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la porte des étoiles
le journal des astronomes amateurs du nord de la France
Numéro 27 - hiver 2015
27
A la une
Le phare de Goury au coucher du
Soleil
GROUPEMENT D’ASTRONOMES
AMATEURS COURRIEROIS
Adresse postale
GAAC - Simon Lericque
12 lotissement des Flandres
62128 WANCOURT
Internet
Site : http://www.astrogaac.fr
E-mail : [email protected]
Les auteurs de ce numéro
Michel Pruvost - Membre du GAAC
E-mail : [email protected]
Site : http://cielaucrayon.pagesperso-orange.fr
Jérôme Clauss - Membre du GAAC
E-mail : [email protected]
Site : http://www.astrosurf.com/shootingstar
Simon Lericque - Membre du GAAC
E-mail : [email protected]
Site : http://lericque.simon.free.fr
L’équipe de conception
Simon Lericque : rédac’ chef tyrannique
Arnaud Agache : relecture et diffusion
Catherine Ulicska : relecture et bonnes idées
Fabienne Clauss : relecture et bonnes idées
Olivier Moreau : conseiller scientifique
Auteur : Simon Lericque
Date : 27/10/2014
Lieu : Goury (50)
Matériel : APN Canon EOS7D et
téléobjectif Canon 70-300
Edito
Pour ce premier numéro de l’année 2015, le patrimoine
astronomique est mis à l’honneur. L’observatoire de Gand et sa
splendide lunette, Rome et la belle méridienne de la basilique
Santa Maria degli Angeli e dei Martiri, ou encore l’horloge
astronomique de Fécamp : plusieurs sites, plusieurs lieux
que nous avons visité ces derniers temps et que nous avons
voulu vous faire découvrir. Les articles ‘‘de fond’’ n’ont pas
non plus été négligés avec la poursuite de la série consacrée
aux satellites planétaires du Système solaire et la découverte
approfondie d’une nouvelle étoile : Sirius. Pas de trimestre
sans compte rendu de voyage : c’est dans le Cotentin que nous
avons posé nos valises cet automne. Un sommaire éclectique
une fois de plus qui, nous l’espérons, saura trouver grâce à vos
yeux. Bonne lecture !
Sommaire
4������������������������������������������������Les lointaines lunes d’Uranus
par Simon Lericque
15......................................................Histoires d’étoile : Sirius
par Michel Pruvost
20...L’observatoire de Gand et la lunette de Van Monckhoven
Simon Lericque
26�������������������������������������������������������La méridienne de Rome
par Jérôme Clauss
Edition numérique sous Licence Creative Commons
31������������������������������������������ Quelques jours dans le Cotentin
par Simon Lericque
41����������������������������������������������������������������������������� La galerie
• • • • ACTU DU GAAC
C’était en automne
Fête de la Science 2014
Rencontres du Ciel et
de l’Espace 2014
Visite du planétarium de Ludiver
18ème Nuit Noire du Pas-de-Calais
Conférence de Marc Lachièze-Rey à Lille
Assemblée Générale d’Astroqueyras
Escapade en Cotentin
Conférence de Carine Souplet à Saint-Quentin
19ème Nuit Noire du Pas-de-Calais
Horloge astronomique de Fécamp
Salon de l’astrophoto à
Mont Bernenchon
Ce sera cet hiver
Les 24 BA
Les RAC 2014
20ème Nuit Noire
Le GAAC participera à la
nouvelle édition des 24 heures
basiliennes
d’astronomie
organisées par l’association
Plaine aux Etoiles. Ce sera les
24 et 25 janvier prochains.
La troisième édition des
Rencontres Astronomiques de
Courrières se déroulera du 3 au 5
avril 2015 au Centre Culturel de
Courrières. Le programme sera
riche, venez nombreux !
Le 14 février prochain, la Nuit
Noire du Pas-de-Calais fêtera
sa vingtième édition dans
la noirceur de Radinghem.
Espérons un ciel dégagé et de
nombreux participants.
Retrouvez l’agenda complet de l’association sur http://www.astrogaac.fr/agenda.html
• • • • SCIENCES
Les lointaines lunes d’Uranus
Par Simon Lericque
Après les satellites de Saturne (la Porte des Étoiles numéro 13), ceux de Jupiter (la Porte des Étoiles numéro
17) et ceux de Mars (la Porte des Étoiles numéro 24), continuons notre découverte des satellites planétaires
du Système solaire et mettons désormais le cap vers la lointaine géante glacée Uranus pour y découvrir son
environnement méconnu et jusqu’à lors, hélas, peu exploré par les sondes spatiales.
La Porte des Etoiles n°27
• • • • SCIENCES
Histoire des découvertes
Planète théoriquement visible à l’œil nu, avec une magnitude oscillant
entre 5.6 et 5.9, Uranus est malgré tout la première planète à avoir été
découverte et validée par l’observation télescopique. Bien qu’elle ait
probablement été observée de manière fortuite par l’astronome français
Pierre Charles Le Monnier ou par l’illustre
Galilée, c’est bien William Herschel qui est
crédité de la découverte de la septième planète
du Système solaire. C’est en effet le célèbre
astronome britannique qui se rendra compte
de la nature exotique de cet astre, bien qu’il
ait longtemps soutenu qu’il s’agissait d’une
comète. Il l’observera pour la première fois
le 31 mars 1781 avec un télescope de 150
William Herschel (1738-1822)
Le télescope d’Herschel
millimètres de diamètre depuis le jardin de
sa maison de Bath à l’Ouest de l’Angleterre. Après plusieurs échanges avec la Royal Astronomical Society
et l’astronome royal Nevil Maskelyne de l’observatoire de Greenwich, la publication de la découverte sera
finalement faite le 23 avril 1781. Il faudra ensuite de longs mois pour que cet objet déniché par Herschel soit
unanimement reconnu comme une planète à part entière par la communauté scientifique internationale.
Six ans après la découverte de la
planète, le 11 janvier 1787, c’est
ce même William Herschel qui
observe pour la première fois deux
satellites autour d’Uranus. Ils
seront baptisés par la suite Titania
et Obéron. Bien des décennies
plus tard, en 1851, William Lassel,
un autre astronome britannique ayant fait fortune dans la brasserie
de bière - découvrira les deux
lunes suivantes, Ariel et Umbriel.
Gerard Kuiper (1905-1973)
W. Lassell (1799-1880)
La cinquième et dernière lune
majeure d’Uranus fut observée pour la première fois le 16 février 1948 par l’astronome néerlandais Gerard
Kuiper depuis l’Observatoire Mac Donald au Texas. Ce sera le dernier satellite déniché avant l’avènement de
l’ère spatiale.
Les découvertes suivantes seront à mettre au crédit de
Voyager 2, la seule et unique sonde spatiale à avoir
survolé le système d’Uranus. En décembre 1985,
Puck, sera photographié pour la première fois. Neuf
autres lunes très proches de la surface de la planète
seront immortalisées par la sonde interplanétaire
courant janvier 1986 : Juliette, Portia, Cressida,
Desdémone, Rosalinde, Belinda, Cordélia, Ophélie
et Bianca. Une dernière, Perdita, fut retrouvée en
1999 sur de vieux clichés du survol de Voyager 2.
Le 6 septembre 1997, les dix-septième et dixhuitième lunes, baptisées Caliban et Sycorax, seront
révélées par l’équipe de Brett James Gladman. Pour
cela, ils auront utilisé le télescope Hale de 5 mètres
de diamètre de l’Observatoire du Mont Palomar.
Trois nouveaux satellites viendront s’ajouter à la liste
La Porte des Etoiles n°27
Voyager 2, seule sonde spatiale à avoir survoler Uranus et son
système, c’était en 1986.
• • • • SCIENCES
au cours de l’année 1999 : Setebos, Stephano et Prospero, révélés le 18 juillet avec le Canada-France-Hawaï
Telescope de 3.6 mètres de diamètre par l’équipe de John J. Kavelaars, Matthiew J. Holman et le même Brett
J. Gladman. La même équipe (ou quasiment) trouvera de
nouveau trois satellites au cours de la nuit du 13 août 2001 :
Trinculo, Ferdinand et Francesco.
Enfin, les trois derniers satellites d’Uranus furent révélés en
2003. Sur des images acquises le 25 août par le télescope
spatial Hubble, Mark R. Showalter et Jack J. Lissauer
découvrirent Cupidon et Mab. Le vingt-septième et ultime
satellite (à ce jour) découvert le fut à peine quatre jours plus
tard, le 29 août. Ce sont Scott S. Sheppard et David Jewitt
qui, en utilisant le télescope Subaru de 8.3 mètres de diamètre
à Hawaï, retrouvèrent Margaret.
Le HST scrute aussi les planètes glacées
L’origine des noms
Longtemps, les premiers satellites d’Uranus n’auront comporté que
des matricules. Dans ce sens, William Lassel classera les quatre
premières lunes uraniennes de la plus proche I, à la plus éloignée IV.
Par la suite, les matricules seront donnés par ordre chronologique.
D’ailleurs, il faut savoir que parallèlement aux noms propres,
l’Union Astronomique Internationale continue d’appliquer cette
dénomination sous forme de matricule. C’est en fait John Herschel,
fils de William qui, en 1852, sera le premier à proposer de nommer
les satellites. Il abandonnera la mythologie grecque comme cela
se faisait traditionnellement à l’époque, pour se tourner vers la
littérature britannique. C’est dans les œuvres de William Shakespeare
et d’Alexander Pope qu’il va trouver l’inspiration : en effet, Obéron
et Titania sont des fées dans Le songe d’une nuit d’été et Ariel et
Umbriel sont des sylphes dans La boucle de cheveux enlevée.
Les dénominations des lunes modestes ne dérogent pas à la règle et
sont elles aussi issues de pièces de Shakespeare. Ainsi Puck vient du
Songe d’une nuit d’été, Cordélia du Roi Lear, Ophélie d’Halmet, Bianca de La mégère apprivoisée, Cressida
de Troïlus et Cressida, Désdemone d’Othello, Juliette et Mab de Roméo et Juliette, Portia du Marchand de
Venise, Rosalinde de Comme il vous plaira, Margaret de Beaucoup de bruit pour rien, Perdita du Conte
d’hiver et Cupidon du Timon d’Athènes. Enfin, c’est dans La Tempête du même William Shakespeare qu’on
l’on trouve le plus de satellites : Ariel, Miranda, Caliban, Sychorax, Prospero, Setebos, Stefano, Trinculo,
Franciso et Ferdinand.
Portrait de Shakespeare exposé à Londres
Les satellites bergers
À l’instar des autres planètes géantes gazeuses, il existe un
système d’anneaux autour d’Uranus. Celui-ci s’avère aussi
complexe (si ce n’est plus) que celui de Saturne. Bien que
l’on n’ait pas encore fait toute la lumière sur les mécanismes
et la dynamique de ces anneaux uraniens, on y a d’ores et
déjà déniché à coup sûr deux lunes bergères : Cordélia et
Ophélie. Leur présence à cet endroit permet de maintenir en
équilibre l’anneau ε, le quinzième (sur dix-sept) par ordre
d’éloignement. Cordélia et Ophélie sont, à l’heure actuelle, les
lunes les plus proches de la planète, orbitant à seulement 49751
et 53764 kilomètres d’altitude en quelques heures à peine. Ces
La Porte des Etoiles n°27
Cordélia et Ophélie cernent un anneau d’Uranus
• • • • SCIENCES
modestes cailloux de 40 et 43 kilomètres tendent
à se rapprocher de leur planète. Ils gravitent endeçà de l’orbite synchrone et sont donc amenés
à s’écraser dans l’atmosphère bleutée d’Uranus,
entraînant probablement dans leur chute la
disparition de l’anneau qu’elles maintiennent
actuellement.
Un autre cas de satellites bergers se trouve
un peu plus loin de la surface de la planète, à
66000 kilomètres. Il concerne les petits corps
nommés Portia et Rosalinde. Ces deux cailloux,
respectivement de 135 et 72 kilomètres cernent
les fines poussières de l’anneau (on devrait
plutôt parler de tore) ν, large de 3800 kilomètres.
D’autres anneaux d’Uranus sont probablement
maintenus eux-aussi par des lunes bergères, mais
celles-ci n’ont pas encore été découvertes.
Les autres satellites intérieurs
Les autres satellites intérieurs se distinguent en
deux groupes, définis essentiellement par leur
localisation. Le premier groupe comprend les
Schéma présentant les satellites intérieurs d’Uranus
lunes Bianca, Cressida, Desdémone et Juliette,
qui gravitent autour d’Uranus entre les anneaux ε et ν. Tous affichent des dimensions modestes : 51 kilomètres
pour Bianca, 79 pour Cressida, 64 pour Desdémone et 94 pour Juliette. Le second groupe est composé de
Cupidon, Perdita, Belinda et Puck. Mis à part Puck (voir plus loin), ils sont tous également de tailles modestes :
18 kilomètres pour Cupidon, 30 kilomètres pour
Perdita et 90 kilomètres pour Belinda.
Belinda à haute résolution
Ces satellites sont extrêmement sombres. On
suppose que ce sont des corps glacés recouverts
avec le temps par de la poussière issue des anneaux
planétaires proches mais le noircissement peut
aussi résulter d’un bombardement intensif de
noyaux d’hydrogène accélérés par le champ
magnétique d’Uranus. Le mouvement de ces
petites lunes est jugé chaotique. En effet, les
déplacements de ces petites lunes sont loin d’être
stables, elles se perturbent constamment les
unes les autres et, de fait, leurs trajectoires sont
vouer à se croiser ; si bien que certains modèles
prédisent des collisions à ‘‘brève’’ échéance.
On parle là de plusieurs dizaines de millions
d’années tout de même.
La Porte des Etoiles n°27
Photographie de quelques satellites intérieurs et des anneaux d’Uranus
• • • • SCIENCES
Puck
Puck également à haute résolution
Puck est une lune dont la taille atteint 162 kilomètres dans sa plus
grande dimension. Ce satellite effectue une révolution autour
d’Uranus en un peu plus de 18 heures. Il s’agit d’un corps là aussi
plutôt sombre (albedo de 0.07) mais probablement composé de
glace. On n’en sait finalement pas beaucoup plus à son sujet, Puck
n’ayant été survolé et photographié qu’une seule fois, c’était par
Voyager 2 en janvier 1986. Même si les images réalisées à cette
occasion ne sont pas très détaillés, trois cratères d’impact ont pu
être nommés par l’Union Astronomique Internationale : Bogle, un
esprit écossais plutôt malicieux ; Butz, un esprit méchant sorti de la
culture populaire germanique et Lob, un autre esprit de la culture
britannique.
Mab
Les images de la découverte de Mab
Miranda
Mab est un petit satellite d’un peu moins de 25 kilomètres de
diamètre. Bien isolé, il est en effet coincé entre Puck, le satellite
précédent, et Miranda, la première des lunes majeures du système
d’Uranus. Du fait du grand nombre de satellites présents dans
les parages, l’orbite de Mab est probablement instable et donc
temporaire. Cela étant, il est fort probable que Mab soit à l’origine
de l’anneau µ, le plus externe jusqu’ici découvert autour d’Uranus.
Mab et ce même anneau gravitent tous les deux à 97736 kilomètres
de la haute atmosphère d’Uranus ; des échanges de matière entre
l’anneau et la petite lune pourraient donc être constants. Mab est
depuis 2003, date de sa découverte, considéré comme le dernier des
satellites internes.
Miranda est la plus petite des lunes majeures
d’Uranus : 480 kilomètres dans sa plus grande
dimension. Elle est aussi la plus interne en gravitant
à seulement 129900 kilomètres de sa planète. Il s’agit
du corps le plus perturbé et complexe du système
uranien. Sa surface est en effet riche de nombreuses
et étonnantes formations géologiques : comme un
curieux mélange de zones fortement cratérisées et
d’autres plus lisses… Miranda, tout comme les autres
satellites majeurs de la planète, suit le plan des anneaux
d’Uranus et son axe de rotation si particulier par
rapport au plan du Système solaire. De fait, Miranda
subit comme sa planète des variations saisonnières
extrêmes. Le satellite effectue une révolution en 1.4
jour environ et présente une inclinaison de 4.34° par
rapport à l’équateur d’Uranus, mais également une
excentricité notable, la plus importante des lunes
Vue globale de Miranda par Voyager 2
majeures. Ces deux particularités combinées sont
probablement en partie à l’origine de l’aspect si tourmenté de la modeste lune.
La géographie de Miranda est donc étonnamment complexe pour une lune de cette taille. Avant le passage de
la sonde Voyager 2, on pensait survolait une simple ‘‘boule de glaces’’. Or, on y trouve certes de nombreux
cratères d’impact, chose normale sur un corps de ce type, mais également d’autres formations géologiques
La Porte des Etoiles n°27
• • • • SCIENCES
laissant présager d’une activité passée,,
notamment des escarpements et des failles
spectaculaires. On trouve d’ailleurs ici
les falaises les plus abruptes du Système
solaire. Comme souvent, l’Union
Astronomique Internationale a nommé
ces formations de surface et comme
souvent pour Uranus et son système, les
dénominations font référence à l’œuvre
de Shakespeare.
On trouve d’abord les regiones,
d’immenses zones où se succèdent plaines
et vallons. Quatre sont référencées à la
surface de Miranda :
- Mantua Regio, 400 kilomètres dans sa plus grande largeur, qui est une région italienne où se déroule l’intrigue
des Deux Gentilshommes de Vérone,
- Ephesus Regio, 225 kilomètres, du nom de la maison des jumeaux de La comédie des erreurs,
- Sicilia Regio, 174 kilomètres, du nom de l’île où se déroule le Conte d’Hiver,
- Et Dusinane Regio, 245 kilomètres, du nom de la région du château où Mac Beth est vaincu !
Ensuite, on a des coronae, de grandes structures formées suite à de probables remontées volcaniques :
- Arden Corona, large de 318 kilomètres, rend hommage à la forêt britannique où se déroule Comme il vous
plaira,
- Elsinore Corona, large de 323 kilomètres, du nom de la région danoise où se situe le château d’Hamlet,
- Inverness Corona, plus modeste avec 234 kilomètres de diamètre, et dont le nom provient d’une région
écossaise d’Hamlet.
Deux Rupes sont nommées à la surface de Miranda et correspondent à des immenses falaises :
- Argier Rupes, longue de 140 kilomètres, dont le nom fait référence à une région où se déroule le début de La
Tempête,
- Et Verona Rupes, longue de 116 kilomètres, du nom de la région de Vérone où se déroule l’intrigue de Roméo
et Juliette… Evidemment !
On trouve également deux sillons, baptisés Naples Sulcus, long de 260 kilomètres et Syracusa Sulcus, plus
modeste, qui atteint 40 kilomètres. Ce sont des lieux où se déroulent des scènes de La Tempête et de La
Comédie des Erreurs de Shakespeare.
Enfin, sept cratères d’impact sont nommés Alonso (25 kilomètres), Ferdinand (17 kilomètres), Francisco (14
kilomètres), Gonzalo (11 kilomètres), Prospero (21 kilomètres), Stephano (16 kilomètres) et Trinculo (11
kilomètres). A noter que tous sont des personnages de La Tempête et que quatre d’entre eux, ont aussi donnés
leur nom à des petites lunes uraniennes, voir plus loin.
La Porte des Etoiles n°27
Vue rapprochée de Miranda réalisée par la sonde Voyager 2
• • • • SCIENCES
L’origine de cet aspect si particulier fait l’objet de plusieurs théories. Certains vont dans le sens d’une collision
suivie d’une “ré-acrétion”. Un corps d’une taille significative aurait impacté la petite lune après sa formation,
propageant beaucoup de matériau dans son environnement. Ce matériau aurait ensuite fini par s’agglomérer à
nouveau à Miranda, donnant cet aspect si particulier. D’autres pensent plutôt que ce sont d’anciens phénomènes
de résonances orbitales avec les autres satellites majeurs, notamment Ariel et Umbriel, qui, par le passé
auraient engendré de puissants effets de marées, à l’instar de ce qui se passe pour Io, le satellite de Jupiter. Au
paroxysme de cette résonance, Miranda aurait été expulsée de son ancienne orbite pour en trouver une plus
stable, celle qu’elle suit encore actuellement.
Ariel
Vue globale d’Ariel par la sonde Voyager 2
Avec 1150 kilomètres de diamètre, Ariel est
la quatrième plus grande lune d’Uranus. Elle
gravite à 190900 kilomètres de sa planète et
effectue une révolution en 2.5 jours. Avec
un albédo de 0.39, Ariel est aussi le satellite
de plus brillant du système. Sa structure
interne est différenciée, preuve donc qu’une
activité géologique et certaines formes de
volcanisme ont existé par le passé. La surface
est d’ailleurs très perturbée, alternant entre
cratères d’impact et immenses réseaux de
failles et de canyons. Tout comme Miranda,
la lune précédente, il y a fort à parier que ces
différents signes d’activités et cette géologie
‘‘récente’’ trouvent leur origine dans les
intenses effets de marées créés notamment
par l’excentricité de son orbite, mais
surtout par les phénomènes de résonances
avec les autres satellites majeurs qui ont
probablement existé par le passé. Trois types
de formations géologiques ont été référencés
par l’Union Astronomique Internationale à
la surface d’Ariel : les chasmata, les valles
et les cratères d’impact.
Plusieurs canyons, des chasmata, sont ainsi nommés, ils rendent hommage à des divinités du vent dans
différentes mythologies – Ariel étant un esprit de l’air dans les œuvres de Pope et de Shakespeare :
- Kachina Chasma, est une fracture longue de 620 kilomètres et
large de 50 kilomètres. Kachina est un esprit dans la mythologie
des indiens Hopis,
- Kewpie Chasma, est une autre faille longue de 467
kilomètres,
- Les autres formations de ce type nommées par l’Union
Astronomique Internationale sont Brownie Chasma (343
kilomètres), Korrigan Chasma (365 kilomètres), Kra Chasma
(142 kilomètres), Pixie Chasma (278 kilomètres) et Sylph
Chasma (349 kilomètres).
La surface tourmentée d’Ariel
La Porte des Etoiles n°27
On trouve ensuite deux valles, Leprechaun Vallis, longue de
328 kilomètres et Sprite Vallis, qui s’étend sur 305 kilomètres.
Enfin, l’U.A.I. a nommé en 1988 dix-sept cratères d’impact en
hommage aux esprits, là encore, de différentes mythologies :
irlandaise, esquimau, tchèque ou encore inca. Le cratère le plus
10
• • • • SCIENCES
large se nomme Yangoor et affiche un diamètre de 78 kilomètres. Les autres portent des noms aussi exotiques
les uns que les autres. Il convient donc de ne pas en oublier : Abans, Agape, Ataksak, Befana, Berylune, Deive,
Djadek, Domovoy, Finvara, Gwyn, Huon, Laica, Mab (qui est aussi le nom d’un satellite interne), Melusine,
Oonagh et Rima. Les grands cratères de la surface d’Ariel sont dignes d’intérêt. En effet, peu nombreux, ceuxci semblent s’être formés sur des terrains déjà accidentés. Cela suggérerait que la surface de la lune telle qu’elle
est perçue à l’heure actuelle soit bien postérieure à la formation même du corps et au bombardement intense
qui a régné au moment de la formation du Système solaire. Ariel aurait donc une surface plutôt jeune.
Umbriel
Umbriel est le troisième satellite naturel
d’Uranus par la taille, 1169 kilomètres
de diamètre, et le seizième par ordre
d’éloignement. Il gravite à 266000
kilomètres de sa planète et effectue
une révolution en un peu plus de quatre
jours. Sa rotation est certainement
synchrone, comme les autres satellites
majeurs d’Uranus et du Système
solaire. On pense qu’Umbriel serait en
grande partie constitué de glaces d’eau
au niveau des couches superficielles, et
d’un autre matériau carboné composant
globalement le noyau. Sa surface est
malgré tout monotone et ne montre
pas de signes d’activité aussi marqués
que pour les autres lunes majeures
d’Uranus.
La
surface
d’Umbriel
est
particulièrement sombre. Elle est
d’ailleurs la surface la plus sombre
Vue globale d’Umbriel réalisée par la sonde Voyager 2
du Système solaire, concernant les
satellites planétaires majeurs. La surface est couverte de cratères d’impacts. Elle est aussi la lune uranienne la
plus cratérisée. Comme pour Miranda et Ariel, on trouve également quelques canyons, traces d’une activité
interne passée, mais en beaucoup plus faible proportion. On note pour Umbriel deux hémisphères aux teintes
différentes : l’hémisphère arrière, à l’opposé du sens de la marche, serait plus ‘‘bleu’’ que l’hémisphère avant qui,
lui, serait recouvert de poussières rougeâtres. Ces particules pourraient provenir du système externe d’Uranus
et notamment de petites lunes, probablement d’anciens astéroïdes carbonés capturés. Ces infimes éléments
auraient été ‘‘ramassés’’ par Umbriel et se seraient accumulés sur le sol durant des millions d’années.
À la surface d’Umbriel, seuls des cratères d’impact sont référencés. Il n’y en a d’ailleurs que treize et tous
portent des noms de trolls, de nains, de gnomes ou bien d’esprits, issus de différents coins du monde : Perse,
Australie, Nouvelle-Zélande, Polynésie, Afrique de l’Ouest… Le plus large de ces cratères est Wokolo (208
kilomètres). Viennent ensuite Malingee (164 kilomètres), Wunda (131 kilomètres), Vuver (98 kilomètres), Gob
(88 kilomètres), Kanaloa (86 kilomètres), Skynd (72 kilomètres), Peri (61 kilomètres), Minepa (58 kilomètres),
Alberich (52 kilomètres), Setibos (50 kilomètres), Zlyden (44 kilomètres) et Fin (43 kilomètres).
La principale étrangeté d’Umbriel vient du cratère Wunda (du nom d’un esprit sombre de mythes aborigènes).
Ce cratère de 131 kilomètres de diamètre situé près de l’équateur de la lune présente une structure annulaire
large de plus de 10 kilomètres, très claire, et qui contraste fortement avec le reste de la surface extrêmement
sombre d’Umbriel. Cela dit, aucune hypothèse n’a encore été avancée pour expliquer la présence de cet
anneau clair : peut-être de la glace fraîche issue du sous-sol, peut-être pas… Un mystère de plus à élucider
pour les générations futures.
La Porte des Etoiles n°27
11
• • • • SCIENCES
Titania
Titania est le plus grand des satellites naturels d’Uranus
et accessoirement le huitième de l’ensemble du Système
solaire. Il gravite à 435900 kilomètres de la surface de
la planète et effectue une révolution complète en 8.7
jours. Seuls 40% de la surface de Titania sont connus
à l’heure actuelle. En effet, la sonde Voyager 2 n’a pu
réaliser que quelques clichés pendant son seul survol
en janvier 1986.
Malgré cela, de nombreuses formations géologiques
ont été référencées par l’Union Astronomique
Internationale. Ainsi, on trouve deux canyons, Belmont
Chasma et Messina Chama, longs respectivement
de 238 et 1492 kilomètres ! On a également un
escarpement de 400 kilomètres baptisé Rousillon
Rupes, comme la région française du même nom.
Enfin, l’U.A.I. a nommé un certain nombre de cratères
d’impact : Adriana (50 kilomètres de large), Bona (51
Vue globale de Titania par la sondeVoyager 2
kilomètres), Calphurnia (100 kilomètres), Elinor (74
kilomètres), Gertrude, le plus large (326 kilomètres), Imogen (28 kilomètres), Iras (33 kilomètres), Jessica
(64 kilomètres), Katherine (75 kilomètres), Lucetta (58 kilomètres), Marina (40 kilomètres), Mopsa (101
kilomètres), Phrynia (35 kilomètres), Ursula (135 kilomètres) et Valeria (59 kilomètres). Là encore, tous ces
noms sont issus des comédies de William Shakespeare.
Titania, à l’instar des autres lunes uraniennes majeures, est probablement différenciée. Elle posséderait un
gros noyau rocheux, de plus de 500 kilomètres de large, qui supporterait des couches superficielles composées
essentiellement d’un manteau glacé. Entre les deux pourrait subsister une fine épaisseur d’eau liquide d’une
cinquantaine de kilomètres.
Comme pour Umbriel, le précédent satellite, la surface de Titania présente une asymétrie de teinte entre
l’hémisphère dans le sens de la marche et l’hémisphère arrière. Les spécialistes supposent qu’il s’agit du
même phénomène, à savoir des échanges de matériaux avec le système uranien externe et notamment les petits
satellites irréguliers. La surface de Titania est bien moins cratérisée qu’Obéron et Umbriel, laissant présager
d’une formation plus récente. Une géologie interne et plus spécialement une tectonique plus récente que les
bombardements météoritiques des jeunes années du
Système solaire en seraient la cause. Pour appuyer
cette hypothèse, on peut effectivement noter qu’à la
surface de Titania, il y a de nombreuses craquelures
et beaucoup de canyons qui n’ont pas été impactés,
signes de mouvements importants de la croûte
glacée.
Obéron
En orbitant à une distance de 584000 kilomètres
en 13.5 jours, Obéron est le satellite majeur le
plus éloigné d’Uranus. Obéron est un satellite
relativement dense, probablement composé d’un
noyau rocheux et d’un manteau plutôt glacé. Comme
pour Titania, et avec l’augmentation de la densité en
profondeur, il pourrait exister un océan d’eau liquide
de quelques dizaines de kilomètres d’épaisseur à la
limite de ces deux zones.
La Porte des Etoiles n°27
Vue globale d’Obéron par la sondeVoyager 2
12
• • • • SCIENCES
Il est à peine plus petit que Titania (1522 kilomètres, contre 1577 pour Obéron) et le ressemble en de nombreux
points. La surface est d’ailleurs assez similaire et deux types de terrains ont été relevés par les astronomes
professionnels : un rift nommé Mommur Chasma, long de 537 kilomètres et 9 cratères d’impact. Le plus grand
s’appelle Hamlet et affiche 206 kilomètres de diamètre. Viennent ensuite MacBeth (203 kilomètres), Roméo
(159 kilomètres), Lear (126 kilomètres), Falstaff (124 kilomètres), Coriolan (120 kilomètres), Othello (114
kilomètres), César (76 kilomètres) et Antoine (47 kilomètres).
Contrairement aux autres lunes majeures, la grande majorité de l’orbite d’Obéron se trouve à l’extérieur de
la magnétosphère d’Uranus. Obéron n’est donc pas protégé des affres du vent solaire, mais cela n’influe que
modérément sur son aspect.
Les satellites irréguliers
Au-delà d’Obéron, on a découvert un certain nombre
de satellites irréguliers. Ils ont des tailles et des orbites
très diverses mais ont tout de même été classés en
deux groupes distincts par les scientifiques. Le groupe
le plus interne compte quatre lunes : Francisco,
Caliban, Stephano et Trinculo. Le plus “gros” de ce
groupe est Caliban avec 72 kilomètres estimés. Les
autres sont bien plus modestes avec 32 kilomètres
pour Stephano, 22 kilomètres pour Francisco et 18
kilomètres pour Trinculo.
Contrairement aux satellites externes du système
de Jupiter ou de Saturne, il ne semble pas que ceux
d’Uranus aient une origine commune. Leurs tailles et
leurs paramètres orbitaux sont en effet trop disparates
Image de la découverte de Caliban par le télescope Hale
pour l’envisager : le plus proche satellite du groupe
orbite à environ 4.2 millions de kilomètres d’Uranus, tandis que le plus éloigné le fait à plus de 8.5 millions.
Les inclinaisons et les excentricités sont aussi très variables. Il pourrait donc s’agir d’astéroïdes capturés peu
après la formation d’Uranus.
Malgré tout, ce premier groupe peut être
différencié d’un autre, composé de satellites
rétrogrades plus éloignés et dont l’orbite
est plus excentrique. Il est composé de
quatre lunes : Sycorax, Prospero, Setebos et
Ferdinand. Affichant environ 150 kilomètres,
Sycorax est la plus large. Les autres, Prospero,
Setebos et Ferdinand, sont plus petites avec
respectivement 50, 48 et 20 kilomètres. Le
27ème et pour l’instant plus éloigné satellite
d’Uranus est Ferdinand. Celui-ci orbite à
20 901 000 kilomètres de la surface d’Uranus
et effectue une révolution en 7 ans et 250
jours environ. Là encore, on pense que ces
corps modestes ont une origine externe au
système. Il est également fort à parier que
d’autres “cailloux” de ce type soient encore
à découvrir dans les parages…
Répartition et caractéristiques des satellites irréguliers
La Porte des Etoiles n°27
13
• • • • SCIENCES
Margaret
Parmi les satellites irréguliers d’Uranus, Margaret reste un cas particulier. En effet, la petite lune de 11
kilomètres de diamètre est la seule lune irrégulière prograde du système externe d’Uranus, elle se déplace
dans le sens des aiguilles d’une montre. De plus, en orbitant en 4 ans et 227 jours autour d’Uranus avec une
excentricité moyenne de 0.7 – la faisant ainsi la plus excentrique du Système solaire avec Néréide, satellite
de Neptune – elle montre son “exotisme” par rapport aux autres cailloux circulant dans cette zone. Sans doute
s’agit-il d’un astéroïde capturé par Uranus dont le statut de satellite n’est que temporaire…
Tableau récapitulatif
Dans le tableau ci-après figurent les données de tous les satellites naturels officiellement reconnus par l’Union
Astronomique Internationale. Le matricule correspond à leur dénomination selon la nomenclature de l’U.A.I.
Les distances séparant le satellite de la planète et la taille sont exprimées en kilomètres. La révolution, en
jours, est le temps mis par le satellite pour effectuer un tour complet d’Uranus et l’année correspond à la date
de sa découverte.
Matricule
VI
VII
VIII
IX
X
XI
XII
XIII
XVII
XIV
XXV
XV
XXVI
V
I
II
III
IV
XXII
XVI
XX
XXI
XVII
XXIII
XVIII
XIX
XXIV
Nom
Cordélia
Ophélie
Bianca
Cressida
Desdémone
Juliette
Portia
Rosalinde
Cupidon
Belinda
Perdita
Puck
Mab
Miranda
Ariel
Umbriel
Titania
Obéron
Francisco
Caliban
Stephano
Trinculo
Sycorax
Margaret
Prospero
Setebos
Ferdinand
La Porte des Etoiles n°27
Diamètre
40
43
51
80
64
94
135
72
18
90
30
162
25
472
1158
1169
1578
1522
22
72
32
18
150
20
50
48
20
Distance
49751
53764
59165
61766
62658
64360
66097
69927
74800
75225
76420
86004
97734
129390
191020
266300
435910
583520
4276000
7231000
8004000
8504000
12179000
14345000
16256000
17418000
20901000
Période
0.33
0.37
0.43
0.46
0.47
0.49
0.51
0.55
0.62
0.62
0.64
0.76
0.92
1.41
2.52
4.14
8.70
13.46
266.5
579.7
677.4
749.2
1288.2
1687
1978.3
2225.2
2805.5
Inclinaison
0.08
0.10
0.19
0.01
0.11
0.06
0.06
0.28
0.10
0.03
0
0.32
0.13
4.23
0.26
0.21
0.34
0.06
147.46
139.88
141.88
166.25
152.46
51.46
146.02
145.88
167.35
Découverte
1986
1986
1986
1986
1986
1986
1986
1986
2003
1986
1986
1985
2003
1948
1851
1851
1787
1787
2001
1997
1999
2001
1997
2003
1999
1999
2001
14
• • • • SCIENCES
Histoires d’étoile : Sirius
Par Michel Pruvost
Carte d’indentité
Sirius a Canis Majoris
Constellation : Grand Chien
Ascension droite : 06h 45m 08.9
Déclinaison : -16° 42’ 58’’
Distance : 8.60 ± 0.04 a.l.
Magnitude apparente : -1.44
Magnitude absolue : 1.42
Luminosité : 26.1
Type spectral : A1V
T° de surface : 24800 °K
Diamètre : 3.5 soleils
Voici l’étoile la plus brillante du ciel. Sous nos latitudes nordiques, elle apparaît dans la direction du Sud, le soir
en hiver. Elle se remarque immédiatement grâce à son éclat et à son scintillement. Seules les planètes Vénus
et Jupiter rivalisent avec elle, mais celles-ci ne scintillent jamais, aussi la confusion est-elle impossible.
Sirius commence à être visible le soir en janvier, mais on peut déjà l’apercevoir dès la fin de l’été le matin.
C’est une étoile du ciel austral, aussi, sous nos latitudes, elle ne s’élèvera jamais bien haut au-dessus de
l’horizon Sud. Quand elle passe au méridien, sa hauteur est de 20° environ. Sirius est l’étoile principale de
la constellation du Grand Chien (Canis Major), une constellation assez facilement identifiable à gauche et
au sud de la grande constellation d’Orion. Dans les catalogues d’étoiles, elle est identifiée comme Alpha du
Grand Chien dans celui de Bayer ou 9 du Grand Chien dans celui de Flamsteed.
La Porte des Etoiles n°27
15
• • • • SCIENCES
Sirius à travers l’histoire
Sirius est bien sûr connue depuis que l’Homme observe le ciel. Son éclat n’a pu qu’attirer l’attention. Elle
est mentionnée dans des tablettes cunéiformes babyloniennes d’il y a trois mille ans. Elle s’appelait Kasidi et
était décrite comme une étoile d’un éclat cuivré. Son scintillement, du à sa position basse sur l’horizon, peut la
faire paraître multicolore. C’est d’ailleurs ainsi qu’elle était nommée par les populations d’Arabie : “de mille
couleurs”. Les Chinois avaient aussi noté ces
variations et en avaient tiré quelques présages.
Si la couleur virait au rouge, les conflits armés
n’étaient pas loin, si l’étoile était blanche, les
présages étaient positifs.
Dans l’Égypte des pharaons, Sirius s’appelait
Sopdet. Il y a 5000 ans, les prêtres égyptiens
surveillaient l’arrivée de Sirius dans les lueurs de
l’aube, ce qu’on appelle le lever héliaque, juste
avant celui du Soleil. Cette date avait une grande
importance car elle annonçait le retour de la crue
du Nil autour du 18 juillet de notre calendrier.
Sirius était demeurée invisible pendant 70
jours et sa réapparition débutait le calendrier
égyptien. Dans la pyramide de Kheops, le couloir
baptisé chambre de la Reine est orienté dans sa
direction. Sirius était associée à l’image d’une
petite chienne et l’astronomie est restée fidèle
à cette image puisque Sirius est encore l’étoile
principale de la constellation du Grand Chien. De
cette association, nous avons aussi gardé le mot
canicule (Canis, le chien) associé aux chaleurs
de l’été.
Schéma présentant l’orientation de la pyramide de Kheops
Les anciens Grecs observaient attentivement
l’apparence de Sirius au début de l’été afin d’en
Exemple de calendrier égyptien
tirer des enseignements sur le temps, si l’été
serait sec et chaud, si les récoltes seraient abondantes. Sirius était sensée avoir une influence sur les conditions
climatiques. Peut-être que le scintillement prononcé de l’étoile annonçait de fortes chaleurs ? En tout cas, si
l’étoile apparaissait claire, tout s’annonçait bien. Sirius servait aussi de repère pour les navigateurs grecs et
Hipparque s’en servit pour découvrir et mesurer la précession des équinoxes.
Histoire de noms
Sirius était aussi une étoile très importante pour les Polynésiens. Elle passe au zénith des îles Fidji et sert ainsi
aux navigateurs à se repérer en latitude. Les Maoris l’appellent Takurua, les Hawaïens Ka’ulua’et d’autres
noms lui ont encore été donné comme Tau-ua aux îles Marquises ou Rehua en Nouvelle-Zélande. On compte
d’ailleurs une cinquantaine de noms différents pour cette étoile. Sirius est le plus commun. Ce nom provient
du grec ancien Σείριος Seirios (la torride) et date du 7eme siècle avant JC. Les Arabes l’ont nommée ‫ىرعشلا‬
Ash-shira (le leader). En Sanskrit, Sirius est connue sous le nom Mrgavyadha le chasseur de cerf, les Vikings
l’ont appelée Lokabrenna, tandis qu’au Japon, on l’appelle 青星 Aoboshi, l’étoile bleue. Les Chinois l’ont
appelée 天狼 Tianlang, le loup céleste. Il est assez remarquable que de nombreuses civilisations à priori isolées
les unes des autres aient donné à Sirius cette relation avec le chien. Ainsi, les Tohono O’odham d’Amérique du
Nord, les Cherokee, les Pawnees ont associé Sirius à un chien suivant un mouton, un coyote ou un loup. Enfin,
il faut noter ce nom étonnant que lui avaient donné les bergers de Provence au 17ème siècle : Jean de Milan.
La Porte des Etoiles n°27
16
• • • • SCIENCES
Le système de Sirius Dogon
Dessin dogon du présumé système de Sirius tracé sur le sable
par l’ancien chasseur Dogon Ogotommêli et interprété par les
éthnologues français Marcel Griaule (1898-1956) et Germaine
Dieterlen (1903-1999).
A - Sirius
B - pô tolo (Sirius B) présenté dans deux positions
C - emma ya (le Soleil féminin ou Sirius C)
D - le Nommo
E - le Yourougou, persoonga mythologique mâle destiné à
poursuivre son jumeau féminin
F - l’étoile des femmes, un satellite de emma ya
G - le signe des femmes
H - le sexe des femmes représenté par une forme d’utérus
Le système complet est placé dans un ovale représentant
Amma, l’oeuf primordial du monde.
Les controverses
Sirius est aussi l’objet de plusieurs débats et controverses. Ainsi, le peuple Dogon au Mali possède des
connaissances astronomiques étonnantes sur cette étoile comme la période de révolution de Sirius B qui est de
cinquante ans alors qu’aucun Dogon n’a eu accès au moindre télescope. Certains ont pu échafauder quelques
théories fumeuses mais le plus probable est que ces connaissances ont été diffusées par des scientifiques
français en 1893 lors d’une éclipse.
Autre controverse, Sirius aurait été rouge comme Aldébaran dans l’Antiquité. Celui qui l’a noté n’est autre que
Ptolémée dans son livre l’Almageste. Il décrit Sirius comme une des six étoiles rouges du ciel avec notamment
Arcturus et Betelgeuse. Il n’est pas le seul à le dire. Sénèque, Horace et Cicéron également décrivent Sirius
comme une étoile rouge. Mais d’autres, comme Marcus Manilius, la décrivent bleutée ou carrément blanche.
Au XVIIIème siècle de notre ère, Grégoire de Tours décrit Sirius comme une étoile rouge dans son livre
De cursu stellarum ratio. Mais Grégoire de Tours n’est pas astronome et il y a peut-être eu confusion avec
Arcturus.
Certains scientifiques dans les années 1980 ont soutenu l’hypothèse que Sirius B, le compagnon de Sirius
ait pu être à cette époque une géante rouge, mais cette hypothèse a été rejetée car il faut beaucoup plus que
quelques milliers d’années pour transformer une géante rouge en naine blanche et il n’y a aucune trace de
nébuleuse autour de Sirius. Une interaction avec une troisième étoile a aussi été proposée, mais l’explication
la plus probable reste la scintillation de l’étoile et sa
proximité avec l’horizon. Les conditions atmosphériques
qui rougissent le Soleil quand il est proche de l’horizon
produisent le même effet sur les étoiles.
L’étoile la plus brillante du ciel
L’éclat de Sirius dans notre ciel a deux origines. La
première est sa relativement faible distance de notre
Système solaire (à l’échelle astronomique). Celle-ci a
été mesurée à 2.6 parsecs (8.6 années-lumière). Elle
est donc la cinquième étoile la plus proche de nous. De
cette distance, on déduit l’éclat réel de l’étoile qui se
trouve être 25 fois celui de notre Soleil. Sa magnitude
absolue est de 1.42.
La Porte des Etoiles n°27
Sirius, la plus étincelante étoile de ce champ stellaire
17
• • • • SCIENCES
En 1718, Edmund Halley découvrit que Sirius se déplaçait sur le fond du ciel. Il compara la position qu’il
avait mesurée avec celle notée par Ptolémée dans l’Almageste et découvrit un écart de 30 minutes d’arc. Les
mesures de Ptolémée étant suffisamment précises pour réfuter une erreur, la seule solution à envisager était
que Sirius s’était déplacée d’un diamètre lunaire en 1800 ans. En 1868, Sir William Huggins mesura sa vitesse
radiale en découvrant un décalage vers le rouge de ses raies spectrales et conclut qu’elle s’éloignait du Soleil
à la vitesse de 40 km/s. Depuis, les mesures ont été affinées et le mouvement radial de Sirius est désormais de
7.6 km/s vers le Soleil.
D’infimes changements dans le mouvement propre
de Sirius incitèrent l’astronome allemand Friedrich
Bessel, en 1844, à penser que l’étoile n’était pas seule
mais possédait un compagnon invisible. Celui-ci fut
observé 18 ans plus tard par Alvan G. Clark qui le
nomma Sirius B, le “chiot”. Au début du XXème
siècle, la présence d’un troisième compagnon a été
soupçonnée mais cela n’a jamais été confirmé.
Vue rapprochée de Sirius A et de son compagnon Sirius B
Sirius est donc une étoile double. La distance
séparant les deux composantes varie de 8.1 à 31.5
unités astronomiques, soit une distance moyenne
correspondant à l’orbite d’Uranus. Les deux étoiles
orbitent l’une autour de l’autre en 49.9 années.
L’étoile principale, Sirius A, celle qu’on voit à l’œil nu, est une étoile blanche de la séquence principale et de
type A1V. Sa température de surface est estimée à 9940 K. Sa masse est environ 2.1 fois celle du Soleil. Avec
celle-ci, l’espérance de vie de Sirius A est d’un petit milliard d’années et son âge est estimé à 230 millions
d’années. Sa vitesse de rotation est de 16 km/s, ce qui en fait une belle sphère très peu aplatie. Le spectre de
Sirius A montre des raies d’éléments lourds, beaucoup plus que dans l’atmosphère du Soleil. On pense que
cet enrichissement s’est fait à partir de la matière éjectée de son compagnon quand celui-ci était au stade de
géante rouge. Le diamètre angulaire de Sirius A est de 5.936 milliarcs seconde soit un diamètre de l’étoile de
2 500 000 kilomètres.
En 1909, Ejnar Hertzsprung a suggéré que Sirius appartenait au courant d’étoiles de la Grande Ourse. Ce
courant est un groupe de 220 étoiles qui fut un amas ouvert et qui contient plusieurs étoiles de la Grande
Ourse. Des analyses récentes effectuées en 2003 et 2005 ont remis en question cette appartenance, l’âge du
groupe de la Grande Ourse étant de 500 millions d’années alors que celui de Sirius n’est que de 230 millions
d’années. Sirius pourrait faire partie d’un autre groupe d’étoiles avec Beta Cocher, Alpha Couronne Boréale,
Beta Eridan et d’autres.
L’observation de Sirius n’apporte pas grand-chose à part le plaisir de voir une belle étoile brillante. La séparation
des deux composantes oscille entre 3 et 11 secondes d’arc et la forte luminosité empêche de distinguer Sirius
B facilement. Il faut au minimum un instrument de 300 millimètres de diamètre et des conditions parfaites de
turbulence pour espérer dédoubler Sirius. 2025 sera une bonne période d’observation.
Les diamètres de l’étoile Sirius B et de la planète Terre sont quasiment identiques
La Porte des Etoiles n°27
18
• • • • SCIENCES
Quelques mots sur Sirius B
Son compagnon, Sirius B, est une naine blanche
de type DA2, 10 000 fois moins brillante que
l’étoile principale, cadavre d’une étoile plus
massive que Sirius A et qui a évolué en géante
rouge puis en naine blanche il y a 120 millions
d’années. Elle fut identifiée comme telle en 1915.
C’était la deuxième naine blanche découverte.
Son diamètre a été mesuré précisément en
2005 avec le télescope Hubble ; il vaut 12 000
kilomètres soit celui de la Terre, mais pour une
masse de 98% de celle du Soleil. C’est une des
plus massives naines blanches. Sa température
de surface est de 25 200 K. Cette étoile n’a plus
maintenant de source d’énergie interne et se
refroidit lentement mais son rayonnement devrait
Orbite de Sirius B autour de Sirius A pour les prochaines années
encore durer plus de deux milliards d’années. On
pense que l’étoile initiale était une étoile de type B, bleue, et de masse égale à 5 fois celle du Soleil. Le spectre
de Sirius B ne montre que des raies d’Hydrogène, cet élément léger flottant au-dessus du cœur de l’étoile.
Dans la littérature
Sirius est fréquemment présente dans les récits de science fiction : Micromegas par exemple, qui est un conte
de Voltaire paru en 1752 où il est décrit la visite de la Terre par un habitant de Sirius. Larry Niven, dans la
série d’histoires Known Space imagine la planète Jinx, satellite d’une géante gazeuse en orbite autour de Sirius
A. Jinx est 6 fois plus massive que la Terre et les forces de gravitation lui ont donné la forme d’un ballon de
rugby mais des colonies humaines y survivent. Dans le roman Wasp, Eric F. Russel décrit une guerre entre
les Siriens et les Terriens. Un homme seul va dans le système de Sirius pour semer la discorde dans le camp
ennemi. On peut citer aussi le film Planète hurlante. Sur la planète Sirius 6b, des scientifiques luttent contre
une multinationale au milieu des hurleurs, des machines programmées pour tuer toute vie.
La Porte des Etoiles n°27
19
• • • • PATRIMOINE
L’observatoire de Gand
et la lunette de Désiré Van Monckhoven
Par Simon Lericque
Situation
Gand (Gent en flamand), cité de l’ouest de la Belgique, est la capitale de la province de Flandre-Orientale.
L’agglomération gantoise, logée à la confluence de la Lys et de l’Escaut compte près de 250 000 habitants. Elle
est surtout réputée pour être la première ville étudiante de Belgique abritant notamment plusieurs grandes écoles
mais aussi l’Université de Gand, UGent. C’est au sein de cette structure, à l’Institut des Sciences, que l’on va
trouver l’Observatoire astronomique. Ce dernier se cache des regards indiscrets, entre la rue Joseph Plateau
et le Rozier, à deux pas de la vieille ville. En fait, l’un des rares moyens d’apercevoir la coupole verdâtre de
l’extérieur, est de grimper au sommet de la Boekentoren (la Tour des livres en français), une tour de 64 mètres
abritant aujourd’hui la plus importante bibliothèque universitaire de la ville. La plupart des observatoires
astronomiques anciens se trouvent généralement en périphérie des grandes villes et en cela réside la première
particularité de celui de Gand, bâti sur le toit d’un bâtiment datant de la fin du XIXème siècle. L’histoire de
l’observatoire est, comme souvent, liée à quelques personnages prépondérants. Commençons avec Désiré Von
Monckhoven, l’instigateur du réfracteur historique.
La Porte des Etoiles n°27
20
• • • • PATRIMOINE
Von Monckhoven et la photographie
Désiré Von Monckhoven voit le jour quelques années avant
l’apparition de la photographie ‘‘moderne’’ en 1839. En effet,
il nait à Gand le 25 septembre 1834, dans un quartier pauvre
de la ville. Très jeune, il s’intéresse aux sciences d’une manière
générale et n’a que 16 ans lorsqu’il publie son premier ouvrage,
un manuel de chimie. Deux ans plus tard, il récidive avec, cette
fois, un livre sur la physique. Pendant leur écriture, son intérêt
pour la photographie grandit et, une fois ses études secondaires
achevées, il fait de sa passion son métier en devenant l’apprenti
de Charles d’Hoy (1823-1895), un photographe réputé de la
région de Gand.
En 1855, du haut de ses 21 ans, Désiré Von Monckhoven publie
en France son Traité de photographie sur Collodion et un an
plus tard le Traité général de photographie, qui deviendra une
référence mondiale à l’époque. À partir de 1857, Désiré Von
Monckhoven s’inscrit à la Faculté des Sciences de Gand, d’où
il sortira Docteur en Sciences cinq ans plus tard. Mais malgré ce
Désiré Van Monckhoven
diplôme en poche, sa situation n’en reste pas moins précaire et il
sera contraint de prendre un poste d’employé de banque, d’autant qu’il rencontre sa future femme, Hortense,
qui lui donnera rapidement des jumeaux, Jean et Georges. Cet emploi “stable’’ lui permettra aussi de poursuivre
ses expériences photographiques qui déboucheront sur le dépôt d’un brevet sur un système d’agrandisseur
dialytique.
En 1866, Von Monckhoven part pour Vienne, la capitale autrichienne, où il installe son premier studio photo.
Celui-ci prospère plusieurs années mais en 1872, Désiré décide de rentrer à Gand pour y épouser Hortense.
De sa période viennoise, Désiré Von Monckhoven revient surtout avec une réputation grandissante dans le
monde germanophone et francophone. Il se lance dans la commercialisation et le développement technique
de matériel photographique et installe même une usine de papier photo à l’arrière de son domicile. Grâce à
cela, l’argent n’est rapidement plus un problème pour lui et sa famille. En 1879, il invente même un nouveau
procédé de sensibilisation de plaques photographiques à base de bromure d’argent. Cette petite révolution,
qui rend accessible à tous la photographie, lui permet encore
et toujours de développer ses activités et il fonde une nouvelle
unité de production. Mais alors qu’il connaît le succès dans tous
les domaines de sa vie, Van Monckhoven décède brutalement
d’une crise cardiaque à Gand le 25 septembre 1882, jour de
son anniversaire... Même s’il n’avait que 48 ans, il aura marqué
l’histoire de la photographie et surtout la démocratisation de cette
discipline longtemps réservée aux plus aisés. C’est sa veuve,
Hortense, qui prendra alors les rennes de l’entreprise, succédée
quelques années plus tard par ses fils Jean et Georges. La société
connaîtra son apogée vers 1900 mais la concurrence se faisant
sans cesse plus intense, celle-ci fermera définitivement ses portes
en 1908.
Van Monckhoven et la 228
La lunette au début du XXème siècle
La Porte des Etoiles n°27
Désiré Van Monckhoven était aussi un astronome amateur puisqu’il
avait au fond de son jardin un observatoire sous lequel on pouvait
trouver une lunette de 150 millimètres de diamètre, une taille déjà
conséquente pour l’époque. L’astronomie de position étant très
en vogue au XIXème siècle, le photographe a longtemps songé
21
• • • • PATRIMOINE
à se lancer dans la réalisation
d’un atlas stellaire. Mais si
le nom Von Monckhoven
fait écho dans le monde de
l’astronomie, c’est surtout
grâce à la seconde lunette
qu’il a fait construire et qui est
désormais installée au sein de
l’observatoire de l’Université
de Gand. Commandée en
1879, la lunette ne sera livrée
qu’en 1882, à peine quelques
semaines avant le décès de
Van Monckhoven. On ignore
d’ailleurs les intentions du
propriétaire concernant le
bâtiment qui avait vocation
à accueillir l’instrument,
puisqu’aucun document n’a
été retrouvé à ce jour.
La lunette, toute en laiton,
est équipée d’un objectif de
228 millimètres de diamètre
et affiche une focale de 2.5
mètres. Le rapport F/D de
On se voit bien aux commandes de l’engin...
10.9 en fait une lunette plus
ouverte que la plupart de celles construites à cette époque. Elle est idéale pour l’observation des étoiles et
surtout l’astrophotographie qui nécessite plus de lumière, sujets que Von Monckhoven envisageait de traiter
avec son réfracteur. L’optique, qui porte le numéro 9779, provient de la société CA Steinheil & Söhne de
Munich. Celle-ci, très réputée dans la deuxième moitié du XIXème siècle dans la production d’optique de
réfracteurs et d’astrographes, a d’ailleurs équipé plusieurs observatoires professionnels comme ceux de Berlin,
Munich ou Potsdam. Le reste de l’instrument, notamment la monture équatoriale, est l’œuvre de la société
anglaise T. Cooke & Sons. Il est d’ailleurs fait mention de la société d’York sur le pilier de la monture.
À la mort de Désiré, sa veuve Hortense vend à l’Université de Gand la lunette de 228 et la monture équatoriale de
son époux. Pour 27000 francs-or de l’époque, elle cède aussi une petite lunette méridienne, diverses oculaires,
un micromètre, un spectroscope, deux horloges astronomiques ainsi que du matériel photographique. Hortense
Von Monckhoven accepte que le ministère de l’Education du pays s’acquitte de la somme, très importante
pour l’époque, sur une durée de six ans.
Vue rapprochée sur l’objectif Steinheil & Söhne
La Porte des Etoiles n°27
Vue sur le pilier et le mécanisme d’entrainement
22
• • • • PATRIMOINE
L’histoire de l’observatoire
L’histoire de l’observatoire de Gand débute bien avant celle de
Van Monckhoven puisque les premiers écrits faisant mention
de l’astronomie dans la cité flamande datent de 1817. On y
parle notamment d’un télescope de type Newton financé par
le roi Guillaume Ier et qui se trouve aujourd’hui au musée
des sciences de l’Université de Gand. Mais l’astronomie à
Gand restera très théorique car durant une bonne partie du
XIXème siècle, on y enseignera uniquement l’astronomie
mathématique. L’Université restera d’ailleurs dépourvue de
véritable site d’observation.
L’indépendance de la Belgique et le développement du rail
vont accélérer les choses pour l’Université. La maîtrise de
l’heure va devenir une préoccupation nationale car déjà à
cette époque, on se plaignait du retard des trains. Il fallait
rapidement homogénéiser les heures des plus grandes villes
L’Institut des Sciences et sa coupole au début du
de Belgique qui pouvaient varier de plusieurs dizaines de
XXème siècle
minutes d’un lieu à l’autre et c’est sous l’égide d’Adolphe
Quetelet (voir l’article ‘‘Sous le ciel de l’Observatoire Royal de Belgique’’, la Porte des Étoiles numéro
16), directeur de l’Observatoire Royal de Belgique, que cela va être entrepris. Gand fera partie des villes
‘‘référence’’ pour l’établissement de l’heure et pour cela, l’observatoire va notamment être équipé d’un cercle
méridien et de divers outils de mesures du temps solaire. Hélas, l’avènement du télégraphe rendra rapidement
cet observatoire obsolète et le temps établi depuis la capitale Bruxelles deviendra la référence pour toute la
Belgique. Le site tombe alors en désuétude et, en 1874, le Conseil Municipal décide de le démolir, celui-ci
risquant de s’effondrer sur les passants. C’est la fin du premier observatoire astronomique de Gand.
Deux décennies plus tard, on en renvient à l’histoire la lunette de Désiré Von Monckhoven. Après la démolition
de son premier observatoire, l’Université de Gand ne possède plus de lieu digne d’accueillir le matériel du
photographe. Ce dernier sera alors stocké dans caves et greniers à partir de 1882. Sont alors émises plusieurs
solutions pour exploiter l’instrumentation de Van Monckhoven. Un temps, il est envisagé d’installer le nouvel
observatoire sur un monticule dans le parc de la Citadelle de Gand, ou alors à proximité de l’Ecole Normale de
la ville, mais ces possibilités sont vite abandonnées car les chaussées proches et les vibrations engendrées par
la circulation sont telles que la stabilité laisse à désirer. Et puis surtout,
les cheminées fumantes des industries sont légions dans ces quartiers. Ce
n’est que bien des années plus tard, en 1907, qu’un nouvel observatoire
astronomique voit finalement le jour au sommet des locaux de l’Institut
des Sciences, déjà érigé plusieurs années auparavant. C’est là qu’on le
trouve encore aujourd’hui.
Les premières années de l’observatoire sont étroitement liées à son
directeur, Louis-Nicolas Vandevyver (1860-1918). Bénéficiant de
ressources financières limitées, il s’emploie à offrir un rendement optimal
à ses instruments. Bien qu’installé sur les hauteurs de la ville de Gand, le site
n’offre pas les conditions météorologiques et atmosphériques suffisantes
pour un travail scientifique professionnel de pointe. De ce fait, l’instrument
avait surtout vocation à former les étudiants à la manipulation, à la
préparation, aux réglages d’un équipement d’observation astronomique.
Évidemment intéressé par l’astronomie, la passion de Vandevyver reste
Portrait de Louis Vandevyver
néanmoins la météorologie. C’est ainsi que les premiers relevés débutent
à l’observatoire en 1907 et qu’un annuaire météorologique est publié l’année suivante. L’observatoire est très
actif jusqu’à ce que débute le premier conflit mondial en 1914. Vandevyver décède à la fin de la guerre et sans
force vive pour porter les projets scientifiques, l’observatoire de Gand devient moins productif.
La Porte des Etoiles n°27
23
• • • • PATRIMOINE
Une (petite) partie du baromètre géant
Un instrument ingénieux : l’héliographe
Un pluviomètre (car il pleut en Belgique)
Après la Première Guerre Mondiale, l’astronomie théorique prend de nouveau le pas sur la pratique au sein
des enseignements de l’observatoire. Sous l’impulsion du professeur Merlin, la météorologie surpasse elle
aussi l’astronomie avec la création d’une plate-forme météo en 1926. La coupole abritant la lunette de 228
millimètres sera délaissée durant une bonne partie du XXème siècle. À la fin des années soixante-dix, les
locaux des astronomes professionnels migrent vers un nouveau campus et la coupole de l’ancien observatoire
reste abandonnée vingt années durant. Il faudra alors la passion et l’engagement de nombreux bénévoles pour
rénover la coupole et les instruments scientifiques qu’elle accueille. L’association des Amis de l’Observatoire
de l’Université de Gand voit le jour en 1989 et aura vocation à remettre en état les bâtiments et le matériel. La
lunette de 228 sera d’abord démontée en 1993 pour être nettoyée. La même année les travaux de rénovation
sont entamés. Ceux-ci dureront plusieurs années.
Quelques mots sur Armand Pien
Parmi les membres fondateurs de cette association, on trouve Armand Pien. Né en 1920 et décédé en 2003,
il fut l’un des plus célèbres météorologues de la télévision belge, où il officia durant près de 40 ans. Il était
généralement connu sous le sobriquet ‘‘Weatherman’’. Dans les années soixante et soixante-dix, en plus de
ces activités professionnelles, il s’investira longuement dans la vulgarisation de l’astronomie auprès du public
néophyte des régions flamandes. Dans ses jeunes années, il avait été étudiant à l’Institut des Sciences de Gand
et s’est logiquement investit dans la sauvegarde du patrimoine scientifique des lieux dans les années quatrevingt-dix. En hommage à ce personnage haut en couleurs, l’ancien observatoire de l’Université de Gand porte
désormais son nom.
Armand Pien ‘‘Weatherman’’ sur le plateau de tournage de la météo belge
La Porte des Etoiles n°27
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• • • • PATRIMOINE
L’association
L’association des amis de l’Observatoire
Armand Pien a évidemment pour but de
rassembler des astronomes amateurs de la
région afin qu’ils puissent pratiquer leur sport
favori. Il y a, depuis quelques temps déjà,
une deuxième coupole abritant un télescope
moderne à deux pas de la 228 millimètres
permettant aussi l’observation et l’initiation
à l’astrophotographie. L’association dispose
également d’une remarquable bibliothèque
d’ouvrages scientifiques et d’un incontournable
‘‘astrobar’’. Mais le club a surtout la volonté
de vulgariser l’astronomie et la météorologie
auprès du grand public et des scolaires. C’est
dans ce cadre que l’association propose aux
enseignants et à leurs élèves de tous niveaux
des visites de l’observatoire et des ateliers
thématiques en lien avec l’astronomie, la
météorologie ou l’écologie.
L’observatoire est ouvert gratuitement au
public chaque mercredi soir. Si la météo est
correcte, des observations aux instruments sont
proposées depuis la plateforme météo avec
une vue spectaculaire, surplombant la plaine
de Gand. La visite de la coupole historique
est également possible et les curieux assistent
également à des représentations en trois
dimensions d’une remarquable qualité dans la
salle de conférence.
La coupole de la 228 aujourd’hui
La visite des groupes est traditionnellement organisée le vendredi soir. Elle comprend une présentation de
l’histoire et du fonctionnement de l’observatoire, une démonstration en trois dimensions et une visite des
installations astronomiques, dont la lunette historique de Désiré Van Monckhoven. Durant les périodes estivales,
il est aussi possible de solliciter l’association pour une visite à la carte, mais il est préférable de prévenir à
l’avance afin que les bénévoles de l’association Armand Pien puissent s’organiser pour vous recevoir.
Sources et remerciements
Merci à Patrick Lonneville, Président de l’association des Amis de l’Observatoire Armand Pien, pour son accueil
et sa disponibilité. Merci à André Amossé, Président de l’Association Jonckheere, les amis de l’Observatoire
de Lille, pour sa relecture attentive.
Le site de l’association Armand Pien (en flamand) : http://www.rug-a-pien.be
Le site de l’Université de Gand (en flamand et en anglais) : http://www.ugent.be
La Porte des Etoiles n°27
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• • • • PATRIMOINE
La méridienne
de Rome
Par Jérôme Clauss
Historique
C’est vers 1702 que le pape Clément XI demanda
au philosophe, historien et astronome italien,
Francesco Bianchini (1662-1729) de construire
une méridienne à Rome. L’objectif d’une telle
réalisation était de vérifier l’exactitude du
calendrier grégorien récemment mis en place
et de définir une méthode de calcul fiable de la
date de Pâques. Il y avait là aussi une volonté de
doter Rome d’une méridienne qui surclasserait
celle qu’avait construite Jean-Dominique Cassini
(1625-1712) dans la basilique San Petronio de
Bologne. C’est en hommage au Pape Clément XI
que l’on nomme souvent la méridienne de Rome
la ‘‘ligne Clémentine’’.
Bianchini et son instrument d’optique
La Porte des Etoiles n°27
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• • • • PATRIMOINE
Pour comprendre pourquoi c’est la basilique Santa Maria degli Angeli e dei Martiri (Sainte-Marie-des-Angeset-des-Martyrs en français) qui a été choisie, il faut revenir aux origines de celle-ci. En effet, avant d’être une
église, cet endroit était une partie des thermes de Dioclétien (244-311), un empereur romain qui régna entre
284 et 305. Ces thermes furent abandonnés suite à la destruction par les Goths de l’aqueduc qui les alimentait
en eau. C’est 1000 ans plus tard, dans les années
1500, que le pape Pie IV souhaita transformer
le lieu en édifice religieux. Les travaux furent
confiés à Michel-Ange. Ainsi, la basilique occupe
aujourd’hui les anciennes salles du caldarium (salle
froide des thermes), du tepidarium (salle tiède) et
surtout l’immense salle centrale des thermes.
Parmi tous les édifices religieux de Rome (il y en a
environ 900), cette église fut choisie pour accueillir
la méridienne pour plusieurs raisons : comme tous
les thermes romains, ils étaient orientés au Sud ;
la hauteur et la grandeur de la salle permettaient
le tracé d’une méridienne très longue et donc plus
précise et les anciens murs ayant étaient conservés,
Plan de la basilique avec le tracé de la méridienne
les fondations étaient bien ancrées dans le sol.
Cette ‘‘solidité’’ offrait l’assurance que les instruments d’observation, soigneusement calibrés et calés ne se
déplaceraient pas. Preuve en est, le site ne subit aucun dommage lors du violent tremblement de terre de 1703
alors que plusieurs édifices romains furent fissurés.
Bianchini était admiratif de l’héliomètre de San Pétronio réalisé par Cassini. Il estimait que c’était ’’le plus
grand et le plus exact instrument en astronomie à voir en Europe’’. Pour la réalisation de la méridienne de
Rome, Bianchini demanda donc de l’aide à Cassini, notamment pour appliquer les méthodes de nivellement
utilisées à Bologne. Il se fit également aider du mathématicien Gabriele Manfredi (1681-1761). Il faudra six
mois de travail, jour et nuit, pour que Bianchini achève son œuvre. À partir de là, la méridienne sera utilisée
pour un tas de mesures astronomiques, notamment la précision de la valeur du méridien romain. De plus,
toutes les horloges de Rome seront réglées à midi en se basant sur les informations données par la méridienne.
Cela perdurera jusqu’en 1846 où le coup de canon du Janicule (colline de Rome située au Sud du Vatican) prit
la relève.
Gravure montrant les axes de visées du Soleil sur la méridienne et de l’étoile polaire sur les ellipses
La Porte des Etoiles n°27
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• • • • PATRIMOINE
La méridienne
Dans la basilique, Bianchini opta pour un
aménagement qui donnerait la méridienne la plus
longue : 43,255 mètres au total. Il n’apporta aucune
nouveauté quant à la construction de la ligne et
reprit les techniques utilisées par Cassini pour celle
de San Petronio. La méridienne est matérialisée par
une lame de bronze incrustée dans un marbre blanc
et jaune. Elle est construite le long du méridien
qui traverse Rome à la longitude 12°50’. Au midi
solaire, lorsque le Soleil passe au méridien vers
12h15 (13h15 à l’heure d’été), les rayons du Soleil
traversent un petit orifice percé dans le mur pour
La méridienne traverse le sol de la basilique
atteindre la ligne. Il apparaît donc au sol un disque de
lumière. Au solstice d’été, le Soleil apparaît plus haut,
et la tache de lumière frappe la ligne méridienne au
point le plus proche du mur. Au solstice d’hiver, c’est
l’inverse, le rayon croise la ligne au point le plus éloigné
du mur. Aux deux équinoxes, le disque lumineux
touche la ligne exactement à mi-chemin entre les deux
extrémités.
L’oeilleton austral caché par les armoiries de Clément XI
Par contre, c’est dans les ornements et les équipements
de la ligne que Bianchini montra tout son génie. Le
long de la lame de laiton sont représentés les signes
du zodiaque dans du marbre polychrome. Ceux-ci ont
été réalisés par les peintres Carlo Marata et Francesco
Tedeschi. Le long de la méridienne sont aussi incrustées
des étoiles en laiton indiquant la position des étoiles les
plus brillantes du ciel. Bianchini fera aussi décorer le
trou méridional et installer la croix boréale dont nous
reparlerons aux chapitres suivants.
La tache de lumière s’approche de la ligne de bronze : il est presque midi !
La Porte des Etoiles n°27
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• • • • PATRIMOINE
L’œilleton austral
Contrairement à San Petronio, où l’orifice par
lequel les rayons du Soleil entrent est juste une
ouverture entourée d’une peinture représentant
le Soleil, à Santa Maria degli Angeli, ces
rayons lumineux passent à travers un œilleton,
en fait, un trou aménagé dans les armoiries de
Clément. Celles-ci sont représentées en relief
sur un panneau qui peut pivoter, de manière à,
lorsqu’on l’ouvrait, pouvoir observer le Soleil
et la Lune de part et d’autre du méridien, ainsi
que d’effectuer des mesures sur les étoiles. Le
raffinement a été poussé jusqu’à peindre les
armoiries de Clément à l’arrière du panneau de
façon qu’aucun utilisateur n’ignore qui l’a fait
construire.
Principe de fonctionnement de l’oeilleton austral
La croix boréale
Bianchini a été le premier (et le seul) à penser
‘‘regarder’’ vers le Nord. Grâce à la croix boréale,
Bianchini pouvait observer les positions de
l’étoile Polaire et d’autres étoiles circumpolaires.
Une fois la Polaire visée, Bianchini regardait par
l’objectif et indiquait à son assistant l’endroit
où repérer la projection de l’étoile. Il justifia
ce travail supplémentaire par le fait de pouvoir
connaître avec exactitude minuit en observant
la position de la Polaire et donc le début du
jour ecclésiastique. De cette manière les fidèles
ne jeûneraient pas une minute de plus que
nécessaire.
L’étoile polaire ne se trouvant pas exactement au
pôle Nord céleste, elle décrit un cercle autour de
lui. Ce cercle, une fois projeté sur le sol de la
basilique, donne une ellipse. Si l’axe de la Terre
était fixe dans le temps, Bianchini n’aurait dû
dessiner qu’une ellipse sur le sol. Cependant cet
axe de rotation suit un cycle qui dure environ
25800 ans : c’est la précession des équinoxes.
Ce parcours croise d’ailleurs plusieurs étoiles
brillantes (Thuban, Alderamin, Vega…) et
actuellement le pôle Nord céleste est proche d’une
étoile que nous avons baptisé Polaris. Bianchini
a donc du dessiner plusieurs ellipses. Le tracé
le plus externe correspond à la projection de la
trajectoire de l’étoile polaire en 1700, à l’époque
où a été construite la méridienne. Les intervalles
entre les ellipses représentent 25 ans. On constate
d’ailleurs que c’est vers 2100 que notre étoile
Polaire sera la plus proche du pôle Nord, elle
décrira alors l’ellipse la plus intérieure. Les 17
La Porte des Etoiles n°27
La croix boréale
Projection sur le sol de l’orbite de l’étoile polaire
Vue détaillée sur les inscriptions aux abords des ellipses polaires
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• • • • PATRIMOINE
ellipses de Bianchini donnent ainsi une image
vivante de la précession des équinoxes sur une
période de 800 ans, entre 1700 et 2500. On
voit d’ailleurs les années marquées sur chaque
ellipse, si on prend la plus extérieure on lit
MDCC soit 1700 et MMD soit 2500.
On peut lire cela sur le sol de la basilique,
entre les ellipses 5 et 6 (en comptant à partir de
l’ellipse la plus externe) : ‘‘STELLAE POLARIS
ORBITAE AD ANNOS OCTINGENTOS’’, soit :
’’orbites de l’étoile polaire pour les huit cents
ans à venir’’. Bianchini s’est particulièrement
appliqué à réussir le tracé des 17 ellipses,
qui représentait une difficulté importante
Le zodiaque est indiqué à côté de la méridienne : ici le Taureau
avec les seules armes de la géométrie. Hélas,
aujourd’hui, on ne peut plus observer l’étoile Polaire à travers la croix boréale puisqu’elle a été bouchée en
1749 par l’architecte Vanvitelli, sans que l’on en connaisse encore la raison.
Pour son tricentenaire en 2002, la méridienne a bénéficié d’une rénovation et a ainsi retrouvé son lustre
d’antan. Elle est, pour les guides de voyage, le plus bel objet à voir dans la basilique. Cette méridienne n’est
pas la seule que l’on peut voir en Italie mais c’est celle qui laisse souvent le plus fort souvenir. On ne peut que
conseiller à tous ceux qui passent par Rome de faire un détour pour aller l’admirer.
Vue générale des ellipses de Bianchini
La Porte des Etoiles n°27
30
• • • • VOYAGE
Quelques jours en Cotentin
Par Simon Lericque
Après le séjour en Tchéquie, on prend les mêmes (ou presque) et on recommence. Pour ce nouveau séjour hors
du Nord-Pas-de-Calais, cap sur la Normandie et la pointe du Cotentin. Pendant quelques jours, nous poserons
nos valises et nos télescopes à Siouville-Hague à une vingtaine de kilomètres de Cherbourg. La Normandie
à la fin du mois d’octobre, le pari était osé... mais il sera globalement réussi. Récit de cette nouvelle aventure
du GAAC.
La Porte des Etoiles n°27
31
• • • • VOYAGE
Vendredi 24 octobre
Il est 8h30, l’heure du rendez-vous fixé à Michel et Huguette
pour le départ. Nous décollerons finalement de Wancourt à
9h15. On ne perd pas les bonnes habitudes. Philippe partira
de Dunkerque un peu plus tard, Andrea, François et les filles
décolleront de leur côté en début d’après-midi. La route se fera
sans encombres majeures si ce n’est une pluie incessante : un
avant goût de la Normandie d’automne en somme. Amiens,
Rouen, le pont de Normandie, les kilomètres défilent et Caen
est en approche. C’est à la sortie de la capitale normande que
nous ferons une pause déjeuner dans une petite brasserie... Ça
sent bon les vacances. Le ciel même semble vouloir s’améliorer.
Nous reprenons la route pour finalement gagner notre gîte sur
la côte Ouest du Cotentin dans la petite commune de SiouvilleHague. Nous prenons nos quartiers dans un vieux manoir de
pierres avec une belle vue sur la mer. En attendant le reste de
la troupe, nous partons prendre l’air (et l’eau) sur la plage toute
proche. C’est au moment où nous rejoignons le gîte que nos
camarades terminent leur voyage : pile pour le premier apéro.
Le pont de Normandie... Sous la pluie !
À croire que la chose était voulue ! Le ciel est complètement
plombé et les prévisions météo ne laissent aucun espoir d’observations pour la nuit à venir. L’apéritif traîne...
Le repas – pâtes au gorgonzola – est pris. Chacun vaque ensuite à ses occupations : ordi, lecture, parties de
cartes endiablées. Puis vient l’heure d’aller au lit.
Premier apéro...
...et premier dîner
Samedi 25 octobre
Réveil et petit déjeuner en ordre dispersé. Le ciel
n’est toujours pas bleu mais au moins il ne pleut
plus. Philippe et moi, nous en profitons pour aller
faire une première virée photo au port de Diélette,
tout à côté de Siouville. Le paysage est beau, les
vagues se fatiguent sur les rochers qui jouxtent le
port de pêche, au loin le long de la côte on voit
la pointe de la Hague et, en face, l’île anglaise
d’Aurigny distante de 30 kilomètres. Après ce bon
bol d’air, nous regagnons le gîte pour le déjeuner à
l’accent italien toujours : pizzas. Le repas est pris
rapidement car nous avons rendez-vous à 14 heures
pour la visite de Ludiver à quelques encablures de
La Porte des Etoiles n°27
La côte Ouest du Cotentin vue de Diélette
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• • • • VOYAGE
Photo de groupe devant Ludiver
Cherbourg. Ludiver est un centre de culture scientifique réputé qui
abrite notamment un observatoire et un planétarium.
Huguette, Andrea et les filles préféreront se promener à Cherbourg
et sur la côte Nord du Cotentin près d’Urville. Quant à nous, les
hommes, nous avons prévu de passer ici à Ludiver, l’après-midi, la
soirée et une bonne partie de la nuit. La visite des lieux commence
par l’espace muséographique. On retrouve de belles expositions et
maquettes sur l’Univers lointain, les nébuleuses, les planètes du
Système solaire, le Soleil... Il y a aussi une belle fresque consacrée
à la Lune qui rappelle l’univers de Jules Verne. Une autre salle
est consacrée à notre planète, aux mécanismes des saisons ainsi
qu’à la météorologie. Le centre est aussi doté d’une belle salle de
projection dans laquelle nous pourrons assister à une démonstration
du logiciel Stellarium, pour le plus grand plaisir de François.
Le prochain homme sur la Lune, ce sera François
Philippe, la tête dans la Lune
La Porte des Etoiles n°27
Mais le centre Ludiver est surtout connu pour son planétarium.
Le dôme de 10 mètres de diamètre abrite une salle circulaire
permettant d’accueillir 96 personnes. Le système de projection est
un Zeiss ZKP-3. Nous aurons d’ailleurs le plaisir de retrouver le
‘‘ciel Zeiss’’ croisé à Reims et en Tchéquie quelques mois plus tôt.
De jolies boules... Michel a de quoi être jaloux !
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• • • • VOYAGE
En plus du projecteur d’étoiles, le planétarium est équipé de deux
fenêtres vidéos permettant d’adapter les séances à un public varié.
C’est d’ailleurs l’un des points forts de la séance que nous avons
suivi. La connexion Internet directement dans la salle permet
au médiateur de présenter des images en lien avec l’actualité
astronomique et astronautique du moment.
Débats techniques autour du Zeiss ZKP3
Le bâtiment de Ludiver est entouré d’un joli parc de cadrans
solaires imaginés et conçus par Jean-Michel Ansel. Certains
cadrans, classiques, sont simples à comprendre. Mais le mode
de fonctionnement d’autres, bien plus complexe, aurait demandé
que l’on s’y attarde. Dans le parc se dressent aussi deux coupoles
d’observation. La première abrite un télescope de 300 millimètres,
la seconde un Cassegrain de 600 millimètres. Ce T600, nous
l’avons réservé pour la nuit mais... Hélas, le ciel est toujours
couvert et cela n’augure rien de bon pour la nuit qui vient. Un
petit coup d’œil sur les cartes satellites et le couperet tombe :
nous n’observerons pas cette nuit ! Contrairement à ce qu’avaient
annoncé plusieurs modèles météo, le ciel ne se dégagera pas en
fin d’après-midi, il ne se dégagera d’ailleurs pas de la nuit.
Nous quittons Ludiver un peu déçus de ne pouvoir mettre l’œil à l’oculaire du T600 mais tout de même
heureux de notre passage ici. Nous retrouvons Andrea et Huguette au gîte. Les habitudes sont vite (re)prises.
Apéro et repas frugal fait de soupe aux potirons et de salade d’endives... Un dernier coup d’œil au ciel mais
rien à faire, ce ne sera pas encore ce soir que nous ferons connaissance du ciel de Siouville-Hague. Comme le
réveil, le coucher se fera en ordre dispersé.
La coupole du T600 restera close au milieu du parc des cadrans solaires
Dimanche 26 octobre
En fin de matinée, nous partons tous pour Cherbourg. Aujourd’hui, nous avons prévu de visiter la Cité de la
Mer située dans l’ancienne gare transatlantique de la ville. Plusieurs espaces sont à découvrir : une exposition
consacrée au Titanic et à son naufrage (Cherbourg est le dernier port continental où le Titanic fera escale en
avril 1912) et un espace consacré aux fonds marins. Les nombreux aquariums feront le bonheur des petites...
mais aussi des grands. Enfin – sans doute la partie la plus intéressante de la visite – nous explorerons les
entrailles du Redoutable, le premier sous-marin nucléaire lanceur d’engins mis à l’eau en 1971. Réhabilité en
l’an 2000, il permet aujourd’hui aux visiteurs de se rendre compte de ce que vivaient les sous-mariniers durant
leurs missions de plusieurs semaines sous les eaux.
La Porte des Etoiles n°27
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• • • • VOYAGE
La pose devant le Redoutable
Aux commandes du sous-marin
Jolie méduse
Après la Cité de la Mer, nous avons rendez-vous sur les hauteurs de Cherbourg pour visiter la batterie du Roule.
Ces blockhaus, installés là pendant la Seconde Guerre Mondiale par l’armée allemande, avaient pour vocation
d’accueillir de puissants canons. Il ne reste aujourd’hui que les façades en béton ainsi que les souterrains
que nous visiterons, casque sur la tête et lampe frontale allumée. Le lieu s’avérera très étonnant et la vue sur
Cherbourg spectaculaire malgré les capacités relationnelles (plus que) limitées de notre guide.
Durant cette journée, le Soleil a fait de longues percées. L’espoir d’une observation sera permis jusqu’à
l’arrivée de la nuit. Sur la route du retour, nous devinons à l’Ouest, au large, une bande de nuages épaisse.
Nous aurons à peine le temps d’apercevoir le fin croissant de Lune et sa lumière cendrée que, déjà, se ciel se
couvre à nouveau. Encore raté ! Nous nous rabattrons
sur le traditionnel apéro et sur une orgie de ‘‘trucs
panés’’ à la mode tchèque. Avant d’aller dormir,
François propose un blind test musical brillamment
remporté par Philippe, qui se montrera intraitable
sur les classiques de la chanson française des années
1970 et 1980. Personne ne pouvait lutter !
Au fond du trou !
Les nerfs lâchent !
Lundi 27 octobre
Ce matin a quelque chose de particulier : pas un nuage
dans un ciel d’un bleu profond. Après quelques courses
au supermarché local, nous décidons d’installer la
lunette Perl datant des années 70 de Michel pour scruter
notre étoile, flanquée pour l’occasion d’un énorme
groupe de taches solaires. Il faudra se mettre à trois
pour réaliser une image du ‘‘monstre’’ : François sous
la bâche et devant l’écran de l’ordinateur, Philippe au
mouvement de hauteur et moi-même au pilotage de
l’azimut. Malgré l’absence de suivi automatique, les
qualités optiques de la vénérable lunette donneront une
image finale très détaillée. Michel et moi profiterons
des bonnes conditions atmosphériques pour réaliser
un dessin chacun.
La Porte des Etoiles n°27
Trois belles taches... solaires !
35
• • • • VOYAGE
Après le repas – un parmentier de canard
amoureusement préparé par Huguette – la fine
équipe prend le chemin du cap de la Hague
et s’arrête dans un premier temps au Nez de
Jobourg. Depuis cet endroit, et malgré les
rafales de vent, la vue est spectaculaire et on
a un peu l’impression d’être perdu sur une île.
Pendant que le reste de la troupe entreprend
une randonnée sur le chemin qui serpente dans
les landes au bord des falaises, Philippe et
moi tournons autour de la pointe pour prendre
quelques clichés. Nous nous rendons ensuite
à Goury pour tenter de dénicher un endroit
propice à la photographie du coucher du Soleil.
Nous nous installerons sur le blockhaus à deux
pas du sémaphore. Depuis cet endroit, nous
aurons tout loisir de réaliser de belles images
du Soleil et du phare de Goury installé à un
kilomètre au large sur un îlot rocheux. Huguette,
Michel, Andrea, François, Sophie et Julie
nous rejoignent quelques minutes avant que le
Soleil ne disparaisse derrière l’horizon. Dans
les derniers instants, alors que la luminosité
du Soleil a bien baissé, nous apercevons à
l’œil nu et sans difficulté le fameux groupe de
taches. La fine équipe est au complet et nous
en profitons pour faire une photo de groupe au
bout du monde.
La Porte des Etoiles n°27
Séance photo au Nez de Jobourg
Une dernière photo de groupe au bout du monde
36
• • • • VOYAGE
Nous rentrons au gîte et cette fois, nous
savons que le ciel sera propice pour la nuit
à venir. Malheureusement, Philippe est
contraint de nous quitter dès ce soir car le
lendemain, il passe sur le billard. Après le
repas, François, Michel et moi installons le
matériel d’observation sur la pelouse juste
devant le manoir. Les premiers temps, le
seul et unique lampadaire de la rue nous
gênera beaucoup mais à 23 heures tapantes,
lorsque celui-ci s’éteindra en même temps
que toutes les lumières de Siouville, nous
nous apercevrons que ce ciel normand
est vraiment de bonne qualité. La Voie
lactée est quasiment visible d’un horizon
Ambiance nocturne : les télescopes sont de sortie pour la dernière nuit.
à l’autre. Seuls quelques halos lumineux
au Nord et au Sud sont perceptibles. Le reste du ciel nous permettra déjà de nous amuser avec le Dobson 400 et
le Cassegrain 200. François ne viendra pas à bout de ses problèmes d’alimentation et sera contraint de replier
le Maksutov 150. Pas de chance ! Après de belles observations et quelques dessins, nous regagnons nos lits
vers minuit et demi. Tout à l’heure, déjà, nous reprenons la route...
Mardi 28 octobre
C’est ma fête ! Réveil matinal... Tout le monde range sa chambre,
passe le balai, vide les poubelles... À chaque fois, c’est pareil : le
moral n’est pas très bon le dernier jour des vacances. Nous quittons
le gîte vers 10 heures sous le Soleil. Le chemin du retour, de toute
évidence, sera plus agréable que le voyage aller. Nous faisons une
halte en banlieue de Caen pour le déjeuner. Ce sera notre dernier
repas pris en commun, en tout cas pour ce séjour normand. Nous
reprenons la route et faisons un petit crochet par Fécamp pour y
découvrir une intéressante pièce du patrimoine astronomique.
L’horloge astronomique de Fécamp
En effet, l’abbaye de la Trinité à Fécamp abrite une belle horloge
astronomique installée là en 1667. Les cadrans ont la particularité
d’être peints directement sur le mur. Elle est aussi l’une des
premières horloges à indiquer l’heure grâce à deux aiguilles. Elle
permet aussi de connaître l’état d’avancement de la lunaison, ainsi
que les marées pour le port de Fécamp. Au-dessus des cadrans,
dans l’oculus, la phase de Lune peut aussi être lue. Un globe peint
sur l’une de ces faces d’un visage symbolisant la Lune permet, en
tournant en 29 jours et demi de figurer la phase adéquate.
C’est ici à Fécamp que nous nous disons au revoir. Il
reste quelques heures de voyage et chacun reprend la
route de son côté. Ce long week-end en Cotentin aura
été trop court bien sûr. Mais un grand bol d’air au bord
de mer, des visites culturelles, un peu d’astronomie et
de Soleil tout de même, tout cela dans une ambiance
conviviale... Que demander de plus ?
Toutes les photos de notre aventure normande
sont visibles ici : https://picasaweb.google.com/
AstroGAAC
La Porte des Etoiles n°27
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• • • • VOYAGE
Quelques résultats
Le groupe de taches solaires AR 2192 à travers une lunette Perl 60/800 de 1976
A gauche en imagerie par François LEFEBVRE - Caméra PlaC2
A droite en dessin par Michel PRUVOST - Oculaire Lanthanum 10mm
Vue globale du Soleil le 27
octobre 2014
Dessin à l’oculaire Meade
18mm et lunette Perl 60/800
Michel PRUVOST
La Porte des Etoiles n°27
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• • • • VOYAGE
L’amas globulaire M2 - Oculaire Nagler 7mm et
Cassegrain 200/1800 - 27 octobre 2014
Michel PRUVOST
L’amas globulaire M71 - Oculaire Ethos 8mm et
Dobson 400/1800 - 27 octobre 2014
Simon LERICQUE
La nébuleuse planétaire NGC 40 - Oculaire Ethos
8mm et Dobson 400/1800 - 27 octobre 2014
Simon LERICQUE
La galaxie NGC 7479 - Oculaire Ethos 13mm
et Dobson 400/1800 - 27 octobre 2014
Simon LERICQUE
La Porte des Etoiles n°27
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• • • • VOYAGE
Le phare de Goury devant le Soleil - Canon EOS 7D et téléobjectif Canon 70-300 - Simon LERICQUE
Coucher de Soleil au phare de Goury - Canon EOS 7D et téléobjectif Canon 70-300 - Simon LERICQUE
La Porte des Etoiles n°27
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• • • • LA GALERIE
La galerie
Même si le maximum du cycle
solaire est derrière nous depuis
plusieurs mois, le Soleil ces
derniers temps, a connu un regain
d’activité étonnant. De beaux
groupes de taches ont ainsi pu être
immortalisés à plusieurs reprises
et dans différents instruments.
Même lorsque le ciel est voilé,
il faut toujours lever le nez vers
lui. Souvent, on peut apercevoir
des phénomènes atmosphériques
intéressants : belles lumières,
halos, arcs ou parhélies... Ces
scènes se laissent immortalisées
avec le matériel le plus basique.
Elle est là tout au long de
l’année, souvent délaissée. La
Lune, pourtant, est une cible de
choix pour les dessinateurs et les
photographes. Les changements
de l’astre des nuits rythment la vie
des astronomes amateurs et leurs
soirées d’observations...
M13, M57, M27... Ces objets sont
des classiques du ciel profond.
Ils sont souvent photographiés et
dessinés mais ne lassent jamais
ceux qui les observent. Chaque
année, une petite visite vers ces
cibles est souvent synonyme de
nouvelles images.
Sommaire
42��������������������������������������������������������������������������������������������� Soleil actif
43������������������������������������������������������������������������������ La Lune à l’honneur
45����������������������������������������������������������������������������������������������� Ciel voilé
46������������������������������������������������������������������������������������������ Ciel profond
48���������������������������������������������������������������������������������� La petite dernière
La Porte des Etoiles n°27
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• • • • LA GALERIE
Soleil actif
Le Soleil en calcium
Mont Bernenchon (62)
18 octobre 2014
APN EOS 450D et lunette Lunt
60 B1200 CaK
Simon LERICQUE
Le Soleil en lumière blanche - Chéreng (59) - 29 novembre 2014
Caméra PlaC2 et lunette 60/400 - François LEFEBVRE
La Porte des Etoiles n°27
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• • • • LA GALERIE
La Lune à l’honneur
Les environs du cratère Bullialdus - Sainte Marie du Lac (51) - 4 septembre 2014
Dessin à l’oculaire Epic ED 14mm et lunette Hélios 150/1200 - Patrick ROUSSEAU
La Porte des Etoiles n°27
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• • • • LA GALERIE
Pleine Lune - Guémappe (62)
6 novembre 2014
APN Canon EOS 6D et téléobjectif Canon
70-300 - Simon LERICQUE
Croissant de Lune - Bersée (59) - 3 avril 2014
Caméra Basler et lunette Televue 76 mm
Fabienne et Jérôme CLAUSS
Les environs de Clavius - Esparron de
Verdon (04) - 18 août 2013 - APN Canon
EOS600D et lunette Skywatcher 80ED
Gervais VANHELLE
Conjonction Lune-Vénus - 26 février 2014
EOS 450d et téléobjectif Sigma 150-500
Patrick ROUSSEAU
La Porte des Etoiles n°27
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• • • • LA GALERIE
Ciel voilé
Halo lunaire de 22°
Bersée (59) - 8 octobre 2014
APN Canon EOS 60D et objectif Tokina 11-16
Coucher de Soleil
Pointe de la Crèche (62) - 9 septembre 2014
APN Canon 6D et objectif Canon 17-40 L
Jérôme CLAUSS
Sylvain WALLART
Soleil et parhélie
Villeneuve d’Ascq (59) - 25 novembre 2014
Téléphone Galaxy SII - Simon LERICQUE
Arc circumzénital
Vitry en Artois (62) - 14 août 2014
Téléphone IPhone 4S - François LEFEBVRE
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• • • • LA GALERIE
Ciel profond
L’amas de la Crèche M44 - Varages (83) - 30 décembre 2013
APN EOS 350D et lunette Televue 76 mm - Fabienne et Jérôme CLAUSS
La Porte des Etoiles n°27
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• • • • LA GALERIE
La nébuleuse planétaire M27- Digne les Bains (04)
17 août 2014 - APN EOS 600D et Celestron 9
Gervais VANHELLE
L’amas globulaire d’Hercule M15- Chéreng (59)
Décembre 2013 - APN EOS 1000D et Newton
Orion UK 200/900 - François LEFEBVRE
La nébuleuse planétaire de la Lyre
Observatoire de Lille (59)
23 août 2014
Dessin à l’oculaire Ethos 13 mm et
lunette Jonckheere 320/6000
Simon LERICQUE
Blink Nebula, NGC 6826
Observatoire de Lille (59)
23 août 2014
Dessins à l’oculaire Ethos
13 mm et lunette Jonckheere
320/6000
A gauche Simon LERICQUE
A droite Michel PRUVOST
La Porte des Etoiles n°27
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La petite dernière
Cette petite dernière met à l’honneur Rosetta, une mission
spatiale qui restera dans les mémoires. Cette image a été réalisée
bien avant que le module Philae ne soit envoyé se poser sur le
noyau de la comète Churyumov-Gersimenko. C’est d’ailleurs
Philae qui réalise cette photographie spectaculaire alors qu’il
était encore à bord de la sonde. On y voit les panneaux solaires
de Rosetta et, en arrière-plan le ‘‘double-noyau’’ de l’étonnante
comète qu’il visitera quelques temps plus tard...
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