Récit Tour du Lac Ontario
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Récit Tour du Lac Ontario
Récit Tour du Lac Ontario : 1000 km 14-16 juillet 2016 Par Frédéric Perman http://www.distancerider.net/LOL/LOLIndex.html 1-Préambule : En Hiver 2015-16, au moment de finaliser d’établir mes objectifs cyclistes pour la saison 2016, je me disais quelle pourrait être la meilleure préparation pour mon objectif déjà ciblé, à savoir le 1001 miglia en Italie (1600km avec 15000 m de dénivelé). Je me disais bien qu’un mois avant l’évènement, il pourrait être intéressant de faire une répétition incluant ainsi des facteurs que je retrouverais au 1001 miglia. http://www.1001migliaitalia.it/ Depuis des années, je pensais qu’un jour le 1000 km autour du lac Ontario pourrait à mon calendrier. Le 1000 km a l’avantage de se tenir un mois avant le 1001, d’être pas trop loin de la maison (5h30 de voiture) et aussi de démarrer le soir comme en Italie. Aussi le dénivelé était assez faible et je travaillerai cet aspect avec une autre épreuve : Le défi des 21 effectué le 9 juillet (330km avec 5000 mètres de dénivelé) https://www.facebook.com/defides21 . Ainsi je travaillerai ma récupération entre les deux épreuves distantes de …5 jours De plus cette suite entrait dans un micro cycle d’entrainement suivant une période de repos mi juin. La saison avait démarré correctement et après avoir observé une certaine stagnation spécifiquement dans les côtes, j’affichais une belle endurance démontrée lors du brevet de 600km fait le 11 juin en moins de 24 heures (23h40 minutes). Depuis mon retour après ma période de repos le 20 juin, je m’étais concentré sur les exercices en Côte. Le défi me permettrai de faire le point la dessus et de me situer. En fait le défi et le 1000 Lol (Lap of lake Ontario) me permettaient de visualiser à quoi je pouvais m’attendre en Aout, le 16 Aout. Mon objectif : le finir en 48 h et moins et finir la première journée sans avoir dormi avec au moins 600 km de fait. 2-Caractéristique du Lol (Lap of Ontario Lake) Organisé par le RUSA 1018 km 6145 m de dénivelés 13 contrôles Départ à 18h30 le soir près de Rochester dans l’état de New York 2 frontières à traverser, les 1000 iles, et Niagara. Un ferry à prendre Glenora L’organisation a prévu deux épreuves en fait donnant le choix aux participants de choisir l’une ou l’autre des dates. Le 07 juillet et le 14 juillet. 11 ont choisi le 07 et donc je me suis retrouvé seul le 14 à prendre le départ. Un exercice sur le mental en perspective… http://www.distancerider.net/LOL/LOLIndex.html https://ridewithgps.com/routes/15036421 3-Mon départ : J’arrive à 17 h30 après 5 h30 de voiture, la température extérieure est chaude et humide. J’ai conduit avec des bas de compression da façon à limiter les effets néfastes de passer trop de temps à conduire. Étant donné que je suis seul, je demande à l’organisateur de pouvoir partir plus tôt. Il me laisse ainsi partir à 18h30. Avant mon départ, j’ai la fâcheuse idée de masser mes jambes en pleine chaleur avec de l’huile camphrée. Habituellement cela est bénéfique mais à des températures en dessous de 20 degrés pas à 35!!!! Parfois le jugement n’est pas de mise. Je vois de suite que je me sens bloqué, comme si j’étais déshydraté. Pourtant le vent est totalement favorable peut être même avec des rafales de plus de 40 km par heure. J’avance mais pas du tout à la vitesse que je devrai avancer. La nuit tombe et j’arrive au premier contrôle, je prends soin d’avoir presque en permanence mes deux bouteilles pleines. En prévision avec la deuxième étape longue de plus de 120 km, je prends soin d’avoir une autre bouteille dans l’une des poches arrière. Les sensations ne sont pas bonnes, je trouve le temps long, je finis par me perdre, même en suivant mon Gamin… Je fais demi-tour rapidement et trop rapidement, je tombe sans gravité et je continue pour me rendre compte que je viens de dépasser le bon chemin, je refais demi-tour et de nouveau ….. je tombe. 2 fois en moins d’une minute. Là j’ai quelques brulures, mais cette aventure me permet de reprendre mes esprits et me concentrer sur ma première victoire à savoir passer la frontière (km 263) avant 4h30 du matin. Je me concentre la dessus et petit à petit le mental se construit et devient de plus en plus fort. J’arrive au pont de 1.4 km qui débute l’approche de la frontière. Interdit pour les cyclistes de prendre la même voie que les voitures, notre destination, la voie pour piétons. Trop étroit pour rouler, je dois pousser mon vélo sur la moitié du pont. Par la suite je dois descendre un escalier pour rejoindre une route parallèle à l’autoroute I81. J’arrive enfin à la frontière et il n’est pas encore 4h30. Première victoire. 4-Le reste de ma première journée Le soleil se lève déjà, le décor est magnifique, je passe le deuxième pont de la même manière que le premier, en bonne partie …à pied. Je tourne direction ouest sur le 1001 Island parkway. De toute beauté. Je ne m’ennuie plus. Et je n’ai pas vraiment sommeil. Je n’ai pas de superbes sensations, mais je me dis que déjà 25% est derrière moi. Je m’en veux de m’être bloquer de la sorte en bouchant en fait les pores de ma peau avec de l’huile camphrée. Je m’arrête pour un solide déjeuner et repars direction Kingston. La route est jolie et je longe maintenant le début du Lac Ontario, les 1000 iles sont ainsi derrière moi. La difficulté de la journée ne sera pas le relief en fait vallonné, rien d’insurmontable mais bien le vent de forte intensité . Je dois assouplir mon pédalage afin de ne pas trop sur-utiliser mes muscles. Je roule autour de 25 km par heure. A Glenora (km 370), je prends le ferry pour rejoindre l’autre rive se diriger vers Brighton (km 433). Nous sommes en début d’après midi, le vent ne faiblit pas. Je suis prêt à l’affronter toute la journée. Je me sens pas mieux, mais pas plus mal que le matin, donc très bon signe. Mon corps s’habitue à l’effort et répond en fait bien. Par contre, je commence à avoir des somnolences, je me surprends même. J’alterne aux différents contrôles entre un café, un coke mais cela ne semble pas suffire. J’utilise alors un gel concentré en caféine qui me donne des effets presque immédiats. La météo est bonne, peut être un peu chaud mais supportable mais toujours avec vent violent de face, l’orage menace mais seulement menace. Je passe le reste de la journée à lutter contre le vent et à finir de bien me renforcer le mental. Je n’ai jamais senti la solitude. En fait, j’ai mis en phase la dualité de l’équipage, un cycliste qui…pédale et son assistant qui s’occupe de gérer la navigation, les arrêts pour hydratation et alimentation, l’intensité de l’effort. En fait l’un devait communiquer avec l’autre et vice-versa. De ce fait, je me semble en pleine symbiose avec l’environnement et non pas comme un imposteur qui pouvait se poser la question de ce qu’il faisait là… Le soir arrive, je n’ai pas sommeil, j’ai pris soin de remplir mes deux bouteilles pour m’assurer d’arriver à l’hôtel que j’ai réservé (Brampton, km 660). Au km 620 à 22h30 environ, mon gamin décide de finir sa journée. Je me retrouve sur une rue déserte au nord de Toronto sans GPS. Je décide de continuer avec le ‘’cue Sheet’’. Je continue tout droit et je fais alors face à une rue totalement bloquée par des travaux, aucune voie de détour. Je décide de faire demi-tour et de trouver un hôtel pour la nuit. J’y arrive vers 23h30. 645 km de fait. Je suis satisfait de ma journée, mes sensations sont pas mal meilleures maintenant. Je passe la nuit en n’oubliant pas de recharger mes appareils (tel, Gamin). Je mets mon alarme à 4h30, il est déjà minuit 28. 4 heures devraient suffire. Je dors tellement bien que je passe tout droit et me réveille à 5 :00 5- La deuxième journée. Je me rends compte que mon Gamin a décidé de ne plus répondre. En fait mon data est plein et je n’avais porté attention à libérer de la place et lorsque sa capacité a été atteinte, il a décidé de dire : Assez c’est assez. Je regarde donc sur mon tel, la direction prendre pour reprendre le parcours. Je dois aller direction ouest, le vent est tombé, je rejoins le parcours au bout de 30 km environ et me voila ainsi remis sur les rails. Je dois par contre étudier le parcours à chaque contrôle. Impossible pour moi de sortir mon tel ou lire mon document de direction (cue sheet). Ma vue est défectueuse de proche…Donc le mémorise les points directionnels les plus importants et je me laisse ainsi la possibilité à l’erreur. A moi de confirmer en m’arrêtant parfois trop que je suis dans la bonne direction. Je ferai quelques erreurs spécifiquement entre Burlington et Niagara qui me feront rallonger de peut être 10 km tout au plus. Mes jambes tournent bien, jamais aussi vite que je le souhaiterai, mais je suis content de mon allure. Le paysage le long du lac en allant vers Niagara est vraiment joli. Nous sommes à la période de cerises et des pêches et il ya beaucoup d’activités. Je passe la frontière à 14h00. La vue sur les chutes est superbe, il fait beau et là, on eut prendre la voie destinée aux véhicules à moteur. Du coté Américain, je longe la rivière Niagara direction Nord. La route est vraiment proche de la rive et la vue est encore fort agréable. Ce sera ainsi jusqu’à mon arrivée. A un certain moment, le parcourt m’indique de prendre le Lake Ontario Parkway, une route qui longe le lac sans traverser aucun village et ville, ouvert à la circulation, mais à vitesse réduite. Je me sens faire parti du paysage. En approchant de Rochester, je passe autour de Marécages, un groupe de Bernache traverse la route, tout le monde s’arrête. Le soleil se couche sur le lac. Quelle belle atmosphère!!! J’appelle l’organisateur qu’il me reste 42 km à faire comme il le souhaitait que je le fasse, et j’arrive à 23h en m’étant trompé à quelques reprises!!!! Cela me donne 52 h30 pour environ 1050km en tenant compte des erreurs de parcourt. Compte tenu de mon blocage de jambe au début, de mes erreurs de parcourt par la suite et aussi du temps à traverser les frontières et ferry. Je suis satisfait. Je me suis démontré que je pouvais démarrer une épreuve le soir, passer la nuit sans dormir, puis avancer jusqu'à assez tard dans la soirée. Aussi le lendemain après 645 km j’ai pu redémarrer pour un autre 405 km. Une semaine après mon arrivée, je me sens toujours en déficit de sommeil, les jambes ne vont pas trop mal, mais n’ont pas retrouvé leur plein potentiel, cela prend au moins une semaine. J’ai pu aussi gérer convenablement la succession Défi des 21 avec Le tour du Lac. Maintenant place à la préparation finale, place aux intensités et à encore quelques sorties en côtes. Puis à partir du 1 aout, ce sera plus relax, moins de volume, mais toujours des intensités afin de retrouver de la fraicheur pour le 16 aout. Je partirai le 05 aout de façon à ne pas avoir le décalage horaire comme facteur limitant.