Desirer l`impossible
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Desirer l`impossible
Faut-il désirer l’impossible ? Nicole Serratos TS4 Le mot désir vient du latin desiderare, qui désigne la nostalgie d’un astre perdu, il désigne donc un manque. On désire quelque chose qui nous manque, cette dernière peut être atteignable, possible, ou bien impossible. L’impossible est ce qui ne peut pas être réel, réalisable. Faut-il désirer l’impossible ? On aura tendance à penser que non puisqu’on ne peut alors jamais avoir ce qu’on désire mais de toute façon on le fait. Est-il convenable de désirer ce qu’on ne peut pas avoir ? Qu’est-ce qu’on entend par un désir impossible ? Qu’est ce qui est souhaitable, convenable de désirer ? Pourquoi désirer l’impossible peut être utile ? Peut-on éloigner les termes désir et impossible ? Qu’est-ce qui rend un désir impossible et qu’entende-t-on par ce terme ? L’objet du désir est en quelque sorte impossible par lui-même. Effectivement, le désir exprime par essence un manque et est donc susceptible d’être impossible, il n’est pas absurde de concevoir l’idée de désirs impossibles. Le désir étant la volonté qu’un événement se réalise, si ce dernier se réalisait, il n’existerait plus. Généralement quand on désire quelque chose, elle nous est impossible dans ce moment. Par exemple, désirer une maison : état très chère, il nous peut être impossible de l’acheter au moment où nous la désirons. Ou, à plus long court terme, si je désire un hamburger pendant mon cours de philosophie, je le désire car il m’est impossible de l’avoir dans ce moment exact. L’impossible est donc source du désir qui se traduit par un état de tension insatiable. Notre nature nous pousse à désirer ce qu’on n’a pas, l’inaccessible, ce qui ne peut pas être satisfait dans le moment, contrairement au besoin. Le désir est impossible par nature. Grâce au caractère impossible du désir qui l’est naturellement, il n’est pas du tout absurde d’imaginer les termes désir et impossible ensemble. L’idée d’un désir impossible n’est pas absurde. Mais qu’entend-on par « impossible » ? L’impossible est ce qui ne peut pas être réalisable. L’impossible est l’inaccessible actuel ; ceci dit, il peut devenir possible. Ce qui est impossible aujourd’hui peut ne pas du tout l’être demain, dans un futur. On peut le qualifier de relatif et même subjectif puisque ce qui est impossible pour moi peut ne pas l’être pour autrui. Il n’est pas absurde que quelque chose d’impossible devienne possible. Autrui peut ne pas m’aimer mais cela peut bien changer. Beaucoup de choses qui avant paraissaient impossibles ne le sont pas aujourd’hui, comme traverser la mer ou aller sur la lune. Reprenant l’exemple de l’achat de la maison, si je garde suffisamment de l’argent, ce qui m’était impossible peut changer. L’impossible étant subjectif il peut aussi s’agir d’inventions de l’homme, d’illusions, de fausses convictions et obstacles que nous nous posons nous-mêmes et qui peuvent être surpassés, franchis. Nos possibilités changent et ainsi le fait l’impossible. Ce dernier peut être mobile étant relatif et dépendant du sujet et de facteurs qui peuvent changer. Tous les désirs impossibles sont-ils donc atteignables ? Certes l’impossible peut changer, cependant certains désirs sont et seront toujours impossibles. Il y a des désirs au-delà de nos capacités, des désirs capricieux qui ne sont vraiment pas possibles. Dans ce cas il ne s’agit pas d’une barrière subjective ou franchissable et donc le fait de désirer cela devient insensé. L’objet du désir peut ne pas être réel et donc ne peut jamais être satisfait. Ces désirs capricieux, superflus, ne sont absolument pas réalisables et pourraient plutôt être considérés comme des rêves dont l’impossible n’est ni peut être franchissable. Si, par exemple, je désire devenir un arbre et changer mon passé…. Je peux tout essayer mais ces désirs resteront impossibles, c’est hors de mes capacités humaines, il ne s’agit pas de barrières personnelles ni d’un manque de possibilités pouvant changer, je ne peux pas devenir un arbre ni changer mes actions. Il existe donc des désirs capricieux et insensés qui resteront toujours impossibles. L’objet du désir est par nature impossible. Cette impossibilité peut être relative et dépendre du sujet et de conditions variables. Or, il existe certains désirs qui, sortant de nos capacités sont impossibles de manière permanente. Où nous mènent ces désirs insensés ? Paraît-il alors convenable de désirer l’impossible ? Que doit-on alors désirer ? Où nous mènent ces désirs capricieux ? Comment nous protéger de la souffrance liée à l’insatisfaction ? Qu’est-ce qui est souhaitable que nous désirions ? Les désirs insatisfaits comme ceux évoqués avant, ce qui ne peuvent pas être accomplis, peuvent déboucher sur des frustrations, le malheur et la souffrance. Cet état d’insatisfaction permanente peut lui-même nous empêcher de voir et désirer d’autres choses qui pourraient être source de bonheur. Un désir insatisfait consomme de l’énergie, quand on est privés de ce qu’on désire longtemps on finit épuisés par ce sentiment ravageur. Il peut alors nous sembler absurde de désirer quelque chose qui peut nous mener à un tel état, qui nous conduit à une perte de vitalité. Cet état peut conduire à une dépression, un abandon de l’envie de vivre, une démotivation du fait de la fatigue et souffrance auxquelles il parvient. Et les conséquences peuvent être encore plus mauvaises. Par exemple un amour impossible, un amour qui n’est pas réciproque peut rendre quelqu’un fou et dans un cas plus extrême mais qui reste possible ce quelqu’un peut avoir une conduite violente contre les autres ou même contre lui-même, il peut se laisser mourir, se suicider… Les désirs qu’on ne peut pas satisfaire peuvent nous mener au malheur, à vivre en souffrance et nous condamner à la douleur. Que faire pour éviter cette douleur ? Il existe l’alternative d’essayer de ne désirer que ce qui est possible. On parle de fixer des limites accessibles à nos désirs, de ne désirer que ce qui est dans nos mains, ce qu’on sait qu’on peut avoir, qu’on peut atteindre, ce qui dépend de nous. On peut décider de diriger nos désirs vers le possible. Épicure parlait de quatre remèdes pour être heureux, entre eux, le troisième propose comme remède à la souffrance de distinguer les désirs vains (ceux qu’on ne peut pas satisfaire et nous frustrent) et les désirs nécessaires (ceux qu’on peut satisfaire) pour ne « conserver » que les nécessaires et ainsi parvenir à l’Ataraxie, la paix de l’âme et corps puisque le désir est l’agitation de l’âme. Le courant philosophique du stoïcisme propose d’apprendre à désirer uniquement le possible, des objets dont la satisfaction dépend de nous, nous arrêterions donc de nous frustrer par ce qui ne dépend pas de nous, ce sur quoi on n’a aucune influence. Le bonheur serait alors si on ne désirait pas ce qui ne dépend pas de nous car si on désire ce sur quoi on peut agir on est sûrs de pouvoir le satisfaire et en quelque sorte on se protège de la douleur, on évite la souffrance, on vit dans le calme. Il existe donc l’alternative de ne désirer que ce qu’on peut satisfaire afin de vivre en paix. La solution est-elle de renoncer à l’impossible ? La solution proposée par le stoïcisme renferme un côté conformiste. Le fait de désirer le possible peut même paraître contradictoire, pourquoi désirer quelque chose si on peut l’avoir ? On serait en train de, en quelque sorte, dégrader le désir, le réduire au manque. Désirer donne un sens, un motif à nos jours, on désire, on est à la recherche de satisfactions ; le possible renvoi à l’ennui. La vie s’exprime en nous sous forme de désir, « le désir est l’essence même de l’homme » disait Spinoza, on ne doit pas le réduire au simple besoin qui est facilement satisfait. On se contenterait de désirer ce qu’on a pour éviter des troubles. De plus, par nature on désire ce qu’on ne peut pas avoir facilement et cela exprime et montre l’humanité des hommes. Schopenhauer dit que « le désir est la condition préliminaire de toute jouissance. Or avec la satisfaction cesse le désir et par conséquence la jouissance aussi ». Prenons un exemple, si je ne désire que ce que j’ai, je me conforme à cela et ne vais jamais être poussé à essayer d’avoir plus, c’est conformiste, cela me mènerait à l’ennui. Le fait de désirer uniquement le possible peut être considéré comme conformiste et réduire le désir au simple besoin qui est fini au lieu de garder sa nature renouvelable. Que faut-il désirer ? Il est convenable de désirer ce qui nous mène quelque part. On peut se connaître et connaître et connaître nos désirs, les réalisables et les frustrés, trouver une manière de savoir quand cesser d’insister sur quelque chose qui nous mène nulle part. On gagne ainsi de la maturité, on grandit intérieurement. En effet, on a cette capacité puisque le désir se caractérise par être conscient, ce qui nous permet de pouvoir le connaître et distinguer quels désirs ont un but ou peuvent nous mener quelque part. Si par exemple, je veux avoir mon BAC, le fait de le désirer est utile pour moi puisque je vais essayer de l’avoir et le fait de le désirer mènera et dirigera certaines actions que je vais réaliser pour parvenir à mon but. D’autre part, on peut désirer des idéaux qui, même si inaccessibles, donnent un sens, une orientation à notre existence. Ces désirs inaccessibles, comme par exemple désirer d’être heureux nous dirigent et guident notre existence, on fait alors des choses dans un but même si celui-ci n’est pas complètement atteignable. Il nous faut désirer ce qui nous mène quelque part. Pour éviter la souffrance et frustrations où nous mènent les désirs frustrés où nous mènent les désirs frustrés on pourrait penser à désirer que ce qui est possible, pourtant le désir est essence et preuve de l’humanité de l’homme et le rendre conformiste serait le réduire. Il nous est convenable de désirer, même si impossibles, les choses qui peuvent nous guider et nous donner un but, un sens. Comment est-ce que désirer l’impossible peut être utile ? Pourquoi désirer l’impossible ? Pourquoi est-ce qu’on désirerait l’impossible ? A-t-il un sens ? Est-ce que cela peut nous conduire quelque part ? Nous rendre heureux ? Nous apporter quelque chose de plus ? Le désir est comme un moteur, il nous remplit d’énergie et de force. Par définition, le désir nous meut vers ce que l’on se représente comme source de bonheur. C’est le moteur de notre volonté, il nous fait mettre en pratique des moyens pour le satisfaire. On peut donc le considérer une puissance qui nous meut, une énergie qui nous mobilise vers notre objectif. Cette énergie positive peut donc représenter un très grand avantage et peut être exploitée et utilisée quand elle nous pousse vers quelque chose de positif. On cherche les moyens, les chemins pour l’accomplir, et si un de ces chemins n’est pas la solution, on n’hésite pas à ressayer tout en le voulant, sans que cela ne soit pas obligation. Le désir nous mobilise, nous active, nous pousse pour tenter d’atteindre nos objectifs. Si, par exemple, je désire avoir une bonne note, ce désir peut me mobiliser et me faire rechercher les moyens que j’ai et que je pourrais avoir afin d’avoir cette bonne note : je vais réviser mon cours, faire des exercices, etc. Le désir nous remplit d’une force motrice qui nous pousse à tenter de le réaliser. Comment utiliser cette force ? Elle peut nous aider à faire grandir le possible qui, comme on l’a dit avant, n’est pas fixe, il s’agit de l’élargissement du champ des possibles. Le désir nous meut et ainsi on arrive à faire grandir nos possibilités, à atteindre ce qui est possible, à faire en sorte que nos possibilités changent, si on n’a pas les moyens, le désir de l’impossible nous pousse à les chercher et même à parvenir à les avoir pour qu’à la fin il devienne possible. Par exemple, gagner une course peut être impossible pour quelqu’un qui ne fait pas de sports, mais après que son désir l’aille mobilisé pour être en forme, il peut bien gagner une course. De plus, c’est la recherche de ces possibilités qui nous fait grandir, qui est l’objet même du désir, il ne s’agit pas simplement du fait de l’avoir satisfait mais du processus par lequel on parvient à cela. On apprend, on fait un effort et quand on se rend compte qu’on est arrivés à dépasser ce qui était impossible on est remplis d’une énorme satisfaction d’avoir rendu quelque chose d’impossible possible. La force motrice du désir peut nous aider à élargir ce qui est possible pour nous. Est-ce que le désir nous aide uniquement à rendre l’impossible possible ? Cela est toujours réalisable ? Il existe des idéaux qui ne sont pas atteignables, on ne peut pas les rendre complètement possibles mais on peut nous rapprocher le plus, tendre le plus. D’une certaine façon le fait de désirer ces idéaux sans les atteindre est bien puisque si on les atteignait ils ne seraient plus des idéaux, si on les atteignait nous ne les désirerions plus. L’impossible peut être motivant, on établit des valeurs qu’on doit rechercher, des choses positives qui ne peuvent pas cependant être absolues (comme la vérité, le bonheur, l’honnêté). Si on se mobilise, on tente de nous rapprocher, on contribue à ces idéaux même sans les atteindre. Prenons l’exemple de la vérité : c’est une valeur, un idéal qui ne peut jamais être absolu puisque dans ce monde il y aura toujours des mensonges mais on peut agir de manière honnête, se rapprocher beaucoup et avoir des résultats positifs. Le désir peut être une force motrice qui peut nous permettre d’élargir le possible ou tendre vers des idéaux. On s’était demandé s’il fallait désirer l’impossible. Le désir est par essence impossible, pourtant cette impossibilité peut changer si nos désirs ne sont pas insensés et fous. On peut envisager de ne connaître nos désirs et ne désirer que ce qui nous mène quelque part, ce qui a un but. La force et énergie que nous donne le désir peut nous aider à atteindre ce but ou nous rapprocher le plus de lui.