Under-standing the English
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Under-standing the English
UNDER-STANDING THE ENGLISH : a few words concerning l’ « Il-n’y-a-pas de-rapport au Langage » en ses modalités Anglaises et Latines 1/ D’UNE PLAISANTERIE QUI REVELE QUELQUES VERITES : WHAT ENGLISH SAY WHAT ENGLISH MEAN WHAT FRENCH UNDERSTAND it’s not bad it’s good, but… it’s really good it’s bad it’s not bad il y a quelques menus défauts DES CONSEQUENCES D’UN TEL ETAT DE FAIT : Les Français, et avec eux nombre de Latins (Italiens, Espagnols, etc.) ont tendance à ne pas comprendre les Anglais ; à penser que ces derniers ne disent pas ce qu’ils pensent ; voir à les taxer d’hypocrisie. 2 / Ce n’est pas que les Anglais ne disent pas ce qu’ils pensent ! Plus fondamentalement, il est sans doute possible de poser, en ce qui concerne le problème du non-rapport des Anglais au Langage, un diagnostic d’inhibition. L’inhibition repérable chez les Anglais sur tous les plans où le désir et les potentialités de jouissance qu’il emporte sont mis en question joue en effet de manière particulièrement nette au niveau des rapports entre leur pensée, leur dire et leurs dits. 3 / D’UN AUTRE DIAGNOSTIC POSSIBLE : S’il y a là inhibition, c'est que tout semble mis en œuvre par les Anglais pour que ce qu’ils pensent ne soit pas changé en source de jouissance de par son énonciation (i.e son dire). Le but du jeu, pour les Anglais, est ainsi de NEUTRALISER la jouissance liée à l’immédiateté d’un dire (considéré comme acte de parole) qui pourrait vouloir signifier (de manière fantasmatique) « ce qu’ils pensent vraiment » (« le vrai sur le vrai ») : l’ambition d’atteindre à une Parole de Vérité se trouve inhibée. D’où l’affection des britannique pour le verbiage parlementaire, les circonvolutions du small-talk et autres sous-entendus… DIAGNOSTIC COMPARATIF : Les Latins (Français en particulier) sont mus par la tendance inverse : contrairement aux Anglais, ils veulent-dire ce qu’ils pensent ! 4 / Bien plus : les Latins ont tendance à être victimes de l’illusion qu’il pourrait être établi une sorte d’unité entre leur pensée (ce qu’ils veulent dire), leur désir d’exprimer leur pensée (leur vouloir-dire) et l’acte d’exprimer leur pensée (leur dire) — et que pourrait donc être dé-gagée de l’union du ‘vrai’ (qu’ils sont supposés vouloir-dire) et de l’acte de le dire par le moyen de la parole une sorte de jouissance de leur propre langage. Ainsi s’explique que ces cartésiens de Français soient mus par l’exigence miraginaire (l’expression est lacanienne) d’intégrité de leur parole, de transparence du langage, d’évidence et de clarté. Cette exigence est en effet une exigence d’immmédiateté : à l’instant du dire, le pensé doit être dit…. de sorte que le langage supposé permettre d’exprimer pleinement et de posséder sans reste la pensée devienne source d’une jouissance. 5/ DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL Pour les Latins et particulièrement pour ces cartésiens de Français, le voulu-dire (considéré comme un objet de pensée fantasmatique soutenu par la visée intentionnelle du vouloir-dire) doit devenir le temps de son énonciation objet de jouissance. Il y a donc visée de jouissance du langage par le biais d’un acte de parole lui-même constitutif d’un dire quasi-magique ; car au creuset de ce dire devraient miraginairement s’unir ne serait-ce qu’un instant vouloir et voulu — et coïncider le sujet de l’énonciation avec le sujet de l’énoncé. Les Anglais de leur côté, inhibant la jouissance au moyen d’un mécanisme d’évitement, plient leur langage à la souplesse de l’understatement. Il s’agit bien là d’une torsion, d’un détour imposé à la parole ; d’un subtil différer-du-dire. Si la torsion de ce détour n’est plus considérée par les Anglais comme une singularité (oddity) c'est simplement qu’ils ont pris le pli. Le pli anglais consiste donc en une sinuosité quelque peu baroque qui s’oppose à la droiture cartésienne du franc-parler à la manière dont s’oppose la torsion transsbustancielle d’un hocus pocus1 au sérieux formel d’un abracadabra. 6/ MISHAPS AND MISUNDERSTANDINGS : D’une certaine manière, il est bien naturel que la question typiquement posée par un Latin aux prises avec un Anglais soit : « What does he mean ? » à traduire par : « Pourquoi diable inhibe-t-il son dire ? ». Cette question traduit simplement la perplexité du Latin : comment pourrait-il comprendre les sinueuses circonlocutions et moyens détournées employés par les Anglais pour en venir au fait, lui dont la visée (folle) est de ‘dire ce qu’il pense’ (i.e. de jouir du langage ne serait-ce que pour un instant). Quand à la réaction non moins naturelle d’un Anglais mis en présencce d’un Latin, elle sera de soupirer: « oh well, he’s only just slighlty out of his wits », à traduire par : « cet insensé est animé d’une ambition purement délirante de dire ‘la vérité’ qui se traduit par une visée de jouissance du langage dont moi, inhibé d’Anglais que je suis, j’ai follement peur ». Eût égard à ces considérations, il est enfin permis de comprendre qu’aux yeux de l’Anglais, être direct (ce qu’un Français nommerait : être franc) soit synonyme de faire preuve d’une repréhensible ‘rudeness’ : celui qui ne mâche pas ses mots fait en effet preuve d’impolitesse et de manque de savoir-vivre… dans la mesure où il met à rude épreuve le flegme britannique, attaque cruellement par ses mots bruts de décoffrage les plis subtils et autres mécanismes d’inhibition made in Englad… et (s’il n’était promptement réduit au silence par quelque remarque venant à point nommé lui couper l’herbe sous le pied) risquerait presque de remettre en cause la millénaire loi de l’insularité. 1 Hocus pocus est selon certains, un jeu de mot réformé parodiant la formule catholique et romaine hoc est corpus (qui exprime la transsubstanciation). Hocus pocus en est venu à signifier la même chose que le très formel Abracadabra (en hébreu, que ce que je dis soit dit : summum du Speech Act !). 7/ L’INHIBITION, ET L’HUMOUR Quid cependant du légendaire humour britannique dans tout cela ? Quid du nonsense, de l’absurde et de l’incongru qui, on le sait, pullulent sur l’île ? C'est bien simple : venant contrebalancer l’inhibition de la jouissance du langage ils semblent jouer le rôle, pour les Sujets de Sa Majesté, de ce que Lacan nomme plus-de-jouir. Pour mieux dire : humour et goût du nonsense semblent procurer aux Anglais une source de perpétuelle éjouissance. Si par tempérament, ils ne peuvent se permettre de faire l’expérience de l’exaltation folle du Diseur de Vérité (autrement nommé Prophète) les Anglais bénéficient donc d’un influx constant de petites décharges éclectiques, parfaitement nonsensical : irrationnelles et insensées. De pasde-sens en plus-de-sens (quotient de l’opération de substitution métaphorique d’un signifiant à un autre), par l’entre-jeu du wit et de jests dits pour truth, les Anglais semblent ainsi rattraper en plus-de-jouir spirituellement détourné ce qu’ils inhibent de jouissance immédiate. IN-CONCLUSION — FRENCH / ENGLISH / AMERICAN Sans tenter de fermer la boucle, nouer the loop ni clore the lock mais en simple guise de considération extroductive, il semble possible d’esquisser l’ébauche d’un système ternaire, ou triptyque dont les trois vantaux ne seraient autres qu’Anglais, Français et Etats-Uniens (que par commodité, nous qualifierons d’Américains : comprendre Yankees). Notre tryptique se structure en fonction des oppositions suivantes : 1/ A : Les Anglais pratiquent l’art délicat de l’understatement. B : Quant aux Français, ils sont potentiellement considérés comme ‘rude’ (manquant de poli) en raison de leurs directness (i.e. : ils circonlocutent peu). Français et Anglais s’opposent donc comme l’understatement au franc-parler. 2/ A : Les Anglais sont inhibés et introvertis (cependant, on prétend que leur vie affective est d’autant plus riche et leur sensibilité d’autant plus grande qu’ils n’en laissent rien paraître). B : Quant aux Yankees, ils sont déshinibés et extravertis (cependant, aux yeux de ceux qui ont des oreilles, leur sensibilité affective est d’autant plus pauvre qu’ils s’empressent de confier les moindres détails de leur vi(d)e privée au premier venu.) 3/ Les Anglais se situent donc au centre d’un tryptique structuré comme suit : French English American directness -------- understatement + introversion --------- extraversion INHIBITION Whether such a conclusion really helps us under-stand the English better unforunately remains quite doubtful… — but now at least, we understand why neither American nor Latin people can speak English properly…