Conférence sur le Printemps arabe à Marrakech

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Conférence sur le Printemps arabe à Marrakech
Conférence sur le Printemps arabe à Marrakech, une occasion de faire un état des lieux - Institut Amade
C’est à un survol de qualité sur la situation actuelle qui prévaut dans le monde arabe auquel
ont eu droit les élèves de l’école supérieure HEM à Marrakech en cette fin de semaine, au
cours d’une conférence animée par M. Pascal Boniface, Directeur de l’Institut de relations
internationales et stratégique de Paris, M. Driss Benali, expert et consultant et M. Brahim Fassi
Fihri, président de l’Institut Amadeus.
Il s’agissait là de dresser un tableau sur ce « monde arabe autrement », au regard des
dernières évolutions que connait la région MENA. Ainsi tout en évitant les analogies souvent
évoquées avec le printemps des peuples qui sévit en Europe à l’aube de la décennie 1990,
Pascal Boniface a insisté sur le fait que « tout ne se passera pas de la même façon ». Selon lui,
loin d’y voir un effet domino, seuls les régimes qui évolueront et s’ouvriront se maintiendront.
Quant à ceux qui ont opté pour la répression, ils seront balayés (Lybie, Syrie) comme le furent
les régimes de Ben Ali ou encore Moubarak.
Ces derniers, totalement sclérosés, ont avant tout assisté à la déliquescence du pacte social
qu’ils avaient passé avec leurs peuples, faute d’ouverture et de solutions aux velléités de
démocratie, de dignité et de justice sociale, symbolisées par ce que la presse aura appelé les
espoirs de changements portés par « la génération Facebook ».
Une jeunesse militante présente également au Maroc et à laquelle l’institution monarchique a
répondu par une impulsion nouvelle aux chantiers de réformes initiés auparavant par Rabat.
Le défi pour le Mouvement du 20 février serait, selon le président de l’Institut Amadeus, de
pouvoir se muer de force de contestation en force de proposition en intégrant l’échiquier
politique marocain et se protégeant ainsi de toutes tentatives de récupération.
Dans une projection, Pascal Boniface ainsi que Brahim Fassi Fihri ont prévenu face des
lendemains incertains dans bon nombre de pays arabes, n’hésitant pas à s’interroger par
exemple quant à la légitimité du futur gouvernement libyen qui, quel que soient les scénarios,
sera installé du fait d’un fort appui occidental. Les difficultés éprouvées par le président
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Conférence sur le Printemps arabe à Marrakech, une occasion de faire un état des lieux - Institut Amade
Ouattara en Côte d’Ivoire sont à ce titre des plus significatives.
« La Révolution n’est pas un projet de société » assure de son coté M. Benali. En aucun cas,
elle apportera plein emploi et justice sociale en Tunisie ou encore en Egypte. Ces deux pays,
qui font face à la fois à des troubles post-révolutionnaires ainsi qu'à un afflux massif de réfugiés
en provenance de la Lybie voisine, pâtiront indéniablement du moins dans le court et moyen
terme de l’écroulement de la manne financière que procure le secteur du tourisme. Ils ont plus
que jamais besoin de l’appui de l’Union Européenne pour surmonter ces lendemains difficiles
qui les attendent. La fermeture des frontières et les images déplorables qui nous proviennent de
l’île de Lampedusa depuis le début de la crise ne s’inscrivant nullement dans cette logique.
Incontestablement, 2011 est une année de rupture. L’Islam aura redoré son blason. Les
peuples musulmans, par leur soulèvement en quête d’un avenir meilleur et du désir de pouvoir
choisir par eux même leurs gouvernants, ont selon M. Boniface clairement montré que la
démocratie est une valeur universelle et « non exportable ». Il est vrai qu’au regard du chaos
ambiant en Irak, on ne pourra que lui donner raison.
Dans un autre registre certes, l’invitation d’adhésion du Maroc du CCG étant un autre exemple,
il est établi qu’une nouvelle carte du monde arabe s’annonce désormais. Une région du monde
dans laquelle l’Etat d’Israel ne pourra plus se prévaloir d’être l’unique démocratie, pris autour de
l’étau d’interlocuteurs arabes pour qui l’Histoire est en marche : Egypte aujourd’hui, Syrie
demain, sans oublier comme est venu le rappeler M. Fassi Fihri, la réconciliation Hamas
Fatah
, résultat de la pression
de la rue palestinienne, dans l’optique de la mise en place d’un front commun pour la résolution
définitive de ce conflit.
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