Quelle mission pour la vie religieuse apostolique féminine en

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Vies consacrées, 80 (2008-3), 172-187
Quelle mission pour la vie religieuse
apostolique féminine en Belgique
aujourd’hui∞∞?? 1
Un préalable∞∞: penser la place de la vie religieuse dans
l’Église et le monde en termes de mission
Lorsqu’on traite de la vie religieuse et de son rôle dans l’Église
et dans le monde, il est important de se situer dans une perspective missionnaire. En effet, la vie religieuse n’existe pas pour ellemême, elle existe nécessairement pour Dieu, dont elle se reçoit,
et pour le monde, auquel elle est envoyée. Pour citer un ouvrage
récent2, la décision d’entrer dans la vie religieuse est bien plus
qu’un simple choix personnel, elle intéresse toute la communauté chrétienne, et, au-delà, le monde entier. Dans ce choix de
vie, c’est Dieu lui-même qui s’engage à l’égard des communautés
chrétiennes, du monde et de la création. La vocation religieuse
est nécessairement pour le monde et pour l’Église, et elle a en
ce sens une dimension missionnaire, quelle que soit la forme
concrète qu’elle va revêtir.
Ce que est dit ici de la vie religieuse vaut plus largement pour
l’Église. Celle-ci non plus n’existe pas pour elle-même, elle existe
pour Dieu et pour le monde. C’est ce qu’a justement exprimé
Lumen gentium 1∞∞: l’Église est en Jésus Christ le sacrement, c’està-dire le signe et le moyen du dessein de salut de Dieu pour l’humanité. La mission de l’Église, sa raison d’être, c’est de manifester au monde le projet d’amour que Dieu a pour lui et de travailler
1. Conférence donnée récemment aux Supérieures majeures de Belgique francophone, réunies pour faire écho à la rencontre de l’UISG (6-10 mai 2007) sur le thème
«∞∞Appelées à tisser une spiritualité nouvelle d’où jaillissent espérance et vie pour
l’humanité∞∞». Il s’agissait ainsi de réfléchir à «∞∞la contemplation et l’écoute de la Parole
pour regarder le monde avec les yeux de Dieu et un cœur de femme. Donner vie et
espérance en partant de la foi chrétienne∞∞».
2. J. HAERS, Les vœux aux frontières, Bruxelles, Lessius, 2006.
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à sa réalisation dès aujourd’hui. En ce sens, le prophétisme de la
vie religieuse est inséparable du prophétisme de la vie chrétienne,
comme l’a justement rappelé Enzo Bianchi3.
Cette intuition du rôle fondamental de la mission pour la vie
religieuse ne date pas d’aujourd’hui. Dans les années 80 déjà,
Jean-Claude Guy avait écrit à ce sujet un ouvrage qui garde toute
son actualité4. Les fondateurs et fondatrices, quelle que soit leur
époque, ont toujours voulu réagir à un manque dans la vie de
l’Église, parce qu’ils avaient été sensibles aux appels de Dieu et
de son peuple. Au sein d’une Église appelée à être signe de l’Évangile dans le monde, la vie religieuse participe à la même mission.
La compréhension nouvelle des conseils évangéliques, qui ne
sont plus considérés comme le privilège des religieux, mais
comme un chemin offert à tout chrétien et même à tout être
humain, se situe dans la même perspective. Les religieux n’ont
pas le monopole de la vie selon les conseils, ils ont simplement
une manière particulière de vivre ces conseils proposés à tous,
qui peut faire signe à leurs frères et sœurs et les aider à avancer
sur leur chemin propre.
La mission comprise comme échange des dons
S’il est juste de parler de la vie religieuse en termes prophétiques, missionnaires, il convient cependant de prendre garde à
certains dangers, particulièrement celui de concevoir la relation du prophète au monde comme une relation à sens unique.
C’est le danger d’insister de manière unilatérale sur la fonction
prophétique de la vie religieuse, comme si les religieux avaient
seulement quelque chose à dire au monde et à l’Église, sans
rien recevoir en retour. Au contraire, les religieux sont invités
aujourd’hui à comprendre leur mission dans la logique de ce que
Vita consecrata appelle l’échange des dons. Ici encore, cette intuition dépasse la perspective étroite de la vie religieuse. L’Église tout
3. Voir E. BIANCHI, Si tu savais le don de Dieu, Bruxelles, Lessius, 2001.
4. J.-C. GUY, La vie religieuse mémoire évangélique de l’Église, Paris, Le Centurion,
1987.
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entière, dans sa recherche difficile de la juste articulation entre
le dialogue et l’annonce, est davantage consciente qu’elle n’a pas
seulement à apporter quelque chose au monde, mais qu’elle
peut aussi recevoir de lui, puisque ce monde est déjà habité par
l’Esprit, avant même qu’elle n’y soit présente. Cela se vit avec une
force particulière dans le dialogue interreligieux et œcuménique,
mais aussi dans le dialogue intraecclésial. On peut penser par
exemple à l’enrichissement mutuel que peuvent s’apporter les
différents états de vie, laïcs, clercs diocésains, consacrés de toutes sortes5. Dans une perspective proche, la pastorale d’engendrement, telle que la propose Philippe Bacq6, met particulièrement l’accent sur le fait que tout engendrement est mutuel,
y compris en pastorale. C’est réciproquement que chrétiens et
non chrétiens peuvent s’engendrer à la vie. Ainsi que l’a bien dit
l’UISG, la mission des religieuses n’est pas d’apporter une spiritualité nouvelle au monde, mais de tisser ensemble, avec leurs
contemporains, cette spiritualité nouvelle. Ici aussi, il s’agit de
vivre l’échange des dons.
Ces remarques préalables étant faites, j’en viens au thème
proposé par les supérieures majeures de Belgique pour penser la
place de la vie religieuse apostolique dans le monde contemporain∞∞: «∞∞La contemplation et l’écoute de la Parole pour regarder le
monde avec les yeux de Dieu et un cœur de femme. Donner vie
et espérance en partant de la foi chrétienne∞∞».
Au départ, une attitude de contemplation et d’écoute
Dans une telle approche, la mission de la vie religieuse est
d’abord considérée en termes de contemplation et d’écoute de
la Parole. Cette approche rejoint un sentiment largement partagé parmi les religieux et religieuses aujourd’hui, que, comme
5. Le développement du phénomène des laïcs associés à certains instituts peut constituer un exemple intéressant à cet égard.
6. Voir PH. BACQ et C. THÉOBALD (Éd.), Une nouvelle chance pour l’Évangile, Bruxelles,
Lumen Vitae, 2004∞∞; PH. BACQ et C. THÉOBALD (Éd.), Passeurs d’Évangile, Bruxelles, Lumen
Vitae, 2008.
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on le dit souvent, la mission doit être comprise en termes de
manière d’être plutôt qu’en termes d’action.
Je voudrais cependant creuser quelque peu ce point, parce
qu’il est peut-être moins évident qu’il n’y paraît au premier
abord. En mettant en évidence le regard et l’écoute, on ne donne
pas simplement la priorité à l’être sur l’agir. On passe également
sous silence la dimension de la parole. Ces deux options ne font
pas l’objet du même consensus dans l’Église ni dans la vie religieuse.
L’insistance sur l’être plutôt que sur le faire fait aujourd’hui
globalement l’unanimité, du moins au niveau du discours7. Cette
moindre insistance sur les œuvres s’explique par des raisons à la
fois sociologiques et théologiques. D’un point de vue sociologique, Kristoff Talin8 a bien mis en évidence que l’insertion des religieux et religieuses dans le monde n’est définitivement plus de
l’ordre de l’utilité sociale. Il ne s’agit plus de pallier les carences
étatiques comme autrefois, en créant des écoles, des hôpitaux,
des services sociaux. D’autres le font aussi bien (même si l’on
regrette parfois le temps des Sœurs disponibles 24 heures sur 24)
et, de toutes façons, la moyenne d’âge actuelle des religieux et
religieuses en Occident ne leur permet plus de rêver à des actions
grandioses.
Théologiquement, intervient aussi la dimension de gratuité
de la vocation, dont les religieux sont plus conscients qu’autrefois. La vie religieuse est inutile et précieuse, à la manière du parfum de Béthanie dont parle Vita consecrata. Lorsque Jean-Paul
II insiste fortement, dans la même exhortation, sur le fait que la
vie consacrée est essentielle à l’Église9, il ne se situe pas au niveau
de ce que celle-ci peut faire pour l’Église, mais de ce qu’elle signifie par sa simple présence au sein du peuple de Dieu. La vie
consacrée — et donc aussi la vie religieuse — naît d’une initiative gratuite de Dieu et elle manifeste ainsi quelque chose du
Royaume. Par sa seule existence, indépendamment de ce qu’elle
7. Dans la vie concrète, c’est autre chose∞∞: beaucoup de religieux et de religieuses se
définissent encore effectivement par ce qu’ils font.
8. Voir K. TALIN, Survivre à la modernité∞∞?, Montréal, Médiaspaul, 2005.
9. Voir par exemple VC 29.
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fait, elle rappelle à l’Église qu’elle a aussi à se recevoir gratuitement de son Seigneur pour se mettre en route vers ce Royaume
offert à toute l’humanité.
La mise en évidence de l’être plutôt que du faire, pour parler
du sens de la vie religieuse, va donc globalement de soi aujourd’hui.
On ne retrouve cependant pas la même unanimité en ce qui
concerne le dire, la parole. Notre mission fondamentale est-elle
essentiellement de l’ordre d’une manière d’être ou comprend-elle
aussi une prise de parole∞∞?
Quelle place pour une annonce explicite∞∞?
Un débat ouvert
Dans la période qui a suivi immédiatement Vatican II, on
insistait un peu partout dans l’Église sur l’importance «∞∞d’être
avec∞∞» les gens, de s’enfouir dans la pâte humaine, sans mettre en
avant son caractère chrétien. L’abandon de l’habit religieux est
typique de cet état d’esprit. On voulait quitter le triomphalisme
d’autrefois au profit de la discrétion et de l’humilité. Dans ce
contexte, une annonce explicite de la foi n’était certainement pas
une priorité.
Aujourd’hui, il est clair qu’une partie importante de l’Église,
notamment dans la hiérarchie, ne partage plus cette manière de
voir. Les évêques français, par exemple, invitent les chrétiens à
«∞∞proposer la foi dans la société actuelle∞∞», pour reprendre le titre
de leur lettre aux catholiques de France10. Semblablement, les
évêques de Belgique, dans un document récent11, insistent sur
l’importance pour les chrétiens d’avoir une parole spécifique
dans la société contemporaine. Citons un passage de cette déclaration, au no 74∞∞: «∞∞la foi et la religion ne peuvent être exilées dans
la sphère privée. Les chrétiens sont des citoyens à part entière,
qui ont le droit d’intervenir dans le débat public. Ils n’ont pas à
craindre la lumière.∞∞»
10. LES EVÊQUES DE FRANCE, Proposer la foi dans la société actuelle, Paris, Le Cerf, 1996.
11. LES EVÊQUES DE BELGIQUE, Ne savez-vous donc pas interpréter les signes des temps∞∞?,
Bruxelles, Éditions Licap, 2007.
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Cette mise en évidence du rôle de la parole dans la mission,
et plus largement de la visibilité du christianisme, n’est pas propre au magistère. On la retrouve dans bon nombre de communautés nouvelles, y compris lorsqu’elles appartiennent canoniquement à la vie religieuse. Le port de l’habit religieux redevient
ainsi pour elles quelque chose d’important. Cet accent nouveau
sur la parole, sur la visibilité, a fini par interpeller la vie religieuse
traditionnelle elle-même. Mark Rotsaert, président de la conférence des provinciaux jésuites européens et depuis peu conseiller direct du nouveau Père général, a abordé cette question dans
le cadre d’une rencontre de l’UCESM, l’Union des conférences
européennes de supérieurs majeurs12. Il invita les supérieurs
majeurs à se laisser questionner par les communautés nouvelles
sur différents points, parmi lesquels la clarté quant à la vocation.
Il y a effectivement une insistance sur la visibilité, tant parmi les
communautés nouvelles qu’au sein de l’épiscopat européen et
certainement aussi la curie romaine, qu’on retrouve moins dans
la vie religieuse traditionnelle. C’est peut-être ce qui explique
une certaine incompréhension entre l’épiscopat et les instituts
religieux. Lors du premier synode sur l’Europe, par exemple, les
évêques avaient peu parlé de la vie religieuse, tandis qu’ils
avaient beaucoup évoqué la joie et l’espérance suscitées par le
développement des communautés nouvelles, qui s’affirmaient
davantage dans le paysage ecclésial13. Le Père Cabra avait traduit
cette attitude des évêques de la manière suivante∞∞: «∞∞si vous ne
changez pas, chers religieux, vous aurez peu à dire à l’Europe.∞∞»14
Cela avait suscité perplexité et amertume parmi les religieux, qui
avaient le sentiment de ne pas être compris par leurs évêques.
À la lumière de ce débat, il est intéressant de constater que,
lorsque les supérieures majeures de Belgique définissent la mission de la vie religieuse comme elles la comprennent aujourd’hui,
elles ne mentionnent pas directement le fait de parler, et encore
12. Voir M. ROTSAERT, «∞∞Pour une vie religieuse en Europe Anno 2006∞∞» dans Union.
Vie religieuse en Belgique, 2006.
13. Voir B. MALVAUX, «∞∞Que peut attendre la vie consacrée du prochain synode pour
l’Europe∞∞?∞∞», dans Vie consacrée, 1999.
14. Voir P. G. CABRA, «∞∞La vie religieuse au synode des évêques sur l’Europe∞∞», dans La
documentation catholique, 1992.
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moins d’être visible, mais elles utilisent des termes (contempler,
regarder, écouter…) qui renvoient davantage à la discrétion, à
«∞∞l’être avec∞∞».
Être réceptif à la Parole
J’en viens maintenant aux deux premiers verbes mis en évidence dans le thème∞∞: contempler et écouter la Parole. Ces deux
dimensions auxquelles les consacrés sont appelés, apparemment
bien distinctes, ne sont finalement que deux facettes d’une même
attitude, qu’on pourrait traduire par l’expression de contemplation écoutante. Celle-ci ne s’exerce pas par rapport à quelque
chose, mais par rapport à une personne, Jésus Christ.
La Parole de Dieu ne se limite en effet ni à l’Évangile, ni à
l’Écriture, même si celle-ci constitue un moyen privilégié pour la
découvrir. Fondamentalement, c’est le Christ qui est Parole de
Dieu pour l’humanité. Le Christ tel qu’il s’est révélé il y a deux
mille ans, comme le racontent les Évangiles, mais aussi le Christ
tel qu’il ne cesse de se révéler aujourd’hui, par le travail de son
Esprit à l’œuvre dans le monde.
À la base de la mission des religieux et religieuses, il y a donc
d’abord une attitude de réceptivité, d’accueil, qui consiste à
contempler et à écouter la Parole que Dieu leur adresse en son
Fils. Vita consecrata a des paroles très belles à ce propos, quand
elle relève (au no 84) que la véritable prophétie naît de l’amitié avec
Dieu, de l’écoute attentive de sa Parole dans les diverses étapes
de l’histoire. Ce n’est sans doute pas un hasard si Jean-Paul II a
choisi comme texte emblématique de cette exhortation apostolique le récit de la Transfiguration, où les disciples ne font rien de
particulier, si ce n’est contempler le Christ transfiguré, écouter
ce même Christ en conversation avec Moïse et Élie, puis le Père
désignant son Fils bien-aimé, puis le Christ encore demandant
aux disciples de garder le secret jusqu’à ce qu’il soit ressuscité des
morts. Lors de la parution de l’exhortation, certains ont accusé
Jean-Paul II d’avoir une vision trop contemplative de la vie religieuse, en choisissant un Évangile qui convenait avant tout aux
moines et aux moniales. Mais le Pape ne faisait ici que rappeler
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l’importance de la prière contemplative et écoutante comme
fondement même de toute activité missionnaire des consacrés.
Leur mission s’épuisera vite si elle ne se nourrit pas à sa source,
dans la contemplation et l’écoute du premier «∞∞missionnaire∞∞»
qu’est le Christ lui-même, le Fils bien-aimé du Père envoyé par
Lui pour partager nos chemins et nous indiquer la route de la vie.
En ce sens, la première attitude missionnaire des religieux et
religieuses est une attitude de prière, dans la contemplation
écoutante du Christ, Parole de Dieu telle qu’elle se révèle dans
l’Évangile et dans le monde d’aujourd’hui. Leur prière devrait
donc idéalement opérer une double relecture∞∞: la relecture de
leur vie et du monde qui les entoure à la lumière des Écritures, et
la relecture de l’Écriture à la lumière du monde qui est le leur,
pour y découvrir les appels que l’Esprit du Seigneur leur adresse.
Il s’agit donc de se nourrir à la double source de l’Écriture et du
monde. Un bel exemple de cette contemplation écoutante est
fourni par les communautés de base d’Amérique latine, qui ont
relu conjointement le livre de l’Exode et leur situation de communautés en marche vers le Royaume, reconnaissant dans cette
lecture conjointe un appel de Dieu pour aujourd’hui.
Regarder le monde à la manière du Christ
Dans le même mouvement, les religieux et religieuses sont
invités à regarder le monde avec les yeux de Dieu. J’aime beaucoup cette expression, qui devrait constituer le rêve de tout chrétien, et donc a fortiori de tout religieux. Bien sûr, il ne nous est
pas possible de connaître directement le regard du Père, mais
nous en avons un reflet fidèle en la personne de Jésus. «∞∞Qui m’a
vu a vu le Père∞∞» (Jn 14, 9). Le regard de Jésus sur ses contemporains, tel que nous pouvons le deviner à travers les Évangiles,
nous révèle le regard du Père lui-même sur l’humanité. C’est
dans ce regard que les religieux sont invités à entrer à sa suite.
Relevons ici quelques éléments particulièrement frappants
de ce que les Évangiles révèlent du regard de Jésus.
Un premier point à souligner, c’est la qualité exceptionnelle
du regard de Jésus. Nous n’avons jamais rencontré Jésus en chair
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et en os, nous n’avons donc pas fait directement l’expérience de
son regard, mais la manière dont les évangélistes en parlent nous
en donne une idée, et leur témoignage donne à penser que ce
regard avait quelque chose de très particulier. Il bouleversait par
sa bienveillance, parce qu’il rejoignait la personne au plus intime
d’elle-même, là où se trouvent ses blessures les plus profondes
mais aussi sa capacité d’aimer et de grandir. Je pense par exemple à ce qui est dit en Luc de la rencontre de Jésus avec Pierre,
après son reniement∞∞: «∞∞Le Seigneur, se retournant, posa son
regard sur Pierre. Et Pierre se rappela la parole du Seigneur qui
lui avait dit∞∞: avant que le coq chante aujourd’hui, tu m’auras
renié trois fois. Il sortit et pleura amèrement.∞∞» (Lc 22, 61-62) Luc
ne donne guère de détails sur cette scène, mais cela suffit pour
nous faire prendre conscience de ce qui s’est passé. Dans le
regard de Jésus, il n’y avait certainement pas de condamnation,
sans doute même pas de reproche, mais de la tristesse, plus
encore pour Pierre que pour ce qu’il avait fait. Dans ce regard
d’amour blessé, Pierre s’est senti rejoint au plus profond de luimême, à la fois dans sa lâcheté mais aussi dans les potentialités
d’amour présentes en lui, que Jésus souhaitait ardemment
réveiller. C’est ainsi qu’il est sorti de la cour de la maison du grand
prêtre en pleurant sa lâcheté, mais sans céder pour autant au
désespoir, parce qu’il avait découvert dans le regard du Christ un
appel à déployer ce qu’il avait de meilleur. Dans ce regard de
Jésus, il avait été rejoint dans sa pauvreté mais plus encore dans
sa richesse, parce que, même dans des circonstances aussi dramatiques, le regard de Jésus restait bienveillant, il lui «∞∞voulait du
bien∞∞».
D’autres mentions évangéliques du regard de Jésus aident à
en découvrir des facettes complémentaires. Je pense à la rencontre de Jésus avec le jeune homme riche. En Mc 10, 21, après que
l’homme riche a dit à Jésus qu’il observait les commandements
depuis sa jeunesse, Jésus posa son regard sur lui et se mit à l’aimer — on retrouve ici la bienveillance. Puis il lui dit∞∞: «∞∞Une seule
chose te manque∞∞: va, ce que tu as vends-le, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel∞∞; puis viens, suis-moi.∞∞»
Ce regard d’amour bienveillant porté sur l’autre, qui le rejoint
au meilleur de lui-même, est donc aussi un regard exigeant qui,
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précisément parce qu’il aime, invite l’autre à aller plus loin dans
le déploiement de ses potentialités au service de l’amour. Ce que
tu fais est déjà très bien. Mais tu peux encore faire mieux.
Cette exigence d’amour dans le regard que Jésus portait sur
ses contemporains a pu parfois l’amener à les interpeller, à les
secouer même, avec des paroles qui peuvent nous sembler très
dures. Je pense à cet extrait de l’Évangile de Marc (Mc 3, 5), où
Jésus se fait reprocher par les pharisiens d’avoir guéri un homme
à la main paralysée un jour de sabbat. Marc nous parle explicitement du regard «∞∞de colère∞∞» que Jésus porte sur ses interlocuteurs, «∞∞navré de l’endurcissement de leurs cœurs∞∞». Ce regard de
colère, nous avons à bien le comprendre. C’est parce qu’il aime
son interlocuteur que Jésus est en colère. Il est désolé de le voir
s’enfermer dans une attitude légaliste qui l’empêche de déployer
ses potentialités d’amour au service de son prochain. Cela vaut
particulièrement vis-à-vis des pharisiens. Jésus a eu des paroles
extrêmement dures à leur égard, par exemple au chapitre 23 de
Matthieu, où il les traite d’hypocrites, d’insensés, de guides
aveugles, etc. Généralement, nous en déduisons que Jésus et les
pharisiens étaient des ennemis. Mais les exégètes nous disent
aujourd’hui que Jésus était au contraire particulièrement proche
des pharisiens, et que c’était précisément pour cette raison qu’il
était si dur avec eux. Sur beaucoup de points, les pharisiens
étaient proches du Royaume, Jésus les aimait beaucoup, et c’est
parce qu’il les aimait qu’il était d’autant plus exigeant avec eux,
et d’autant plus désolé, voire en colère, quand ils les voyaient
s’égarer, gaspiller les richesses d’amour qui étaient les leurs. Il n’y
a donc pas de contradiction entre la bienveillance fondamentale
du regard de Jésus sur ses contemporains et l’exigence contenue
dans ce même regard. Il s’agit toujours d’aider l’autre à déployer
le meilleur présent en lui.
Une troisième dimension du regard de Jésus que je voudrais
souligner, c’est que ce regard allait au-delà des apparences
humaines et était particulièrement attentif aux plus petits, à ceux
que nous aurions tendance à ne pas voir, parce qu’ils ne se mettent pas en évidence, qu’ils sont marginalisés, qu’ils n’appartiennent pas au cercle restreint des gens qui comptent. On le voit bien
en Mc 12, 41-44, lorsque Jésus, assis en face du tronc du temple,
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regarde la foule mettre de l’argent dans le tronc. Plutôt que d’être
impressionné par les riches qui déversent des sommes importantes, il remarque la pauvre veuve, qui aurait dû passer inaperçue parmi tous ces gens importants. Son regard va au-delà des
apparences et reconnaît dans les quelques piécettes déposées
discrètement un geste plus fort que celui des riches. Apparemment, la veuve n’a pas donné grand-chose. En réalité, pour qui
sait regarder au-delà des apparences, elle a donné bien plus que
les autres.
À la suite du Christ, développer l’a priori favorable
Les religieux sont appelés à s’inspirer de ce que l’Évangile dit
du regard du Christ, en portant sur le monde un regard caractérisé par l’a priori favorable, qui reconnaît d’abord dans l’autre
une créature aimée de Dieu, dans laquelle l’Esprit du Seigneur
est à l’œuvre. Vatican II a particulièrement mis en œuvre cet a
priori favorable dans la déclaration sur les religions non chrétiennes Nostra Ætate, où il reconnaît ce qui est vrai et saint dans
les religions non chrétiennes, plutôt que d’y voir des foyers
d’erreur et de mensonge, comme autrefois. La prière pour la paix
d’Assise, mise en route par Jean-Paul II, s’inscrit dans la même
perspective.
Ce regard positif, les religieux et religieuses ne doivent pas
seulement le porter ad extra, mais aussi et peut-être même
d’abord à l’intérieur même de leurs communautés. Il est parfois
plus facile d’aimer le «∞∞prochain∞∞» que je ne fréquente qu’occasionnellement que le prochain que je côtoie chaque jour. Il n’est
pas si rare qu’un religieux porte un regard spontanément critique sur ses frères ou sœurs de communauté ou de congrégation,
et répercute parfois ce regard négatif dans ses propos hors
communauté. Une telle attitude ne correspond pas au regard du
Christ. Elle n’aide pas à donner vie et espérance.
Cette mise en évidence de l’importance du regard positif sur
autrui rejoint une des grandes missions à laquelle l’Église est
appelée aujourd’hui∞∞: être artisan de communion. La communion ne peut se construire que si les chrétiens sont habités par
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un a priori de confiance envers l’autre, d’ouverture aux richesses
qu’il porte en lui. Repartir du Christ est particulièrement éclairant à cet égard, quand il invite les consacrés à être des artisans
de communion, notamment dans leurs relations avec les communautés nouvelles, les laïcs et la hiérarchie. C’est une conséquence logique d’un regard porté sur le monde avec les yeux de
Dieu.
Un regard exigeant, par amour
Cependant, ce regard d’amour porté sur autrui n’est pas pour
autant un regard facile, il peut aussi être exigeant, à l’instar du
regard du Christ, qui dénonce fortement ce qui va à l’encontre
de la Bonne Nouvelle de l’Évangile. L’Église est plus attentive
aujourd’hui à cette dimension d’exigence qu’elle ne l’était à
l’époque du concile. Beaucoup reconnaissent que l’approche
positive de Vatican II à l’égard du monde, si elle s’explique fondamentalement par le souci de rompre avec l’attitude soupçonneuse de l’Église préconciliaire vis-à-vis de la modernité, peut
également être lue à la lumière du contexte général des golden
sixties, un contexte fait d’optimisme foncier et de confiance dans
les progrès de la civilisation.
Aujourd’hui, l’humanité est revenue de cet optimisme quelque peu béat et adopte une attitude davantage critique à l’égard
de l’évolution du monde. On est beaucoup plus sensible aux
menaces qui pèsent sur l’humanité et sur la création, aux dégâts
que notre manière de vivre occasionne à l’environnement et au
danger que cela implique pour notre propre survie. L’Église participe à ce mouvement en adoptant un ton plus critique vis-à-vis
de la société contemporaine, dénonçant avec force les injustices
de notre monde globalisé, les dérives qui ne respectent pas la
personne humaine et les dangers que nous faisons courir à l’univers. Par rapport à l’approche optimiste d’il y a quarante ans, on
peut parler d’infléchissement, voire de virage, mais cela ne signifie pas pour autant qu’on trahirait la suite du Christ. On rejoint
plutôt le regard critique que Jésus lui-même portait sur certaines
attitudes de ses contemporains.
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Que le regard des religieux sur le monde se fasse plus critique
n’est donc pas mal en soi. Mais l’important est qu’il s’appuie sur
l’amour du monde. C’est par amour de ses frères et sœurs que
Jésus dénonçait ce qui les éloignait du projet de Dieu pour eux.
C’est le même esprit qui doit animer les religieux et les chrétiens
aujourd’hui. C’est précisément parce que l’Église est solidaire
des luttes et des espoirs de l’humanité qu’elle dénonce avec force
les risques encourus par cette même humanité. C’est le même
souci du bien de la personne humaine et de la société qui est à la
base de la prière pour la paix d’Assise comme de la condamnation de certaines expérimentations en matière bio-médicale.
Il est important de pouvoir unir ces attitudes positive et critique dans un même regard. L’équilibre entre l’une et l’autre
n’est pas facile à établir et dépendra de la situation dans laquelle
chacun se trouve. Le processus qui précède les assemblées du
synode des évêques est éclairant à cet égard. Souvent, le premier
document préparatoire — les Lineamenta — élaboré par la curie
romaine, est très critique à l’égard du monde, dénonçant la sécularisation, l’individualisme, la perte des valeurs chrétiennes, etc.
Ce document est envoyé aux conférences épiscopales, qui se
plaignent de son approche trop négative à l’égard de la société.
Le secrétariat du synode élabore alors un nouveau document,
l’Instrumentum laboris, généralement beaucoup plus positif.
Les interventions au synode témoignent également de cette pluralité d’approches. D’une certaine façon, peu importe l’équilibre
atteint. Le tout est qu’il soit inspiré par l’amour du monde.
Un regard attentif aux plus petits
À la suite du Christ, les religieux sont également appelés à
développer un regard attentif en priorité aux plus petits.
Cette troisième dimension du regard du Christ ne fait guère problème, du moins sur le plan des principes. À lire les constitutions
rénovées des instituts, les actes des chapitres généraux ou provinciaux, on retrouve généralement cette mise en évidence de l’option préférentielle pour les pauvres. Les religieux sont profondément habités par Mt 25, 31-46, qui invite à reconnaître le Christ
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présent dans le plus petit de ses frères, la plus petite de ses sœurs.
Le tout, évidemment, est de se demander si l’on vit vraiment ce
regard attentif au plus petit. Ici encore, il est important d’être
attentif à la dimension d’échange des dons. Les religieux et religieuses ont certainement autant, voire plus à recevoir des pauvres qu’à leur donner.
Regarder le monde avec un cœur de femme
Pour les supérieures majeures, il ne s’agit pas seulement de
regarder le monde avec les yeux de Dieu, mais aussi avec un cœur
de femme. Je me sens ici moins habilité à avoir une parole sur le
sujet, étant donné que j’appartiens à l’autre moitié de l’humanité. Je relèverai simplement ce que Vita consecrata (no 57) dit à
ce propos, lorsqu’elle parle d’un appel spécial adressé aux femmes consacrées d’être un signe de la tendresse de Dieu pour
le genre humain. Noëlle Hausman ne dit pas autre chose15,
lorsqu’elle relève que la spécificité féminine de la vie religieuse
consiste à rendre visible un visage de la tendresse de Dieu pour
la communauté ecclésiale et humaine. On peut ajouter ici le don
de la vie et de l’espérance. La femme est par nature porteuse de
vie. Une compréhension féminine de la vie religieuse apostolique permet de révéler certains traits du visage de Dieu, qui vont
précisément du côté de la vie et de l’espérance.
Dans cet esprit, on comprend que l’explicitation du thème
parle de donner la vie et l’espérance au monde. Donner la vie a
une connotation typiquement féminine. Jacques Haers16 parle à
ce propos de la vie religieuse comme d’un plaidoyer pour une
qualité de la vie. C’est une manière relativement nouvelle de
concevoir la vie religieuse. Autrefois, on insistait sur le renoncement du religieux à un certain nombre de valeurs humaines,
nécessaire pour suivre le Christ de plus près. Aujourd’hui, on met
davantage en évidence la valeur positive de la vie religieuse. Si je
choisis d’entrer dans la vie religieuse, ce n’est pas pour mourir,
15. Voir N. HAUSMAN, Où va la vie consacrée∞∞?, Bruxelles, Lessius, 2004.
16. J. HAERS, Les vœux aux frontières, Bruxelles, Lessius, 2006.
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c’est pour vivre. Chaque vœu peut être ainsi relu dans une perspective de vie.
Le thème du don de la vie nous renvoie également à la pastorale d’engendrement, déjà évoquée plus haut. Cette nouvelle
manière de comprendre la pastorale vise avant tout à susciter la
vie, dans toutes ses dimensions, physique, psychologique, intellectuelle, affective, spirituelle, croyante, et d’abord dans ce que
la vie a de plus élémentaire, ce qui est nécessaire chaque jour
pour exister simplement en dignité humaine. Il s’agit d’abord
d’aider l’autre à grandir dans son humanité. Une parole explicite
d’annonce de la Bonne Nouvelle n’est certainement pas exclue,
mais s’il nous est donné de la prononcer, c’est en quelque sorte
par surcroît, en surabondance.
La même pastorale d’engendrement nous invite également à
comprendre la relation à autrui sur le mode de la réciprocité.
Si les religieux et religieuses sont appelés à donner la vie au
monde, ils sont tout autant appelés à la recevoir de lui.
Susciter l’espérance
Il s’agit encore de susciter l’espérance. L’espérance est étroitement liée à la vie. L’espoir fait vivre, comme le dit la sagesse
populaire, et le fait d’avancer dans la vie permet de garder l’espérance. Ce témoignage d’espérance me semble particulièrement urgent dans le monde qui est le nôtre. Je lisais récemment
l’ouvrage d’un philosophe explicitement athée, André ComteSponville17. Un des passages les plus interpellants de son ouvrage
est l’évocation de la mort d’amis ou de proches, qui constitue
pour lui un moment particulièrement difficile à vivre, précisément parce qu’il n’a pas d’espoir d’un au-delà. Or, le témoignage
d’espérance que religieux et religieuses sont appelés à donner est
précisément celui d’une vie qui ne s’arrête pas à la mort. En d’autres termes, il s’agit de proposer à nos frères et sœurs une vie sous
le ciel ouvert, c’est-à-dire une vie qui appelle à une vie nouvelle
alors même qu’apparemment tout prend fin.
17. A. COMTE-SPONVILLE, L’esprit de l’athéisme, Albin-Michel, 2006.
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Timothy Radcliffe relève très justement à ce propos que les
religieux peuvent être témoins d’espérance par la fidélité à l’engagement pris18. C’est ce qu’il appelle «∞∞oser risquer sa vie∞∞». Dans
nos sociétés occidentales, il y a une profonde perte de confiance
dans l’acte de s’engager par promesse. Quel sens peut-il y avoir
de donner sa parole jusqu’à la mort, si la mort est effectivement
la fin de tout∞∞? La profession des conseils évangéliques a ici une
valeur très forte de témoignage eschatologique, qui refuse de se
limiter à l’ici-bas. Elle constitue un acte de la plus haute signification, un signe d’espérance dans le Dieu qui nous promet un
avenir, même s’il dépasse notre imagination, et qui tiendra sa
parole. Cet avenir commence dès aujourd’hui, et il se poursuivra
dans l’éternité.
Benoît MALVAUX S.J.
rue du Grand Hospice 30
BE – 1000 Bruxelles
Pour faire écho à la récente rencontre de l’Union internationale des Supérieures générales, l’auteur, bien connu de notre revue, veut approcher la
vie religieuse apostolique féminine de Belgique (et d’ailleurs) d’abord en
considérant sa place dans la mission de toute l’Eglise∞∞; ensuite, la docilité
à la Parole et l’imitation du regard du Christ sont longuement méditées,
avant que ne se révèlent ces traits particuliers de l’approche féminine, qui
vont du côté de la vie et de l’espérance — des pages d’une vive actualité,
à la veille du prochain Synode sur la Parole de Dieu.
18. Voir T. RADCLIFFE, Je vous appelle amis, Paris, Le Cerf – La Croix, 2000.
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