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Hommage aux Combattants d’Indochine
Dans le sable et la boue des rizières,
Nos aînés ont gravé à 20 ans,
Avec leurs souffrances et leurs misères,
La victoire écrite de leur sang… !
Les paroles de ce chant traditionnel sont sûrement pour beaucoup d’entre vous, une évocation
quelquefois douloureuse qu’il nous faut comprendre et surtout respecter.
Il y a près de 50 ans, pas loin d’ici, vous partiez en bateau pour une destination que vous aviez
choisie, par sens du devoir, par goût de l’aventure.
Ils avaient 20 ans, ceux des Bouches du Rhône, du Nord, de Lorraine, du Morbihan, du Centre et
d’ailleurs qui embarquèrent, le sac à dos bourré sur l’épaule, les sacs à paquetage à bout de bras, le calot
ajusté, les brodequins trop lourds, la mine faussement joyeuse peut être, la larme à l’œil, plus sûrement.
Ces Ils de 20 ans, c’était vous ! Vous êtes partis enfants, faux hommes de 20 ans. Vous saviez bien qu’un
jour, vous reviendriez adultes, ceux que l’expérience endurcit, l’épreuve fortifie, l’horreur détruit.
Tous savaient qu’ils partaient, peu savaient qu’ils ne rentreraient plus à Marseille, à Aix, à Bordeaux, à Gif
sur Yvette. Peu savaient qu’ils ne reverraient plus la Provence de leur enfance, le terril de leur plat pays,
celui de leurs premières amours, où ils avaient embrassé la vie sans envie de la quitter un jour.
Oui, c’est vrai, les rizières, les moustiques, les collines sur-boisées de vert anarchique, de bleu
indescriptible, ne ressemblaient en rien à cette nature que vous aviez quittée, celle que vous aviez vue
pour la dernière fois quand le bateau quitte le port et que sa sirène lugubre et maudite vous condamne à
l’exil patriotique.
Mais là-bas, dans votre nouveau pays, pas d’accent, pas de gestes démesurés pour prouver sa bonne foi
ou mentir sans rougir. Un autre monde, vous alliez connaître : celui des hommes calmes, celui des
femmes petites très souvent nonchalantes, aux parfums si divers, mais malheureusement aussi, monde
d’une guerre qui n’épargne ni le bon, ni le méchant, ni la victime innocente, ni l’accusé de toujours.
Alors, le même sac à dos, le même paquetage, vous les avez portés dans les rizières boueuses,
sous le soleil brûlant, dans l’humidité poisse qui envahissait tout, les Pataugas mouillées, le chapeau de
brousse orné de votre sueur, témoin de votre fatigue et pourquoi encore le taire, de votre peur du Viet.
On vous avait donné un fusil, une ration, une gourde. Vous y avez ajouté le courage et l’inconscience de
vos 20 ans et vous fûtes des soldats dignes et beaux de France que vous servirent, héros, à 10 000
kilomètres de votre mère patrie..
Des milliers revinrent ainsi dans notre France, accueillis par les mêmes larmes que celles du
départ. Celles-là seraient éternelles. Elles saluaient le retour qu’on voudrait à jamais qu’il n’existât un jour,
de ces boites horribles que portent les camarades, des restes de vos 20 ans.
Les cœurs remplis d’espoir du garçon qui revêt l’uniforme, étaient alors, eux aussi, à jamais, devenus
inconsolables. Le cercueil voilé du drapeau tricolore ! Cette descente de la passerelle aux pas lents
cadencés des camarades éplorés de la section, du commando, de la chambrée !
Ils furent des milliers ainsi débarqués sur les quais d’une Joliette surpeuplée de parents et d’amis
effondrés.
Voilà, ce que vous avez vécu là-bas, voilà ce que vos familles ont enduré. Si aujourd’hui, tout cela
est loin, dans le temps, il est près dans nos cœurs. Ces monuments bardés de tous vos noms, resteront le
symbole du souvenir de ceux qui ont été vos amis, de ceux qui vous ont admirés, de ceux qui ne vous
oublierons jamais.
Même si les noms de vos amis s’alignent sur la pierre froide….Jean, Henry, Mohamed, Alain,
Samuel, Vincent, vous n’êtes pas partis pour rien. Le sacrifice des amis disparus, c’est celui des héros
anonymes que nous n’oublierons jamais de venir saluer.
Leurs noms résonnent de leur jeunesse volée, l’âge où ceux, les partis pour toujours, n’aviez pas le droit
de nous quitter, mais où le devoir un jour vous a guidés pour que vive une idée du pays bien aimé.
Vous reposez en paix dans vos villes et villages. Personne ne sera ingrat de la valeur de votre sacrifice.
Avec vos amis qui peuvent témoigner, soyez tous fiers d’avoir un jour servi sans haine et sans
rancœur votre pays la France et celui qui le reste encore au fond de vous et qui garde les traces de votre
aventure, loin du sol qui vous avez vu naître.
Vous les Anciens, aujourd’hui seuls témoins, gardez la tête haute !
Vous avez notre estime et notre admiration !
Michel RICHAUD
Président de l’UNC 13