La réussite à tout prix, non merci

Transcription

La réussite à tout prix, non merci
La réussite à tout prix, non merci !
Publié par – Les affaires plus – Mars 2015 ‐ page 15
Nous souhaitons le meilleur pour nos enfants. Pourtant, il vaudrait mieux parfois
rêver de les voir échouer.
Beaucoup de parents, dont je fais partie, surprotègent leur progéniture. Ils empêchent
leurs enfants de faire leurs propres expériences et surtout, leur évitent de prendre des
risques qui pourraient les mener à l’échec. Plusieurs de ces jeunes deviendront arrogants,
tout en ayant une piètre estime d’eux-mêmes.
C’est du moins ce qu’affirme depuis plusieurs années Tim Elmore. L’auteur de dizaines
de livres sur le leadership donne aussi des conférences auxquelles participent des milliers
d’étudiants et de parents partout aux États-unis.
Tim Elmore motive les jeunes en leur parlant d’habitudes de travail et d’intelligence
émotionnelle. À l’ère du texto et du selfie, il est vrai que les relations interpersonnelles et
l’empathie sont souvent mises de côté.
Le conférencier est également convaincu que nous avons un rôle crucial à jouer dans
l’éducation de nos enfants. Et cela commence dès la petite enfance, quand on apprend à
notre trésor à faire des boucles à ses souliers. Qui n’a pas acheté des espadrilles avec
des attaches de Velcro pour lui faciliter la tâche? Coupable !
Nous sous-estimons beaucoup nos chérubins. Nous pensons qu’ils ont besoin de nous
pour réussir à l’école, dans leur emploi d’été, dans la vie. Pourquoi ne pas plutôt leur
lancer des défis, suggère Tim Elmore. Je me souviens combien je m’étais sentie valorisée
à 16 ans lorsqu’on m’a proposé de faire partie du programme Jeunes Entreprises du
Québec. Nous devions créer notre propre petit commerce, concevoir et vendre un produit,
en faire la publicité, et même présenter des états financiers. L’organisme sans but lucratif
permet encore aujourd’hui à des milliers de jeunes du secondaire de recevoir une
éducation financière et entrepreneuriale tout en s’amusant.
Combien d’adolescents, voire de jeunes adultes, travaillent uniquement pour payer leur
téléphone cellulaire et leurs sorties ? Papa et maman défraient tout le reste.
En étant moins dépendant de ses parents, le jeune adulte apprend l’autonomie. Il
comprend mieux la notion de vivre selon ses moyens. Et n’est-ce pas le meilleur moment
pour se tromper ? On passe ses premières entrevues d’embauche, on part vivre en
appartement. On perd son emploi, le coloc s’en va. On tombe, on se relève. C’est un peu
plus facile à 20 ans que lorsqu’on a une hypothèque à payer et des enfants à nourrir.
Enfin, nous ne prêchons pas assez par l’exemple. Prenons nos finances personnelles.
Nous parlons d’épargne à nos enfants, et par ailleurs, nous consommons sans trop
compter.
Tim Elmore se défend de vouloir faire la morale aux parents. Il souhaite bien au contraire
les outiller, leur démontrer qu’ils n’ont pas à projeter l’image de parents parfaits. La vie est
semée d’embûches et faire semblant que tout va toujours bien ne peut que mener à la
détresse psychologique, croit-il.
Acceptons de ne pas tout contrôler. Cessons de nous sentir jugés par nos voisins, nos
amis et nos proches. Notre bonheur ne dépend pas seulement de la réussite de nos
enfants. Et n’apprend-t-on pas davantage de ses erreurs que de ses réussites ?