La ventilation ou comment bien se remplir

Transcription

La ventilation ou comment bien se remplir
• Le partage a du bon
À l’heure où l’Europe est omniprésente dans
les discussions, force est de constater qu’en
pêche sous-marine aussi.Après avoir testé ce
type de produit à faible popularité dans
l’Hexagone, et bien nous avons, vous l’aurez
deviné, été vraiment séduits par les pneumatiques et ce quelles que soient leurs longueurs.Au final,à l’usage on comprend mieux
la popularité de ce type d’arbalète chez nos
voisins européens! ■
Remerciements à notre testeur Grégoire Chêne,
compétiteur en tir sur cible subaquatique du club
Massilia Sub Marseille.
P R A T I Q U E
La ventilation
ou comment
bien se remplir
Vous pouvez toujours nous contacter à
<[email protected]>
La sécurité
Avec le temps, les fabricants de fusils
pneumatiques ont fait de gros efforts de
développement et de recherche pour
rendre leur matériel plus stable et donc
moins dangereux. Mais c’est indéniable,
leur utilisation dans de mauvaises
conditions, comme pour les arbalètes à
sandows d’ailleurs, peut être dangereuse.Voilà en quelques mots ce qu’il faut
faire pour éviter les problèmes:
- Plus que nos conseils, lisez attentivement les notices fournies par le
constructeur.
- Ne jamais armer et tirer hors de l’eau,
l’arbalète est prévue pour fonctionner
immergée et l’utiliser hors de l’eau
pourrait, en plus de l’endommager, vous
faire courir de gros risques.
- Le plus souvent possible, pensez à
diriger votre arbalète vers une zone
neutre, y compris lors du chargement.
- Il est impératif que toutes opérations
sur votre arbalète,autres que gonflage et
dégonflage, soient réalisées par les soins
d’un professionnel agréé.
- Attention au sable, il peut gravement
détériorer votre matériel et bien sûr
engendrer des accidents.Un long rinçage
à l’eau douce, tête en bas, assurera une
bonne longévité à votre fusil s’il est
régulièrement effectué.
- Lors du gonflage, il est impératif de se
tenir aux pressions maxi indiquées sur
votre manuel.
- Votre arbalète fonctionne à l’air comprimé, les variations fortes de températures et de pressions sont à éviter
évidemment. Ainsi, pour le transport
aérien, il est impératif de vider avant le
voyage votre réserve d’air. Éviter
également les expositions prolongées
au soleil.
SUBAQUA N° 200 - MAI-JUIN 2005
L’air c’est la vie, savoir bien se ventiler c’est aider
son corps à fonctionner de mieux en mieux.
Certains pratiquants cherchent des solutions pour
progresser, des entraînements spécifiques, yoga,
sophrologie alors que la base n’est pas parfaitement
maîtrisée. Ces quelques conseils vous
apporteront des pistes de travail…
Et vous deviendrez un sage de la ventilation.
Par Yannick Sanchez et Jean Charles Maes.
Photos Sophie Maes et DR.
Comment ça marche?
Le corps humain a besoin d’air pour fonctionner. Mais après analyse, certaines différences apparaissent. Ainsi, si à l’inspiration on retrouve: 20 %
d’oxygène (O2),0,03 % de gaz carbonique (CO2) et 79,97 % d’azote (N2),en
phase d’expiration on retrouvera: 16 % d’oxygène (O2), 4.03 % de gaz carbonique (CO2) et 79,97 % d’azote (N2).Toutefois, pour nous apnéistes ce
sont avant tout les composants d’oxygène et de gaz carbonique qui nous
intéressent.
Ainsi,lors de l’inspiration,le corps va se charger en oxygène.Ce dernier,en
tant que comburant, va nourrir les alvéoles pulmonaires, les tissus et les
cellules, en étant véhiculé par le sang.
À l’expiration,le corps,et plus précisément les poumons,va évacuer le principal déchet de la combustion cellulaire de l’oxygène: le gaz carbonique.
Vous l’aurez donc compris,les alvéoles pulmonaires et les tissus sont de véritables lieux d’échange gazeux.
➔
67
pêche sous-marine
Préparer son apnée passe par
une bonne ventilation, c’est-à-dire une
bonne relaxation…
Les différents
volumes pulmonaires
Chez l’adulte, le rythme respiratoire est de
16 à 20 cycles par minutes.Toutefois, chacun
d’entre eux ne fera intervenir que trois volumes sur quatre. Mais, au fait, quels sont ces
volumes?
A
1
2
3
B
4
Les volumes pulmonaires.
1- Volume inspiratoire
2- Volume courant
3- Volume expiratoire
4- Volume résiduel
1 - Volume inspiratoire:
Volume d’air maximal que l’on peut inspirer
après la fin d’une inspiration normale. Il est
d’un volume d’environ de 2,5 litres.
2 - Volume courant:
C’est le volume qui nous sert à ventiler au
quotidien. Il est d’un volume d’environ 0,5
litre.
3 - Volume expiratoire:
Volume d’air maximal que l’on peut expirer
après la fin d’une expiration normale. Il est
d’un volume d’environ 1,5 litre.
68
4 - Volume résiduel:
C’est un volume d’air vicié restant dans la
zone basse des poumons. Cet air ne nous
sert pas dans la vie de tous les jours, mais
pour nous apnéistes et pêcheurs cela peut
être très intéressant. Il est d’un volume d’environ 1,5 litre.
A - Le volume total représente la capacité vitale. Il est d’environ 4,5 litres.
B - La capacité totale:
C’est le volume dont on se sert lorsque le volume résiduel rentre en jeu.Il a un volume total qui est, en général, de 6 litres. Ce qui représente 1,5 litre de plus que la capacité
vitale.S’il est bien exploité,on peut améliorer
son aisance aquatique.
Ventilation et préparation
avant de partir en apnée
Se relâcher:
Avant toute chose, gardez bien à l’esprit que
la clef d’une bonne ventilation est le relâchement musculaire. Mais, comment être bien
relâché?
Il s’agit,en fait,de se mettre dans une position
où l’on est le plus détendu et ne pas faire d’efforts musculaires. Faute de quoi cela va engendrer une hausse du rythme cardiaque (tachycardie) qui va augmenter votre
consommation d’oxygène.
Pour les apnées en poids constant,variable,free
apnée,etc.,il faudra éviter de palmer en surface,
arranger sa combinaison,parler à sa sécurité,ou
faire des gros efforts musculaires comme changer le bloc de la gueuse ou relever le bout avec
30 ou 50 kg de plombs.Enfin,pour les pêcheurs,
il sera important de ne pas palmer violemment
en surface ou même armer son fusil au dernier
moment.Avant tout, le relâchement constitue
la base de vos apnées, il va engendrer une
baisse du rythme cardiaque (bradycardie).Cela
va vous permettre de partir avec un capital air
qui sera “brûlé” moins vite. Si le relâchement
musculaire est important avant et après la ventilation, contrairement à ce que l’on peut souvent constater, il devient primordial durant la
ventilation.
Se ventiler (sur un cycle
de 1 à 2 minutes)
- Pendant la phase de relâchement, on respirera calmement en insistant sur l’expiration,
environ un pour deux (un temps d’inspiration, pour deux temps d’expiration) afin de
vider l’air vicié qui se trouve dans le volume
résiduel. Je vous rappelle que ce volume peut
nous donner 1,5 litre d’air supplémentaire ce
qui n’est pas négligeable lorsque l’on veut se
faire plaisir en prolongeant ses apnées.
- Trente secondes avant de partir pour
l’apnée,il faut trois inspirations et expirations
forcées en insistant toujours sur l’expiration,
plus de cycles amèneraient à un processus
d’hyperventilation (qui peut être dangereux
car déconnectant toutes nos alarmes physiologiques pour la détresse d’oxygène).
Pourquoi trois inspirations et expirations forcées et trente secondes avant?
Trois inspirations et expirations forcées
parce que si l’on en fait plus, on entre en hyperventilation. Si on en fait moins, on ne va
pas faire suffisamment d’échanges gazeux.
Ces inspirations forcées permettent de jouer
Expiration :
le diaphragme
est relâché.
Inspiration :
le diaphragme
est contracté.
MAI-JUIN 2005 - N° 200 SUBAQUA
sur l’élasticité et l’amplitude de la cage thoracique et
permettront aux poumons de se détendre un peu plus.
Pourquoi 30 secondes? Des études ont montré que
c’était le moment idéal.Trop tôt avant le départ,l’air mis
dans le volume résiduel deviendra de l’air vicié donc inexploitable lors de l’apnée.Trop tard, travailler sur l’expiration de son volume résiduel demande une contraction forcée du diaphragme qui est un muscle puissant
donc gros consommateur d’O2. Au top officiel faire
chuter son rythme cardiaque ne serait plus possible.
- On retrouve une ventilation lente et calme pour ralentir son cœur, en insistant toujours sur l’expiration.
Au moment du départ, expirez à fond en se relâchant
musculairement puis inspirez vivement en jouant sur
l’élasticité de la cage thoracique. Pour jouer sur l’amplitude de celle-ci,il ne faut pas se remplir doucement avec
la bouche ouverte normalement mais avant tout en
l’ouvrant en grand avec une inspiration rapide et ample.
Enfin, en dernier lieu, mettez
la tête en hyper extension
Pourquoi?
Et bien lorsque l’on se ventile, on sollicite les muscles
inspiratoires comme le diaphragme, les muscles intercostaux, le grand pectoral.Ainsi le fait de mettre la tête
en hyperextension va libérer la trachée mais aussi les
voies aériennes et permettre de prendre, généralement, 0,5 litre d’air en plus.
Il faut faire attention pour les personnes qui n’ont pas
l’habitude, car se remplir de cette manière peut provoquer des gênes (sensation de trop-plein,envie d’expirer
et engendrer un malaise vagal).
Un ultime conseil de Yannick qui “préconise donc de procéder par étapes pour que votre organisme s’habitue à
toutes ces nouvelles sensations physiologiques et de revoir
votre flottabilité car votre volume pulmonaire va être plus important et vous allez être donc plus positif”. ■
SUBAQUA N° 200 - MAI-JUIN 2005