avoir un enfant : être prêts ensemble
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avoir un enfant : être prêts ensemble
Magali Mazuy Institut National d’études démographiques <[email protected]> Avoir un enfant : être prêts ensemble ? « 29 ans » : « Après 8 ans de vie de couple… mais bon 2 ans d’essais bb quand même. Au début j’ai dit non j’ai pas fini mes études et mon zom lui il gagnait pas bien sa vie. Puis ct : je viens juste de commencer un job il faut attendre. Puis : y’a un gros projet au boulot faut que j’attende encore un peu. Et un jour j’ai dit STOP ça suffit comme ça (en plus une amie avait eu des pb pour tomber enceinte et m’avait dit : méfies toi attends pas trop on sait jamais). Je crève d’envie d’avoir un bb depuis des années le boulot passera après. Du coup j’ai bien fait puisque suite à des problèmes de fertilité (elle avait raison ma copine) il nous a fallu 2 ans pour que je tombe enceinte. Aujourd’hui j’ai une jolie biboune auprès de moi et dès que j’ai perdu le poids de ma grossesse, emménager dans un nouvel appart… reparti pour les essais bb (on espère bien encore échapper à la FIV ce coup ci. Ct de justesse la dernière fois on a eu une chance incroyable) ». 30 C es paroles reprises d’un forum de discussion illustrent le cheminement par lequel peuvent passer les couples français avant de se décider à avoir un enfant. Les naissances sont à l’heure actuelle majoritairement programmées (Daguet 2002), désirées (Leridon 1995, RégnierLoilier 2007), et le choix d’avoir un enfant est fait moyennant un certain nombre de conditions. À partir de données collectées lors d’une enquête sur les Intentions de fécondité réalisée en France métropolitaine en 1998 et 2003, il a été possible d’analyser les représentations masculines et féminines relatives à la parentalité, par les biais des conditions qu’ils jugent nécessaires de réunir avant de faire un enfant. Ces données ont la particularité de se situer au carrefour du qualitatif et du quantitatif, permettant d’établir des hiérarchies dans les opinions déclarées et de confronter les points de vue masculins et féminins : Quelles conditions minimales doivent être réunies avant d’avoir un enfant ? Hommes et femmes ont-ils la même vision de ce qu’implique la parentalité et des conditions qui lui sont préalables ? Comme nous le verrons en première partie, les déterminants de la première naissance sont assez différents de ceux des naissances de rangs supérieurs. Les représentations masculines et féminines sont quant à elles très proches. Le fait de « se sentir prêt-e » et l’accord du conjoint sont les conditions perçues comme les plus importantes. Se pose alors la question du consensus, de la convergence des souhaits des deux membres du couple, qui sera traitée en deuxième et troisième parties. Si en effet le consensus sur le fait que les deux membres du couple doivent se sentir prêts est nécessaire, la plupart des naissances devraient alors être rétrospectivement perçues comme étant arrivées au bon moment dans le cycle de vie de l’individu, voire trop tard si l’un des membres du couple attend l’autre. Cette situation de consensus est-elle vraiment le cas de figure dominant ? Enfin, si l’un des membres du couple est plus pressé que l’autre, cela a-t-il un impact sur la probabilité de survenue d’une naissance, indépendamment du sexe : la plus grande « impatience » des femmes, qui semble émerger du discours commun se vérifie-t-elle ? Conditions préalables à la parentalité : regards croisés féminins et masculins n Deux questions portant sur les conditions préalables à la parentalité étaient posées aux enquêtés Magali Mazuy Figure 1 : Éléments jugés très importants, pour une femme ou un homme qui veut avoir un enfant, parmi les pères et mères, et parmi les hommes et femmes sans enfant Déclarations des hommes Pour une FEMME qui veut avoir un enfant, % il est très important de... 100 Population sans enfant 80 70 60 50 40 30 20 10 Être prêt à faire des sacrifices Avoir du temps Vivre en couple Avoir un travail stable Couple stable Avoir fini ses études Se sentir prêt Avoir vraiment envie d'un enfant Avoir un travail stable Vivre en couple Être prête à faire des sacrifices Avoir fini ses études Couple stable Se sentir prête Avoir du temps 0 Se sentir prêt-e-… sous réserve d’un travail stable pour les hommes et de disponibilité pour les femmes Déclarations des femmes Pour une FEMME qui veut avoir un enfant, % il est très important de... Pour un HOMME qui veut avoir un enfant, il est très important de... Population avec enfants 100 90 Population sans enfant 80 70 60 50 40 30 20 10 Avoir du temps Être prêt à faire des sacrifices Avoir fini ses études Vivre en couple Couple stable Se sentir prêt Avoir un travail stable Avoir vraiment envie d'un enfant Avoir un travail stable Vivre en couple Avoir fini ses études Être prête à faire des sacrifices Couple stable Se sentir prête Avoir du temps 0 Avoir vraiment envie d'un enfant La première constatation qui se dégage est la forte similitude des déclarations féminines et masculines (figure 1), tant dans la hiérarchisation, que dans les niveaux d’estimation d’un élément, comme étant très important. L’élément mis en avant par le plus grand nombre de personnes, hommes ou femmes, a un caractère individuel et revêt une dimension à la fois sociale et psychologique : avoir vraiment envie d’un enfant et se sentir prêt-e, que ce soit pour un homme qui veut avoir un enfant, aussi bien que pour une femme. On devrait alors poser comme hypothèse que la situation idéale est que chacun des membres du couple se sente prêt. Cela pose la question du consensus au sein du couple, qui sera analysée plus loin. Par ailleurs cette notion de se « sentir prêt-e » revêt une signification variable d’une personne à une autre, en termes d’âge idéal, de préalables indispensables pour « faire famille », de désir d’enfant. L’élément jugé comme très important qui se situe en troisième position n’est pas le même pour une femme que pour un homme : une femme qui veut avoir un enfant doit disposer de temps Pour un HOMME qui veut avoir un enfant, il est très important de... Population avec enfants 90 Avoir vraiment envie d'un enfant lors de l’enquête sur les Intentions de fécondité (encadré 1 en annexe). Une première question concernait les « éléments jugés importants » pour une femme ou pour un homme qui veut avoir un enfant (questions 24 et 27, encadré 2 en annexe). Les réponses fournies à cette première question renseignent donc sur les représentations féminines et masculines relatives à la parentalité, de manière générale. Une deuxième question portait sur les conditions jugées nécessaires pour les individus eux-mêmes avant d’avoir un (autre) enfant (question 73, encadré 3 en annexe). Une condition « satisfaite » ne peut par définition plus être une condition attendue : les réponses fournies à cette question permettent donc de décrire les différentes logiques en jeu, à des moments distincts du cycle de vie. Avoir un enfant : être prêts ensemble ? Source : Enquête INED-INSEE « Intentions de fécondité » (1998). 31 (qu’il s’agisse des réponses masculines et féminines), un homme qui veut avoir un enfant doit avoir un travail stable (d’après les femmes) ou avoir fini ses études (d’après les hommes). On note ainsi la persistance des représentations des rôles masculins et féminins (Bajos & Ferrand 2006). La stabilité professionnelle, pour une femme qui veut avoir un enfant arrive en dernière position, que nous prenions les réponses des hommes comme celles des femmes. Toutefois, l’importance du travail stable pour une femme souhaitant avoir un enfant est plus forte d’après les déclarations féminines (respectivement 60 à 70% pour les femmes avec et sans enfant) que d’après les déclarations masculines (45 et 55% pour les hommes avec et sans enfant). Par contre, pour un homme qui veut avoir un enfant, le travail stable est cité comme très important à part égale selon le sexe : 80% des hommes et des femmes. Ces représentations générales de la parentalité se modulent en fonction du parcours propre à chacun : quelles conditions les jeunes adultes et les parents jugent-ils nécessaires à la venue d’un enfant ? Un nombre de conditions à réunir beaucoup plus élevé pour les étudiants Les étudiants constituent, de manière logique, le groupe pour lequel le projet d’enfant est le plus lointain. Une dizaine de conditions sont jugées nécessaires par les étudiantes et les étudiants avant d’avoir un premier enfant (figure 2). Les parents sont ceux pour qui le moins de conditions restent à réunir avant d’avoir un enfant. La décision d’avoir un enfant n’a pas du tout les mêmes implications quand il s’agit de devenir parent pour la première fois, que lorsqu’il s’agit d’agrandir une famille. Hommes et femmes ont la même vision des conditions nécessaires, hormis pour les personnes peu diplômées : les hommes peu diplômés ont un nombre de conditions à réunir plus élevé que les femmes. On sait par ailleurs que les hommes qui restent plus souvent sans compagne, et sans enfant, sont plutôt situés en bas de la hiérarchie sociale (Toulemon & Lapierre-Adamcyk 2000, Mazuy 2002). La parentalité renvoie donc plus pour les hommes à leur statut social, alors Figure 2 : Nombre moyen de conditions à réunir pour avoir un enfant, selon les hommes et les femmes (étudiants, ou non étudiantes distingués par niveau d’études) 10,0 Nombre moyen d'occasions attendues 9,5 9,0 8,5 8,0 7,5 7,0 6,5 6,0 5,5 5,0 femmes hommes 4,5 4,0 3,5 3,0 2,5 2,0 1,5 1,0 0,5 0,0 avec enfants sans enfant sans enfant étudiants sans enfant, ni=1 sans enfant, ni=2 sans enfant, ni=3 Population concernée Source : Enquête INED-INSEE « Intentions de fécondité » (1998). N.B. : Le niveau d’études « faible » (ni=1) comprend les CAP et BEP ou un niveau inférieur, « intermédiaire » (ni=2) les personnes qui ont un diplôme de niveau bac, et « supérieur » (ni=3) les personnes ayant entamé ou poursuivi des études supérieures. 32 Revue des Sciences Sociales, 2009, n° 41, « Désirs de famille, désirs d’enfant » que pour les femmes, elle renvoie plus à des représentations identitaires (de Beauvoir 1949, Héritier 1996, Maggioni 2006, Maruani 2005). Intéressons nous maintenant au contenu de ces conditions. Nous distinguons, parmi les personnes sans enfant, les étudiants des autres. Les personnes qui ont fini leurs études sont les plus susceptibles d’avoir un projet à très court terme : ils sont en moyenne plus âgés, plus souvent en couple, plus souvent actifs. Il est donc intéressant d’observer quelles conditions restent encore à réunir. Se sentir prêts ensemble ? Les réponses féminines et masculines sont là encore très proches (figures 3a et 3b). C’est l’envie d’un enfant et la maturité psychologique, c’est-à-dire le fait de se sentir prêt-e, qui arrivent en premières positions pour les étudiants, ainsi que le fait d’avoir fini ses études et d’acquérir une certaine stabilité sociale et conjugale. Vient ensuite le consensus dans le couple. Être prêt-e à faire des sacrifices est déclaré parmi les étudiants par plus d’un individu sur deux. Cela peut revêtir plusieurs significations : tout d’abord le sacrifice par rapport aux études et à la formation, qui serait remise en question par la formation d’une famille et par une charge parentale. De plus, l’investissement scolaire a pour corollaire un désir ou une volonté d’épanouissement dans la sphère professionnelle. La notion de sacrifice peut aussi être pensée en termes de niveau de vie (élever des enfants entraînant une priorité des dépenses vers les enfants et non plus vers soi-même) ou d’organisation de la vie quotidienne. En effet, l’arrivée d’un enfant bouleverse un équilibre qui a pu s’instaurer dans une relation à deux sans enfant, qui peut être très ancienne, comme par exemple pour les couples qui font leur passage à l’âge adulte ensemble tout en étant étudiants : les personnes qui font des études longues sont celles qui attendent le plus avant d’avoir leur premier enfant, même une fois les études terminées (RobertBobée & Mazuy 2005). Magali Mazuy Avoir un enfant : être prêts ensemble ? Figure 3 : Conditions personnelles à réunir avant d’avoir un enfant, parmi les personnes sans enfant : a) encore étudiantes au moment de l’enquête ; b) ayant terminé leurs études au moment de l’enquête. a) Étudiants sans enfant % HOMMES FEMMES 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 b) % 100 Avoir vraiment envie d'un enfant Se sentir prêt Avoir fini les études Vivre en couple Couple stable Travail stable Accord du conjoint Prêt à faire des sacrifices Avoir plus de revenus Avoir plus de temps à lui consacrer Être en bonne santé Logement plus vaste Conjoint en bonne santé Mariage Travailler moins Avoir vraiment envie d'un enfant Avoir fini les études Se sentir prête Couple stable Vivre en couple Travail stable Accord du conjoint Prête à faire des sacrifices Avoir plus de temps à lui consacrer Avoir plus de revenus Être en bonne santé Conjoint en bonne santé Logement plus vaste Mariage Travailler moins Résolution de problèmes de fertilité 0 Non étudiants, sans enfant FEMMES HOMMES 90 80 70 60 50 40 30 20 10 Avoir vraiment envie d'un enfant Accord du conjoint Couple stable Se sentir prêt Vivre en couple Prêt à faire des sacrifices Travail stable Avoir plus de revenus Logement plus vaste Avoir plus de temps à lui consacrer Être en bonne santé Conjoint en bonne santé Mariage Travailler moins Résolution de problèmes de fertilité Avoir fini les études Avoir vraiment envie d'un enfant Accord du conjoint Se sentir prête Couple stable Vivre en couple Travail stable Prête à faire des sacrifices Avoir plus de revenus Logement plus vaste Avoir plus de temps à lui consacrer Être en bonne santé Conjoint en bonne santé Mariage Résolution de problèmes de fertilité Travailler moins Avoir fini les études 0 Source : Enquête INED-INSEE « Intentions de fécondité » (1998). Champ : Personnes sans enfant, étudiants (a) ou non (b), n’ayant pas répondu de manière négative à la question sur le souhait d’avoir un enfant. Pour les hommes et femmes ayant terminé leurs études, l’accord du conjoint arrive en deuxième position. Pour les hommes comme pour les femmes, les facteurs psychologiques sont directement suivis par la stabilité de l’union. L’importance du projet parental est un fait connu (Donati et al. 2002, Kaufmann 2003, Leridon 1995). L’idée de concevoir un « enfant sans père » ne correspond pas à la norme procréative actuelle (Boltanski 2004). Dans les faits, avoir un enfant « seule » est un mode d’entrée en parentalité minoritaire, non revendiqué, et socialement différencié (Mazuy 2006). À noter que ce sont les hommes qui revendiquent le plus le fait d’avoir vraiment envie d’un enfant. On peut interpréter ce résultat de deux manières qui ne sont néanmoins pas en opposition : le modèle tardif masculin (Galland 1995) sous-tend le fait que l’entrée en parentalité correspond avant tout, pour les hommes, à un acte qui doit être volontaire, souhaité mais sans doute aussi responsable (l’impératif des attributs de la stabilité étant encore plus souvent demandé aux hommes). On peut se dire aussi que les représentations de la maternité sont plus prégnantes dans l’univers mental féminin, le désir d’enfant serait sous cette hypothèse plus précoce, et constituerait alors une condition déjà remplie. Avoir un travail stable et être prêt(e) à faire des sacrifices arrivent ensuite et sont cités par quatre personnes sur dix. Il y a donc bien l’idée que la venue de l’enfant implique une responsabilité et introduit des contraintes fortes dans la vie quotidienne, dans l’esprit des hommes comme dans celui des femmes. De manière commune à l’ensemble des personnes sans enfant (étudiants ou non), les critères matériels, qui reviennent souvent dans le discours des individus, sont beaucoup moins souvent cités comme étant très attendus. Si une aisance matérielle minimale doit être déjà acquise pour une grande part des individus on peut néanmoins se poser la question de la primauté des aspects de l’épanouissement individuel, sur des aspects purement matériels. 33 Le mariage n’est pas une condition prioritaire. Deux raisons peuvent expliquer cette faible importance. Les personnes pour qui le mariage est important sont déjà mariées : la condition est donc déjà remplie. Pour les autres, il ne s’agit pas d’une condition nécessaire à la venue d’un enfant, les naissances hors mariage étant à l’heure actuelle le cadre le plus classique dans la société française actuelle. Les problèmes d’infertilité sont évoqués par une minorité, mais tout de même par 15% des femmes qui ne sont pas sorties du système scolaire (elles sont donc pourtant encore très jeunes). Ces résultats rejoignent ceux sur la diffusion du sentiment d’infertilité en France de manière générale : un tiers des femmes déclarent avoir rencontré des difficultés à concevoir (Mazuy & La Rochebrochard 2008). Notons que les femmes sont toujours plus nombreuses que les hommes à évoquer les problèmes d’infertilité, quelle que soit l’enquête (ibid.). De manière générale, les conditions nécessaires à l’agrandissement d’une famille sont beaucoup moins nombreuses que pour l’entrée en parentalité, car la plupart sont déjà acquises : c’est surtout le consensus au sein du couple qui est déterminant (figure 4). Viennent ensuite, de manière minoritaire, le logement, les revenus et l’espacement avec l’enfant précédent. Un enfant quand on l’a décidé La nécessité du consensus dans le couple, avant de se décider à avoir un enfant, devrait avoir pour conséquence que la plupart des naissances sont bien programmées. Si on consi- Figure 4 : Conditions personnelles à réunir avant d’avoir un enfant parmi les pères et mères Population avec enfants % 90 FEMMES n HOMMES dère que les deux membres du couple doivent être prêts, sous l’hypothèse que celui des deux qui se sent prêt en premier attend l’autre, cela devrait générer une certaine attente, avant que les deux membres du couple se sentent tous les deux prêts. On a aussi cherché à infirmer ou confirmer l’hypothèse selon laquelle les femmes seraient plus pressées que les hommes dans leur projet d’enfant : cette conclusion ressort de travaux qualitatifs, il était donc intéressant de la confronter à une mesure quantitative. La perception de la programmation des naissances peut toutefois avoir été l’objet de rationalisations a posteriori étant donné que les personnes sont questionnées sur les enfants qu’elles ont eus, donc sur des grossesses menées à terme. L’effet de cette rationalisation n’est sans doute pas nul, d’autant plus que certains comportements sont plutôt stigmatisés. Dans le cas des grossesses non prévues par exemple, il est sans doute difficile de déclarer une fois que l’enfant est là, qu’il n’a peut-être pas réellement été désiré. Plus de 70% des premières naissances1 « bien programmées » 80 70 60 50 40 30 20 10 Accord du conjoint Avoir vraiment envie d'un enfant Logement plus vaste Dernier enfant plus grand Avoir plus de revenus Avoir plus de temps à lui consacrer Prêt à faire des sacrifices Être en bonne santé Conjoint en bonne santé Travail stable Couple stable Travailler moins Se sentir prêt(e) Vivre en couple Mariage Résolution de problèmes de fertilité Avoir fini les études Accord du conjoint Avoir vraiment envie d'un enfant Logement plus vaste Avoir plus de revenus Dernier enfant plus grand Avoir plus de temps à lui consacrer Être en bonne santé Prêt à faire des sacrifices Travail stable Conjoint en bonne santé Couple stable Travailler moins Vivre en couple Se sentir prêt(e) Mariage Résolution de problèmes de fertilité Avoir fini les études 0 Source : Enquête INED-INSEE « Intentions de fécondité » (1998). Champ : Personnes n’ayant pas répondu de manière négative à la question sur le souhait d’avoir un autre enfant. 34 Revue des Sciences Sociales, 2009, n° 41, « Désirs de famille, désirs d’enfant » Aux différentes vagues de l’enquête sur les Intentions de fécondité, on demandait pour chaque naissance si la grossesse était souhaitée à ce moment, plus tard ou plus tôt, si elle était non souhaitée ou non prévue (encadré 4 en annexe). Un item était également réservé aux situations d’adoption, un peu particulières étant donné que l’enfant adopté est par définition un enfant attendu, c’est pourquoi cet item n’a pas été retenu pour la présentation des résultats qui vont suivre2. Cette question sur le caractère programmé des naissances était posée à la personne enquêtée, qui devait répondre pour elle-même, puis au nom de son conjoint. Pour les personnes qui auraient hésité entre arrêter ou mener à terme une grossesse, on peut penser qu’une fois l’enfant né, les doutes, les hésitations préalables à la naissance sont Magali Mazuy Avoir un enfant : être prêts ensemble ? sous-déclarés. Toutefois, cette population est fortement sélectionnée puisque les parents ont justement fait le choix de ne pas interrompre la grossesse même s’ils y avaient fortement songé. De ce fait, les personnes les plus réfractaires au projet d’enfant sont donc sous-représentées même au sein de ce sous-groupe. En termes d’indicateurs, on peut alors s’attendre à ce que la majorité des naissances soient déclarées comme désirées et bien programmées, du fait des comportements en eux-mêmes Tableau 1 : Programmation des premières naissances a : ensemble Juste avant cette grossesse, souhaitiez-vous cet enfant… Hommes Femmes à ce moment là 72,6 70,9 plus tard 7,6 9,8 pas du tout 2,0 2,1 plus tôt 8,8 7,3 vous n'y pensiez pas 8,3 9,1 ne sait pas 0,7 0,8 Total 100,0 100,0 b : personnes n’ayant pas déclaré de difficultés à concevoir Juste avant cette grossesse, souhaitiez-vous cet enfant… Hommes Femmes à ce moment là 77,8 72,6 plus tard 8,5 12,2 pas du tout 2,0 2,5 plus tôt 2,6 1,9 vous n'y pensiez pas 8,7 9,7 ne sait pas 0,4 1,1 Total 100,0 100,0 Source : Enquête INED-INSEE « Intentions de fécondité » (1998). Champ : hommes et femmes ayant au moins un enfant au moment de l’enquête. Tableau 2 : Programmation des naissances par le conjoint des personnes ayant eu leur enfant au bon moment Et votre conjoint(e) (le père / la mère de cet enfant) le souhaitait-il… à ce moment là plus tard pas du tout plus tôt il (elle) n'y pensait pas ne sait pas Ensemble Hommes 94,2 0,6 1,2 3,5 0,2 0,3 100,0 Femmes 88,2 5,5 2,2 2,0 1,0 1,1 100,0 Source : Enquête INED-INSEE « Intentions de fécondité » (1998). Champ : personnes ayant au moins un enfant au moment de l’enquête, ayant déclaré qu’elles désiraient leur premier enfant à ce moment là. (on attend d’être prêt-e, ce qui implique souvent le report du projet de grossesse, ou même le recours à une interruption volontaire de grossesse), renforcés par la rationalisation a posteriori. Les réponses des hommes et des femmes sur la programmation des naissances sont assez similaires (tableaux 1a et 1b). Et comme nous en avions fait l’hypothèse, plus de sept personnes sur dix déclarent avoir eu leur premier enfant au bon moment. La fréquence des personnes qui ont eu leur premier enfant plus tard qu’elles ne le désiraient est différente selon que l’on s’adresse à l’ensemble de la population ou à celle n’ayant pas déclaré de difficultés à concevoir : – au sein de la première, sept à neuf personnes sur cent auraient souhaité avoir leur enfant plus tôt (tableau 1a). Cette part est un peu plus élevée pour les hommes, mais cette catégorie regroupe sans doute des situations hétérogènes : personnes qui ont eu des difficultés à concevoir, personnes qui ont attendu que le conjoint soit prêt, personnes qui ont vécu en couple à un âge tardif ; – si on ôte les personnes qui ont eu des difficultés (tableau 1b), alors cette proportion chute fortement mais n’est pas nulle et elle est toujours plus élevée pour les hommes que pour les femmes. À l’inverse les naissances survenues trop tôt (celles qui sont déclarées comme souhaitées plus tard), concernent plus souvent les femmes que les hommes. Ce résultat paraît contre intuitif. Mais rappelons que les femmes sont globalement plus jeunes que les hommes à la naissance de leur premier enfant. Par ailleurs ce groupe est peut-être un peu particulier : y sont sans doute incluses des femmes seules au moment de la naissance (beaucoup plus fréquemment que pour les hommes). Il s’agirait alors de grossesses pas vraiment programmées et jugées comme trop précoces, surtout s’il s’agit de femmes jeunes. La monoparentalité à la naissance est plus fréquente parmi les femmes peu diplômées, qui sont mères à un âge plus précoce (Mazuy 2006). 35 Huit à dix pour cent des personnes sont concernées par des grossesses non prévues. Cette proportion paraît assez élevée, eu égard à la norme parentale et au contexte de planification des naissances en France. Dans ce contexte, les écarts à cette planification, même légers, peuvent être considérés comme des accidents. On peut illustrer cette situation en reprenant les propos d’une femme enquêtée, concernant les éventuels éléments déclencheurs de la décision de grossesse : « On était prêts et on en avait envie, mais c’est un accident qui est quand-même bien arrivé ». Certains couples peuvent déclarer ne pas chercher à concevoir, sans pour autant utiliser de méthode fiable de contraception, prouvant bien qu’ils ne font pas « tout » pour ne pas en avoir. Les naissances déclarées comme non désirées sont très minoritaires : moins de 2,5% des hommes et des femmes déclarent qu’ils ne voulaient pas du tout d’enfant juste avant la grossesse. Deux tiers des enfants de rang un nés « au bon moment », pour les deux membres du couple Sept personnes sur dix ont donc déclaré qu’elles ont eu leur premier enfant au bon moment, plus de sept sur dix si on exclut celles qui ont rencontré des difficultés pour concevoir. Parmi ces dernières, environ 90% disent que leur conjoint souhaitait cette grossesse à ce moment là également (tableau 2). Les hommes qui déclarent avoir eu leur enfant au bon moment déclarent plus souvent que les femmes que leur conjointe désirait cette grossesse à ce moment là (94% contre à peine 90% pour les femmes dans le même cas de figure). Parmi les hommes qui ont eu leur premier enfant au bon moment, 3,5% d’entre eux déclarent que leur conjointe aurait souhaité avoir cet enfant plus tôt. À l’inverse, parmi les femmes qui ont eu leur premier enfant au bon moment, 5,5% d’entre elles déclarent que leur conjoint aurait souhaité avoir leur premier enfant plus tard. Parmi les hommes qui ont eu leur enfant au bon moment, 1% déclarent que leur conjoint n’en voulait pas, cette proportion reste peu élevée bien qu’elle double pour les femmes. On peut au final retenir un indicateur de programmation des naissances au sein du couple, qui varie légèrement selon le sexe du déclarant (tableau 3). D’après les réponses des femmes, un peu moins de deux tiers (64%) des naissances sont correctement programmées par les deux membres du couple. D’après les réponses des hommes, cette part est légèrement plus élevée et dépasse les deux tiers (69%). Il y a donc un sentiment de satisfaction face à la programmation des naissances assez similaire quoique légèrement plus fort pour les hommes que pour les femmes. Cette différence peut sans doute être expliquée en partie par le fait que les femmes parlent plus souvent des enfants qu’elles ont eu après une séparation de leur conjoint parce qu’elles sont relativement plus nombreuses que les hommes à élever des enfants nés et / ou élevés sans que le père soit présent. Les situations consensuelles : largement majoritaires Si nous reprenons l’ensemble des combinaisons il est possible de mesurer le degré de consensus ou au contraire de désaccord au sein des couples, et de catégoriser les naissances selon leur caractère plus ou moins attendu : par l’un des membres du couple, par les deux, ou par aucun des deux membres du couple (tableau 3). D’après les hommes, près de 80% d’entre eux ont eu leur enfant au bon moment ou trop tard : enfant arrivé au bon moment pour les deux (68,9%), grossesse souhaitée plus tôt par les deux (7%), au bon moment pour l’un des deux mais souhaitée plus tôt par l’autre (2,8% et 1,2%). Les femmes sont moins nombreuses à estimer les naissances programmées que les hommes : 72% contre 80%. Elles sont plus nombreuses à les estimer non programmées (c’est-à-dire qu’aucun des deux conjoints n’y pensait) : 7,1% d’après les femmes et 5,1% d’après les hommes. « Ne pas penser à Tableau 3 : Indicateurs du caractère programmé ou non des premières naissances, au sein du couple Hommes Femmes Naissances programmées Bien programmées pour les deux Naissances souhaitées plus tôt par les deux 79,9 72,0 68,9 7,0 64,0 5,6 Bon moment pour ego, trop tard pour le conjoint 2,8 1,1 Souhaitées plus tôt pour ego, bon moment pour le conjoint 1,2 1,3 Bon moment pour ego, conjoint ne voulait pas, n'y pensait pas ou voulait plus tard Bon moment pour conjoint, ego ne voulait pas, n'y pensait pas ou voulait plus tard Naissances non programmées Naissances non désirées Naissances arrivées trop tôt Ni consensus, ni programmation Ensemble 1,2 6,0 5,4 2,9 5,1 0,3 5,1 3,0 100,0 7,1 1,5 5,8 4,7 100,0 Source : Enquête INED-INSEE « Intentions de fécondité » (1998). 36 Revue des Sciences Sociales, 2009, n° 41, « Désirs de famille, désirs d’enfant » Magali Mazuy Avoir un enfant : être prêts ensemble ? une naissance » peut toutefois traduire une réalité très variable d’un individu à l’autre. Les naissances arrivées trop tôt sont minoritaires : elles représentent environ 5% des naissances. Lorsque les deux conjoints déclarent tous deux que les naissances sont arrivées trop tard, il s’agit sans doute en partie de couples qui ont rencontré des difficultés pour concevoir. Mais aussi, la perception des hommes et des femmes des événements relatifs à la procréation est sans doute différente. Les hommes déclarent plus souvent que la naissance est arrivée au bon moment pour leur conjointe mais pas pour eux (5,4% d’après les hommes contre 2,9% d’après les femmes). De la même manière, les femmes déclarent plus souvent que les hommes que la naissance est arrivée au bon moment pour elles mais pas pour leur conjoint (6% pour les femmes et 1,2% pour les hommes). Les naissances non désirées sont rares : de l’ordre de 1%. On retrouve ici l’effet de la norme du projet parental (peu d’enfants naissent en dehors d’un projet impliquant le couple). Cet effet peut être amplifié dans les déclarations des personnes, qui vont tendre à minorer le caractère non désiré d’une grossesse, une fois que l’enfant est là. Un enfant plus fréquemment quand l’impatience est féminine ? Qui des deux attend l’autre ? Nous avons comparé les réponses formulées sur le souhait d’enfant aux comportements effectifs lors des cinq années qui ont séparé la première de la dernière vague de l’enquête. Un travail un peu comparable a été mené sur le sujet, dont le but était plutôt de mesurer l’impact de la fermeté des intentions de fécondité sur les comportements (Toulemon & Testa 2005). Notre démarche est plus restrictive : il s’agit de comparer les effets de l’impatience au sein du couple, parmi ceux souhaitant (éventuellement) avoir un enfant dans le futur3. Une majorité des personnes interrogées ont eu un enfant au cours de la période. Cela s’explique du fait qu’il s’agit d’une population potentiellement très encline à avoir un enfant. Le niveau de fécondité est le plus faible lorsqu’aucun des deux conjoints n’est déclaré comme plus pressé d’avoir un enfant (tableau 4)4. Il est le plus élevé lorsque les deux conjoints sont tous deux pressés. Le fait que la femme soit plus pressée augmente la probabilité d’avoir un enfant au cours de la période : l’effet La précédente section était réservée à la mesure quantitative des effets de l’impératif consensuel. Cette mesure était effectuée après la naissance, les réponses ne reflètent donc pas strictement le sentiment des individus au début de la grossesse en question. Toutefois, on peut imaginer que les désaccords entre conjoints sur le sujet ne s’oublient pas si facilement. Une autre manière de saisir les différences entre hommes et femmes et les arbitrages qu’il peut y avoir au sein du couple est d’interroger les individus sur leurs souhaits d’enfants à venir et d’observer leur comportement dans les années qui suivent l’enquête. Cela est possible grâce aux données de l’enquête sur les Intentions de fécondité. Toutefois, signalons que comme toute enquête prospective, une partie de l’échantillon n’a pu être suivi (Razafindratsima et al. 2006). Il s’agit donc là de résultats à consolider par des études plus spécifiques, sur des données nouvelles. Tableau 4 : Probabilité d’avoir un enfant quand l’un des conjoints est plus pressé (personnes avec ou sans enfant) Qui est plus pressé ? ni l'un ni l'autre homme femme les deux Nombre d'enfants avec enfant sans enfant % ayant eu un enfant dans la période OR brut 61,9 68,8 77,7 77,9 p<0,0001 1 1,6 1,7 2,2 [1,62 - 1,65] [1,69 - 1,72] [2,15 - 2,20] 1 1,6 2,0 1,6 [1,56 - 1,59] [2,01 - 2,05] [1,59 - 1,63] 59,6 88,4 p<0,0001 1 5,2 [5,13 - 5,22] 1 5,3 [5,23 - 5,32] IC95 OR ajusté IC95 Source : Enquête INED-INSEE « Intentions de fécondité » (1998 et 2003). Champ : ensemble des personnes en couple cohabitant en 1998, dont les deux membres souhaitent un jour avoir un enfant. 37 de l’impatience féminine est même plus fort, dans l’analyse ajustée, que l’effet de l’impatience du couple, qui a le même effet que celui de l’impatience masculine. Conclusion n Le projet parental doit précéder la naissance et on voit bien dans les revendications des étudiants que beaucoup d’étapes doivent être franchies avant même de penser à avoir un enfant. Les résultats sont assez homogènes selon le sexe et certains stéréotypes ont la vie dure, tels ceux sur l’importance d’être inséré de manière stable dans le monde du travail, critère considéré comme plus important pour les hommes, que l’on prenne les déclarations des hommes et des femmes. L’insertion stable des femmes sur le marché du travail est considérée comme moins importante, surtout d’après les déclarations des hommes. Pour les hommes peu diplômés, qui appartiennent à des milieux sociaux moins favorisés que les plus diplômés, la fréquence de déclarations des critères matériels n’est pas négligeable et peut traduire des difficultés concrètes au sein des milieux économiquement plus précaires. On aurait pu supposer que du fait de l’homogamie, hommes et femmes des milieux moins favorisés aient des réponses assez similaires, mais au contraire les réponses sont plus contrastées. Les handicaps sociaux jouent sans doute plus fortement pour les hommes moins diplômés que pour les femmes moins diplômées. Ce sont justement les hommes situés en bas de la hiérarchie sociale qui sont plus souvent exclus du marché matrimonial. L’ensemble des résultats sur la programmation des naissances vont dans le sens du discours tenu par les locuteurs eux-mêmes. Les naissances sont effectivement considérées comme ayant été bien programmées par la majorité des couples et par les deux membres du couple : environ les deux tiers (un peu plus pour les hommes). Dans le cas où les personnes enquêtées ont eu leur enfant au bon moment, environ 3% des hommes déclarent que leur conjointe aurait voulu avoir leur enfant plus tôt et environ 5% des femmes déclarent que leur conjoint aurait souhaité la grossesse plus tard. Une tout petite minorité déclare ne pas avoir souhaité la grossesse. Environ 5 à 7% des hommes et des femmes déclarent ne pas avoir programmé du tout la naissance dans le couple. Le fait que l’un des deux conjoints soit plus pressé que l’autre augmente la probabilité d’avoir une naissance dans les cinq années qui suivent, d’autant plus si c’est une femme. Ainsi on peut dire que la gestion des attentes se fait dans les deux sens : à la fois une attente de certains conjoints et à la fois des personnes qui ont leur enfant plus tôt que souhaité. L’effet du sexe est donc vérifié dans les deux séries de résultats. Cependant, il est important de garder en mémoire que les cas de figure où les femmes voulaient leur enfant plus tôt et les hommes plus tard restent des situations minoritaires, la situation de consensus étant largement majoritaire. Enfin, soulignons que la part des naissances arrivées trop tard peut confondre une muliplicité de situations. Il serait intéressant de pouvoir distinguer dans les prochaines enquêtes s’il s’agit de problèmes liés à une infertilité dans le couple, ou bien d’un parcours qui a fait que les deux membres du couple auraient aimés être parents de manière plus précoce mais n’ont pas pu, ou bien s’il s’agit plus d’un sentiment d’impatience, une fois que la décision d’avoir un enfant a été prise. 38 Revue des Sciences Sociales, 2009, n° 41, « Désirs de famille, désirs d’enfant » Magali Mazuy Bibliographie Bajos N. & Ferrand M. (2006), L’interruption volontaire de grossesse et la recomposition de la norme procréative. Sociétés contemporaines, N°61, p. 91-117. Beauvoir (de) S. (1949), Le deuxième sexe, Tomes 1 et 2, Paris, Gallimard. Boltanski L. (2004), La condition fœtale. Une sociologie de l’engendrement et de l’avortement, Paris, Gallimard. Daguet F. (2002), Un siècle de fécondité française. Paris, Insee Résultats, Société, n° 8. Donati P., Cèbe D., Bajos N. 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Les situations d’adoption sont très minoritaires (au maximum 2%). Dans le cas des adoptions plénières, la notion de programmation de la grossesse perd son sens. Par ailleurs, les adoptions sont plus fréquentes pour les hommes (il s’agit de situations d’adoption simple, de beauxenfants notamment). Pour ces deux raisons, nous avons fait le choix de retirer l’item « enfant adopté ». 3. Dans cette section nous avons mené une analyse sur toutes les naissances, quel que soit leur rang. Une analyse par rang n’était pas envisageable en raison des faibles effectifs (nous avons seulement pu tenir compte du fait d’avoir ou non des enfants dans le modèle). 4. La fréquence de personnes qui ont eu un enfant au cours de la période est particulièrement élevée. Cela s’explique par la structure de la population : il s’agit de personnes en couple cohabitant à IF1, qui ont répondu au volet sur la discussion au sein du couple (questions 76 à 80 du questionnaire de IF1 reportées dans l’encadré 5) et qui ont été ré-enquêtées à IF3 : soient les personnes potentiellement les plus fécondes. La régression est faite sur l’ensemble de la population car les effectifs étaient trop faibles pour ne prendre en compte que les enfants de rang un. La question du désir d’enfant et de la programmation des naissances pour les couples non cohabitants, qui ne peut être traitée avec ces données, est toutefois intéressante et mériterait d’être étudiée à l’aide d’une autre source de données. 39 Annexes Encadré 1 : l’enquête sur les Intentions de fécondité L’enquête « Intentions de fécondité » (IF) est une enquête à quatre passages (IF1, IF2, IF3 et IF4) à deux volets, un volet quantitatif (IF1, IF2, IF3) suivi d’un volet qualitatif (IF4). Son objectif est de comparer les intentions de fécondité aux comportements effectifs cinq années plus tard. La première vague a eu lieu en 1998. Le questionnaire de 1998 fut élaboré suite à une étude qualitative de faisabilité. La collecte a été réalisée par des enquêteurs de l’Insee en face à face. L’enquête fut proposée aux 2 776 personnes ayant répondu à l’enquête permanente sur les conditions de vie, âgées de 15 à 45 ans et résidant en France métropolitaine. Le questionnaire de IF1 portait sur la situation de famille de l’enquêté, le nombre idéal d’enfants dans une famille, l’âge idéal pour avoir un enfant, l’histoire génésique de l’enquêté et de son conjoint, sa situation de couple, ses difficultés pour avoir un enfant, ses intentions de fécondité (passées, présentes et futures). La deuxième vague (IF2) a eu lieu en 2001 par questionnaire auto-administré envoyé par voie postale. Elle avait pour objectif de garder le contact avec les enquêtés afin d’augmenter le taux de réponse à la vague de 2003 (c’est-à-dire au point à cinq ans qui est l’objectif de l’étude). Enfin, la troisième vague (IF3) a eu lieu en 2003 par questionnaire auto-administré, envoyé par voie postale. Ce questionnaire recueillait des informations sur les grossesses et les naissances survenues depuis la première vague, sur la situation de couple de l’enquêté, sur ses intentions de fécondité, sur les raisons des évolutions de ses intentions de fécondité, sur la situation professionnelle, sur les difficultés pour avoir un enfant. Une dernière phase qualitative de l’enquête (IF4) a été menée fin 2004. L’objectif était de recueillir des informations permettant d’expliquer plus précisément les évolutions des intentions de fécondité grâce à une dizaine d’entretiens semi-directifs. Les personnes enquêtées lors de cette dernière phase ont été sélectionnées parmi les 358 enquêtés ayant donné leur accord pour recevoir un enquêteur à domicile lors du questionnaire de 2003 (IF3). Encadré 2 : Volet sur les préalables à la parentalité (Q.24) : « A votre avis, pour une femme qui veut avoir un enfant, est-ce qu’il est très important, assez important, ou peu important… » (Q.27) : « A votre avis, pour un homme qui veut avoir un enfant, est-ce qu’il est très important, assez important, ou peu important… » 1-Très 2-Assez 3-Peu (ou pas) 4-Ne sait pas A. D’avoir fini ses études B. De vivre en couple C. D’être sûr(e) que le couple est stable D. D’être assez mûr(e), de se sentir prêt(e) E. D’avoir du temps à lui consacrer F. D’avoir un travail stable G. D’être prêt(e) à faire certains sacrifices H. D’avoir vraiment envie d’un enfant Encadré 3 : Volet sur les conditions attendues avant d’avoir un enfant Question 73 : « Attendez-vous une occasion particulière pour avoir un (votre prochain) enfant ? Je vais citer quelques occasions et, pour chacune, vous me direz si vous l’attendez ou non » Pour avoir un enfant, attendez-vous… Oui Non, c’est déjà le cas Ne sait pas ou pas concerné A. d’avoir fini vos études B. de vivre en couple C. d’être sûr(e) que le couple est stable D. d’être marié(e) E. d’être assez mûr(e), vous sentir prêt(e) F. d’avoir vraiment envie d’un enfant G. que votre conjoint(e) soit d’accord H. que vous (ou votre conjoint(e)) ayez un travail stable J. que l’un des deux travaille à mi-temps, ou arrête de travailler K. d’avoir un logement plus vaste L. d’avoir plus de revenus M. d’avoir plus de temps à lui consacrer N. d’être en bonne santé (vous-même) P. que votre conjoint soit en bonne santé Q. que d’éventuels problèmes de fertilité soient résolus R. d’être prêt(e) à faire certains sacrifices S. Si l’enquête a au moins un enfant : que le dernier soit assez âgé T. une autre occasion Cette question s’adressait aux personnes ayant déclaré souhaiter avoir (encore) des enfants un jour, maintenant ou plus tard, éventuellement un enfant adopté. 40 Revue des Sciences Sociales, 2009, n° 41, « Désirs de famille, désirs d’enfant » Magali Mazuy Avoir un enfant : être prêts ensemble ? Encadré 4 : Volet sur le caractère souhaité des grossesses Questions 36 et 37 du questionnaire IF1 Le premier enfant Le deuxième enfant … Juste avant cette grossesse, souhaitiez-vous cet enfant… à ce moment Plus tard Pas du tout Plus tôt Vous n’y pensiez pas C’est un enfant adopté Ne sait pas ☐ 1 ☐ 2 ☐ 3 ☐ 4 ☐ 5 ☐ 6 ☐ 7 ☐1 ☐2 ☐3 ☐4 ☐5 ☐6 ☐7 Et votre conjoint(e) (le père / la mère de cet enfant), le souhaitait-il…. à ce moment Plus tard Pas du tout Plus tôt Vous n’y pensiez pas C’est un enfant adopté Ne sait pas ☐ 1 ☐ 2 ☐ 3 ☐ 4 ☐ 5 ☐ 6 ☐ 7 ☐1 ☐2 ☐3 ☐4 ☐5 ☐6 ☐7 Encadré 5 : Volet sur la discussion au sein du couple Questions 76 à 80 du questionnaire IF1 Filtre enquêteur : Si l’enquêté(e) ne vit pas en couple cohabitant passer au volet suivant. Sinon : 76. Avez-vous discuté avec votre conjoint(e) du nombre d’enfants que vous voulez avoir ? 1. Oui 2. Non 3. Ne sait pas 77. Votre conjoint(e) souhaite-t-il (elle) avoir un (autre) enfant, maintenant ou plus tard ? 1. Oui 2. Non 3. Ne sait pas 78. Actuellement lequel de vous deux est le plus pressé d’avoir un (autre) enfant ? 1. Plutôt vous 2. Plutôt lui (elle) 3. Tous les deux également 4. Vous n’êtes pressé ni l’un ni l’autre 5. Ne sait pas 79. Est-ce un sujet de discussion fréquent entre vous ? 1. Oui 2. Non 3. Ne sait pas 80. Pensez-vous que vous vous mettrez finalement d’accord sur ce sujet ? 1. Oui 2. Non 3. Ne sait pas 41