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DISSERTATION PHILOSOPHIQUE B/L (épreuve n° 262) ANNEE 2014 Epreuve conçue par ESSEC Voie littéraire NBRE CANDIDATS RESULTATS GLOBAUX MOYENNES ECARTS-TYPE 285 10,48 3,29 285 10,48 3,29 ESSEC 234 10,88 3,22 EDHEC Grande École 202 10,71 3,09 AUDENCIA Grande École FILIERES B/L Lettres et sciences sociales ECOLES UTILISATRICES 183 10,31 3,00 ESC LA ROCHELLE 54 9,17 3,07 Groupe ESC TROYES 54 9,17 3,07 ESC DIJON-BOURGOGNE 40 8,80 2,75 GRENOBLE École de Management École de Management de Normandie 156 10,06 2,92 54 9,17 3,07 SKEMA Business School Groupe Sup de Co Montpellier Business School 104 9,74 2,87 55 9,33 2,98 Groupe ESC PAU 54 9,17 3,07 ESC RENNES School of Business 67 9,10 2,81 École de Management Strasbourg 67 9,10 2,81 TELECOM École de Management INSEEC Paris Bordeaux AlpesSavoie 47 9,38 3,15 47 9,30 3,24 ISC Paris 54 9,17 3,07 111 9,81 2,85 ISG 13 9,62 2,84 ESM de Saint-Cyr Lettres 17 9,06 3,47 TOULOUSE Business School Sujet : « Pourquoi nous trompons-nous ? » §1 Comme l’an passé, cette session 2014 s’est dans l’ensemble bien déroulée, et la correction n’a pas soulevé de problèmes particuliers. Cette session est du même niveau que la session 2013, fort honorable. Elément de satisfaction supplémentaire : il apparaît que les candidats ont pu dans l’ensemble mieux profiter de leurs bonnes performances en philosophie, et il n’a pas été constaté de trop grande distorsion entre les bons résultats obtenus en philosophie et ceux obtenus dans les autres disciplines (ce qui avait été le cas en 2013). Les copies ont souvent témoigné de connaissances précises, associées à une réflexion pertinente ainsi qu’à d’indéniables qualités rhétoriques (amorces, transitions) : le sujet a été travaillé, effectivement. Les copies indigentes sont très rares. Autrement dit : les copies sont la plupart du temps construites, argumentées, même les plus courtes, ce qui dans la perspective de l’apprentissage du raisonnement philosophique est plutôt encourageant. Rappelons comme les années passées, à destination des candidats de la prochaine session comme des professeurs préparateurs et pour éviter toute équivoque, que cette épreuve (le choix des sujets, les modes de lecture et d’évaluation des copies) correspond à l’esprit général et aux contenus de la formation philosophique dispensée dans les classes préparatoires littéraires et dans les khâgnes BL en particulier. On s’efforce de concevoir des sujets permettant aux étudiants de cette filière de donner le meilleur d’eux-mêmes, sur la base du travail fourni et cela qu’il s’agisse d’une première ou d’une seconde année de préparation. Il faut toutefois rappeler une fois encore que les candidats doivent être attentifs à la durée particulière de cette épreuve : quatre heures pour la composition d'une dissertation et non pas six heures comme lors des épreuves ENS, ce qui impose un rythme de travail intense et une contrainte de concision à ne pas négliger. Cette année comme les années passées certaines copies apparaissent inachevées ou bâclées dans leurs dernières séquences ou dans leurs conclusions, faute sans doute d’une attention suffisante portée à ce temps (relativement) court. Il est un art d’aller à l’essentiel, que les candidats doivent vraiment faire leur. Le sujet de cette session, comme ceux des années passées, était suffisamment ouvert pour permettre aux candidats de mobiliser une culture philosophique qui varie selon les classes, les professeurs et les parcours philosophiques des uns et des autres ; mais aussi suffisamment déterminé pour résister aux copies relâchées qui transforment les sujets en prétexte pour l’exposé de contenus mal appropriés. C’est l’ensemble des années de préparation qui doivent être mobilisées lors de cette épreuve, sur la base d’une réelle maturité. Pour répondre à une question qui est souvent posée par les candidats : il n’existe pas sur un sujet donné de références ou d’exemples obligés. Si l’on a lu cette année de très bonnes copies faisant référence à Descartes (la précipitation et la prévention, comme causes – méthodiquement maîtrisables – de l’erreur) ou à Marx (les déterminations idéologiques d’une conscience qui n’a pas – ou très difficilement - la maîtrise de ses propres représentations), ces références (bien venues) n’étaient évidemment pas attendues a priori comme nécessaires à l’élaboration d’une bonne copie. Il revient à chaque candidat de mobiliser à bon escient et comme il l’entend les éléments de culture philosophique dont il dispose. A partir du moment où il fait ses propres choix, convoque tel auteur ou telle œuvre, telle séquence conceptuelle ou tel exemple, il s’oblige à un propos instruit, développé et surtout, pertinent : la norme de référence pour l’évaluation des copies leur est en grande partie immanente. Pour prendre l’exemple d’une référence à Descartes : il ne revient pas du tout au même de renvoyer Descartes à un très vague – et d’ailleurs faux – « les sens nous trompent », ou de mettre en avant la dimension seulement raisonnable moralement (au sens de la pratique) d’une confiance dans les perceptions sensibles, par différence avec ce qui est exigible d’une science qui se veut parfaitement certaine ; ou encore de convoquer une lecture détaillée de la fin de la seconde des Méditations métaphysiques, où il est justement expliqué que la formule commode « les sens nous trompent » méconnaît la part du jugement et, partant, de la volonté. Et c’est pour cette raison que les tactiques de remplissage (accumulation de « fiches » résumant des doctrines, notamment) sont sanctionnées clairement et nettement. S’agissant de la formulation même du sujet, on a cette année respecté la coutume qui semble faire consensus entre concepteurs et préparateurs : le sujet est formulé dans une langue qui ne comporte pas de sophistications ou d’équivoques excessives, susceptibles de brouiller la compréhension des difficultés qui sont en jeu. Seul (petit) élément de complication – mais il n’a pas dérouté les candidats : le sujet invitait à considérer, pour les rapprocher ou les différencier, en tout cas les comparer deux situations différentes, selon le sens donné au terme « nous » : on peut commettre pour soi-même une erreur ; on peut induire les autres en erreur. Pourquoi me trompai-je ? Pourquoi trompai-je les autres ? De quelle(s) manière(s) ? Il n’est pas sûr que tout cela revienne au même. Cet esprit général sera à nouveau celui de la session 2014 du concours et c’est dans une telle perspective que nous invitons les candidats à se préparer. 1 §2 Comme lors des sessions précédentes, toute l’échelle des notes (de 0 à 20) a été utilisée pour l’évaluation et l’ordonnancement des copies. Les notes les plus basses sont attribuées aux copies qui sont manifestement et gravement déficientes et, comme déjà dit, il y en a très peu. Le jury est soucieux de valoriser de manière nette les copies qui se détachent du lot (une très bonne copie sera sans hésitation notée entre 15-16 et 20). Il tient aussi à utiliser tout l’éventail des notes moyennes pour des copies qui, même si elles ne sont pas tout à fait abouties, témoignent d’un travail de préparation sérieux, de connaissances précises et d’un véritable engagement réflexif. Il est important que la philosophie soit de ce point de vue à égalité avec les autres disciplines au sein du concours. Pas d’écrasement des notes donc, autour d’une moyenne qui serait préjudiciable aux candidats. §3 L’impression d’ensemble qui se dégage à la lecture des copies de cette session 2014 est celle de copies de bon niveau, et l’on doit se réjouir de cette tendance et de ce positionnement, car ils correspondent à des connaissances assez précises, à une bonne maîtrise de la rhétorique dissertative, ainsi qu’à un indéniable engagement réflexif. Toutefois, celui-ci est parfois resté assez restreint, comme si un grand nombre de candidats n’avaient pas réussi à trouver les moyens de développer des analyses qu’ils ont par ailleurs engagées. Trop de copies s’interrompent au moment même où elles pourraient rebondir, étant donné le chemin déjà parcouru – notamment, alors qu’elles se trouvent au seuil d’une interrogation sur la contribution des erreurs à la constitution et d’une certaine manière aux progrès des savoirs. Et cela ne tient pas tant à la fragilité des connaissances – elles sont bien présentes dans les copies – mais plutôt aux défauts d’une attention portée par les candidats aux définitions, aux propositions, aux arguments qu’ils mettent en place, et dont ils 1 Pour mémoire, voici les sujets qui ont été proposés ces dernières années : « Sommes-nous des sujets ? » (2002), « Le connu et l’inconnu » (2003), « L’expérience du mal » (2004), « Faire la loi » (2005), « L’étranger » (2006), « En quel sens peut-on dire de la politique qu’elle est rationnelle ? » (2007), « La sensibilité nous instruit-elle ? » (2008), « Qu’est-ce qui est respectable ? » (2009), « Bien penser et bien faire » (2010), « Qui sont nos ennemis ? » (2011), « Changer ses désirs, plutôt que l’ordre du monde » (2012), « Bien vivre, est-ce affaire de science ? » (2013). Et puisque la question nous a été posée : le sujet avait été choisi bien avant que la commission responsable du choix des thèmes de la voie « EC » ne décide de mettre au programme pour l’année 2014-2015 « La vérité ». pourraient à l’évidence tirer un meilleur parti. On peut faire l’hypothèse que certains candidats restent en quelque sorte prisonniers de ce qu’ils interprètent à tort comme un manque de savoir, au lieu de profiter, pleinement et réflexivement, des connaissances dont ils disposent et qui même partielles ou approximatives, pourraient être mieux exploitées. Il est fréquent aussi – ce qui accentue sans doute pour les lecteurs cette impression de relatif inachèvement – que les conclusions manquent de netteté ou de fermeté, substituant des résumés assez plats (et en réalité inutiles) à l’énoncé d’une proposition ultime, relative aux dimensions et aux éléments les plus importants du questionnement et de l’argument. Plus précisément dit : il ne suffit pas, à condition même que cela soit possible, d’expliquer l’origine de l’erreur pour décider de sa fonction, de sa valeur ou de son sens. Beaucoup de candidats se sont contentés d’une réflexion – qui pour être classique ne manquait pas d’intérêt – sur les origines et les causes de l’erreur, en s’arrêtant trop vite à une compréhension partielle, et finalement un peu biaisée, de la question qui leur était posée. La question des limites (nécessaires ? contingentes ?) de la connaissance est souvent devenue la question exclusive, alors que la question des fins, des buts, des enjeux et partant, du sens même de l’erreur, faisait pleinement partie des perspectives de traitement d’un tel sujet. Mais celle aussi, également importante, de sa réalité : d’où savons nous, et sur la base de quelle expérience ou critère – si toutefois un tel critère est pour nous disponible – que « nous nous trompons » ? A trop vite s’engager dans l’analyse des causes de l’erreur (ou de la tromperie) on oublie que sa réalité même, sa détermination et sa délimitation, peuvent faire problème. Il est regrettable que certaines copies, ayant perçu quelque chose de cette difficulté – quelle connaissance et quelle certitude avons-nous de nos propres erreurs, ou de celles des autres ? – ne soient pas parvenues à interroger de manière un peu précise la réalité même de l’erreur. Plus amples et plus précises à la fois, les bonnes copies sont souvent parvenues à articuler une triple interrogation : sur la nature et les déterminations même de l’erreur ou de la tromperie ; sur leurs causes, motifs et/ou raison(s) ; sur leurs fonctions, valeurs et sens. Et cela, dans une perspective qui a dépassé la dimension strictement gnoséologique – qu’en est-il de la faillibilité de nos connaissances ? – pour prendre compte les aspects pratiques de la question. Ces copies ont considéré la question posée sous l’angle de la vie collective et de l’intersubjectivité, en lui conférant une portée sociale ou politique, autant que morale. Sur le plan technique, la différence entre les bonnes et les moins bonnes copies se creuse souvent très vite, dès les premières lignes de l’introduction. Il faut attirer l’attention des candidats sur ce point, qui est loin d’être de pure forme : la formule du sujet doit être précisément examinée, ce qui, loin d’être une contrainte, est au contraire une aide précieuse. Non seulement parce que la formulation même du sujet vient border la réflexion, mais aussi parce ce moment d’attention initiale est indispensable pour ouvrir et déterminer le sens du sujet. La hâte réduit au contraire la question posée à une réflexion sur l’illusion, à partir de l’opposition – dogmatiquement tenue pour une évidence définitive – entre l’apparence et la réalité, ou entre les sens et l’entendement. §4 Il aurait été utile que les candidats fassent preuve d’une plus grande vigilance critique, s’agissant de plusieurs fausses évidences auxquelles ils adossent, assez malencontreusement parfois, leur compréhension du sujet. Signalons les principaux points de verrouillage, dont un certain nombre de copies ont pâti ; c’est-à-dire aussi, par inversion positive, les perspectives critiques dont les meilleures copies ont su profiter : • Il était important de faire la différence entre l’erreur et la tromperie, et de s’interroger sur la part respective, en chacune, du volontaire et de l’involontaire, ou, plus abstraitement dit, de l’activité et de la passivité. Mais il était aussi important de se garder des distributions trop rapides. L’erreur estelle seulement involontaire ? Est-elle seulement une réalité subie ? N’exprime-t-elle pas aussi, à sa manière, un élan ou un engagement du sujet ? La tromperie quant à elle est-elle seulement et toujours volontaire, et basée sur une intention réfléchie, sinon de nuire, en tout cas de leurrer celui à qui elle s’adresse ? Car il pourrait aussi se glisser, au sein même des relations interpersonnelles ou sociales, une part de méconnaissance qui renvoie moins à la capacité des uns à se jouer des autres qu’à un état partagé du savoir, ou plutôt du « semi-savoir » . D’où la question, précisément instruite par certaines copies, de la délimitation, sans doute plus incertaine qu’il n'y paraît au premier abord, de l’erreur et de la tromperie : n’y a-t-il pas des trompeurs trompés, soit qu’ils subissent ce qu’ils croient faire subir aux autres, soit qu’ils se leurrent eux-mêmes, par la méconnaissance des causes, ou des effets, d’un processus cognitif et pratique dont ils n’ont en réalité qu’une maîtrise très relative. • S’il peut sembler évident que « nous nous trompons » , et si un assez grand nombre de candidats ont d’emblée considéré qu’il y avait là une espèce de donnée immédiatement observable et d’une certaine manière, a-problématique, quelques copies ont judicieusement remarqué que l’erreur ou la tromperie ne se laissent pas si aisément circonscrire. Et cela non seulement parce qu’elles n’apparaissent comme telles que pour ceux qui, au moins en partie, ont réussi à s’en dégager – ce que la plupart des copies ont indiqué ; mais parce que cette distance rétrospective elle-même même ne suffit pas – pas toujours en tout cas – à produire une délimitation suffisamment nette pour être effectivement assurée. C’est alors la question du jugement, des critères ou plutôt de l’absence de critères du vrai ou du sincère véritablement assurés, qui devenait centrale. Plusieurs copies se sont intéressées à la question de l’authenticité – bien distinguée de la vérité – en insistant sur le caractère indéterminé d’une telle disposition : y a-t-il vraiment des marques fiables, des bornes, soit positives, soit négatives, de la non-dissimulation ? Comment décider, avec certitude, de cela ? • Sur un plan concernant au premier chef la constitution des connaissances – ou même, plus largement, des savoir-faire – certaines copies ont réfléchi à la fonction positive de l’erreur : correspondant non pas seulement à un défaut ou à un échec, mais à un essai – soit celui d’un débutant ou d’un commençant, exerçant des forces encore imparfaites ; soit aussi celui d’un confirmé, travaillant aux frontières d’un savoir ou d’un savoir-faire en cours d’élaboration – par essai(s) et erreur(s) justement. On pouvait aussi faire à ce niveau la différence entre l’expérience scolaire d’une erreur facilement assignable – sur la base d’un corpus de connaissances stabilisées ou d’un ensemble d’opérations techniques régulièrement connues et mises en œuvre, et le flottement quasi nécessaire qu’induisent des connaissances dont la vérité même n’est pas (encore) acquise. Estce parce que l’on a affaire à une connaissance en cours de constitution ou de perfectionnement ? Ou parce que le régime de savoir auquel on a affaire ne répond pas au modèle d’une science parfaitement démonstrative, et capable de nous instruire d’une série de vérités indubitables et évidentes ? C’est la distribution même du vrai et du faux que l’on pouvait interroger, et cela notamment d’un point de vue d’une histoire de la connaissance et des déplacements liés à son devenir (en partie) scientifique. • L’approche morale voire moralisatrice du mensonge – il y aurait une mauvaise ou méchante intention émanant des hommes avides ou même pervers, prêchant le faux alors même qu’ils connaissent le vrai pour mieux user et abuser de leurs semblables (faisant, par exemple, de fausses promesses) – a été judicieusement déplacée dans plusieurs copies sociologiquement instruites (notamment pas des lectures précises de Durkheim) et s’intéressant à la nature comme à la fonction sociale des croyances collectives. Le propre d’une croyance tenant à ceci qu’il ne s’agit ni à proprement parler d’une erreur, ni d’un mensonge, mais d’un ensemble de représentations par lesquelles la réalité se trouve à la fois observée et interprétée : pas d’intention de tromper à ce niveau, mais constitution d’un « sens commun » correspondant à un certain ancrage ou usage du monde. Parmi les références qui ont été très utiles aux candidats et qui ont témoigné à la fois d’un bon niveau de connaissance et de réflexion : • La distinction spinoziste des « genres de connaissance » a permis de déplacer une interprétation seulement négative de l’erreur comprise comme défaut d’attention, de méthode ou de savoir, pour en interroger la puissance même, y compris au sein d’une « connaissance inadéquate » . On tient d’autant plus à ses erreurs qu’elles ne sont pas seulement des manques ou des imperfections, mais qu’elles expriment et correspondent à un certain état de notre expérience et de notre rapport au monde, sans doute mal instruit scientifiquement et réflexivement parlant, mais néanmoins nécessaire, et paradoxalement doté de sa perfection propre. • Quelques copies se sont précisément intéressées à ce qu’on pourrait appeler, à partir de Sartre ou de Rousseau, les paradoxes de la mauvaise-foi, ou de la sincérité. Est-il vraiment possible, et à quelle conditions, de se mentir à soi-même, étant entendu que l’efficacité même du mensonge suppose la dissimulation du faux : comment le même sujet pourrait-il occuper en même temps les deux positions, celle du trompeur et celle du trompé ? Est-il vraiment possible – question inverse et complémentaire – de prendre en toute transparence la mesure de ses propres dispositions ou de ses propres intentions ? La représentation ou la narration de soi pourraient bien comporter une part irréductible d’imagination ou de fiction ; et surtout, une part difficilement déterminable de celles-ci. • Mentionnons pour finir UNE copie – la seule du concours ( !) – faisant référence aux analyses de Lucrèce dans le quatrième livre du De natura rerum, pour travailler à renverser le si commun « les sens nous trompent » en posant et en travaillant la question suivante : qu’en est-il des effets de méconnaissance induits par une raison oublieuse de ce qu’elle doit aux sens et méconnaissant leur rôle d’ « équerre et de niveau ». C’était l’occasion notamment de faire la différence entre différents ordres de rationalité, ou même plus simplement entre différentes temporalités, n’impliquant pas le même type de méfiance, ou de défiance, à l’égard de l’expérience commune et à ses supposées (peut-être à tort) tromperies. Nous souhaitons bon courage aux candidats de la prochaine session, et nous les invitons à tenir compte des conseils que ce rapport essaye de leur apporter.