ASCO 2015 Booster la radiothérapie grâce à des leurres : résultats

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ASCO 2015 Booster la radiothérapie grâce à des leurres : résultats
27 mai 2015
ASCO 2015
Booster la radiothérapie grâce à des leurres : résultats de
l’essai sur les molécules DBAIT, découvertes à l’Institut Curie
Fruit des recherches de l’équipe de Marie Dutreix à l’Institut Curie, les molécules DBAIT ont
fait l’objet d’un essai clinique de phase 1 chez des patients atteints de mélanome de la
peau. Les résultats très prometteurs de cet essai, coordonné par le Dr Christophe Le
Tourneau à l’Institut Curie et financé par DNA Therapeutics, seront présentés à l’ASCO le 30
mai 2015. Le principe de ces molécules est de booster la radiothérapie pour en augmenter
l’efficacité. Les DBAIT « trompent » les cellules tumorales qui meurent sans que le tissu sain
ne soit endommagé. Certaines chimiothérapies pourraient également voir leur efficacité
accrue grâce à ces molécules innovantes. De même, d’autres tumeurs que les mélanomes
pourraient en bénéficier.
Les molécules DBAIT sont une nouvelle classe de médicaments issue de la recherche
fondamentale de l’Institut Curie. Découvertes en 2002 par Marie Dutreix1, ces molécules sont en
réalité des fragments d’ADN qui agissent comme des
« leurres ». Lorsque ces fragments arrivent dans la cellule
tumorale, tous les mécanismes de réparation mis en œuvre
par la cellule tumorale pour réparer les dommages de son
ADN vont se focaliser sur ces fragments d’ADN en particulier
et oublier de réparer l’ADN de la tumeur, ce qui conduit à la
mort de la cellule cancéreuse.
Une stratégie innovante pour contrer la résistance aux
voir la vidéo
traitements
Ces mécanismes de réparation de l’ADN sont particulièrement activés lorsque les cellules
cancéreuses sont exposées à des agents cherchant à les détruire, comme les chimiothérapies et
les rayonnements de la radiothérapie. L’une des limites actuelles à la chimiothérapie et la
radiothérapie sont le développement de résistances. On constate que certains patients atteints
de cancer ne sont parfois pas sensibles du tout à ces traitements et que d’autres deviennent
résistants au bout d’un certain temps.
Les molécules DBAIT sont donc particulièrement intéressantes pour le traitement du cancer, en
particulier en association avec la chimiothérapie ou la radiothérapie afin d’en augmenter
l’effet. Toutes ces hypothèses ont été vérifiées en préclinique sur des lignées tumorales et dans
des modèles animaux. Ces molécules ont été développées dans un premier temps pour une
administration locale, intra-tumorale et péri-tumorale.
1
Directrice de recherche CNRS dans l’unité INSERM 1021/Institut Curie
Les molécules DBAIT, de la
recherche au lit du patient
Tout a débuté en janvier 2002, dans
le cadre d’un programme innovant
de l’Institut Curie, financé par la
générosité publique, et coordonné
par Marie Dutreix et le Pr Jean-Marc
Cosset, radiothérapeute.
«En cherchant à comprendre la
résistance au rayonnement
observée chez près de 20 % des
patients, nous avons mis au point des
petites molécules qui ressemblent
grosso modo à de l’ADN
endommagé », explique la
chercheuse. Les DBAIT étaient nés.
Concrètement, elles agissent au sein
des cellules comme des « leurres »,
faisant croire à la cellule que le
Les molécules DBAIT ont été évaluées pour la première fois
chez des patients dans le cadre d’un essai thérapeutique
multicentrique français de phase I (essai DRIIM) coordonné
par Dr Christophe Le Tourneau2.
Du fait de leur injection intra-tumorale et du rationnel de les
associer avec la chimiothérapie ou la radiothérapie, il a
été décidé de les évaluer chez des patients atteints de
métastases cutanées de mélanomes. En effet, certains
patients atteints de mélanome développent parfois des
métastases
cutanées
que
l’on
peut
traiter
par
radiothérapie. Mais on sait que ce traitement n’est pas très
efficace, avec un taux de réponse complète de 9%
seulement. Dans l’essai DRIIM, 23 patients ayant des
métastases cutanées de mélanome ont ainsi été traités
avec la radiothérapie et des injections de molécules DBAIT.
Cet essai a montré que l’injection des molécules DBAIT ne
produisait pas d’événements indésirables majeurs, ce qui
confirme les travaux réalisés dans les organismes modèles.
nombre de dommages auxquels elle
En termes d’efficacité, le taux de réponse complète
doit faire face, suite au traitement
(disparition des nodules tumoraux) était 4 fois supérieur
par radiothérapie, est beaucoup
(37%) à ce qui avait été rapporté par le passé dans la
plus élevé que la réalité. La cellule
littérature (9%), ce qui est très encourageant.
tumorale « débordée » par la
Enfin, cet essai a montré qu’une partie des molécules DBAIT
quantité de dommages à réparer
passait dans la circulation sanguine et que l’efficacité était
s’autodétruit. « Ensuite, il a fallu
corrélée à l’intensité de ce passage.
améliorer les outils, multiplier les
Le développement des molécules DBAIT sous forme
angles d’observation, mieux
intraveineuse est donc prévu très prochainement et cette
comprendre le fonctionnement des
stratégie sera évaluée avec la chimiothérapie cette fois.
DBAIT, valider leur efficacité sur des
Les modèles précliniques suggèrent déjà que les DBAIT
modèles animaux. Avant d’arriver à
pourraient augmenter de façon importante l’efficacité des
un possible médicament, cela a pris
agents de chimiothérapie qui sont utilisés en routine en
près de 10 ans ! », ajoute Marie
cancérologie.
Dutreix. Sans compter le dépôt de 6
A l’avenir, d’autres tumeurs pourraient en bénéficier
brevets et la création de la société
puisque cette stratégie innovante concerne un mécanisme
DNA Therapeutics, qui a permis
commun à tous les types de cancers.
d’aller chercher des investisseurs et
de se lancer dans des essais
cliniques.
2
Responsable des essais cliniques précoces et de la médecine de précision à l’Institut Curie
L’Institut Curie, en bref
L’Institut Curie, acteur de référence de la lutte contre le cancer, associe le premier centre de recherche français en
cancérologie et un ensemble hospitalier de pointe prenant en charge une grande diversité de cancers et référent
pour la prise en charge des cancers du sein, des sarcomes, des tumeurs pédiatriques et de celles de l’œil. Fondé en
1909 par Marie Curie, l’Institut Curie rassemble plus de 3 400 chercheurs, médecins et soignants autour de ses 3
missions : soins, recherche et enseignement. Fondation privée reconnue d’utilité publique habilitée à recevoir des
dons et des legs, l’Institut Curie peut, grâce au soutien de ses donateurs, accélérer les découvertes et ainsi
améliorer les traitements et la qualité de vie des malades. Pour en savoir plus : www.curie.fr
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