Espace public, Larbi Ben M`hidi de Gatlatou à nos jours
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Espace public, Larbi Ben M`hidi de Gatlatou à nos jours
Espace public, Larbi Ben M’hidi de Gatlatou à nos jours Écrit par El Kadi Ihsane Mardi, 24 Avril 2012 16:59 Dans le livre de Abderrahmane Hadj-Nacer, La martingale algérienne, un paragraphe est consacré à la dualité de l’espace public. Rue Didouche Mourad-rue Khelifa Boukhalfa. La première incarne la modernité avec ses sièges de banque, ses showrooms rutilants et ses terrasses parfois mixtes. La seconde juste derrière, en parallèle, propose l’économie du même nom. Partout, à même le sol, des produits de toutes sortes autour de Masjed Al Aqsa, l’ex-église St Charles. Deux Algérie dans le confinement en illustration du «développement inégal et combiné» du pays. En fait, il existe encore plus dense pour illustrer la conjoncture algérienne de 2012. Toujours dans la capitale. Toujours dans la symbolique d’une rue. Larbi Ben M’hidi. Le plus gros chiffre d’affaires dans les années 1970 lorsque les Galeries algériennes et le Beau Marché étaient ouverts. Aujourd’hui, le plus fielleux concentré de gâchis au mètre carré en Afrique. D’abord, le «moderne» et l’archaïque se côtoient. Pas besoin de la cloison Victor Hugo pour séparer Didouche de Khelifa Boukhelfa. A l’entrée, à la porte d’une immense agence CNEP, qui ne désemplit pas depuis les rappels des fonctionnaires et le crédit immobilier à taux zéro, de jeunes acheteurs ambulants. C’est l’agence BDL de prêt sur gage de l’or du côté de la place Emir Abdelkader qui a créé son business de proximité. Toutes les femmes qui s’engagent dans la rue Ben M’hidi sont suspectes d’aller gager de l’or. D’où les jeunes acheteurs «qui offrent plus». Les cages d’escalier mitoyennes sont les guichets de troc. En 1976, le film Omar Gatlatou montrait une rafle de police à Larbi Ben M’hidi pour traquer le souk parallèle de l’or. L’ Etat a revu ses ambitions. Il met des sabots aux véhicules en infraction. Le flux d’affaires de la rue la plus fameuse de l’ancien Alger résiste encore sur les premiers pâtés. Commence ensuite le legs de la gouvernance locale. Promy, les anciens Prisunics cédés au groupe Blanki sont en faillite. Privatisation qui a mal tourné. Grand espace commercial perdu. Un peu plus loin, la galerie commerciale, qui relie en diagonale la rue à la place Emir Abdelkader, ressemble à un abri atomique, le jour d’après. Un abri atomique pas étanche, car tout y a disparu, restaurants, boutiques, agences. Problème de baux non renouvelés. Un pan de transactions perdues sur la place, enfin un coucou de la mondialisation. La chaîne Quick occupe l’ancien Novelty. Le valeureux Mansouri, directeur de l’ANDI, devra pourtant biffer cet IDE – investissement direct étranger – de ses statistiques. L’enseigne s’est sauvée. En laissant plein de casseroles. Site fermé. Comme le Beau Marché, un peu plus loin. Jamais trouvé d’acquéreur ? Sur 400 mètres de rue, le manque à gagner est déjà colossal. Ce n’est malheureusement pas le Musée d’art moderne d’Alger (MaMA), qui renverse la tendance. 1/2 Espace public, Larbi Ben M’hidi de Gatlatou à nos jours Écrit par El Kadi Ihsane Mardi, 24 Avril 2012 16:59 La consommation culturelle d’élite est pauvre entre les vitrines. Le triangle MaMA, cinémathèque, Mémorial (en cours de livraison) peut redevenir un atout pour la rue. Dans un futur qui se courbe avec le coude Ali Boumendjel. A Larbi Ben M’hidi, où siège la mairie d’Alger-Centre, toute l’Algérie en ruban. Une station de métro entamée en 1988, mais toujours pas livrée avec son bout de ligne, un ascenseur public de l’ETUSA fermé pour cause sécuritaire. Des salles de cinéma oubliées. La rue est un site géologique à strates multiples. Chaque période politique y a laissé ses lubies : Etatisme zélé (années 1970), privatisations naïves (80), Etat impuissant (90), et couche supérieure du site, promiscuité générale public-privé- informel : les années Bouteflika. Bien sûr. A dinar constant, la rue la plus commerçante d’Alger était plus prospère du temps de Gatlatou qu’aujourd’hui. Le fisc y levait plus d’argent. Les Algérois y déambulaient plus longtemps. Plus en sécurité. L’Algérie est la rue Larbi Ben M’hidi. Comme elle, elle est en cours de réfection. Les façades sont en train d’être refaites avec de l’argent public. La peinture y est redevenue blanche d’Alger. Et les barreaux des balcons du même bleu marine. Comme pour l’Algérie, l’argent y est dépensé en mode sens unique. Pour rendre la façade belle. Et l’administration incontournable. Créer et distribuer de la valeur nouvelle n’est pas au programme. Pour cela, il faut peut-être aller au nouveau quartier d’affaires de Bab Ezzouar. Mais est-ce encore Alger ? Retrouvez l'article sur El watan éco 2/2