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NOTE D’
ANALYSE
26/02/2008
LE PRÉSIDENT MUSHARRAF PEUT-IL SURVIVRE
POLITIQUEMENT AUX RÉSULTATS
DES ÉLECTIONS DU 18 FÉVRIER ?
Par André BURSTIN,
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Le 18 février dernier, le Pakistan organisait les neuvièmes élections générales de son histoire.
Du fait de la crise politique et sécuritaire qui secoue le pays, ce scrutin a revêtu une
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anxiété au président Musharraf et au grand vainqueur des élections, Asif Ali Zardari, veuf
de Benazir Bhutto et co-président du Parti du peuple pakistanais (PPP). Le
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cours des prochaines semaines seront donc capitales pour son avenir à la tête del
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depuis 19472. En effet, la défaite du camp présidentiel était tant attendue qu’
une
manipulation du scrutin aurait été très difficile.
Les électeurs ont donc exprimé un vote de rejet massif de la politique du président Musharraf
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islamiste MMA, proche des Talibans et des rebelles des zones tribales du Nord-ouest, dont
deux partis membres avaient boycotté le scrutin3.
Vinod Sharma, « The foreign hand in Pakistani Politics » Hindustan Times, 23/02/2008.
« HRSP greets EC on conducting fair and peaceful elections», Daily Times, 25/02/2008.
3 Lodhi, Iftikhar A., « Forthcoming Pakistan Elections: A profile on the Islamic parties», ISAS Brief,
Institute of South Asian Studies, Singapour, 26/12/2007.
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Pakistan : les vainqueurs du scrutin du 18 février, le PPP et la Ligue musulmane du
Pakistan-Nawaz (PML-N), et les vaincus, la Ligue musulmane du Pakistan-Qaïd-eazam (PML-Q) et les islamistes. Nous verrons aussi le rôle que pourraient jouer deux partis
pivots, le Muttahida Qaumi Movement (MQM) et l
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qui seront probablement appelés dans la future coalition gouvernementale. Enfin, après avoir
présenté les différentes hypothèses qui se présentent pour la formation du gouvernement,
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conserver son mandat présidentiel.
1. Les vainqueurs du scrutin
a. Le PPP : le retour du clan Bhutto
Avec 89 sièges, le grand vainqueur du scrutin est sans conteste le Parti du peuple
pakistanais (PPP) de l
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rejet du régime manifesté par la population. Auj
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o-présidé par le veuf de Benazir
Bhutto, Asif Ali Zardari, et par son fils, Bilawal Bhutto Zardari, le PPP sera sans
aucun doute la formation dominante du prochain gouvernement. Dès à présent, ses
dirigeants se sont ainsi accordés sur leur candidat au poste de Premier ministre,
Makhmood Amin Fahim, vice-président du parti et fidèle du clan Bhutto5. Handicapé par
plusieurs scandales de corruption –il a passé plusieurs années en prison –e
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présenté aux élections, Asif Ali Zardari ne peut en effet pas prétendre à la direction du
gouvernement. Héritier désigné par les dernières volontés de son épouse, son influence
restera néanmoins prépondérante sur les orientations que choisira le parti dans les
prochaines semaines6.
Fondé par Zulfikar Ali Bhutto, initiateur du grand programme de nationalisations des
années 70, le PPP se présente toujours comme un parti progressiste, qui a promis de « se
débarrasser des islamistes. » Les femmes, les classes moyennes inférieures et les défavorisés
constituent sa base électorale. Interdit par le général Zia ul-Haq en 1977, le PPP a
retrouvé le pouvoir après sa mort en 1988. Indissociable de la figure de son fondateur, le
parti a été dirigé depuis par sa fille Benazir. Celle-ci a occupé le poste de Premier ministre à
deux reprises, dedé
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grande partie à son mari. Eduquée en Angleterre et aux Etats-Unis, Benazir Bhutto
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Le PPP dispose enfin du soutien de l
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Awami National Party (Parti national du
peuple, ANP). Bien implanté dans la province de la Frontière du Nord-ouest (NWFP) et au
nord du Baloutchistan, ce parti nationaliste pashtoune de centre gauche y a obtenu
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Zulfikar Ali Bhutto, qui voyait en lui uneme
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an», ESISC,
27/12/2007.
5 « Pakistan/Elections : la nouvelle majorité aurait choisi un Premier ministre », ESISC, 22/02/2008.
6 Shah, Saeed, « Husband says Bhutto's will names him party leader», globeandmail.com,
06/02/2008.
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Ensemble, ils forment donc un front anti-islamiste, et une alliance avec le président
Musharraf pourrait constituer une garantie de poursuite de la guerre contre le terrorisme7.
b. Nawaz Sharif, le retour du « tigre »
La ligue musulmane du Pakistan - Nawaz (PML-N) e
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en Premier ministre Nawaz Sharif après son éviction du
pouvoir en 1999. Renversé par le général Musharraf, il avait été condamné en 2000 à la
prison à perpétuité par un tribunal antiterroriste pour « dé
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de son parti rejoignirent alors la Ligue musulmane du Pakistan - Qaid-e-Azam, rangée
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La PML-N reste cependant indissociable de son chef, et si son accession au poste de Premier
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Né le 10 décembre 1949 à Lahore, Nawaz Sharif e
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fonderie familiale fut en effet rendue aux Sharif après le renversement de celui-ci. La famille
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en politique. En 1981, Nawaz devint ainsi ministre des Finances du Pendj
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nommé Chief minister en 1985. A la tête de la province la plus peuplée et la plus représentée
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conservatrice Islami-Jamhoori-Ittehad (IJI), et accéda au poste de Premier ministre en
novembre 1990 sous les couleurs de la PML, après la chute du premier gouvernement de
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l devait être destitué pour corruption en 1993
par le président Ghulam Ishaq Khan11.
En 1997, il retrouvait le pouvoir après la chute du deuxième gouvernement de Benazir
Bhutto. Durant ce mandat, il fit adopter des lois renforçant considérablement les pouvoirs
du Premier ministre, abolissant notamment le huitième amendement de la Constitution, qui
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députés de son parti, faisant adopter le quatorzième amendement, qui permet de priver de
leurs mandats des parlementaires refusant de voter suivant les instructions de leur parti12.
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application de la Charia et de se faire
attribuer le titre de « commandeur des croyants. » Sous son mandat, le Pakistan devint une
puissance nucléaire en 1998 et apporta un soutien sans faille au régime taliban installé à
Kaboul13.
« Zardari meets Awami National Party chief», The Deccan Herald, 21/02/2008.
Ibid., Election Commission of Pakistan.
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11 Ishtiaq Ahmed, « Forthcoming Pakistan Elections: A profile on Nawaz Sharif », ISAS Brief, Institute
of South Asian Studies, Singapour, 19/12/2007.
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suprême, Syed Sajjad Ali, sur plusieurs problèmes légaux et constitutionnels. Il le démit de
ses fonctions dès novembre 1997, après que des manifestations organisées par des membres
de la PML aientpe
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2. Le camp présidentiel
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seulement perdu une grande partie de sa représentation parlementaire, mais plusieurs de ses
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président du Parlement, Choudry Amir Hussain,l
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ministres du gouvernement du Premier ministre Shaukat Aziz14.Dè
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déclaré que « la PML-Q s
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ajoutant que « le facteur Nawaz avait joué un grand rôle dans la défaite.15 »
A la veille des élections, le président Musharraf affichait une grande confiance, contestant des
sondages « biaisés » réalisés par des ONG internationales16. Le gouvernement défendait en
effet un bilan économique appréciable, présentant une croissance annuelle moyenne de 7,5%
depuis 2004 et une forte demande intérieure. Ce résultat a été obtenu grâce à une politique
fiscale expansionniste, un rétablissement du secteur agricole, une bonne tenue du secteur
industriel et une forte augmentation des services17. Cette croissance soutenue a toutefois
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19/02/2008.
15 « PPP, « N » rout PML-Q, The Nation, 19/02/2007.
16 « Musharraf hits out at « biased » opinion polls », The Dawn, 15/02/2007.
17 Asian Development Outlook 2007 Update, Asian Development Bank, 2007, p.212.
18 Ibid. p, 213.
19 Irfan Ghauri, « PML-Q faced with defection threat », Daily Times, 23/02/2008.
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monde judiciaire en destituant le 9 mars dernier le président de la Cour suprême, Ifthikar
Mohammed Chaudry, considéré comme un frein à la lutte contre le terrorisme21.
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de la population. Celle-ci aura donc sanctionné brutalement le « parti du roi », retirant sans
conteste sa confiance au gouvernement de Pervez Musharraf.
b. Maintien du MQM
Le Muttahida Qaumi Movement (MQM), parti représentant essentiellement la
communauté muhadjire – les musulmans indiens exilés au Pakistan au moment de la
Partition de 1947 –a maintenu ses positions par rapport au scrutin de 2002. Il disposera
ainsi de 19 déput
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Sindh, son fief traditionnel, où il arrive deuxième derrière le PPP22.Al
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à Zardari. » « Je pense que Zardari a également fait cette offre à M. Altaf Hussain », a-t-il
enfin ajouté23. Le MQM a participé à quatre des cinq derniers gouvernements.
La configuration la plus favorable pour une telle alliance serait une coalition avec le PPP et la
PML-Q. Une alliance avec la PML-N, avec laquelle le MQM a déjà partagé le pouvoir entre
1997 et 1999, semble en effet plus difficile en raison de profonds désaccords politiques.
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, la décision sur une participation du MQM à un gouvernement
devra être décidée par le secrétariat international du parti, établi à Londres depuis le départ
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Altaf Hussain, accusé de violences et de tortures au Pakistan24.
3. Déroute des islamistes
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Assemblée provinciale25.
Burstin, André, « Après la prise de la Mosquée rouge, quel avenir pour le Pakistan », Not
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ESISC, 16/07/2007.
21 « Pakistan/Politique : le limogeage du président de la Cour suprême conti
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Pakistan », 14/05/2007.
22 Ibid., Election Commission of Pakistan.
23 « MQM strategy in 48 hours », Daily Times, 20/02/2008.
24 «Pakistan: Information on Mohajir/Muttahida Qaumi Movement-Altaf (MQM-A) », UNHCR.
http://www.unhcr.org/cgi
bin/texis/vtx/home/opendoc.htm?tbl=RSDCOI&page=research&id=414fe5aa4
25 Ibid., Election Commission of Pakistan.
20
5
La MMA se compose de trois partis :
 la Jamiat Ulema-e-islami de Fazlur Rahman (JUI-F). Comme la plupart des
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islamique depuis 1941 ;
 la Jamiat Ulema-e-Pakistani,i
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Seule la JUI - Fazlur Rahman avait toutefois pris part au scrutin, les deux autres ayant
proclamé un boycott en raison de la poursuite des combats dans les zones tribales et dans la
province de la frontière du Nord-ouest. Si leur déroute est en partie imputable à ce boycott,
elle y a été accueille par une immense explosion de joie, notamment à Peshawar, la capitale
provinciale27.Vai
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la population28. Enfin, tant le soutien accordé pendant des années au président Musharraf
que leur proximité avec les Talibans ont été sanctionnés par une population épuisée par la
crise politique et la violence.
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milita pour le remplacement du régime parlementaire par un Etat islamique. La violence des
campagnes menées par le parti força Zulfikar Ali Bhutto à appliquer une partie de son
programme et à adopter des lois islamiques dans les années 7030. La base électorale
traditionnelle de la JI se trouve dans les classes moyennes urbaines inférieures du Pendjab et
du Sindh. Si le pouvoir au sein du parti est beaucoup moins personnalisé que chez ses
homologues laïcs, la JI di
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de la province de la Frontière du Nord-ouest. Il faut enfin rappeler que la JI a créé une
branche militaire, le Hizb-ul-Mujahideen, dont les membres sont partis combattre en
Afghanistan et au Cachemire indien31.
Traditionnellement, le Pakistan connaissait de
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entretient toujours des liens étroits avec la hiérarchie civile et militaire des Talibans32.
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Islamabad/Brussels,
29 March 2007.
27 Chipaux, Françoise, « Pakistan : "Nous n'étions pas heureux avec les mollahs" », Le Monde,
21/02/2008.
28 Id.
29 Gaborieau, Marc, Un autre islam, Inde, Pakistan, Bangladesh, collection Planète Inde, Albin Michel,
2007, p.
154.
30 Loc cit., Lodhi, Iftikhar A.
31 « Jammu & Kashmir. Terrorist Groups : an overview », South Asia Terrorism Portal, 2001.
32 Loc cit., Lodhi, Iftikhar A.
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4. Perspectives gouvernementales
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entre le PPP et la PML-N. En dépit de profondes divergences politiques, Nawaz Sharif a
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Asif Ali Zardari. Ce dernier a également déclaré que lui et Sharif « entendaient siéger
ensemble au Parlement. » Le futur Premier ministre proviendra donc vraisemblablement des
rangs du PPP, qui devrait donc choisir son vice-président, Makhdoom Amin Fahim, déjà
opposé à Pervez Musharraf l
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président Musharraf à tout nouveau gouvernement. « Quel soutien Musharraf pourrait-il
nous apporter ? », a ainsi déclaré Nawaz Sharif. Si les négociations entre les deux partis
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de corruption commis avant 1999. Il pourrait donc finalement privilégier une alliance avec la
Ligue musulmane du Pakistan-Quaid-i-Azam (PML-Q), le parti présidentiel, et le
MQM. Le président de la PML-Q, Chaudhry Shujaat Hussain, aurait déjà rencontré des
membres de la direction du PPP à Rawalpindi pour aplanir les différents et dégager un
accord de majorité. Une telle coalition aurait également le soutien des Etats-Unis, qui ont
toujours privilégié une alliance entre le président Musharraf et le PPP pour poursuivre la
guerre contre le terrorisme. Selon des membres de la PML-N cités par CNN et le site
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de le destituer ou de faire annuler son mandat, le président Musharraf pourrait dissoudre le
Parlement ou demande
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dans la vallée de Swat, contre le Tehrik Nifaz-e-Shariat Mohammadi34, l’
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politique visant à lui retirer ces avantages pourraient donc provoquer une réaction, même si
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5. La fin du règne de Pervez Musharraf ?
Les résultats des élections du 18 février marquent certainement un tournant majeur du règne
de Pervez Musharraf à Islamabad. En offrant la victoire à ses plus farouches opposants,
les électeurs pakistanais ont en effet exprimé leur lassitude et leur colère face à un pouvoir
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34
« PML-N having doubts over support to Zardari », IBNlive.com, 24/02/2008.
(TNSM - Mouvement pour la défense de la loi du prophète) du Maulana Fazlullah.
7
pouvoir. Non seulement le président a exclu de démissionner35,mai
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postélectoraux et de la poursuite de la lutte contre les islamistes armés36. Rappelons que
Washington a joué un rôle essentiel dans le retour de Benazir Bhutto au Pakistan, le 18
octobre dernier. Les Etats-Uni
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la PML-N, une telle coalition pourrait donc encore se former, et maintenir Pervez
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Copyright © ESISC 2008
35
36
« Pakistan/Terrorisme : le président Musharraf ne démissionnera pas », ESISC, 20/02/2008.
«Pakistan/Elections : défaite du camp présidentiel aux élections générales», ESISC, 19/02/2008.
8