Ils font battre le coeur des autres
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Ils font battre le coeur des autres
L’express - L’impartial 29.05.2015 Ils font battre le coeur des autres Jean-François Mojon était tout seul lorsqu'il a démarré il y a dix ans. Aujourd'hui, Chronode et sa petite soeur DMP comptent 55 employés au Locle. Une équipe qu'il qualifie volontiers d'"exceptionnelle." 1/10 Réagir à cet article PAR (PHOTOS) HORLOGERIE - A quelques jours de l'ouverture du salon spécialisé EPHJ à Genève, deux constructeurs des Montagnes sortent de leur traditionnelle discrétion. FRANÇOISE KUENZI (TEXTES) Christian Galley Il en a parcouru, du chemin, en dix ans, Jean-François Mojon, avec sa société Chronode, basée au Locle. Tout seul au départ, avec dans la tête l'idée de monter un simple bureau de développement horloger. A la tête de deux sociétés comptant 55 personnes aujourd'hui, Chronode et DMP, capables de livrer au client des montres terminées. Et pourtant, aucune baguette magique n'est passée par là: " Nous avons grandi progressivement, d'abord avec un ingénieur, puis un deuxième... Et au fil des projets des clients, nous sommes passés à la réalisation de prototypes, puis à une approche plus industrielle ", se souvient cet ingénieur en microtechnique, qui s'est formé au Locle. Son background est plus que respectable: Jean-François Mojon a travaillé au Swatch Group sur les affichages à cristaux liquides, chez EM Marin, avant de passer une dizaine d'années chez IWC, où il a dirigé la recherche et le développement. Du coup, lorsqu'il se met à son compte en 2005, les complications, il connaît. Et les clients, avides de nouvelles idées, font vite circuler son nom dans les milieux horlogers. L'Opus X, un jalon En 2010, c'est la consécration: Jean-François Mojon réalise pour Harry Winston une pièce extraordinaire, l'Opus X, et se voit décerner au Grand Prix d'horlogerie de Genève le titre de meilleur horloger concepteur. Les projets s'enchaînent, des Legacy Machines de MB&F à la H1 de HYT en passant par la Klepcys de Cyrus (en médaillon). Sans oublier la marque Urban Jürgensen, "qui a été notre premier client et qui est resté fidèle jusqu'à aujourd'hui ". Avec son bureau d'études et ses capacités industrielles, il peut proposer des concepts innovants allant de la conception d'un mouvement inédit à la production en série des montres terminées. Y compris le service après-vente. Bref, du clef en mains, réalisé parfois pour des marques faisant partie de grands groupes horlogers. Mais rester dans l'ombre fait partie du jeu. Et aujourd'hui, plusieurs labels indépendants mettent volontiers en avant leur précieux partenaire loclois. Ma marque? Jamais! Jean-François Mojon n'a-t-il jamais rêvé de lancer sa propre marque? " Jamais! ", répond-il tout de go. " Cette certitude s'est même renforcée au fil du temps. C'est un métier complètement différent du nôtre, et nous ne voulons pas être concurrents de nos propres clients. " Et puis, s'il ne travaillait que sur une seule marque, il n'aurait pas " la chance de faire autant de développements extraordinaires ", ajoute-t-il. " Lorsque vous travaillez avec 15 clients différents, comme c'est le cas aujourd'hui, vous travaillez sur 15 lignes différentes. " Son premier salon Si Chronode participe pour la première fois au salon EPHJ, c'est parce que " depuis l'an dernier, nous avons dû commencer pour la première fois à chercher des clients" . Le ralentissement s'est fait sentir dans la branche, mais Jean-François Mojon est optimiste pour le deuxième semestre 2015, qui s'annonce en meilleure forme. " Nous travaillons sur les produits qui seront présentés en 2016 et en 2017, voire même, pour des grandes complications, sur des projets à plus long terme. " Néanmoins, Chronode tient à mieux faire connaître ses capacités d'innovation et sa force de proposition. Avec un slogan, "Bâtisseur de mondes horlogers", qui ne peut que viser l'excellence...