moment où la conjoncture des années 1300 assombrit leur
destin, il est temps de reparcourir le chemin qui les a conduit à la domination économique.
Cette puissance, qui reposait dès 1150 sur des bases historiques, rurales et commerciales
solides, est un bel exemple de polycentrisme génétique. La compétition, féroce, que se livrent les
villes, se double de complémentarités évidentes : villes portuaires et villes de l’intérieur, villes
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manufacturières et villes marchandes etc.
La force de l’I. urbaine est aussi d’avoir su, globalement, investir tous les secteurs de
l’économie et tous les espaces accessibles. L’exploitation de la terre, agriculture et élevage, la
production artisanale dans toute sa diversité (artisanat de proximité, de luxe, essor de la draperie), le
commerce de tous les produits, y compris celui de l’argent et des services : rien n’échappe aux villes
d’I., dont les habitants déploient leurs activités aussi bien intra-muros, dans le contado et les villes
voisines, qu’aux confins du monde connu.
Ce fascinant dynamisme engendre de multiples déséquilibres. Moins peut-être que
l’opposition entre le Nord et le Sud, appelée à se creuser dans les siècles suivants, on doit souligner
les difficultés rencontrées par les villes pour s’approvisionner, ou encore les violences politiques qui
pèsent sur la vie des affaires.
Après l’épreuve de la Peste et des remises en cause qu’on lui associe, se précise une
géographie italienne de la puissance urbaine appelée à trouver sa confirmation dans le cadre supra
citadin des “ Stati regionali ”. En Toscane, par exemple, c’est le déclin de Pistoia et Pise face à
Florence ; en Lombardie, la suprématie de Milan. Plus largement, se dessine une carte de la
puissance économique où dans des espaces élargis, où de nouveaux acteurs concurrencent les
Italiens
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Durée 7 heures
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SECONDE DISSERTATION (HISTOIRE CONTEMPORAINE)
Sujet : L’ennemi (1911-1946)
par Philippe BUTON (Professeur, Université de Reims) et Enrique LEON (Professeur de
Classe préparatoire aux Grandes Ecoles, Paris)
[avec la collaboration d’Annette BECKER (Professeur, Paris X Nanterre), Jean-François
CHANET (Professeur, Lille 3), Jean-Marc WOLFF(Professeur de Classe préparatoire aux
Grandes Ecoles, Paris)]
Le sujet ne pouvait surprendre les candidats, tant il était au cœur de toutes les problématiques
induites par la question au programme et le jury s’est félicité de l’intérêt manifeste qu’il a suscité
chez la plupart des candidats. La difficulté la plus grande consistait à ordonner une matière
extrêmement abondante, à équilibrer les développements, bref à être synthétique. Les étudiants qui
se destinent à enseigner et donc à traiter dans leur ensemble les programmes des collèges et lycées,
doivent être sensibles à cette impérieuse nécessité. Trop de copies ont indûment privilégié telle ou
telle dimension du sujet, se laissant dériver par leurs connaissances au risque de perdre de vue le fil
conducteur et la cohérence d’ensemble du propos. Gérer le temps imparti, bien ordonner la
progression, respecter l’équilibre entre les différentes parties constituent des règles d’or de
l’exercice : « Je m’enrichis en me dépouillant » aimait à répéter Matisse. L’historien doit aussi
savoir manier l’allusion et faire preuve de concision. De longs développements sur la diplomatie
européenne à la veille de 1914, les armements ou le cinéma de guerre peuvent, même érudits, se
révéler totalement contreproductifs.
Le jury n’attendait pas de plan particulier et nombre de candidats ont opté pour une approche
thématique qui pouvait se révéler efficace, en articulant, par exemple l’identification, le combat et la
délicate « normalisation » des relations avec l’ennemi.
Le plan chronologique, retenu ici, était sans doute celui qui permettait le mieux d’intégrer
toutes les dimensions du sujet. Mais, répétons-le, il n’était pas question d’être exhaustif mais de
montrer qu’on avait compris que la question de l’ennemi constituait un excellent observatoire pour
penser l'âge de la «guerre civile mondiale » (« Weltbürgerkrieg »).
Bien qu’elle ne soit pas évidente, il est possible d’amorcer la réflexion par une définition
juridique de l’ennemi au début de la période. Les textes de la convention de Genève de 1868, du
Manuel de la guerre d’Oxford de 1880 ou de la conférence de La Haye de 1899 n’en offrent qu’une
définition en creux. Dans tous ces documents, l’ennemi est clairement associé à un État belligérant
et aux forces armées qui lui sont associées – y compris les paramilitaires et les civils en armes. En
tout état de cause, l’ennemi se distingue clairement de l’adversaire, car l’adversaire renvoie à la
sphère politique intérieure, tandis que l’ennemi se trouve en-dehors des frontières nationales. Or
nous assistons au cours de la période étudiée à un glissement d’une approche nationale, juridique,
plus ou moins fermée, à une approche politique, ouverte : l’ennemi est celui qui constitue une
menace, réelle ou fantasmée, pour la communauté.
Certes, ce phénomène n’est pas d’une absolue nouveauté, et on appréciera que les candidats
évoquent certains héritages, en particulier la référence, fût-elle allusive, à la Révolution française,
qui noue le lien entre lutte idéologique et guerre nationale, ce qui conduit Robespierre à parler
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d’ « anéantir, exterminer, détruire définitivement l’ennemi ». De ce fait, la Révolution apparaît
comme une étape décisive vers la « totalisation » de la guerre, qui fait de l’ « ennemi » une réalité
plurielle, plus complexe que dans les guerres d’Ancien Régime, qui visaient moins à détruire
l’ennemi qu’à l’empêcher d’attaquer. Naturellement, cet héritage de la Révolution doit être
précisément replacé dans le contexte idéologique du début du XXe siècle : l’impérialisme comme
forme suprême du nationalisme, l’essor des ambitions du Japon en Asie, et finalement l’idée, chère
à Elie Halévy, selon laquelle l’appartenance nationale a pesé d’un bien plus grand poids que
l’appartenance de classe.
A défaut de dresser une typologie précise de cet ennemi perpétuellement réinventé, on peut
décliner son identité plurielle et montrer qu’elle s’inscrit dans une histoire des pratiques d’exclusion
et des représentations culturelles : ennemi ancestral, ennemi par conviction, ennemi par préjugés,
ennemi de classe, de religion, de race, ennemi lointain, ennemi de proximité, ennemi fantasmé ou
identifié, etc.
Si donc la catégorie de l’ennemi ne naît certes pas entre 1911 et 1946, elle connaît cependant
à ce moment une double évolution qui confère son unité à notre période : elle s’étend
progressivement à l’infini, au moment même où son traitement devient de plus en plus radical et
violent. Même si le concept de brutalisation n’a pas été défini en ce sens par son inventeur (George
L. Mosse), ce terme nous semble bien définir la trame dominante de cette période, et l’analyse de la
figure de l’ennemi en constitue une parfaite démonstration, comme nous le verrons en examinant
dans un premier temps, la progressive dilapidation de l’héritage de pacification difficilement
accumulé, dans un deuxième temps, la progressive transformation des adversaires en ennemis en
raison de l’apparition des phénomènes totalitaires, avant d’examiner l’apogée de cette spirale de
radicalisation que constitue la Seconde Guerre mondiale.
I. Vers une première radicalisation de la conception de l’ennemi (1911-1918)
A. Construction de l’ennemi, construction des identités nationales
1. Les marqueurs identitaires ou la nation comme horizon d’exclusion (territoire, foi,
culture…). Il convient d’analyser l’amalgame des stéréotypes ou de préjugés séculaires, de
représentations héritées de conflits antérieurs, de considérations mêlant la vieille « géographie des
tempéraments » et la vulgarisation fantasmée d’un savoir scientifique moderne (darwinisme social).
La construction nationale passe par le besoin d’ennemi, ou plutôt d’ennemis, extérieurs et intérieurs.
Comment passer de la guerre nationale à la guerre mondiale ?
2. Les guerres coloniales, premières guerres d’anéantissement ? La guerre coloniale,
exportation planétaire de la guerre nationale. Hannah Arendt a été une des premières à souligner que
l’impérialisme a été une des matrices du totalitarisme, c’est-à-dire de l'accomplissement de l'État
criminel. Le meilleur exemple, légèrement antérieur au programme mais qui a marqué la culture
militaire allemande, est sans doute le « génocide oublié » des Hereros en Namibie entre 1904 et
1906.
3. Le laboratoire des guerres balkaniques. L’ « accumulation primitive » de tous les facteurs
de haine (ethnique, religieux, etc.) sur les frontières européennes les plus problématiques, les moins
stabilisées, c'est-à-dire dans l’espace balkanique marqué par l’héritage de la « question d’Orient » du
XIXe siècle, est aux origines du déchaînement, voire de la ritualisation des violences, et en
particulier des viols systématiques.
B. La Première Guerre mondiale : « l’odieux ennemi » (de Gaulle)
1. De l’art de la guerre à la barbarie déchaînée : les violences de guerre (guerre
interpersonnelle et les traumatismes qui en résultent ; les atrocités subies par les civils). Vaincre
l’ennemi sur le champ de bataille, terre, mer, air. Les conséquences de l’application du principe de
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la « nation armée » : massification des effectifs des armées régulières. Ce que le passage de la guerre
de mouvement à la guerre de position, et particulièrement à la guerre de tranchées, change à la
perception de l’ennemi, à la façon de le combattre (ex. : artilleur qui ne voit pas l’ennemi par
opposition au nettoyeur de tranchée).
2. La guerre comme croisade. Comment la « guerre civile entre Européens » est rendue
possible par le sentiment partagé d’un conflit de civilisation. Comment se réinvestit en elle
l’héritage de la croisade. Comme l’a souligné Jean-Yves Guiomar, dans son récent livre sur
L’invention de la guerre totale (Éditions du Félin, 2004), celle-ci ne se caractérise pas seulement
par l’extension du conflit à tous les aspects de la vie des sociétés, la mise en mouvement de masses
de combattants sans précédent, animées par la volonté de vaincre jusqu’à la destruction complète de
l’ennemi, donc l’effacement de toute distinction entre militaires et civils, mais aussi par la
complexification des buts de guerre et la loi qui veut que la guerre totale ne puisse être arrêtée par
ceux qui l’ont déclenchée. De même, les principes et les valeurs au nom desquels a été menée la
lutte contre l’ennemi jusqu’à la victoire totale justifient d’établir sa responsabilité, de le juger, de le
punir, et de lui imposer des réparations.
3. L’ennemi intérieur : de la traque des pacifistes à la dénonciation du « coup de poignard
dans le dos ».
L’obligation impérieuse de la soumission à la discipline. La fuite, individuelle ou collective,
la mutilation volontaire, la mutinerie transforment ipso facto le ou les soldats « défaillants » ou
révoltés en ennemis potentiels, ce qui justifie la peine de mort. Les traîtres à la patrie : les
antimilitaristes, les pacifistes. L’idée que se faire le propagandiste d’une paix sans vainqueur ni
vaincu vous classe comme un homme à la solde de l’ennemi ou à tout le moins favorable à sa cause.
Début de la contamination de la scène intérieure par la notion d’ennemi : les adversaires politiques
deviennent suspects de servir l’ennemi ; parfois les libertés politiques elles-mêmes, voire la
démocratie deviennent l’objet de méfiance : censure, mise en sommeil du parlementarisme,
tentation de la dictature de guerre.
4. Le génocide des Arméniens: Le « génocide » intérieur en temps de guerre est également
inventé à ce moment, au sein de l'Empire ottoman. La population arménienne, considérée par le
pouvoir comme collectivement suspecte d'intelligence avec l'ennemi, fait l'objet de déportations et
d'une politique d'extermination systématiques, qui entraîne la disparition de 1 à 1,5 millions de
personnes, soit 50 à 75% des Arméniens de l'Empire.
La « brutalisation » des sociétés se traduit donc par la réinvention permanente de l’ennemi.
Cf. l’exemple des corps francs allemands : faute d’avoir gagné la guerre au dehors, il reste
l’Allemagne à sauver de ses ennemis du dedans.
Cette extension de la notion d’ennemi, cette radicalisation de son élimination ne sont-elles
que les produits éphémères du premier grand affrontement national du siècle ?
II. L’ennemi politique ou la continuation de la guerre par d’autres moyens (1918-1939)
Il est possible d’introduire cette partie par une réflexion sur la pertinence, dans ce domaine,
du modèle totalitaire. Ces régimes ont en commun d’être fondés sur la peur de l’autre, sur
l’exclusion d’un ennemi qui est tapi au cœur de la société quand il n’est pas la société elle-même
(URSS). [La guerre d’Espagne peut ainsi être présente dans les trois parties : en A, la guerre livrée
au POUM et aux anarchistes ; en B, l’idéologie de la Phalange et la croisade franquiste ; en C, les
violences politiques aux origines du conflit, les brigades internationales et l’engagement des
intellectuels].
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A. Le régime soviétique et l’ennemi de classe
1. Une idéologie qui justifie les assauts contre la société : « Épurer la terre russe de tous les
insectes nuisibles » (Lénine). Le bolchevisme étend le modèle de la Première Guerre mondiale au
domaine de la lutte politique. Enfantement d’un modèle stratégique inédit, celui de la guerre civile,
et d’une véritable culture de guerre civile. Le mode de conquête du pouvoir est ainsi bouleversé : la
notion de Révolution devient celle de Guerre civile (cf. évolution de la pensée de Lénine entre 1914
et 1917). La mort de quelques adversaires – modèle Révolution française — devient l’extermination
de masses importantes d’adversaires politiques.
2. Un épisode matriciel : la guerre civile. Les modalités mêmes de la lutte sont les outils du
précédent conflit : gaz de combat, artillerie, aviation, camps de concentration. Nouveau
franchissement de seuil dans l’horreur, et dans les deux camps : tortures, mutilation, noyades
massives. Les adversaires sont définitivement devenus des ennemis. Pendant la guerre civile,
l’extension au champ du travail de la discipline de l’armée provoque la militarisation du travail
impulsée par Trotski. Les grévistes sont ainsi considérés comme des déserteurs en temps de guerre,
littéralement assimilés aux ennemis, avec toutes les conséquences juridiques que cela implique.
Même origine et même conséquence avec la loi des otages proposée par Trotski et adoptée par le
pouvoir soviétique : en cas de désertion, sera fusillé un membre de la famille du déserteur.
3. La traque permanente de l’ennemi.
Des catégories entières sont désormais désignées comme ennemies, non plus pour des raisons
nationales, mais pour des raisons sociales. La grille marxiste est reprise, mais modifiée dans une
vision clairement guerrière : notion de guerre de classe. L’adversaire social devient un ennemi et
l’ennemi devient une catégorie en expansion indéfinie : recherche permanente d’une macule
politique ou sociale.
Dans le même temps, l’ennemi est dénationalisé, à l’image de la patrie du socialisme :
l’URSS est le seul Etat à ne pas être défini territorialement car, en germe, son extension est infinie :
« les frontières de l’URSS sont les tranchées temporaires de la lutte des classes » (Trotski).
En
définitive, la guerre devient permanente et le monde entier devient virtuellement en situation de
guerre civile permanente.
B. Fascisme et nazisme, des idéologies fondées sur la haine, des régimes fondés sur
l’exclusion : des systèmes productifs permanents d’ennemis.
1. Le mépris et la haine, au cœur de l’idéologie.
Des régimes bâtis sur des rejets et des refus : la figure de l’ennemi devient constitutive de
l’homme nouveau et justifie, comme en URSS, mais à partir d’une rhétorique différente, le rejet de
la démocratie comme espace où le politique organise l'altérité, en particulier le conflit né du
pluralisme du corps social.
Toute cette vision du combat politique est nourrie des réminiscences et de la nostalgie du
combat national passé. Au positif, la trinceacrazia doit remplacer l’élite traditionnelle qui a failli
dans la défense de l’intérêt national. Au négatif, le traitement précédemment réservé aux ennemis
doit être appliqué aux adversaires. Le caractère irréductible de la lutte entre ces nouveaux ennemis
que sont les adversaires politiques renvoie à la nouvelle vision sacrée du combat national et donc de
son prolongement qu’est le combat politique révolutionnaire. La religion politique s’appuie en la
dépassant sur la religion civile de la Nation : l’opposant devient l’ennemi de la foi.
2. Une violence multiforme, mais d’ampleur inégale. C‘est aussi, à la différence de l’URSS,
une violence ciblée. Hitler a surtout expurgé la communauté du peuple des éléments extérieurs aux
« Allemands-Aryens » : les opposants, les juifs, les tsiganes, les malades mentaux, les
homosexuels… Les nazis ménagent le reste de la société allemande. Même remarque pour l’Italie,
où les pratiques d’exclusion paraissent encore plus ciblées épargnant des ennemis potentiels, tel
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Benedetto Croce au Sénat (notion de totalitarisme inachevé ?).
3. Le Japon expansionniste et militariste, un cas particulier ?
Le kokutai : une conception organiciste de la nation – ichizoku kokku, l’État d’une seule tribu,
d’une seule race, une conception fondée sur l’intégration – vénération impériale - et sur l’exclusion
(surtout à partir de 1936, quand on se met à parler de l’ « État de défense nationale ») ; le péril blanc
(kakabatsu) évolue avec un ennemi de plus en plus explicite, les Etats-Unis ; les ambiguïtés à
l’égard de l’ennemi asiatique (méprisé, annihilé à l’occasion - massacres de Nankin - mais aussi
formellement respecté voire « récupéré » dans le cadre de la Grande Asie orientale ?).
C. Dans les états démocratiques, nous observons une évolution paradoxale : l’affaiblissement
de l’ennemi extérieur, mais l’affirmation de l’ennemi intérieur.
1. Effacer la figure de l’ennemi. Ou « de l’esprit de Genève à l’esprit de Munich »
La mémoire de la guerre conduit à jeter un nouveau regard sur l’ennemi. Elle aboutit à dénier
toute réalité à l’ennemi qui n’aurait été que la création ex nihilo de la propagande guerrière.
On tente de revenir au processus de cantonnement et de civilisation de la guerre. Cf.
l’évolution des alliances et des relations internationales. Noter comment l’hostilité générale au
bolchevisme a pesé sur les conditions de préparation et d’application des traités de 1919-1920. Les
conférences (Genève, le Pacte Briand-Kellog), la SDN et l’idée européenne.
Essor du pacifisme militant. Prendre des exemples dans les divers pacifismes « spécialisés » :
religieux, intégral, politique…
Essor du pacifisme dans la sphère politique traditionnelle : à gauche (exemple très significatif
du parti radical en France, ou le débat sur le désarmement à l’intérieur de la SFIO) comme à droite
(cf. le débat public lors de la guerre d’Ethiopie ou des Accords de Munich).
Essor de la sensibilité pacifique dans la société. L’humanité de l’ennemi s’oppose désormais
à l’inhumanité de la guerre. On pense au gardien allemand qui donne un harmonica au prisonnier
Maréchal, le personnage joué par Jean Gabin dans La grande illusion de Jean Renoir. On pense
naturellement au mouvement des Anciens combattants (l’ancien ennemi devient lui aussi une
victime de la guerre). On peut également penser aux manuels scolaires français des années 1930. A
l’inverse, observons la difficulté de parler de la mort infligée à l’ennemi : l’exemple de Maurice
Genevoix dans Ceux de 14, et plus généralement la manière dont, désormais, il est parlé de
« l’ennemi » dans les récits de guerre (par exemple la grande scène du « dialogue » avec le cadavre
du soldat français dans A l’ouest rien de nouveau). Ou bien la prise de position des surréalistes :
« Nous sommes ceux-là qui donneront toujours la main à l’ennemi. » (La Révolution surréaliste,
1925).
2. La brutalisation du champ politique : les exemples allemand et français. La militarisation des
conflits politiques et sociaux dans les pays démocratiques est légitimée. Toute une culture de
guerre civile s’étale complaisamment : manifestations martialisées, service d’ordre,
affrontements, chansons militaires.
III. La Seconde Guerre mondiale et l’affirmation de l’ennemi absolu (1939-1946)
Il est possible de relever d’emblée que, dans ces années de tourmente, les puissances de l’axe
et les totalitarismes n’ont pas le monopole de cette « absolutisation ». Il y a dans un contexte de
guerre totale une radicalisation qui risque de laisser des traces durables (« A chaque Parisien, son
Boche ! » (L’Humanité, 24 août 1944). Dans tous les pays, la propagande mobilise des moyens
nouveaux au service de ce combat.
A. La figure de l’ennemi croise dorénavant les différents champs, de la race, de la nation et
des convictions, comme Mein Kampf les avaient déjà synthétisés.
1. Ennemi national. Le nationalisme est plus que jamais la clé de la cohésion des nations en
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guerre. Exemple emblématique de l’URSS qui réactive un vieux fond patriotique quitte à dissoudre
l’Internationale communiste et à s’engager dans la voie du chauvinisme grand-russe: la tragédie des
peuples déportés (dont les Coréens dès 1937) ; cas de figure également intéressant de Vichy qui
tente de dissimuler sa soumission au Reich par une rhétorique nationaliste anti-anglaise, surtout
après Mers el-Kebir.
2. Ennemi idéologique. L’antifascisme italien ou allemand, la LVF et la Milice… ; la Charte
de l’Atlantique et l’affirmation de la croisade pour la démocratie. On peut évidemment relever les
ambiguïtés puisque ce combat pour la liberté passe par une Grande Alliance plutôt contre-nature, au
nom du principe « l’ennemi de mon ennemi est mon ami »
3. Ennemi racial. La place centrale de l’antisémitisme dans la Weltanschauung nazie (Mein
Kampf, le juif « ennemi de la civilisation ») et la dénonciation du « judéo-bolchévisme » ; sa place
dans l’ordre nouveau européen (on peut développer le cas français). On peut aussi évoquer l’attitude
des Etats-Unis à l’égard des 110 000 Nippo-Américains, les Nissei, internés dans des camps situés
dans les Rocheuses pendant toute la guerre.
4. La déshumanisation de l’ennemi. Au Japon, les hakujin – les Blancs – sont représentés
comme des reptiles ou des larves qu’épouvantent les aigles japonais, comme des « esprits malins »
ou des « diables » voire comme des bêtes sauvages incapables de maîtriser leurs pulsions
sanguinaires et leur frénésie sexuelle. L’animalisation de l’autre a été à son tour largement pratiquée
par les Anglo-Américains. Macaque ou gorille, nabot aux dents de lapin et aux lunettes de taupe, le
« jap » incarne le mal absolu, un peuple contre qui était engagée une lutte sans merci.
B. Une spirale de violences
Il convient de différencier les trois principaux théâtres d’opération : l’Ouest, le Pacifique et
l’Est. En effet, la guerre à l’Ouest demeure essentiellement territoriale ou politico-militaire. Et il
n’est pas difficile de l’analyser comme une guerre traditionnelle, ainsi que l’ont fait tous les
manuels scolaires français écrits en 1945 et 1946. Pour autant, cette guerre nationale poursuit la
course à la totalisation initiée par la guerre précédente, et elle est également mâtinée des
composantes raciales et idéologiques. Exacerbant ces dernières tendances, à l’Est, la catégorie de
l’ennemi enfle démesurément, la sauvagerie de la lutte également.
1. La violence dans la conduite de la guerre.
Une guerre d’annihilation (Vernichtungskrieg et « règle des Trois Tout » du général
Okamura). Les exemples ne manquent pas. Il convient de les prendre dans les différents théâtres
d’opération, il faut évoquer le sort des résistants, les représailles contre les populations civiles, etc.
Nous pouvons aussi nous poser la question de la responsabilité de cette « barbarie à visage humain »
(Ch. Browning) et nous interroger sur la légitimité et l’efficacité des bombardements dits
stratégiques (Dresde), comme de l’usage de la bombe atomique.
2. La violence contre les prisonniers de guerre.
La pratique de mise à mort des blessés et des prisonniers ennemis lors de leur capture. Cette
pratique existe pendant la Première Guerre mondiale, mais pas aussi systématiquement que sur le
front de l’Est pendant la Seconde où l’on observe l’exécution très généralisée des prisonniers. La
même pratique s’observe sur le front du Pacifique. Mais ces assassinats ne se produisent pas
seulement au moment de la capture. Dès la mi-septembre 1941, une quarantaine de « commissions
de vérification » allemandes vont dans les camps de prisonniers soviétiques pour rechercher les
« ennemis potentiels », essentiellement les commissaires politiques et les juifs. Puis cette politique
de brutalité extrême se généralise. Ainsi les camps allemands de prisonniers soviétiques en 19411942 sont de même nature que les camps de concentration (famine et travail exténuant), le taux de
mortalité s’établissant à 60%, l’agent de cette mortalité étant la faim. On peut également évoquer les
prisonniers faits par les Japonais et livrés aux travaux forcés, aux marches de la mort (Bataan), voire
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aux expériences bactériologiques (unité 731).
3. Le génocide des Juifs.
La vision hitlérienne du monde fait de la totalité de la population juive un ennemi inexpiable
par essence, mais les moyens de l'élimination des Juifs restent longtemps flous. Quel traitement de
l’ « ennemi » ? Pour Hitler, la « question juive » change de nature à partir de l'enlisement du plan
Barbarossa, des « expérimentations » locales se développent librement (Einsatzgruppen), le
processus d'exécution administrative de la décision (« la solution finale »- « Endlösung ») étant
lancé à Wannsee fin janvier 1942: 6 millions au moins des 11 millions de Juifs d'Europe
comptabilisés par les nazis sont ainsi exterminés jusqu'à la fin de la guerre.
C. Une guerre qui débouche sur une réflexion renouvelée sur la notion d’ennemi
1. Comment se réconcilier avec l’ennemi ? La question de la responsabilité de la guerre ?
Deux réponses différentes : Nuremberg et Tokyo. La question du pardon, entre droit à l’oubli et
devoir de mémoire.
2. La volonté de fonder un ordre international sur de nouvelles valeurs. ONU.
3. De nouveaux ennemis : de nouvelles lignes de fracture, principalement idéologiques se font
jour qui annoncent la Guerre froide. Dorénavant, l’ennemi vient d’ « un autre monde » (cf. le succès
de la science-fiction), mais il y a aussi une évidente continuité à travers le film d’espionnage (cf.
Hitchcock qui passe sans problème de la dénonciation de la cinquième colonne nazie à celle des
espions soviétiques).
Conclusion : Cette période a signifié, pour l’Humanité, un recul dans la voie de la
civilisation. Alors que la définition de l’ennemi avait été progressivement circonscrite, que l’usage
de la violence à son égard avait été progressivement codifié, la période envisagée voit la roue de
l’Histoire s’inverser, et enregistrer le retour d’une violence permanente, multidirectionnelle et
exacerbée. Certes, tout le monde n’est pas à égalité devant les risques de violence, mais tous
peuvent désormais être touchés. Personne ne peut être certain de ne pas être désigné comme un
ennemi à abattre, en raison de son passé, de ses croyances ou de sa simple naissance.
Après ce trou noir de la Seconde Guerre mondiale, l’Humanité a quand même dû tenter de
reconstruire un avenir, en inaugurant une nouvelle voie : après avoir, avant la Première Guerre
mondiale, essayé d’éliminer les formes les plus extrêmes de la violence contre l’ennemi, après avoir
dû les subir pendant toutes ces décennies, l’Humanité tentera ensuite de les domestiquer,
construisant son futur demi-siècle de paix sur la menace permanente du cataclysme majeur. Peutêtre peut-on s’interroger sur les limites de cet effort de la communauté internationale pour revenir à
une conception juridique, étroite, codifiée de l’ennemi à la lueur des événements récents, en
soulignant que, si la communauté internationale a produit un gros effort pour rétablir des normes de
droit dans la définition de l’ennemi (convention de Genève de 1949), de nouvelles formes de haine,
souvent multiséculaires, ont resurgi, la religion redevenant au même titre que la classe, la race, la
nation ou l’ethnie un facteur majeur d’exclusion.
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EXPLICATION DE DOCUMENT (HISTOIRE MODERNE)
Durée 7h.
Sujet :
Thomas Jefferson, ambassadeur des Etats-Unis à Paris, écrit à James Madison
Paris, le 28 août 1789
Cher Monsieur,
La dernière lettre que je vous ai adressée était datée du 29 juillet. J’ai depuis reçu vos lettres
datées du 27 mai, du 13 juin et du 30 juin. La tranquillité de la ville n’a pas été troublée depuis ma
dernière lettre. Les querelles entre les gardes-françaises et les gardes- suisses ont entraîné
quelques combats singuliers au cours desquels cinq ou six personnes ont été tuées. Elles sont à
présent achevées. Le manque de pain depuis quelques jours a grandement menacé le calme de la
ville. Certains ont eu un peu de pain, d’autres pas du tout. Les pauvres sont les mieux servis parce
qu’ils assiégent en permanence les portes des boulangers. Malgré cette détresse et l’impuissance
évidente des autorités municipales à approvisionner la ville en pain, ce n’est qu’hier qu’une
autorisation générale a été donnée aux boulangers d’aller dans les campagnes pour acheter de la
farine pour leur propre compte s’ils le pouvaient. Cela nous soulagera bientôt parce que la récolte
de blé est bien avancée. Jamais il n’y a eu un pays où la pratique de trop gouverner s’est autant
enracinée et a fait plus de mal. Leur déclaration des droits est achevée. Si elle est imprimée à
temps, j’en joindrais une copie à cette lettre. On ne sait pas si, à présent, ils s’attaqueront d’abord
aux finances ou à la constitution. Le manque d’argent met tout en danger. Les impôts ne sont pas
payés et il n’est pas possible d’emprunter. Mr. Necker devait donner hier un mémoire à
l’Assemblée à ce sujet. Je pense qu’ils lui donneront l’autorisation de mettre en application le plan
qu’il lui plaira de manière à être eux-mêmes débarrassés de ce problème et de pouvoir s’atteler à
la constitution.
Aucun plan n’a été annoncé jusqu’à présent mais les principaux membres (avec quelques
différences d’opinion) ont les dispositions suivantes à l’esprit. Le pouvoir exécutif aux mains d’un
roi héréditaire avec un droit de veto sur les lois et le droit de dissoudre la législature ; son pouvoir
de négocier les traités sera très encadré et ses dépenses seront limitées. Le pouvoir législatif aux
mains d’une chambre des représentants. Ils proposent aussi un sénat, [dont les membres seront]
choisi[s] sur le modèle de notre sénat fédéral par les assemblées provinciales, mais à vie, audessus d’un certain âge (ils parlent de quarante ans) et d’un certain revenu (4 ou 500 guinées par
an1), mais qui n’aurait pas d’autre pouvoir, en ce qui concerne les lois, que de faire des
remontrances aux représentants qui, ensuite, décideront de leur destin à la majorité simple. Cela en
fait, comme vous le comprenez, un simple conseil de révision comme celui du New York, et, pour
être quelque chose, il devra former une alliance avec le roi pour pouvoir profiter de son veto.
L’alliance sera utile à la fois aux deux parties et à la nation. Les représentants seront choisis tous
les deux ou trois ans. Le système judiciaire est moins prêt que les autres parties de leur plan.
Cependant, ils aboliront les parlements et établiront une organisation de juges et de cours de
justices, générale et provinciale, très semblable à la notre avec un jugement par jury sûrement pour
le criminel et peut-être aussi pour le civil. Les provinces auront des assemblées pour le
1
Une guinée est une pièce qui, depuis 1717, vaut une livre sterling et un shilling ; une livre sterling s’est échangée
durant la majeure partie du XVIIIe siècle contre vingt-trois livres tournois, trois sous et six deniers.
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gouvernement provincial et les villes un conseil municipal pour le gouvernement municipal, tous
fondés sur l’élection populaire. Ces gouvernements subordonnés, quoique complètement
dépendants du gouvernement général, se verront confier pratiquement toutes les compétences
qu’exercent nos Etats. Ils auront leur propre magistrature, sans appel sauf pour les affaires les
plus graves, les affaires exécutives passeront pour l’essentiel entre leurs mains et ils auront la
possibilité de promulguer une partie de la législation locale. En bref, notre système a été présenté
comme leur modèle avec certains changements qui sont rendus nécessaires par le fait que les
circonstances sont différentes et d’autres qui ne sont ni indispensables ni avantageux mais auxquels
sont enclins les hommes qui sont versés dans la théorie du gouvernement et nouveaux dans sa
pratique, lorsqu’ils voient l’homme seulement tel qu’il est dans les livres et non dans le monde.
Ce plan subira sans doute des changements lors de son passage à l’assemblée et plus il sera
retardé plus ces changements seront importants car cette assemblée, ou plutôt sa partie patriotique,
soudée jusqu’à présent contre un ennemi commun, est moins unie depuis sa victoire. Cet ennemi
(l’aristocratie civile et ecclésiastique) commence à relever la tête. Les hommes qui forment la lie du
parti patriotique, dont les principes sont pervers et la fortune compromise, espérant pouvoir retirer
quelque butin du naufrage de leur pays, se sont mis eux-mêmes à la disposition de la faction du duc
d’Orléans, cette faction qui complote avec la populace et intrigue à Londres, La Haye et Berlin et
qui a évidemment pour objectif de transférer la couronne au duc d’Orléans. Ce dernier est un
homme d’une intelligence moyenne, qui n’a aucun principe, qui s’adonne aux vices les plus bas et
qui est incapable de s’extraire de cette fange pour entreprendre quelque chose d’autre. Son nom et
son argent sont de simples jouets dans les mains de ceux qui en font leur dupe. Mirabeau est leur
chef. Ils peuvent produire une confusion temporaire et même une guerre civile passagère, soutenus
comme ils le sont par l’argent anglais, mais ils ne pourront pas gagner en dernier ressort. Le roi,
la masse des gens qui comptent dans le pays et la partie influente du clergé forment une phalange
solide qui prévaudra. Si les délais qui surviennent inévitablement lors des délibérations d’une
assemblée de 1200 personnes donnent à ce complot le temps de mûrir et d’éclater et qu’il détruise
l’assemblée avant que rien de définitif ne soit fait, une constitution, dont les principes sont bien
établis dans les esprits de l’assemblée, sera proposée par la garde nationale (c’est-à-dire par son
commandant) à la demande de membres particuliers de l’assemblée, signée par le roi et soutenue
par la nation et elle prévaudra jusqu’à ce que les circonstances permettent sa révision et une
sanction plus appropriée. Voilà ce que je suppose être le pire pour leurs affaires, le plus probable
étant un règlement pacifique.
Ils craignent une guerre de la part de l’Angleterre, de la Hollande et de la Prusse. Je pense
que l’Angleterre donnera de l’argent mais ne fera pas la guerre. La Hollande serait bientôt divisée
intérieurement si elle était impliquée dans des difficultés extérieures. La Prusse doit savoir cela et
agira en conséquence. Il est impossible de désirer que prévalent dans cette assemblée de meilleures
dispositions envers nous. Nos actions ont été vues comme un modèle pour eux dans toutes les
occasions ; et, quoique dans la chaleur des débats, les hommes soient généralement disposés à
contredire chaque autorité mise en avant par leurs opposants, nos actions ont été traitées comme la
bible, ouvertes à l’explication mais pas à la contestation. […]
The Republic of Letters. The Correspondence between Thomas Jefferson and James Madison,
1776-1826, éditée par James Morton Smith, volume 1, 1776-1790, New York, Londres, W. W.
Norton & Company, p. 627-629.
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Rapport par François-Joseph RUGGIU, Professeur à l’Université Michel de MontaigneBordeaux 3.
Avec la contribution de Christine LAMARRE, professeur à l’Université de Bourgogne et
Pierre-Yves BEAUREPAIRE, professeur à l’Université de Nice
Le texte proposé pour commentaire au concours externe de l’agrégation d’histoire était une
lettre envoyée à la fin du mois d’août 1789 par Thomas Jefferson à son compatriote et ami, James
Madison. Ce document a été choisi parce qu’il aborde en quelque soixante-dix lignes la plupart des
thèmes liés au programme d’histoire moderne : Révoltes et Révolutions en Europe (Russie
comprise) et aux Amériques, de 1773 à 1802. Il associe d’abord les deux grands événements
révolutionnaires de la période : la Révolution française, dont il décrit une étape essentielle – la
scission entre les monarchiens et les patriotes – à un moment crucial – l’été 1789- et la Révolution
américaine, à travers son auteur, Thomas Jefferson, et à travers les allusions précises qui sont faites
aux travaux constitutionnels qui eurent lieu aux Etats-Unis, en particulier en 1787. Il était cependant
clair que les deux Révolutions ne devaient pas être traitées à égalité dans le commentaire comme
l’ont pensé certains candidats. Le document articule ensuite, d’une manière à laquelle les candidats
devaient réfléchir, les deux termes qui composent le libellé du programme : les « révoltes », sous la
forme des troubles frumentaires dont il est question au début du texte, et la notion même de
« révolution » en tant que construction d’un nouvel ordre politique, constitutionnel et social. Enfin,
il concerne le début du processus révolutionnaire français, un moment dont les correcteurs
pouvaient raisonnablement penser qu’il avait été étudié par tous les candidats.
Le texte ne faisait apparaître aucun personnage que les étudiants pouvaient mal
connaître puisque étaient explicitement cités : Thomas Jefferson et James Madison ; Necker ; le duc
d’Orléans, que plus d’un quart des candidats ont curieusement identifié à un des frères du roi et dont
ils ont, encore plus curieusement, fait un des chefs des émigrés ; Mirabeau ; Louis XVI ; le
« commandant de la garde nationale » dans lequel il fallait bien sûr reconnaître La Fayette ce qui
n’a, à vrai dire, pas toujours été le cas. Le texte ne nécessitait aucune connaissance érudite à
l’exception du « conseil de révision de l’Etat de New York ». Le contexte était néanmoins
suffisamment précis pour que les candidats comprennent quelle en était la fonction et pourquoi il
était cité ici ; il n’y avait d’ailleurs pas lieu de s’y attarder longuement. En revanche, il valait mieux
avoir étudié le déroulement des événements de l’été 1789 ainsi que la situation politique française
avant les journées d’octobre 1789 de même qu’il fallait avoir entendu parler de la Constitution
américaine de 1787 et avoir une bonne idée des débats politiques survenus autour de l’élaboration
de la Constitution française de 1791. Il a semblé aux correcteurs qu’il s’agissait là de connaissances
qu’ils pouvaient attendre des candidats et ils ont été surpris de voir que certains d’entre eux
ignoraient pratiquement tout des problèmes constitutionnels et politiques posés par les débuts de la
Révolution française.
Les candidats étaient donc en présence d’un texte portant sur une période importante de
l’histoire de France, écrit dans un vocabulaire assez simple, qui ne comportait pas de piège majeur
et dont les perspectives étaient assez larges ce qui, en soi, pouvait représenter une difficulté à
surmonter.
Les correcteurs ont toujours valorisé les qualités d’exposition des candidats et noté
favorablement les explications de texte qui répondaient aux normes du genre, par l’élucidation de
toutes les allusions fondamentales du texte, par la construction de paragraphes à partir du texte, par
les renvois réguliers à des lignes du texte, par la qualité des transitions, par la densité de la
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conclusion, qui ne doit pas être un vague résumé du contenu du devoir mais bien une ferme
exposition de ses principaux apports et une ouverture vers la période ultérieure etc. Comme les
années précédentes, ils ont sanctionné les copies bavardes et paraphrastiques, parfois fortes de
plusieurs dizaines de pages, qui réussissent le tour de force de passer à côté de tous les points
essentiels du sujet. Ils n’ont guère été indulgents envers les copies constituées d’une série de fiches
plaquées sur des fragments du texte et vaguement reliées les unes aux autres, par exemple sur les
révoltes frumentaires d’Ancien Régime – en particulier sur la guerre des Farines, qu’il était possible
d’évoquer mais, en aucun cas, de raconter sur plusieurs pages – ou encore sur la prise de la Bastille,
qui était carrément hors sujet. Ils ont été surpris de voir à quel point des passages simples du texte
faisaient l’objet de contresens, généralement liés à une lecture hâtive et désordonnée. Cela a été
particulièrement le cas à propos de la faction du duc d’Orléans que les candidats ont très souvent
assimilée au mouvement des émigrés dont Londres, La Haye et Berlin sont devenues les capitales.
Ils ont également remarqué avec étonnement les anticipations hasardeuses de certains candidats qui
lisaient dans le texte les affrontements entre les Girondins et les Montagnards, voire la guerre de
Vendée.
Les correcteurs ont bien sûr regretté le flou des connaissances de bien des candidats lorsqu’il
s’agissait d’entrer dans les détails : une institution aussi fondamentale que les Parlements d’Ancien
Régime semble ainsi inconnue à beaucoup d’entre eux. Ils ont, par ailleurs, souvent confondu les
droits féodaux avec les impôts et se sont révélés incapables de décrire les mécanismes de la crise
financière qui a précipité la fin de la monarchie. Les différents courants au sein de l’Assemblée au
cours de l’année 1789 ont été rarement correctement présentés. Enfin, les correcteurs ont durement
pénalisé les trop nombreuses copies dont l’orthographe (l’accord des verbes, les pluriels…) ou le
style (la mauvaise maîtrise du vocabulaire employé…) n’étaient pas au niveau du concours et, s’ils
ont apprécié les mises en perspective historiographiques pertinentes (par exemple sur la
« Révolution atlantique » ou sur les travaux de la Constituante), ils n’ont jamais été sensibles à
l’accumulation gratuite de références bibliographiques, en particulier de titres de synthèses parues à
l’occasion des concours, souvent convoquées pour légitimer des banalités, par exemple sur le
caractère exceptionnel de l’année 1789 !
Une première proposition de correction2
Comme toujours dans un commentaire de texte, l’essentiel de la réussite du devoir passait par
une bonne critique externe qui prouve que le candidat a compris le point de vue de l’auteur, les
enjeux de la période étudiée et les contraintes imposées par le genre du texte. Les correcteurs ont été
frappés par le fait qu’une minorité seulement des candidats répondait à ces exigences alors même
que la technique de l’introduction d’un commentaire leur est enseignée depuis la première année de
DEUG.
L’auteur de la lettre est Thomas Jefferson (1743-1826), qui a été le troisième président des
Etats-Unis (1801-1809). Au début du mois de juin 1776, à l’âge de 33 ans, il a participé à la
rédaction de la Déclaration des droits et de la Constitution de la Virginie puis, en juin et en juillet
1776, il a siégé au comité qui a rédigé la Déclaration d’indépendance, dont il a été comme un des
principaux inspirateurs et le rédacteur au sens matériel du terme. Ambassadeur des Etats-Unis en
France de 1785 à 1789, il est rentré aux Etats-Unis à l’automne 1789 pour devenir Secrétaire d’Etat,
c’est-à-dire ministre des Affaires Etrangères. On notera, sans que la connaissance de ce fait ait été
2
On notera que les lignes qui suivent ne constituent pas une « copie type » mais articulent les
problématiques et détaillent les connaissances qu’il était nécessaire de mettre en œuvre pour bien
comprendre le texte proposé.
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exigée des candidats, que Jefferson demandait son rappel depuis plusieurs mois voire plusieurs
années. Il voulait rentrer aux Etats-Unis à la fois pour des raisons personnelles, en particulier parce
qu’il souhaitait retrouver sa propriété de Monticello, et parce qu’il aurait voulu participer aux débats
sur la constitution fédérale et sur sa ratification qui se sont déroulés finalement sans lui. Alors qu’il
était en France, il a d’ailleurs collaboré étroitement avec James Madison lors de la préparation du
Bill for establishing Religious Freedom in Virginia en 1786 et de la Northwest Ordinance de 1787.
Leur amitié a joué un rôle considérable dans leur vie. Jefferson a été grandement influencé par les
Lumières européennes : il a développé un intérêt particulier pour l’éducation ; il a été aussi un grand
juriste et un amateur de botanique, paléontologie, musique, linguistique et architecture…
Appartenant aux cercles parisiens éclairés, il était particulièrement connu en France pour son
ouvrage Notes on Virginia, qui est paru en français à Paris en 1785. Les correcteurs s’attendaient à
ce que les candidats soulignassent la puissance d’analyse de Jefferson mais ils ont été surpris par
l’étendue des pouvoirs prophétiques que certains lui ont prêtés : Jefferson apparaît explicitement
dans beaucoup de copies comme un voyant omniscient qui aurait prévu la plupart des évènements
ultérieurs de la Révolution, que les candidats s’empressent alors d’évoquer abusivement.
La personnalité du destinataire n’était pas indifférente pour comprendre le contenu de la
lettre. Certains candidats ont d’ailleurs avancé avec pertinence que les comparaisons faites par
Thomas Jefferson entre les constitutions américaine et française étaient partiellement destinées à
faire mieux comprendre à son correspondant les débats qu’il relatait. James Madison (1751-1836),
futur quatrième président des Etats-Unis, a été élu en 1776 à la Convention de Virginie ; il a ensuite
participé à l’exécutif de cet Etat où il a travaillé avec Jefferson. Il a servi dans le Continental
Congress de 1780 à 1783 puis à nouveau de 1786 à 1788 et il a alors été frappé par l’inadéquation
des Articles de la Confédération. Il a donc été un des principaux avocats du renforcement des
pouvoirs d’un gouvernement central et il est à côté d’Alexandre Hamilton à l’Annapolis Convention
de 1786. Il est très actif lors de la préparation de la constitution et ce sont ses idées qui ont prévalu :
une législature bicamérale ; un pouvoir exécutif et un pouvoir judiciaire séparés ; un système de
taxation efficace. Il est particulièrement engagé dans la lutte pour la ratification de la
Constitution en 1788 et il participe au Fédéraliste avec Alexandre Hamilton. Il n’a accepté qu’avec
hésitation l’idée d’un Bill of Rights mais il a donné sa parole aux Anti-Fédéralistes pour faciliter
leur ralliement et il est ensuite le principal auteur des dix amendements ratifiés en décembre 1791.
Jefferson et Madison ont huit ans de différence d’âge mais ce sont des amis très proches
depuis 1776 en même temps que deux politiciens qui ont l’habitude de travailler ensemble. Ils sont
tous les deux des Virginiens qui appartiennent au milieu des grands planteurs, ce que savaient
beaucoup de candidats. Ils avaient une conception de la démocratie, que ce soit en Amérique ou
ailleurs, et du peuple qui leur était particulière : le peuple des rues de Philadelphie, de Boston ou de
la Bastille, formait pour eux une « populace » à laquelle il n’était pas bon de céder des droits
politiques. Mais ils n’étaient pas d’accord sur tous les points. Pour Madison, les principaux dangers
étaient la trop grande autonomie des Etats et la dictature de la majorité alors que Jefferson était plus
sensible à la crainte d’un pouvoir excessivement centralisé de sorte que les opinions et le nom de
Jefferson, qui lui-même s’est présenté comme un neutre, ont été mis en avant par les adversaires de
Madison lors des débats pour la ratification de la Constitution en 1788.
La date et le contexte. La lettre est datée du 28 août 1789 c’est-à-dire d’un moment peut-être
un peu moins intense de l’été 1789, même si la Déclaration des Droits de l’Homme a été votée
seulement deux jours auparavant, le 26 août. A l’enthousiasme du 4 août, et aux difficultés de la
semaine qui a suivi, au cours de laquelle ont été négociés et rédigés les décrets qui visaient à la
disparition des droits féodaux et des privilèges, a succédé une période où la tension est un peu
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retombée et où les députés sont revenus à un ordre du jour fixé dès le début du mois de juillet mais
qu’ils ont perdu de vue sous la pression des événements : « On ne sait pas si à présent ils
s’attaqueront d’abord aux Finances ou à la Constitution… ». En fait, le texte se situe a un moment
où se cristallise le premier clivage entre les patriotes : il a couru sourdement dès les lendemains du
14 juillet puis il s’est atténué autour de la nuit du 4 août mais il se révèle de plus en plus au grand
jour et Jefferson a pu observer son développement de très près.
Le genre. Les candidats étaient en présence d’une lettre privée car James Madison n’occupait
pas alors de fonctions officielles au sein de l’Etat fédéral. Il n’était pas Secrétaire d’Etat comme
l’ont avancé certaines copies. Mais ce n’est pas pour autant une lettre personnelle ou intime car elle
ressemble beaucoup à une dépêche diplomatique, qui constitue une source historique spécifique.
Comme les dépêches diplomatiques, les premières lignes situent l’envoi dans une
série chronologique dont on voit qu’elle s’étale sur quatre mois à une époque où il fallait quatre à
six semaines pour traverser l’Atlantique lorsque le voyage se passe bien (« La dernière lettre que je
vous ai… ma dernière lettre »). Le contenu entremêle habilement une description des événements,
qui permet d’informer le correspondant, et des analyses et des jugements de valeur.
Un des points les plus frappants du texte est la manière dont Jefferson réussit à articuler, pour
une période donnée, un ensemble d’éléments qui vont du plus singulier, comme les duels entre les
Gardes-Françaises et les Gardes-Suisses, au plus général comme l’attitude des puissances
étrangères. Les candidats pouvaient relever l’efficacité avec laquelle il présente en vingt lignes tous
les aspects du système constitutionnel envisagé en examinant successivement l’exécutif, le
législatif, le judiciaire et, enfin – ce qui aurait pu être négligé par un observateur extérieur mais qui
ne l’a pas été par cet Américain sensible aux rapports entre pouvoir central et pouvoir local –
l’organisation de l’administration provinciale. Les correcteurs souhaitaient que les plus avancés des
candidats mettent cependant en valeur les problèmes posés par une lettre de ce type rédigée par un
étranger placé dans une position d’observation plus ou moins engagée. Elle comprend, en effet, des
informations de première main réunies par quelqu’un dont c’est justement la mission mais qui
passent par le prisme d’un regard étranger aux querelles politiques locales. Elles sont donc
importantes pour ce qu’elles nous apprennent de la situation observée mais aussi pour ce qu’elles
nous apprennent de l’auteur, de son système de pensée et de ses sources d’informations. En fait,
Jefferson se fait ici l’écho du milieu qu’il fréquente, celui de la noblesse réformiste, passée parfois,
comme le marquis de La Fayette, par l’Amérique. Il en reflète les a priori, les interprétations et,
surtout, les espoirs : « Voilà ce que je suppose être le pire pour leurs affaires, le plus probable étant
un règlement pacifique ».
En réfléchissant sur les contraintes purement littéraires qu’impose une correspondance de
cette nature, il était possible d’évoquer les conséquences de l’ordonnancement dans un récit linéaire
de la suite d’événements tumultueux auxquels assiste Jefferson. Il lui a fallu faire des choix :
Jefferson ne parle pas de la « Grande Peur » ni de la nuit du 4 août alors que la lettre précédente
datait du 29 juillet et n’avait donc pu les évoquer. Le ton est relativement dépassionné comme il
convient à deux amis s’écrivant par-dessus un océan et par ailleurs étrangers aux bouleversements
qu’ils commentent.
Beaucoup de candidat ont tenté de sacrifier au rite de l’analyse du texte qui est obligatoire en
histoire ancienne et médiévale mais qui est moins rigoureusement demandée en histoire moderne et
contemporaine. L’analyse du texte est un exercice difficile qui, lorsque le candidat choisit de
l’exécuter, ne doit pas se transformer en un résumé du contenu du texte qui dépasse parfois, dans
certaines copies, une page. L’analyse s’impose, en fait, surtout lorsque le document n’est pas un
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texte mais une image qu’il faut alors présenter ou encore lorsque le texte est particulièrement long et
complexe. L’analyse doit alors ressaisir en quelques lignes fermes les principaux axes du document
proposé. Elle ne peut en aucun cas se substituer à la problématique.
La quasi-totalité des candidats se sont arrêtés sur la problématique la plus simple et qui était
parfaitement recevable lorsqu’elle était correctement formulée : le regard d’un Américain sur les
événements de l’été 1789. Ils ont alors choisi de suivre le plan du texte ce qui, là encore, a été
parfaitement accepté : la situation parisienne au mois d’août 1789 ; un projet constitutionnel ; les
menaces qui pesaient sur la Révolution. Il était cependant possible de partir de l’idée selon laquelle
des hommes et des groupes ont régulièrement voulu « arrêter » la Révolution mais chacun à son
profit, à sa date, et contre le voisin (F. Furet, Penser la Révolution…, p. 82). Mirabeau et La Fayette
l’ont tenté en 1790, puis, après Varennes, le triumvirat Lameth, Barnave, Duport ou encore les
Girondins, en 1792 etc. La lettre de Jefferson permettait d’assister au premier de ces essais d’arrêt
de la Révolution par Jean-Joseph Mounier, qui, bien qu’il ne soit pas nommé, est l’un des
personnages principaux du texte, et par son groupe, les Monarchiens. Une telle opération nécessitait
le règlement des questions fondamentales de la souveraineté et de la représentation ; elle se justifiait
par un climat politique particulier ; elle s’est déroulée sous la pression d’influences diverses.
I Le difficile règlement de la crise constitutionnelle ouverte au moment des Etats
Généraux
Après l’autoproclamation de l’Assemblée Nationale, le 17 juin, le Serment du Jeu de Paume,
le 20 juin, qui a vu les députés jurer de rester assemblés « jusqu'à ce que la Constitution du royaume
soit établie… », puis la réunion des trois ordres symbolisent la mise en place de facto d’une
nouvelle conception de la souveraineté qui s’est trouvée transférée du roi à la nation. Cette dernière
a à présent deux représentants : l’Assemblée nationale et le roi. Il fallait alors aux députés en tirer
toutes les conséquences par la rédaction d’un ensemble de texte : une déclaration des droits et une
constitution. Ces textes sont sur le métier depuis le début du mois de juillet et le texte donne ici le
sentiment d’une urgence retrouvée. La manière dont les problèmes financiers ont été évacués par
Jefferson et par les députés en est la preuve (« Le manque d’argent… s’atteler à la Constitution »).
Les candidats ne devaient bien sûr pas raconter la vie de Jacques Necker (1732-1804) mais ils
pouvaient rappeler que, directeur général des finances entre 1777 et 1781, il avait financé la guerre
d’Indépendance américaine par l’emprunt et qu’il avait publié, en 1781, un compte rendu financier
erroné qui a grandement obéré l’action de ses successeurs. Le spectre de la banqueroute l’a ramené
aux affaires en août 1788 mais il a été congédié le 11 juillet 1789 puis rappelé dès le 16 juillet sous
la pression de l’émeute. Cela a été l’apogée de son influence car elle n’a cessé ensuite de décliner en
raison de son incapacité à trouver les moyens d’assainir les finances non plus de la Couronne mais
de la nation.
La dette colossale de la Couronne, née des dépenses militaires de la monarchie, et le déficit
des finances, lié à l’incapacité de la monarchie à réformer son système fiscal, sont toujours présents
en août 1789 et les solutions manquent dans un contexte de dissolution de l’Etat qui est
caractéristique des périodes de trouble. L’appareil administratif s’est, en effet, effondré et les impôts
sont d’autant moins payés que les campagnes sont désorganisées par la Grande Peur. Un premier
emprunt de 30 millions livres proposé au début du mois d’août par Necker n’a pas marché ; il en a
été chargé d’un second mais il est clair que l’intérêt de la nation s’est porté ailleurs.
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a) La question de la Déclaration des Droits
C’est un point sans doute important pour Jefferson (« Leur déclaration des Droits est
achevée ») mais il n’y consacre qu’une ligne et cela devait être souligné. Jefferson a rédigé la
Déclaration des Droits de Virginie, la Déclaration d’Indépendance et il était favorable, en 1787, à
l’addition d’un Bill of Rights à la Constitution américaine, qu’il concevait d’ailleurs dans un sens
universaliste très proche de celui de la Révolution française. Les candidats pouvaient rappeler, sans
s’y attarder, que la rédaction d’une Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen était à l’ordre
du jour depuis plusieurs semaines puisque dès le 11 juillet, La Fayette, le député de la sénéchaussée
de Riom devenu un des principaux personnages du pays à la faveur du 14 juillet, a proposé qu’une
Déclaration, dont il avait donné un projet, soit mise en tête de la Constitution. Ce projet n’a pas fait
l’unanimité et bien d’autres propositions ont été faites dont celles de Mounier, député de Grenoble,
et de Sieyès. La discussion à l’Assemblée a ensuite été retardée par la résolution de la question de la
féodalité entre le 4 et le 11 août. Les débats sur la Déclaration ont repris le 12 août et plusieurs
projets sont à nouveau exposés à l’Assemblée dont celui de Mirabeau, qu’il a fait rédiger par un
groupe d’exilés genevois qu’il protégeait, et celui d’un 6ème bureau présidé par l’archevêque de
Bordeaux, Champion de Cicé. Le projet du 6ème bureau est celui qui a été retenu mais il a été ensuite
transformé et radicalisé dans les 17 courts articles qui ont repris des éléments du projet de La
Fayette. Les candidats pouvaient rappeler que l’idée même d’une Déclaration n’a jamais été
approuvée unanimement. Pragmatiques, certains députés du tiers, en particulier les magistrats,
estiment que c’est une perte de temps. D’autres, en particulier parmi les nobles mais aussi Mounier,
rejettent l’idée de droits théoriques et abstraits (« … les hommes qui sont versés dans la théorie du
gouvernement… »). Le principe d’une déclaration séparée a été retenu le 4 août seulement quelques
heures avant la célèbre nuit… Elle est une manière de marquer la rupture avec le système que l’on
vient de constituer en Ancien Régime. Finalement la Déclaration a été votée le 26 août. Il ne fallait
pas en décrire le contenu – au-delà des idées générales d’égalité, de liberté, de propriété, de sûreté et
du droit de résistance à l’oppression… – car le texte n’y invitait pas.
b) Le projet de constitution
Jefferson est d’autant plus sensible à cet aspect des événements que les discussions sur la
Constitution américaine sont récentes et qu’il est, comme Madison, un spécialiste de la question.
Les candidats n’avaient pas à décrire en bloc la Constitution américaine mais qu’il suffisait
simplement de s’y reporter en même temps que l’auteur. Il était surtout essentiel de rappeler qu’il ne
s’agissait ici que d’un projet qui émanait d’un groupe particulier et dont l’esprit n’a finalement pas
été retenu. Là était peut-être la difficulté principale du texte : il fallait bien faire apparaître qu’il ne
s’agissait pas de la Constitution de 1791 sans pour autant y faire trop référence.
Le projet de Constitution a été élaboré par le Comité de Constitution. Très peu de candidats
ont mentionné son existence même s’ils pouvaient ne pas avoir retenu toutes les péripéties de sa
mise en place. Il a été créé le 6 juillet 1789 et il devait alors comprendre des représentants des 30
bureaux de l’Assemblée mais le 14 juillet la procédure a été changée : les députés ont élu 8
membres chargés de présenter un projet qui serait examiné par les bureaux et ensuite voté par
l’Assemblée. Leurs travaux ont été sans cesse interrompus sous la pression des événements et ils se
sont fait les échos de choix très différents. Ils ont même tenté une synthèse du contenu des cahiers
des doléances dont Clermont-Tonnerre a présenté les résultats devant l’Assemblée le 27 juillet
1789.
Il y a un vrai clivage en son sein (l’expression « quelques différences d’opinion », qui renvoie
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d’ailleurs plus aux oppositions au sein de la Chambre qu’au sein du Comité, est ici un
euphémisme). Les gens connus sous le nom de monarchiens, et qui étaient majoritaires en son sein,
c’est-à-dire Mounier, Bergasse, Champion de Cicé, Clermont-Tonnerre et Lally-Tollendal, ne sont,
en effet, pas parvenus à se mettre d’accord avec Sieyès et Le Chapelier et Talleyrand. Le projet
indiqué par Jefferson n’est donc, en fait, que celui d’une partie du Comité et il n’était pas du tout
sûr, au moment où il écrivait, qu’il serait adopté. Il en minore les deux points de contestation : le
veto serait-il indéfini ou suspensif ; le législatif serait-il bicaméral ou monocaméral ?
Jefferson commence sa description par le pouvoir exécutif (« Le pouvoir exécutif aux mains
d’un roi… »). Il indique clairement la volonté du législatif de le tenir sous contrôle à travers ce qui
était une des prérogatives essentielles du souverain : les pouvoirs de faire la paix et la guerre et de
conclure les alliances et les traités. Une bonne partie des Constituants considéraient d’ailleurs que
l’exécutif ne devait être que l’instrument du législatif alors que d’autres souhaitaient les mettre sur
un plan d’égalité. L’allusion aux dépenses (« ses dépenses seront limitées ») renvoie à l’instauration
d’une liste civile qui permettrait de surveiller les pensions accordées par le souverain.
Le législatif est présenté sous une forme bicamérale avec une Chambre « des représentants »
et un Sénat qui, dans la forme qui est présentée ici – il y a eu d’autres propositions – est l’émanation
des provinces. Il est composé de propriétaires âgés (« ils parlent de quarante ans »), jouissant de
revenus importants – plus de 11500 livres tournois de revenus annuels – et inamovibles. Le parallèle
avec la constitution des Etats-Unis, qui a créé une chambre des Représentants et un Sénat qui est
composé de deux sénateurs pour chaque Etat, choisis pour six ans par la législature de chacun
d’entre eux et disposant d’une voix, est ici évident.
Aux Etats-Unis, le pouvoir judiciaire était indépendant des autres pouvoirs. Les députés
français n’ont absolument pas ce schéma en tête et c’est peut-être pourquoi Jefferson estime que « le
système judiciaire est moins prêt… ». Il est vrai, par ailleurs, que les débats sur la question ont
surtout eu lieu au printemps 1790. De toute façon, l’analogie faite ici entre les pyramides de cours
de justice n’est que de façade : le juge en France était un simple agent de l’Etat et il n’était pas
investi, à la différence des juges américains, du pouvoir de discuter la loi au nom de la Constitution.
Une fois que cela était posé, les candidats pouvaient indiquer que la constitution de 1787 avait bien
entraîné la mise en place d’une hiérarchie de tribunaux inférieurs et supérieurs (les state courts)
chapeautés par une Cour Suprême qui agit au niveau fédéral et que les juges devaient rester en place
« tant qu’ils se conduisent bien ». Les travaux ultérieurs du Comité de Constitution ont établi, eux
aussi, une hiérarchie avec des juges de paix dans les cantons, un tribunal de district, un tribunal de
département, des cours supérieures puis une Cour suprême de révision. Les candidats pourront
rappeler que l’abolition des parlements, et donc la suppression d’une justice délivrée par des
officiers, était un but recherché par la monarchie depuis le début des années 1770. Un point
important est l’institution du jury : c’est une institution typiquement anglaise, présente dès le Moyen
Age, et qui a été importée dans l’Amérique anglaise en même temps que la common law. Dans
l’esprit des constituants français, le jury élu représentait le peuple dans l’enceinte judiciaire et y
garantissait l’expression de la volonté générale. D’une manière générale, le projet repose d’ailleurs
largement sur l’élection populaire qui concerne toutes les formes de pouvoir, central et local.
Les Constituants travaillaient en fait sur un projet de réforme globale de l’Etat central et local.
Il renvoyait aux idées de Turgot au milieu des années 1770, qui prévoyait déjà une pyramide de
« municipalités », ainsi qu’à celles de Necker et de Calonne dans les années 1780. La rupture entre
l’Ancien Régime et la Révolution est sur ce plan loin d’être brutale. Là encore, Jefferson est
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sensible à la répartition des pouvoirs entre le centre et les localités dans la mesure où cela a été un
des enjeux essentiels des discussions autour de la Constitution américaine, connus en France à
travers les écrits du Federalist. Il semble évoquer la possibilité d’une France fédérale avec des
provinces qui auraient la possibilité « de promulguer une partie de la législation locale ». Il compare
donc les futures circonscriptions françaises – les débats sur les départements n’ont été ouverts que
plus tard avec la question du suffrage et il était maladroit d’en parler – aux Etats qui forment les
Etats-Unis.
Il est vrai qu’il y a eu d’abord une volonté de laisser une grande liberté aux villes, comme
l’atteste la loi du 14 décembre 1789, en raison de leur adhésion à la Révolution et par comparaison à
la faiblesse administrative qui était la leur sous l’Ancien Régime. Mais les candidats pouvaient
rappeler que le terme de fédération, qui commence à être utilisé à la fin de 1789 et surtout au début
de 1790 pour désigner les mouvements organisés en soutien à la Révolution dans les localités, et en
particulier les gardes nationales, n’a pas réellement de portée constitutionnelle. Il y avait même une
méfiance générale envers l’idée que les circonscriptions administratives de base puissent constituer
comme de petits Etats et, par exemple, Sieyès déclare explicitement que la France ne peut pas être
« un Etat fédéral composé d’une multitude de républiques unies par un lien politique quelconque ».
Il est donc possible d’avancer que Jefferson, qui est d’ailleurs un peu contradictoire puisqu’il
affirme aussi que les gouvernements locaux seront « complètement dépendants du gouvernement
général », surimpose ici sa vision politique américaine à une réalité relativement différente.
c) Les deux points de rupture : le veto ; le bicaméralisme
Le problème clef est ici le partage de la fonction représentative. Mounier et les
« monarchiens » – Démeunier, Dupont de Nemours, Clermont-Tonnerre, Virieu, Malouet, LallyTollendal… – défendent le principe d’une monarchie forte avec deux chambres et le droit de veto
absolu pour le roi. Tout autre veto qu’absolu ferait, selon eux, du roi un simple officier soumis à
l’Assemblée. Ils estiment que le roi a toujours participé à l’élaboration des lois et il leur apparaît
donc naturel que le pouvoir législatif soit divisé entre lui et les représentants de la nation. LallyTollendal proposait même la nomination par le roi des sénateurs sur proposition des assemblées
provinciales alors que Mounier souhaitait leur élection par ces mêmes assemblées provinciales. Les
patriotes comme Barnave, qui a été un proche de Mounier avant de rompre avec lui, Duport et
Lameth rejettent le bicamérisme et ne consentent au roi que le veto suspensif. Necker a fait savoir le
11 septembre qu’il se ralliait au veto suspensif. Sieyès et d’autres, plus à gauche, estiment que le
législatif doit être complètement séparé de l’exécutif et que le roi ne doit donc pas avoir le droit de
veto.
L’autre objet de division étaient le Sénat : devait-il y en avoir un ; devait-il être héréditaire ou
élu et pour quelle durée ? En France, comme aux Etats-Unis, le principal moteur derrière
l’institution du Sénat américain était la peur de la multitude et c’est que rappelle aussi l’allusion
faite au « conseil de révision » (l. 27) institué par la constitution de l’Etat de New York, votée le 20
avril 1777. Elle prévoyait que le pouvoir législatif serait investi dans deux corps : une assemblée et
un sénat mais que « attendu que des lois en désaccord avec l’esprit de cette constitution ou avec le
bien public pourraient être votées hâtivement et mal à propos, il a été ordonne que le gouverneur en
charge, le chancelier, et les juges de la cour suprême, ou au moins deux d’entre eux, avec le
gouverneur, constitueront, et par ces présentes constituent un conseil pour revoir tous les textes de
lois sur le point d’être votés par la législature ». Si ce conseil décide qu’un texte ne peut devenir une
loi, ils doivent le renvoyer avec des objections écrites devant la chambre qui l’a préparé et il doit
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être réexaminé. Après le réexamen, si les deux tiers de la chambre le votent à nouveau sans tenir
compte des objections, le texte doit être envoyé devant l’autre chambre et s’il est à nouveau voté par
les deux tiers des présents, il devient une loi. Dans les débats de Philadelphie en 1787, il a été
également question à un moment d’un conseil de révision pour le Etats-Unis mais qui a été
abandonné.
L’existence d’un Sénat permettrait d’éviter en France la dictature de la majorité – ce que
James Madison a nommé dans le numéro 10 du Fédéralist la « tyrannie » de la majorité imposée par
un gouvernement démocratique – en favorisant un allongement dans le temps du processus
législatif. Le projet dessine aussi l’éventualité d’une alliance politique entre ce Sénat et le roi car,
dans ce cas, l’affaiblissement de l’exécutif serait amoindri. La seconde Chambre prévue par les
monarchiens devait donc assurer la lenteur propice à la maturité des lois et, en raison de la nature de
ses membres, qui forment une aristocratie de la fortune, elle doit stabiliser le régime.
On pouvait s’attendre à ce que les bonnes copies indiquent le résultat final de ces débats sans
bien sûr exiger qu’ils fassent le décompte des voix et surtout qu’ils aillent plus loin dans le temps.
Le 10 septembre, 89 députés seulement se sont prononcés pour deux chambres, 122 se sont abstenus
et 849 se sont prononcés pour une chambre unique. Le 11 septembre, l’Assemblée a accordé au roi
le droit d’opposer son veto aux actes du législatif par 730 voix pour, 143 contre et 76 abstentions.
Le caractère suspensif du veto a été voté le 11 septembre par 673 voix pour, 325 contre et 11
abstentions. Les monarchiens sont donc battus. Comment et pourquoi en est-on arrivé à cette
situation qui est annonciatrice d’un blocage qui a été en partie, avec les réelles difficultés de
ravitaillement, à l’origine des violences des 5 et 6 octobre ? Pour tirer toutes les conséquences
politiques de cette proposition, il fallait revenir sur les divisions du paysage politique français en
cette fin du mois d’août3.
II Le paysage politique français à la fin du mois d’août 1789
a) L’importance des divisions de l’assemblée
L’assemblée est, en effet, divisée (« car cette assemblée… est moins unies depuis sa
victoire ») et d’autant plus que nous sommes dans un temps où les allégeances sont fluides et
changeantes et surtout où les membres d’un même groupe sont rarement d’accord sur tout. Trois
groupes de députés se dégagent.
Les partisans de l’ordre traditionnel, les « Noirs », sont dirigés par Duval d’Eprémesnil,
Cazalès ou encore l’abbé Maury. Ils s’appuient sur la partie réactionnaire de la noblesse et du
clergé qui n’ont rejoint l’assemblée, après le Serment du Jeu de Paume, que sur l’ordre du roi. Pour
Jefferson, « cet ennemi (l’aristocratie civile et ecclésiastique) commence à relever la tête ». T.
Tackett rappelle qu’une partie de ces députés ne siégeaient pas au début du mois de juillet parce
qu’ils reconnaissaient pas les votes des 17, 20 et 23 juin. D’Eprémesnil, Maury et Cazalès, par
exemple, avaient quitté Versailles à ce moment-là et il n’y restait plus que 700 à 800 députés. Mais
en août et septembre, ils sont revenus siéger et le sentiment de fraternité et d’unité nationale, qui
avait pu apparaître au début de juillet, est alors moins marqué. Il est possible que certains membres
de la noblesse et du clergé conservateurs aient refusé les deux chambres, et donc le Sénat, soit parce
3
A l’intérieur de cette première partie, d’autres plans étaient bien sûr possibles, et en particulier de
faire, après une première sous-partie sur la Déclaration, une deuxième sous-partie sur les rapports du
législatif et de l’exécutif puis de traiter dans une troisième sous-partie les autres points du règlement
qui ne sont pas moins importants dans l’esprit de Jefferson.
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qu’ils jouaient la politique du pire en refusant au nouveau régime une institution qui pouvait assurer
sa stabilité soit par rejet d’une chambre composée d’un petit nombre de nobles ou de membres du
haut clergé. Ils ont donc pu être inspirés, selon T. Tackett, par la peur que la chambre haute soit
dominée par les grands nobles et courtisans qui traitaient de haut ou méprisaient la noblesse
provinciale. Il ne fallait cependant pas confondre ces « Noirs » avec les premiers émigrés dont
certains commençaient à se regrouper en Allemagne mais dont il n’était pas clairement question
dans le texte.
La division du parti patriotique s’est faite entre les monarchiens et les patriotes. Les
monarchiens trouvent leur origine dans les sympathisants de la délégation du Dauphiné conduits par
Mounier, soit deux cents à trois cents personnes au début de septembre. Les dirigeants de ce groupe
sont des membres des ordres privilégiés, généralement unis par une solide amitié. Ils ont approuvé
un grand nombre de transformations de juillet et d’août et ce sont donc des patriotes mais ils ont
peur d’aller trop loin, par crainte de l’anarchie, et ils veulent donc un renforcement de l’ordre et de
la légalité. Leurs idées ont été exprimées dans les Considérations sur les gouvernements, de
Mounier, mi-août. Fin juillet-début août, ils se sont donnés les moyens de battre les radicaux par
l’organisation d’une nouvelle coalition. Ils ont donc un comité central restreint dirigé par
Mounier qui envoie des directives écrites à ses adhérents par un réseau de sous-comités. Virieu est
le chef du parti, qui essaye de peser sur les élections du président de l’Assemblée, des secrétaires et
des membres de l’influent bureau des recherches. Ils ont cherché à faire une alliance tactique avec le
parti aristocratique à la fin du mois août et au début septembre et, en effet d’Eprémesnil, Maury et
Cazalès se sont souvent alignés sur les positions monarchiennes.
Les patriotes, derrière Barnave, les frères Lameth, Duport ou Le Chapelier, sont liés au club
Breton, qui est en déclin à la fin de l’été, ou au groupe du « Palais-Royal ». Ce dernier est composé
de patriotes radicaux souvent issus des délégations de Bretagne, Anjou, Provence et de FrancheComté et il se réunit surtout sur des problèmes précis. Ils portent le nom de groupe du « PalaisRoyal » en référence à la sympathie qu’ils portent aux hommes politiques et journalistes radicaux
qui se réunissent dans le lieu du même nom. Ils rejettent nettement l’idée d’un Sénat, qui
consacrerait le pouvoir d’une noblesse transformée en pairie à l’anglaise et donc Calonne dans sa
Lettre au roi, publiée en février 1789, esquissait déjà les contours. Ils sont également hostiles au
veto absolu car il ne consacrerait pas l’entier transfert de souveraineté au peuple. A la gauche de ce
groupe, certains commencent à penser à un gouvernement républicain.
Certains ont essayé d’éviter la division du parti patriotique : La Fayette a suscité des
rencontres entre Mounier et Duport avant le 28 août à Paris. Les deux premières ont eu lieu dans
son hôtel et la dernière chez Thomas Jefferson, justement, sans doute le 26 août, ce dont il ne fait
pas mention dans sa lettre. Il y avait d’un côté Mounier et deux nobles dauphinois, le marquis de
Blacons et le comte d’Agoult et, de l’autre, les triumvirs, Barnave, Duport et Alexandre Lameth. Il
semble que Mounier ait été intransigeant lors de ces rencontres. Lors des votes de septembre, les
Monarchiens se sont, en fait, divisés et une partie d’entre eux seulement ont joint leurs votes à ceux
des aristocrates et ils ont donc été très largement battus. Les membres du comité de constitution en
tirèrent la conclusion qu’ils avaient été désavoués et que les bases politiques sur lesquelles ils
avaient réfléchi n’étaient pas acceptées. Lally-Tollendal, Bergasse et Mounier en démissionnèrent
suivit du président Clermont-Tonnerre. Les minoritaires, Talleyrand, Sieyès et Le Chapelier firent
de même mais furent réélus dans le nouveau comité de constitution qui élabora une constitution
dont le caractère démocratique était plus affirmé. Pour les monarchiens, ces votes, et surtout les
journées d’octobre, ruinèrent leur espoir de voir l’alliance de la nation et du roi à laquelle ils
aspiraient et dont Jefferson se fait l’écho (« Le roi, la masse des gens qui comptent… qui
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prévaudra ; « une constitution dont les principes… sanction plus appropriée »).
b) Le thème du complot orléaniste
Les bonnes copies ont insisté sur le thème du complot qui est largement au cœur de la
dynamique révolutionnaire qu’il s’agisse du complot orléaniste au début de la révolution ou du
complot contre-révolutionnaire par la suite. La thèse du complot souligne, en fait, les divergences
d’interprétation entre ceux qui pensent que la révolution est liée à la volonté du peuple et ceux qui
pensent qu’elle est l’œuvre d’une poignée de leaders qui manipulent l’opinion. La thèse du complot
orléaniste est aussi une manière de limiter la révolution à une révolution de palais et c’est donc une
présentation finalement rassurante de l’événement puisqu’il devra prendre fin par le remplacement
d’une branche de la dynastie par une autre4. L’idée selon laquelle les mouvements révolutionnaires,
entre juillet et octobre 1789, auraient été orchestrés par des partisans du duc d’Orléans, Louis
Philippe Joseph, né en 1747, a été d’ailleurs très précocement émise.
Jefferson est très sévère envers le duc, qui est un descendant de Philippe d’Orléans, frère de
Louis XIV. Il fait allusion à son caractère léger et indécis et à ses mœurs plutôt libres – il vivait
pratiquement en concubinage avec la comtesse de Buffon dans les années 1780 – qui faisaient écho
à la conduite de Louis XV et qui s’opposaient à la vertu chrétienne manifestée par Louis XVI (« Ce
dernier est un homme d’une intelligence moyenne… pour entreprendre quelque chose d’autre »).
L’idée d’un complot orléaniste est présente au moins depuis l’été et l’automne 1787 ; elle vient de
la collusion qui s’est opérée entre les intérêts du Parlement qui attaquent le despotisme ministériel et
le duc d’Orléans qui semble avoir été persuadé par ses proches comme Pierre César Ducrest,
marquis de Saint-Aubin, lui-même un proche de Brissot, qu’il avait un rôle fondamental à jouer
dans la régénération de la monarchie. La rumeur revient au printemps 1789, autour du 14 juillet, et
aussi pour la « Grande Peur ». Grand-maître de la maçonnerie, une société adepte du secret, à
laquelle certains membres du clergé commençaient déjà à attribuer une responsabilité dans les
événements de 1789, le duc était, par ailleurs, un admirateur reconnu du régime britannique (« …
intrigue à Londres, La Haye et Berlin… »). Il s’était rendu à plusieurs reprises en Grande-Bretagne,
en particulier en 1783 et 1784 ; il avait sympathisé avec le prince de Galles, qui était un proche du
whig Charles James Fox, ardent partisan de la réduction des pouvoirs de l’exécutif, et qui
partageaient les mœurs libertines du duc. Il y a assisté aux élections générales de 1784 et il y a
constaté l’ampleur de la liberté de la presse dans un pays où la censure avait pratiquement disparu
en 1695.
Il était personnellement brouillé avec Louis XVI et Marie-Antoinette qu’il déteste. Le 19
novembre 1787, il était intervenu publiquement en faveur du parlement lors d’une séance présidée
par le roi ; il est alors exilé à Villers-Cotterêts. Une révolution politique qui chasserait du pouvoir la
branche aînée des Bourbons pourrait lui ouvrir le chemin du trône (« …de transférer la Couronne au
duc d’Orléans… »). Le Palais Royal, qui était à la fois la résidence parisienne du duc et un jardin
rempli de cafés où orateurs et journalistes radicaux (dont Camille Desmoulins, auteur en juillet d’un
pamphlet, La France Libre) commentaient les nouvelles en provenance de l’Assemblée et faisaient
réagir la foule, a joué un grand rôle dans cette réputation. Les journalistes du Palais-Royal
attaquaient la cour, la reine surtout et les conservateurs mais aussi Necker et La Fayette. Là encore,
il fallait insister sur le climat passionnel et tendu que reflète finalement peu la lettre : le 12 juillet, ce
4
Selon l’analyse d’Y.-M. Bercé dans Complots et conjurations dans l’Europe moderne, Rome, EFR, p.
4 : « La hantise du complot […] offre à tout un chacun, aux foules apeurées ou aux pouvoirs en quête
d’échappatoire, une explication commode en face de l’incontrôlable ou de l’inéluctable ».
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sont les orateurs du Palais Royal qui ont soulevé la foule et qui ont fait porter en triomphe les bustes
d’Orléans et de Necker. Sous bien des aspects il est indéniable que certains des publicistes du Palais
Royal se servaient de la protection du duc et dissimulaient des idées radicales sous la défense d’un
simple changement de dynastie, semblable à celui qui a eu lieu en Angleterre en 1688, qui amènerait
la mise en place d’une monarchie constitutionnelle.
Le jugement sur les comploteurs (« Les hommes qui forment la lie… du naufrage de leur
pays. ») est toujours disqualifiant : perversité ; absence de sens moral ; besoin d’argent. Il est vrai
que l’entourage du duc d’Orléans – Choderlos de Laclos ; le marquis de Saint-Huruge – n’était pas
exempt de tout reproche. Le complot orléaniste se mêle, sous la plume de Jefferson, à l’idée d’un
complot anglais – l’or de Pitt finance la subversion (« soutenus comme ils sont par l’argent
anglais ») – qui a d’ailleurs pris au cours de la Révolution plusieurs figures : révolutionnaire en
1789 et contre-révolutionnaire sous la Terreur. L’idée d’un complot anglais ne déplaît bien sûr pas à
Jefferson qui s’en fait complaisamment l’écho et qui l’amène à doublement condamner le parti
d’Orléans (« Je pense que l’Angleterre donnera… … ne fera pas la guerre. »). Dès la fin de juillet
1789, l’ambassadeur de France à Londres, La Luzerne, avait d’ailleurs fait part de son trouble au
ministère en incriminant le duc de Leeds, secrétaire d’Etat au Foreign Office et l’ambassadeur de
Grande-Bretagne à Paris, le duc de Dorset.
La position attribuée à Mirabeau, qu’il ne fallait pas confondre avec son frère, le contrerévolutionnaire Mirabeau-Tonneau, devait être commentée (« Mirabeau est leur chef »). Le
personnage complexe qu’est Gabriel-Honoré Riquetti, comte de Mirabeau (1749-1791), député du
Tiers Etat d’Aix en Provence et fils du marquis Victor Riquetti de Mirabeau, l’auteur de L’Ami des
Hommes (1756), apparaît ici comme le chef de ce complot orléaniste. Les candidats pouvaient
rappeler que la réputation de corruption de Mirabeau n’est plus à faire et qu’il a signé, en 1790, un
accord secret avec la cour par lequel il devait conseiller la famille royale contre le paiement de ses
dettes (plus de 200000 livres) et une pension de 6000 livres par mois. Sa vie était de toute façon
instable et sa plume était à vendre bien avant la Révolution. Son influence sur l’Assemblée, due à
ses talents d’orateur, le rendait d’autant plus dangereux pour tous les partis que ses positions étaient
souvent originales. Mais ce n’était pas le problème ici et les liens de Mirabeau et du duc d’Orléans
ne sont pas faciles à définir. A la fin du mois d’août et au début du mois de septembre, il semble que
Mirabeau soit la cible de deux attaques : l’une vient de la cour et elle le lie au duc d’Orléans ; une
autre rumeur, qui elle est orchestrée par les agitateurs du Palais Royal en fait un contrerévolutionnaire justement parce que justement le 1er septembre dans le cadre des discussions sur le
veto, il a défendu le principe du veto absolu. Mirebeau est partisan d’un pouvoir royal fort. Il
semble que le cercle autour de La Fayette ait plutôt fait courir le bruit que Mirabeau était stipendié
par le duc d’Orléans ce que répercuterait ici Jefferson.
c) Une situation potentiellement instable…
- …moins à cause de l’attitude du roi :
Le roi est étrangement absent de ce texte et la seule allusion (« Le roi, la masse des gens… »)
est très optimiste quant à l’attitude de Louis XVI qui, à l’époque, menait au minimum une résistance
passive : il a affirmé qu’il ne consentirait pas à laisser dépouiller sa noblesse et son clergé après la
nuit du 4 août et il n’a pas signé les décrets pris du 4 au 11 août et il ne s’est pas prononcé sur la
Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen. C’est d’ailleurs sur ce point que se déclenche, à la
fin du mois de septembre, la confrontation qui conduit aux journées d’octobre. Louis XVI refuse, en
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fait, de se rallier à un mouvement qu’il n’accepte pas car il est contraire à tous ses principes
politiques et qu’il lui semble être une trahison envers l’héritage qu’il a reçu de ses aïeux. Les voix
qui se sont élevées, comme celle de Mirabeau, pour lui faire voir que le nouveau régime avait
débarrassé la France des corps intermédiaires, comme la noblesse ou les parlements, qui entravait
l’action de l’exécutif et qu’il ouvrait donc la voie à l’exercice d’un exécutif fort, ne l’ont jamais
convaincu.
Jefferson, qui a beaucoup voyagé en France, en particulier en 1787, fait allusion en même
temps à un groupe composé des « gens qui comptent dans le pays », et la « partie influente du
clergé » c’est-à-dire au clergé modéré hostile à l’idée de contre-révolution. Il dessine ainsi la France
des élites, des notables, qui mêlerait la noblesse libérale à la bourgeoisie éclairée, une sorte nation
politique à l’anglaise que beaucoup d’autres observateurs, comme Mirabeau ou La Fayette
d’ailleurs, appellent de leurs vœux. Elle a conquis le pouvoir politique à la faveur des évènements
de juillet et août et elle devrait maintenant se rallier aux tentatives d’arrêt de la Révolution et de
consolidation des acquis en faisant pièces aux agissements des factieux (Orléans) et des radicaux (la
« populace »).
- … ou du climat public…
Le texte s’ouvrait directement sur des considérations sur l’ordre public ce qui est assez
cohérent avec le fait que le maintien de l’ordre public est une préoccupation majeure en juillet-août
1789 qui explique l’apparition des gardes nationales et, en particulier, celle de Paris. Il fallait
néanmoins les apprécier avec soin et réfléchir sur la place que leur accordait l’auteur dans le tableau
qu’il construit. Lui semblent-ils importants ou non ? Les candidats pouvaient rappeler que les jeunes
Etats-Unis n’ont pas été exempts de révoltes menées par les groupes défavorisés de la population ou
par les classes moyennes appauvries par une crise : la rébellion de Daniel Shays, fin 1786-début
1787 qui a mis aux prises des petits fermiers appauvris, auxquels une partie de la milice s’était
ralliée, avec les autorités du Massachusetts. Il n’est pas exclu que Jefferson ait ces événements en
tête lorsqu’il observe Paris pendant l’été 1789. Deux points sont mentionnés dans le texte : les duels
entre les gardes-françaises, qu’il ne fallait pas confondre avec les gardes nationaux, et les gardes
suisses et la question du ravitaillement.
Les candidats devaient se souvenir que les gardes-françaises, qui étaient l’une des deux forces
chargée de l’ordre public à Paris, s’étaient révélés peu sûrs depuis le début de la crise entre les Etats
Généraux et le roi et qu’ils avaient été impliqués dans plusieurs incidents dans la période qui a
précédé le 14 juillet. Le refus de service des 25 et 26 juin avait été suivi de la libération des mutins
par la foule le 30 juin. Une partie d’entre eux ont ensuite abandonné le service ou fraternisé avec le
peuple puis ont participé à la prise de la Bastille. Les gardes suisses étaient l’autre régiment chargé
de la sécurité à Paris et ils sont restés fidèles à la dynastie d’où les heurts auquel il est fait allusion.
L’importance de la crise de subsistance du printemps 1789 devait être rappelée mais il fallait
surtout évoquer les difficultés de l’été. Les grains mûrissaient moins vite sous l’Ancien Régime que
de nos jours et moins vite au nord qu’au sud du royaume de sorte que les récoltes s’étalaient sur tout
l’été : à la fin du mois d’août, la récolte était, en effet, sur le point d’être achevée et, lorsqu’elle
avait été déjà été faite, les grains n’étaient généralement pas encore été battus et n’étaient donc pas
encore disponibles. Les troubles de l’été avaient, par ailleurs, entravé la circulation des grains. Les
tensions sur le marché des grains n’étaient donc pas encore levées même si Necker a essayé
d’acheter des grains à l’étranger dès le mois de juin 1789 en particulier en Grande-Bretagne. A la fin
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de l’été 1789, le prix du blé est pratiquement aussi élevé qu’au printemps.
Les candidats devaient également rappeler que le commerce, surtout le commerce des grains
destiné à Paris, n’était pas une activité libre sous l’Ancien Régime. Le marché était encadré par les
coutumes, par les autorités locales et, en dernier ressort, par la Couronne que le peuple considérait
comme responsable du bon approvisionnement en grains des marchés. Les producteurs de denrées
alimentaires au sein d’un certain périmètre autour d’une ville, qui est très large pour Paris, n’étaient,
en principe, pas libre de les vendre en dehors du marché c’est-à-dire en dehors du jour du marché et
sur le lieu du marché, ni de fixer ses prix. Les réformes libérales voulues par Bertin en 1763 et 1764
puis par Turgot en 1774 ont échoué même si les marchands et les fermiers s’entendent souvent pour
contourner l’encadrement du marché. Il est clair que Jefferson est relativement critique envers la
réglementation du commerce du grain mais il était sans nul doute abusif d’en faire le tenant d’un
trop actuel « libéralisme économique ». Les candidats devaient noter que la situation frumentaire
était si dure que les mesures d’encadrement venaient d’être assouplies (« une autorisation générale a
été donnée… s’ils le pouvaient ») et que le 29 août 1789, donc le lendemain de la lettre, un décret a
autorisé la libre circulation des grains à l’intérieur du royaume alors que l’exportation des grains
hors du royaume était rigoureusement interdite.
Il était possible de conclure ce point en notant que Jefferson n’évoque pas d’autres éléments
de tensions comme le chômage qui frappait à Paris les artisans dont les clients issus de l’aristocratie
avaient émigré ou réduisaient leur consommation ou encore les désordres des campagnes. Sa vision
est non seulement purement parisienne mais il semble qu’il ne relie de toute façon pas expressément
la situation économique à la situation politique. Pour lui, elle forme plutôt un arrière-plan, qu’il
considère d’ailleurs comme en voie d’amélioration, et il est clair qu’il minimise, en fait, la portée
des événements populaires. Il fallait bien souligner, ce qu’ont fait les meilleures copies que nous
sommes en présence d’une réflexion politique émanant d’un patricien virginien, qui occulte
largement les problèmes sociaux.
- qu’à cause de l’incertitude politique
Jefferson s’intéresse plutôt aux rumeurs de complot autour du Palais Royal qui lui semble
d’autant plus graves qu’il est critique envers les conditions de travail de l’Assemblée (« lors des
délibérations d’une assemblée de 1200 personnes »). A la Convention de Philadelphie, les délégués,
qui venaient de 12 des 13 Etats, étaient au nombre de 55 seulement alors que l’Assemblée
constituante est l’héritière des Etats Généraux. A la suite de Timothy Tackett, les candidats
pouvaient rappeler les difficultés qu’il y avait à maîtriser pour les leaders un corps aussi complexe
que l’Assemblée alors que les débats aux Etats-Unis ont été secrets : le tumulte, les interruptions,
les rappels à l’ordre, les cris et les injures. Les députés qui n’étaient pas de grands orateurs, comme
Mirebeau, peinaient à se faire entendre.
C’est sans doute dans le passage sur les conséquences d’un complot orléaniste (« à ce complot
le temps de mûrir et d’éclater et qu’il détruise l’assemblée… ») que la position de Jefferson dans le
paysage politique français se lit le mieux : il semble se faire l’écho des pensées, ou des désirs, de La
Fayette, élu le 15 juillet colonel général de la milice bourgeoise de Paris, qui devint la garde
nationale le 16 juillet et qui comprenait 30000 bourgeois enrégimentés et armés. La Fayette, qui, à
ce titre ne pouvait plus participer aux débats à l’Assemblée, semble donc prêt à prendre le pouvoir
s’il devait échapper, au cours d’une « guerre civile passagère », aux mains de l’Assemblée et il
devait recevoir en cela, pensait-il, le soutien du roi et de la nation surtout en province (l. 61). Les
relations entre Jefferson et La Fayette étaient excellentes bien que le premier ne semble n’avoir pas
eu du second une aussi haute opinion que pouvait en avoir George Washington. Bien d’autres
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personnalités américaines, comme Gouverneur Morris par exemple, considéraient La Fayette
comme une tête un peu folle et peu sûre.
La réalité de ce complot est discutable. Les manifestations de la population parisienne, surtout
autour du Palais Royal, étaient régulières à ce moment là et La Fayette en était le premier informé.
Ainsi, deux jours après cette lettre, le 30 août eut lieu une tentative de marche d’un millier
d’hommes du Palais-Royal vers Versailles avec à sa tête le marquis de Saint-Huruge dont on disait
qu’il était vendu au duc d’Orléans. La garde nationale leur a fait rebrousser chemin. La Fayette,
auréolé de son expérience américaine et de son intimité avec Washington, jouait indiscutablement
un jeu ambigu : il essayait de conserver sa popularité parisienne et d’augmenter son influence à
Versailles aussi bien à l’Assemblée que près du roi auprès duquel il espérait jouer le rôle de recours
nécessaire.
Malgré les menaces qu’il rapport, le texte donne une étrange impression de tranquille
assurance : Jefferson ne semble pas douter de la réussite du projet de Constitution autour duquel
discutent les monarchiens et les patriotes, soit qu’il s’impose de lui-même, soit qu’il soit imposé par
le détour d’une courte guerre civile qui ferait émerger le personnage de La Fayette. Cette confiance
de Jefferson, qui est sans doute une vraie erreur d’appréciation, vient en partie du parallèle qu’il fait
avec la Révolution américaine.
III Un horizon américain ?
Au-delà de la comparaison entre la Constitution américaine et le projet en cours
d’élaboration, Jefferson insiste sur l’idée d’une influence générale de la Révolution américaine et de
la réflexion constitutionnelle menée alors sur les députés français. Ce point à plusieurs reprises et
apparaît même comme une sorte de leitmotiv de la lettre (« En bref, notre système… » ; « Nos
actions ont été vues comme un modèle… »). La référence à la Bible devait ici être soulignée non pas
tant comme un signe de la religiosité excessive de l’auteur, ou de la culture américaine en général,
mais pour marquer la dimension sacrée que donne Jefferson à la Révolution américaine.
a) Les candidats devaient ici évoquer, sans entrer dans une longue récitation, le thème de la
Révolution atlantique défendu par R. Palmer et J.Godechot et se demander si le référent américain,
qui a été indiscutablement présent dans les débats sur la Déclaration les Droits et sur la constitution,
a été finalement aussi prégnant que cela. On sait que les orateurs qui ont réclamé une Déclaration des
Droits au mois de juillet comme Champion de Cicé ou encore Mathieu de Montmorency ont
explicitement évoqué l’exemple américain. Il y a eu également une influence directe de Jefferson luimême sur la Déclaration des Droits attestée par la découverte de deux version du projet de La Fayette,
présenté dès le 11 juillet, et qui ont été annotés par Jefferson. Mais la réalité de l’intensité de l’influence
américaine devait être discutée.
La première question est de savoir si le personnel politique français à l’été 1789
connaissaient bien la constitution américaine ou plutôt les nombreux textes qui s’y rattachaient : la
Déclaration d’Indépendance, les Articles de la Confédération, la constitution de 1787 et toutes les
constitutions des Etats. On notera d’abord que les députés français qui avaient servi comme officiers
durant la guerre d’Indépendance était peu nombreux : ils étaient simplement 13 sur les 1200 députés
dont 11 sur les 278 députés de la noblesse. L’idée d’une propagation des idéaux révolutionnaires
américains par les « combattants de la liberté » français, développée par R. Palmer, trouve ici ses
limites et le personnage, certes omniprésent durant l’été 1789, de La Fayette ne doit pas faire
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illusion. Il est cependant clair qu’il y a eut un grand intérêt pour la Révolution américaine qui n’est
pas retombé avec la conclusion du traité de Versailles mais qui a été entretenu par la publication de
souvenirs de campagnes comme ceux, en 1786, du marquis de Chastellux qui avait servi dans l’armée de
Rochambeau ou de récits de séjours en Amérique comme ceux du franco-américain Jean de Crévecoeur.
Une association, la Société Gallo-Américaine a été créée par le journaliste Jacques Pierre Brissot, avec
Bergasse et le Genevois Etienne Clavière, qui appartient par ailleurs à l’entourage de Mirabeau, pour
favoriser le commerce entre les Etats-Unis et la France.
Enfin, le public français disposait de
nombreuses éditions et traductions des déclarations et des constitutions américaines. Les premières ont
paru en ordre dispersé dans les Affaires de l’Angleterre et de l’Amérique, entre 1776 et 1779 ; une édition
complète a été donnée par Claude-Ambroise Régnier en 1778 où moment de la conclusion de l’alliance
entre la France et les Etats-Unis. En 1783, le duc de La Rochefoucauld d’Enville, qui est ensuite devenu
député de la noblesse de la ville de Paris, a fait paraître les treize constitutions des différents Etats. Enfin,
Jean-Nicolas Demeunier, futur député du tiers de la ville de Paris, a présenté les constitutions dans son
essai sur les Etats-Unis pour l’Encyclopédie Méthodique.
Au-delà des textes eux-mêmes, les idées qu’ils véhiculent ont été reprises et commencées dans de
nombreuses publications. Brissot est ainsi directement allé aux Etats-Unis durant les débats sur la
ratification de la Constitution fédérale et il a publié en France, à la fin de 1788, son Plan de conduite des
députés du peuple aux Etats-Généraux de 1789 où il réclame une convention constituante. Jefferson luimême a publié ses Notes on Virginia qui apparaissent en français en 1786 avant d’être publié en anglais
en 1787 et en allemand en 1789 et il a travaillé avec J. N. Demeunier pour l’Encyclopédie Méthodique.
Certains candidats se sont souvenus que Jefferson avait refusé le 22 juillet de rejoindre le comité de
constitution comme l’y invitait Champion de Cicé : il juge en effet qu’il serait maladroit qu’un
étranger « adressé nommément au chef de la nation » vienne se mêler des discussions destinées à
changer la forme du gouvernement et les pouvoirs du chef de la nation.
b) Mais il faut probablement minorer l’influence de la Révolution américaine et de la
réflexion constitutionnelle qui s’y est mené sur les événements de l’été 1789 essentiellement parce
que, au-delà des effusions rhétoriques, chacun était conscient des différence entre la situation de la
France et la situation des Etats-Unis. La principale différence est que la France était une monarchie,
à laquelle la quasi-totalité des députés sont encore attachés à l’été 1789, alors que les Etats-Unis
étaient une république. Par ailleurs, les modérés du tiers comme Malouet se sont inquiétés des
possibles conséquences sociales d’une Déclaration des Droits inspirée des Etats-Unis dans un
royaume où les pauvres étaient nombreux et pouvaient se réclamer de la Déclaration pour
revendiquer une amélioration de leur sort. Pour Malouet, la France était une société traditionnelle et
inégalitaire alors que l’Amérique était une société nouvelle et relativement égalitaire.
Les députés français qui célébraient la, ou les constitutions américaines, avaient le plus
souvent en tête un autre modèle : la constitution, non écrite, de la Grande-Bretagne. A vrai dire, il
s’agissait d’une variante du même gouvernement mixte, fondé sur le principe des checks and
balances c’est-à-dire de l’équilibre et du contrôle réciproque entre un élément monarchique
représenté par le roi qui est à la tête de l’exécutif, un élément aristocratique représenté par la
Chambre des Lords et un élément démocratique représenté par les Communes. Malgré les
références américaines données par Jefferson, le projet présenté dans le deuxième paragraphe du
texte ressemble donc beaucoup à la constitution britannique. Le modèle n’est pas sans poser de
problème et les Français sont informés des campagnes qui, depuis le milieu des années 1760,
demandent une réforme politique de la constitution britannique. Mais ils sont persuadés, comme
Necker par exemple le développera dans son ouvrage De la Révolution française, 1796, qu’il est
possible d’en mettre en place en France une version perfectionnée.
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Mais certaines réflexions du texte vont plus loin. Jefferson, qui était l’apôtre d’une république
de fermiers-citoyens vertueux, ne semble pas convaincu que les Français soient moralement à la
hauteur de l’exemple américain (« Jamais il n’y a eu… a fait plus de mal. » ; « …auxquels sont
enclins… et non dans le monde. »). La dénonciation des Français comme des théoriciens éloignés
de tout sens pratique est un élément de la caractérologie des peuples qui s’est lentement imposée au
cours du XVIIIe siècle. En réalité, une grande partie des députés français ont surtout cherché à
refonder le corps politique et le corps social en repartant de zéro et la question des influences perd
alors un peu de son sens. Beaucoup d’autres observateurs ont fustigé la volonté des députés adeptes
de la théorie de la table rase, de construire un système entièrement nouveau et mis en avant le fait
qu’ils sont souvent cherché à appliquer de manière doctrinaire des principes politiques issus des
Lumières.
c) Au fond, Jefferson est sans doute moins intéressé par le degré d’influence des Etats-Unis
sur le futur régime français que par la survie même de ce régime. Il est donc naturel que le dernier
élément abordé par le texte soit l’attitude des puissances étrangères par rapport à Révolution
française (« Ils craignent une guerre… et agira en conséquence. »). Le renforcement du camp de la
liberté en Europe ne peut que servir les intérêts des jeunes Etats-Unis mais, d’un autre côté,
l’affaiblissement de la France risque de laisser les Etats-Unis seuls face à la puissance britannique.
La tonalité des discours prononcés à l’été 1789 est particulièrement pacifiste et universaliste. La
crainte des ennemis du dehors, alliés aux ennemis du dedans (les « aristocrates »), s’est manifestée
plus tardivement. La Révolution a été accueillie de toute façon favorablement en Europe sinon par
les monarques au moins par les opinions publiques.
Les deux puissances essentielles étaient ici la Grande-Bretagne et surtout la Prusse. Même s’il
est toujours délicat d’évoquer les absences du texte, les candidats pouvaient remarquer qu’il n’était
pas question ici de l’Autriche, malgré l’épisode de la révolution Brabançonne. Les candidats
n’avaient pas à raconter la Révolution batave mais ils devaient rappeler que la Prusse, était
intervenue lorsque les Patriotes hollandais avaient chassé du pouvoir en 1787 le stathouder
Guillaume V d’Orange. Pitt avait alors soutenu Frédéric Guillaume de Prusse qui avait ramené son
beau-frère au pouvoir. Ce rapprochement avait entraîné la conclusion de la Triple Alliance en 1788
qui marqua la fin de l’isolement dans laquelle la Grande-Bretagne était tenue sur la scène
internationale en fait depuis 1763. Il n’était pas impossible aux yeux des patriotes français que la
Prusse ne cherche à renouveler l’entreprise avec la France mais, comme l’avance Jefferson, c’était
peu probable.
La position de « l’Angleterre », en fait de la Grande-Bretagne, est plus modérée que ne le
pense Jefferson et elle réagit d’abord favorablement car il semblait, comme l’écrivit le pasteur
Richard Price dans son Discourse on the Love of our Country, que la France ait décidé de se tourner
vers une monarchie limitée suivant ainsi la voie tracée par l’Angleterre dès 1688. Les radicaux
anglais et même les whigs, dirigés par Charles James Fox, saluèrent la naissance d’une nouvelle
patrie de la liberté qui leur laissait espérer, en retour, la reprise des réformes constitutionnelles en
Grande-Bretagne. Pitt, lui, était heureux d’assister à un affaiblissement de la France sur la scène
internationale même si les deux puissances étaient dans une phase de rapprochement symbolisé par
le traité de commerce de 1786.
Conclusion
Les débats sont loin d’être terminés car la préparation de la Constitution ne s’est finalement
achevée qu’en 1791 et elle a été votée le 3 septembre 1791. A court terme, l’horizon chronologique
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est celui des journées des 5 et 6 octobre et du retour forcé du roi à Paris qui ont, en partie, résulté
des blocages dont le texte évoque la possibilité et qui se sont matérialisés durant le mois de
septembre. Il fallait que les candidats concluent surtout sur les distorsions apportées par le texte de
Jefferson. Bien qu’il ne dise jamais explicitement que telle ou telle mesure (même le Sénat) est
directement inspirée par la constitution américaine, il exagère d’abord l’influence de l’exemple des
Etats-Unis qui est plus une référence générale ou politique qu’une source imitation constitutionnelle
ou juridique. Il se trompe ensuite sur l’évolution générale de la situation politique sans doute en
raison de ses liens trop étroits avec les cercles qui gravitent autour de La Fayette. Mais il est peutêtre aussi, comme bon nombre de députés, victime d’un décalage entre l’ampleur des menaces
qu’ils minorent et l’espoir qu’une fois que les droits de l’Homme seront proclamés, de nouvelles
institutions seront établies sans difficulté.
Une seconde proposition de plan
Les correcteurs étaient bien sûr conscients que bien d’autres plans étaient possibles.
L’inversion de la première et de la seconde partie du premier plan proposé formait ainsi une
solution envisageable et nous proposons à présent une autre configuration des connaissances, plus
proche du plan du texte.
I Une tranquillité précaire à Paris
La dernière lettre de Jefferson a été écrite le 29 juillet à la fin du cycle révolutionnaire du 14
juillet, marqué par le meurtre de Foulon et de Bertier le 22 juillet et par la création, le 28 juillet, à la
demande d’Adrien Duport, d’un Comité des Recherches pour la sûreté publique et la surveillance
des contre-révolutionnaires à l’Assemblée nationale. A Paris, les institutions ont été stabilisées avec
la création de la Commune (25 juillet-5 août). Deux sujets d’inquiétude sont évoqués alors que
d’autres sont minorés.
1) Le désordre des forces de l’ordre
Il fallait rappeler le rôle des gardes françaises dans la journée du 14 juillet. Les soldats des six
bataillons sont souvent désorganisés, sans officiers, parfois déserteurs sans solde.
2) La question du pain
Elle reste importante tout l’été 1789. La récolte a été bonne mais les marchés sont
désorganisés. Les hauts prix du pain sont semblables à ceux du printemps 1789 qui a été un temps
d’émeutes. Hostilité de Jefferson à la pratique de « trop gouverner » c’est-à-dire à l’organisation du
marché des grains avec des effets pernicieux. Les fait que les pauvres soient les mieux servis « parce
qu’ils assiègent en permanence les portes des boulangers » renvoie à un climat d’alarme permanente
et de problèmes sociaux. Mais il y a eu des avances comme le 27 août, l’autorisation aux boulangers
de s’approvisionner hors marchés et le 29 août le décret sur la libre circulation des grains. Les
questions d’approvisionnement sont un point décisifs dans les émeutes de 1789 et notamment en
octobre. Mais ce ne sont pas les seules fragilités de Paris.
3) Des dangers négligés
Si Jefferson avait voulu donner un tableau complet des tensions à Paris, il aurait fallu ajouter
l’agitation qui continue en août 1789 autour du Café de Foy et dans l’enceinte du Palais-Royal. Les
revendications des artisans et des domestiques qui sont liées au salaire et au niveau de vie prennent
une rapide coloration politique comme les réunions des domestiques congédiés (18 août 1789). Une
seconde a eu lieu le lendemain de cette lettre. C’est là que naît un journalisme très critique (Marat,
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l’Ami du Peuple, Camille Desmoulins La France libre). Il n’y a rien dans le texte sur la Grande
Peur ou sur la révolution municipale dans le pays qui ont été à l’origine de la nuit du 4 août et des
décrets qui ont suivi. C’est donc une vision particulièrement limitée des dynamiques
révolutionnaires.
II Un programme constitutionnel clair et simple inspiré par l’Amérique
Le Comité de Constitution était composé de modérés, favorables aux modèles
constitutionnels anglais et américain. Jefferson a essayé peser en ce sens et il a participé à des
rencontres entre les principaux membres de l’Assemblée : La Fayette, les principaux modérés
(Mounier, Lally, Bergasse), les patriotes et surtout le triumvirat Barnave, Lameth, Duport. Les traits
principaux du projet sont les suivants :
1) Une monarchie
Un roi héréditaire avec veto, droit de dissoudre, pouvoir de négocier les traités. Le veto a très
vite été le point sensible.
2) Une ou deux chambres ?
Mounier projette que le pouvoir législatif soit divisé entre deux assemblées : une chambre des
représentants, élus pour deux ans, et un Sénat, sur le modèle du Sénat fédéral, nommé à vie, de 300
membres sous condition d’âge et de fortune (plus de 10 000 livres de revenus). Il a un rôle
apparemment faible mais l’auteur montre qu’il peut devenir important s’il est coordonné avec le
rôle du roi. Il y a des projets alternatifs et surtout une opposition large au Sénat sur le thème de
l’unité nationale et de la reconstruction d’une aristocratie.
3) Les projets moins aboutis
Ce sont le système judiciaire et l’administration locale. Le but pour la justice est de détruire
un système détesté et d’introduire le jury. Pour l’administration locale, le projet est inspiré des
projets antérieurs de Turgot et surtout de Necker et de Calonne, avec des dispositions nouvelles.
L’ampleur de la tâche est considérable : il n’y a pas encore l’idée d’un découpage nouveau. Il n’y a
pas trace des événements pour déterminer l’avenir des institutions locales, or on sait que la première
loi a été celle qui concerne les municipalités (14 décembre 1789) pour créer une nouvelle légalité.
III Une lutte des partis à demi-visible
Elle est bien perçue par Jefferson (« l’aristocratie civile et militaire » qui commence à relever
la tête (le parti noir) et « la lie du parti patriotique » qui complote avec la populace, parti d’Orléans
incarné ici par Mirabeau).
1. La crainte d’un complot du duc d’Orléans
C’est le danger le mieux identifié et le plus développé. Les hommes sont décrits ; les objectifs
de la faction sont identifiés et il fallait réfléchir sur la place de Mirabeau. Les moyens : l’argent, les
secours étrangers. Le mode d’action : le complot (il y a là le germe de deux constantes dans
l’imaginaire politique de la révolution : la crainte du complot, l’appui de l’étranger). Le
résultat possible serait alors une guerre civile jugulée par La Fayette et par les gardes nationaux qui
imposeraient la Constitution par la force.
2. La division des patriotes
Elle n’est pas seulement celle qui est liée aux manœuvres d’Orléans. On notera d’abord la
perte d’influence de Necker qui est la cible des modérés et des adversaires de Mirabeau. L’emprunt
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de 30 millions tenté par le ministre en juillet échoue faute d’offrir un intérêt suffisant. Necker est
alors chargé d’en lever un second de 80 millions sans examen ni discussion, il sera seul en cause en
cas d’échec. L’examen de la question financière passe au second plan derrière la question
constitutionnelle, c’est un échec pour le ministre qui perd son influence. Jefferson a essayé
d’organiser une alliance des modérés autour de La Fayette et de Mounier. A la date de la lettre, le 28
juillet, Mounier présente à l’Assemblée le plan de Constitution connu de Jefferson et dont les
principaux points ont été exposés. Rapide échec sur plusieurs points : l’ordre des décisions, la
logique proposée ici n’est pas retenue, choix du veto en premier, puis du nombre des chambres.
Castellane et Lameth proposent de traiter d’abord du pouvoir de la Nation, puis de celui du roi.
Rejet du Sénat 10 septembre 1789, par 849 voix contre 89. Le comité de Constitution change de
composition avec le départ de Mounier et des Monarchiens.
3) L’ombre des puissances étrangères
On devait mettre ici l’accent sur le côté « américain » de la vision de Jefferson. Le cœur du
danger est identifié comme venant de Grande-Bretagne, et surtout il n’est fait référence qu’aux
Provinces-Unies et à la Prusse. Il fallait expliquer les raisons de ce choix, dans l’intervention
récente des troupes prussiennes contre la révolte dans les Provinces-Unies (1787) et la constitution
d’une nouvelle alliance des trois puissances (1788), de nature à inquiéter les Américains. Par contre
l’auteur n’évoque pas l’Autriche autre partenaire de poids pour la diplomatie française (on sait
l’importance du renversement des alliances, de l’affaire de Bavière et du mariage royal), au moment
où les Pays-Bas méridionaux sont en proie à l’agitation, ce qui amène à très brève échéance devoir
examiner la question du passage des troupes autrichiennes en France.
Conclusion
La Révolution est vue ici par un Américain, qui n’est pas seulement spectateur mais aussi
acteur dans la mesure où il a permis la mise au point d’un projet constitutionnel en favorisant les
rencontres des modérés et de La Fayette chez lui jusqu’à la date de cette lettre. Vision très tranquille
des choses, très marquée par la conviction d’une Révolution à l’américaine, mais qui ne correspond
pas au déroulement des événements ultérieurs. Quelles sont les causes du décalage ? Une erreur
d’appréciation sur l’existence d’une « phalange solide » et sur l’unité de projet de la « masse des
gens qui comptent dans le pays ». Pas de prise en compte de l’agitation révolutionnaire et de ses
conséquences politiques : le 14 juillet ; la révolution municipale ignorée ; pas d’allusion à la Grande
Peur. Un acteur manque : le peuple.
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DISSERTATION DE GEOGRAPHIE
Durée : 7 heures
Sujet : Les territoires de l’échange en Afrique
Par Nathalie BERNARDIE-TAHIR (Me de conférences, Université de Limoges), Clotilde
DRUELLE-KORN (Professeur de Classe préparatoire aux Grandes Ecoles, Paris), Bénédicte
THIBAUD (Me de conférences, Université de Poitiers)
Le programme portant sur l’Afrique ménageait nombre de questions engageant la totalité de
ce continent . Le thème proposé demandant de réfléchir aux territoires de l’échange en Afrique ne
devait pas , a priori, déconcerter les candidats. La moyenne de l’épreuve s’écarte peu de celle des
années précédentes. Le sujet nécessitait de recombiner dans une perspective articulant les territoires
et les échanges, des connaissances à la fois générales et précises portant sur l’ensemble du
continent, informations aisément disponibles dans la vaste gamme d’ouvrages parus à l’occasion du
concours et dans quelques publications scientifiques récentes facilement accessibles.
Analyse du sujet et remarques
Un grand nombre de candidats a éprouvé des difficultés à définir puis à croiser les notions de
territoires et d’échange. Le concept de territoire en géographie est dans l’ensemble correctement
présenté à la différence de la notion d’échange. L’échange peut se définir en termes d’interactions
sociales entre au moins deux opérateurs, individus et/ou groupes. Il se caractérise par un transfert
d’objets matériels et d’idées. Dans les deux sens, ce transfert impliquant une mobilité, est fondé sur
un principe quelconque d’équivalence. L’échange peut être jugé égal ou inégal, volontaire ou non.
En conséquence, les territoires de l’échange sont des espaces qui s’identifient à travers la
fonction de l’échange dans une relation symbiotique entre la fonction et l’espace, ils existent à
toutes les échelles et peuvent être fixes ou mobiles dans le temps et l’espace.
Dans le cas de l’Afrique, le contraste est saisissant entre la faible part occupée par le continent
dans les échanges mondiaux et l’intensité de même que la variété des échanges à l’intérieur du
continent. On peut exiger de candidats à l’agrégation une approche réflexive et critique d’un sujet
de dissertation. Le vocabulaire employé et les arguments avancés méritent d’être soigneusement
pensés. Le jury a pris connaissance de copies émaillées de propos peu admissibles de la part de
futurs enseignants d’histoire et de géographie. Non, l’histoire de l’Afrique et les territoires de
l’échange ne débutent pas avec la colonisation, si cette dernière a mis en place très ponctuellement
quelques infrastructures facilitant l’exploitation des ressources du continent, tous les territoires
performants de l’échange ne sont en aucun cas à mettre au crédit des colonisateurs. Attention
d’autre part aux clichés. Après la « diagonale du vide » française les candidats plaquent une
diagonale du « vide » et de la violence en Afrique sans se rendre compte que les faibles densités ne
sont pas synonymes d’absence de territoires de l’échange ni que les zones de conflits et de guerres
civiles génèrent des types de territoires marqués par des échanges illégaux (armes, diamants par
exemple). À cet égard, la différence entre les échanges légaux et illégaux, formels et informels était
intéressante à souligner puisque générant des territoires différents aux contours fixes ou mouvants
selon les cas. Enfin, le rôle des femmes dans les échanges et dans la constitution de territoires
spécifiques méritait une attention particulière au sein du continent africain.
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Le sujet proposé ne pouvait donc se réduire à une simple géographie des échanges dans
laquelle tout contact équivaut à un échange. Les migrations de populations ne rentrent pas par
ailleurs dans la définition de l’échange sauf à se demander en quoi certaines formes de mobilité
peuvent être à l’origine de territoires de l’échange. Toute réflexion sur la manière dont se forme un
territoire de l’échange, sur ce qui le structure mais aussi sur l’effacement plus ou moins durable en
fonction des transformations des modes de production, de circulation, des évolutions politiques des
territoires, était bienvenue.
Par ailleurs, l'Afrique ayant fait l'objet d'une étude approfondie lors de la préparation, le jury
était en droit d'attendre le développement de cas géographiques précis, illustrés à différentes
échelles pour donner corps aux démonstrations proposées et déplore que de trop nombreuses copies
aient témoigné d'une grande faiblesse dans la connaissance des territoires africains.
Le plan a été un écueil pour de nombreux candidats. La démonstration à partir des échelles
était possible, elle se révélait cependant délicate à mettre en œuvre sans précautions et sans
interrogations. Sur quoi fonder ce plan par échelles ? La distance entre lieu de production et de
consommation, la taille des marchés, les volumes mis en œuvre ? Quelles échelles retenir ? A
l’échelle continentale, les territoires à considérer concernaient principalement des tronçons de
façades maritimes animant des échanges par l’intermédiaire de ports plus ou moins spécialisés et
plus ou moins équipés et quelques aéroports internationaux. Le cadre de l’Etat n’était pas forcément
le plus évident ni le plus aisé à saisir, à moins là encore de se demander de quelle manière les
territoires apparaissent et se structurent dans le cadre de la construction des États par exemple.
Certains territoires de l’échange reposent en effet sur une volonté d’agencer et de contrôler des lieux
de marché (tentatives de reconstruction et de réorganisation de marchés urbains par exemple) et de
mise en relation par des réseaux de transports. Les candidats ont souvent cité les coopérations
interétatiques à l’intérieur de zones économiques et monétaires. Il convenait cependant là encore de
se demander si les coopérations interétatiques génèrent réellement des échanges particuliers et des
territoires. Davantage que dans une zone homogène, c’est le plus souvent aux frontières et aux
marges que se situent les territoires de l’échange les plus originaux et les plus dynamiques jouant
sur des différentiels monétaires et fiscaux en particulier. Les grandes villes, souvent présentées dans
les copies, se caractérisent par la juxtaposition de territoires de l’échange mettant en œuvre le local
et l’international.
La prise en compte des axes structurant les territoires permettait de déterminer les espaces
économiquement solidaires, organisés autour des villes, des villages-entrepôts et des marchés
frontaliers.
Enfin, le jury renouvelle cette année encore ses remarques concernant l’illustration graphique.
Il rappelle que les textes régissant les épreuves conduisent le jury à joindre un fond de carte au sujet.
Il revient aux candidats d’utiliser avec discernement ce document et de compléter le cas échéant la
carte générale par des croquis ponctuels, significatifs, soigneusement réalisés et explicités à
l’intérieur de la copie. Les erreurs grossières de localisation (Nairobi placée en Côte d'Ivoire par
exemple) sont encore bien trop nombreuses de même que le non respect des règles élémentaires de
confection des cartes et croquis.
Nous pouvons dès lors proposer un cheminement possible prenant en compte les réflexions et
problématiques exposées ci-dessus. Ce plan met volontairement l'accent sur les processus que le
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candidat se doit d'articuler aux connaissances factuelles et aux exemples dont il dispose.
1. L'échange dans tous ses territoires
Il s'agissait ici de présenter l'échange à travers ses multiples composantes territoriales, à
diverses échelles et selon différentes temporalités.
L'échange naît bien souvent de discontinuités géographiques dont les interfaces tendent à se
transformer en territoires particulièrement actifs et dynamiques, animés par des logiques de
complémentarité. Les façades maritimes sont, par excellence, des territoires à l'interface terre/mer
marqués par l'importance des échanges commerciaux internationaux, qu'il s'agisse de l'importation
de produits manufacturés, de l'exportation de matières premières ou agricoles ou de la réexportation
des productions réalisées par les filiales de transnationales étrangères. Ces échanges s'opèrent plus
précisément dans les principaux ports africains (Durban, Dakar, Abidjan …), nés le plus souvent de
la colonisation, qui constituent les points de rupture de charge et par là-même les portes d'entrée et
de sortie des flux de marchandises. Les rivages maritimes peuvent également constituer des lieux
d'échanges à une échelle plus locale, comme les côtes de Casamance au Sénégal par exemple vers
lesquelles convergent des groupes d'origines très diverses qui s'échangent leur savoir-faire relatifs à
l'exploitation et à la transformation des ressources marines. Les frontières forment un autre grand
type de territoire fondé sur une discontinuité. Les échanges transfrontaliers sont d'autant plus
féconds et producteurs de territoire que la limite administrative se double d'une limite entre deux
zones monétaires caractérisées par des disparités de réglementation et de taux de change. Ainsi, l'un
des foyers les plus actifs d'échanges licites et illicites est situé au contact entre pays de la zone franc
et pays à monnaie non convertible (exemple des territoires frontaliers entre le Nigeria et les pays
limitrophes, Bénin, Togo, Niger, Cameroun …). Enfin la contiguïté de deux terroirs ou écotones
distincts peut donner vie à un territoire dominé par l'échange de productions différentes mais
complémentaires, s'inscrivant le plus souvent dans un chapelet de villes ou bourgs-marchés : les
territoires de piémont (piémont du Kilimandjaro), de contact plateaux/plaines (Ethiopie), entre
milieux bioclimatiques différenciés (forêts/savanes) constituent des zones où les échanges
commerciaux (notamment entre produits agricoles et produits d'élevage) mais aussi culturels sont
particulièrement intenses.
L'échange est aussi producteur de territoires qui peuvent prendre la forme d'axes ou de points.
Les routes par exemple ne sont pas seulement des axes de circulation ; elles deviennent dans bien
des cas des territoires où se cristallisent un grand nombre de points d'échange qui tirent parti des
flux de passage. A petite échelle, c'est le cas de ces grands axes interrégionaux (exemple de la voie
qui relie Dakar à Bamako) qui ont donné naissance à tout un réseau de petites villes nées de
l'échange induit par l'intensité et la diversité des trafics. A plus grande échelle, songeons à toutes ces
routes convergeant vers des centres urbains et qui sont constellées sur les bas côtés de petits points
de vente, alimentés par les produits vivriers des paysans locaux (mangues, bananes, manioc etc..).
On peut à cet égard évoquer les grands fleuves dont la fonction n'est pas seulement d'articuler les
comptoirs portuaires avec leur arrière-pays, mais dont les trafics amont-aval et aval-amont suscitent
autant d'échanges sur des rives de plus en plus territorialisées. Parallèlement à ces axes, il est un
point d'échanges par excellence : la ville. Il s'agit certainement là du territoire le plus complexe, où
l'échange créé de l'urbanité et où l'urbanité favorise l'échange, dans un mouvement de rétroaction
particulièrement fécond. L'échange y est constant, de toutes les natures, à toutes les échelles et
suivant toutes les temporalités. Il faut évoquer ici les liens consubstantiels que les villes
entretiennent avec les campagnes proches et qui se traduisent par des échanges extrêmement variés
au sein de ces sociétés urbaines qui vivent "un pied dedans, un pied dehors". L'approvisionnement
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urbain en produits alimentaires émanant des franges rurales (ceintures du vivrier marchand autour
de la ville) alimente un échange quotidien, d'ordre commercial certes, mais aussi culturel. Bien
entendu, les territoires de l'échange urbain varient avec le niveau de la ville, et c'est certainement
dans les plus grandes que les processus sont les plus complexes : là, les échanges commerciaux de
toutes natures et de tous ordres, du local au global, s'accompagnent d'échanges culturels d'autant
plus intenses que le brassage de populations immigrantes est continuel. C'est dans des villes comme
Casablanca, Abidjan, Nairobi ou Durban, réceptacles de flux d'immigrants ruraux, d'origines
ethniques ou géographiques différentes, mais aussi d'étrangers africains ou occidentaux
(commerçants, hommes d'affaires, scientifiques, étudiants etc..) que les échanges culturels sont les
plus nourris et les plus éclectiques.
Ces espaces urbains ne sont pas des territoires de l'échange dans leur intégralité mais
concentrent plutôt une kyrielle de micro-territoires, animés par des échanges spécifiques. Territoires
élémentaires, souvent éparpillés dans la ville, ils font de la ville un archipel de lieux d'échanges. Les
marchés, les échoppes, les souks (dans la ville arabo-musulmane) constituent assurément l'archétype
de ces lieux où l'on vend, où l'on achète mais aussi où l'on parle, où l'on transmet des informations,
des nouvelles, des savoir-faire etc… Territoires paradigmatiques du commerce, ils n'en sont pas
moins des lieux emblématiques de la sociabilité urbaine où l'échange est tout autant verbal
qu'économique. Ces hauts lieux de la vie commerciale sont parfois totalement identifiables à
certains groupes sociaux formant des classes de commerçants, d'origine africaine (exemple des
Haoussas en Afrique de l'Ouest) ou étrangère (Libanais en Afrique de l'Ouest, Chinois ou Indopakistanais en Afrique de l'Est et du Sud). Ces places évoluent par ailleurs dans le temps et dans
l'espace. Temporaires, les marchés ont en effet des rythmes qui peuvent être quotidiens, mais aussi
hebdomadaires voire mensuels ; nomades, ils peuvent parallèlement se mouvoir dans la ville
lorsqu'ils sont informels, surtout lorsqu'il s'agit de marchands ambulants, vendant leurs articles sur
les trottoirs ou aux feux rouges. Les cybercafés, les postes constituent une autre forme de territoire,
celui du télé-échange qui revêt également une fonction territorialisante. Enfin, il convient d'évoquer
tous ces territoires nés des différentes formes de sociabilité urbaine, de la rue à l'arbre à palabres en
passant par les places, les barazas ou cafés, où l'échange oral est permanent.
2. Des territoires en mouvement
Dans un deuxième temps, il semblait important de mettre l'accent sur les dynamiques de ces
territoires de l'échange qui évoluent sans cesse, changent de formes et de métabolisme, à mesure que
les mobilités s'accentuent et que la nature et le volume des biens échangés se transforment.
Force est de constater que les nouvelles formes de mobilité qui se développent aujourd'hui
produisent de nouveaux échanges aux formes territoriales différentes. Les populations africaines ont
depuis toujours été des populations du mouvement, que ce soit à travers les diverses pratiques du
nomadisme, le commerce transsaharien, les routes maritimes reliant la côte orientale à l'Inde ou à la
péninsule arabique... Toutefois, la mobilité d'aujourd'hui a changé de visage avec les effets de plus
en plus manifestes de la mondialisation. La mobilité, ou plutôt les mobilités à toutes les échelles se
sont intensifiées au rythme des progrès technologiques qui ont profondément changé la donne en
matière de transport. Certains des grands axes de circulation transrégionaux ont été améliorés,
facilitant ainsi grandement les échanges commerciaux. De puissants semi-remorques rallient
désormais N'Djaména et Niamey à partir de Lagos, des camions frigorifiques sillonnent la route qui
joint Le Cap à la frontière méridionale de l'Angola etc… Dans le domaine maritime, des innovations
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technologiques majeures (conteneurisation, roulage, modernisation des équipements portuaires) ont
abouti à une augmentation significative des échanges portuaires. De même pour le transport aérien,
la multiplication des lignes, des aéroports et la construction de hubs (Nairobi, Addis Abeba) se sont
traduits par une réelle intensification des échanges de tous ordres, matériels, culturels, humains etc..
Parallèlement, la révolution opérée dans le domaine des télécommunications (téléphonie mobile,
télématique, internet) a permis de moderniser considérablement les échanges, qu'ils soient
commerciaux (dans les ports ou aéroports téléconnectés), financiers (bourses), culturels et plus
largement entre individus grâce au téléphone mobile en particulier.
L'intensification de la mobilité a eu des répercussions très fortes sur les échanges et leur
territoires. De fait, la nature et le volume des échanges se sont souvent modifiés avec les nouvelles
formes de communication. Si certains des échanges traditionnels perdurent (bois-énergie entre villes
et campagnes, commerce des fruits et des produits artisanaux échangés contre du sel, des poissons
séchés ou des produits manufacturés entre Dakar et Bamako), de nouveaux apparaissent entre des
territoires désormais mieux reliés. C'est particulièrement le cas des échanges régionaux voire
internationaux en plein essor qui bénéficient de l'amélioration des infrastructures. Par ailleurs, les
échanges s'amplifient avec l'augmentation de la demande, liée en partie à la croissance
démographique et urbaine. La demande en produits alimentaires en particulier enfle à mesure que
les villes grossissent, multipliant ainsi les échanges entre les centres urbains et leurs campagnes
proches. Avec l'évolution des échanges, la configuration des territoires tend dès lors à se modifier.
Certains se dilatent au rythme de la croissance des échanges (territoires portuaires, urbains), d'autres
disparaissent lorsque les nouvelles voies de communication les évitent (exemple de certaines routes
transsahariennes, du port de Zanzibar depuis que les nouvelles routes maritimes venant de l'océan
Indien ne passent plus par l'île pour gagner les côtes est-africaines), d'autres encore apparaissent
(multiplication des cybercafés dans les centres urbains, implantation de nouveaux marchés dans les
espaces urbains périphériques notamment).
Enfin, la progression de l'économie informelle en Afrique constitue certainement un des
éléments les plus déterminants dans l'évolution des territoires de l'échange. En réponse à une
situation de crise économique aggravée, à la faillite de l'Etat et à l'effacement des cadres
administratifs ou institutionnels, la transgression au sens large a pris le pas sur la légalité. A toutes
les échelles et à tous les degrés, l'informel est devenu le système prédominant, des pratiques
commerciales dans la ville aux activités de contrebande ou aux trafics illicites en tous genres dans
les régions frontalières. La traduction territoriale de ce phénomène se manifeste ainsi sous
différentes formes : si les territoires de l'échange informel essaiment rapidement dans les villes,
notamment à travers la multiplication des petits boulots de service, ils s'élargissent par ailleurs de
façon considérable au niveau de certaines zones frontalières qui tendent à devenir de véritables
régions informelles, lieux de tous les trafics échappant au contrôle des autorités nationales. De plus
en plus nombreux et étendus, ces territoires sont également des territoires mouvants, se déplaçant au
rythme des politiques de répression des fraudes ou bien encore des aléas politiques qui peuvent
momentanément ou plus durablement modifier la géographie des échanges (cf la rébellion touareg
en 1997 qui a lourdement perturbé les échanges transsahariens).
3. Echanges et recomposition territoriale en Afrique : du mondial au local
Dans un troisième temps, il était possible de proposer un bilan de cette étude sous la forme
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d'une typologie présentant les territoires selon l'importance, l'intensité, la diversité et le rôle
structurant ou déstructurant des échanges qui les animent. Avec le renouvellement et la
multiplication des échanges, l'espace africain se recompose, se reconstitue, se reforme autour de ces
territoires de l'échange, fondements d'une nouvelle configuration territoriale.
On pouvait ainsi en premier lieu considérer les territoires de l'échange pluriel, c'est-à-dire
ceux qui fonctionnent à partir d'échanges multiples, de toutes natures, d'importance variable, du
local au global. Il s'agit là des nouvelles polarités africaines, constituant des points nodaux où la
rencontre débouche sur des échanges protéiformes, véritables territoires en ébullition. Ce sont les
grandes villes, métropoles africaines qui structurent les échanges aux échelles locale, régionale
voire internationale (Casablanca, Le Caire, Abidjan, Nairobi, Johannesburg etc..), mais aussi, en
leur sein, certains quartiers emblématiques de l'échange (CBD, quartiers portuaires, marchés locaux,
souks etc ..). A plus petite échelle, il convient également de mentionner certaines façades maritimes,
en particulier maghrébine, guinéenne, swahilie et sud-africaine, qui sont de véritables interfaces
pour des échanges multiscalaires. Territoires de l'ouverture, cosmopolites, ils tendent ainsi à devenir
des territoires métis, multiculturels, marqués par la co-présence de groupes ou d'individus d'origines
très diverses, d'ethnies ou de nationalités différentes. Lorsque l'échange s'inscrit dans la durée, cela
peut donner lieu à des paysages syncrétiques, expression de la sédimentation ou de la juxtaposition
de périodes différentes (cf Zanzibar ou certaines métropoles comme Abidjan, constituée d'une
mosaïque de territoires d'échanges qui correspondent au CBD, au quartier portuaire, aux marchés,
formels et informels, aux cybercafés et aux différents lieux de sociabilité).
A petite échelle, tous ces territoires jouent un rôle structurant en polarisant de larges espaces,
que ce soit les régions rurales placées sous l'influence des grandes villes ou encore les arrière-pays
connectés de façon de plus en plus étroite aux façades maritimes grâce à l'amélioration des voies de
transport.
En deuxième lieu, on peut considérer les territoires formés par des échanges opérés à l'échelle
régionale ou inter-régionale. Il s'agit ici principalement de territoires mis en réseaux, couvrant des
distances variables, animés par des échanges régionaux ou nationaux, le plus souvent
transfrontaliers et dont le fonctionnement repose sur des réseaux parfois anciens, qu'ils soient
familiaux, ethniques, religieux ou culturels. C'est par exemple le cas dans les régions ouestafricaines, où l'on observe certains territoires-réseaux articulés autour de centres de collecte,
d'entrepôts, de villes petites et moyennes, mettant en relation les systèmes atlantiques (ghanéen,
togolais, nigérian, d'où parviennent des marchandises hors douane, boissons alcoolisées, véhicules)
et le monde des savanes soudaniennes. Dans le même registre, on peut également mentionner les
territoires transsahariens, certes anciens mais dont les échanges sont aujourd'hui renouvelés tant
dans leurs modalités (nouveaux véhicules tout terrain) que dans leur nature (nouveaux trafics,
cigarettes de contrebande, commerce de pierres précieuses et de la drogue), tout en reprenant sous
des formes nouvelles d'anciens maillages urbains. En Afrique de l'Est, citons à cet égard le vaste
territoire couvrant la région Mombasa, Nairobi, les grands lacs, la partie orientale de la république
Démocratique du Congo et le Soudan fonctionnant autour de larges réseaux d'échanges.
Enfin, il convient de réserver une place particulière aux territoires articulés autour d'un
échange plus local qui constituent les particules élémentaires mais non moins déterminantes de la
géographie africaine des échanges. Il s'agit ici des petites villes, bourgs-marchés, installés dans
certains cas sur des piémonts ou à l'interface entre les mondes agricoles et pastoraux (exemple de
Moshi au pied du Kilimandjaro). L'échange ville-campagne est ici absolument central, tant les
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complémentarités sont nombreuses et nécessaires entre les sociétés urbaines et rurales dont les
délimitations respectives deviennent par ailleurs de plus en plus floues. A plus grande échelle,
évoquons aussi l'existence de ces micro-territoires qui jouent un rôle essentiel dans la vie locale : les
marchés bien entendu, mais aussi tous les lieux de sociabilité en ville ou dans les villages (exemple
de la cour abidjanaise, du baraza swahili), y compris certains territoires spécifiquement féminins
comme les puits ou les fontaines publiques autour desquels les femmes se retrouvent et échangent
des nouvelles tout en puisant l'eau.
A la lumière de cette étude, on mesure à quel point les territoires de l'échange sont d'abord et
avant tout le fruit d'une production sociale et non d'une volonté politique. Objets d'une construction
et d'une recomposition permanentes, ils peuvent être éphémères ou mouvants mais témoignent
toujours d'une grande réactivité et d'une forte capacité de résilience de la part de sociétés africaines
confrontées à de multiples défis.
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EPREUVES ORALES
LECON D'HISTOIRE GENERALE
Par Laurent Feller (Professeur d’histoire médiévale, Paris I)
Et Jean-François Chanet (Professeur d’histoire contemporaine, Lille III), Jean Duma
(Professeur d’histoire moderne, Paris X, Nanterre), Laurent Wirth (I.G.E.N.)
Rappel des conditions : Préparation : 6h., exposé : 35 mn, interrogation : 15 mn.
Introduction
Pour la leçon d’histoire générale, la session de 2005 a ressemblé à celle qui l’on précédée,
avec toutefois quelques nouveautés mineures, destinées à simplifier le travail des candidats : il
s’agit de l’accès aux ordinateurs durant la première heure de préparation et de l’existence,
désormais, de collections de cartes numérisées.
La moyenne générale de l’épreuve est de 6,35 pour l’ensemble des admissibles, 8, 68 pour les
admis, à comparer avec celle de 2004: respectivement 6,61 et 8,53.
Quelques rappels nécessaires, tout d’abord. L’effort demandé n’est pas seulement un effort
intellectuel, il réclame une bonne condition physique, un véritable entraînement, que rend plus
nécessaire encore la brièveté du temps de récupération entre deux épreuves, et un éventuel voyage à
Châlons pour les admissibles au CAPES. On n’insistera jamais assez là-dessus : beaucoup de
candidats ont paru épuisés au point de ne pouvoir tenir leur temps de parole et bien des leçons
décevantes sont imputables en partie à une mauvaise forme.
Généralités
Le sujet proposé au candidat est parfois inattendu pour celui-ci: il n’est ni anormal ni
scandaleux qu’il ignore presque tout, en entrant dans la salle de préparation, de la question dont il
devra, six heures plus tard, entretenir le jury. Dans ces conditions, le but de ce laps de temps est
simple à définir : il faut chercher les informations nécessaires à la construction de l’exposé, les
hiérarchiser et les présenter en un discours construit, c’est-à-dire qui propose une problématique
cohérente, de préférence en accord avec l’historiographie la plus récente. Tout cela implique que
l’on ait une bonne maîtrise des outils de travail ainsi qu’une solide culture générale.
La bibliographie
Le maniement de la bibliographie et la connaissance des ressources des bibliothèques doivent
donc être des exercices familiers. La visite de la Bibliothèque de la Sorbonne la veille de l’épreuve
est une impérieuse nécessité, pas seulement une commodité ou la possibilité offerte de satisfaire une
curiosité. Elle permet de repérer les usuels, de vérifier leurs modes de classement, de voir où se
trouvent les bibliographies, de repérer les tables de revues diverses comme l’Histoire, toutes
informations susceptibles de faire gagner un temps précieux et d’éviter, au début de l’épreuve, à un
moment où la concentration doit être intense, de se disperser. Les grandes collections restant
groupées sur les rayonnages par collection et non par période, il convient d’en connaître au
préalable les principaux titres. La consultation des ordinateurs, désormais autorisée durant la
première heure de préparation, sera d’autant plus efficace qu’elle aura été précédée d’heures
passées, dans les bibliothèques des universités et dans les librairies, à connaître les ressources
offertes par les principaux types d’ouvrages et de revues.
L’épreuve demande donc à être préparée par un travail sur la bibliographie et suppose acquise
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l’habitude de manier les livres comme l’utilisation différenciée des différents types d’ouvrage : un
manuel de synthèse n’a pas la même fonction qu’un volume d’actes de colloque et ne peut être
utilisé de la même manière.
Il ne faut pas se laisser emprisonner par la bibliographie. S’il arrive que le sujet soit
exactement traité dans un ouvrage, ce qui est tout de même rare, la plupart du temps il est nécessaire
de consulter plusieurs livres ou articles et de jongler avec les auteurs ; il faut alors s’affranchir de
leurs préoccupations pour parvenir au but que l’on doit atteindre: traiter le sujet! La sélection des
faits à présenter doit être une préoccupation constante : « La mort en France à l’époque moderne »,
sujet qui ne peut se réduire à une étude du sentiment de la mort, doit comporter une forte dimension
démographique ; « Constantinople capitale de l’empire byzantin » doit considérer les aspects
économiques de la question ; quant aux « guerres de religion en France jusqu’à la paix d’Alès »,
elles ne peuvent être réduites à la question de la violence, toute capitale qu’elle soit.
L’utilisation des manuels appelle quelques remarques. On attend du candidat qu’il se soit
approprié ses lectures, c’est-à-dire qu’il les utilise de façon intelligente sans omettre de faire
apparaître sa propre réflexion élaborée à partir les informations qu’il y a puisées. Autrement dit, la
fiche de lecture faite sur le manuel utilisant les expressions de celui-ci sans distance et sans
précaution est à éviter : il faut que l’on ait le sentiment d’une réflexion personnelle sur le sujet.
La hiérarchie des lectures dépend donc d’abord d’une lecture attentive et réfléchie du libellé
du sujet. Un sujet comme « Économie et société dans la Russie de Tchekhov (années 1860-années
1900) » invitait à chercher dans la vie et l’œuvre de l’écrivain des éléments permettant de donner
sens et incarnation aux réformes et transformations observables des lendemains de la guerre de
Crimée à ceux de la guerre russo-japonaise. Le plan et la hiérarchie d’importance qu’il suppose
entre les divers aspects du sujet témoignent précisément de la qualité de l’appropriation personnelle
de l’information par le candidat. La qualité de l’utilisation des livres en dépend, elle ne la détermine
pas, comme semblent encore le croire, après tant de mises en garde, trop de candidats.
Il n’y a pas de mystère ou de secret dans la réussite de la leçon, mais une question de
méthode. Il faut commencer par le plus aisément accessible pour aller ensuite, de façon sélective
parce que réfléchie, au plus complexe et au plus précis. Les articles de dictionnaires ou
d’encyclopédies (Encyclopaedia Universalis, Dictionnaires du Moyen Âge de J. Le Goff, d’André
Vauchez ou de C. Gauvard par exemple), les ouvrages de synthèse ou manuels du Supérieur doivent
être consultés en priorité. Pour les sujets sur le XIXe siècle, les candidats ne pensent pas assez à se
reporter au Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle de Pierre Larousse, qui reste pourtant une
source sans pareille, à exploiter naturellement avec la prudence critique de rigueur, etc… Les livres
placés en accès libre à la demande des membres du jury doivent être mobilisés : ils ont souvent été
mis là intentionnellement et, inversement, les sujets sont également définis en fonction de ce qu’il y
a sur la table.
La délimitation du sujet
Un autre aspect de la préparation consiste à s’initier à certains genres ou à certains domaines
récurrents parmi les sujets d’histoire générale. La biographie donne souvent lieu à des résultats
décevants, faute, là encore, d’une réflexion suffisante sur ce qui a pu justifier de tenir pour
spécialement instructive la vie, l’action ou l’œuvre de celle ou de celui qui a inspiré le sujet, qu’il
s’agisse, cette année, d’Alexandre Dumas, de John Maynard Keynes, de Willy Brandt, de
Charlemagne ou de Saladin. Il est vrai qu’en ce domaine le défaut de réflexion est parfois moins
sensible que l’insuffisance de la culture générale.
C’est vrai plus encore des sujets d’histoire économique, presque toujours décevants, les
épreuves de l’agrégation n’étant ici qu’un signe parmi d’autres de la crise que traverse ce domaine
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d’études, comme le faisait déjà remarquer le rapport précédent.
Un autre caractère spécifique de l’épreuve est que la leçon peut très bien n’être pas une
question de cours mais un véritable problème. L’énoncé de la question, très souvent bref, compte
énormément et les « à-peu-près » ne sont guère tolérés. « La folie de Charles VI », ce n’est pas « Le
royaume de France au temps de Charles VI » : on attendait des considérations sur la maladie du roi,
sur les tentatives de l’identifier et de la soigner, mais aussi une réflexion sur les institutions de la
France et sur leur évolution du fait de la folie du roi. « Le Cid dans l’Espagne du XIe siècle » devait
mobiliser toutes les connaissances du candidat sur l’Espagne, ce qui incluait une réflexion sur les
Almoravides aussi bien que sur les taïfas. « Le sanctuaire d’Eleusis, des Pisistratides aux Antonins»
ne saurait être traité comme « Les mystères d’Eleusis et la diffusion du culte ». Les exemples
pourraient être multipliés : il faut peser les termes du sujet et ne pas se livrer à un jeu d’associations
d’idées qui amène à parler de tout autre chose que du sujet ni se laisser emporter en dehors de son
plan et de son propos par une bibliographie inadaptée ou insuffisamment maîtrisée.
Lié à cela se trouve la question du hors-sujet et des interminables préambules : il n’est pas
absolument nécessaire, pour parler de l’émigration européenne aux Amérique de 1830 à 1914, de
remonter à la découverte de l’Amérique. « L’art baroque en Europe centrale » ne doit pas consacrer
un tiers du temps de parole aux origines italiennes du baroque. Ces hors-sujets font perdre du temps
au candidat et, trop souvent, ne lui laissent que quelques minutes pour aborder la question qu’il doit
traiter. Même brillants, ils lui assurent une note en dessous de la moyenne.
Enfin, on voudrait, pour terminer ce paragraphe, revenir sur la question de la culture générale
historique des candidats. Elle doit être réelle et préparée de longue main, aussi bien au sein de
l’Université que par des lectures personnelles ne répondant à aucun autre programme que la
satisfaction de sa curiosité. Certaines lacunes sont impardonnables. Ainsi, une leçon sur l’Inde dans
la deuxième moitié du XXe siècle qui ne dit pas un mot de la partition du Pakistan et de
l’indépendance du Bengladesh est choquante, non seulement parce qu’il s’agit d’un fait majeur dans
l’histoire du sous-continent, mais aussi parce que les événements qui se sont alors déroulés ont eu,
dans les sociétés occidentales, des conséquences qui ne sont pas négligeables. Une leçon traitant, à
propos de la bataille d’Azincourt de la guerre civile en France et qui ne dit pas un mot de
l’assassinat en 1407 du duc d’Orléans est, elle aussi, choquante, mais pour d’autres raisons. Elle
montre que le candidat ignore beaucoup de l’histoire politique française du XVe siècle et de son
profond renouvellement dans les années 1970-1990. Elle montre également une grande insensibilité
en matière de hiérarchisation des faits : il s’agit là d’un événement-clé autour duquel les
antagonismes se cristallisent pour une vingtaine d’années, cruciales dans l’histoire de France. Il
semble bien que l’ignorance de faits de cette nature puisse être considérée comme quelque chose de
grave. Mais on ne s’attend pas à ce que des lacunes de cet ordre puissent être comblées dans le cadre
de la préparation à l’agrégation. Si, comme on le disait en commençant, il n’est pas choquant de tout
ignorer d’un sujet au début de l’épreuve, après les six heures de préparation, les ignorances ne sont
plus acceptables. C’est là que la culture générale joue comme un facteur de discrimination, de
classement, mais aussi d’exclusion.
Illustration : améliorations, précautions
La leçon d’histoire générale a connu quelques évolutions. Le lycée Louis-le-Grand a eu, en
effet, l’amabilité de mettre à la disposition du concours ordinateur et matériel de vidéo projection.
Des cartes du fonds de la Sorbonne ont été scannées et ainsi mises à la disposition des candidats. On
ne saurait donc trop conseiller de se familiariser en cours d’année avec des atlas courants (Perrin
par exemple) et d’apprendre à s’en servir de façon systématique. Cette nouveauté sera bientôt
digérée, on n’en doute pas, mais cette année trop de candidats ont utilisé des cartes murales parfois
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anciennes. On conseille de se méfier de celles-ci et de les critiquer des documents inadaptés aux
sujets proposés : quelles informations historiquement pertinentes peut-on en effet retirer d’une carte
politique de l’URSS dressée dans les années 1930, si la leçon porte sur la Russie de Gorbatchev ?
La carte peut alors devenir une arme dirigée contre le candidat, sauf s’il a pris soin, par son
commentaire, de désamorcer le piège. Le jury conseille cependant de faire appel à des cartes
récentes, pédagogiquement utilisables, et donc à l’atlas électronique. Apporter la carte ne suffit
cependant pas : il ne faut pas négliger de s’en servir. Le jury ne sait pas nécessairement où se
trouvent les lieux cités, parfois abondamment, par le candidat. S’il le sait, il ne manquera pas de lui
être reconnaissant de lui rafraîchir la mémoire et de montrer qu’il (ou elle) maîtrise les données
spatiales du problème qui lui a été soumis. Une leçon sur les tyrans de Sicile, parce qu’elle implique
des notions de géopolitique, gagne à la présentation de la carte. Le jury apprécie également que des
croquis thématiques pertinents lui soient présentés sur le rétroprojecteur. Mais là aussi, quelques
règles simples s’imposent : le transparent doit être élaboré proprement, muni d’une légende lisible
et effectivement commenté. Il n’est sinon qu’une perte de temps pour celui qui l’a élaboré et peut
devenir pénalisant. Tableaux et graphes sont toujours les très bien venus s’ils servent le propos et
sont effectivement présentés : commenter en une minute un document ne coûte pas cher, rentabilise
le temps de préparation et montre une capacité pédagogique qui fait partie de l’épreuve.
Les illustrations tirées de livres posent toujours le même délicat problème de sélection et de
présentation. On ne peut pas parler de certains sujets sans montrer ce dont matériellement il s’agit :
les cathédrales, l’Acropole d’Athènes appellent des images – en quantité modérée – et sous toutes
les formes disponibles. Les candidats ont renoncé pour la plupart aux diapositives et l’on comprend
leurs réticences, étant donné leur médiocre qualité. Elles sont cependant parfois indispensables et
bien pratiques, en l’absence d’une photothèque scannée. Certains volumes de la Documentation
française offrent des transparents en couleur qu’il y a parfois intérêt à mobiliser ; pour chaque
période, diverses collections de transparents sont par ailleurs disponibles mais peu utilisées. L’autre
solution – traditionnelle et pratiquée de façon immémoriale – est de sélectionner dans des livres
d’art ou des revue spécialisées des images que l’on montre aux membres du jury (d’abord au
rapporteur puis à ses collègues). La première difficulté réside dans un choix convenable : pour
illustrer une leçon portant sur les chevaliers aux XIe-XIIIe siècles, un document du XVe siècle,
montrant des armes et des techniques de combat du XVe siècle est fortement déconseillé. D’autre
part, tous les membres de la commission doivent voir le document, ce qui suppose une
déambulation lente, posée, calme, devant chacun, en montrant ce qui a été commenté devant le
rapporteur. Il vaut mieux ne pas laisser le livre sur la table du jury, mais le remettre sur la sienne, à
disposition pour une nouvelle mobilisation. Le commentaire doit être succinct mais doit comporter
plusieurs rubriques, comme pour n’importe quel document historique: la nature (enluminure,
sculpture), la localisation, la datation, la présentation de l’intégralité de l’image (en quelques mots)
font partie de l’exercice. Il faut enfin souligner les éléments pertinents au sujet de la leçon, tout cela,
bien sûr, en un laps de temps très court. C’est pourquoi l’illustration doit être mesurée, proposée en
quantité raisonnable, de telle sorte qu’elle apparaisse bien pour ce qu’elle doit être, une nécessité
pédagogique. La lecture et le commentaire de courts extraits de textes sont également envisageables
dans les mêmes conditions.
L’interrogation
Si, à l’issue de l’exposé, le jury a une idée assez nette de sa qualité, il n’a pas encore arrêté sa
note, évidemment. En conséquence, tout n’est pas joué et, quel que soit le degré de fatigue du
candidat, il lui faut à tout prix demeurer mobilisé, parce que l’opinion de son auditoire peut être
modifiée, et pas seulement à la marge. Des questions peuvent permettre au candidat de traiter,
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brièvement, d’un point qu’il aurait, faute de temps ou par défaut de conception passé, sous silence.
Brièvement : il ne s’agit pas de recommencer l’exposé ou d’en faire un autre. Les réponses, donc,
doivent être à la fois circonstanciées, mais également courtes. Il est impératif de répondre. Rien
n’est plus fâcheux que le silence d’un candidat trop épuisé par sa leçon et qui, ayant l’impression
d’avoir tout dit, se tait ou semble être ailleurs. Il faut discuter avec le jury et l’affronter. Les
questions posées par les non-spécialistes ont également leur importance. Elles ne doivent pas être
prises pour des colles où le jury chercherait simplement à coincer le candidat. Elles servent à
mesurer, en prenant d’autres angles d’attaque, l’ampleur de ses connaissances. Formellement, le fait
que les jurés posent des questions sur le sujet proposé par l’un d’eux montre qu’ils ont pris intérêt à
la leçon et à la discussion qui s’en est suivie et elles établissent une chose : le candidat n’est pas seul
face à un spécialiste, mais il est confronté à un jury véritable où chacun a une opinion et une
impression qui peut adoucir celle du spécialiste. Cette partie de l’épreuve, pour délicate qu’elle soit,
est donc importante, et justifie que l’interrogation soit menée par un nombre finalement élevé de
personnes, parce qu’elles ont toutes, à égalité, vocation à juger la leçon.
Conclusion
Quels que soient les défauts et les faiblesses remarqués lors des épreuves et soulignés ici, et
bien que certains soient parfois graves, il n’en demeure pas moins que bon nombre de candidats
montrent une remarquable maîtrise de l’exercice. Leurs qualités intellectuelles, le sérieux de leur
préparation et la profondeur de leur culture historique doivent être salués. On a entendu de fort
bonnes leçons auxquelles, avec grand plaisir, on a mis des notes élevées. La leçon d’histoire
générale est un exercice difficile. Les réussites auxquelles elle donne lieu établissent qu’elle n’est
pas inaccessible et qu’elle demeure un instrument de classement tout à fait pertinent parce qu’elle
révèle des qualités qui n’ont pas l’occasion d’être mobilisées lors des épreuves sur programme. Elle
dévoile, au rebours, les éventuelles lacunes de la formation générale du candidat (mauvais
maniement de la bibliographie, connaissances insuffisantes de la trame chronologique des périodes
académiques de l’histoire), permettant au jury de sélectionner les candidats répondant le mieux aux
exigences du concours.
ANNEXE : LISTE DES SUJETS PAR PERIODE
HISTOIRE ANCIENNE
L’Egypte au temps des Saïtes (664-525 av. J.-C.)
L’Empereur Maximien le Thrace
Le sanctuaire d’Eleusis, des Pisistratides aux Antonins
L’Afrique romaine à la veille de l’invasion vandale
Agir en citoyen dans la Rome des IIIe et IIe siècles av. J.-C.
Maximien et la Tétrarchie
L’Acropole d’Athènes au Ve siècle avant J.C.
Le Nil dans l’Egypte pharaonique
César et la conquête de la Gaule
Les Italiens entre Hannibal et Rome (218-201 av. J.-C.)
Les tyrans en Sicile aux Ve et IVe siècles av. J.-C.
La dictature de Sylla
L’Eglise d’Afrique au IVe siècle
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Session de 2005
La Maurétanie de la fin du IIIe siècle av. J.-C. à 39 ap. J.-C.
Les voyages des gouverneurs des provinces romaines
La mort dans la civilisation étrusque
Cyprien de Carthage
Le Capitole de Rome (fin du VIe s. av. J.-C. au début du IIIe s. ap. J.-C.)
Les provinces romaines de Maurétanie au IIIe siècle ap. J.-C.
Le Forum de Rome du milieu du IIème siècle avant J.C. à la fin des guerres civiles
(-31 av. J.C.)
L’empereur Julien «l’apostat»
Le banquet dans la Grèce ancienne (jusqu’au début de l’époque hellénistique)
Leptis Magna, cité de l’Afrique romaine
Syracuse au temps de Denys l’Ancien
Les palais mésopotamiens (IIIème et IIème millénaires avant J.C)
L’urbanisme romain en Gaule, Ier et IIème siècle après J.C.
L’Etat et la vie économique dans l’empire romain au IVème siècle après J.C.
L’Italie en 90 avant J.C.
Bateaux et gens de mer dans la Grèce classique
Massinissa
Les Flaviens et l’Afrique
Antonin Le Pieux
La colonisation romaine en Italie des Gracques à Actium (133-31 av. J.-C.)
Le règne de Septime Sévère, une «monarchie militaire» ?
L’Empire romain et les Goths au IVème après J.C.
Le sacrifice dans la religion romaine
L’agora d’Athènes de la fin du VIème avant J.C au début du IIème avant J.C.
Caïus Marius
La politique religieuse de Dioclétien et de la Tétrarchie (284-311)
La monnaie romaine à l’époque d’Auguste
Le tribunat de la Plèbe à Rome (494-36 avant J.C.)
Une cité de l’Afrique romaine, Timgad (Thamugadi) du IIème siècle au début du
Vème siècle après J.C.
La civilisation de Carthage punique
L’artisanat en Italie (IIème avant J.C.-début du 1er siècle après J.C.)
La religion des Carthaginois (VIIIème-IIème siècle avant J.C.)
Esclaves et affranchis dans l’empire romain d’Auguste à Commode
La mort de César
La ville de Rome au IVe siècle p. J.-C.
Sénateurs et chevaliers au service de l’empereur au IIIe siècle ap. J.-C.
Plutarque, témoin de son temps
L’Empire Gaulois (260-274)
Scipion l’Africain
Pompée le Grand
L’armée Romaine en Bretagne de Vespasien à Marc Aurèle
Les structures administratives de l’Afrique romaine au Bas Empire
La Macédoine à la veille du règne de Philippe II
Actium (31 av. J.-C.)
La nobilitas aux trois derniers siècles de la République de Rome
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Rapport de l'agrégation externe d'Histoire
Session de 2005
La sculpture grecque archaïque (fin VIIe siècle av. J.-C. - fin des guerres médiques)
Elagabal, «empereur et prêtre»
Les pratiques funéraires des Romains à l’époque impériale
260 après J.C. : Année terrible
HISTOIRE MEDIEVALE
Le servage en France aux XIe et XIIIe siècles
L’an mil
Paris au XIIIe siècle
Saladin
Jeanne d’Arc
Justinien
Le pèlerinage de Compostelle jusqu’au XIIIe siècle
Vivre au village au Moyen Age (XIe-XIVe siècle)
Cyrille et Méthode
Le textile en Flandre du Xe au XVe siècle
Les conquêtes arabes jusqu’au milieu du IXe siècle
Le Provence dans la première moitié du XIIIe siècle.
Les communes urbaines en France aux XIIe et XIIIe siècles
Etre paysan en France au XIIIe siècle
Les origines de la guerre de Cent Ans
La papauté au Xe et XIe siècles
La folie de Charles VI
Le règne de Charles le Chauve
Cluny, des origines à Pierre le Vénérable
Le Cid dans l’Espagne de la fin du XIe siècle
La cathédrale de Reims
La conversion de la Russie au christianisme
L’Angleterre des XIe-XIIe siècle
La réforme de l’Eglise au XIe siècle
Le monachisme en Occident aux XI-XIIe siècle
Naissance et affirmation des ordres mendiants (XIIIe siècle)
La chute de Constantinople (1453)
Jean sans Terre
Trouvères et troubadours
L’expansion musulmane de la mort du Prophète à la chute du califat Omeyyade
La Reconquista du XIe siècle à la prise de Séville
Les techniques agricoles, XIe -XIIIe siècles, France-Italie
L’Arabie avant l’apparition de l’islam
La cathédrale dans la ville médiévale (XIIe-XVe siècle)
L’Espagne musulmane jusqu’au milieu XIIIe siècle
Les crises du XIVe siècle
Cathédrales et abbatiales romanes de France
Charlemagne
Le royaume wisigothique d’Espagne du VIe à sa chute en 711
Pierre Valdo
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Rapport de l'agrégation externe d'Histoire
Session de 2005
Le royaume Lombard d’Italie (568-774)
Constantinople, capitale de l’empire Byzantin (VIIe-XIIe siècle)
La mort en occident aux XIVe et XVe siècles
Les templiers des origines à la dissolution de l’ordre
La première croisade
Etre chevalier du Xe au XIIIe siècle dans les sociétés d’Europe occidentale
Les années 1356-1358 en France, années terribles
Mahomet
Les bourgeois flamands (XIVe-XVe siècle)
Joutes et tournois du XIe au XIVe siècle
L’Empire byzantin à la mort de Basile II (1025)
Les femmes dans l’aristocratie au XIIe siècle
Les Normands en Italie du Sud (XIe – XIIe siècle)
Les deux premiers siècles du Califat abbasside
Philippe Auguste
Azincourt
L’assassinat du duc d’Orléans et ses conséquences
Le mariage en Occident du IXe au XIIesiècle
L’Université de Paris au Moyen Age
Guillaume le conquérant
Jean Hus
L’impôt en France du XIVe au XVe siècle
HISTOIRE MODERNE
La Ligue
La Fronde
Les Provinces-unies des années 1650 aux années 1750
La sorcellerie un phénomène européen (XVIe-XVIIe siècles)
Le mercantilisme en Europe au XVIIe siècle
La Cour au temps de Louis XIV
Louis XIV et son image (1661-1715)
La perception du corps dans la France d’Ancien Régime
La paix de Westphalie (1648)
La Pologne de la fin du XVIIe siècle au premier partage
Les Colbert au XVIIe siècle
La Hanse : XVIe-XVIIe siècles
Les crises démographiques en France sous l’Ancien Régime
Le système de John Law
La justice dans la France de l’Ancien Régime
La découverte du Pacifique par les Européens au XVIIIe siècle
La seigneurie et son seigneur en France à l’époque moderne
La Glorieuse Révolution de 1688
Nouveautés et ruptures sous la Régence (1715-1723)
La Suède au XVIIe siècle
La querelle janséniste en France des origines à la fin des années 1760
Les femmes et le travail en France à l’époque moderne
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Rapport de l'agrégation externe d'Histoire
Session de 2005
L’Espagne de Philippe II
Saint-Malo au XVIIème siècle
La Chine des Ming XVI-XVIIème siècle
Jean-Baptiste Lully
La Russie de l’avènement de Pierre Ier à l’avènement de Catherine II
Charles Ier Stuart
Louis XIV et la guerre
Olivares
La mort en France à l’époque moderne
La noblesse et l’Etat en France de la mort d’Henri II à la mort de Louis XIII
Les protestants dans le royaume de France du début des guerres de religion à la fin des
années 1620
La Russie au temps des premiers Romanov (1613-1689)
L’Afrique de l’Ouest et la traite au XVIIIe siècle
La révolution scientifique en Europe de Galilée à Newton
L’Espagne au temps de Charles II
L’Ere Edo au Japon
La Révolution militaire en Europe (mi XIIIème-mi XVIIIème)
Les ports dans la France des XVIIème et XVIIIème siècle
La monarchie bicéphale au temps de Louis XIII
Galilée en son temps
La réforme catholique en France dans la première moitié du XVIIème siècle
Olivier Cromwell
Les Européens et la Chine à l’époque moderne
Les pauvres dans le royaume de France à l’époque moderne
Le vin et la vigne en France (XVIème-XVIIème siècle)
Finances et financiers en France au XVIIème siècle
Le Canada français
Les guerres de religion en France jusqu’à la paix d’Alès
La bataille de la Montagne Blanche
La population du royaume de France à l’époque moderne
Les conquêtes de Soliman le Magnifique
Fénelon
L’alimentation en France à l’époque moderne
L’art baroque en Europe Centrale
Le Brésil du milieu du XVIe siècle au milieu du XVIIIe siècle
L’industrie textile en France aux XVIIe et XVIIIe siècle
Intendants et intendances au temps de Louis XIV
Les Jésuites dans le royaume de France à l’époque moderne
Le Caravage
La révolte des camisards
HISTOIRE CONTEMPORAINE
La droite et la République (1870-1914)
Les Etats-Unis et la construction européenne de 1947 à 1991
La France en décembre 1851
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Rapport de l'agrégation externe d'Histoire
Session de 2005
La révolution Meiji de 1868
Les paysans dans la France du XIXe siècle : des terroirs à la nation ?
L’Etat et l’économie en France depuis 1945
Syndicalisme et socialisme au Royaume-Uni de 1837 à 1914
Arme atomique et diplomatie nucléaire de la fin de la seconde guerre mondiale aux
accords de Washington (1987)
Edouard Manet
La Pologne de Wladislaw Gomulka à Lech Walesa (1947-1995)
L’émigration européenne aux Amériques des années 1830 à la veille de Première guerre
mondiale
Les Indiens des Etats-Unis (XIXe-XXe siècles)
L’Espagne à la mort de Franco
Le Franc de 1803 à 2002
Le maintien de l’ordre dans la France du XIXe siècle
Les médias et le pouvoir aux Etats-Unis de 1948 à 2004
La «question laïque» en France de 1875 à 1905
Le Liban, de l’Indépendance à la Paix syrienne (1943-1985)
Cités idéales et utopies urbaines, de Fourier à Le Corbusier
Posséder et exploiter la terre dans la France du XIXe siècle
L’Algérie française de 1830 à 1914
Les campagnes dans l’évolution sociale et politique de l’Espagne des années 1830 aux
années 1930
Berlin dans les relations internationales (1946-1991)
Religion et société en Amérique latine des indépendances au pontificat de Jean-Paul II
Michelet
L’Afrique face à la Colonisation (1830-1914)
La «voie chinoise» de développement depuis 1949
Le peuple de Paris de 1830 à la Commune
Mendés et le Mendésisme
Charbon et coton en Europe occidentale au XIXème
Sport et société en France depuis la Libération
Les campagnes allemandes au XIXe siècle et au début du XXe siècle
Musique et nationalité en Europe au XIXe siècle
Le problème de la terre en Amérique latine (XIXe-XXe s.)
L’éducation des filles en France au XIXe-XXe siècle
De Gaulle et la construction européenne
L’année 1849 en Europe
Irlandais et Anglais de l’Acte d’Union au Home Rule (1800-1912)
Loisirs et vacances en France depuis 1945
John Maynard Keynes
Naissance et affirmation du Tiers-Monde (du début des années 1950 au début des années
1980)
Economie et société dans la Russie de Tchekhov (années 1860 - années 1900)
Chicago à l’heure de Louis H. Sullivan
Les notables dans les campagnes françaises (XIXème siècle)
La société rurale en Italie des restaurations de 1815 à la veille de la Première Guerre
mondiale
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Rapport de l'agrégation externe d'Histoire
Session de 2005
Le travail et le chômage en France depuis la libération
Gorbatchev et la fin de l’Union soviétique
Les institutions et la vie municipales en France au XIXème siècle
Emancipation et indépendances en Afrique noire depuis 1945
La communauté européenne de Défense
La démocratie indienne de 1950 à 1995
Le socialisme en France, des lendemains de la commune à 1905
Pratiques et politiques culturelles en France de 1959 à 1995
La presse et l’opinion en France des frères Bertin à Adrien Hébrard
Le Mexique de 1910 à 1940
La Palestine de 1947 à la fin des années 1960
La désunion de la République américaine (1830-1861)
Alexandre Dumas
L’URSS et le Tiers-Monde (1953-1991)
L’Amérique des «fifties»
L’Indochine au temps des Français (du Second Empire à la fin des années 30)
Willy Brandt
Rome et « la question romaine » (1846-1929)
Immigration et immigrants aux Etats-Unis 1848-1914
Les relations franco-britanniques 1830-1904
Le nationalisme arabe de 1945 à 1991
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Rapport de l'agrégation externe d'Histoire
Session de 2005
EXPLICATION DE DOCUMENTS HISTORIQUES
Par Anne Jacquemin (Pr. d’histoire ancienne, Strasbourg II), Bernard Legras (Pr d’Histoire
ancienne, Reims), Christophe Picard (Pr. d’histoire médiévale, Paris I)
Avec les contributions de Annette. Becker (Paris X), Élizabeth Crouzet-Pavan ( Paris IV)
et Jean-Louis Gaulin (Lyon II)
Rappel des conditions : 6h. de préparation, 25 mn d’exposé, 20 mn d’inetrrogation
Comme les autres années, l'épreuve a donné lieu à des prestations très diversifiées qui ont
permis au jury d'utiliser l'éventail de notation. Il convient de remarquer dès l'abord que la répartition
des notes n'est en rapport ni avec les périodes historiques ni avec la nature (textuelles ou graphiques
des sujets).
L'un des défauts majeurs à l'origine des mauvaises épreuves est celui de la mauvaise gestion
du temps : plus fréquente que l'incapacité à tenir les 25 mn — compte tenu de la briéveté de
l'exercice, la tolérance ne peut guère dépasser la minute et avoir conclu au bout de 20 ou 22 mn
pénalise fortement —, l'incapacité à bien occuper le temps et à ne pas commencer un exposé avec
un rythme qui demanderait bien 45 mn pour un traitement correct du sujet. Ainsi les introductions
sont souvent plus longues qu'une voire plusieurs parties, les premières parties hypertrophiées, les
dernières parties traitées à la hussarde et les conclusions souvent pas même réduites à la partie
congrue. Le jury a remarqué que le plan en deux parties connaît une vogue marquée ; il n'y est pas
formellement opposé et des notes correctes ont été données à des exposés en deux parties, mais trop
souvent des plans en deux parties s'expliquent par l'oubli d'éléments essentiels qui auraient trouvé
place sans problème dans une troisième partie.
Un autre défaut fréquent est l'oubli de la nature pédagogique de l'épreuve : trop de candidats
ne songent pas à rendre clair leur propos, à en faciliter la compréhension pour l'auditoire. Ainsi
supposer que tout un chacun est familier de la géographie de l'Asie mineure hellénistique est une
erreur. Il convient donc de montrer des cartes et des plans en le faisant de manière pertinente et
efficace : présenter une carte sur une page d'un ouvrage (même dû à un membre du jury) est soit un
geste inutile, parce que le jury ne voit rien d'une image présentée de la table du candidat, soit une
perte de temps, si le candidat montre à chaque examinateur ladite carte. Il est donc plus pertinent de
recourir à une carte murale qui peut servir à tout moment ou — ce qui est encore mieux — de
confectionner un transparent qui permet d'indiquer précisément ce que l'on veut montrer. Dans ce
dernier cas, il est important de ne pas oublier d'indiquer le nord et l'échelle. Le jury sait que toutes
les cartes des ouvrages ne respectent pas toujours cette dernière exigence ; il convient donc au
candidat de bien choisir la carte qui lui servira de base ou d'avoir une idée des distances lui
permettant de fabriquer son échelle. Une généalogie simplifiée peut aider le jury à suivre un exposé
sur une succession dynastique difficile. Un tableau des institutions, des graphiques de populations,
de productions diverses, d'évolutions des prix… ont leur utilité. La façon de parler joue aussi un
rôle : il faut être audible, ne pas avoir une voix trop basse, avoir un débit qui est ni trop rapide ni
trop lent.
Quelques conseils pour la préparation de l'épreuve :
-Partir de l'idée que tout sujet est faisable ; qu'il n'existe pas de piège hors ceux que le
candidat crée lui-même.
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Rapport de l'agrégation externe d'Histoire
Session de 2005
-Lire soigneusement le titre qui n'est pas un élément superfétatoire, mais qui est
destiné à orienter la réflexion du candidat.
-Lire soigneusement le texte ou regarder attentivement le document figuré avant de se
jeter sur la bibliographie;
-Repérer au cours d'une deuxième lecture les mots rares et techniques qu'il faudra
expliquer. N'en négliger aucun — ce sera toujours celui que vous aurez omis qui retiendra
l'attention de l'examinateur. Chercher dans un dictionnaire les mots inconnus, les noms
propres …
-Bien connaître les livres sur les tables, qui souvent sont suffisants et que les candidats
négligent pour d'autres moins importants et plus anciens.
-Ne jamais omettre de se procurer la source du document, si elle est communicable.
-Ne pas négliger la préparation en cas de documents iconographiques : réfléchir à la
forme et au fond ; associer légendes et dessins. Se renseigner sur la technique artistique mise
en œuvre afin d'avoir le bon vocabulaire : ne pas employer fresque à tout propos, distinguer
la ronde-bosse du bas-relief. L'épreuve est une épreuve historique, mais un minimum de
vocabulaire technique fait partie du bagage commun. Il ne s'agit pas de faire de l'esthétique,
mais de montrer l'intérêt historique de l'objet. Dans la présentation du document, il ne faut
confondre non plus l'image que l'on a sous les yeux et l'objet qu'elle représente, mais il y a
des cas où l'image elle-même est document : ainsi la photographie de la « gueule cassée » du
livre d'E. Friedrich n'a pas le même statut que la photographie du monument aux morts de
Chalmont.
-Traiter toutes les parties constituantes d'un dossier — les images et les graphiques
qui peuvent accompagner un texte ne sont pas là seulement au titre d'illustrations : ainsi le
plan de Milan montrant les interventions d'Azzone Visconti devait être commenté en même
temps que le texte de G. Fiamma. Il vaut aussi être attentif à la chronologie relative et
absolue des éléments d'un dossier.
-Il faut enfin peser les silences du texte, tout aussi lourds de sens (ex. : ce que Ch. de
Gaulle ne dit pas en 1915 — l'échec des Dardanelles), mais là encore il faut être attentif à la
chronologie afin de ne pas reprocher à l'auteur son ignorance du futur.
Quelques conseils pour la bibliographie :
-Elle doit permettre de reconstituer la démarche du candidat et indiquer les ouvrages
qu'il connaît et aurait souhaité utiliser.
-Elle doit être hiérarchisée et bien distinguer ce qui relève de la catégorie « sources ».
Elle ne doit pas se limiter aux « livres de circonstances ».
-Elle doit être pertinente : il est inutile de mettre un ouvrage écrit par un membre du
jury quand il n'a aucun rapport avec le sujet.
-Elle doit respecter les règles de présentation pour le nom des auteurs, les titres
d'ouvrages, d'articles (ne pas oublier d'indiquer la première et la dernière page) ou de revues,
le lieu et la date de publication.
Quelques conseils pour les documents fournis par le candidat autres que la bibliographie :
1. Le plan de l'exposé : il est plus commode de le faire sur le tableau à feuilles
blanches que sur un transparent, ainsi il demeure toujours visible. Le relire
toujours soigneusement pour supprimer les fautes d'orthographe ; être attentif aux
accents, aux pluriels.
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Rapport de l'agrégation externe d'Histoire
Session de 2005
2. les illustrations : elles doivent toujours être pertinentes.
3. pour les cartes et les plans de villes, de quartiers ou d'édifices, voir plus haut.
4. Il faut viser à l'efficacité et ne pas perdre du temps en montrant une image
successivement à tous les membres du jury. Les transparents fabriqués pour
l'occasion sont une bonne solution pour les graphiques, les cartes et les arbres
généalogiques. Penser aux diapositives de la Documentation photographique.
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Quelques conseils pour le commentaire lui-même :
Dans l'introduction, il convient de faire une analyse brève qui ne s'appesantit pas sur les
documents, puisqu'on reviendra dessus dans le cours du développement). Il faut construire
une problématique véritable et dire ce qu'on veut montrer. Dans la présentation de l'auteur, il
faut se limiter à ce qui est utile pour comprendre le document : le récit de son enfance n'est
pas toujours pertinent et ce qu'il a fait après la production du document aide rarement à son
intelligence. Cependant la consultation d'une biographie ou des mémoires de l'auteur est
utile et ces ouvrages doivent figurer dans la bibliographie.
Dans le développement, il faut éviter le faux commentaire, à savoir la paraphrase ou
l'alignement de morceaux du texte. Ce n'est pas l'auteur du texte qui passe l'agrégation !
Inversement il faut éviter de faire du document un simple prétexte à exposé. Dans ce dernier
cas, le résultat est, en général, d'une réflexion insuffisante sur la problématique et / ou sur les
enjeux de la question ou de la période à étudier.
Il convient d'avoir le sens du concret, d'avoir en tête l'image de l'ogre de Marc Bloch
toujours en quête de chair fraîche. Trop de commentaires sont désincarnés. Le symbolique
l'emporte très souvent sur l'économique et les explications simples sont abandonnées au
profit de constructions alambiquées souvent inspirées de théories mal dirigées. Les bons
sentiments sont à proscrire. Il faut regarder la réalité en face pour l'expliquer.
Respecter autant que faire se peut la prononciation des noms — ne pas angliciser le nom
d'Éd. Will. Éviter les pièges des noms communs étrangers et de leurs pluriels, en vérifiant
les formes. Attention également aux faux-amis qu'on peut rencontrer en consultant un
ouvrage en langue étrangère.
S'exprimer dans une langue correcte, ni trop recherchée — à ce propos, il convient d'être
bien conscient que les citations clandestines se dénoncent par leur style écrit — ni trop
familière. Éviter de répliquer « d'accord », voire « OK » à une remarque, d'employer «
texto » ou d'appeler l'auteur du texte par son prénom. Bannir les expressions relâchées
comme « stopper le mécanisme », « à double détente », « Saint-Just chute avec Robespierre »
ou incongrues comme « le poids incontournable », « pressuriser une population » ou «
l'odeur de sainteté » à propos d'Aphrodite et de Chaumette. Employer correctement « dont »,
« en » et « y » et construire directement « pallier ».
Être sensible au sens précis des mots : ne pas confondre « pacifique » et «pacifiste », «
collaborateur » et « collaborationniste », « montagnard » et « montagneux », « initiative » et
« initiation ».
Ne pas oublier que le futur n'est pas un temps historique : il convient de l'éviter ainsi que le
futur proche.
En se livrant à plusieurs lectures attentives du document pour en prendre connaissance, en
relever les articulations et les termes demandant commentaire, en posant des questions simples : qui
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produit ? quand ? pour qui ? pourquoi ? dans quel but ? , on arrive aisément à un niveau d'analyse
plus fin qui permet de dégager la problématique qui organise l'exposé.
Il convient aussi de conserver des réserves psychologiques pour les questions posées par les
membres du jury après l’exposé. Il faut mobiliser son attention et son énergie jusqu’à la dernière
minute de l’épreuve.
Liste des documents proposés
Histoire ancienne
Les relations entre Milet et Ptolémée II ca 262 (A. REHM, Milet I3 — Das Delphinion, n°
139).
Le règlement des affaires d’Asie après la guerre d’Antiochos — Tite-Live, XXXVIII 3738.
La bataille de Salamine (Chypre) en 307/6 — Diodore, XX 48,1-51,2.
La reine Alexandra-Salomé (76-67) — Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, I 6.
Olympichos, Mylasa et le prêtre de Zeus à Labraunda — J. CRAMPA, Labraunda III 1, Part
1, n° 4-7.
La Gigantomachie du grand autel de Pergame — Fr. QUEYREL, L’autel de Pergame, figs.
45-48.
Jérusalem d’après la Lettre d’Aristée — Lettre d'
Aristée à Philocrate,83-90 ; 100-110.
Interventions d’Antiochos IV et de Rome dans les affaires d’Égypte — Tite-Live, XLIV 19
et XLV 11-12..
Alkétas — Diodore, XVIII 44-47.
L’administration du sanctuaire de Sinuri en Carie — L. ROBERT, Le sanctuaire de Sinuri
près de Mylasa, Ière partie, 1945, n° 2, 9, 11, 15 et 44).
Aphrodisias et Rome — J. REYNOLDS, Aphrodisias and Rome, 1982, n° 1-3.
Arsinoè II Philadelphe — statue du Musée de l’Ermitage ; statuette du Metropolitan
Museum ; stèle du Musée Pouchkine ; relief du British Museum ; décadrachme d’argent ;
relief du Musée de l’Université de Harvard ; (La Gloire d’Alexandrie, fig. 38, 39, 33 et 42 ;
Cambridge Ancient History VII, Plates, fig. 11 et 13).
Antiochos IV : un roi bien singulier — Polybe XXVI (cité par Athénée, Banquet des
sophistes, X 399c) ; Tite-Live, XLI 20 ; Premier livre des Maccabées, 6, 1-13 ; Flavius
Josèphe, Antiquités Juives, XII, 358-359.
Héliodore chassé du Temple — Deuxième Livre des Maccabées, 3, 1-40.
Une cité grecque en Égypte, Ptolémaïs sous les premiers Ptolémées — A. BERNAND, La
prose sur pierre dans l’Égypte hellénistique et romaine, 1992, n° 3-7.
La campagne de Cn. Manlius Vulso en 189 av. J.-C. — Polybe, XXI 34-37.
Ptolémée VIII protecteur des cultes — A. BERNAND, La prose sur pierre, n° 22-23.
Le palais d’Eumène II— W. HOEPFNER dans W. Hoepfner et G. Brands, Basileia, 1996, fig.
14, 16, 17 et 20).
Lettre d’Antigone le Borgne à Téos au sujet du synœcisme avec Lébédos (303-302) —
C.B. Welles, Royal Correspondance, n° 3.
Décret de l’association des agriculteurs de Psénamosis — A. BERNAND, La prose sur pierre,
n° 40.
La Lex Antonia pour Termessos Maior — CIL I 2, 589.
L’apothéose d’Homère — relief d’Archélaos de Priène — A. STEWART, Greek Sculpture.
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Rapport de l'agrégation externe d'Histoire
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An Explanation, 1990, fig. 761-763.
Après la guerre, à Éphèse, en 297 av. J.-C. (H. WANKEL, IK Ephesos [11/1], n° 4).
Les revenus de la province d’Asie — Cicéron, Sur les pouvoirs de Pompée, 14-19.
Ordonnance de Bérénice IV accordant l’asylie au temple du dieu crocodile Pnéphérôs, à
Thédelphie — 22 octobre 57 — A. BERNAND, La prose sur pierre, n° 42.
Amyzon de Carie : un sanctuaire et ses protecteurs — J. et L. ROBERT, Amyzon, n° 2, 3, 9,
11, 14, 15.
Décret de Téos relatif à l’union entre Téos et Kyrbissos (IIIe siècle) — J. et L. ROBERT,
Journal des Savants, 1976, p. 155-157.
La frise du temple d’Hécate à Lagina — A. STEWART, Greek Sculpture. An Explanation,
1990, fig. 828-830.
Honneurs pour un ambassadeur défunt — F. CANALI DE ROSSI, Iscrizioni storiche
ellenistiche 3, 2002, n° 169.
Le koinon d’Asie et Rome — J. REYNOLDS, Aphrodisias and Rome, 1982, n° 5.
Le sanctuaire d'Apollon Pleurènos près de Sardes en Lydie, les Séleucides, les Attalides et
Rome — deux stèles de marbre Supplementum Epigraphicum Graecum 46, 1996, n° 1519 et
1520 ; une autre stèle — L. ROBERT, Bulletin de Correspondance Hellénique 106, 1982, p.
362.
Le décret de Canope — Stèle trilingue. Version grecque. Kôm el-Hisn (Delta occidental),
7 mars 237 av. n.è. Trad. A. BERNAND, Le Delta égyptien d’après les textes grecs, 1, 3, Le
Caire, 1970, p. 993-996.
Décret de la cité de Kymé au sujet des bienfaits de Philétairos— Inscription grecque.
Kymé (Éolide), vers 270 ? Éd. G. MANGANARO, « Kyme e il dinasta Philetairos », dans Chiron,
t. 30 (2000), p. 303-414.Trad. non communicable.
Une grève dans le Fayoum — Papyrus grec. Philadelphie, 257 av. n.è. Éd. Papiri greci e
latini (Pubblicazioni della Società Italiana per la ricerca dei papiri greci e latini in Egitto),
Florence, t. V (1917), n° 502, l. 11-31.Trad. J.-M. BERTRAND, L’hellénisme 323-31 av. J.-C.,
Paris, 1992, p. 194-195.
Décret de la cité de Colophon au sujet de constructions dans la ville — Inscription
grecque. Entre 311 et 306 av. n.è. Éd. et trad. L. MIGEOTTE, Les souscriptions publiques dans
les cités grecques, Genève-Québec, 1992, n° 69.
Une Macédonienne qui se donne « elle-même » en mariage en Égypte — Éd. O. EGER, E.
KORNEMANN et P.M. MEYER, Griechische Papyri im Museum des oberhessische
Geschichtsvereins zu Giessen, Leipzig-Berlin, t. I, 1910, n° 2 (P. Giss I 2). Trad. B. Legras.
La conférence de Lysimacheia (196 av. n.è.) — Polybe, XVIII, 49-52. Trad. : La
Pléiade/Quarto Gallimard.
Un procès à Krokodilopolis (Fayoum) — Papyrus grec. Krokodilopolis, 226 av. n.è. Éd.
J.P. MAHAFFY et J.G. SMYLY, Papyrus Petrie III 21g+J.G. SMYLY, Papyrus Gurob 2 ; V.A.
TCHERIKOVER, Corpus Papyrorum Judaicarum I 19. Trad. : J. MÉLÈZE, « Droit et justice dans
l’Égypte des premiers Lagides », dans L’Orient méditerranéen de la mort d’Alexandre au Ier
siècle avant notre ère, M.Th. Le Dinahet dir., Nantes, 2003, p. 300-301.
Le temple d’Aphrodite Arsinoè au Cap Zéphyrion (Abouqir) — Trois épigrammes
grecques. Trad. dans J. YOYOTTE, P. CHARVET et S. GOMPERTZ, Strabon. Le voyage en Égypte,
Paris, 1997, p. 241-242. Doc. 1 Épigramme de Posidippe de Pella. Éd. H. Weil, « Un papyrus
inédit », dans Monuments grecs publiés par l’Association pour l’encouragement des études
grecs en France n° 8, Paris, 1879. Doc. 2 Épigramme de Callimaque.Texte dans Athénée,
Deipnosophistes VII, 318b-c. Doc. 3. Épigramme d’Hédyle de Samos.Texte dans Athénée,
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Rapport de l'agrégation externe d'Histoire
Session de 2005
Deipnosophistes XI, 497 d-e.
Les relations entre la cité de Milet et les Séleucides — Deux inscriptions grecques. Doc. 1
Décret en l’honneur de la reine Apamé. Inscription retrouvée à Didymes, 299/298 av. n.è. Éd.
K. BRINGMANN et H. VON STEUBEN, Schenkungen hellenistischer Herrscher an griechische
Städte und Heiligtümer, Berlin, 1995, p. 341-343, n°281. Doc. 2 Décret de Milet sur
proposition de Démodamas. Inscription retrouvée à Didymes, 299 av. n.è. Éd. K. BRINGMANN et
H. VON STEUBEN, ibid., 1995, p. 338-341, n°281. Trad. L. Capdetrey, thèse inédite non
communicable.
Le Songe de Nectanébo — Papyrus grec. Memphis, milieu du IIe siècle av. n.è.
Éd. Papyrus Leiden I 39=U. WILCKEN, Urkunden der Ptolemäerzeit, Berlin-Leipzig, 1927, n°
81= L. KOENEN, « The Dream of Nektanebos », dans The Bulletin of the American Society of
Papyrologists, t. 22 (1985), p. 171-194.Trad. B. Legras.
Camées ptolémaïques — 1. Camée dit des Ptolémées. Vienne, Kunsthistorisches Museum,
Inv. N°IXa81. Dans La gloire d’Alexandrie, catalogue de l’exposition du Musée du Petit
Palais, Paris, 1998, n° 32 (Cahier p. 72, et p. 77). 2. Camée de Ptolémée III Evergète 1er ?
Paris, BnF, Cabinet des Médailles, F. Babelon, Catalogue des camées, Paris, 1897, n°144.
Dans La gloire d’Alexandrie n° 95 (p. 158). 3. Camée de Ptolémée X Alexandre Ier. Paris,
BnF, Cabinet des Médailles, F. Babelon, Catalogue des camées, Paris, 1897, n°84. Dans La
gloire d’Alexandrie, n° 98 (p. 159).
Décret de la cité d’Érythrées pour Polykritos — Inscription grecque, vers 277-261 av.n.è.
Éd. et trad. A. BIELMAN, Retour à la liberté, Athènes-Lausanne, 1994, p. 80-85, n° 21.
Mémorandum de Stothoetis pour le domaine du dioecète Apollonios (Fayoum). Papyrus
grec. Philadelphie (Fayoum), 259 et 258 av. n.è. Éd. P.W. PESTMAN, Greek and demotic texts
from the Zenon archive, Papyrologica Luduno-Batava XX, Leyde, 1980, Suppl. A. Traduction
Cl. ORRIEUX, Les papyrus de Zénon. L’horizon d’un Grec en Égypte au IIIe siècle avant J.-C.,
Paris, 1983, p. 80-81.
Les ports d’Alexandrie — Strabon, Géographie, XVII, 1, 6. Trad. dans J. YOYOTTE, P.
CHARVET et S. GOMPERTZ, Strabon. Le voyage en Égypte, Paris, 1997, p. 77-81.
Les « reclus » du Sarapieion de Memphis — Deux papyrus grecs. Sarapieion (Serapeum)
de Memphis.1. Papyrus de Paris 63= U. WILCKEN, Urkunden der Ptolemäerzeit, BerlinLeipzig, 1927, n° 18 (extraits). 158 av. n.è.Trad. R. BURNET, L’Égypte ancienne à travers les
papyrus, Paris, 2003, n°109. 2. Papyrus de Londres n°23= U. WILCKEN, Urkunden der
Ptolemäerzeit, Berlin-Leipzig, 1927, n° 14. 163 av. n.è.Trad. R. BURNET, ibid.,n°108.
La traduction de la Torah hébraïque en grec— Lettre d’Aristée à Philocrate, 28-51. Éd. et
trad. A. Pelletier, Lettre d’Aristée à Philocrate, Paris, éditions du Cerf, Sources chrétiennes,
1962.
Les dangers de l’école buissonnière. — Hérondas, Le Maître d’école (Mime III). Éd. J.
Arbuthnot Nairn, traduction L. Laloy, Hérondas. Mimes, Paris, Les Belles Lettres, CUF, 1928,
p. 57-61.
Loi des astynomes de Pergame — Inscription grecque. Pergame, IIe siècle av. n.è. Éd. et
trad. M.-Chr. HELLMANN, Choix d’inscriptions architecturales grecques, Lyon-Paris, 1999, n°2.
La création de Sarapis — Tacite, Histoires, IV, 83-84. Éd. et trad. H. Le Bonniec, Les
Belles Lettres, CUF, 1992.
Traité de sympolitie entre les cités de Smyrne et Magnésie du Sipyle— Inscription grecque
(extrait). Smyrne, 246/241 av. n.è. Éd. G. PETZL, Inschriften von Smyrna, II, Bonn, 1987, n°
573 (II). Trad. L. Capdetrey, thèse inédite non communicable.
Une croisière sur le Nil d’Abydos à Thèbes— Strabon, Géographie, XVII, 1, 44-46. Trad.
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Rapport de l'agrégation externe d'Histoire
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P. Charvet, dans Strabon. Le voyage en Égypte, Paris, 1997, p. 165-177.
La Judée sous Antiochos IV Épiphane. — Deuxième Livre des Maccabées 4, 1-50.Trad.
La Bible de Jérusalem, nouvelle édition, éditions du Cerf, 1998.
Un contrat de bail dans le Fayoum. Papyrus grec. Philadelphie, 31 août 256 av. n.è. Éd.
W.L. WESTERMANN et E.S. HASENOEHRL, Columbia Papyri, t. III : Zenon Papyri, New York,
1934, n° 54. Trad. B. Legras
Plan d’Alexandrie d’Égypte : Plan établi par W. Hoepfner et G. Grimm —
Source :Alexandria and Alexandrianism. Papers delivered at the Symposion organiezd by the
J. Paul Getty Museum and the Getty Center for the History of Art and the Humanities (avril
1993), Malibu, Californie, 1996.
Une accusation d’empoisonnement dans le Fayoum. — Papyrus grec. Kerkéosiris, 117 av.
n.è. Éd. B.P. GRENFELL, A.S. HUNT et J.G. SMYLY, The Tebtynis Papyri, t. I, Londres, 1902,
n° 43.Trad. R. BURNET, L’Égypte ancienne à travers les papyrus, Paris, 2003, n° 63.
Violences dans le Fayoum. — Deux papyrus grecs.1. Un incident au bain.Papyrus de
Magdola, 221 av. n.è. Ed. O. GUÉRAUD, Enteuxeis. Requêtes et plaintes adressées au Roi
d’Égypte au IIIe siècle avant J.-C., Le Caire, 1931 (Publications de la société Fouad I), n° 82.
Trad. R. BURNET, L’Égypte ancienne à travers les papyrus, Paris, 2003, n°5. 2. Une attaque au
pot de chambre. Papyrus de Magdola, 218 av. n.è. Ed. O. GUÉRAUD, ibid. n° 79.Trad. R.
BURNET, ibid.,n°6.
Donation pour une école à Milet — Inscription grecque.W. DITTENBERGER, Sylloge
Inscriptionum Graecarum, 3e éd., 1915-1924, n°577.Trad. J.-M. BERTRAND, L’hellénisme 32331 av. J.-C., Paris, 1992, p. 209-211.
Monnaies de Ptolémée Ier — 1.Tétradrachme d’argent.Paris, BnF, Cabinet des Médailles
M. 2152. Dans La gloire d’Alexandrie, catalogue de l’exposition du Musée du Petit Palais,
Paris, 1998, n° 21 (p. 57). 2. Tétradrachme d’argent. Paris, BnF, Cabinet des Médailles M.
2157. Dans La gloire d’Alexandrie, n° 22 (p. 57). 3. Tétradrachme d’argent.Trèves, Collection
de l’Institut d’archéologie de l’Université, Inv. OL 1997.5.Dans G. GRIMM, Die erste
Königsstadt der hellenistischen Welt, Mayence, 1998, n° 57a et b (p. 57). 4. Pentadrachme
d’or.Alexandrie, Musée gréco-romain, Inv. 23305. Dans G. Grimm, ibid., n° 56a et b (p. 57).
5. Tédradrachme d’argent. Collection privée.
Lettre d’Eumène II aux Toriaitoi (après 188 av. n.è.)— Inscription grecque, Toriaion
(Tyraion) en Phrygie Parorée. Ed. L. JONNES et M. RICL, dans Epigraphica Anatolica (Istanbul),
t. 29 (1997), p. 2-29 (= SEG, 47, 1745). Trad. M. Sartre, L’Anatolie hellénistique de l’Égée au
Caucase, Paris, 2003, p. 92-93 (modifiée).
Les Juifs d’Alexandrie — Flavius Josèphe, Contre Apion, 2, 33-55.Trad. L. Blum, Les
Belles Lettres, Collection des universités de France, 1930.
Inscription d’Antiochos Ier de Commagène au Nemrud Dag (Asie mineure) — Inscription
grecque gravée sur la terrasse est du sanctuaire, sous les statues des dieux et du roi. Éd. et trad.
O. HAMDI BEY et O. EFFENDI, Musée impérial ottoman. Le Tumulus de Nemroud Dagh,
Constantinople, 1883 (trad. modifiée).
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Histoire médiévale
Frédéric Il et le carroccio de Milan (Chronique de Salimbene de Adam, Salimbene de
Adam, Cronica, G. Scalia éd., t. 1, Bari, 1966, p. 139. traduit du latin; Lettre de Frédéric Il, J. -L.
A. Huillard-Bréholles, Historia diplomatica Friderici secundi, VI1 , p. 161 -163, traduit du latin;
Inscription du caroccio, S. Guarino, « Iscrizione del carroccio », in catalogue Federico Il e
l'
Italia. Percorsi, luoghi, segni e monumenti (Rome-Palazzo Venezia), Rome, 1995, p. 336-337
(traduction V. Rouchon Mouilleron)
Les acteurs de la transformation urbaine (Florence et Sienne) ( W. Braunfels,
Mittelalterliche Stadtbaukunst in der Toskana, Berlin, 1959, p. 163, traduit du latin, E. CrouzetPavan, et G. Pampaloni, Firenze al tempo di Dante. Documenti sull'
urbanistica fiorentina,
Rome, 1973, p. 66-67, (traduit du latin in R. Bordone, La società urbana nell'
Italia comunale,
(secoli XI-XIV), Turin, 1984, p. 171 -172), traduction E. Crouzet-Pavan).
La pauvreté hérétique: Interrogatoire à l'Inquisition de Bologne (9 décembre 1303) ( L.
Paolini et R. Orioli, Acta Sancti officii Bononie ab anno 1297 usque ad annum 1370, 3 vol.,
Rome, 1982-1984, t. Il, 1982, no611, p. 388-391, traduit du latin par O. Guyotjeannin, Archives
de l'
Occident, t. 1, Le Moyen Age, Paris, 1992, p. 398-401).
Engagement de cent milites par la commune de Florence, 1277 ( D. Waley, « Le origine
della condotta nel Duecento e le compagnie di ventura », in Rivista storica italiana, 1976, p. 534538, p. 536-538, traduit du latin par A. Jamme)
Testament de Filippo Ghisi (Négrepont, 1297)( R. J. Loenertz, Les Ghisi dynastes
vénitiens dans l'
Archipel, 1207-1390, Florence, 1975, p. 43-54, traduit du latin par G. SaintGuillain).
La place Saint-Marc de Venise.( Récit d'un pèlerin, Le voyage de Symeon Semeonjs
d'Irlande en Terre sainte, traduit du latin par C. Deluz in Croisades et pèlerinages. Récits,
chroniques et voyages en Terre sainte, Xlle-XVle siècle, sous la direction de D. Regnier-Bohler,
Paris, 1997, p. 968 ; plan simplifié de la place Saint-Marc à la fin du Xllle siècle, M. Agazzi,
Platea Sancti Marci. Il luoghi marciani dall'XI al XIII secolo e la formazione della piazza, Venise,
1991, p. 140-141, V. Rouchon Mouilleron).
Saints patrons, Les Vénitiens et les reliques de saint Maro ( Martin Da Canal, Les
Estoires de Venise. Cronaca veneziana in lingua francese dalle origini al 1275, Edition d'Alberto
Limentani, Florence, 1972, p. 16-19, adaptation E. Crouzet-Pavan ; Meo di Guido da Siena, S.
Ercolano, Pérouse, in A. Grohman, Perugia, Le città nella storia d'
Italia, Rome-Bari, 1985
(1981) ; Madone sur un trône avec l'
Enfant, des anges et des saints; Duccio, Maestà, Sienne,
musée de I’Œuvre de la cathédrale).
Dino Compagni écrit l'histoire de Florence ( Dino Compagni, Chronique des événements
survenant à son époque (texte présenté et traduit par P. Mula, Grenoble, 2002).
La famille de Salimbene de Adam ( Salimbene de Adam, Un chroniqueur franciscain, O.
Guyotjeannin éd., Brepols, 1995, p. 118-124).
L'élection du doge Lorenzo Tiepolo (1268(Martin Da Canal, Les Estoires de Venise.
Cronaca veneziana in lingua francese dalle origini al 1275, édition d'Alberto Limentani,
Florence, 1972, p. 280-285, adaptation E. Crouzet-Pavan).
Palerme dans la seconde moitié du XIle siècle (Hugo Falcando (identifié avec Hugues Foucaud,
abbé de Saint-Denis), Epistola ad Petrum panormitane ecclesie thesaurarium, éd. G. B. Siragusa,
Rome, 1897, p. 177-183, traduit du latin par H. Bresc).
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Session de 2005
Factions et exils. (Brunet Latin, Le Petit Trésor, in Poésie italienne du Moyen Age, XlleXVe siècles, textes recueillis, traduits et commentés par H. Spitzmuller, Paris, 2000, t. 1, p. 64765 ; Correspondance poétique entre Dante Alighieri et Cino da Pistoia, Poésie italienne du
Moyen Age, Xlle-XVe siècles, textes recueillis, traduits et commentés par H. Spitzmuller, Paris,
2000, t. 1, p. 699- 711 ; Dante Alighieri, Le Banquet (II Convivio), P . Guiberteau éd., Paris, Les
Belles Lettres, 1968, p. 58; tableaux tirés de G. Milani L'
esclusione dai comune. Conflitti e bandi
politici a Bologna e in altre città italiane, Rome, 2003, p. 239-241. (traduction E. CrouzetPavan).
Les cinquante courtoisies de la table (Extrait de Bonvesin de la Riva, Les cinquante
courtoisies de table, in Poésie italienne du Moyen Age, Xlle-Xve siècles, textes recueillis, traduits
et commentés par H. Spitzmuller, Paris, 2000, t. 1 , p. 699- 711).
La jeunesse de saint François (Extraits de Thomas de Celano, Vie de Saint François
d'
Assise, traduit du latin par D. Vorreux, in Saint François d'
Assise, Documents. Ecrits et
premières biographies, rassemblés et présentés par les PP. T. Desbonnets et O. Vorreux, Paris,
1968, p. 213-218).
Principales interventions édilitaires à Florence (Xllle siècle, première moitié du XIVe siècle)
(plan et légende, in G. Fanelli, Firenze, Le città nella storia d'
Italia, Rome-Bari, 1980, Figure 11,
appendice 7, traduction E. Crouzet-Pavant)
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Les statuts communaux de Parme, 1316( Statuta communis Parmae ab anna MCCCXVI ad
MCCCXXV, Parme, 1859, p. 275-280, 282-283, 295-297; texte traduit du latin par O.
Guyotjeannin, Archives de l'
Occident, t. 1, Le Moyen Age, Paris, 1992, p. 576-581).
Les Umiliati (Histoire occidentale de Jacques de Vitry , cité par L. Zanoni, Gli Umiliati, Milan,
1911 (rééd., Rome, 1970), p. 259-260).
Traités de paix et de commerce (Traité de paix entre l'émir almoravide de Majorque et la
république de Gênes (1181), traduction de l'original arabe, publié dans Mas Latrie, Traités de
paix et de commerce avec les Arabes de l'Afrique septentrionale au Moyen Age, Paris, 1866, p.
109-113 ; Traité de 1234 entre la république de Pise et le sultan Hafside de Tunis: publié dans L.
de Mas-Latrie, Traités de paix et de commerce et documents divers (...) avec les Arabes de
l'
Afrique septentrionale, Paris, 1866, p. 31-35.
Bref des Consuls de Pise (1162) (F. Bonaini, Statuti inediti della città di Pisa daI XII al XIV
secolo, t. 1, Florence, 1854, p. 3 et suiv.).
Serment du podestat de Milan (1225)( Gli atti del Commune di Milano nel secolo XIfI (12771250), M.-F. Baroni éd., Milan, 1876, 1, p. 213-220, traduit du latin).
Salimbene de Adam et les « saints laïques (Salimbene de Adam, Un chroniqueur franciscain, O.
Guyotjeannin éd., Brepols, 1995, p. 189-193).
Circulaire de l'empereur Frédéric Il annonçant la fondation de l'Université de Naples (5 juin
1224), (Storia della Università di Napoli, Naples, 1924, réed., Bologne, 1933, p. 14-15, traduit
du latin).
Dante définit le « vulgaire illustre » (v. 1305( extrait de Dante, Œuvres complètes, trad. Ch. Bec,
Paris, 1996, p. 387-388, 398-400, 408-411).
Traités entre le royaume normand et les communes de Gênes et de Venise. (Traité entre
Guillaume 1er et les Génois (novembre 1156), Codice diplomatico della Repubblica di Genova,
C. Imperiale di Sant' Angelo éd., t. 1, Rome, 1936, p. 338-341 ; Privilège de Guillaume Il aux
Vénitiens (septembre 1175), Il regno di Guglielmo I in Sicilia, G. B. Siracusa éd., t. 1, 1885, p.
174-175, traduits du latin).
Règlements d'urbanisme à Bologne (1288)( G. Fasoli -P. Sella éd., Statuti di Bologna dell'
anno
1288, Città del Vaticano, I, p. 163 (R. Bordone, La società urbana nell'
Italia comunale, (secoli
XI-XIV), Turin, 1984, p. 136-137, p. 177), traduction E. Crouzet-Pavan).
Les associations familiales à l'intérieur de la commune (F. Niccolai, I consorzi nobiliari e il
comune nell'
alta e media Italia, Bologne, 1940, p. 168-169, (R. Bordone,, La società urbana
nell'
Italia comunale, (secoli XI-XIV), Turin, 1984, p. 238- 241 ), traduction E. Crouzet-Pavan).
Conflits dans la Marche trévisane ( Chronique de Rolandino, éd. A. Bonardi, R. I. 5., VIII, 1, III,
1-2, Vita e morte di Ezzelino da Romano (Cronaca), Flavio Fiorese éd., Milan, 2004. (Fondazone
Lorenzo Valla, Scrittori greci e latini), traduction E. Crouzet-Pavan).
Antiquités et structure urbaine à Rome (F. Bartoloni, Codice diplomatico del Senato romano dal
MCLIV al MCCCXLVII, I, Rome, 1948, p. 25-27 ; J. Coste, « La famiglia de Ponte di Roma
(secc.XII-XIV) », ASRSP, 111, 1988, p. 71-73, traduit du latin E. Hubert).
Lettre de Frédéric II à propos de la ville de PalermeIl registro della cancelleria di Federico II del
1239-1240, éd. C. Carbonetti Vendittelli, Rome, 1202, n°261, traduit du latin H. Bresc).
Lois somptuaires de Messine (1272-1273)(Consuetudini e privilegi della città di Messina, R.
Starraba éd., Palerme, 1901, p. 132-136 ; I registri della Cancelleria angioina ricostruiti con la
collaborazione degli archivisti napoletani, éd.. F. Filangeri, X, Naples, 1957, p. 63-64, traduit du
latin H. Bresc).
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Guerres privée (L. T. Belgrano éd., Annali genvesi di Caffaro…, Rome, 1901, p. 44-45, traduit
du latin E. Crouzet-Pavan ; G.. Masi, Collectio chartarum pacis privatae…, Milan, 1943, p. 249250, in O. Guyotjeannin, Archives de l’Occident, Paris, 1992, p. 700-702).
L’éloquence politique ( Oculus pastoralis pascens officia et continens…, éd. D. Franceschi,
Turin, 1966, p. 24-26 , in I. Heullant-Donat éd. , Cultures italiennes, Paris, 2000, p. 292-293 ;
La rettorica di Brunetto Latini, F. Maggini éd., Florence, 1915, in O. Redon et alii, Les langues
de l’Italie médiévale, Tunhout, 2002, p. 353-355).
Serments des Anciens du peuple de Bologne (1248)(Statut général des sociétés des Arts et des
Armes de Bologne, article 1er (année 1248), dans Statuti delle società del Popolo di Bologna, II.
Società delle arti, éd. par A. Gaudenzi, Rome, 1896 (Fonti per la storia d'Italia, 4), p. 501-503.
Trad. J.-L. Gaulin).
Citadins, seigneurs et paysans (Verceil, 1241-1243)(Source : G.G. Adriani, Historiae patriae
monumenta, XVI/2, Turin, 1876, col. 1093-1094, 1164, 1182, 1185, 1315-1320. Trad. J.-L.
Gaulin).
Les Florentins et Charles de Valois (1301)(Dino Compagni, Chronique des événements
survenant à son époque, II, 2-3, 7-9, présenté et traduit par P. Mula, Grenoble, 2002, p. 104-119).
Négociations de Fréréric Barberousse avec la ligue lombarde et paix de Venise (1177)
(Constitutiones et Acta publica imperatorum et regum... I, éd. L. Weiland, Hanovre, 1893
(Monumenta Germaniæ historica), p. 360-362. Trad. M. Pacaut).
Traités de Venise avec le sultan d’Alep (1225-1229)(J.-L. Gaulin, « Les traités commerciaux
entre Venise et Alep », dans Pays d'
Islam et Occident latin. Textes et documents, Lyon, 2000
(Coll. du CIHAM, 8), p. 185-193).
Testament d’Isembardo da Pecorara, notaire pontifical (1279)(Source : O. Guyotjeannin,
Archives de l'
Occident tome 1, Le Moyen Age Ve-XVe siècle, Paris, 1992, p. 385-390).
Jacques de Voragine, archevêque et historien de Gênes (Iacopo da Varagine, Cronaca della città
di Genova dale origine al 1297, éd. St. Bertini Guidetti, Gênes, ESIG, 1995, 12e partie, p. 326332 et p. 499-503. Trad. N. Bériou et J.-L. Gaulin).
Les travaux publics de la commune de Parme(Salimbene de Adam : un chroniqueur franciscain,
par O. Guyotjeannin, Brepols, 1995, p. 292 et suiv. ; plan de situation ; le baptistère (2
diapositives).
L’armée florentine à Montaperti (1260)(Il Libro di Montaperti (An. MCCLX), éd. C. Paoli,
Florence, 1889, p. 369-374. Trad. A. Jamme).
Restauration du studium de Naples sous le règne de Charles Ier (1266-1272)(Textes éd. par G.M.
Monti dans l’ouvrage collectif Storia della Università di Napoli, Naples, 1924, p. 135-138. Trad.
J.-P. Boyer).
Statut de l’Art de la Laine (Florence, 1317)(Extraits du Statuto dell’arte della lana di Firenze, éd.
par A. M. Agnoletti, Florence, 1940, p. 13-20 et 184. Trad. O. Redon).
Vénitiens et Génois à Constantinople (1296)(Georges Pachymérès, Relations historiques, III,
Livre IX, 18-19, édition, traduction française et notes par A. Failler, Paris, 1999, p. 262-268).
Privilège du roi Tancrède pour les habitants de Gaète (1191)(Tancredi et Willelmi III Regum
diplomata, éd. par H. Zielinski, Cologne-Vienne, 1982 (Codex diplomaticus regni Siciliae, I, V),
n° 18, p. 42-46. Trad. J.-M. Martin).
Accord entre les villes de la Ligue lombarde (1168)(3 extraits : Liber iurium de Lodi, éd. partielle
in C. Vignati, Storia diplomatica della Lega lombarda, réimp. anast., Turin, 1966, p. 155-157 ;
C. Manaresi, Gli atti del comune di Milano fino all’anno MCCXVI, Milan, 1919, n° LXV ;
Annali genovesi di Caffaro e de'suoi continuatori, éd. L. T. Belgrano et C. Imperiale di
Sant'Angelo, Rome, 1890-1929 (Fonti per la storia d'Italia), I, année 1168. Trad. J.-L. Gaulin).
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L’expulsion des Guelfes de Florence (1248)(Giovanni Villani, Nuova Cronica, VII, XXXIII, éd.
par G. Porta, I, Parme, 1990, p. 315-320. Trad. J.-L. Gaulin).
Notariat et commune à Bologne (Plusieurs extraits : G. Tamba, "L'archivio della Società dei
notai", dans Notariato medievale bolognese, Rome, 1977, t. II, p. 191-283, p. 257-258. Trad. O.
Guyotjeannin, Archives de l'
Occident, tome 1, Le Moyen Age Ve-XVe siècle, Paris, 1992, p. 3738 ; Statuti di Bologna dall'
anno 1245 all'
anno 1267, éd. L. Frati, Bologne, 1869-1884, VIII, I,
vol. 2, p. 185-188. ; J.-L. Gaulin., « Affaires privées et certification publique : la documentation
notariale relative au crédit à Bologne au XIIIème siècle », dans Notaires et crédit dans l'
Occident
méditerranéen médiéval, sous la dir. d'O. Redon et F. Menant, Rome, 2004 (Coll. de l'EFR, 343),
p. 55-95.Annexe III.
Le peuple de Plaisance (1250) (Annales Placentini Gibellini, éd. H. Pertz, M.G.H., Scriptores,
XVIII, Hanovre, 1863, p. 499-501. Trad. J.-L. Gaulin).
Le culte marial à Pise (1287)(I brevi del Comune e del Popolo di Pisa dell’ anno 1287, éd. par
Antonella Ghignoli, Rome, 1998, p. 247-253. Trad. Nicole Bériou).
Une compagnie florentine : les Peruzzi (O. Guyotjeannin, Archives de l'
Occident, tome 1, Le
Moyen Age Ve-XVe siècle, Paris, 1992, p. 675-676 ; A. Sapori, I libri di commercio dei Peruzzi,
Milan, 1934, p. 439-440 et Giovanni Villani, Nuova Cronica, XIII, 55, éd. G. Porta, Parme,
1990-1991, p. 424-426, trad. A. Jamme).
Construction d’un faubourg (Bologne, dernier tiers du XIIIe siècle)(M. Fanti, « Le lottizzazioni
monastiche e lo sviluppo urbano di Bologna nel Duecento », Atti e memorie della dep. di storia
patria per le province di Romagna, XXVI, 1977, p. 121-144, trad. J.-L. Gaulin ; données
extraites de A. I. Pini, « La ripartizione topografica degli artigiani a Bologna nel 1294 : un
esempio di demografia sociale », dans Artigiani e salariati. Il mondo del lavoro nell'
Italia dei
secoli XII-XV, Pistoia, 9-13 ottobre 1981, Pistoia, 1984, p. 189-224 ; plan de situation).
Lodi, détruite et reconstruite (1158-1163)(Source : M.G.H., Constitutiones et acta publica, I, p.
241-244. Traduction dans G. Devailly, L’Occident du Xe siècle au milieu du XIIIe siècle, Paris,
1970, p. 151 ; Die Urkunden Friedrichs I., éd. H. Appelt, Hanovre, 1975 (M.G.H., Diplomata
regum et imperatorum Germaniae, X,1), n° 246, p. 42-43 ; Acerbi Morenae Continuatio, éd. G.
H. Pertz, M.G.H., Scriptores, XVIII, Hanovre, 1863, p. 642. Trad. J.-L. Gaulin).
Deux années d’histoire génoise (1189-1190)(Annali genovesi di Caffaro e de'suoi continuatori,
éd. L. T. Belgrano et C. Imperiale di Sant'Angelo, Rome, 1890-1929 (Fonti per la storia d'Italia),
II, p. 29-37. Trad. J.-L. Gaulin).
Les gloires de Florence(Giovanni Villani, Nuova Cronica, éd. Porta, Parme, 1991, Livre IX,
chap. X et Livre X, chap. XXXVI, t. 2, p. 27-28 et p. 335-338, trad. O. Redon ; Livre XII, chap.
XII, t. 3 p. 52-53, trad. V. Rouchon).
La fondation d’Alessandria (1168-1175)(Annali Genovesi di Caffaro e de’ suoi continuatori, éd.
L. T. Belgrano et C. Imperiale di Sant’Angelo, I, Rome, 1890, p. 213 ; Johannis Codagnelli,
Annales Placentini, éd. O. Holder-Egger, dans MGH. Scriptores Rerum germanicarum ad usum
scholarum, XXIII, Hanovre-Leipzig, 1901, p. 7-11 ; Chroust A., «Unedierte Königs- und PapstUrkunden », Neues Archiv der Gesellschaft für ältere deutsche Geschichtskunde zur Beförderung
einer Gesammtausgabe der Quellenschriften deutscher Geschichten des Mittelalters, 16, 1891,
Hanovre, p. 157-159. Trad. A. Jamme).
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Session de 2005
Milan sous la seigneurie d’Azzone Visconti (Galvano Fiamma, Opusculum de rebus gestis ab
Azone, Luchino et Johanne Vicecomitibus, éd. C. Castiglioni, Rerum Italicarum Scriptores, XII,
p. IV, Bologne, 1938, p. 15-33, passim. Trad. J.-L. Gaulin ; plan « Les interventions
monumentales d’Azzone Visconti », P. Boucheron, Le pouvoir de bâtir. Urbanisme et politique
édilitaire à Milan, XIVe-XVe siècles, Rome, École française de Rome, 1998 (Collection de
l’EFR, 239), p. 127).
Jacopo Baldovini, podestat de Gênes (1229)(Annali genovesi di Caffaro e de'suoi continuatori,
éd. L. T. Belgrano et C. Imperiale di Sant'Angelo, Rome, 1890-1929 (Fonti per la storia d'Italia),
III, p. 42-46, passim ; I Libri Iurium della repubblica di Genova, sous la dir. de D. Puncuh et A.
Rovere, I/2, Rome, 1996, p. 3 et 289).
Conflits entre milites et populaires à Pérouse (1198-1234)(J. P. Grundman, The Popolo at
Perugia, 1139-1309, Pérouse, 1992, p. 365, 369-370, 378. Trad. J.-L. Gaulin).
Trois contrats siennois de mezzadria (1254, 1282 et 1345)(Deux contrats édités par I.
Imberciadori, Mezzadria classica toscana, Florence, 1951, et trad. par P. Cammarosanno, Le
campagne nell’età comunale (metà sec. XI-metà sec. XIV), p. 153-156 ; un contrat inédit
(Archives de Sienne), trad. O. Redon).
Un couvent dans la ville : Santa Maria Novella (plans extraits de G. Meersseman,
« L’architecture dominicaine au XIIIe siècle : législation et pratique », Archivum fratrum
praedicatorum, 13-16, 1946, p. 136-190, p. 154 ; G. Pampaloni, Firenze al tempo di Dante.
Documenti sull'
urbanistica fiorentina, Rome, 1973, 77-78 ; R. Caggese, Statuto del podestà
dell’anno 1325, Florence, 1921, II, p. 348-349 ; 3 diapositives).
Le voyage d’Innocent IV, de Lyon à Pérouse (1251)(Salimbene de Adam, Cronica fratris
Salimbene de Adam ordinis minorum, année 1251. Trad. A. Paravicini Bagliani).
Les vertus du gouvernement communal (Brunet Latin, Le livre du trésor, dans Jeux et sapience
du Moyen Age, texte établi et annoté par A. Pauphilet, Paris, 1951, p. 824-826, passim, adapté. de
l'ancien fançais ; Remigio dei Girolami, De bono comuni , éd. E. Panella, Memorie Domenicane,
16, 1985, p. 123-168, trad. J.-L. Gaulin ; Ambrogio Lorenzetti, Allégorie du Bon Gouvernement,
Sienne, Palais communal, Salle des Neuf (mur nord et détail : la Justice, 1338-1339).
Les chevaliers de Palerme (1321-1328). Acta Curie Felicis Urbis Panormi, 3, Registri di lettere
(1321-1326), éd. L. Citarda, Palerme, 1984, p. 3-4 ; Acta Curie Felicis Urbis Panormi, 5,
Registri di lettere ed atti (1328-1333), éd. P. Corrao, Palerme, 1986, p. 9-17. Trad. H. Bresc).
Histoire moderne
En faveur de Lafayette (Le Moniteur, n° 221, 11 floréal an V n° 224, 14 floréal an V,
publié par J. R. Suratteau, dans les Annales historiques de la Révolution française, t. XLIII,
1971).
La fin de Pougatchev (Le faux Pierre III ou la vie et les aventures du rebelle Jameljan
Pugastchew d’après l’original russe de Mr. F. S. G. W. D. B., Londres, Seyffert, 1775, p.
287-296).
Révoltes à Saint-Domingue (1791) (extraits des dépêches 69 et 71 de l’ambassadeur
Pisani, Venise et la Révolution française, les 470 dépêches des ambassadeurs de Venise au
doge, 1786-1795, Paris, R. Laffont, « Bouquins », 1997, p. 642-643 ; 648).
La guerre vue par Anacharsis Cloots, 19 nivôse an II Annales historiques de la
Révolution française, janvier-mars 1971, p. 145-147.
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Peut-on rétablir la monarchie en France en 1796 ? (Benjamin Constant, De la force du
gouvernement actuel de la France et de la nécessité de s’y rallier, Paris, Champs
Flammarion, 1988, p. 47-55.
Brissot et l’esclavage (J.P. Brissot de Warville, Examen critique des voyages dans
l’Amérique Septentrionale de M. le Marquis de Chastellux, Londres, 1786, p. 84-86)
Un vœu du département de la Ruhr (Archives nationales, F7 6611, cité par J. Vauthier
dans Annales historiques de la Révolution française t. 12, 1920, p. 339-340).
Joseph II et la révolte des Pays-Bas (Alfred d’Arneth et Jules Flammermont pub.
Correspondance secrète du comte de Mercy-Argenteau avec l’Empereur Joseph II et le
Prince de Kaunitz, Paris, « Collection des documents inédits sur l’histoire de France », 1861,
t. 2, p. 99-101).
Les rapports maritimes de la France avec les Etats-Unis au temps de la guerre
d’Indépendance, questions de Washington à l’amiral de Grasse (La France de la Révolution
et les Etats-Unis, Actes du colloque du 5 novembre 1994, Paris, Fondation Singer-Polignac
Masson, 1995.
Madame Roland et les massacres de septembre (Lettres de Madame Roland publiée
par Claude Perroud, « Collection de documents inédits sur l’histoire de France », Paris,
Imprimerie nationale, 1903, t. 2, 1788-1793, p. 432, 433, 436).
Sur la fabrique nîmoise « les marchands sont les ennemis du peuple » (Archives
départementales du Gard L 3137, publié dans les Annales historiques de la Révolution
française, Juillet-septembre 1980, p. 131-132).
A propos du doublement du Tiers (Mémoires de l’abbé Morellet de l’Académie
française sur le dix-huitième siècle et sur la Révolution Paris, Mercure de France, 1988, p.
273-279.
Naples et la Révolution (Vincenzo Cuoco, Essai historique sur la Révolution de
Naples texte établi par A. de Francesco, introduction, traduction et notes d’A. Pons, Paris,
Les Belles Lettres, 2004, chap. XVI, p. 87-94).
Un manifeste du parti batave (Exposé historique de la conduite de la nation batave
dans la guerre actuelle…De l’Imprimerie H. J. Jansen et comp. Place du Muséum, 1795).
Paris en 1789, souvenirs de voyage de Thomas Clarkson (Lee Kennet, « Paris, août
1789 : un témoignage anglais » Annales historiques de la Révolution française, t. LII, 1980,
p. 126-128).
Paris en mars 1793 et mars 1794 (1° Rapport à Carl-Eugen von Württemberg, 2 mars
1793 par Wilhelm von Wolzogen, Journal de voyage à Paris suivi du Journal politique et
de la Correspondance diplomatique, Lille, Presses du Septentrion, 1998, p. 253-254)
Dépêche n° 193 d’Almoro Pisani à la République de Venise, 11 mars 1794, de Londres
(Venise et la Révolution française, les 470 dépêches des ambassadeurs de Venise au doge
(1786-1795) publié par A. Fontana, F. Furlan, G. Saro, Paris, R. Laffont, 1997, p. 993-994).
Réunion de Bruxelles et du Hainaut (Journal des débats, n° 165, p. 21,
Correspondance générale de Carnot avec notes historiques et biographiques par Etienne
Charavay Paris, Imprimerie nationale, 1862, t. 1, p. 387-389, 390-391).
Robespierre et la Terreur (Mémoires de R. Levasseur (de la Sarthe) ex-conventionnel,
Paris, Rapilly, 1829, t2, p. 196-212, cité par A. Mathiez dans les Annales révolutionnaires, t.
7, 1914, p. 561-563).
Les Etats-Unis et l’Angleterre en 1799 selon un rapport de Talleyrand à l’Institut (La
France de la Révolution et les Etats-Unis d’Amérique, Actes du colloque du 5 novembre
1994, Paris, Fondation Singer-Polignac, Masson, 1995, p. 124-135, extraits).
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Session de 2005
Dossier iconographique : Le Palais-Royal durant la Révolution : ensemble de 4
gravures colorées de 1789 à 1800.
Troubles ruraux en Périgord en 1789 (Michel Célarié, Journal d’un bourgeois de
Bégoux, publié par Christiane Constant-Le Stum, Cahors, Publisud, 1992).
L’effort de guerre en l’an II (dossier documentaire : trois gouaches de Le Sueur :
fabrication des fusils, de la poudre et du salpêtre, serment de défendre la Patrie, deux
chansons : « Le salpêtre républicain », « Les Canons » (source Chansonnier révolutionnaire
Poésie Gallimard, 1989).
L’automne 1795 vu par un témoin boulonnais (Alain Lottin, Louisette Caux-Germe,
Michel de Sainte-Mareville publie : Boulonnais, Noble et révolutionnaire, le journal de
Gabriel Abot de Bazinghen (1779-1798) Arras, Artois Presses Université, 1996, p. 253-255).
L’application de la Constitution civile du Clergé vue par un Constituant (François
Ménard de la Groye, député du Maine aux Etats généraux. Correspondance (1789-1791),
publiée et annotée par Florence Mirouse, Le Mans, Conseil général de la Sarthe, 1989.
Les assignats et les billets de confiance (dossier de documents : graphique de la
dépréciation des assignats (source Caron), carte des émissions des billets de confiance
(source Atlas de la Révolution française, t.10), chanson « Les adieux de la planche aux
assignats » (source Chansonnier révolutionnaire Poésie Gallimard, 1989).
L’état des esprits dans le département du Mont-Blanc, 29 avril 1793 (« Documents
inédits, deux lettres d’Hérault de Séchelles », La Révolution française, t. 14, 1888, p. 661665
Jacobins et Jacobinisme (dossier de documents : deux gravures représentant l’intérieur
du club des Jacobins de Paris (1791) et la fermeture du Club, carte de l’expansion des
affiliations en 1793 (source l’Atlas de la Révolution française, t. 6, les sociabilités), chanson
« La Jacobinière en déroute » (source Chansonnier révolutionnaire Poésie Gallimard, 1989).
Procès verbal d’une émeute frumentaire à Sancoins (Cher) en 1790 (Archives
départementales de la Nièvre, 1B 1104 ; cité dans Yves Lemoine, « Taxations populaires et
émeutes frumentaires en Nivernais en 1789-1790 », Mémoires de la Société académique du
Nivernais, t. XVI, 1979, p. 39-41).
A propos de Marseille, 23 janvier 1794 (Documents inédits : « Deux lettres du Comité
de salut public », La Révolution française, t. XV, 1888, p. 163-165).
Réactions anglaises devant la Révolution française en 1789 (Réflexions sur la
révolution de France, et sur les procédés de certaines sociétés à Londres relatifs à cet
événement en forme d’une lettre, qui avait du être envoyée d’abord à un jeune homme, à
Paris par le Right honourable Edmund-Burke, traduit de l’anglais, sur la troisième
édition…Paris, Laurent frères, sans date, p. 8-13).
L’émigration (dossier documentaire : gravure contre l’armée de Condé, deux
chansons : « Les émigrants : quel mal pourraient-ils faire ? », la faction, la nation (source
Chansonnier révolutionnaire Poésie Gallimard, 1989).
Proclamation de Louis Delgrès contre le rétablissement de l’esclavage (10 mai 1802)
(Auguste Lacour, Histoire de la Guadeloupe, tome troisième, 1798-1903, Basse-Terre,
1858).
Paris, cœur de la République et de la Révolution pour Georg Forster (Georg Forster,
Tableaux parisiens, trad. fr. par Marita Gilli, Un révolutionnaire allemand Georg Forster
(1754-1794), Paris, CTHS, 2004, pp. 293-300.
L’attitude infâme de la Grande-Bretagne (Thomas Paine, Le Sens Commun (1776),
trad. fr., du Common Sense par Bernard Vincent, Paris, Aubier, 1983, pp. 93-99.
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Session de 2005
Révolution et droit de conquête (Rapport à la Convention nationale au nom du Comité
de Salut public, sur la Belgique et le pays de Liège, par Ph.-Ant. Merlin (de Douai), séance
du 2 vendémiaire an IV).
Appel de Kósciuszko au peuple français (1796) (Kósciuszko au peuple français, imp.
De Pougin, Paris, s. d.).
Alarme générale dans le Quercy le 31 juillet 1789 (Journal d’un bourgeois de Bégoux
: Michel Célarié, Cahors, Publisud, 1992).
Discours sur la Réunion de l’Etat libre rhéno-allemand à la République des francs
(Georg Forster, Tableaux parisiens, trad. fr. par Marita Gilli, Un révolutionnaire allemand
Georg Forster (1754-1794), Paris, CTHS, 2004, pp. 109-116).
Lettre d’Ahmed ben Sahnun Al Rachidi sur la Révolution française (vers 1794)
Un Allemand à Paris. Lettre de Joachim Heinrich Campe, 26 août 1789 (Eté 89.
Lettres d’un Allemand à Paris. Joachim Heinrich Campe, trad. de Jean Ruffet, Paris,
Dumay).
La réunion des Etats Généraux vue par Gouverneur Morris (Journal de Gouverneur
Morris 1789-1792, Paris, 2002, Mercure de France, Le temps retrouvé, pp. 51-54).
Chansons révolutionnaires (Chansonnier révolutionnaire, textes choisis et présentés
par Paul-Edouard Levayer, Paris, Poésie/Gallimard).
Mémoire secret présenté au roi d’Espagne par le comte d’Aranda sur l’indépendance
des colonies anglaises après la signature du traité de Paris de 1783 (Diego Téllez Alarcia,
« La Independencia de los EE. UU. en el marco de la Guerra colonial del siglo XVIII (17391783) », Tiempos Modernos, Revista Electrónica de Historia Moderna, vol. 2, n° 5 (2001),
trad. fr. Maria Ghazali).
Interdiction de la Franc-maçonnerie et des sociétés secrètes (ordre du recteur de
l’Université de Louvain contre la Franc-maçonnerie, 7 mars 1774 ; Edit du roi Frédéric
Guillaume III de Prusse contre les réunions et les sociétés secrètes (20 octobre 1798).
Proclamation de Léger-Félicité Sonthonax (Saint-Domingue, 29 août 1793).
Lettre de Wilhelm von Wollzogen, chargé d’affaires du duc de Wurtemberg à Paris, à
Albrecht Jakob von Bühler, 12 février 1793 (Correspondance diplomatique de Wilhelm von
Wollzogen, Lille, Septentrion Presses Universitaires, 1998, pp. 246-249).
Le soulèvement du Massachusetts vu par Filippo Mazzei (1786) (Filippo Mazzei,
Recherches historiques et politiques sur les Etats-Unis…, Paris, Froullé, 1788, tome IV, pp.
284-290).
La conjuration de Bahia démasquée (Brésil, août 1798) (Relatório de D. Fernando
José a D. Rodrigo de Sousa Couthinho (20 outobro de 1798), trad. fr. André Cochicho).
Donnez-moi la liberté ou donnez-moi la mort, Patrick Henry, 23 mars 1775.
Rapport d’Amar à la Convention au nom du Comité de sûreté générale sur les clubs et
sociétés populaires de femmes, 9 brumaire an II (Moniteur, XVIII, A. P. 78).
Edit de Túpac Amaru à la province de Chichas (décembre 1780) (Relación historica
de los sucesos de le rebelión de José Gabriel Túpac Amaru en las provincias del Peru, el
año de 1780, Buenos Aires, Impreso del Estado, 1836, trad. fr. Maria Ghazali).
Trois caricatures de James Gillray .
Aspects des sociétés politiques (1789-an II) (Atlas de la Révolution française, tome
VI : les sociétés politiques, Paris, éditions de l’EHESS, 1992, pp. 30-31, p. 52 ; p. 55 ; p.
57).
Les éruptions meurtrières de la Révolution française selon Alexander Hamilton (Vue
d’Amérique. La Révolution française jugée par les Américains, textes présentés et traduits
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Session de 2005
par Simon P. Newman et Jean-Pierre Dormois, Paris, France-Empire, 1989, pp. 175-177).
Décret de SMI Catherine II après la mort de Louis XVI (Archives centrales historiques
de Moscou, fonds 16 : Chancellerie du Général gouverneur de Moscou, affaire 457, feuilles
8 r°-11 v°).
Proclamation du général Richepance (Saint-Domingue, 10 mai 1802).
La République et la démocratie selon The Federalist (Vue d’Amérique. La
Révolution française jugée par les Américains, textes présentés et traduits par Simon P.
Newman et Jean-Pierre Dormois, Paris, France-Empire, 1989).
Les féroces cannibales d’octobre 1789 (Journal de voyage de Natalia Golytsina).
N° 1 du Journal du club des Cordeliers (1791).
Les jacobins ou le « parti des républicains patriotes » (lettre de Thomas Jefferson à
William Short) (Vue d’Amérique. La Révolution française jugée par les Américains, textes
présentés et traduits par Simon P. Newman et Jean-Pierre Dormois, Paris, France-Empire,
1989).
Le vrai patriote batave selon Gerrit Paape (1798) (De onverbloemde geschiedenis van
het Bataafsch patriottismus (1798), trad. fr. Arille Chevalier).
Traité d’union et établissement du congrès souverain des Etats Belgiques Unis (11
janvier 1790).
Saint-Just, Sur la police générale, sur la justice, le commerce, la législation et les
crimes des factions (Rapport présenté à la Convention au nom des Comités de salut public et
de sûreté générale, 26 germinal an II).
Projet de constitution présenté par Condorcet à la Convention au nom du Comité de
Constituiton le 15 février 1793 (D'après Les plus beaux discours des Girondins, F. Crastre
éd., Paris, éditions du Centaure, s.d., p. 193-201).
Histoire contemporaine
Lettre de Jeanne Halbwachs à Yvonne Basch, 8 août 1914. (Archives de l’IMEC).
Dessins d’enfants, 1914-1918. (Manon Pignot, (éd.) 2005) .
Jules Isaac, Lettres de guerre. (1915) (Marc Michel, éd., 2004).
Quatre couvertures du journal italien l’Asino, 1914-1915.
Lettres du soldat Esnault, 1916. (archives privées non communicables).
Arnold Toynbee, Les massacres des Arméniens, Le meurtre d’une nation (19151916) (réédition Claire Mouradian, Payot, 2004).
John Reed, La guerre dans les Balkans, 1915. (Edition, Seuil, 1996).
De Gaulle, Lettres de guerre, 1914-1918 Plon. (Lettres de 1915).
Jacques Bainville, « Quatre mois en Russie pendant la guerre », Revue des Deux
Mondes (1916).
Jean Zay, journal de guerre, 1917-1918. (Le familier de Jean Zay éd. Olivier Loube)
(Texte et dessins).
Affiches des Etats-Unis 1917-1918. (La Grande Guerre en affiches, Historial de la
Grande Guerre, 1998).
CICR, « Note sur la situations des prisonniers de guerre allemands en France », 1919.
(Archives du CICR, Genève).
Clemenceau et Wilson, le jour du Memorial Day, 19 mai 1919. (Clemenceau et la
paix, 1930).
Quatre caricatures tirées du journal Le progrès civique, 1919.
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Session de 2005
Vitraux du souvenir, années vingt. (Département des Ardennes, catalogue des
Archives départementales, 2004).
Albert Londres dans la Ruhr, 1923. (Cables et reportages, Arléa, 1993).
Catalogue de l’exposition et chant, Marc Sangnier, 1926-1931. (documents
personnels).
Discours de Mussolini, 2 octobre 1935, déclaration de guerre à l’Ethiopie.
Tableaux de Nevinson, 1916-1935 (Catalogue Imperial War Museum).
Exposition d’art dégénéré, Munich 1937 ( Extraits du catalogue avec œuvres d’art).
Winston Churchill, l’ARMISTICE OU LA PAIX ? (Journal, 11 novembre 1937).
Viktor Klemperer, Journal. Extraits de 1940. (T.1, Mes soldats de papier, 19331941,Seuil, 2000.
Marc Bloch, Testament spirituel, 18 mars 1941. (Documents complémentaires de
L’Etrange défaite, Folio, Gallimard, 1990).
La Voix du Nord 11 novembre 1941. (Archives départementales du Nord).
George Orwell, Réflexions sur la Guerre d’Espagne, 1941. Essais, articles, lettres,
vol.2. 1940-1943, ed. Ivrea, 1996.
« Appel à tous les Allemands ! », Tracts de la Rose Blanche 1943.
Le Monde, 19 décembre 1944.
Manuscrits du membre du Sonderkommando d’Auschwitz-Birkenau Gradowski,
(1944) (Des voix sous la cendre, Calmann-Levy, 2005).
Raphael Lemkin, « le crime de génocide », La documentation française,1946.
Michihiko Hachiya, (Dr), Journal d’Hiroshima, 1945.
Robert Antelme, « Vengeance », 1945. (Œuvres, Gallimard).
Joseph Rovan, « L’Allemagne de nos mérites », Esprit, 1945. L'art en France et la
Première Guerre mondiale selon Léon Bérard — L. BÉRARD, « L'art français et la guerre »,
Revue bleue. Revue politique et littéraire, n° 11, 29 mai-2/9 juin 1917, p. 321-325.
Pierre Laval justifie la collaboration (juin 1942) — Pierre LAVAL, discours du 22 juin
1942, cité dans Les Nouveaux Temps, 24 juin 1942.
Un meeting pacifiste à Berlin en 1911 — Eugène MERLE, « Grandiose manifestation »,
La Guerre Sociale, 2 août 1911.
La Première guerre mondiale vue par Jacques Bainville — Jacques BAINVILLE, Histoire
de France, Paris, Paris, Fayard, 1924, p. 547-549.
Un meeting collaborationniste parisien en 1941 — extrait de la préface (non signée)
du livre Jacques DORIOT, Réalités, Paris, Les éditions de la France, « Les temps nouveaux»,
1942, p. I-XI (extraits).
Un livre pacifiste publié en 1924 : Ernst FRIEDRICH, Krieg dem Kriege ! Guerre à la
guerre ! War against War ! Oorlog aan den oorlog !, Berlin, Freie Jugend Verlag, 1924 —
une photographie publiée dans l'ouvrage ; un extrait de l'introduction rédigée par Ernst
Friedrich ; un compte-rendu de l'ouvrage publié dans l'hebdomadaire allemand Die
Weltbühne.
L'Internationale communiste dénonce la menace de guerre contre la Russie soviétique
(1921) — La Correspondance internationale, 13 octobre 1921.
La guerre d'Espagne vue par un journal d'extrême gauche en février 1939 —
L'
Internationale, n° 41, 16 février 1939, réédité dans H. CHAZÉ, Chronique de la Révolution
espagnole. Union communiste (1933-1939), Paris, Spartacus, 1939, p. 91-93.
Le journal de guerre de Galtier-Boissière (avril-juin 1944) — Jean GALTIER-BOISSIÈRE,
Journal 1940-1950, Paris, Quai Voltaire, 1982, p. 176-182.
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Rapport de l'agrégation externe d'Histoire
Session de 2005
La guerre et la photographie selon Ernst Jünger (1930) — Ernst JÜNGER, « Krieg und
Lichtbild », in Das Antlitz des Weltkrieges, éd. Ernst Jünger, Berlin, Neufeld & Herius
Verlag, 1930, p. 9-11.
La guerre et les manuels scolaires d'Ernest Lavisse (1913-1920) — E. LAVISSE,
Histoire de France, cours élémentaire, Armand Colin, 1913, p. 158-163 ; E. LAVISSE,
Histoire de France, cours moyen, Armand Colin, 1920, p. 266-267.
Les débuts de la Première Guerre mondiale dans une ville française de province —
Soissons pendant la guerre, 1914-1925. Mémoires de G. Muzart, Éditions du Soisonnais 1418, 1998, p. 9-37 (extraits).
Un roman à succès sous l'Occupation : Les Décombres de Lucien Rebatet — Lucien
Rebatet, Les Décombres, Paris, Société nouvelle des éditions Pauvert, 1976 (première éd.
1942), p. 576-578.
L'opinion publique des Français à l'été 1944 — documents construits par Pierre
Laborie, publiés dans Pierre LABORIE, L'
opinion française sous Vichy, Paris, Le Seuil,
« L'Univers historique », 1990, p. 314-323 (extraits).
Huit affiches apposées sur les murs de France pendant l'Occupation — ces huit
affiches proviennent des fonds du Musée d'Histoire contemporaine et ont été reproduites
une certaine France, Lausanne, Edita.
dans Stéphane MARCHETTI, Images d'
Profession de foi du Bloc national dans la Seine en 1919 — BARODET, Élections de
1919, p. 771 et sq.
La France en 1945 vue par Raymond Aron — Raymond ARON, « Les désillusions de la
liberté », Les Temps Modernes, n° 1, 1ère année, octobre 1945, p. 76-77 et p. 104-105.
Des affiches italiennes pendant la Première Guerre mondiale — Marzia MIELE e
Cesarina VIGHY (a cura di), Manifesti illustrati della Grande Guerra, Rome, Fratelli
Palombi, 1996.
La Première Guerre mondiale vue par Gustave Le Bon — Gustave LE BON, Premières
conséquences de la Guerre. Transformation mentale des peuples, Paris, Flammarion, 1916
(couverture, p. 1-3, p. 53-55).
Discours de Winston Churchill à la Chambre des Communes sur les accords de
Munich (1938) (extraits) — reproduit dans Winston CHURCHILL, Mémoires sur la Deuxième
Guerre mondiale, I, L'
orage approche. D'
une guerre à l'
autre 1919-1939, tr. fr., Paris, Ed.
Plon, 1948, p. 334-335.
Les prisonniers italiens en Union soviétique — Lettre de Palmiro Togliatti à Vincenzo
Bianco (15 février - 3 mars 1943), document reproduit dans Maria Teresa GIUSTI, I
prigioneri italiani in Russia, Bologne, Il Mulino, « Biblioteca storica », 2003, p. 54-55.
Quelques monuments commémoratifs de la Première Guerre mondiale : Les fantômes
(Chalmont, Aisne) de Paul Landowski ; monument aux morts de Pont-Lévêque (Oise) de
Roland Combous ; monument aux morts d'Equeurdreville (Manche) d'Émilie Rodez ;
monument des fusillés (Lille, Nord) — documents issus d'Annette BECKER, Les monuments
aux morts. Mémoires de la Grande Guerre, Paris, Errance, s.d.
Un évêque français pendant la Seconde Guerre mondiale : Monseigneur Théas —
lettre et brouillon de lettre de Mgr Théas, 26 août 1942 (document reproduit par Pierre
LABORIE, L'
opinion française sous Vichy, Paris, Le Seuil, 1990) ; affiche, 1944. Archives du
Musée d'Histoire contemporaine.
Les futuristes italiens et la guerre (1914-1915) — « Une » de Lacerba, 15 mai 1915 ;
extrait d'un article du Petit Parisien, 27 juillet 1915 ; Extrait d'une brochure futuriste.
Un artiste allemand pendant l'entre-deux-guerres : Georg Grosz — Georg GROSZ, «
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Rapport de l'agrégation externe d'Histoire
Session de 2005
Les années berlinoises », Paris, Musée-Galerie de la Seita, 1995.
L'Arrière vu par Abel Faivre (1916-1918) — Abel Faivre, Jours de guerre (19151919), 2 tomes, Paris, Éditions Pierre Laffitte - Éditions Hachette, « Collection des Grands
Humoristes », 1921.
La guerre dans la polémique Communisme-Anticommunisme en France (1921-1945)
— image anticommuniste de 1919 ; affiche anticommmunisre de 1928 (?) ; affiche
communiste de 1932 ; affiche communiste de 1945 (documents du Musée d'Histoire
contemporaine).
Le premier anniversaire de la Légion française des combattants — 7 pages issues
d'une brochure de 48 pages, Résurrection française, s.l., 1941.
Un livre sur la censure pendant la Première guerre mondiale — couverture, extraits de
la préface et photographies de Images secrètes de la guerre, éd. P. Allard, Paris, 1933
Un manuel fasciste pour la jeunesse — Il capo squadra Balilla, Rome, 1935,
reproduit in extenso par Carlo GALEOTTI, Saluto al Duce ! I catechismi del Balilla e della
piccola italiana, Rome, Gremese Editore, 2001.
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Rapport de l'agrégation externe d'Histoire
Session de 2005
EPREUVE ORALE DE GEOGRAPHIE
Par Guy Baudelle (Pr. Rennes II), Jean-Louis Tissier (Pr. Paris I), Colette Vallat (Pr
Paris X Nanterre)
Rappel des conditions: préparation : 6H., exposé : 25 mn, interrogation : 20mn.
Comme toutes les années, le jury tient d'abord à signaler qu'il a entendu de très beaux
exposés qui souvent répondaient à des questions difficiles. Ainsi, les photographies d'oasis
africaines, les dossiers intitulés « Réfugiés et déplacés en Afrique », « Le vignoble sud-africain » ou
« L’eau au Maroc » ou encore la carte 1/50 000 de Foix, la carte Top 100 de Reims-Verdun, ont été
particulièrement bien traités. Le jury, après cette session de 2005, se demande cependant, comment
être utile aux candidats préparant l'épreuve orale de géographie de 2006?
En premier lieu en leur rappelant d'abord la nécessité de préparer les épreuves d'oral avec
soin. Il est vraiment navrant de comprendre, à les entendre, que certains candidats ont négligé toute
préparation. Evidemment, ils courent à la catastrophe. L'agrégation est un concours, la barre
d'admissibilité change chaque année, tout étudiant a ses chances, il ne faut pas annihiler tant
d'efforts et d'heures de préparation en arrivant complètement démuni à l'épreuve orale de
géographie. Il faut encore signaler aux futurs candidats que les épreuves proposées pour l'agrégation
ou le CAPES sont distinctes et qu'il ne peut-être question de soumettre la même leçon aux deux
jurys. Celui de l'agrégation attend, en particulier, que les candidats connaissent la bibliographie
scientifique récente, qu'ils ouvrent leur réflexion et sachent se situer dans le contexte de la recherche
la plus contemporaine.
Il faut aussi rappeler que les documents de toutes sortes et les cartes ne sont pas des
prétextes et qu'il faut s'assigner la tâche de donner à comprendre et à voir, sans non plus faire de
leçon à propos de, ou de s'appuyer sur des lieux communs souvent en total décalage avec les
documents soumis à l'analyse. L'exercice proposé lors de cette épreuve orale demande de mettre en
oeuvre une démarche réflexive à partir des documents tout en faisant appel à des connaissances
précises (le "musier" est une invention, seuls existent le poulier et le musoir, un agrégé d'histoire
doit savoir ce qu'est une "lavogne", en rencontrant le terme EARL ou GAEC, les élèves
demanderont leur signification à leur professeur qui doit être capable de répondre bien sûr, non le
PLU n'est pas le POS, et à ce propos tous les sigles et abréviations doivent être connus).
Les bonnes leçons sont celles qui réinterprètent les documents pour les intégrer dans des
démonstrations logiques et cohérentes et qui savent en tirer l'essentiel en laissant de côté les aspects
anecdotiques. Les erreurs commises en ce qui concerne la mauvaise interprétation des échelles des
cartes sont à la croisée de la maîtrise technique et conceptuelle. En effet, les cartes ne disent pas tout
et l'échelle de la carte conditionne le type de commentaire. Les documents d'appui qui sont fournis
sont là pour être mis en relation avec le contexte: le RGA aide à présenter les structures agraires, les
photographies facilitent la présentation des paysages, une carte topographique, quand elle est
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Rapport de l'agrégation externe d'Histoire
Session de 2005
signalée document d'appui, aide à spatialiser à régionaliser.
Si tout un chacun était pénétré de ces faits cela éliminerait ces exposés désespérément vides
qui ne sont que de simples paraphrases et ne contiennent jamais ces explications techniques et
thématiques que le jury est en droit d'attendre. Le jury a constaté, pour cette session, des écarts
considérables dans le niveau de préparation des candidats, tant pour le programme portant sur la
France que pour celui concernant l’Afrique. Un petit nombre s’appuyant sur des connaissances
solides, une maîtrise de la bibliographie, une réelle culture géographique, tandis que les cas de
lacunes criantes, d’approximations douteuses, voire de contre sens avérés ont été trop fréquemment
relevés. Les sujets portant sur la France sont appréciés en fonction d’un niveau de connaissances
géographiques qui doit thématiquement et territorialement correspondre à un cursus universitaire
déjà avancé : les DOM ne sont pas à découvrir à l’occasion de l’oral, la géographie sociale et
culturelle de la France a donné lieu à des travaux poussés et accessibles les concernant. Des rapports
précédents ont signalé les sources et les ouvrages que les candidats doivent connaître au point de
leur être familiers, nous les renvoyons à ces conseils antérieurs qui sont à actualiser chaque année.
Pour ce qui concerne l’Afrique (et pour cette partie du programme qui se renouvelle chaque année)
il convient de souligner que la préparation de l’oral ne peut que profiter d’une bonne préparation de
l’écrit : en d’autres termes l’assimilation des manuels de base permet sans doute pour l’épreuve
écrite de réaliser une copie convenable, les sujets de l’oral impliquent dans la plupart des cas des
connaissances plus fines et approfondies qui supposent des lectures plus diverses, précises et
problématisées.
Ce rapport est aussi l'occasion de rappeler que, devant une classe, l'analyse d'un
document permet d'inculquer des savoir-faire aux élèves, lors du concours, les candidats doivent
donc faire comprendre qu'ils savent réaliser et expliquer un diagramme polaire, un nuage de points,
un croquis, une coupe et aussi qu'ils maîtrisent parfaitement la langue française (un espace n'est pas
"circoncis" mais circonscrit, le verbe pallier est transitif direct, "donc" et "que" s'utilisent dans des
sens bien précis. Les candidats sont conduits, tant pour les dossiers que pour les commentaires de
cartes, à réaliser un ou des schémas interprétatifs personnels qu’ils présentent au cours de leurs
exposés ou encore un bilan graphique conclusif de leurs analyses particulières ou de la synthèse
qu’ils proposent. Si certains offrent à l’appréciation du jury des essais pertinents, réussis ou
prometteurs, beaucoup témoignent de maladresses dans les échelles, de lacunes évidentes dans les
principes élémentaires de la construction d’un schéma, il faut donc, là aussi consacrer quelques
heures de préparation à cet exercice graphique qui sera valorisé tant à l’écrit qu’à l’oral.
Le jury doit aussi rappeler que la gestion du temps est un point important de son
appréciation. Une introduction de plus de 5 minutes témoigne moins d’un souci de problématiser
que d’une difficulté à le faire et à entrer dans le vif du sujet. Il est inutile de détailler par le menu la
composition d’un dossier, il est téméraire de relever son ampleur ou ses éventuelles lacunes. Il est
plus utile de remarquer les différents registres de l’information : statistique, iconographique,
textuelle voire littéraire. L’annonce du plan est de bonne méthode mais ensuite le temps imparti à
chacune des parties doit être équilibré : il faut veiller à ce que la première partie ne s’étende pas au
détriment des autres et surtout que la dernière ne soit pas la « toute petite » .
Le rapport de l’exposé au (x) document (s) doit être réel : le candidat ne doit pas
tourner le dos aux documents et se tenir crispé sur ses feuillets, il doit indiquer précisément le
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Rapport de l'agrégation externe d'Histoire
Session de 2005
document de référence sur lequel il appuie son analyse ou le secteur précis de la carte qu’il
interprète. Dans un dossier tous les documents n’ont pas la même importance, certains sont majeurs
d’autres subordonnés, complémentaires : l’exposé doit s’articuler à cette hiérarchie implicite. Il est
préférable de ne pas négliger voire d’oublier les document « pivots » et de passer plus vite sur les
documents « annexes ». Pour finir ce compte-rendu, il faut cette année dire un mot à propos d'un
certain laisser-aller vestimentaire auquel le jury n'était pas accoutumé. Faut-il rappeler que passer ce
concours de niveau national exige une tenue correcte car il recrute de futurs enseignants qui se
doivent d'être respectueux d'eux-mêmes et de leurs élèves. Si l’oral de l’agrégation se tient au début
de l’été il est conseillé aux candidats et candidates de s’en tenir à la version urbaine de leur garderobe : il est inutile et presque déplacé d’anticiper par des tenues exagérément littorales. Le temps de
la détente, méritée pour tous, jury inclus, viendra après celui des «épreuves». En ménageant ce
calendrier du savoir vivre les candidats manifesteront leur savoir faire… Et que dire du chahut que
déclencheraient ces leçons que même un jury attentif, situé à quelque mètre de l'orateur, n'arrive pas
à entendre!
SUJETS
DOSSIERS
Portant sur la France
- Montpellier, une ville du Sud ? - La Guyane, mise en valeur d’un territoire. - Brouage :
géohistoire du golfe Saintongeais. - De Pontoise à Cergy Pontoise, dynamique urbaine en banlieue
parisienne. - Bourgs, petites villes et tourisme en Bretagne. - L’évolution démographique de la
Région Midi-Pyrénées. - Les villes nouvelles de province. - Etude géographique du pastoralisme et
de ses pratiques en France. - La Grande-Motte, ville permanente, ville saisonnière . - La baie de
Somme . - L’estuaire de la Loire : un espace complexe . - La France du TGV. - Gennevilliers et la
boucle nord de la Seine. - L’agglomération poitevine. - La France des faibles densités, l’exemple de
Langres. - Les effets géographiques des infrastructures et ouvrages d’art routiers en France. - La
localisation de l’industrie en France. - La ville nouvelle de Saint Quentin en Yvelines, quel bilan ? Les régions forestières en France. - Une industrie et son environnement régional, l’exemple de
l’automobile. - Le vignoble de la côte bourguignonne. - Champagne Ardennes. - Les métropoles
régionales en France. - Un fleuve côtier : la Rance. - Aménager la ville en France. - Villes et
campagnes : des liens renouvelés. - Les immigrés d’Afrique subsaharienne en France. - Le bassin
d’Arcachon. - Le commerce à Paris, choix et commentaire à partir du dossier de presse. - La façade
atlantique de la France. - Vivre et travailler dans l’Est parisien. - Le parc national de Guadeloupe. Les formes d’utilisation de l’espace littoral en France. - Les populations d’origine maghrébine en
France. - La Sologne. - Marseille carrefour d’Afrique. - Hommes et activités en Nouvelle Calédonie.
- Le conservatoire du littoral en France. - Bordeaux, une ville et ses ports. - Géographie sociale des
villes françaises. - Les dynamiques géographiques des territoires touristiques en France. - Les
paysages en France (dossier de diapositives). - La géographie du sport en France. - L’agriculture en
Ile de France. - Le système ferroviaire français. - La vallée de l’Arve. - Approche sociogéographique d’un milieu naturel. L'exemple de l’Ile-de-France. - La péri urbanisation en procès. L’espace temps sur le territoire français. - L’élevage de montagne en France. - Paris et la France. Le Mont Saint Michel. - Le tourisme dans les Alpes du nord. - Les banlieues parisiennes. - Protéger
l’environnement en France : étude géographique. - Le Larzac en 2005 : étude géographique. Dynamiques territoriales du grand Dijon. - Deux villes en Guyane : Cayenne et Kourou. - Nourrir la
ville : l'exemple de Paris. - La population de Bretagne.
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Session de 2005
Portant sur l’Afrique
- La médina dans les Villes d’Afrique du nord. - Les frontières en Afrique. - Espaces protégés et
patrimoine en Afrique. - Une plaine au nord de l’Afrique : la Mitidja. - Mayotte, une île Française
en Afrique. - Le cacao, approche géographique d’une culture de plantation en Côte d’Ivoire. Réfugiés et déplacés en Afrique. - Les zones franches industrielles en Afrique subsaharienne. L’agriculture dans les espaces forestiers africains. - Lagos, une métropole africaine. - Les paysages
d’oasis en Afrique. -Territoires urbains en recomposition dans la ville d’Afrique du sud postapartheid, l’exemple de Durban. - Sociétés et milieux littoraux en Afrique de l’ouest. - Une
montagne d’Afrique du nord : le Rif. - Alexandrie. - Les héritages géographiques de l’Apartheid en
Afrique du sud. - Le Nigeria en cartes. - La déforestation à Madagascar. - Santé et milieu en
Afrique. - Le paludisme, étude géographique d’une endémie. - Les dynamiques de l’organisation de
l’espace à Johannesburg. - Nouakchott : naissance d’une ville capitale. - Agriculture et paysages
agraires à Madagascar. - Le sud Tunisien : une région en marge ? - Les paysages en Afrique de
l’Est. - Le pays Dogon. - Les Kabyles et la Kabylie. - Les densités de population en Afrique. Géopolitique du Sahara occidental. - Mayotte : lagons et pauvreté. - Villes africaines et
approvisionnement en bois énergie, l’exemple Bamakois. - Le vignoble en Afrique du Sud, étude
géographique. - La riziculture à Madagascar. - La modernisation de l’agriculture en Afrique au
travers de l’exemple Sénégalais. - La transition démographique en Afrique. - Le Nigeria. Variations de la mousson ouest africaine et ses conséquences. - Les paysages urbains en Afrique. L’Atlas Marocain. - Djerba les dynamiques géographiques d’une île d’Afrique du nord. - Les
campagnes du Nil. - Les enjeux de l’eau à travers les grands aménagements en Afrique. - Approche
géographique de l’informel en Afrique. - Le Caire. - Le delta intérieur du Niger. - L’eau au Maroc. Le canal de Suez. - L’espace Touareg. - L’Afrique peut-elle se nourrir ? - Le Nil, ressource en eau,
enjeux géopolitiques. - Territoire sahélien, des contraintes multiples. - Habiter à Alger. - Le sida en
Afrique. - Abidjan ville d’Afrique. - L’office du Niger. - Le Kilimandjaro. - Casablanca. - Le sudouest du Malgache. - Dynamiques d’urbanisation au Maroc. - Le coton en Afrique, étude
géographique. - Les montagnes d’Afrique occidentale.
Saint Louis du Sénégal. - Tunis. - Le massif de l’Aïr (Niger) une montagne dans le désert et son
utilisation par les hommes. - L’urbanisation en Afrique.- Les enjeux du développement du littoral
tunisien. - L’île de Zanzibar. - Le diamant en Afrique. - Les hautes terres du Cameroun.
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Rapport de l'agrégation externe d'Histoire
Session de 2005
COMMENTAIRE DE CARTES ( avec et sans doc. d’appui)
Au 1/100 000 - Carte de Nancy-Metz 1/100 000 + doc. d’appui. - Béziers Montpellier. - Cahors
Montauban. - Le Havre Rouen. - Ile Maurice + doc. d’appui.
Au 1/50 000 :Prades + doc. d’appui. - Avignon (éditions 1965 et 1998). - Carte topographique Maël
Carhaix + doc. d’appui. - Thonon-Châtel + image SPOT du lac Léman. - Carte topographique de
Caen + édition ancienne. - Saugues éditions 1965 et 1997 + doc. d’appui. - Carte topographique de
Beaugency (1980). - Dunkerque (1992) + doc. d’appui. - Veyre-Monton 1966 et 1997. - Cassel +
doc. d’appui. - Sotta Bonifacio + doc. d’appui. - Carte topographique de Foix. - Pouilly-en-Auxois.
- Assemblage Poligny Salin-les-bains. - Cavaillon + cartes au 1/25 000 et ancienne à l’appui. - Albi
et Carmaux + doc. d’appui. - Saint Dié. - Vicdessos + doc. d’appui. - Saint Julien en Genevois (2
éditions). - Carentan et Suippes (2 éditions). - Sancerre + doc. d’appui. - Sétif E/W (Algérie) + doc.
d’appui. - Lisieux + carte ancienne et doc. d’appui. - Assemblage de 2 cartes : Aubenas + Privas et à
l’appui 2 RGA + Privas au 1/25 000. - Montluçon + doc. d’appui. - Bayonne et Espelette + doc.
d’appui. - Digne + carte végétation. - Morez. - Saint-Jean-de-Maurienne. - Le Creusot Monceau-lesMines. - Oloron-Sainte-Marie + carte de la végétation. - La Rochelle. - Valenciennes. - Sommières.
- Draguignan, éditions 1933 et 1997 + doc. d’appui. - Castellane + doc. d’appui. - Briançon + carte
végétation au 1/200 000. - Tulle. - Agen Condom + RGA. - Figeac et Decazeville + doc. d’appui. Creil. - Morcenx + carte végétation Mont-de-Marsan. - Narbonne Leucate. - Laon + 3 doc. d’appui.
- Pau ( 2 éditions) + carte de la végétation - Vescovato Santo-Pietro-Di-Tenda (Corse) + anciennes
éditions à l’appui. - Bayonne + doc. d’appui. - Albertville + doc. d’appui et deux éditions (1954 et
1997). - Aurillac. - Clamecy + doc. d’appui. - Monistrol et Craponne-sur-Arzon. - Carcassonne. Mantes la Jolie et Gisors.
Au 1/25 000 : Nantes + doc. d’appui. - Bellême et la Ferté Bernard. - Lille Roubaix Tourcoing + 3
doc. d’appui. - Saint-Dié. - Orange Massif d’Uchaux. - Perros-Guirec et Lannion. - Palaiseau
Arpajon. - Clermont Ferrand. - Bordeaux + doc. d’appui. - Calais et la Manche. - Grenoble
Champrousse Belledonne. - Oullins et Givors. - Mulhouse. - Les Sables d’Olonne. - Nancy. Mâcon, Cluny, Roche de Solutré. - L’Ile de Ré + doc. d’appui. - Aurillac. - Bayonne + doc. d’appui.
Top 25: - Castres le Sidobre + doc. d’appui. - Cervione + doc. d’appui + carte végétation. Quiberon + 2 doc. d’appui. - Saint-Paul le Port (Réunion) + doc. d’appui. - Saint-Malo Dinan + doc.
d’appui. - Cannes - Grasse - Antibes + doc. d’appui. - Embrun. - Partie Est de la carte du Massif de
la Grande Chartreuse + doc. d’appui. - Bastia + doc. d’appui. - Montagne Sainte Victoire + doc.
d’appui. - Royan. - Sarlat. - Hyères. - Saint Denis de la Réunion + doc. d’appui. - Rocamadour +
doc. d’appui. - Cherbourg. - Monts du Cantal.
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Rapport de l'agrégation externe d'Histoire
Session de 2005
Cartes à thème (avec ou sans doc. d’appui)
Au 1/100 000 - Tourisme et organisation de l’espace dans les îles de la Guadeloupe + doc. d’appui.
- L’organisation de l’espace sur la carte Laval Argenton. - L’organisation du littoral charentais, la
Rochelle Royan + doc. d’appui. - L’organisation de l’espace sur la carte de la Réunion + doc.
d’appui. - L’organisation de l’espace sur la carte Reims-Verdun. - Milieux et organisation de
l’espace sur la carte de Béziers Perpignan.
Au 1/50 000 - L’estuaire de la Seine : géohistoire d’un aménagement. - L’organisation de l’espace
littoral sur les cartes de Saint-Tropez, Agde et Mimizan. Etude comparée. - Le Lubéron : un espace
singulier ? - Mont Blanc : le tourisme et la haute montagne. - Les aspects contemporains d’une
région minière : Béthune. - Organisation de l’espace de Millau + doc. d’appui. - Cartes Arras et
Béthune : une région, deux villes + doc. d’appui. - Longwy une agglomération en crise.
Au 1/25 000 - L’organisation de l’espace sur la carte de Montpellier - Espace urbain et
littoral : la baie de Fort-de-France, commentaire de la carte de Fort-de-France. - Les vins de
Champagne, commentaire de la carte des vins de Champagne au 1/100 000 et de la carte d’Epernay
au 1/25 000 + doc. d’appui. - Les formes urbaines de Strasbourg + doc. d’appui. - Marne la Vallée
et Disneyland. Cartes de 1980 et 1998 + doc. d’appui. - Montceau-les-Mines, l’organisation d’un
espace industriel polycentrique. - Les dynamiques spatiales sur la carte de Toulouse 1/25 000 + doc.
d’appui. - L’agglomération orléanaise sur les cartes d’Orléans et Olivet.
Top 25 - L’industrie dans la ville : carte de Nancy Toul + doc. d’appui. - Les formes urbaines dans
l’agglomération marseillaise sur la carte TOP 25 Marseille + doc. d’appui. - Val Suzon. La
montagne bourguignonne un arrière pays dijonnais ? - Usage et mise en valeur d’une forêt :
Rambouillet. - Saint Etienne : étude d’une ville dans le temps + doc. d’appui. - Dammartin-enGoële : le rôle des infrastructures de transports dans le développement de la banlieue nord. L’espace lié aux activités minières et industrielles sur la carte d’Hénin-Beaumont.
Autres échelles - L’organisation de l’espace sur la carte Top 100 Dijon Tournus - Afrique du Nord
et Afrique de l’Ouest : caractères et diversité d’un espace cartographié sur la carte Michelin 1/400
0000
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Rapport de l'agrégation externe d'Histoire
Session de 2005
STATISTIQUES DU CONCOURS
Synthèse statistique de l' agrégation externe d'histoire 2005
%
%
Inscrits
3118
100,00
Présents
2004
64,27
Non éliminés
1788
57,34
Admissibles
254
8,15
Admis
128
4,11
Moyenne des candidats non éliminés (sur 80)
Barre d'admissibilité (sur 80)
Moyenne des candidats admissibles (sur 80)
Barre d'admission (sur 200)
Moyenne des candidats admis (sur 20)
Hommes
Femmes
Total
%
100,00
14,21 100,00
7,16 50,39
19,42
33,50
40,69
81
10,13
Inscrits %
1651
1467
3118
52,95
47,05
100
D1
D2
1951
41
1859
19
Présents
%
Admissibles %
Admis %
1066 53,19
162 63,78
74 64,348
938 46,81
92 36,22
54 35,65
2004
100
254 100
128 100,00
Epreuves d'admissibilité
Présents
Copies blanches
Moyenne des présents
Moyenne des admissibles
D1
4,53
9,5
D2
CT
5,35
10,99
1838
8
CT
4,49
9,71
Géo
1810
13
G
4,50
10,48
Epreuves d'admission
Admissibles
Admissibles non éliminés
Admis
254
251
128
Moyenne des candidats non éliminés
Moyenne des candidats admis
7,27 Ecrit&Oral
9,61 Ecrit&Oral
Notes d'oral (sur 20)
Moyenne des présents
Moyenne des admis
8,44
10,13
Leçon Document Géographie
6,35
7,72
7,74
8,68
9,96
10,20
________________________________________________________________________________
Page 105
Rapport de l'agrégation externe d'Histoire
Session de 2005
Répartition des notes d'écrit
Histoire médiévale
19à20
18à19
17à18
16à17
15à16
14à15
13à14
12à13
Note
11à12
10à11
9à10
D1 admissibles
D1 Présents
8à9
7à8
6à7
5à6
4à5
3à4
2à3
1à2
0à1
0
50
100
150
200
250
300
Nombre de candidats
________________________________________________________________________________
Page 106
Rapport de l'agrégation externe d'Histoire
Session de 2005
Histoire contemporaine
19à20
18à19
17à18
16à17
15à16
14à15
13à14
12à13
Note
11à12
10à11
9à10
D2 admissibles
D2 présents
8à9
7à8
6à7
5à6
4à5
3à4
2à3
1à2
0à1
0
50
100
150
200
250
Nombre de candidats
________________________________________________________________________________
Page 107
Rapport de l'agrégation externe d'Histoire
Session de 2005
Histoire moderne CT
19à20
18à19
17à18
16à17
15à16
14à15
13à14
12à13
Note
11à12
10à11
9à10
CT admissibles
CT présents
8à9
7à8
6à7
5à6
4à5
3à4
2à3
1à2
0à1
0
50
100
150
200
250
300
Nombre de candidats
________________________________________________________________________________
Page 108
Rapport de l'agrégation externe d'Histoire
Session de 2005
Géographie
19à20
18à19
17à18
16à17
15à16
14à15
13à14
12à13
Note
11à12
10à11
9à10
Géo admissibles
Géo présents
8à9
7à8
6à7
5à6
4à5
3à4
2à3
1à2
0à1
0
50
100
150
200
250
300
Nombre de candidats
________________________________________________________________________________
Page 109
Rapport de l'agrégation externe d'Histoire
Session de 2005
Répartition des notes d'oral
Leçon d'histoire générale
19à20
18à19
17à18
16à17
15à16
14à15
13à14
12à13
Notes
11à12
10à11
HG admis
HG admissibles
9à10
8à9
7à8
6à7
5à6
4à5
3à4
2à3
1à2
0à1
0
5
10
15
20
25
30
35
Nombre de candidats
________________________________________________________________________________
Page 110
Rapport de l'agrégation externe d'Histoire
Session de 2005
Document d'histoire
19à20
18à19
17à18
16à17
15à16
14à15
13à14
12à13
Notes
11à12
10à11
H admis
H admissibles
9à10
8à9
7à8
6à7
5à6
4à5
3à4
2à3
1à2
0à1
0
5
10
15
20
25
30
35
Nombre de candidats
________________________________________________________________________________
Page 111
Rapport de l'agrégation externe d'Histoire
Session de 2005
Oral de Géographie
19à20
18à19
17à18
16à17
15à16
14à15
13à14
12à13
Notes
11à12
10à11
G admis
G admissibles
9à10
8à9
7à8
6à7
5à6
4à5
3à4
2à3
1à2
0à1
0
5
10
15
20
25
30
35
40
Nombre de candidats
________________________________________________________________________________
Page 112
Rapport de l'agrégation externe d'Histoire
Session de 2005
Répartition par académies
Répartition par académies
Académie
Paris Créteil Versailles
Lyon
Bordeaux
Toulouse
Lille
Nantes
Amiens
Nancy-Metz
Reims
Rennes
Aix
Besançon
Orléans-Tours
Poitiers
Rouen
Strasbourg
Caen
Clermont-Ferrand
Corse
Dijon
Grenoble
Guadeloupe
Guyane
Limoges
Martinique
Montpellier
Nice
Réunion
Total
Inscrits
977
171
204
142
216
116
48
104
43
130
141
32
69
57
59
80
44
49
3
56
125
5
3
24
16
118
66
20
3118
%inscrits
Présents
%présents
Admissibles %admissibles Admis
31,33
661
32,98
120
47,24
5,48
120
5,99
36
14,17
6,54
135
6,74
11
4,33
4,55
88
4,39
9
3,54
6,93
125
6,24
9
3,54
3,72
69
3,44
12
4,72
1,54
27
1,35
7
2,76
3,34
59
2,94
6
2,36
1,38
28
1,40
4
1,57
4,17
99
4,94
11
4,33
4,52
88
4,39
4
1,57
1,03
19
0,95
3
1,18
2,21
47
2,35
2
0,79
1,83
36
1,80
2
0,79
1,89
31
1,55
1
0,39
2,57
55
2,74
5
1,97
1,41
27
1,35
1
0,39
1,57
35
1,75
1
0,39
0,10
0
0,00
0
0,00
1,80
43
2,15
3
1,18
4,01
78
3,89
4
1,57
0,16
0
0,00
0
0,00
0,10
2
0,10
0
0,00
0,77
10
0,50
0
0,00
0,51
11
0,55
0
0,00
3,78
75
3,74
1
0,39
2,12
31
1,55
2
0,79
0,64
5
0,25
0
0,00
100,00
2004
100,00
254
100,00
%admis
68
21
6
6
4
4
3
3
3
3
2
1
1
1
1
1
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
128
53,13
16,41
4,69
4,69
3,13
3,13
2,34
2,34
2,34
2,34
1,56
0,78
0,78
0,78
0,78
0,78
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
100,00
FIN DU RAPPORT
________________________________________________________________________________
Page 113