Petit danger deviendra grand : Armero
Transcription
Petit danger deviendra grand : Armero
Petit danger deviendra grand : Armero 1. Pour avoir une coulée de boue, il faut de l’eau et des débris (roches, terre, arbres, etc.). Le mot espagnol « nevado » signifie « sommet enneigé ». Le Ruiz est une montagne de 5 400 m dont le sommet est recouvert d’un champ de glace et de neige de 24 km2 d’aire. À 21:08, le 13 novembre, une éruption a lieu ; le magma se fragmente et diverses projections recouvrent le champ de glace et de neige. Expliquez comment cela a produit l’eau de la coulée. Les projections sont brûlantes. En se mélangeant à la neige et à la glace, elles les font fondre rapidement. C’est ce qui donne l’eau. On évalue que 10 % du champ de glace et de neige a fondu. 2. Les débris provenaient d’abord des pentes du Ruiz. Elles sont en effet recouvertes par les projections d’anciennes éruptions que l’eau peut facilement emporter. Mais cela ne suffit pas à justifier l’énorme volume de boue qui a frappé Armero. Pour l’expliquer, il faut savoir que la boue suit le même chemin que l’eau de pluie comme le montre la photo suivante de la rivière Guali prise un mois après la catastrophe. Le 13 novembre, la coulée a donc emprunté le lit des 6 rivières qui drainent le volcan, en grossissant au fil des kilomètres pour atteindre 40 m de hauteur dans le cas du canyon de la rivière Lagunilla. Expliquez ce qui faisait grossir les coulées. L’eau boueuse est abrasive et elle érode les berges de la rivière qu’elle descend. Cela est d’autant plus vrai qu’il s’agit de rivières en montagne avec de fortes pentes. Les débris de cette érosion s’ajoutent à la coulée, ce qui augmente son volume et son pouvoir d’abrasion. Tout cela finit par donner une énorme quantité de boue. 3. Le Ruiz a commencé à trembler, à fumer et à faire exploser de petites poches d’eau dès novembre 1984. Les géologues ont préparé en septembre-octobre 1985 une carte montrant les risques de destruction dans les régions voisines du volcan. Sur la carte, Armero fait partie des villes menacées de destruction par les coulées de boue. Pour préparer cette carte, ils ont examiné le sol au voisinage de la ville d’Armero à la recherche de traces d’anciennes éruptions. Qu’ont-ils trouvé pour classer Armero dans les villes à haut risque ? Ils ont trouvé les dépôts d’anciennes coulées de boue qui avaient réussi à atteindre la région de la ville. Ils savaient donc que cela avait déjà eu lieu. 40 4. À 15:05, le 13 novembre 1985, une grosse explosion d’une poche d’eau annonçait l’arrivée en surface d’une masse importante de magma. Les géologues et les représentants de la Protection civile ont immédiatement recommandé de préparer l' évacuation d’Armero. Pourquoi la poche d’eau (de l’eau de pluie infiltrée dans le volcan) a-t-elle explosé ? Un magma, dont la température se situe entre 600 et 1 200 OC, qui entre en contact avec une poche d’eau la transforme en vapeur rapidement. C’est la pression de cette vapeur qui fait exploser la poche. Pensez à une bouilloire qu’on ferait chauffer après l’avoir fermée hermétiquement. 5. Le magma qui monte vers la surface ne peut pas le faire discrètement : la terre tremble, la montagne gonfle, les poches d’eau explosent, du gaz s’échappe de la montagne, etc. Il est donc possible de prévoir qu’une éruption va avoir lieu et on a évacué les populations avec succès dans de nombreux cas, le Pinatubo par exemple. Des spécialistes se font néanmoins tuer régulièrement lors d’une éruption parce que quelque chose d’autre reste imprévisible. Qu’est-ce qui reste imprévisible ? On ne sait pas prédire comment l’éruption qui s’annonce va avoir lieu. Les géologues, au mont St-Helens en 1980, ont été totalement surpris par une gigantesque explosion qui a arraché tout un côté de la montagne. L’explosion a tué 57 personnes, la majorité se trouvant en dehors du périmètre de sécurité imposé. Le 13 novembre 1985 les coulées de boue auraient pu, par chance, ne pas emprunter la rivière Lagunilla. 6. Après le début de l’éruption du 13 novembre, beaucoup de gens ont tenté, par radiocommunication, de déclencher une évacuation de la ville d’Armero ou d’avertir les gens de l’arrivée d’une coulée de boue : le directeur de la Protection civile vers 21:45 ; un observateur posté le long d’une des rivières ; les villes voisines d’Ambalema et Murillo vers 22:30 ; etc. Quelques personnes on quitté Armero, mais il n’y a pas eu d’ordre d’évacuation donné et on ne saura jamais pourquoi. À 23:35, la principale coulée de boue touchait Armero. D’après vous, aurait-on pu éviter la catastrophe ? Justifiez votre point de vue. Les responsables ont eu un délai de 1:50, de 21:45 à 23:35, pour agir. D’après la première photographie, des zones élevées à l’abri des coulées se trouvent à quelques centaines de mètres d’Armero. De plus, Armero est une ville peu étendue avec une petite population. On peut donc penser que ce temps était suffisant pour réaliser l’évacuation d’une bonne partie des gens. On aurait donc pu limiter la catastrophe. 41 7. L’expérience montre qu’il est impossible d’arrêter une coulée de boue importante. On ne peut faire qu’une chose, évacuer. Au Japon, où ce risque est très important, on a mis en place des installations pour ralentir les coulées et se donner plus de temps pour évacuer : des murs bas (la photo), des champs de pieux en acier, etc. Dans le cas d’Armero, où aurait-il fallu construire de pareilles installations ? Pourquoi ? Puisque la boue suit le lit des rivières, il aurait fallu les construire dans le lit de la rivière Lagunilla en amont de la ville (entre le sommet du Ruiz et la ville). 8. Pour finir sur une note plus joyeuse, parlons d’un avantage qui découle des éruptions du Ruiz. Les projections volcaniques donnent parfois (ce peut aussi être le contraire) des sols propices à l’agriculture. La ville d' Armero était connue pour ses entrepôts d’un produit d’exportation colombien très connu (non, ce n’est pas la drogue) cultivé sur les flancs du Ruiz. Identifiez ce produit. Il s’agit du fameux café de Colombie. 42