Discours d`Olivier Carré, Député-Maire d`Orléans, lors de la remise

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Discours d`Olivier Carré, Député-Maire d`Orléans, lors de la remise
 Discours de Monsieur Olivier CARRE, prononcé le 7 mai 2016 Chères Orléanaises, chers Orléanais, Regardez autour de vous. Il y a certainement à vos côtés des visiteurs venus ce soir à notre rencontre. Souhaitez­leur la bienvenue. Enfants d’Orléans, faîtes que ces visiteurs deviennent vos amis. Car s’ils sont là ce soir, c’est qu’ils veulent connaître l’esprit de Jeanne. Montrez leur dans chaque pierre d’Orléans, dans chaque pan de bois, l’Histoire de notre ville se mêler à celle de la France. Qu’ils reconnaissent dans ces visages de Jeanne qui éclairent notre ville, le seul que la France porte en son cœur lorsque les français recherchent le courage et l’unité perdue de la nation. Ressentez tous ce souffle qui parcourt les rues d’Orléans, depuis 587 ans, dans cette nuit de veillée d’armes bien singulière. Jeanne, la fidélité qu’Orléans te porte, fait écho à ta constance et à ta volonté. Celles qui te firent venir de Domrémy jusqu’à nous, puis à Reims 1 pour y faire sacrer le Roi. Sacrer le Roi, mais surtout pour y sacrer la France au sceau de la fidélité à ce qu’elle doit toujours être : puissante parce que unie. La fidélité aussi de la nation écossaise qui t’a accompagnée dans la libération d’Orléans. La « Auld Alliance » liait la France à l’Ecosse depuis Philippe Le Bel. Oui, 1296 était au rendez­vous de 1429. La fidélité à l’Histoire parlait déjà. Les centaines d’« escots », ont permis à ton armée de venir à bout des assiégeants d’Orléans. La Foi, ta foi, Jeanne. La Foi qui réconcilie chaque être avec sa vérité intérieure. C’est dans ta vérité Jeanne, que tes compagnons d’armes se sont reconnus. Alençon, Jean d’Aulon, Baudricourt, Brosse, Coutes, Culant, Gaucourt, Metz, Le Batard d’Orléans, Poulengy, Rais, Richemont, La Hire, Xaintrailles. Tous ces noms résonnent dans les couloirs du temps comme leurs drapeaux claquent ce soir dans la rue Jeanne d’Arc, la bien­nommée. Tous ces gaillards étaient le bras de ton âme. Et dans cette veillée du 7 mai 1429, chacun d’eux panse ses blessures. Chacun se repose après l’ardente lutte qui, sous la bannière de ton étendard, a triomphé des Tourelles. Mais Orléans n’est pas encore délivrée. Demain, le combat reprendra. Tous pouvaient craindre que cette nuit ne fût la dernière de leur vie. Mais tous voyaient dans ton 2 appel, Jeanne, la rédemption du royaume de France, et pour ce miracle­là, tous étaient prêts à mourir. Jeanne, tu avais pourtant prévenu les anglais. « Au nom de Dieu, retirez­vous, ou je vous ferai partir » leur avais­tu lancé. Tu voulais éviter de faire couler le sang. Mais tu n’y es pas parvenue. La bataille a déjà été âpre en ce 7 mai, et l’assaut final sera donné demain matin. Dans cette nuit, semblable à celle d’aujourd’hui, Orléans retient son souffle. Jeanne, déjà, en ce jour, ton sang a coulé près du pont d’Orléans. Tu sais que les anglais seront d’autant plus féroces que les bourguignons les ont lâchés. Féroces, mais affaiblis, car tu sais qu’ils n’ont plus de cause à défendre alors que toi, toi, tu dois restaurer l’autorité d’un roi. Tu les vaincras par la certitude du devoir que tu dois accomplir. La constance, la fidélité, la foi, sont les composantes d’une alchimie qui a forgé la force de ton épée aux cinq croix et qui a porté la fulgurance de ton épopée. Jeanne, toi qui n’as pas de sépulture, te voilà, six siècles plus tard, dans le cœur de tous les hommes. 3 Jeanne, toi qui n’as pas de portrait, te voilà dans le regard de toutes les femmes qui osent. Jeanne, toi qui n’as pas eu de descendance, vois tous tes enfants. Ta parole est inscrite pour toujours dans l’âme des peuples de tous les continents. Jeanne, toi qui de ta voix de jeune fille de 17 ans, fait s’ébranler les murailles les plus hostiles, toi, qui transforme cette nuit de peur en nuit d’espérance, toi qui portes le mystère de la pureté par le blanc de ton étendard, Jeanne, reçois une fois de plus l’hommage de ta ville et du peuple d’Orléans. Et toi, visiteur, reçois en partage l’esprit de Jeanne. Oui, une femme a su, par la grandeur de son âme et la ferveur de son espérance, unir les cœurs et refonder la France. Et cela a commencé il y a 587 ans à Orléans. Eh bien Jeanne, ton message sera entendu car la France est éternelle. 4