Corrigé du sujet d`éducation civique
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Corrigé du sujet d`éducation civique
CORRIGE PREMIERE PARTIE : QUESTIONS 1. Ces symboles sont le sceau (plus précisément le Grand Sceau de France, sceau officiel de la République française depuis 1848), le drapeau tricolore et Marianne. (0,5 point pour chacune de ces réponses) 2. « Napoléon » correspond au Premier Empire (18041815) et la « monarchie restaurée » à la monarchie constitutionnelle (1815-1848). (0,5 point par réponse complète) 3. Le maréchal Pétain, chef de l'Etat français, incarne la politique de collaboration menée par le régime de Vichy avec l'occupant nazi. (0,5 point pour le mot « collaboration ») 4. « L'affaire Dreyfus » éclate en 1898. 5. L'antisémitisme s'oppose à un des grands symboles de la République, à savoir la devise « liberté, égalité, fraternité ». (0,5 point pour la devise dans son intégralité) DEUXIEME PARTIE : PARAGRAPHE ARGUMENTE Barème : – 0,5 point pour l'introduction, – 0,5 point pour la conclusion, – 1 point pour un plan cohérent, – 3 points pour les renseignements tirés des documents et 3 points pour les connaissances personnelles. Corrigé Introduction En France, la République est un régime politique né de la Révolution de 1789 et indissociable de l'idée de démocratie (ce qui n'est pas le cas des pays qui ont choisi des monarchies parlementaires, comme l'Angleterre par exemple) (cf. connaissances et document 2). Les symboles républicains sont donc chargés d'histoire et c'est pour cela qu'ils sont parfois l'objet d'enjeux ou de passions qui peuvent donner lieu à de violentes controverses. Ainsi, si certaines personnes (à l'image de Jean Jaurès dès 1903) ou associations (cf. « La nouvelle Marseillaise ») proposent de supprimer le passage de « La Marseillaise » relatif au « sang impur », d'autres s'y opposent fermement, soutenant qu'on ne peut pas toucher à un « monument » appartenant à l'histoire de France. (apport) Le 4 janvier 1980, Serge Gainsbourg avait dû annuler un concert à Strasbourg, la salle étant investie par des parachutistes n'appréciant pas sa version reggae de notre hymne national (« Aux armes, et caetera »).(apport) Plus récemment (mars 2010) c'est la polémique relative à une photographie montrant un jeune homme en train de s'essuyer le postérieur avec le drapeau français qui a amené la FNAC de Nice à retirer le cliché en question. (apport) Les délits d'outrage au drapeau ou à « La Marseillaise » sont en effet sanctionnés par la loi. (apport) Première partie : les symboles républicains, des symboles chargés d'histoire. Le coq est le symbole républicain dont l'origine est la plus lointaine. Il apparaît dès l'Antiquité sur des monnaies gauloises et devient le symbole de la Gaule à la suite d'un jeu de mot (le terme latin « gallus » signifiant à la foi « coq » et « gaulois »). (cf. cours) Le faisceau de licteur, symbole hérité de l'Antiquité romaine, représente l'union et la force des citoyens français réunis pour défendre la Liberté. Il est adopté par l'Assemblée constituante dès 1790. (cf. cours) Marque distinctive et signe d'autorité, le sceau est détenu au Moyen Age et sous l'Ancien Régime par les différents pouvoirs civils et religieux et par le roi lui-même. (cf. cours et document 1) Un décret de 1792 a fixé pour la première fois le contenu du nouveau sceau de la République. Le sceau actuel est celui de la Seconde République, frappé en 1848. Aujourd'hui, l'usage du sceau n'est réservé qu'à des occasions solennels comme la signature de la Constitution et éventuellement ses modifications.(apport) Le 14 juillet est la fête nationale depuis 1880. Ce jour permet de commémorer deux évènements à la fois. D'une part, la prise de la Bastille (14 juillet 1789) et d'autre part la Fête de la Fédération (14 juillet 1790, qui symbolise l'union de la Nation ). (cf. cours) Le drapeau tricolore, à l'origine mal connue, ne prend sa forme définitive que le 15 février 1794. Ses couleurs symbolisent, suivant les propos de Lafayette, « l'alliance auguste et éternelle entre le monarque (Louis XVI, - le blanc de la monarchie -) et le peuple (bleu et rouge de la ville de Paris) ». (cf. cours et document 1) Héritage du siècle des Lumières, la devise « Liberté, Egalité, Fraternité » est invoquée pour la première fois lors de la Révolution française. Souvent remise en cause, elle s'impose sous la IIIe République. (cf cours) "La Liberté guidant le peuple", Eugène Delacroix, 1830. Même si la Constitution de 1958 a privilégié le drapeau tricolore comme emblème national, Marianne incarne aussi la République française. Symbole de liberté, le bonnet phrygien était porté par les esclaves affranchis en Grèce et à Rome. (cf cours et document 1) Un bonnet de ce type coiffait aussi les marins et les galériens de Méditerranée et aurait été repris par les révolutionnaires venus du Midi. Deuxième partie : démocratiques les symboles républicains, des symboles A l'exception du coq, tous les symboles républicains ont vu le jour lors de la Révolution de 1789, époque de conquête des droits et des libertés, et furent ancrés dans la mémoire collective lors de périodes où la république était le régime politique du pays. (cf. cours) Ainsi, la plupart des symboles républicains ont été officiellement adoptés lors de la III e République, à l'exception du sceau (Seconde République) (cf. cours). A l'inverse, certains symboles ont disparu, momentanément, lors de périodes de restriction de ces droits et libertés. Le drapeau tricolore disparaît au profit du drapeau blanc de la monarchie de 1815 à 1848. (apport) La devise « Liberté, Egalité, Fraternité » tombe en désuétude sous le Premier Empire, disparaît sous la monarchie constitutionnelle, réapparaît en 1848, est boudée sous le Second Empire avant de s'imposer sous la III e République. (apport) S'il y a cependant un régime politique qui marque un véritable recul démocratique et n'hésite pas à nier les principes, valeurs et symboles de la République, c'est bien le régime de Vichy. (cf. cours et document 3) Certes, les idéaux de 1789 ont mis du temps à prendre forme : il faut ainsi attendre 1848 pour que le suffrage universel masculin et l'abolition de l'esclavage voient le jour, et 1944 pour que les femmes aient le droit de vote. Quant à l'affaire Dreyfus (qui éclate en 1898), elle nous rappelle que, même sous un régime républicain, les haines et discriminations sont souvent présentes. Cela dit, le gouvernement de Pétain marque non seulement un arrêt mais un recul sur le plan démocratique, recul qui se traduit par la disparition de certains symboles républicains. Le buste du Maréchal remplace celui de Marianne dans les mairies et sur les timbres de l'époque (le seul personnage à avoir eu jusqu'alors le privilège d'avoir son effigie reproduite sur un timbre étant Napoléon III, contrairement à l'usage républicain qui voulait que l'on ne représentât pas de personnage encore en vie sur les timbres),(apport) la devise « Liberté, Egalité, Fraternité » cède la place à « Travail, Famille, Patrie », « La Marseillaise » (interdite par les Allemands) devient rapidement un des hymnes des résistants alors que le régime de Vichy lui préfère « Maréchal nous voilà !». Il est vrai que le titre de « chef de l'Etat français » revendiqué par Pétain contient déjà en lui la négation même de l'idéal républicain : un « chef » n'est pas un « président » et un « état » pas forcément une « république ». Cette négation des valeurs et des principes républicains conduira le régime de Vichy à bafouer les droits de l'homme et, par exemple, à édicter le premier statut des Juifs dès octobre 1940 qui légalise l'antisémitisme en France. Conclusion Les symboles républicains sont donc chargés d'histoire et sont indissociables de l'idéal démocratique et des droits de l'homme, et l'histoire récente prouve que le fait de s'attaquer aux symboles de la République est un acte loin d'être anodin. 1792 a vu la naissance de la Première République (officiellement proclamée le 21 septembre) et il semble acquis que, si certains hommes politiques évoquent parfois la nécessité de changer de République et de passer à une VI e République, les symboles, eux, demeureront.