MARSEILLE II Bonnes femmes, mauvais genres

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MARSEILLE II Bonnes femmes, mauvais genres
MARSEILLE II
Bonnes femmes, mauvais genres
Revue Z – n°10, 2016/2017
Collectif
Z, revue itinérante d'enquête et de critique sociale
ISBN : 978-2-7489-0296-9
176 pages - 21,5 x 32 cm – 13 €
Parution le 14 septembre 2016
Le 8 mars 2016, pour la Journée internationale des droits
des femmes, l’humoriste Jean-Marie Bigard, auteur d’un
célèbre sketch sur le « lâcher de salopes », se produisait à
Marseille en clôture du « Festi'femmes », organisé par une
ancienne adjointe à la culture de la ville. Que penser du fait
que ce genre d'événement soit si souvent porté par des
femmes – blanches et bourgeoises, proches des notables ?
Est-ce un hasard si cela se passe dans la grande ville qui
compte le plus de pauvres en France ?
Les Marseillaises sont de celles qui sont si bas, paraît-il,
qu’il est légitime de les écraser. Qu’est-ce que ça coûte, de
mépriser la vulgarité des « cagoles », descendantes de ces
Italiennes travaillant à l’usine vêtues d’une cagoule, si exploitées qu’elles survivaient en se prostituant le
week-end ? Qu’est-ce qu’on risque, à mépriser les choix des femmes voilées, traitées d'esclavagistes par la
ministre des droits des femmes ? Comment la paupérisation et la précarisation se traduisent-elles en violence
sexiste ? Pourtant, la Culture – la « haute » culture, universelle, celle qui « libère » – n’est-elle pas arrivée dans
la ville quand elle est devenue Capitale européenne de la culture ? En 2009, le Z n°2 montrait comment
l’opération Marseille-Provence-2013 avait permis de « transformer l’image de la ville » pour attirer des
capitaux en reléguant toute une partie de la population en périphérie. Sept ans plus tard, dans les nouveaux
hôtels de luxe qui ont surgi entre les débris des quartiers populaires, des femmes de ménage en grande
précarité se battent pour arracher ce qui leur est dû. Le taux de places en crèche reste huit fois inférieur à celui
de Paris, et aucun transport public pour relier correctement au centre les cités des quartiers nord – où vit un
quart de la ville.
Enquête sur le sexisme et l’exploitation, ce numéro de Z est aussi une réflexion sur la façon dont les femmes
sont dépossédées de leurs savoirs et de leurs corps par le croisement de logiques patriarcales et marchandes.
Dépossession des savoirs, manifestée de façon criante par l’histoire de la dévalorisation des sages-femmes, des
chasses aux sorcières du XVIIe siècle aux mobilisations actuelles de la profession. Dépossession des corps : on
verra ainsi comment les parcours de procréation médicalement assistée, dont les taux de réussite plafonnent
autour de 30%, réduisent les femmes au rang d’utérus de laboratoire ou comment la pilule contraceptive
affecte massivement la libido des femmes. Face à l’exploitation et au mépris, comment construire de la
solidarité et de l’autonomie – viser, non pas tant le pouvoir individuel des working girls que la possibilité
d’une puissance collective ? À Marseille, les protagonistes de ce numéro créent des espaces de lutte et
d’entraide : poussent les portes du planning familial pour suivre un stage d'autodéfense, organisent des
marches de nuit entre femmes ou revendiquent la nécessité d'espaces exclusivement féminins et transgenre.
La revue Z est revenue à Marseille au printemps 2016 pour fabriquer un numéro sur le sexisme et les
résistances qui lui font face. Comme chaque année, c'est en s'installant sur place pour une longue
enquête collective que l'équipe s'attaque à un enjeu qui intéresse toute la société, bien au-delà des
habitants et des passionnés de Marseille. Reportages dans la ville, témoignages de celles et ceux qui ont
rarement la parole alternent avec des éclairages venus d'ailleurs. Le tout dans un bel objet faisant une
large place à l'iconographie avec de nombreux dessins, photos et gravures dénichés en partie dans les
ateliers d'artistes marseillais. Un tableau vivant dans un style accessible, des enquêtes fouillées pour un
journalisme ambitieux et engagé.